Mgr Tonyè Bakot, les bamiléké et le tribalisme: Les péchés capitaux de Shanda Tonme et du Laakam

Par Dieudonné Essomba, cadre au minepat, ingénieur principal de la statistique hors échelle, économiste

La lettre de Monseigneur TONYE BAKOT sur la surreprésentation des Bamiléké à l’université Catholique a suscité l’indignation de Monsieur SHANDA TONME, défenseur autoproclamé des Bamiléké dont il claironne partout la supériorité numérique niée et le dynamisme combattu. Dans son article « L’Après-Biya et les Bétis » publié le 10 février 2012, SHANDA TONME décrit le Cameroun comme un univers carcéral dans lequel le Bamiléké est pourchassé au profit du Béti et dans une moindre mesure, du reste de la communauté nationale, jalouse de son dynamisme : « En ce sens, dit-il, on ne peut pas conclure sans reconnaître quand même que dans le contexte d’une alternance, il faudra stopper le recrutement des Bétis dans la haute administration et procéder à des ajustements indispensables. Je vous parle avec l’assurance de traduire les profondeurs de plans de gouvernements qui existent déjà dans certains tiroirs. Il faudra alors des mesures transitoires encore dites d’urgence, car comment pensez-vous qu’avec près de 50% de la population, les Bamilékés ne soient que 7% de cadres dans tous les corps de sécurité confondus, c’est à dire armée, police, gendarmerie, garde présidentielle? » Dans son élan, SHANDA TOMNE érige son savoir fanfaron au dessus de ce que peuvent espérer les Prix Nobel d’Economie, affirmant, après avoir pourfendu l’élite du Grand Nord, « Hélas, le nord est actuellement un vrai scandale. Si j’avais le pouvoir, je ferais de cette partie du pays une région plus riche que l’Etat de Californie aux Etats unis. » Cette insulte adressée aux ressortissants du Grand Nord s’étend à d’autres communautés camerounaises qui, suivant SHANDA TOMNE, passent leur « temps à boire, à fêter, à faire des folies, à dépenser sans faire des économies ». Dénonçant l’équilibre régional, il ajoute en signe de déclaration de guerre : « Que ceux qui rêvent d’un pays condamné dans des combines d’équilibres ethniques obscurantistes, déchantent très vite. Nous allons changer le pays et les obliger à jouer le jeu de la démocratie, de la modernité, de la compétition et de la mondialisation totale. Les malins qui jouent à faire la chasse aux Bamilékés en auront bientôt pour leur compte, contraints et forcés par les événements. » Le Pr Franklin NYAMSI, dans un article intitulé « Pourquoi le Dr. Shanda Tonme s’enflamme-t-il à propos de ma déconstruction de son mythe ethniciste » avait tenté de mettre un mors à ce tribalisme de réaction, mais sans succès.

Il faut dire que le problème dit Bamiléké est de ceux qu’il est malaisé de débattre. Mais dans une ambiance où les Camerounais ne savent plus où ils en sont, assommés par une crise interminable et désespérés devant l’absence de toute perspective, il faut le faire, afin d’empêcher le développement des interprétations dogmatiques de la réalité sociologique du Cameroun qui pourraient enfermer des jeunes dans des extrémismes dangereux. Il n’est pas nécessaire de s’attarder sur les statistiques de SHANDA TOMNE, un domaine où les Bamiléké excellent et disposent de meilleures aptitudes à défendre leur communauté avec des arguments plus pertinents. Il n’est pas non plus utile de s’attarder à son projet de réduction des effectifs Bétis dans l’administration publique, à son mépris vis-à-vis de l’élite nordiste, à ses menaces proférées aux bamiléké qui rejettent ses délires ou à sa conquête onirique du pouvoir d’Etat. Le débat le plus utile paraît porter sur l’équilibre régional, cette discrimination positive plus ou moins formalisée qui vise à assurer la représentativité de toutes les communautés dans les charges publiques. Si la pratique peut, sur le plan politique, se justifier, elle a le grave inconvénient de poser un problème de justice et d’égalité de tous les citoyens devant les droits et les devoirs. Mais peut-être importe-t-il de revoir le Cameroun tel qu’il est.

Situation réelle du Cameroun
Le Cameroun est une Nation composée de communautés ressortant de multiples aires culturelles. Dans l’euphorie des années 60, les pouvoirs publics développèrent une idéologie de l’unité nationale où, en évacuant le fait ethnique, ils caressaient l’espoir de broyer les spécificités et les différences sociologiques dans le moule du Parti Unique. La liberté et la démocratie retrouvées dans les années 90 ont mis fin à ce rêve insensé et imposé, de fait, une réorientation du système politique où le fait ethnique doit être intégré, afin d’être apprivoisé et dominé. Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que nous avons mis en place un mécanisme capable de le gérer et cette incapacité à trouver une solution idoine à une réalité omnipotente lui donne une expression qui prend la forme systématique du « ghetto », c’est-à-dire, des sortes de kystes ethniques disséminés sur le territoire national ou les secteurs. La logique du ghetto s’exprime dans l’occupation spatiale des villes, où chaque communauté immigrée a tendance à créer son quartier : Quartier Haoussa, Quartier Bamiléké, etc. On la retrouve dans les réseaux de tontines, dans beaucoup d’autres secteur et même à l’étranger. Mais elle s’exprime surtout dans les ethnopoles, c’est-à-dire, des segments productifs dans lesquels une communauté, numériquement supérieure, cultive un sentiment d’appropriation et oppose de manière consciente ou non, une résistance ouverte à l’entrée des « étrangers ». A l’observation, l’économie camerounaise n’est formée que d’une juxtaposition d’ethnopoles. Chaque segment d’activité est dominé par un groupe ethnique qui le protège de manière agressive, comme on peut le voir sur nos grands marchés urbains : les Bassa vendent l’huile, les Béti vendent les vivres frais, les Bamiléké vendent les ufs, les Nordistes vendent le b uf. A chacun sa spécialité et lorsqu’il arrive que deux communautés vendent le même bien, ils doivent occuper deux espaces différents. Les ethnopoles, formidables ghettos économiques, développent un esprit de solidarité tribale si intense qu’ils peuvent créer des collusions souterraines capables de neutraliser n’importe quelle mesure de régulation de l’Etat et de dévoyer toute concurrence. Quelquefois, ils font reculer l’Etat qui peut se retrouver incapable d’appliquer une mesure dans un secteur occupé préférentiellement par une communauté, au motif que la mesure est une ruse pour annihiler son dynamisme ou même une provocation. La tendance instinctive de la communauté nationale à s’agglomérer en grumeaux, c’est-à-dire, en sortes de kystes mal articulés les uns aux autres crée une sorte de juxtaposition plus ou moins pacifique des communautés, mais n’assure aucune marche vers l’intégration nationale. Le potentiel conflictuel de cette logique du ghetto vient d’une part, de l’esprit sectaire qui s’y développe vis-à-vis des autres communautés et d’autre part, de son isolement qui fournit aux ennemis le moyen de les frapper facilement et le désir de le faire. Les pouvoirs publics doivent les combattre et c’est à bon droit qu’ils détruisent les quartiers communautaires pour les remplacer par des quartiers mixtes, qu’ils empêchent la confiscation d’une corporation par une communauté, que les nominations doivent refléter autant que possible la Nation et que les recrutements dans les emplois publics doivent intégrer tout le monde. Indépendamment des facteurs qui la justifient, c’est la sur-représentativité des Bamiléké à l’Université Catholique qui est le problème, parce qu’elle crée objectivement les conditions d’un ghetto et légitime l’intervention de l’archevêque. Le prélat n’a donc pas tort de décrier une situation anormale, mais c’est l’ensemble des facteurs qui l’ont générée qu’il faut interroger.

