Manipulations électorales: l’honneur perdu de certains militants anti-Bongo

Par Roufaou Oumarou

En Afrique Centrale l’alternance politique par les urnes et dans la paix était déjà suffisamment difficile à cause, entre autres, de la capacité infinie des pouvoirs en place d’employer les moyens les plus diaboliques pour manipuler la totalité du processus électoral afin de s’accrocher au pouvoir.

Hélas, trois fois hélas demain ce sera encore plus compliqué, si certains comportements d’une partie des opposants d’Ali Bongo Ondimba (ABO) au Gabon devaient se généraliser : oubliant que leur principale arme est leur supériorité morale, qui fonde leur crédibilité lorsqu’ils dénoncent les manipulations électorales, ils se sont lancés eux-mêmes corps et âme dans le mensonge, la diffamation et les distorsions de toutes sortes.

Tous les moyens sont-ils bons parce qu’on est en position de défier un régime politique tel que ceux de Bongo, Sassou, Déby ou Paul Biya ?
On serait tenté de répondre par oui, alors qu’en réalité certains moyens utilisés tels la question identitaire, la manipulation de l’instinct xénophobe, les mensonges, les calomnies et les attaques haineuses, les tentatives de déshumanisation de l’adversaire sont des armes à double tranchants qui deviennent très vite des arguments en faveur du pouvoir en place.

Au Gabon délaissant stupidement l’énorme surface d’attaque que constituent les échecs socio-économiques du président sortant, certains de ses adversaires ont très tôt enfourché le débat de fosse septique sur sa filiation et sa nationalité gabonaise, distillant l’idée qu’il n’a pas le droit d’être candidat à sa propre succession pour cause d’inéligibilité.

Pourtant à moins d’être totalement crétinisé, chaque personne douée de bon sens verrait qu’aucun tribunal, national ou international, jugeant selon les normes internationalement reconnues, n’invaliderait la candidature du président sortant ABO sur des bases aussi faibles que les élucubrations d’un Pierre Péan et quelques photos glanées dans internet de malheureux qu’on appelait « Enfants du Kwashiokor du Biaffra ».

Au Gabon comme en France tous les jugements sur cette question furent en faveur d’ABO.

On dit qu’il aurait dû accepter de faire un test ADN pour prouver sa filiation, mais en Côte d’Ivoire, en son temps, confronté aux mêmes accusations nauséabondes (qu’il ne serait pas le fils de sa mère), Alassane Ouattara avait fait un test d’ADN positif, mais ses adversaires n’avaient quand même pas clos le débat.

Ali Bongo a eu bon jeu de se positionner en victime de haine irrationnelle, de se placer au-dessus de la mêlée en protecteur de l’hospitalité et de l’unité du Gabon et de fédérer automatiquement tous ceux qui ont peur d’une explosion gabonitaire à l’ivoiritenne.

Or on sait qu’une très grande partie des citoyens gabonais (détenteur de la nationalité gabonaise à titre d’origine – au sens juridique du terme) est composée de personnes dont les ascendants sont arrivés au pays pendant la période coloniale, et dont la nationalité pourrait être mise en cause par des esprits ethno-fascistes mal intentionnés.

Nous avons vu au Cameroun ou ailleurs en Afrique des personnes membres de communautés vivant sur un territoire depuis plus de 150 ans se faire quand même traiter d’étrangers sur la simple base de la postériorité de leur arrivée par rapport à d’autres peuples autochtones installées arrivées plus tôt.

Au pays de Paul Biya on a même bétonné dans la constitution la notion confligène d’autochtone/allochtone.

Dans tous les cas, les effets de l’usage de ce moyen de combat contre Ali Bongo étaient dévastateurs pour l’opposition: ABO pouvait à moindre frais se présenter en protecteur de l’unité nationale, jouer les victimes et convaincre une partie de l’opinion que ses adversaires sont des irresponsables qui plongeront le pays dans la guerre civile s’ils arrivaient au pouvoir.

Le seul usage effectif de ce type de déshumanisation de l’adversaire serait dans un cadre de prise de pouvoir par soulèvement insurrectionnel ou de coup d’Etat militaro-civil où il s’agira de vendre au peuple l’idée que le changement de régime par rupture de l’ordre institutionnel, est non seulement le seul chemin possible, mais constitue une libération permettant de se débarrasser d’un être indéfendable, dépourvu de toute humanité et qui mérite le pire destin possible.

Autrement dit, ceux qui étaient derrière ce débat malsain n’avaient pas qu’un changement de régime par les urnes en tête.

On se rappelle les accusations « Bokassa était anthropophage, « Kadhafi violeur », « Norriega avait un portrait de Hitler dans son salon », « Gamal Abdel Nasser admirateur de Hitler », etc.

