Cameroun : le Qatar nous parle

Un État indépendant en 1971, les mêmes revenus pétroliers que le Gabon en 1980, une île dans le désert, l’émir du Qatar aurait déclaré « Je transformerai le sable en or ».

Nous sommes en 2022, le Qatar est un miracle. Un miracle ? Pas vraiment. Qu’ont-ils fait que nous, Africains, n’avons pas fait ? On dit qu’ils ont fait venir des Palestiniens qui savent très bien investir en bourse pour les aider à faire fructifier leur argent. Alors que nous pleurons le départ du professeur Omotunde, j’ai le sentiment qu’avec l’Egypte,  nous, Africains, sommes prisonniers d’un passé glorieux. Nous donnons l’impression que nous sommes dans l’incapacité de nous produire ou reproduire un futur comme l’ont fait les Qataris,  qui sont aujourd’hui le rêve du monde entier, y compris des Occidentaux.

Si l’on s’en tient au modèle économique, qui peut nous dire pourquoi les Camerounais vont tous faire du shopping à Dubaï, alors que ce pays ne produit pas grand-chose ? Les Qataris se sont positionnés pour être le premier port où tous ceux qui produisent en Chine vont décharger leurs marchandises avant de les expédier aux différents détaillants du monde. Quel est l’intérêt pour Adidas de ramener tout son stock de chaussures fabriquées en Chine en Allemagne ? Puisque les détaillants sont partout dans le monde, le stock est distribué depuis Dubaï dans différents pays.

*Si l’on s’en tient à ce positionnement dans l’économie mondiale, quel est le positionnement des pays africains, hormis le rôle de fournisseurs de matières premières qui leur est dévolu depuis l’époque coloniale et dont les prix sont fixés à Londres ? Aux Africains qui se joignent à l’Occident pour critiquer les conditions de travail des étrangers, quel pays offre aujourd’hui du travail aux africains ? Le spectacle des Africains abandonnés à la mort en mer ne nous paraît pas assez horrible. La loi islamique.

Tous ces Africains qui rêvent de l’Egypte mais qui sont incapables de créer une seule ville, je veux dire un seul village où les gens vivent à la manière Egyptienne… Malgré leur richesse, les Qataris ne sont pas dans le bling bling des Africains, leur modestie et leur humilité n’ont d’égal que leur ambition de créer une nation où leur peuple a une vie décente. La monarchie qatarie, un fils a déposé le père… Malgré les miracles que ce dernier avait déjà fait, et le fils continue les miracles ils organisent la coupe du monde en « climatisant les stades » !

Ici chez nous, ils rêvent de succession d’une misère à une autre… pour mieux montrer au peuple qu’ils sont grands, ils doivent s’assurer que le peuple est encore plus pauvre. Comment faisons-nous pour vivre dans un futur impossible ? Nous pleurons le professeur Omotunde sans même imaginer un acte aussi simple que de mettre ses enseignements dans les programmes scolaires!

Le futur est ce qui nous dépasse le plus, même l’imaginer nous en sommes incapables… pourtant rêver est gratuit. Nous, quand on rêve, c’est pour aller au Qatar, pour dépenser de l’argent et pour prendre des photos (le bluff!).  C’est ce qui nous rend grand, être en mesure de s’échapper de chez soi, de son Afrique.  A quel moment allons-nous rêver d’être le Qatar… voire plus? C’est ce qu’on appelle l’Afrofuturisme. Foumban is Wakanda!

Le pauvre, le riche et Dieu

Par Michel Tagne Foko

Il y a peu de temps de cela, j’étais à Lomé (capitale de la république du Togo), dans le quartier Agoè, plus précisément vers le lycée qui porte le même nom, aux alentours de l’endroit où deux lions sculptés se dressent majestueusement sur un sens giratoire. Ici, ça se voit, il fait bon vivre : parfois le soir, parfois en journée. Les gens que j’ai rencontrés étaient communicatifs, la joie de vivre et le sourire qui émaillaient les visages me semblaient communs à ceux des gens de Barranco, un des quartiers de Lima, capitale du Pérou. À Thamel, Katmandou, au Népal. Tsaralalàna, Antananarivo, Madagascar. Pétionville, banlieue de Port-au-Prince, Haïti, avec son quartier « Jalousie » suspendu en hauteur sur une architecture ressemblante aux favelas du Brésil. Patpong, Bangkok, Thaïlande ou Sisowath, Phnom Penh, Cambodge. Etc.