Le Problème posé par l’équilibre régional
Le principal reproche adressé à la politique d’équilibre régional, au-delà des problèmes d’injustice porte sur l’efficacité d’un système qui réduit la compétition. La réponse à cette question est relativement simple. Lorsqu’un système est ouvert, c’est-à-dire, qu’il dispose d’une marge de progression permettant à insérer toute la demande sociale, la compétition aboutit à la méritocratie, une situation où chacun a selon son mérite. Les titulaire du CEPE, du BEPC, du Baccalauréat, de la Licence et du doctorat ont chacun un poste de travail correspondant à son niveau et un salaire conséquent. Le certifié doit avoir un salaire moindre que le Docteur, mais il doit avoir un salaire et personne n’est pénalisé. Un système ouvert se caractérise par une offre permanente des emplois, une croissance significative par habitant, une bonne expression des aptitudes retards et la convergence des diverses régions et diverses communautés. Une discrimination positive peut y exister, mais elle ne porte pas à conséquence. Et on verra bien que dans de tels systèmes, les meilleurs ne se battent jamais pour les postes publics, mais s’expriment davantage dans le secteur privé nettement plus rémunérateur et où s’expriment réellement les compétences, à l’inverse de l’administration par essence trop hiératique, procédurière et routinière. Le fait que les tensions au Cameroun se coagulent autour des postes administratifs montre que le système ne fonctionne pas. Le Cameroun est un système occlus, avec une croissance bloquée qui ne permet plus capable d’offrir suffisamment d’emploi pour tout le monde. Evidemment, un tel système ne peut pas aboutir à la méritocratie qui est un système sain, mais à un élitisme où seuls, quelques individus se retrouvent avec des postes de travail alors que les autres n’ont rien. Or l’élitisme est intrinsèquement dangereux pour la paix sociale, même dans une communauté homogène. Il a en effet tendance à se reproduire à travers les générations, d’une part parce que les revenus exorbitants des élites permettent à leur descendance de bénéficier d’une meilleure éducation qui prolonge leur domination, d’autre part parce que cette élite a tendance à geler l’appropriation définitive et irréversible des avantages dans leur famille en aménageant un système politique adéquat. C’est historiquement cette logique élitaire qui a suscité les révolutions dans le monde et même aujourd’hui, on n’imagine pas en France une situation où seuls les cadres des autres Grandes Ecoles auraient un emploi décent : la situation déboucherait immédiatement sur une révolution. Le problème devient plus explosif si la classe dominante s’assimile à une communauté particulière ; d’instinct, celle-ci tentera de préserver ses avantages avec d’autant plus de férocité qu’elle se nourrit de la haine des autres tribus et de ses propres peurs. Elle aura beau justifier sa suprématie par ses aptitudes, personne ne lui reconnaîtra aucun mérite, car il est une constance humaine : aucune tribu n’est disposée à accepter d’être évacuée des avantages publics, au motif de ses faiblesses, et elle y répond toujours de manière belliciste. Soit par des attitudes irrédentistes, au motif que ses enfants étant idiots, elle n’a rien à faire dans un ensemble des tribus dont les enfants sont intelligents, soit par une agression du régime politique en vue de prouver, par les armes, que ses enfants sont au moins aussi intelligents que les autres. L’ouverture des postes publics à une compétition aveugle dans un environnement rationné et dans une communauté nationale segmentaire comme le Cameroun n’est pas une bonne idée. Le risque est la mutation d’un problème social en un problème ethnique autrement plus dangereux. A la vérité, peu de personnes accepteraient que les Bamiléké ont plus accès à des postes parce qu’ils sont intrinsèquement plus aptes ; plutôt, la majorité y verrait davantage une stratégie faite de ruse et de tricherie visant à confisquer les postes de l’Etat et à imposer une hégémonie tribale inacceptable. Il est plus sage de rechercher ailleurs des solutions plus conformes à l’anthropologie.

Un système bloqué
Le Cameroun, après avoir connu une croissance pendant un quart de siècle, a épuisé son potentiel de croissance et le pays est devenu une pièce mécanique du système international dont l’évolution est conditionnée par nos recettes d’exportation. Pour construire une route, un bâtiment, un chemin de fer ou un barrage, il faut utiliser les machines importées et il n’y a pas moyen de faire autrement. Autrement dit, pour que le Bamiléké ou quelqu’un d’autre puisse avoir une entreprise, il faut impérativement que les paysans producteurs de cacao, de café, de coton, ou les producteurs de bois ou de pétrole aient déjà produit des devises qui lui permettront d’acheter la marchandise qu’il vend. Même les activités que nous sommes capables de mener nous-mêmes en achetant la technologie nous sont interdites sitôt qu’elles sont rentables. Le Gouvernement du Cameroun peut vouloir donner un gros marché de travaux publics aux Camerounais, mais si ceux-ci entrent en concurrence avec des entreprises venant des pays qui fabriquent des bulldozers, celles-ci mettront de multiples entraves à l’acquisition de ces engins et nos entreprises seront éliminées. En réalité, les Camerounais ne sont autorisés à agir que dans un domaine ne recouvrant que 14% des activités structurées, le reste étant acculé dans le magma informel. Et c’est à l’intérieur de cette marge que toutes les communautés camerounaises se battent. Dans ces conditions, le dynamisme d’une communauté locale, fût-elle Bamiléké, ne peut être que confiné, c’est-à-dire, obligé de s’exprimer à l’intérieur de la marge. C’est dire que quand bien même tous les Camerounais imiteraient les Bamilékés, cette marge ne changerait jamais sur le plan macroéconomique : le PIB serait le même, la croissance serait la même. Le seul effet du dynamisme Bamiléké est de prendre une part relativement plus importante que les autres dans ces 14% autorisés, mais il n’a aucun impact sur les indicateurs globaux de l’économie camerounaise. On voit donc bien que dans un système bloqué, la notion même de compétence perd de son sens, puisque les aptitudes particulières ne s’expriment plus que dans une perspective d’appropriation des quelques avantages et par suite, la constitution des ghettos. L’observation de notre administration le montre : les comportements des uns et des autres ne manifestent nulle part la moindre différence dans les connaissances professionnelles, les comportements éthiques ou le choix des collaborateurs. Tous les Camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, présentent les mêmes tares, la même cupidité, le même esprit sectaire, la même haine de la pensée et de l’intelligence. On ne note aucune différence entre les majors des promotions et les repêchés, de même qu’on ne voit aucune différence entre ceux qui ont fréquenté en Europe et ceux qui ont fréquenté ici, et encore moins entre les tribus. Un système bloqué contraint les aptitudes et les nivelle au niveau de sa marge de man uvre.

Conclusion
Le problème posé par les Bamiléké est réel, mais il relève du partage des ressources rationnées entre des communautés différentes. Les pouvoirs publics ont trouvé le moyen de le gérer par l’équilibre régional : en empêchant la ghettoïsation de l’administration publique camerounaise, elle évite que le problème social posé par un système politique incapable ne se transforme en un conflit ethnique autrement plus volcanique et potentiellement plus meurtrier. En outre, cette solution joue un rôle décisif dans le confinement de la corruption : en imposant les quotas, la mesure limite le monnayage des places de chaque communauté à l’intérieur des places qui lui sont dévolues, sans affecter l’ensemble du système. Malheureusement, si l’équilibre régional est la moins mauvaise solution, elle n’est pas une bonne solution parce qu’il n’existe pas de bonne solution dans un système occlus. La seule porte de sortie est la refertilisation du système productif, en implantant des industries viables sur le territoire national, de véritables entreprises qui produisent et qui offrent un emploi mieux payé que les misérables salaires de notre Administration Publique. Que le Cameroun imagine un instant une situation où on produirait nous-mêmes les habits que nous portons, la vaisselle, l’outillage, les grandes fermes agricoles, les usines agroalimentaires, est-ce que objectivement, la notion d’équilibre aurait encore un sens ? Une fois de plus, j’en appelle à l’instauration de la Monnaie Binaire.

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Cameroun – Affaire du bébé volé: Vanessa Tchatchou au Tribunal

Par Shanda Tonme, président de la commission indépendante contre la corruption et la discrimination

Le mercredi 20 Juin 2012, Vanessa Tchatchou s’est rendue chez le juge d’instruction au tribunal de grande instance de Yaoundé/centre administratif, pour être enfin entendue. L’adolescente dont le bébé a été volé le 20 août 2011 à l’hôpital gynéco obstétrique de Yaoundé/Ngousso et qui a mené une résistance énergique sur place pendant sept mois avant d’être expulsée brutalement, était accompagnée pour la circonstance de sa mère, de son conseil Me Meli, et du Président du Comicodi. L’audition de Vanessa Tchatchou a été suspendue avant même d’avoir commencé. En effet Me Meli a du prendre cette décision, après s’être rendu compte de deux défaillances/manipulations graves dans le dossier:

