L’Africain pendant longtemps a été peint et continue d’être brossé par l’extérieur comme l’être du monde le plus sauvage, le plus violent, le plus paresseux et sans passé glorieux. Et l’Africain lui-même tend à accepter cette peinture, à ingurgiter ce discours qui vise à masquer l’essence du locuteur.
Parlant de la sauvagerie ou de la violence, qui sur cette Planète Terre sont plus sauvages ou violents que qui depuis plus de 400 ans ? Ce qui froisse le plus, c’est que ce discours prononcé de façon réitérative a fini par trouver une place royale dans la conscience de certains Africains.
Toutefois, depuis les crimes en Libye et Côte d’Ivoire, certains Africains hier plus réceptifs à cette peinture ont commencé à douter, à tourner plusieurs fois dans leurs têtes ce qui se dit ; et c’est là d’où part le grand réveil africain.
En anéantissant l’aviation ivoirienne et en cassant le palais présidentiel pour capturer et livrer Laurent Gbagbo, en détruisant la Libye avec sa coalition occidentale et tuer le guide Kadhafi, les Africains massivement ont compris :
* Que les plus barbares et plus violents du monde ne sont pas en Afrique, mais en Occident d’où partent la plupart des armes, injustices et guerres qui inondent l’Afrique et le monde,
* Que les donneurs de leçons en droits humains, en justice et en démocratie sont des hypocrites qui les utilisent pour piéger les autres,
* Qu’en éliminant Kadhafi qui était un grand espoir de l’envol africain, ses tueurs ont montré clairement à l’Africain intelligent que le salut de l’Afrique ne viendra jamais d’eux et qu’ils sont et seront là pour eux-mêmes et jamais pour que l’Afrique se mette debout,
* Qu’ils doivent s’organiser, s’unir et se battre pour se libérer des dominations économico-culturelles et politico-financières du continent.
Nicolas Sarkozy en élevant l’animalité à son point culminant en Libye et en Côte d’Ivoire avec ses amis a amplement ouvert les yeux aux Africains et les a unis dans leur combat libératoire, en même temps qu’il a présidé au discrédit total de son pays. Tout en déplorant ce qui est arrivé aux deux pays, ce criminel international a été une chance pour l’Afrique désormais debout.
Pas besoin de la justice pour stopper l’homme aux multiples affaires. C’est une défaite et une humiliation. Renvoyé par son propre électorat, Nicolas Sarkozy voit toute sa stratégie taillée en pièces. Elle tenait du village Potemkine. Dans cet exercice inédit de démocratie, c’est une droite dure et conservatrice incarnée par François Fillon qui reprend le flambeau.
C’est une exécution en place publique. L’élimination de Nicolas Sarkozy dès le premier tour de la primaire de la droite et du centre, dimanche 20 novembre, est bien plus qu’une défaite électorale. Voilà l’ex-chef de l’État brutalement congédié, non pas dans le cadre d’un traditionnel affrontement droite-gauche, mais par son propre camp, par un électorat de droite qui, depuis près de quinze ans, l’avait chaque fois placé en tête de ses dirigeants ! C’est donc bien une lettre de licenciement – peut-être une lettre de cachet que la droite a adressée à celui qui prétendait en toute impunité retrouver la présidence perdue en 2012 l’année prochaine.
De nombreuses affaires dans lesquelles il a été citées avec notamment les plus emblématiques ces derniers mois (l’affaire Bygmalion, cette affaire de fausses factures lors de sa campagne de 2012 et l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007) ne l’ont pas empêché de se présenter aux primaires de la droite et du centre pour représenter son camp en 2017..Toujours très courageux, combatif et volontaristes qualités que tous lui reconnaissent l’ancien Chef d’Etat français a mené une campagne très à droite pour attirer les électeurs du front national. Son socle électoral étant celui des plus durs de son parti, des militants pour lesquels l’immigration apparaît comme étant l’une des sources de difficultés dans ce pays des Sarkozy a été débordé par l’affluence des Français, environ 4 millions dont 15% de la gauche et 14% de nulle part venus lui faire barrage. Beaucoup redoutaient que son retour à l’Élysée le protège face aux juges qu’il doit affronter dans le cadre des affaires pour lesquelles il est cité.