Comme je le disais, il fait bon vivre dans ce milieu, c’est la raison pour laquelle j’ai accepté d’être logé là-bas. J’y suis allé pour écrire un livre, je n’avais même pas encore écrit une phrase, que j’étais déjà enthousiasmé à l’idée de finir mon travail d’écriture pour aller vers les gens, prendre mon temps pour les écouter et pourquoi pas, faire un peu de tourisme.

Pendant que je bataillais avec moi-même, à la recherche des mots qui résonneraient juste dans mon oreille, des phrases précises et compréhensibles à la première lecture, etc., un couple de voisins, un homme et sa femme, était venu me souhaiter la bienvenue. C’était sympa, ils étaient en vacances, je les enviais. Ils parlaient si mal le français que je croyais que l’homme était nigérian et la femme hindoue, albinos ou décapée. Pour dire vrai, je pensais que la dame était du pays, mais qu’elle avait forcé sur les produits éclaircissants qui se vendent comme des petits pains dans les nombreux petits marchés de la ville. Eh oui, je le pensais réellement. Mais il y avait quelque chose de sûr chez ces gens, quand on prenait le temps de bien les regarder, c’était qu’ils étaient mixtes. C’était un couple mixte. Ça se voyait qu’il y avait un mélange, de quoi ou de qui ? Je ne le savais pas, mais c’était clair !

Vu que je commençais à lui parler à un dialecte camerounais-nigérian, appelé pidgin, il m’annonçait tout d’un coup qu’il est togolais. Oui, un Togolais pas né au Togo. Un Togolais américain. Un américain de parents togolais. Et elle, une Américaine tout simplement. De parents mulâtres. J’ai failli m’esclaffer, je me suis retenu, ils auraient cru que je me moquais d’eux, pourtant je ne suis pas de ce genre, j’avais juste eu l’image d’un livre que j’ai adoré : « Délivrances », de l’auteure américaine, Prix Nobel de littérature, Tony Morrison. Dans ce livre, une femme mulâtre accouche d’un enfant noir. Elle dit de son nouveau-né : « Elle m’a fait peur, tellement elle était noire. Noire comme la nuit, noire comme le Soudan. Moi, je suis claire de peau, avec de beaux cheveux, ce qu’on appelle mulâtre au teint blond, et le père de Lula Anna aussi ».

Mes chers voisins avaient pris l’habitude de venir me rendre visite. Ils étaient en vacances, mais pas moi, j’essayais sans y arriver de me faire comprendre. Leur présence incessante m’énervait, mais par politesse, je me suis résolu à ne plus protester. Je les laissai me raconter leur vie. Ça se voyait qu’ils prenaient du plaisir à le faire. Ils savaient que j’écrivais des livres. Sans me le dire ouvertement, je comprenais qu’ils voulaient figurer dans l’un de mes uvres. Ils m’invitaient à sortir, à boire des verres et à découvrir les lieux qui nous entouraient. À ma grande surprise, j’ai découvert que, dans ce quartier, il y avait des très riches et des très pauvres. Je trouvais ça assez paradoxal, mais c’est comme ça.

Les pauvres, les plus en vue, sont ceux qui animent le quartier par les petits commerces qu’ils tiennent pour subsister. Les autres, plus ou moins démunis, se démènent comme ils peuvent. Il y en a qui sont des gens à tout faire, des employés de maison, gardiens, mécaniciens, etc. Pour un salaire précaire qui les maintient quand même en vie. D’autres sont là à ne rien faire, à rêver par exemple de football, dirent vouloir rentrer dans les villages, que Lomé ce n’est pas facile, etc. Mais le soir venu, au bar du coin, les visages changent. Tout le monde, ou presque, devient gai.

Les riches, quant à eux, ne se mêlent pas à ces « petites gens ». Ils ne le disent pas ainsi, mais ça se voit. C’est comme ça et pas autrement. Ils restent dans leurs belles maisons et sortent parfois dans leurs véhicules de luxe. Ils rient entre eux, se bagarrent entre eux, vivent entre eux. Ils se marient ou divorcent, entre eux. C’est dans les supermarchés qu’ils font leurs emplettes, et quand il leur arrive d’avoir une conversation avec les pauvres, celle-ci se déroule dans une certaine condescendance. Il est clair, à ce moment-là, que le pauvre est appelé à rester à sa place. À sa situation de pauvre, d’impuissant, de rien du tout. Quelqu’un qui reçoit la salutation du riche comme un don, quelque chose de très précieux. Oui, oui, oui. À Agoè Lycée, les gens connaissent et respectent les statues sociaux, sauf quand il s’agit de marchander un service auprès de dames galantes, ce sont les quelques seules fois où se monde se croise parfois pour quelques instants.

