Fondateur de l’association «Simbaa», il voudrait au travers des actions de cette association restaurer la dignité de l’Afrique
Présentez-nous l’association Simbaa
« Simbaa » est une nouvelle association – une de plus diront certains ; Une de trop penseront d’autres. Qu’importe, l’abondance ne nuit pas. Notre slogan est clair, « Pour la dignité de l’Afrique. Le discours de Dakar, celui d’Accra (Obama Ndrl) sur lequel personne n’est revenu parce qu’il était prononcé par un « frère noir » mais qui était un fac-similé de celui de Dakar, présentent une Afrique immature, à laquelle on promet la sucette si elle se comporte bien. Vous aurez des aides à telle ou telle condition. Le discours de La Baule remis au goût du jour. On se souvient aussi des Argonautes de Zoé. Ils étaient plus à interner qu’à condamner, certes. Mais cela ne méritait pas que le Président français promette qu’il allait les ramener en France « quoi qu’ils aient fait ». Il y aurait donc deux justices, selon que l’on a commis un forfait en France ou au Tchad, contre un Français ou un Africain. Il est évident que de tels propos ne pourront jamais être ténus quand il s’agira du Mexique ou de la Colombie. On peut aussi citer les gesticulations moralisatrices sur les biens mal acquis. L’Afrique étant incapable de se débrouiller toute seule, la première association venue qui ne se penchera jamais sur les affaires du Golfe persique, se croira missionnée par le destin pour morigéner les dirigeants du Golfe de Guinée. À l’heure où l’on s’autorise des procès anachroniques contre Jules Ferry, reconnaissons qu’il y aurait beaucoup à dire aujourd’hui sur les « ONGistes », missionnaires contemporains porteurs de la civilisation vers l’Afrique. C’est ceux-là qu’il faut interpeller. Certes l’on me dira que les pays du Nord et la France en particulier trouvent la légitimité de leurs ingérences débridées, coupables, avilissantes et tous azimuts dans la sempiternelle main tendue des Africains, vers les ONG, vers les collectivités, vers les Etats occidentaux pour solliciter, qui le forage , d’un puits, qui la construction d’un dispensaire ou d’une maternelle. Nous ne serons pas indifférents à cette façon de faire des Africains. La dignité, on se la donne par son propre comportement et on l’exige ensuite de l’autre. Avec des amis, nous avons donc réfléchi à une structure qui nous permettra de réagir et de faire avancer les choses.
Pourquoi avoir choisi le nom « Simbaa » ? D’où vient-il et qu’est-ce qu’il signifie?
Parce que le Lion – « Simba » – c’est le symbole de plusieurs nations africaines, le Cameroun, mais aussi le Sénégal, dont j’admire l’avant-gardisme, depuis le député Blaise Diagne, Léopold Senghor – le père de la négritude, de la francophonie, de l’île de Gorée, jusqu’à l’élégance avec laquelle Abdoulaye Wade a quitté le pouvoir après lui avoir impliqué une vision unique. J’aime toujours à rappeler le beau symbole qu’est le monument de la Renaissance. Et le misérabilisme occidental vous dira que ce n’était pas la peine parce que des Sénégalais meurent de faim. Je leur répondrai que seule l’histoire sera juge et que maintenant enfin, l’Afrique a un monument dont la longévité est plus que millénaire. Les contempteurs du monument de la renaissance sont les mêmes qui admirent les pyramides, ou le Château de Versailles, symboles de la mégalomanie des pharaons ou de Louis XIV, ici de vulgaires tombeaux et là une villa de campagne, qui ont tous été construits au moment où les citoyens de ces pays mouraient de faim. « Simba », c’est le symbole la force tranquille. J’aime aussi a rappeler comment Wade a tendu la main aux jeunes Haïtiens dont le pays avait été frappé par le destin. Là où les humanitaires classiques larguent des denrées alimentaires ou capturent des enfants pour l’adoption et le bonheur des familles étrangères, Wade a tendu la main à la jeunesse, en a inscrit un certain nombre dans ses universités, qui retourneront après leur formation, participer à la reconstruction de leur pays. Voilà une des facettes de l’action de « Simba », présenter cette Afrique inventive mais que l’on blâme ou qui n’intéresse personne.
Quels sont les moyens dont vous disposez pour mener à bien toutes ces activités ?
Nous utiliserons tous les moyens légaux, de la réflexion à l’action en justice. Nous préparons un autre petit-déjeuner pour demander au gouvernement la politique qu’il compte mener envers l’Afrique. Nous allons travailler avec toutes les bonnes volontés – spécialistes des problématiques africaines, intellectuels et Etats africains et français en particulier, juristes – pour que la dignité de l’Afrique soit respectée. Si vous voulez parler des moyens matériels, votre soutien sera le bienvenu.
Sur le site Internet de l’association, on retrouve des messages sur des thèmes très diversifiés tels que la revalorisation des anciens combattants d’Afrique, l’implication des enfants dans des conflits armés, la protection des enfants, notamment l’affaire de l’arche de Zoé au Tchad, cela traduit – il la diversité de vos domaines d’intervention?
Ce n’est pas de la diversité, c’est de la cohérence. La dignité d’un peuple passe par le regard que l’on pose sur lui. Ce regard devrait être encore plus respectueux s’il a eu la grandeur d’âme d’envoyer ses fils au secours des autres peuples quand ils étaient menacés par la barbarie. Si après cela, la première ONG venue continue à vous prendre pour des enfants. Mais la dignité d’un peuple, c’est aussi la place qu’il réserve à ses enfants. Ils ne doivent pas être victimes de la folie des adultes locaux – enfants soldats – ou alors des argonautes fous venus d’ailleurs – « Arche de Zoé. Ndlr »
Le vendredi 25 Mai 2012, à l’occasion de la journée pour l’Afrique, l’Association « Simbaa » a organisé à Paris une rencontre pour le lancement officiel. Avec comme invités entre autres Aminata Traoré, Pierre Péan, Jacques Martial ou encore Claudy Siar. Un mot sur ce rendez-vous.
Cela a été un moment de grande émotion. Nous avons marqué l’essai, disent tous les invités, maintenant il faut le transformer, et ce n’est pas le plus facile. Les propos de tous les intervenants allaient dans le même sens. Je vous avoue que j’en étais ému. Ils disaient qu’il est temps que l’on respecte les peuples et les nations d’Afrique. Pierre Péan par exemple, s’est dit choqué de l’arrogance de ceux qui déterminent, sous quel angle – toujours le même : la corruption – l’on doit regarder l’Africain et son développement. Il y avait des Antillais entre autres, jacques Martial qui a parlé du rêve, Claudy Siar dont l’amour pour l’Afrique-mère comme il l’appelle, n’a pas été démenti par le vibrant appel qu’il a lancé pour qu’elle soit respectée comme l’exige « Simbaa ». Il y avait la fille de Fanon , ce Fanon que je considère comme mon maître à penser et dont le discours est toujours d’actualité.
Quel est le calendrier des activités pour cette année en cours?
Nous aurons l’été pour y réfléchir. Mais comme je l’ai dit, nous organisons un autre petit-déjeuner fin juin, pour avoir un échange avec le nouveau gouvernement. C’est avec ce matériau – les deux petits-déjeuners – et les contacts pris avec les uns et les autres, que nous allons établir un programme pour la rentrée. Nous allons aussi profiter de la trêve estivale pour étudier divers dossiers relatifs à la dignité de l’Afrique, celui dit des biens mal acquis, celui de l’Arche de Zoé entre autres. Il convient en effet de savoir si les conclusions du procès sont respectées ou si elles ne le sont pas, les faire respecter.