Il faut cependant saluer l’indépendance de la justice française que certains presser d’accélérer le calendrier judiciaire de cet homme jugé pas très honnête par bien de Français en coulisses. Cette justice est restée de marbre et c’est à son honneur de n’avoir pas été celle qui aurait disqualifié ce monsieur. François Fillon qui vient en tête des primaires n’était pas aperçu au gré des sondages comme celui qui pourrait bénéficier d’un vote massif au-delà du socle républicain.
Ainsi Alain Jupé, le maire de Bordeaux sorti deuxième à ces primaires qui pendant longtemps était en première place est aussi l’un des perdants. Si les reports de voix au second tour sont mathématiques au vu de l’appel de Sarkozy et de Brunot Lemaire autre candidat malheureux à voter pour François Fillon sont respectés par les électeurs, il va sans dire que le score de ce dernier au premier tour, plus de 44% fait de lui le favori pour le second tour et peut-être incontestablement le futur président de la république française face à une gauche laminée et ce malgré un front national toujours en hausse en France, plutôt sûr d’être au second tour avec Marine Lepen. À moins que le programme plutôt austère de l’ancien premier ministre de Sarkozy de 2007 à 20012 ne ressoude cette gauche émiettée. Il n’est pas inutile de noter que la carte honnêteté jouée par Fillon face à un Sarkozy dont on évoquait la multiplication des affaires a pu aussi lui donner un avantage, lui qui affirmait déjà « Qui peut imaginer le Général De Gaulle mis en examen sollicitant le suffrage des Français ».
En tout état de cause, la démocratie française en sort renforcée et cette primaire soude la droite et lui donne des chances inestimables pour 2017 là où les militants socialistes s’estiment avoir été trahis par un François Hollande qui ne compte plus que des jours pour faire ses valises sauf surprise divine et mystère insondable.
Pas besoin de la justice pour stopper l’homme aux multiples affaires. C’est une défaite et une humiliation. Renvoyé par son propre électorat, Nicolas Sarkozy voit toute sa stratégie taillée en pièces. Elle tenait du village Potemkine. Dans cet exercice inédit de démocratie, c’est une droite dure et conservatrice incarnée par François Fillon qui reprend le flambeau.
C’est une exécution en place publique. L’élimination de Nicolas Sarkozy dès le premier tour de la primaire de la droite et du centre, dimanche 20 novembre, est bien plus qu’une défaite électorale. Voilà l’ex-chef de l’État brutalement congédié, non pas dans le cadre d’un traditionnel affrontement droite-gauche, mais par son propre camp, par un électorat de droite qui, depuis près de quinze ans, l’avait chaque fois placé en tête de ses dirigeants ! C’est donc bien une lettre de licenciement – peut-être une lettre de cachet que la droite a adressée à celui qui prétendait en toute impunité retrouver la présidence perdue en 2012 l’année prochaine.
De nombreuses affaires dans lesquelles il a été citées avec notamment les plus emblématiques ces derniers mois (l’affaire Bygmalion, cette affaire de fausses factures lors de sa campagne de 2012 et l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007) ne l’ont pas empêché de se présenter aux primaires de la droite et du centre pour représenter son camp en 2017..Toujours très courageux, combatif et volontaristes qualités que tous lui reconnaissent l’ancien Chef d’Etat français a mené une campagne très à droite pour attirer les électeurs du front national. Son socle électoral étant celui des plus durs de son parti, des militants pour lesquels l’immigration apparaît comme étant l’une des sources de difficultés dans ce pays des Sarkozy a été débordé par l’affluence des Français, environ 4 millions dont 15% de la gauche et 14% de nulle part venus lui faire barrage. Beaucoup redoutaient que son retour à l’Élysée le protège face aux juges qu’il doit affronter dans le cadre des affaires pour lesquelles il est cité.
Il faut cependant saluer l’indépendance de la justice française que certains presser d’accélérer le calendrier judiciaire de cet homme jugé pas très honnête par bien de Français en coulisses. Cette justice est restée de marbre et c’est à son honneur de n’avoir pas été celle qui aurait disqualifié ce monsieur. François Fillon qui vient en tête des primaires n’était pas aperçu au gré des sondages comme celui qui pourrait bénéficier d’un vote massif au-delà du socle républicain.