Premièrement, la requête d’expertise indépendante et contrôlée par les deux parties a mystérieusement disparu du dossier. Il faut se souvenir que le conseil de Vanessa Tchatchou avait exigé par écrit, que chaque partie désigne un expert pour conduire les tests ADN, et avait communiqué au juge, le nom du cabinet d’expert de la famille. Cette lettre n’est plus retrouvable. Il se pose dès lors un problème important sur la crédibilité des procédures en cours. Deuxièmement, la plainte déposée à la Cour suprême contre la magistrate Caroline Mejang Ndikum Ateh, le professeur Dooh Anderson et consorts, n’a toujours pas donné lieu à ce jour à l’ouverture d’une information judiciaire en règle. La plainte est bloquée chez le procureur et ne peut donc pas prospérer. En clair, la justice camerounaise, en dépit du quitus de la cour suprême, n’entend pas juger ou ne semble pressée de traduire la magistrate mise nommément mise en cause devant un tribunal. Ces deux défaillances graves, remettent en cause l’espoir entrevue après la forte mobilisation nationale et internationale d’assister à un procès effectif, et constituent la preuve patente de la mauvaise foi du Gouvernement. La justice aux ordres du gouvernement persiste à instrumentaliser un dossier manifestement biaisé mettant en exergue, la fausse piste de Nkoteng selon laquelle le bébé de Vanessa serait mort. Dans cette situation, Me Meli a tenu à faire connaître ouvertement sa désapprobation. Le conseil de Vanessa Tchatchou va très certainement exigé la jonction des procédures pour confondre les faussaires, et forcer la comparution de tous les membres de ce vaste réseau criminel de vol de bébé et de trafic d’êtres humains déjà démasqué.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination tient en outre, à rassurer l’opinion sur la détermination de la famille à aller jusqu’ du crime, et surtout la restitution du bébé. La Commission réitère que l’épuisement des voies de recours internes, ouvrira inéluctablement la voie aux recours devant les instances internationales dont plusieurs sont déjà sensibilisées et impatientes. La Commission s’insurge contre la campagne d’intoxication tendant à répandre la thèse selon laquelle, l’affaire du bébé volé de Vanessa Tchatchou serait close. La Commission rappelle avec force et conviction, que le bébé de Vanessa Tchatchou est bel et bien vivant. La fillette se trouve toujours chez la magistrate Caroline Menjang Ndikum Ateh qui la détient sans droit ni titre, avec la bénédiction de madame le ministre des affaires sociales. La Commission regrette, qu’au mépris de toutes les protestations, de toutes les démarches entreprises par la société civile ainsi que par plusieurs sources diplomatiques d’influence, aucune commission d’enquête n’a été crée ni au niveau du gouvernement ni au niveau de l’Assemblée nationale, sur le trafic des êtres humains et particulièrement des bébés au Cameroun.

La Commission annonce que l’affaire du bébé volé de Vanessa Tchatchou est simplement l’affaire de trop qui a révélé, grâce au courage, à la détermination et à perspicacité d’une jeune collégienne, le niveau de pourriture, de dépravation, de corruption et de discrimination d’une société que des élites mafieuses et voraces ont conduit à la dérive en trois décennies. Des centaines d’enfants de tous les âges disparaissent chaque année dans les zones rurales et dans les zones urbaines. Le gouvernement le sait, les missions diplomatiques et les organisations internationales le savent tout autant. La Commission observe, que ni les affaires des avions, ni les échanges de correspondances publiques qui alimentent la crise politique et la guerre de succession au sein de l’establishment du parti au pouvoir, ne pourra éclipser l’affaire du bébé volé ni décourager tous ceux et toutes celles qui se sont mobilisés et demeurent mobilisés pour exiger la vérité. Vanessa attend son bébé et finira bien par la retrouver. Notre ferme engagement pour cet objectif est total et n’est pas négociable./.

Vanessa Tchatchou au Tribunal
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Cameroun – Affaire Lydienne Eyoum: Confusion au sommet de l’Etat

Par Shanda Tonme, président de la commission indépendante contre la corruption et la discrimination

Dans son édition du mercredi 13 juin 2012, le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, publie un « Droit de réponse » attribué au « Ministre Directeur du Cabinet civil » adressé au journal français Libération, relativement à l’affaire Lydienne Eyoum. Cette nouvelle sortie de monsieur Bélinga Martin Eboutou, fait suite à une tribune publiée par le canard parisien dans son édition du 18 mai 2012. Si la substance de la déclaration du « Ministre » ne fait aucun problème et ne préoccupe d’ailleurs point, sa qualité, ses titres officiels et fonctions, sont de nature à semer un doute important quand à la détermination des attributions, la définition des prérogatives, la gestion des rôles et des statuts au plus haut niveau de l’Etat et de la république. La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination observe que depuis un certain temps, et particulièrement depuis les nouvelles interpellations intervenues dans le cadre de l’opération Epervier, une certaine fébrilité propice à des confusions sur les rôles, s’est installée dans le pays. L’impression d’ensemble, est devenue celle d’une foire anarchique, où profitant d’une relative liberté ou d’une savante orchestration du désordre teintée de doute et de peur, de nombreux saltimbanques se livrent au jeu du pouvoir, au jeu du massacre, au jeu des accusations, au jeu des usurpations, au jeu des missions de mercenaires commandités dans les médias.

Dans le cas d’espèce, la Commission craint vivement que le Directeur du Cabinet civil ait agit dans un domaine, dans un contexte, et pour une affaire très loin de ses prérogatives primaires, primitives, et institutionnelles. En fait, le chef du cabinet privé du président de la république est-il fondé à parler au nom de l’Etat et de la république, pour exprimer la position du pays, dans une situation impliquant la mise en cause de son image, sa crédibilité et ses intérêts internationaux? La Commission rappelle en outre, que la représentation du pays au plan international échoit dans l’ordre:
– Au président de la république, chef de la diplomatie
– Au Premier Ministre, chef du gouvernement
– Au Ministre des affaires étrangères, chef de l’outil de mise en oeuvre
– Aux ambassadeurs, Consuls et assimilés

Exceptionnellement, toute autre personne spécialement mandatée, pour des raisons techniques établies, et disposant pour cela, de pouvoirs de représentation de circonstance limités dans le temps, sur l’objet, le lieu, les termes d’exécution et d’usage, et nanti par ailleurs d’un document à cet effet délivré par le Ministère des affaires étrangères. Dans le cas d’espèce, s’agissant de la réponse à une tribune parue dans un journal étranger, c’est à notre ambassadeur dans le pays concerné, qu’il revenait de poser un acte quelconque revêtant soit la forme d’un communiqué, d’une déclaration, d’une conférence de presse, pour faire connaître la version du gouvernement de son pays, après avoir été régulièrement instruit par les voies appropriées de l’outil diplomatique qu’est le ministère des affaires étrangères. Par ailleurs, au plan interne, s’agissant d’une affaire pendante devant la justice, en l’absence d’une action du premier ministre, en l’absence d’une action du ministre de la communication porte parole du gouvernement, c’est, en désespoir de cause, au ministre de la justice qu’il serait revenu de commettre un droit de réponse. Dans tous les cas, rien dans l’ordonnancement des organes institutionnels, l’opérationnalité constitutionnelle, l’agencement politique, n’autorise, ne favorise, ne présage une latitude du collaborateur privé du chef de l’Etat, plus connu pour s’occuper des affaires familiales et des missions secrètes, de remplacer le gouvernement, de s’arroger les prérogatives du principal architecte d’exécution de la mission de représentation qu’incarnent le ministère des affaires étrangères et ses démembrements. La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination observe que cette nouvelle entorse dans le fonctionnement normal des institutions, la répartition des prérogatives et la validation des actes diplomatiques et politiques, crée un véritable malaise voire une confusion dans la communauté nationale, et suscite de multiples interrogations et surprises dans la communauté diplomatique présente sur le sol camerounais. La Commission craint particulièrement, que ce qui est de toute évidence un dérapage, n’installe finalement le pays dans une relative méconduite, une certaine mésintelligence, alimentant au passage des commentaires tendancieux sur la succession à la tête de l’Etat.

La Commission observe enfin, que les dérapages de toute nature, se sont accentués, depuis les dernières interpellations dans le cadre de l’opération Epervier. Des citoyens ordinaires, des commis de l’Etat, des familles entières, des universitaires de renom, des capitaines d’industrie, des banquiers, sont intentionnellement et sans doute gratuitement, accusés de mille combines, d’activités criminelles, de complots sans preuves. La Commission, rappelle enfin, s’agissant du cas de l’affaire Lydienne Eyoum, qu’il n’est pas judicieux, à moins de rechercher un résultat opposé, que des personnalités au plus haut niveau de l’entourage du Chef de l’Etat et des services organiques de la présidence de la république, s’expriment en premier, pour répondre aux exploits d’un journal étranger, car alors, aucune stratégie d’ultime degré, ne reste possible pour une démarche de réplique. Se taire tout court eu été manifestement la meilleure conduite, à défaut d’une réaction autorisée et institutionnelle de l’Ambassadeur du Cameroun à Paris. Enfin, le Cameroun est connu, pour entretenir avec la presse internationale, certes à des coûts onéreux, des relations régulières de promotion d’image, à l’instar du « prestigieux quotidien Le Monde », et de commander régulièrement les services de certains grands cabinets, à l’instar de celui que représente une certaine madame Balme. Ces relations auraient pu être mises à profit, pour éviter au pays, l’embarras et la distorsion institutionnelle, la confusion politique, et les interrogations inquiétantes qu’entraîne « la mise au point » somme toute claire et précise au fond, de « Son Excellence Monsieur le Ministre Directeur du Cabinet CIVIL du chef de l’Etat »

Shanda Tonme, président de la Comicodi

Sénégal, Cameroun et Mali: Esquisse d’analyse comparative de la situation politique

