Flambée des prix : tandis que le Cameroun demande de serrer la ceinture, le Sénégal baisse les prix des aliments

Lors d’une conférence de presse hier 30 mars, Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce a recommandé aux ménages de serrer la ceinture. Et pour cause, l’inflation n’est pas encore maitrisée.

Crise de coronavirus et crise en Europe de l’Est. Ce sont ces deux facteurs qui selon le ministre du Commerce cause l’inflation au Cameroun.

Ce dernier a indiqué que, suite au Covid-19, le prix de la tonne de blé sur le marché international a augmenté de 27,77% entre 2020 et 2021. Le maïs de plus de 56%, l’huile de palme de 53,8% ; l’huile soja plus de 65,35%. Par ailleurs, les prix des matériaux de construction et les prix des engrais ont également connu une hausse vertigineuse.

Face à cette inflation, le ministre du commerce a annoncé que, la fin de l’inflation n’est pas demain. Par conséquent, il recommande de se réadapter et d’adopter l’économie solidaire. Les achats groupés par exemple au profit des commerçants qui peuvent acheter à des prix préférentiels et revendre dans les mêmes conditions.

Les tontines spécialisées, notamment dans le secteur de l’alimentation avec la constitution des greniers. « Le contexte nous impose de revoir notre manière de vivre en attendant de donner du sens au concept d’import-substitution ».

Au Sénégal voisin, Macky Sall s’est adressé à la nation à la veille du 62e anniversaire de l’indépendance du pays. Alors que les musulmans ont entamé ce dimanche 3 avril le ramadan et que les chrétiens sont en plein carême, le chef de l’État a insisté sur les enjeux du prix des denrées et de l’autosuffisance alimentaire.

Le président sénégalais a également détaillé avoir baissé les prix des denrées de première nécessité et augmenté la subvention du riz local pour aider les ménages.

« Mais, pour être à l’abri des aléas de la conjoncture internationale, nous devons faire preuve de résilience en gagnant au plus vite la bataille de la souveraineté alimentaire. Ce sont des investissements massifs que l’Etat continue de consacrer à la modernisation et à la diversification des secteurs de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture. Relever le défi de l’autosuffisance alimentaire, c’est aussi facilité les échanges entre les zones de production et les marchés. »

« De plus, pour la deuxième fois consécutive, le budget de la campagne agricole est revu à la hausse, et passe cette année de 60 à 70 milliards de F CFA », a –il indiqué.

 

Cameroun : l’Hon Jean Michel Nintcheu juge inacceptable d’instaurer des taxes sur les tontines

Dès le 1er janvier 2022, toutes les associations et tontines paieront la TVA, l’IR (Impôt sur le revenu), l’IRCM (Impôt sur le revenu des capitaux mobiliers) ainsi que les centimes additionnels communaux. Un véritable scandale. Cette nouvelle taxation n’est régie ni par l’OHADA ni par un  régime financier quelconque. La tontine est une épargne et non une transaction à valeur ajoutée. Il est inacceptable, criminel et hallucinant d’exiger  aux associations et tontines de disposer désormais d’une carte de contribuable en vue des prélèvements des taxes sur les tontines de ses membres et sur le capital mobilier par les services fiscaux. L’État ne doit pas faire la double imposition sur le même sujet. L’argent qui se retrouve dans les tontines a déjà été taxé quelque part.  

Le régime de M. Biya a décidé d’enterrer définitivement les camerounais. Un État sérieux se mesure à sa capacité à soutenir les populations, à les accompagner dans leurs efforts quotidiens de développement et à faire vivre ceux qui survivent à l’instar de la grande majorité de compatriotes. Face à ceux qui ont fait le choix de taxer  les tontines plutôt que de réduire le train de vie de l’État (dépenses inutiles et improductives de fonctionnement) qui est en hausse pour 2022, Lucifer n’est qu’un élève en stage d’apprentissage du mal. Les camerounais n’accepteront plus le paradoxe sidérant et révoltant entre la pression fiscale, l’élargissement scandaleux de l’assiette fiscale d’une part et les gaspillages, les détournements en bandes organisées des deniers publics comme c’est le cas depuis des décennies avec les lignes 94 et 65.

De façon globale, taxer les associations et tontines est la preuve qu’on  s’achemine inexorablement vers l’asphyxie financière finale du régime de M. Biya. 

Au niveau de l’Assemblée nationale, le plus ahurissant dans tout ceci est qu’en plus de l’acheminement tardif des documents aux députés – au mépris du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui prescrit un délai de 15 jours au plus tard avant l’ouverture de la session-, le président de l’Assemblée nationale a refusé tout débat parlementaire sur le contenu du projet de loi des finances. J’ai été victime de cet ostracisme au cours de la plénière de la session parlementaire qui vient de s’achever. Comme au cours de plusieurs séances plénières depuis que je suis à l’Assemblée nationale en ce qui concerne les questions orales ou écrites. 

Il n’en demeure pas moins que les députés membres de la commission des finances ont quant à eux, vu défiler devant eux les ministres qui ont « défendu » leurs enveloppes budgétaires. Ils ont eu du temps pour les cuisiner. Hélas ! Comment ont-ils pu valider les monstruosités contenues dans l’article 93 du Code général des impôts pour le compte de l’exercice 2022 ? Comment ont-ils pu abandonner des millions de camerounais qui vivent grâce aux associations et tontines ? La commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale est devenue une simple boîte postale. 

La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par l’intermédiaire du Président de la République et du Parlement ou par voie référendaire. D’un côté on a un Parlement contrôlé abusivement par la majorité obèse et mal acquise du Rdpc qui n’accepte aucun débat sérieux en plénière. De l’autre côté, on a un président de la République qui, plutôt que de se mettre au-dessus des appareils politiques sur des questions sensibles qui impactent le quotidien des camerounais, se comporte plus dans ses actes comme un militant de son parti et va même le plus souvent contre les intérêts et aspirations de ses propres militants comme c’est le cas avec les dispositions de l’article 93 du Code général des impôts pour l’exercice 2012. Il ne reste plus que l’option du référendum que M. BIYA n’organisera jamais.

À défaut d’un retrait pur et simple de cette taxe sur les associations et tontines, les camerounais doivent dire NON à cette nouvelle disposition fiscale. Prélever aux pauvres pour davantage enrichir les riches est moralement indécent. M. Biya doit cesser d’être le Robin des Bois à l’envers.

Hon. Jean Michel NINTCHEU

Député