Ainsi Alain Jupé, le maire de Bordeaux sorti deuxième à ces primaires qui pendant longtemps était en première place est aussi l’un des perdants. Si les reports de voix au second tour sont mathématiques au vu de l’appel de Sarkozy et de Brunot Lemaire autre candidat malheureux à voter pour François Fillon sont respectés par les électeurs, il va sans dire que le score de ce dernier au premier tour, plus de 44% fait de lui le favori pour le second tour et peut-être incontestablement le futur président de la république française face à une gauche laminée et ce malgré un front national toujours en hausse en France, plutôt sûr d’être au second tour avec Marine Lepen. À moins que le programme plutôt austère de l’ancien premier ministre de Sarkozy de 2007 à 20012 ne ressoude cette gauche émiettée. Il n’est pas inutile de noter que la carte honnêteté jouée par Fillon face à un Sarkozy dont on évoquait la multiplication des affaires a pu aussi lui donner un avantage, lui qui affirmait déjà « Qui peut imaginer le Général De Gaulle mis en examen sollicitant le suffrage des Français ».
En tout état de cause, la démocratie française en sort renforcée et cette primaire soude la droite et lui donne des chances inestimables pour 2017 là où les militants socialistes s’estiment avoir été trahis par un François Hollande qui ne compte plus que des jours pour faire ses valises sauf surprise divine et mystère insondable.
Fraudes et répressions massives, populations meurtries, mais un vent de révolte qui gronde en continu : c’est l’aboutissement d’une élection censée être démocratique au Gabon, où la mobilisation souterraine parvient à s’amplifier malgré l’asphyxie des réseaux sociaux et le harcèlement policier.
A l’heure où le pays tout entier retient son souffle en attendant, vendredi 23 septembre, le résultat du recours déposé par Jean Ping auprès de la Cour constitutionnelle – vous savez, la fameuse « tour de Pise » qui penche toujours du même côté, celui du pouvoir -, il est urgent de rappeler à la France que sa place est clairement au côté des Gabonais en lutte pour un idéal démocratique, de manière affirmée et sereine. Plus qu’un devoir, c’est une dette.
Adoubé par Nicolas Sarkozy
Très récemment, j’étais invitée par un grand parti politique qui planchait sur une « nouvelle politique africaine de la France » face à sa perte d’influence manifeste et au désamour, voire à l’antagonisme des générations montantes en Afrique, francophones en particulier. Devinez ce qui est apparu – en fait : a été rappelé – comme la raison la plus constante du rejet de la France ? Le « double langage » ou « l’hypocrisie » face à la marche vers la démocratie.
Qui n’a pas lu ou entendu mille fois que la France « soutient les dictateurs », tout en ayant mis en scène le Sommet de La Baule, en 1990, qui promettait le contraire ? L’épisode de la précédente élection présidentielle au Gabon, après la mort en 2009 d’Omar Bongo Ondimba, quarante-deux ans de pouvoir, n’a rien fait pour ébranler cette certitude. Le « vieux » a mis en selle son fils adoptif, Ali, qui fut sans doute battu dans les urnes par André Mba Obame mais adoubé par Nicolas Sarkozy.
2009 n’est pas 2016 et la France n’a plus le même président. Le gouvernement de François Hollande n’a pas seulement la conscience tranquille sur l’Afrique, il s’est jusqu’à présent plutôt illustré par des actes forts et reconnus : stopper les djihadistes au Mali, les contenir au Nigeria, au Niger et ailleurs.
Le Gabon, de ce point de vue, est une chance inespérée pour la France.
Non pas qu’il lui appartienne « d’apporter la démocratie en Afrique », une démarche hégémoniste et néocoloniale violemment critiquée lorsqu’elle est identifiée comme telle. Et pour cause. Nul ne niera aux Gabonais le mérite exclusif d’avoir vaillamment uvré pour atteindre l’objectif démocratique d’élire un président. Pendant deux ans, Jean Ping, le candidat en tête, a sillonné son pays pour aller au-devant de ses compatriotes ; les principaux leaders politiques, tous candidats, ont réussi le tour de force, si rare au sein des oppositions africaines, de se regrouper derrière un candidat unique pour déjouer un mode électoral prévoyant un seul tour ; et la société civile s’est mobilisée pour surveiller la régularité du scrutin. Bref, ces Africains « ont fait le job » !