J’avais arrêté de chercher à écrire, je subissais le programme de mes chers voisins. Ils ne me parlaient plus de leur vie de tous les jours. Ils avaient pris un virage à 290°, ils me parlaient dorénavant de leur relation avec Dieu, du fait qu’ils étaient de l’Église évangéliste, etc. ça m’intriguait, j’avoue que ça me donnait de la matière à développer le sujet dans l’un de mes livres.

Un dimanche matin, comme sur un coup de tête, ils me demandaient de les accompagner dans une église. Oui, vous l’avez sûrement compris, ça leur plaisait de changer de temps en temps de lieu de prières. Comme je n’arrivais plus à écrire, même pas une phrase, alors je me suis dit que ça allait me distraire un peu. Ensemble, dans la voiture, on se mit à la recherche d’une église. À ma grande surprise, dans cette église, riches et pauvres étaient assis côte à côte, sur un même banc. Il y avait même un ministre, aucun protocole, tout le monde chantait, dansait et priait. Hallucinant !!! Le riche, celui-là même qui ne dîne pas avec son domestique, encore moins sur une même table, est pourtant là, en train de prier avec lui. Tout à coup, c’était comme s’il n’y avait plus de rang social, le pauvre et le riche se croisaient. Se parlaient-ils pour autant ?


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France: Plus de 8 millions de personnes sont pauvres

Selon une étude rendue publique par l’institut national de la statistique, un français sur sept est pauvre

Un Français sur 7 vivait avec moins de 954 euros par mois en 2009. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Insee publiée le mardi 30 septembre, d’après laquelle l’impact de la crise économique sur l’économie et le marché du travail en France s’est traduit en 2009 par le ralentissement de la progression du niveau de vie et par la remontée du taux de pauvreté. D’après l’Institut de la statistique, la France métropolitaine comptait 8,2 millions de pauvres en 2009, soit 13,5% de la population. C’est 400.000 pauvres de plus qu’en 2008. Des statistiques jugées en-dessous de la réalité de 2011 par le Secours populaire français.

A noter qu’en France, comme dans la plupart des pays européens, le seuil de pauvreté n’est pas défini sur des critères de besoins vitaux, mais par un calcul médian basé sur l’évolution globale du niveau de vie. Il correspond à 60% du niveau de vie médian de la population. Les chiffres de l’Insee ne mesurent donc pas une pauvreté absolue, mais l’évolution des écarts de revenus, autrement dit des inégalités. L’enquête montre surtout que tous les ménages français ont subi la crise économique qui a suivi le crash de 2008. Mais ce sont ceux dont les ressources sont les plus modestes, chômeurs en tête, qui ont le plus trinqué. Les ménages les plus aisés ont, eux, simplement vu leurs revenus croître moins rapidement que durant les périodes précédentes (+0,7% pour les 10% les plus riches). Globalement, le niveau de vie des Français (qui englobe salaire et prestations sociales) a augmenté de 0,4%. Le revenu médian est de 1590 euros par mois. Selon l’INSEE, la paupérisation des plus démunis aurait pu s’accroître encore si certains filets n’avaient pas joué les bouées de sauvetage. Comme la prime exceptionnelle de 150†euros versée aux familles modestes lors de la rentrée scolaire 2008 ou encore la «prime de solidarité active» de 200†euros versée en 2009 aux familles bénéficiant d’un revenu minimum d’insertion, d’une allocation de parent isolé (famille monoparentale) ou d’une aide au logement. Les aides sociales représentent d’ailleurs 40% des ressources des plus pauvres.

Devant ces chiffres bien en-dessous de la réalité de 2011 selon le Secours populaire, l’opposition s’en est prise à la politique de Nicolas Sarkozy. Le Front national y voyant la faillite du modèle économique ultralibéral porté par Nicolas Sarkozy, l’UMP et le PS. Selon le parti socialiste, il faut un effort de redistribution pour que les très hautes rémunérations contribuent davantage, mais nous avons aussi à mettre ces familles dans la stabilité et la régularité d’une rémunération. Du côté du MoDem de François Bayrou, on estime que le pire est à venir et que les années 2010 et 2011 montreront encore une progression importante de la pauvreté. Pour le parti centriste, il faut prévoir d’urgence un allongement de la période d’indemnisation du chômage et que les réductions budgétaires envisagées dans le secteur de la cohésion sociale soient remises en question. Au PCF, on accuse le gouvernement de non assistance à personne en danger avec sa politique complaisante pour les plus riches.

D’après l’Insee, un français sur sept vit dans la pauvreté
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