Par Shanda Tonme

Il y a juste un peu plus de six mois, en novembre 2011, une prestation de serment se tenait au Cameroun. Le président élu qui se livrait à cet exercice, n’était personne d’autre que le même, celui qui depuis trois décennies, s’est confectionné un costume de monarque absolueà la tête du pays. On avait alors vu un pays que l’on dit très pauvre et très endetté, organiser des festivités grandioses évaluées au bat mot à plusieurs dizaines de milliards, après une élection de pure forme dont l’ensemble des ingrédients façonnés par un parti-Etat omnipotent, avait déjà dépravé les caisses publiques, de quelques centaines de milliards. Pour la seule prestation de serment, des badges, des pagnes, des gadgets de toute nature, des réceptions à n’en plus vivre, tous déployés sous diverses formes et résultant d’autant de marchés surfacturés au bénéfice de prestataires comparses, avaient inondé les quatre coins du pays. Voici qu’arrive le Sénégal, avec un président prêtant serment sous une grande tante des plus modestes, sans fanfares ni agapes ni gadgets, et surtout sans fantasmes monarchiques. On a cru voir un cinéma de mauvais goût, une faillite, une moquerie adressée adroitement ou indirectement à ceux qui tiennent si mal et si cupidement le destin du Cameroun. On n’a pas pu s’empêcher de comparer, de regretter, de se sentir tout petit, un peu escroc et un peu barbare dans ce pays au c ur de l’Afrique centrale. Plus qu’une gifle, c’es une humiliation suprême, surtout que par ici, personne n’a jamais osé s’interposer, lever le doigt pour accuser, pour dénoncer, pour invoquer l’instinct de honte, le devoir de retenue lorsque l’on a en charge le destin d’une nation devenue presque hypothétique et exsangue par l’accumulation du doute et la prolifération de la corruption, de la tricherie et du sectarisme devenue une pandémie insurmontable. Mais comment alors, ne pas s’interroger enfin, sur le dilemme malien, sur les causes et les implications d’une descente aux enfers, du berceau de quelques repères les plus impressionnants et les plus représentatifs de la civilisation du nègre. Trois schémas se sont ainsi imposés dans une actualité subitement chargée d’émotions et dominée par des réflexes à la fois historiques et prospectifs. De ces trois schémas dégageant des paramètres aussi loin les uns des autres mais aussi près les uns des autres au regard de l’exigence de valorisation de certains principes élémentaires de gouvernance, et du besoin de sauvegarder et de rappeler ce qui préoccupe dorénavant, l’obligation d’un rapport analytique s’est imposé.

A – Le Drame permanent de l’Etat colonial centralisé et totalitaire
Avec les profils que l’on découvre dans les anciennes colonies en ce qui concerne l’accession au pouvoir, la gestion du pouvoir et la conservation du pouvoir, il y’ad’abord des similitudes et ensuite des différences. D’abord, il faut reconnaître que les trois pays héritent d’un système de construction des institutions étatiques entièrement calqué sur les m urs politiques de l’ancienne métropole coloniale. La volonté des dirigeants depuis les indépendances, de ne pas aller au-delà des carcans règlementaires et légales qui furent dans un premier temps imposés, n’a jamais auguré d’une société véritablement organisée et moderne. Que ce soit au Mali, au Sénégal ou au Cameroun, le drame de la mauvaise gouvernance est d’abord le drame d’une prédisposition mentale incapacitante et givrée, bloquée, impotente. On a reçu de part et d’autre les instruments de commandement comme on reçoit une médaille qui restera flanquée à vie sur la poitrine. La tâche qui aurait incombé aux élites sorties bardées des diplômes de toute les spécialités des universités et écoles prestigieuses, semble avoir été oubliée sinon dévoyée. Le confort matériel allié à une sous culture obscurantiste, a enfermé les anges de la parole et de l’écriture dans des processus de dépravation inqualifiables. Ce que l’on retient après plus d’un demi-siècle de politique locale et de gouvernance nationale, c’est la faillite de l’instauration de véritables règles de jeu démocratiques dans la conduite des politiques. De ce point de vue, qu’il y ait eu ou non la pratique des coups d’Etat ne change vraiment pas grand-chose dans les conclusions cardinales. C’est à partir de la faculté, la prédisposition et l’art de quitter le pouvoir, que l’on devrait gérer les interrogations différentielles. Si ‘l’on prend ce qui semble devenir le modèle salué bruyamment aujourd’hui, en l’occurrence le Sénégal, les faits ne plaident pas pour une consécration automatique et totale dans le tableau des démocraties. Si Senghor su se retirer, ce ne fut pas avant d’avoir préparé régler de façon autocratique, les détails de sa succession. Il régna sur son pays avec une certaine condescendance de patriarche intouchable. Il avait certes pour lui, une auréole intellectuelle et internationale de premier plan avec laquelle ou grâce à laquelle il su écraser les contradictions et imposer ses volontés, sa vision politique. Son successeur, son digne élu, cru pouvoir rentrer entièrement dans ses costumes et hésita longtemps avant de quitter le pouvoir par les urnes. Ce n’est un secret pour personne, comme le racontera plus tard son ministre de l’intérieur, un militaire, qu’Abdou Diouf pensa fortement à confisquer le pouvoir, n’eut été le refus de le suivre, des hommes en tenue sur lesquels il souhaitait s’appuyer.

Wade a fait mieux, triturant la constitution, malmenant ses alliés de la première heure et reniant ses promesses solennelles, exactement comme Bozizé, Biya ou Eyadema. Avec lui, les sénégalais ont acquis la conviction qu’un être humain y compris le plus doué et le plus élégant en apparence, peut se transformer en monstre avec le temps. L’octogénaire aura tout tenté : positionner son fils, imposer une élection à l’américaine, changer la durée du mandat, tromper la vigilance des constitutionnalistes, susciter un faux débat, développer une boulimie hors normes, introduire des freins censitaires dans les conditionnalités d’accession à la candidature, jeter ses contradicteurs en prison, museler la presse, oppresser les artistes. Ce tableau est-il finalement différent du Tchad, du Cameroun, du Congo de Sassou Nguesso ? Nous retrouvons en fait, des situations qui d’un point de vue de l’administration politique et des exigences démocratiques, présentent des individus convaincus d’être envoyés par Dieu pour gouverner leurs compatriotes, et développant une culture personnelle d’appropriation du pouvoir. Le conseil constitutionnel au Cameroun est une simple mutation des hauts magistrats de la cour suprême aux ordres du chef de l’Etat et on ne s’attend pas à le voir dire un droit d’opposition et de changement. Au Sénégal, cet organe aurait pu entrer dans l’histoire en bloquant la candidature de Wade. Hélas, cela n’a pas été le cas, pour les mêmes causes, la même sous culture d’autoritarisme et de soumission incapacitante. Retour sur le Mali, pour mieux apprécier, les tares d’une gestion et d’un pouvoir qui avec le temps, s’est installé dans une forme d’apathie inacceptable, et a par conséquent généré l’obscurantisme. Amadou Toumani Touré est son propre bourreau et responsable de la débâcle des institutions. Le président s’est senti trop sûr de lui et a perdu le fil conducteur des urgences de transformation et d’émancipation effectives d’une société encore dominée par des traditions ancestrales obscurantistes. Réussir une élection démocratique est de loin différent de construire une société démocratique, laquelle suppose l’élévation du niveau de compréhension et d’adhésion des citoyens par rapport aux idéaux de la démocratie, aux comportements démocratiques et à la pratique démocratique. A quoi aura-t-il servit pour le Mali de vivre vingt deux ans de rêve et de calme depuis le renversement du dictateur sanguinaire Moussa Traoré, si aujourd’hui on retombe dans les travers d’une bande de salauds en treillis qui s’expriment dans un langage similaire à celui des Bokassa, Idi Amin Dada et Mobutu ? C’est à la capacité et à l’habitude de formatage d’une société dans des pratiques et des usages démocratiques donnant lieu à des alternances sans heurts ni tricherie au sommet du pouvoir, que l’on reconnaît la maturité d’un peuple. La dizaine de morts qui a précédé l’arrivée de Macky Sall au pouvoir à Dakar, est un inépuisable témoignage d’imperfection et de doute qui après tout ou malgré tout, range le pays dans la même fournaise des échecs complets ou des réussites en pointillés. Nous ne sommes nulle part, implantés dans une démocratie sacralisée, stable, et respectable. Le fait que la clique de petits truands de Bamako ait pu prendre le pouvoir en faisant tonner les canons aussi grave que le fait pour Wade d’avoir orchestrer des morts, essayer de placer son fils, changer la constitution, se donner la stature d’un monarque relatif. Biya n’a pas autre chose que cela, tout comme Déby ou Sassou. Où se situe dès lors la différence.

B – Des différences dans la culture du pouvoir
L’art de la gestion du pouvoir et de l’orchestration des événements politiques qui marquent la manifestation de l’autorité publique, traduit d’abord la culture profonde du pouvoir, et la conception du destin public. Il y a d’un côté, le sentiment d’une humilité et d’une simplicité résultant des usages propres et des coutumes d’une société, et de l’autre côté une extrapolation permanente, un dédain et une présentation constante du pouvoir comme un mythe inaccessible. En somme, le choix doit être fait entre un accent placé dans l’acceptation d’un minimum de consensus social et politique d’une part, et un accent tourné vers l’arrogance définitive et le recul du consensus renvoyé ou converti en mysticisme.