Comme dans d’autres pays, le Ghana, la Zambie, la Tanzanie, le Cap-Vert, le Ghana et le même le Nigeria. Pourquoi, en zone dite francophone, doit-on se satisfaire des échecs programmés, des simulacres électoraux ou des éruptions révolutionnaires comme au Burkina Faso ? A quoi aurait alors servi la mobilisation exemplaire des Gabonais ? Pour obtenir quoi ? Encore une fraude grossière, véritable insulte à l’intelligence ? Des morts, des charniers, des blessés, des prisonniers, des disparus, des pleurs, du sang ? Du sang et encore du sang ! Que peut faire une foule désarmée face à des mercenaires encagoulés, recrutés pour tuer afin de maintenir au pouvoir un président mal élu, mal aimé, et dont on doute de l’origine ? D’où cette pancarte, qui a fait florès pendant les manifestations, « Ali Bongo est-il vraiment Gabonais ? ».
Tombés sous les balles
La frilosité de la France est compréhensible à certains égards – mais injustifiée dans le cas d’espèce. En 2009, des jeunes en colère s’en étaient pris à des intérêts économiques français, mais c’était en réaction au soutien affiché par le président français de l’époque à celui qui, déjà, avait sans doute perdu les élections. En 2016, il est facile de parier que les mêmes acclameront les présidents français comme des héros, leur feront des haies d’honneur, si la France d’aujourd’hui se range clairement du côté de la recherche de la légitimité démocratique, de la protection des citoyens, de TOUS les citoyens.
A travers toute l’Afrique, cette France-là récoltera reconnaissance et respect. La France n’est donc pas face à une « menace » pour les siens au Gabon, mais à une main tendue par tout un peuple, à un boulevard à emprunter vers cette « nouvelle politique » qui romprait, enfin, avec la Françafrique si décriée. En clair, les signaux à envoyer ne devraient pas tourner autour du retrait de la France, lorsqu’on attend sa présence et son soutien.
La France de Nicolas Sarkozy a loupé le coche en Tunisie. et au Gabon. Celle de François Hollande tient là une chance inespérée de revoir la copie de 2009, sans coup férir, et de convaincre les Africains de la pertinence de ses fameuses « valeurs », celles qui sont censées guider sa politique internationale. Est-il encore besoin de souligner que la consolidation des processus démocratiques et de l’Etat de droit fait partie de la solution aux crises à répétition qui désespèrent la jeunesse, l’installent dans la précarité et nourrissent l’envie de quitter un continent apparemment incapable de lui donner un avenir ? Envoyer des troupes pour stopper des fous de Dieu, c’est bien. Ancrer la vie politique dans l’espérance et la participation citoyenne, c’est mieux. Au Gabon, des dizaines d’hommes, des femmes et d’enfants sont tombés sous les balles. Sans perdre l’espoir.
L’ancien président français a annoncé lundi sa candidature à la primaire de la droite dans un nouveau livre, qu’il espère être le « point de départ »
Le (faux) suspense est levé: Nicolas Sarkozy a annoncé lundi sa candidature à la primaire de la droite en vue de 2017 dans un nouveau livre, « Tout pour la France », qu’il espère être le « point de départ » vers la reconquête de l’Élysée.
« J’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle de 2017. La France exige qu’on lui donne tout. J’ai senti que j’avais la force pour mener ce combat à un moment si tourmenté de notre histoire », écrit celui qui rêve d’être le premier ancien chef de l’État à reconquérir la présidence de la République après une défaite.
Le président du parti Les Républicains, revenu en politique à l’automne 2014 pour reprendre le parti UMP — alors plombé par une dette abyssale et l’affaire Bygmalion — quitte mécaniquement la présidence du parti comme prévu par le processus de la primaire.
Il avait jusqu’au 25 août pour démissionner et ses rivaux n’avaient d’ailleurs pas manqué depuis le début de l’été de le presser à officiellement candidater, l’accusant de mélange des genres. Laurent Wauquiez, le très droitier président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, devrait prendre le relais à la tête du parti.
Il effectuera son premier meeting de campagne jeudi à Chateaurenard (Bouches-du-Rhône).
Dans le prologue de ce livre, Nicolas Sarkozy assure de sa loyauté envers ce processus de primaire (20 et 27 novembre), exercice inédit à droite : « Je participerai à la primaire de la droite et du centre. J’en respecterai chacune des règles. C’est pourquoi à compter de ce jour, je quitte la présidence des Républicains ».