Parallèlement à ce débat sur la filiation et la nationalité que des personnes soutenant Jean Ping comme la très dynamique Laurence Ndong continuent à assumer, on a assisté à des opérations de manipulations de l’opinion digne des forces les plus obscures du régime en place.

On peut citer pêle-mêle la conversation entre Jean-Ping et l’ex-Conseiller ivoirien d’Alassane Ouattara Mamadi Diané, la fameuse affirmation répétée toujours et toujours que le pouvoir aurait fait doubler la population de la province du Haut-Oogué en une nuit alors qu’il est aisé de vérifier que c’est faux, les fausses images de « massacre » au QG de Jean-Ping (où il y a eu effectivement des morts) et ces derniers jours la photo photoshoppée ci-dessous, supposée montrer Ali Bongo en train de manger un poisson braisé avec la présidente du Conseil Constitutionnel alors qu’en réalité il s’agit d’une photo prise en juillet 2016 pendant la campagne électorale sur laquelle elle n’apparaissait pas du tout.

Ali Bongo, président du Gabon depuis 2009.
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Qu’on me comprenne bien: il se pourrait bien que Jean Ping soit le véritable vainqueur de l’élection; il est plus qu’urgent de changer les systèmes néo-coloniaux et les médiocres pouvoirs politiques sclérosés qui durent parfois plus d’un demi-siècle à la tête des Etats de l’Afrique centrale; les principaux obstacles au changement se situent d’abord et avant tout du côté de ces pouvoirs qui usent et abusent des gigantesques moyens militaires, policiers, financiers, politiques, médiatiques et administratives entre leurs mains pour rendre difficile toute chance de changement par les urnes. Aucun doute là-dessus.

Mais si les oppositions, au lieu de s’accrocher plus que jamais à la position de challenger moralement supérieur ne serait-ce que parce qu’elles s’opposent à des dictatures corrompues et incapables de mener leurs peuples vers le développement et le bien-être social, se mettent aussi à tricher, à manipuler ouvertement l’opinion et à soulever le sectarisme et la division du peuple, alors le changement que nous espérons tous ne viendra pas.

Nos peuples veulent le changement, mais ils savent très vite détecter et lâcher les marchands d’illusions et les pyromanes qui veulent brûler la maison pour satisfaire leurs ambitions purement pouvoiristes.


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Union Africaine: Ça passe pour l’Afrique du sud

L’actuelle ministre de l’intérieur de ce pays qui s’était déjà opposée au gabonais Jean Ping l’a finalement emporté et devient la première femme à occuper ce poste

Nkosazana Dlamini Zuma, l’actuelle ministre sud-africaine des affaires intérieures et ex épouse du président Jacob Zuma a été élue dimanche 15 juillet 2012, comme présidente de la commission de l’Union africaine, après une longue bataille électorale qui avait menacé de diviser l’organisation en deux, il y a six mois. C’est avant tout une victoire de l’Afrique subsaharienne anglophone. La nouvelle présidente remplace le gabonais Jean Ping qui occupait ce poste depuis 2008, et qui était soutenu par de nombreux pays africains d’expression française. Au-delà de l’Afrique anglophone, c’est d’abord et avant tout une victoire de l’Afrique du sud, la première économie du continent et qui aura à sa corde un nouvel atout d’hégémonie politique sur le continent. Pour y arriver, celle qu’on surnomme la « Dame de fer » de Pretoria a arraché les voix de 37 délégations, soit trois de plus que la majorité requise des deux-tiers, après avoir devancé Jean Ping lors des trois précédents tours. Elle a ainsi renversé le rapport de forces d’un précédent sommet de l’UA en janvier dernier, qui n’avait pas réussi à départager les deux adversaires, mais qui avait placé M. Ping en tête. Ancienne chef de la diplomatie sud-africaine, Dimini Zuma devient la première femme mais aussi le premier responsable anglophone à occuper ce poste stratégique. Selon l’analyse de nombreux spécialistes de l’Union africaine, les délégués se sont finalement résolus à faire un choix, pour éviter une paralysie de l’institution qui, depuis six mois, fonctionnait au ralenti. Parmi les réticences qui ont fait durer ce choix, l’idée non écrite selon laquelle les pays africains puissants, ne devaient pas postuler pour la tête de la commission de l’UA. « Ce n’est pas l’Afrique du sud qui va diriger la commission, c’est madame Dimini Zuma », a-t-elle fait savoir en guise de réponse, lors d’une conférence de presse rapportée par des médias sur place.