Entre ces deux images diamétralement opposées, découle la conscience républicaine, la signification de la citoyenneté et l’interprétation à la fois du rôle et de l’autorité de l’Etat.
A Dakar, Wade a posé tous les actes d’un vulgaire dictateur, usé du langage des pires imbéciles des indépendances octroyées, et pratiqué avec son fils, les mêmes tares monarchiques que l’on peut connaître chez des illettrés en treillis parvenus au pouvoir de façon illégitime. Pourtant, le même président s’est livré à une campagne électorale en règle, a reconnu sa défaite dès les premières tendances sorties des urnes, et engagé résolument le processus de passation du pouvoir à son successeur. Les Africains habitués à toute sorte de saloperies contraires, ont jubilé, exprimant une fierté réelle et justifiable. Mieux, en quelques jours, le nouveau président a prêté serment, non sans une sobriété déconcertante, nommé un premier ministre dès le lendemain, placé une femme comme porte parole, arrêté le principe d’une équipe réduite de 25 ministres.

Il s’agit d’une démonstration de lucidité, de modernité, de maturité politique et démocratique sans égal ailleurs sur le continent. On avait déjà vu la Côte d’Ivoire dans un jeu politique élevé du genre faite d’alliances stables et de calendrier inviolable, mais sans plus.
Le parallèle avec le Cameroun est insultant, violent de honte et abasourdissant. La monarchie de Yaoundé n’a jamais communiqué un calendrier aux citoyens, enfermée depuis trois décennies dans une marche du pays dépendante des humeurs et des séjours du roi à l’étranger. Tout beigne dans un secret qui s’apparente à un dédain sans limite. Ni l’entourage direct du chef, ni le corps diplomatique, ni le plus avisé des analystes n’a ici aucune faculté d’anticipation. Il aura fallu attendre plus de d’un mois, après une prestation de serment inutilement bruyante et pompeuse, pour voir arriver un gouvernement d’une centaines d’individus ministres et assimilés, le tout mélangé tantôt avec des conseillers spéciaux étranges, des ambassadeurs itinérants bizarres, tantôt avec un paquet d’autres types relevant directement du parti du président. Ce n’est plus de la politique ici, c’est un folklore de mauvais goût digne des régimes monarchiques de l’antiquité. Il n’y a ici ni sens de l’État, ni préoccupation pour l’intérêt public, et en réalité ni constitution ni situation constitutionnelle. Il y a un monarque et sa famille, ses amis, ses courtisans, ses désirs et ses colères.

Nous constatons simplement que la meilleure conclusion réside dans une comparaison entre ce que l’on pourrait appeler l jour au Sénégal, et la nuit au Cameroun.
Parlant justement du sens de l’Etat et de l’esprit républicain, nous retrouvons la bêtise malienne, la forfaiture de ces militaires dont le sort, quel que soit le temps que cela prendra, relève dorénavant d’un tribunal spécial et d’une condamnation à mort à l’issue de l’inévitable procès. Nous avons un pays en crise, attaqué dans ses frontières, menacé dans sn unité, humilié par des aventuriers et des trafiquants patentés et reconnus officiellement dans ce statut. Alors que toutes les stratégies politiques et tous les nationalismes devraient converger vers une stabilisation et un renforcement des institutions pour mieux y faire face, quelques voyous prétextant justement de cette situation de crise, s’emparent du pouvoir avec armes et mort d’hommes. Il y a dans cette présentation sommaire, la traduction concrète du niveau d’appropriation des valeurs républicaines qui ne peut être que négatif. Le besoin de pouvoir, la culture du pouvoir, procèdent dans cette pratique, d’une arriération éducationnelle chez ceux qui s’y adonnent. Le plus grave, c’est de savoir que le coup d’État intervient au moment où le pays se prépare à vivre une transition, une alternance au sommet de l’Etat. Si seulement le président en fonction, avait exprimé ou démontré quelques latitudes négatives conduisant à laisser penser qu’il voulait rester par la force ou par la ruse, on comprendrait l’action de ces simulacres de justiciers. Il n’en n’était nullement question et il était même plutôt envisagé comme une panacée, le retour certain d’un civil par les urnes dans seulement deux mois.

En somme, en renvoyant le Cameroun et le Mali dans un mixeur des pratiques et des méthodes de gouvernance, on découvre une similitude exprimée par l’absence du sentiment républicain chez les acteurs civils d’une part et militaires d’autre part. Dans le cas du Cameroun, une bande d’individus sans scrupule complote en permanence pour maintenir un régime corrompu qui se situe nettement aux antipodes des préceptes démocratiques, des exigences objectives de développement et de la volonté des citoyens. Dans le cas du Mali, de piètres soldats, bricolant la langue de Molière dans le plus détestable des charabias, n’a aucun égard pour les intérêts du pays, son image, son bien être. Ils ont voulu du pouvoir et planifiait depuis longtemps la prise du pouvoir. Les uns voient le pouvoir comme un bien confiscable, aliénable et susceptible de conquête et de conservation par des voies illégales, illégitimes et malhonnêtes, pendant que d’autres le voit comme un outil impersonnel de gestion, de commandement; d’orientation et de programmation pour le destin heureux de la cité.

Shanda Tonme

Cameroun: Communiqué de presse à propos du bébé volé de Vanessa Tchatchou

Par Shanda Tonme, président de la commission indépendante contre la corruption et la discrimination

20 août 2011, 20 avril 2012. Il y a exactement huit mois, une jeune maman âgée de 17 ans et écolière du nom de Vanessa Tchatchou, accouchait d’une fillette à la maternité de l’hôpital gynéco obstétrique de Ngousso à Yaoundé. Quelques heures seulement après, son bébé était détournée par des mains obscures savamment commanditées dans le cadre d’un réseau de trafic d’êtres humains et spécialement des nouveau-nés. L’affaire Vanessa Tchatchou a bouleversé les consciences, troublé profondément les esprits, et captivé l’attention d’une opinion nationale et internationale interloquée, stupéfaite, solidaire et compatissante. Huit mois après, différentes enquêtes, publiques et privées, politiques et civiles, dans le cadre de procédures variées, ont été déployées. A ce propos, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, qui a été et demeure résolument engagée dans la popularisation de ce drame aux côtés de la jeune fille et de sa famille, reste très ferme dans cette posture et fait un devoir, de délivrer les mises au point ci-après:

1 – SUR LA SITUATION DE L’ENFANT
Le bébé volé de Vanessa Tchatchou, est toujours entre les mains, sous le toit, sous la garde et sous la responsabilité de madame Caroline Medjang Ndikum Athe, précédemment substitut du procureur de la république au tribunal de première et de grande instance de Mfou, et nommée par décret présidentiel du 18 avril 2012 au poste de chargé d’études assistant dans les services centraux du ministère de la justice. Les renseignements fiables obtenus dans l’entourage de la magistrate, voisinage direct, amies et familiers, rassurent sur la santé du bébé, une petite fille qui se porte bien et jouit des soins de première qualité. Mais manifestement il n’est pas possible de demander à un nouveau-né comment elle se sent chez autrui, chez une personne qui la retient sans droit ni titre, sans légitimité ni légalité, qui l’a soustraite de sa mère frauduleusement.

2 – SUR LE PLAN PERSONNEL
La Commission révèle que Vanessa Tchatchou achève à peine des rites traditionnels auxquelles elle a été soumise par ses grands parents, depuis son expulsion brutale de l’hôpital. Si sa récupération au plan physique peut maintenant être considérée comme satisfaisante, les plaies endurées lors des prélèvements forcés et de l’expulsion brutale étant pratiquement cicatrisées, il n’en n’est pas de même, et loin s’en faut, au plan mental et psychologique. La jeune fille demeure profondément traumatisée, fait régulièrement des cauchemars, pleure de temps à autre, entend des cris de bébés, et souffre visiblement à la vue d’une femme enceinte.

3 – SUR LA RELATION AVEC LES POUVOIRS PUBLICS
La Commission révèle, que depuis son expulsion, durant et après son séjour à l’hôpital, la jeune fille, ni directement, ni indirectement, n’a bénéficié d’aucune assistance ni soutien du gouvernement. la famille et les proches n’ont reçu aucune demande officielle de visite ni signe de réconfort, aucune expression de regrets, de compassion et de solidarité. La seule nouvelle initiative officielle, a été la tentative de nouveaux prélèvements avec le concours d’un homme présenté comme « un expert américain ». La jeune fille en son âme et conscience s’y est fermement opposée, et sa famille a rappelé les exigences et les conditions d’une procédure scientifique correspondant aux usages internationalement reconnues, acceptables, transparentes, consensuelles pour toutes les parties, et incontestables. A la suite de cette épreuve manquée, le ministre de la communication a fait une nouvelle sortie médiatiques aux mêmes fins d’injures, de moqueries, et de provocation à l’endroit de la jeune fille, sa famille, ses nombreux soutiens. Des propagandistes du mensonge bien travaillés, ont cru pouvoir injecter dans l’opinion que la jeune fille avait reçu tantôt de l’argent, tantôt une résidence, tantôt mille promesses du gouvernement. Tout cela est faux. la jeune fille reste entièrement à la charge stricte de sa famille et de personne d’autre. Elle n’a en outre, reçu aucun soutien institutionnel de qui que ce soit, ni mandaté qui que ce soit pour formuler des quêtes pour son compte ou en son nom. Elle a été chassée de l’hôpital sans aucun certificat d’accouchement.
Le gouvernement est du reste bien renseigné sur son lieu de résidence, sur sa vie actuelle, sur ses moyens d’enfant traumatisé de famille pauvre, orpheline.