Dans ce nouveau livre, publié mercredi chez Plon, il développe ses thèmes de campagne: « vérité », « compétitivité », « autorité », « liberté ». Mais c’est surtout le thème de « l’identité », dans un contexte de menace jihadiste, qu’il devrait développer dans les prochaines semaines.
En ce jour de rentrée gouvernementale, l’ancien chef de l’État devient donc candidat avec un challenge de taille après avoir échoué en 2012 face à François Hollande. Pour l’instant, son principal rival, M. Juppé reste favori des sondages, devant lui, puis Bruno Le Maire et François Fillon.
La liste officielle des candidats validée par la Haute-Autorité sera publié le 21 septembre. Il est à ce jour le 13e candidat à la candidature.
Autre inconnue qui pourrait parasiter sa campagne: la justice. L’ancien chef de l’État reste en effet mis en examen pour corruption et trafic d’influence dans l’enquête dite des « écoutes » et pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012 dans le dossier Bygmalion. Dans ces deux affaires judiciaires, il risque un renvoi en procès à des dates indéterminées.
L’ancien chef de l’État peut compter sur le soutien de ses anciens partisans comme Christian Estrosi, ou Christian Jacob, patron des députés LR, ancien proche de Jean-François Copé, lui aussi candidat à la primaire.
Cette visite prévue de longue date, avant les attentats de Grand-Bassam, a permis aussi à l’ancien chef d’Etat français de rencontrer les étudiants de l’université d’Abidjan et la communauté française
« Nul n’est aujourd’hui à l’abri de la barbarie et en venant ici, nous avons voulu dire à tous ceux qui ont envie de venir en Côte d’Ivoire : la situation est parfaitement sûre. Il ne faut pas donner raison à ces barbares. Il ne faut pas avoir peur », a déclaré Nicolas Sarkozy lors d’un discours à l’université Félix Houphouët-Boigny.
Avant d’aller présenter ses condoléances au président Alassane Ouattara, Nicolas Sarkozy a reçu une véritable ovation en pénétrant dans l’amphithéâtre A de l’université.
L’ex-chef d’Etat français a tenu un discours sur l’importance d’unir les forces de l’Europe et de l’Afrique face au terrorisme, un discours qui a plu à un large auditoire, comme à cette étudiante: « Sarkozy a très bien parlé. Son discours nous a vraiment touchés. Nous disons merci pour tous les conseils, merci pour le développement qui soutient la Côte d’Ivoire ».
Parmi des centaines de participants conquis par l’ex-président français, un jeune paraît plus circonspect sur les causes de la violence terroriste qui frappe la Côte d’Ivoire et l’Afrique de l’Ouest: « Le terrorisme dont on parle a été favorisé par la chute du colonel Kadhafi, qui a eu un impact considérable sur notre sécurité. Les armes sont venues de Libye et aujourd’hui la Libye est incontrôlable. Cela affecte notre sécurité. » A l’époque, le président français, «c’était Nicolas Sarkozy». « Et j’aurais aimé qu’il demande pardon aux Africains », confie cet étudiant.
Nicolas Sarkozy ne répondra pas à cette question. Après avoir rencontré les sympathisants ou adhérents républicains d’Abidjan, il est reparti pour Paris.
Le fils spirituel de Jacques Foccart indique qu’aucune personnalité politique française ne peut se construire sans passer par les chefs d’Etat africains
Vous êtes très critique de la politique de François Hollande et du gouvernement en Afrique, vous qui n’êtes pourtant pas un farouche opposant de la Françafrique. Ce sont les manières qui vous gênent ?
Si l’on revient quelques années auparavant, François Hollande pourfendait la Françafrique. Il tenait le continent à bout de gaffe et c’est tout juste s’il ne se pinçait pas le nez. Au Mali, il a pris goût – et le mot n’est pas assez fort – à l’Afrique. L’accueil qu’il a reçu après l’intervention française l’a transcendé, il est alors passé dans une autre dimension qui dépasse même la Françafrique traditionnelle. Sans oublier qu’il essaye à l’étranger de faire oublier ses échecs sur le territoire métropolitain. Moi, ce qui me navre, c’est de voir ces effusions sur le perron de l’Elysée entre François Hollande et Idriss Deby puis Denis Sassou-Nguesso. Je sais qu’il faut payer la dette du sang mais on ne badine pas avec les droits de l’Homme et les libertés fondamentales. On nous tombait dessus du temps de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy avec la Françafrique, les liens avec les chefs d’Etat corrompus, les dinosaures, etc… Aujourd’hui, c’est copie conforme et même pire.