Certains experts estiment que la nouvelle présidente de la commission de l’UA aura le privilège d’apporter au sein de l’organisation le souffle nouveau qui est celui du pragmatisme des anglophones. Elle aura du reste à faire face à beaucoup de défis dans l’immédiat. Le premier étant celui de la crise malienne. Au sein de l’UA, on se bat pour obtenir une intervention du conseil de sécurité sur la crise malienne, où un groupe de Djihhadistes ont renversé le pouvoir local pour implanter un ordre islamiste. Madame Zuma doit aussi faire face à la crise qui divise aujourd’hui les deux soudans dans un conflit interminable pour le pétrole. Mais avant toute chose, la présidente de la commission de l’UA va devoir rencontrer de nombreux leaders des pays francophones, pour les rassurer de ce que le départ de Monsieur Ping n’est pas pour eux une menace mais peut aussi être une opportunité. Née le 27 janvier 1949, elle s’est lancée dans la politique dès ses années d’études pour rejoindre l’ANC, parti leader des noirs à l’époque de la lutte anti-apartheid. Traquée par la police du régime raciste des boers et à une époque où les militants de l’ANC risquaient leur vie, elle a choisi l’exil pour poursuivre ses études dans les universités britanniques de Bristol et de Liverpool. Elle y a contribué à organiser la lutte de l’ANC depuis l’étranger. Avec le temps, elle gravira les échelons au sein du parti, partageant son temps entre Londres et l’Afrique australe. Et c’est au Swaziland, où elle exerçait comme pédiatre dans un hôpital, qu’elle a rencontré Jacob Zuma. Elle est devenue en 1982 la troisième épouse du futur président, polygame. Ils ont divorcé en 1998. Bien que militante engagée, elle se caractérise selon de nombreux commentateurs proches d’elle, par sa tempérance et une grosse détermination. Des atouts qu’elle mettre en jeu dans l’exercice de ses nouvelles fonctions, comme du moment où elle avait été appelé à reformer le système de santé dans son pays, en tant que ministre de la santé de Nelson Mandela.

Nkosazana Dlamini Zuma est la nouvelle présidente de la commission de l’Union Africaine
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19ème sommet de l’Union Africaine: l’espoir d’un consensus

A quelques jours du 19ème sommet de l’UA qui se tient du 9 au 16 juillet 2012, les tractations s’intensifient en vue de choisir le prochain président de la commission

Le 19e sommet de l’Union africaine qui se tiendra au siège de l’institution à Addis Abeba en Ethiopie, est celui de toutes les attentes. C’est au cours de cette autre assise panafricaine que devra être désigné le prochain président de la commission de l’Union africaine pour les 4 prochaines années. Pour l’heure, le président sortant le Gabonais Jean Ping, et l’ancienne ministre des affaires étrangères de l’Afrique du sud, Nkosazana Dlamini Zuma, se disputent âprement le poste. Le président sortant de l’Ua a fait ses preuves durant son premier mandat. Mais, l’Année 2011 a mis à rude épreuve la capacité de Jean Ping à gérer et à résoudre les crises, notamment la crise Libyenne. Ce dernier milite depuis longtemps, pour une organisation africaine indépendante de l’Onu et pour une grande Afrique à même de gérer et résoudre ses propres problèmes sans passer par les organisations internationales. Quant à Nkosazana Dlamini-Zuma , c’est une femme de caractère qui a dirigé pendant dix ans le ministère des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud. Ce serait historique qu’une femme compétente et d’expérience, préside la commission de l’Union africaine. Ce poste n’a jamais été occupé par une femme ni par un candidat de l’Afrique australe. Cette ancienne épouse de Jacob Zuma a été plusieurs fois ministre de 1999 à 2009. Nkosazana Dlamini-Zuma a notamment été ministre des Affaires étrangères, ministre de la santé et actuellement ministre de l’intérieur. En l’absence d’un candidat consensuel issu du comité ad hoc qui avait été mis sur pied par le président en exercice de l’Union africaine, Thomas Boni Yayi, pour rapprocher les positions des pays de deux candidats en lice, la compétition pourrait encore être serrée entre Jean Ping et Nkosazana Dlamini-Zuma.