4 – SUR LA SITUTION JUDICIAIRE
La Commission révèle, au plan national, que malgré le vol de certains éléments du dossier au cours du braquage du véhicule de Me Meli, conseil de Vanessa Tchatchou, celui-ci s’est attelé à reconstituer la plupart des sources, des notes, des archives, des témoignages. Sylvie Jueyep, la maman de Vanessa Tchatchou, a reçu à travers le conseil, une citation à comparaître le 24 avril 2012. La plainte contre dame Caroline Mejang Tikum Athe et consorts, est ainsi dans la deuxième phase d’instruction devant le juge d’instruction désigné à cet effet par le président de la Cour suprême. La famille se présentera à la convocation du juge et continue d’être déterminée à obtenir que la vérité soit dite, entendue, exprimée avec force et droiture. Au plan international, une équipe de juristes particulièrement solide sur les questions de défense des droits de l’Homme, des droits de l’enfant et de la mère, en synergie avec des personnalités de marque et plusieurs organisations, travaillent depuis deux mois pour ficeler le dossier. Celui-ci est pratiquement prêt, mais il ne pourra être effectivement actionné, qu’après l’épuisement des voies de recours internes, c’est à dire à la fin de toutes les procédures devant les tribunaux camerounais. Néanmoins, des contacts exploratoires ayant un caractère purement informel, ont déjà été initiés avec satisfaction en direction notamment de la Cour africaine des droits de l’Homme d’une part, et de la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies d’autre part. A ce propos il importe de rappeler, que le Cameroun est signataire de la plupart des instruments internationaux spécialisés, notamment la déclaration universelle des droits de l’Hommes et des libertés fondamentales, la convention de l’Unicef sur les droits des enfants, la convention des nations unies contre toutes les formes de torture.

5 – SUR LE TERRAIN MEDIATIQUE
La Commission révèle que la plupart des Médias nationaux, ont fait preuve et continue de faire preuve de lucidité, de solidarité, de compassion et de soutien à l’endroit de Vanessa Tchatchou et de sa famille. Ceux-ci ont tout le long de cette affaire, à l’exception de quelques rares discordances, administré un professionnalisme impressionnant. De nombreux journalistes ont ainsi refusé de se faire acheter pour déformer la vérité, contrer les évidences et traumatiser d’avantage la jeune fille. La Commission constate toutefois, que depuis le début du mois d’Avril, deux stations radios entièrement à la solde des trafiquants d’être humains, ont été montées de toute pièce à Yaoundé. Ces radios ont été diligentées hâtivement, instrumentées et droguées pour essayer de changer le cours des événements, déformer la vérité. Elles développent à longueur de journée au vu et au su du gouvernement, des appels à la haine, à l’agression contre la jeune Vanessa Tchatchou, sa famille, ses soutiens, la société civile, les autres journalistes. Le ton, les intentions ouvertement déclarées et les objectifs des animateurs de ces radios, ne méritent aucune considération et devraient rester dans les poubelles infâmes des pires trahisons et des souillures nauséabondes d’un lamentable mercenariat servile.

6 – SUR LA SITUATION A L’HOPITAL DE NGOUSSO
La commission révèle qu’en dépit du limogeage du Directeur de l’hôpital, aucun maillon central du réseau de trafic des bébés dans cet hôpital dont l’implication dans le drame de Vanessa Tchatchou a été incontestablement prouvé, n’a été sanctionné ni blâmé ni muté. L’infirmière Nde Mba, celle qui a arraché le nouveau né des mains de la famille pour le faire disparaître, est toujours en fonction. L’infirmière major Monique est également toujours en fonction. Le personnel de la maternité, entièrement instruit des pratiques illégales et immorales décriées, reste enfermé dans une peur mêlée d’embarras. Certains sont dorénavant enfermés dans des confessions et des prières interminables dans de multiples églises obscures des quartiers.

7 – SUR LA SITUATION DES HAUTS FONCTIONNAIRES IMPLIQUES DIRECTEMENT OU INDIRECETEMENT
La Commission révèle, que personne n’a été réellement ni blâmée ni sanctionnée. Les responsables de la sécurité, les premiers enquêteurs manipulés et de mauvaise foi évidente, les membres du gouvernement défaillants, les magistrats inconséquents, sont tous impunis à ce jour et continuent leur carrière en toute tranquillité.
De même, les documents frauduleux, ou en tout cas les vrais faux documents délivrés par madame le ministre des affaires sociales, demeurent dans un flou institutionnel noyé par de surprenantes tolérances gouvernementales.

8 – SUR LES EVIDENCES QUI METTENT EN CAUSE LA MAGISTRATE
La Commission révèle que rien n’a changé, varié ou bougé. Il demeure constant et indiscutable, que l’enfant a été volé le 20 août 2011 et que dès le 24 août, dame Caroline Medjang a commencé à informé toutes ses relations, familiales, professionnelles et conjugales, de la naissance de son bébé. Les traces des communications par SMS existent et sont méticuleusement conservées par les dites relations. Cette véritable campagne d’information était accompagnée de multiples agapes festives à domicile impliquant des visites, des cadeaux et des félicitations infinies. Les visites se sont logiquement arrêtées dès la popularisation du drame de Vanessa et l’origine douteuse du nouveau-né. Il demeure constant et incontestable que la magistrate s’est fait établir un faux certificat de grossesse et ensuite un faux certificat d’accouchement, après avoir durant dix mois simulé des attitudes physiques de femme enceinte. Le médecin qui a délivré ces documents frauduleux est connu nommément. Il est en effet en poste à titre permanent à l’hôpital de Ngousso et vacataire à la polyclinique de Tsinga. Ces éléments ont servi notamment au montage d’un dossier de congé de maternité régulièrement soumis par la magistrate à ses patrons. Il demeure constant, que l’enfant de Nkoteng, n’a rien de commun avec l’enfant de Vanessa Tchatchou. Au delà du fait qu’il s’agissait d’un bébé de sexe masculin à Nkoteng, il est bon de signaler que les deux jeunes mis en cause dans cette manipulation, sont originaires de la région du Nord-ouest comme la magistrate et n’ont aucune attache dans la localité de Nkoteng. Il demeure patent, incontestable, vérifiable, que les deux jeunes gens mis en cause, ne connaissaient pas Vanessa Tchatchou, ne l’avaient jamais vu auparavant, ne s’étaient jamais entretenus avec elle. Lors de la première confrontation à la police judiciaire, il était clair pour toutes les parties présentes, que les jeunes gens étaient maladroitement instrumentés pour les besoins de la cause: aider les trafiquants à couvrir le vol du bébé de Vanessa en acceptant le rôle criminel d’enlèvement de l’enfant. Au cours de cette confrontation, Vanessa a posé l’ultime question de preuve aux supposés voleurs: « Comment avez-vous reconnu mon bébé dans la couveuse au milieu des autres bébés »? C’était le clou, et la séance a été promptement levée. Il faut ensuite révélé, que contrairement à ce qui est dit et soutenu officiellement, le bébé de Vanessa était viable. D’ailleurs, l’enfant a été vêtu avec des habits fournis par la famille. Or lorsqu’un bébé est prématuré, on ne l’habille pas, jamais. Les trafiquants sont donc partis avec le bébé normalement habillé. L’infirmière Ndé Mba, sait où et comment est parti le bébé, idem pour l’infirmière Monique, et certainement pour le Directeur de l’hôpital qui ne pouvait ignorer longtemps le manège, et qui ensuite n’a pas hésité à proposer une compensation pécuniaire à la famille. En tout état de cause, huit mois après le vol du bébé de Vanessa Tchatchou, le silence de certains, les embarras au plus haut niveau de l’état et de la république, la mobilisation de la société civile et l’impunité de quelques personnalités impliquées directement ou indirectement à différentes étapes, a installé un sentiment légitime d’affaire d’Etat dans la société camerounaise. L’affaire a révélé, l’existence d’un vaste réseau de trafic d’êtres humains et spécialement des nouveau-nés dans le pays.