Vous faisiez partie des anciennes administrations qui, elles non plus, ne mettaient pas la priorité sur les droits humains et les libertés.
Vous savez, je vais peut-être vous étonner, mais j’ai moi-même entendu le Président Sarkozy s’adresser à Denis Sassou-Nguesso, Idriss Deby et Blaise (Compoaré ndlr) et leur dire leurs quatre vérités. Il ne pouvait pas arriver tout d’un coup en 2007 et rompre avec tout ce monde-là, mais le personnage n’était pas Chirac, je vous le dis. Quand il avait quelque chose à dire, il ne prenait pas de gants. Si les entourages présidentiels de l’époque, qui sont les mêmes aujourd’hui, pouvaient vous parler, ils vous diraient exactement la même chose. Une fois, et j’anticipe sur mes mémoires, Laurent Valdiguié ne va pas être content, j’étais dans le bureau d’Omar Bongo à Libreville lors du premier passage de Sarkozy à Libreville. C’était un voyage que Bruno Joubert et les pontes du Quai d’Orsay ne souhaitaient pas, juste après Tripoli et Dakar. Il y avait Sarkozy, Bongo, Pascaline et moi. À propos du discours de Dakar, Bongo s’est tourné vers le président français et lui a dit « mais dis moi Nicolas, qu’est ce qui t’as pris ? C’est quoi ce discours ? Écoute moi fiston, si j’avais été étudiant là-bas, moi je t’aurais hué », il se tourne vers moi pour me demander mon avis, je lui dis que je suis d’accord avec lui. Là, Sarkozy a expliqué qu’il avait lu le discours dans la voiture. Mais si je vous raconte tout ça, c’est parce que c’est à cette occasion que Sarkozy a demandé au doyen ce qu’il pensait des mandats africains, s’il n’était pas d’accord pour dire que c’était exagéré. Alors, Bongo lui a dit « tu sais que tu n’as pas tort Nicolas, en 2009 je vais faire mon dernier mandat et je vais m’en aller et tu as raison il faut limiter les mandats ». Ça, en dehors de Pascaline, le pauvre Omar et moi, personne ne le sait. C’était ça le point de vue de Nicolas Sarkozy, et il n’hésitait pas à le dire.
Et selon vous, aujourd’hui il n’y a aucune rupture avec les autres administrations ?
Aucune rupture ! Nous sommes Françafrique épisode trois, quatre ou cinq, c’est la même chose. Les membres du gouvernement essaient d’avoir les mêmes liens que nous avions avec les chefs d’Etat africains. Sauf que maintenant ce sont des liens de circonstances, le c ur n’y est pas du côté africain. Bien que, ayant parlé avec des chefs d’Etat quand ils étaient à Paris en décembre dernier, ils apprécient beaucoup Monsieur Le Drian. Ils ont été très élogieux à son endroit, me disant que c’est un personnage humble et chaleureux, simple, pas tortueux et qui va droit au but. Je n’ai pas entendu des propos aussi flatteurs de leur part en direction de Laurent Fabius.
Les réseaux n’ont pas pour autant disparu, les liens privilégiés entre nos ministres et quelques chefs d’Etat peu recommandables semblent se vérifier tous les jours
Vous savez, l’Afrique est un monde à part. Ce n’est pas parce qu’on tutoie qu’on est amis, il faut accéder au c ur, à la confiance. Le Drian a les réseaux, à travers les généraux : ce sont eux qui maîtrisent le mieux l’appareil politique français en Afrique. Ce sont eux qui dictent la politique africaine au chef de l’Etat. Je sais qu’il y a la cellule Afrique à l’Elysée avec Hélène Le Gal, mais tout se fait entre le chef de l’Etat, le Drian et les généraux, surtout Benoit Puga (chef d’Etat-major particulier de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande ndlr). Sinon, les réseaux de Fabius c’est Lionel Zinsou, en dehors de lui il n’y a personne.
Thomas Fabius, le fils du ministre des Affaires étrangères, a été vu à Bangui, vous qui avez gardé vos réseaux, savez-vous ce qu’il y fait ?