Vers un deuxième échec ?
Réunis à Cotonou le 14 mai dernier chez le président en exercice de l’Union africaine après l’échec cuisant du sommet de Janvier, le groupe des huit chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Afrique représentant les communautés régionales du continent n’avaiet pu trouver une solution à la crise qui déchire l’UA. Au terme d’un nouveau sommet du G8, aucun nom ou pays n’avait été désigné par consensus pour prendre la tête de la commission de l’Union africaine. Selon de nombreux observateurs l’on se dirige de nouveau vers un scrutin qui va d’avantage faire réapparaître les luttes de positionnement observées depuis le sommet de janvier dernier. Lors de ce 18ème sommet, après quatre tours de vote, aucun des deux compétiteurs, le Gabonais Jean Ping (69 ans), président sortant, et la Sud africaine Nkosazana Dlamini-Zuma (63 ans), n’avait pu rassembler à son compte la majorité obligatoire des deux tiers des voix pour être élu(e) à la tête de la Commission de l’Union Africaine. Suite à cet échec électoral, le rendez-vous avait été pris pour le mois de juillet. Au vue des positions qui se sont d’avantage radicalisées, le scrutin s’annonce encore assez houleux.

Nkosazana Dlamini Zuma et jean Ping se disputent la présidence de l’Union Africaine
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Crise ivoirienne: Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara attendus à Addis Abeba

Seul le président reconnu par la communauté internationale a confirmé sa présence

Le président de la commission de l’Union Africaine Jean Ping a rencontré Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Jean Ping leur a transmis à cette occasion des messages d’invitation pour la prochaine réunion des chefs d’Etat du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine prévue le jeudi 10 Mars à Addis Abeba en Ethiopie. Un message a été remis à trois personnes : Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara ainsi qu’au président du Conseil constitutionnel, Paul Yao Ndré.

A peine l’invitation du panel des cinq chefs d’Etat en main, Alassane Ouattara s’est empressé de l’accepter et de confirmer à Jean Ping qu’il se rendrait bien à Addis-Abeba jeudi prochain. Un geste qui contraste avec le silence radio observé par les deux autres invités, Paul Yao Ndré, le président du Conseil constitutionnel et surtout Laurent Gbagbo, le président contesté à l’international. Le palais présidentiel n’a même pas confirmé publiquement avoir reçu une invitation de la main de Jean Ping, et personne dans l’entourage de Laurent Gbagbo ne s’exprime sur ce point. Faut-il y voir une gêne par rapports aux propositions du panel ? En tous cas à Abidjan, nombreux sont ceux qui supputent sur la teneur du plan de sortie de crise que pourrait présenter les cinq chefs d’Etat. Car après la rencontre de Nouakchott, la semaine dernière, les présidents-médiateurs ont confirmé un point, ils ont trouvé une position commune. Reste à la faire accepter par les protagonistes de la crise.

Face à la recrudescence de la violence et à l’impasse politique en Côte d’Ivoire, l’Union Africaine cherche une solution de sortie de crise. Jeudi de la semaine dernière, 7 femmes ont été tuées dans le quartier d’Abobo lors d’une manifestation pro -Ouattara. Samedi 5 mars, les ministres de l’intérieur et de la défense du gouvernement Gbagbo ont rejeté toute implication des forces de défense et de sécurité dans les événements d’Abobo. La tension reste toujours très forte sur le terrain ivoirien. Dans l’Ouest, les Forces nouvelles ont effectué une percée en prenant, dimanche 6 mars, la ville de Toulepleu, à Abidjan, des tirs ont été encore entendus dans la commune d’Abobo. Et c’est dans ce contexte que Jean Ping, le président de la commission de l’Union africaine, a invité Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Paul Yao Ndré, le président du Conseil constitutionnel. Aucune annonce officielle n’a émané du palais présidentiel mais l’un des caciques du pouvoir en place à Abidjan concédait sous couvert d’anonymat que Laurent Gbagbo ne fera pas le déplacement d’Addis Abeba. Pour justifier cette fin de non recevoir à l’invitation de l’Union Africaine, une source explique que Laurent Gbagbo ne veut pas que l’avenir de la Côte d’Ivoire se joue à l’extérieur du pays et qu’il fallait donc que la réunion se tienne à Abidjan. Si, sauf volte-face, le président déclaré par le Conseil constitutionnel adopte la politique de la chaise vide, le président élu selon la CEI et la communauté internationale, lui, ne remet pas en cause sa venue au siège de l’organisation panafricaine.

Selon plusieurs sources, l’UA ne devrait pas revenir sur ses décisions précédentes reconnaissant l’élection d’Alassane Ouattara. Pour ce dernier, ce voyage constitue donc une chance d’être adoubé publiquement par ses pairs africains. Si tel est le cas, ce serait une victoire diplomatique de plus mais en Côte d’Ivoire chacun sait que la victoire décisive ne se joue ni dans les chancelleries, ni dans les salles de réunion. Jeudi 10 mars, le panel devrait informer les quinze membres du Conseil de paix et de sécurité de leurs conclusions avant de les présenter aux Ivoiriens, du moins si les trois invités font tous le déplacement.


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