L’affaire Vanessa Tchatchou a par ailleurs mis en exergue, les travers d’une société où les pauvres sont corvéables à merci, brimés aisément, tenus hors de toute jouissance effective de leurs droits élémentaires, condamnables facilement, marginalisés. Des gens riches, des hauts cadres puissants, des grands commis de l’Etat, peuvent enlever les enfants des pauvres et les confisquer en bénéficiant de la compréhension explicite des plus hautes instances dont ils sont par ailleurs les tenants et les commandeurs. La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, réitère son appel au Gouvernement camerounais, pour, qu’au-delà de toutes les élucubrations politiques, administratives et judiciaires, il facilite le retour à Vanessa Tchatchou de son bébé. La Commission regrette que des individus sans foi ni loi, congénitalement indigents et de petite vertu, s’amusent à brocarder des injures et des mensonges de toute nature, contre une orpheline qui vit un drame insoutenable sous tous les angles de considération. La Commission, rappelle, que ses actions se poursuivront en synergie avec toutes les bonnes volontés, toutes les instances civiles et administratives, nationales et internationales, pour cette cause des plus nobles. Ceux qui rêvent d’une lassitude avec le temps, devraient se résoudre à subir une lutte longue et éternelle jusqu’à la restitution du bébé.
La Commission rappelle, que ses actions restent encadrées par les lois et règlements en vigueur, par le recours à la force morale de chaque citoyen concerné et engagé pour la manifestation de la vérité, et le triomphe de la justice. Cette option ne tient ni à la coloration raciale, ni à la détermination ethnique, ni à la fortune matérielle, ni à la chapelle spirituelle. Notre conviction en conséquence, fonde sa raison principale sur la croyance en une société dégagée des préjugées, et vouée de façon inéluctable, à l’élimination de tous les actes de discrimination et de corruption grâce au seul éveil des citoyens de bonne foi. La Commission n’est pas seulement aux côtés de Vanessa Tchatchou, elle est aux côtés de toutes les autres Vanessa que le grand public ignore, qui n’ont pas le courage et la témérité pour résister et se faire connaître, qui vivent leur drame dans la nuit de l’ignorance, de la peur, de la honte et de l’intimidation. Au nom de cette vérité, de cette justice et de cette dignité humaine élémentaire, rendez à Vanessa Tchatchou et à toutes les autres Vanessa, leur bébé et leur statut effectif de mère et de maman.

Vanessa Tchatchou
www.cameroun24.net)/n

Déclaration relative à l’arrogance de la société Guinness SA au Cameroun

 » La Commission invite par conséquent, la société Guinness à observer un minimum de tenue protocolaire… »

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination constate que depuis une dizaine de jours, une polémique semble se développer entre la société brassicole Guiness SA, et le Gouvernement camerounais à travers le ministère du commerce. Cette situation qui résulte de la décision unilatérale et intempestive de la société Guinness, de procéder à une augmentation des prix de ses produits, a pris une tournure dangereuse qui interpelle la conscience citoyenne et mérite en conséquence la plus grande attention.

La Commission note spécialement, que le gouvernement camerounais n’a pas donné son aval à la société Guinness pour l’augmentation du prix de ses produits, mais que cette dernière persiste néanmoins dans sa démarche en dépit de moult rappels à l’ordre.

La Commission constate avec amertume et inquiétudes légitimes, que la société Guinness a acheté des espaces publicitaires dans les principaux médias écrits du pays, à l’effet de contrer le gouvernement, de le ridiculiser, de le contredire, de le mettre en position inconfortable dans son propre contexte national, compte non tenu ses pouvoirs discrétionnaires de régulation, de contrôle et de supervision de la politique économique et commerciale.

La Commission proteste vigoureusement contre l’attitude de la société Guinness, laquelle s’apparente à un impérialisme digne des injures contre les républiques bananières. A ce propos, le comportement de la presse est clairement déplorable, même si l’on peut comprendre qu’elles aient soif de publicités payantes. Le Ministère du commerce demeure en effet, l’un des départements gouvernementaux les plus efficaces sinon le plus efficace pour le travail accompli au quotidien depuis quelques années. Ne pas soutenir ses responsables dans ce qui est devenu un défi et un bras de fer ouvert est une impardonnable trahison des intérêts nationaux.

La Commission invite par conséquent, la société Guinness à observer un minimum de tenue protocolaire conforme aux usages élémentaires de respect, dans son approche des relations avec le gouvernement camerounais à travers le ministère du commerce./.

Cameroun: La Comicodi conteste l’évaluation et le classement des établissements secondaires

Par Shanda Tonme, président de la commission indépendante contre la corruption et la discrimination

Monsieur le Directeur Général de l’office du baccalauréat,

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous renouvèle ses compliments, et se fait un urgent devoir de vous faire part des protestations, très nombreuses et dans tous les cas très fondées, suscitées par votre système d’évaluation et de classement des établissements secondaires.

Depuis trois années en effet, nous recevons des observations de plusieurs chefs et promoteurs d’établissements, qui considèrent d’une part, que vous faites preuve de discrimination et de laxisme explicites, et d’autre part, qu’il y a lieu d’émettre des soupçons légitimes de corruption et de favoritisme dans cette entreprises dorénavant trop médiatisée.

Les auteurs des protestations, à qui la Commission donne raison après analyse, soutiennent :
Premièrement, que les établissements devraient être classés en trois groupes bien distincts, en l’occurrence :
a) L’Enseignement général
b) L’enseignement technique commercial
c) L’enseignement technique industriel
Deuxièmement, que l’évaluation des performances devrait dès lors être faite dans chacun des trois types, pour parvenir à une photographie exacte par spécialisation.
Troisièmement, que votre système qui mélange tout dans le même sac, ignore totalement, grossièrement et dangereusement la structuration de l’enseignement secondaire au Cameroun. Comment peut-on en effet classer le collège Libermann qui ne fait que l’enseignement général, le collège de la retraite, le lycée de Manegoumba, avec le Lycée technique de Douala, l’institut Matanfen, le Centre Educatif le Bon Berger, l’institut Siantou, Ndi Samba et autres qui font l’enseignement technique ? Un élève qui prépare un BAC C obtient son examen s’il aligne des notes excellentes en maths et en physique, alors que son camarade qui prépare un BAC F, doit triompher sur plus de 15 matières à la fois. Il n’y a donc pas véritablement match, et toute comparaison est dès lors inacceptable, trompeuse, indécente, et maladroite, malveillante, et inappropriée.

Tout le monde peut comprendre pourquoi le premier établissement technique dans votre classement pointe à plus de deux cent places.
Par ailleurs, il est apparu que vous ne prenez en compte que des établissements qui alignent une pléthore de candidats aux examens, ignorant volontairement, ceux qui présentent la centaine. Face à toutes ces démonstrations, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination soutien fermement les chefs et les promoteurs d’établissements qui se plaignent, et promet de les encourager à poursuivre l’Office du BAC en justice pour publicité mensongère, dégradante, et préjudiciable. Les implications de votre exercice annuel de classement des établissements sont effet énormes sur le moral des parents, l’orientation des élèves, et la perception de l’opinion publique nationale et internationale en général. En tout état de cause, nous vous exhortons à changer de système d’évaluation et de classement des établissements, et d’adopter le système objectif basé sur la comparaison des entités comparables dans un même type de spécialisation.

La Commission s’étonne d’ailleurs que depuis plusieurs années que ce manège dure, le Ministère chargé de l’enseignement secondaire, n’ait pas été suffisamment lucide et avisé, pour mettre fin à cette véritable hérésie. Il faut sans doute en conclure que sur ce dossier comme sur bien d’autres à l’instar du probatoire qui tarde à être supprimé, les principaux responsables ne réfléchissent que peu sur l’avenir effectif de notre jeunesse, et font par conséquent très rarement preuve d’innovation, de courage, et de patriotisme.

La Commission qui attend avec impatience vos explications sur cette affaire, saisit l’occasion pour vous assurer de sa noble et citoyenne considération./.


« Qui manipule le Fonds Monétaire International ? » par Shanda Tonme

Intellectuel camerounais, président de la commission indépendante contre la discrimination et la corruption

Le commun des mortels ne sait pas, que comme l’UNESCO, le PAM ou l’AIEA, le Fonds Monétaire international et la Banque Mondiale, font en principe partie des institutions spécialisées du système des Nations Unies. Cette ignorance découle du fait que la division radicale du monde en blocs idéologiques antagonistes, bien symbolisée par l’expression Iron curtain(rideau de fer) que l’on doit au premier ministre britannique Churchill après l’érection du mur de Berlin en 1947, a longtemps entretenu une publicité négative et une vision sectaire autour de ces institutions. Il importe par conséquent de rétablir la vérité historique sur les origines de ce qu’il est convenu d’appeler « les institutions de Breton Wood », part allusion au lieu de leur création. Certes, ceux qui regardent ces institutions avec suspicion et méfiance, n’ont pas entièrement tort, si l’on se réfère à l’agencement et à la gestion des pouvoirs en leur sein d’une part, et à leur niveau d’influence souvent sélective dans la conduite de l’économie et de la finance mondiales d’autre part. Pourtant, l’évolution récente commande des révisions, des remises en cause, des retournements des idées reçues de part et d’autre. Même si le contrôle de l’organisation demeure sous le diktat des nations riches, des atténuations importantes interviennent de façon explicite ou implicite, et concrétisent de nouveaux rapports des forces.