Vous savez, même si je m’exprime peu, je suis au courant de beaucoup de choses. Je me suis laissé dire qu’il y était parce qu’il y a des choses à gratter là-bas, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne porte aucune accusation mais le diamant a tourné la tête et tournera la tête à beaucoup de gens, pendant l’ère Hollande, Sarkozy, Chirac et Mitterrand. Je sais aussi que le petit Thomas est impliqué au Mali avec des Corses, dans quoi exactement je ne saurais pas trop vous le dire. Ça me fait de la peine pour son père, vraiment. L’Afrique est un continent sur lequel on peut se brûler et j’ai de l’affection pour Thomas Fabius que j’ai croisé plusieurs fois. Il a trop d’addictions et de passions, en tant que père et maintenant grand-père, j’ai de la peine pour Laurent Fabius qui est à mon avis un grand ministre des Affaires étrangères.
Le nouveau Premier ministre, Manuel Valls s’active aussi et semble tenir à ses liens avec le continent, notamment au Maroc et en Algérie, que faut-il déduire de cet activisme ?
Mais tout le monde s’active en Afrique ! Vous savez, c’est la farandole que j’ai connue. J’ai assisté à plusieurs alternances, je sais comment ça se passe, on ne peut pas se construire sans passer par l’Afrique. Le Premier ministre est un homme que j’apprécie beaucoup sans le connaître, j’aime ce type d’homme, dans son tempérament pressé, toujours en action, il me rappelle le Sarkozy d’il y a dix ans. Vous verrez, ses voyages vont se multiplier, surtout en Afrique mais aussi dans le monde arabe. J’ai vu cela du temps de Sarkozy, du temps des deux mandats de Chirac. Il y avait télescopage quelquefois entre les officiels et les officieux, c’était drôle.
Ce sont vos expériences à l’Hôtel Meurice avec Omar Bongo qui vous font dire qu’un homme politique ne peut pas se construire sans passer par l’Afrique ?
Si j’avais tort vous ne seriez pas là à me poser des questions. Je ne veux pas revenir là-dessus. J’ai été étonné de la tempête que j’ai déclenchée alors que d’autres avaient parlé de ça avant. Jean-François Probst dans son livre, Jacques Foccart aussi dans ses mémoires, je ne vois pas pourquoi j’ai déchaîné autant de choses. C’est vrai que j’étais un témoin direct, et je m’en rappellerai toujours de ces djembés ! C’était drôle. Quand j’ai raconté ça aux juges, c’était tellement incroyable qu’ils n’arrêtaient pas de rire, et pour faire rire ces juges-là il en faut beaucoup.
Vous avez raconté que, à l’époque, Omar Bongo voyait les jeunes espoirs de la politique françaises. Certains d’entre eux sont aux commandes aujourd’hui ?
Il les recevait, je les ai tous vus défiler mais pas pour de l’argent. Il voyait tout le monde, ça c’est sûr : Laurent Fabius, Lionel Jospin, Ségolène Royal, François Hollande. Mais j’ai vu les jeunes pousses de la droite aussi. Un jour, ils étaient alignés dans la suite de l’Hôtel Meurice, il y avait François Fillon, Jean-François Copé, Pierre Bedier, Hervé Gaymard, Valérie Terranova. Ils étaient là parce que Chirac voulait qu’Omar rencontre la relève. En dehors de Terranova, ils ont tous été ministres dans le gouvernement d’après ! Et oui, je vous le dis, il se régale Valdiguié avec mes mémoires.
Vous êtes encore proche de Nicolas Sarkozy, est-ce que vous allez l’aider à renouer les liens avec l’Afrique avant les prochaines élections présidentielles ?
Je m’enorgueillis toujours de mon amitié avec Nicolas Sarkozy mais je demeure aussi très proche de François Fillon, que je vois régulièrement. Je m’honore de la confiance des deux. Les liens entre Nicolas Sarkozy et l’Afrique, ils n’ont jamais été rompus. Quand les chefs d’Etat africains viennent à Paris, ils lui rendent visite. Ce n’est pas l’ancien président Sarkozy qui va les voir, mais ce sont eux qui se déplacent. Ils se parlent souvent au téléphone, même si maintenant ils vont peut-être éviter ce moyen de communication pour des raisons que tout le monde sait.