Yaoundé: Le Délégué du gouvernement interdit la mendicité

Toute personne aperçue en train de mendier pourrait être bientôt interpelée par les forces de l’ordre et de police

Des interpellations envisagées
Selon un communiqué lu ce mardi sur les ondes de la radio nationale, Gilbert Tsimi Evouna le Délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, la capitale camerounaise, a fait savoir à «Messieurs les mendiants» qu’à partir de cette date, les équipes de la communauté urbaine procèderont à des interpellations de toute personne pris en flagrant délit de mendicité. Le Délégué indique s’appuyer sur un arrêté de la communauté urbaine signé le 17 juin 2003. Le texte interdisait les pratiques de la mendicité et du petit commerce dans les carrefours de la ville de Yaoundé. Une autre raison évoquée par le délégué du gouvernement est selon lui le fait que ces mendiants sont complices de certaines agressions faites sur des personnes. De nombreux mendiants affirment n’avoir pas été informés de cette mesure. Là où je suis là je n’ai rien et je n’ai pas le travail, j’ai une femme avec trois enfants et je ne sais pas comment je vais faire si on m’interdit de venir ici à la poste et que on ne me donne pas à moi et à ma famille de quoi manger, a indiqué un mendiant qui a dit s’appeler Souaïbou. Comme beaucoup d’autres dans sa situation, il affirme que la mendicité est une activité intermédiaire. Dès que j’aurai eu assez d’argent, je vais quitter la route pour faire le commerce affirme-t-il, ajoutant qu’il n’a jamais eu connaissance des services d’aide aux personnes handicapées.

Un phénomène croissant
La mendicité a pris de l’ampleur dans la ville de Yaoundé comme dans toutes les grandes villes du pays. Elle semble être pour une certaine couche de la population un mode de vie. Parfois dans les rues on voit passer une femme aveugle, un enfant sur le dos et deux autres assurant la mendicité auprès des passants. Tout un symbole. Les autorités semblent insouciantes de ce problème. Au ministère des affaires sociales, on se refuse à commenter la décision prise par le Délégué du gouvernement. On estime à près de 15 000 personnes, la part de la population mendiante dans la ville de Yaoundé. Le marché semble pourtant porteur. Aucune taxe à payer. Il n’a que des recettes. Je reçois parfois 500 ou 1000 francs, cela dépend des jours, nous indique Souaïbou. Il y a quelques années on a vu arriver des mendiants de race blanche avec une méthode plus agressive. De jeunes enfants poursuivaient parfois des personnes sur près de 500 mètres, sous le contrôle des parents présentant des signes de bonne santé pourtant. Ces enfants mendiants d’un style spécial faisaient aussi preuve de discipline. Polis, mais fermes. Difficile de les embarquer toute la famille fera bloc. Une incompréhension demeure pourtant sur les raisons de la mendicité pour ces personnes.

Des mesures fortes s’imposent
Pour les observateurs, cette nouvelle tentative du Délégué Tsimi Evouna risque de se heurter à un mur. Dans un quartier comme la Briqueterie, les mendiants se mêlant aisément aux autres personnes qui ne semblent pas voir en eux un risque potentiel d’agression ou d’insalubrité. Cette démarche de la communauté n’est pas la première. En 2007, Gilbert Tsimi Evouna avait invité les automobilistes et autres usagers de la route à ne plus encourager la mendicité. Il leur conseillait de ne pas donner suite aux demandes des mendiants. La mesure avait été diversement appréciée. Pour certaines religions comme l’islam, venir en aide aux plus pauvres est une prescription divine. Mais d’un autre côté, le groupe constitué de mendiants présente aussi de nombreux revers. Certaines personnes y ont trouvé une façon astucieuse de gagner sans effort un peu d’argent. La mesure sera difficile à appliquer. Aucune indication n’a été donnée sur la suite de la procédure après leur interpellation. Mais les observateurs affirment que sans une mesure coercitive effective, ou alors le renforcement de l’intervention de l’Etat ou des organisations de charités, il sera difficile de mettre fin à la pratique de mendicité dans les grandes villes du Cameroun.

Le marché central de Yaoundé
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