Entretien avec Benoît Le Bars, à l’initiative de la troisième édition des Rencontres internationales du droit des affaires en Afrique (Ridaa), qui se tiendra dans la capitale française le 5 décembre
Paris accueille le 5 décembre prochain, les 3èmes Rencontres internationales du droit des affaires en Afrique (Ridaa) sous le thème: «Le Made in Africa, quels défis pour 2015». Quels sont les enjeux de ces rencontres ?
Ces rencontres ont pour principal objectif de permettre aux entrepreneurs et aux avocats qui interviennent en Afrique, de manière concrète sur le terrain, de se rencontrer et d’échanger sur les sujets d’actualité du droit des affaires sur le continent. C’est l’esprit de ces rencontres depuis l’origine. Nous avons décidé d’organiser cette troisième édition à Paris à la demande des participants. Il y a un certain nombre de professionnels, aussi bien d’entrepreneurs que d’avocats qui nous ont dit que ça avait déjà été difficile pour eux par le passé de voyager à l’intérieur du continent. D’où l’organisation à Paris cette fois, à la demande des participants des précédentes éditions.
Quelle est la cible: Ceux qui viennent en Afrique ou ceux qui sont déjà installés sur le continent ?
Les deux. Ce qu’on constate, c’est qu’il y a beaucoup de participants qui travaillent déjà en Afrique ou qui ont des projets d’implantation dans d’autres pays du continent. Mais également de nouveaux entrants, qui viennent participer à cet événement pour rencontrer leurs homologues, échanger sur la faisabilité de leurs projets et éventuellement trouver des partenaires.
Vous êtes, en tant qu’organisateur, un spécialiste du droit Ohada. Y a-t-il des cabinets d’avocats ainsi que des fiscalistes du continent qui prendront part à ces rencontres ?
Chaque édition, et celle-là ne changera pas, est organisée avec des intervenants africains, ils sont majoritaires d’ailleurs. L’édition 2014 est organisée en partenariat avec le cabinet Jurifis Consult. Ce sont des partenaires depuis longtemps et cette année ils ont souhaité être impliqués en qualité de co-organisateurs. Il faut toujours cette constante. C’est-à-dire que c’est une conférence pour les confrères africains, mais aussi par les confrères africains. Ce n’est pas une conférence européenne à destination de l’Afrique.
Est-ce que dans les perspectives, vous comptez intéresser des cabinets qui sont installés dans les 17 Etats membres de l’OHADA ?
Absolument ! L’année dernière, on avait plus de 15 nationalités représentées sur les 17. Ce qui est un très bon résultat. Il y a des cabinets d’affaires spécialistes du droit des affaires, du contentieux, du droit fiscal, des problématiques des matières premières, etc. qui sont présents et qui viennent à ces rencontres de manière systématique, depuis la première édition. Pour nous c’est très important, c’est la raison d’être même de ces rencontres.
Les RIDAA sont organisées par votre cabinet, le cabinet Lazareff Le Bars, basé à Bruxelles et Paris. Un cabinet «étranger» peut-il avoir une réelle maîtrise des réalités africaines en matière du droit des affaires ?
En ce qui me concerne, je suis un spécialiste du droit Ohada depuis une quindizaine d’années, ce n’est pas une matière que je découvre. La particularité de notre cabinet, c’est qu’effectivement il est implanté à Paris. Au-delà de ça, dans notre pratique du conseil, nous travaillons systématiquement avec nos confrères locaux qui sont nos collègues sur le terrain, ce sont eux en fait qui accompagnent les projets à nos côtés. En ce moment, on a des projets pour des entreprises notamment au Mali, au Togo, au Burkina Faso, au Nigéria, au Mozambique, je ne vais pas tous les citer. On est à peu près dans une quinzaine de pays sur des projets actifs. Et on y travaille systématiquement avec des confrères indépendants que nous connaissons et avec qui nous avons l’habitude de travailler depuis de très nombreuses années. On ne peut pas faire du conseil en Afrique sans travailler avec les confrères du continent, ce serait très dangereux. Il faut travailler avec des personnes qui connaissent la réalité locale, proches des autorités locales pour faire avancer des agréments, des procédures administratives, en fonction des secteurs dans lesquels on uvre. C’est notre façon de travailler. Ce n’est pas un cabinet avec des bureaux dans les pays d’Afrique. On n’est jamais certain que ce soit là de bons concepts d’intervention.

Les Ridaa en sont à leur troisième édition. Pouvez-vous présenter, à grands traits, le bilan des deux précédentes éditions ?
Les deux précédentes éditions se sont très bien déroulées. A la première édition, on était assez peu nombreux, une cinquantaine de personnes. L’année dernière, nous avions pratiquement plus de 100 délégués, en comptant les personnes qui sont venues, les dignitaires et les autorités locales. C’était une très belle édition. Cette année, nous avons déjà des invités alors qu’on n’a pas encore annoncé officiellement la conférence. Je pense que la participation sera très importante. D’autant plus que beaucoup d’Etats ont déjà annoncé qu’ils enverraient une délégation officielle. C’est un signe très positif.
Pour terminer, Comment est née l’idée de l’organisation des Rencontres internationales du droit des affaires en Afrique ?
C’est une idée que j’ai eu en tant que praticien du droit en Afrique depuis plusieurs années. J’ai constaté que la plupart des conférences, qui avaient lieu au sujet du droit des affaires en Afrique, restaient souvent très théoriques. Et qu’on avait toujours des intervenants qui étaient à peu près les mêmes : des professeurs de droit, pas tellement des praticiens ou des entrepreneurs. L’idée de départ c’était de mettre en présence les personnes qui connaissent les réalités africaines, de faire qu’ils discutent ensemble des sujets pour éduquer les autres, leur donner des exemples et les aider à développer leurs projets. Et en même temps, aider les professionnels du droit, de la finance et plus généralement des affaires, à échanger des savoir-faire, à se former entre eux en quelque sorte, à échanger leurs bonnes pratiques. C’est vrai que ça a manqué jusqu’à présent, d’avoir ce genre de conférences internationales. On était un peu pionnier dans le domaine, maintenant ça se développe de plus en plus et je trouve que c’est une bonne chose.