A – Des origines historiques
La vérité c’est qu’au sortir de la guerre de 1939-1945, la scène internationale est dans un piteux état, sans cadre juridique approprié pour la relance de la coopération entre les Etats nations, et sans normes juridiques cardinales de référence. Les puissances victorieuses après avoir négocié ardument à Postdam et surtout Yalta, sont parvenues à un accord pour la mise en place d’un mécanisme de sécurité collective à travers une nouvelle organisation internationale appelée ONU (Organisation des nations Unies). L’ONU est conçue en effet avec en mémoire l’expérience catastrophique de la défunte société des nations (SDN) crée par le traité de Versailles, et envoyée dans la tombe par les folles ambitions d’Adolphe Hitler. Mais la coopération diplomatique et politique n’est ni la coopération financière ni la coopération commerciale dans un monde irrémédiablement marchant et spéculatif. Voilà comment une grande conférence internationale sera convoquée à Breton Wood, une petite localité américaine, pour arrêter les bases et les contours juridiques et techniques à la fois des institutions financières et des institutions commerciales. A ce propos, les idées de deux brillants économistes, l’Anglais Watt et l’Américain Keynes, domineront la réflexion. Au bout du compte, les participants se mettront d’accord sur deux institutions majeures : Une institution de régulation et de stabilisation des politiques monétaires qui prendra le nom de Fonds Monétaire international, et une institution d’assistance et d’ajustement financier qui fonctionnera qui sera une banque de prêts aux Etats appelée Banque Mondiale.

Quand au domaine commercial, une autre conférence réunie à la Havane s’en chargera. L’Organisation Internationale du Commerce y sera conçue en 1948, mais malheureusement elle ne verra jamais le jour, faute par le Sénat des Etats Unis d’approuver le traité. C’est seulement la partie IV de ce traité concernant les tarifs douaniers et le commerce, qui sera mise en uvre, d’où le GATT (General Agreement on tarification and trade) qui a servi à gérer les échanges mondiaux pendant plus d’un demi-siècle jusqu’à la création effective de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) suite aux négociations de l’Uruguay Round menées en son sein. Comment sont donc conçus le FMI et la Banque Mondiale et d’où vient le problème de leur impopularité première de même que les accusations de sectarisme et de manipulation ? D’abord, contrairement aux idées trop simplistes, les deux tiers de la planète baignent encore dans l’obscurité de l’oppression, du colonialisme, de la misère et de l’arriération dans tous les sens du terme, au moment de la constitution de ces prestigieuses et redoutables institutions. On parle argent et transactions financières et ceux qui en sont capables sont d’abord les nations capitalistes riches et industrialisées. Par ailleurs, à cause des antagonismes idéologiques évoquées tantôt, les pays dits socialistes emmenées par Moscou et Pékin ne cautionnent pas une entreprise à leur yeux quasi criminelle. C’est tout simplement conséquent et c’est la rançon de la confrontation des modèles et des philosophies de développement.

B – Evolutions et mutations
Les institutions de Breton Wood vont être structurées sur une conception de gestion organique et technique qui privilégie la pondération des pouvoirs. Qui paye plus commande plus et parle plus fort. Normal donc que les Etats Unis se taillent la part du lion. Ce n’est pas tout, Il faut veiller aussi à asseoir le contrôle administratif de l’argent. Les puissances capitalistes vont alors se répartir les rôles : Le FMI, qui en réalité ne fera que superviser les politiques monétaires, pourra être géré par un européen, tandis que la Banque Mondiale, coffre fort de la planète, ne saurait être gérée par quelqu’un d’autre qu’un Américain. Dès l’irruption massive des nouveaux Etats sur la scène internationale à partir de 1960, fruit de la décolonisation formelle, les rapports des forces et les alliances sont bousculées. La question d’un nouveau arrangement des concepts et des positions prends lentement mais sûrement corps. Lorsque se produit la révolution pétrolière en 1973 et que les monarchies du Golfe se retrouvent inondées de pétrodollars, les choses changent de nature et les relations financières internationales s’en trouvent complètement bouleversées. Le principe capitaliste selon lequel le pouvoir appartient à celui qui paye, doit s’appliquer. La première évolution arrive par la création des DTS, droits de tirages spéciaux qui représentent en réalité un panier de monnaies servant de référence pour les cotations. Les différentes crises du dollar et les contestations face aux caprices des Etats Unis (celle du Général De Gaulle en 1971 notamment), trouvent ici une relative réponse. Il n’empêche que l’on crée alors le fameux comité des vingt, un groupe chargé de réfléchir sur des réformes profondes de l’institution.

Shanda Tonme
Journalducameroun.com)/n

C – La manipulation qui vient des pays pauvres
Ce n’est pas le FMI qui s’est donnée elle-même des prérogatives exorbitantes et ce ne sont pas toujours les nations riches qui ont décidé des plans taxés d’inhumains de restructuration. La prépondérance de la mauvaise gouvernance et les errements de gestion budgétaire des pays, a vite crée les conditions d’un nouveau impérialisme basé sur l’urgence du sauvetage financier des banqueroutes publiques. Plus grave, prenant appui sur les injonctions supposées ou réels des institutions de Breton Wood, quelques pays en quête de justificatifs pour expliquer leur faillite, ont vite fait d’incriminer le FMI et la Banque Mondiale. Ce qui est plus choquant, c’est lorsque pour des raisons internes obscures, des institutions nationales et sous régionales, se sont mises à utiliser le FMI pour régler des comptes très loin des préoccupations économiques et financières. Cette évolution est devenue plus prononcée à partir du moment où la philosophie de croissance et du développement du FMI, a donné la priorité à l’expansion du secteur privé. De leur tour massif de K street à Washington, les seigneurs du Fonds et de la Banque Mondiale distillent dorénavant des instructions sur des situations qu’ils ne maîtrisent pas toujours bien.

En réalité, il suffit que des données inconsistantes soient livrées à Washington comme on livre le poison au diable pour que des recommandations en forme de parole d’évangile, soient imposées dans les contextes nationaux. A ce propos le cas du Groupe Commercial Bank au Cameroun constitue le dernier exemple en date qui mérite que l’on médite profondément sur les manipulations de toute nature versées au compte du FMI. Des données contestables ont été acheminées aux experts du Fonds pour aggraver un état des lieux qui ne méritait par la qualification de faillite et d’impasse annoncée. Bien évidemment, qui n’entend qu’un seul son de cloche ne peut avoir qu’une position sectaire et une pensée unique. Il a fallu des trésors d’énergie pour essayer de rétablir la vérité. Lorsqu’un organe sous régional sensé contribuer à l’expansion et la réussite des entreprisses financières privées prend la place d’un dénonciateur et d’un colporteur de fausses nouvelles, le préjudice tant en aval qu’en amont peut ruiner plusieurs économies. C’est exactement ce que la CBC traverse dans un silence politique et diplomatique le plus total.

Les pays généralement considérés comme étant en situation de faiblesse ou de pauvreté, retrouvent à travers une situation comme celle là, les mêmes privilèges de manipulation que les nations riches et puissantes. Cette situation devrait ouvrir un autre champ de réflexion sur les conditionnalités d’une crédibilisation efficiente des institutions régionales et sous régionales dans la valorisation des potentialités privées. Que faire notamment lorsque des paramètres personnels et politiques apparaissent dans l’expression de l’expertise des institutions de contrôle et de supervision ? Les expériences malheureuses qui s’accumulent dans la sous région d’Afrique Centrale à cause des décisions contestées et regrettables de la COBAC, devraient sonner l’alerte et réveiller les consciences sur l’exigence de réformes structurelles radicales. Il est de toute façon clair que la COBAC ne pourra pas réussir à forger pour le Groupe Commercial Bank, un destin similaire à celui imposé à Amity bank. Il est des proies que même le plus affamé et le plus redoutable des prédateurs ne peut pas disposer sans courir le risque d’être lui-même annihilé. Le recours au FMI comme à un monstre froid qui tue sans pitié, est une dernière man uvre qui éclaire d’une lumière effrayante, la capacité de manipulation qu’ont acquise les intelligences négatives qui prolifèrent dorénavant dans la périphérie du monde. Au-delà de toutes les attentes et de tous les calculs, les institutions de Breton Wood qui gardent les souvenirs des émeutes cruelles dénonçant leur intrusion directe et indirecte dans les économies à travers le monde, ne prendraient certainement pas aussi facilement le risque de suivre des planifications politiciennes qui mettent en danger des patrimoines privées constitués au prix d’efforts indicibles, et agacent l’ordre public. Si hier les manipulations jouaient des antagonismes idéologiques et de la relative obscurité du monde, le contexte actuel d’explosion des technologies de l’information et de la valorisation des droits et des libertés de toute nature, ouvre la voie à des procès retentissants, contre tout le monde, de la COBAC au FMI et jusqu’aux plus puissantes des nations riches.