Le procès a une fois de plus été renvoyé en raison de la non-présence du témoin à charge
Les témoins clés étaient absents
Le procès de l’ex ministre camerounais de la santé publique Urbain Olanguena Awono a été une fois encore renvoyé pour le 15 septembre prochain. Gilbert Bayoï, le chef de mission du contrôle supérieur de l’Etat et principal témoin à charge dans cette affaire devait se retrouver face aux co-accusés de monsieur Olanguena Awono. Il ne peut pas être là parce qu’il est en mission en Europe a répondu un membre du ministère public. Le ministère public a aussi surpris en affirmant ne pas être au courant de la date exacte du retour de leur témoin clé. A priori dans deux semaine, mais pour être sérieux dans un mois a répondu le procureur de la république. Lors de ses précédentes auditions dans le cadre de cette affaire Gilbert Bayoï n’a pas réussi à fournir des éléments précis qui ont soutenu son accusation. Pour les avocats de la défense, le fait que le chef de mission des inspecteurs d’Etat ne se soit pas présenté au procès du 25 août dernier est caractéristique de son malaise face à la situation. C’est une man uvre du parquet pour retarder l’échéance de l’éclatement de la vérité, car il n y a rien dans le dossier d’accusation, a déclaré Maitre Richard Assamba un des avocats de la défense. Ceux-ci ont voulu obtenir du juge en charge du procès que l’affaire ne soit pas renvoyée une nouvelle fois, et que les collaborateurs de Monsieur Bayoï puissent intervenir à sa place. Mais les autres témoins de l’accusation étaient eux aussi absents. Le renvoi de l’affaire a été maintenu pour le 15 septembre prochain. L’affaire Olanguena Awono est l’exemple préféré de ceux qui attribuent l’opération d’assainissement des m urs dans le cadre de la gestion au cameroun à une opération sans véritable fond solide.
Une issue de plus en plus incertaine pour l’affaire
Cela fait aujourd’hui plus de deux ans que Mr Urbain Olanguena Awono ex-Ministre de la Santé Publique est en détention provisoire à la Prison Centrale de YAOUNDE, avec cinq de ses ex-collaborateurs dont trois ex-chefs de programmes (lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme). Une durée jugée excessivement longue par les avocats qui s’appuient sur le fait que selon la loi camerounaise, en cas de persistance du doute sur l’implication de quelqu’un dans la commission d’une infraction, le prévenu devrait être relâché. Certains faits dans cette affaire sont assez troublants. L’accusation n’a jamais vraiment réussi à démontrer comment le ministre et ses collègues ont pu détourner la somme de près de 700 millions de francs CFA. D’un autre côté, plusieurs éléments jettent un discrédit sur les éléments de l’accusation principale. Gilbert Bayoï a ouvertement laissé comprendre qu’il ne maitrisait pas le dossier. Je n’étais que le chef de mission, mes collègues qui sont entrés dans le fond des dossiers peuvent donner des éléments plus appropriés. Une autre fois, nous n’avons pas reçu tous les documents que nous avons demandés au cours de notre mission. Si ces documents existent maintenant, je ne sais pas d’où ils sortent a très souvent répondu l’inspecteur d’Etat. Deux mois après l’arrestation du ministre et ses ex-collaborateurs, le directeur exécutif du fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a déclaré à toute la Communauté Internationale que [i l’audit permanent des opérations des programmes financés par cette organisation au Cameroun n’avait jusque-là pas permis de relever aucun indice permettant de dire que ces ressources avaient été mal utilisées. De même, l’ordonnance de renvoi porte aujourd’hui sur 680 millions FCFA environ pour l’ensemble des accusés contre presque 15 milliards au départ, soit déjà un abandon de plus de 14 milliards de fausses accusations contenues dans le rapport du Contrôle Supérieur de l’Etat. Il y a là un grave et très sérieux problème de crédibilité pour cette institution fait pertinemment remarquer les avocats de l’ancien ministre. Face à l’incapacité du ministère public à produire des preuves claires et irréfutables, l’affaire Olanguena plonge de nombreux observateurs et les médias dans la confusion. Plusieurs personnes semblent aujourd’hui soutenir la cause de l’ex fonctionnaire de l’Etat.
