Huit personnes réfugiées au Cameroun abattues par Boko Haram

Elles étaient retournées inspecter leurs maisons endommagées à Gamboru, dans le nord-est du Nigeria, quand elles ont été attaquées. La secte a commis des attentats au Tchad et au Cameroun le week-end

Huit personnes réfugiées au Cameroun ont été tuées par le groupe islamiste Boko Haram, d’après plusieurs témoignages. Elles étaient retournées inspecter leurs maisons endommagées à Gamboru, dans le nord-est du Nigeria, quand elles ont été attaquées.

Les victimes « ont été tuées par balles par des hommes de Boko Haram », a déclaré Babagana Bukar, un Nigérian de Gamboru réfugié à Fotokol, au Cameroun, près de la frontière. « Ils inspectaient leurs maisons quand des hommes à moto ont ouvert le feu, tuant cinq hommes et trois femmes », a-t-il raconté.

Deux autres réfugiés résidant à Fotokol ont confirmé ces propos. L’un d’eux, Umar Babakalli, a ajouté que deux autres femmes avaient été capturées et frappées. Elles ont réussi à s’échapper, à traverser la frontière et ont été soignées, a-t-il ajouté.

L’armée tchadienne, qui participe en première ligne à une opération militaire régionale pour combattre le groupe islamiste nigérian, avait repris Gamboru en février à Boko Haram. Elle s’était déployée à nouveau fin mars dans la ville, quelques jours après une nouvelle attaque meurtrière du groupe islamiste nigérian, qui avait profité de l’absence de toute force de sécurité dans la ville.

Triste semaine
En plein ramadan, le Nigeria, avec près de 200 personnes tuées par Boko Haram en 48 heures, a vécu début juillet sa pire semaine depuis que le nouveau président, Muhammadu Buhari, a pris ses fonctions le 29 mai. La vague d’attaques a touché plusieurs villages de l’Etat de Borno (nord-est), épicentre de l’insurrection islamiste, désormais affiliée au groupe Etat islamique (EI).

A Fotokol, au Cameroun, hier, dimanche 12 juillet, deux kamikazes vêtus de burqa (voile intégral porté par les femmes, ndlr) se sont faits exploser à Fotokol, localité frontalière du Nigéria dans l’Extrême-Nord, rapporte le bihebdomadaire camerounais l’Oeil du Sahel. L’attentat a fait 16 morts, d’après le bilan donné par ce journal.

La capitale tchadienne a essuyé pour sa part samedi, 11 juillet, un attentat perpétré au grand marché de N’Djamena. L’attentat, qui a fait au moins quinze morts et plus de 70 blessés, a été commis par un homme déguisé en femme et portant une burqa. Les autorités tchadiennes l’ont attribué à Boko Haram.

Le groupe islamiste opère depuis 2009 au Nigeria, où l’insurrection et sa répression ont fait plus de 15’000 morts.

La localité sinistrée de Gamboru, au nord-est du Nigéria
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La soldatesque tchadienne très motivée dans la guerre contre Boko Haram

Pétanque pour les uns, prière pour les autres: pendant que leur aviation bombarde au Nigeria les postions de la secte

Pétanque pour les uns, prière pour les autres: pendant que leur aviation bombarde au Nigeria les postions de Boko Haram, les soldats tchadiens déployés à la frontière côté camerounais s’occupent comme ils peuvent, en attendant l’autorisation de poursuivre les islamistes sur leur territoire, rapporte à sa manière la presse présidentielle tchadienne mardi.

A Fotokol, localité camerounaise qui jouxte la ville nigériane de Gamboru, tenue depuis des mois par les islamistes, « lorsque l’hélicoptère de l’armée tchadienne bombardait la position ennemie, certains soldats jouaient à la pétanque, d’autres accomplissaient leur devoir religieux pendant que certains montaient la garde », raconte un article du site de la présidence tchadienne.

L’aviation tchadienne bombarde depuis samedi les positions de Boko Haram en attendant le déclenchement d’une opération terrestre des armées tchadienne et camerounaise au Nigeria, que le gouvernement nigérian doit d’abord autoriser.

« Jouant au chat et à la souris avec la troupe tchadienne partie du Tchad pour prêter main forte aux troupes camerounaises et nigérianes, les éléments de la secte Boko Haram ont eu, cette semaine un premier accrochage », explique le site.

Les soldats « aux trousses des illuminés de la secte Boko Haram » depuis leur arrivée au Cameroun, « ont fini par découvrir une de leur cachette: celle-ci est située en territoire nigérian, à quelques kilomètres de Fotokol », au Cameroun.

« N’ayant pas eu l’autorisation des autorités nigérianes pour poursuivre les islamistes de Boko Haram (sur leur territoire) retranchés de l’autre côté de la frontière, le contingent tchadien a dû pilonner cette position ennemie », poursuit la presse présidentielle, selon laquelle « les ouailles de la nébuleuse Boko Haram (…) ont été matées copieusement ».

« Une chose est sûre et certaine, pronostique la presse présidentielle, « qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, le contingent tchadien (…) aura le dessus sur la soldatesque d’Aboubakar Shekau ».


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Des nouvelles des troupes tchadiennes sur le front contre Boko Haram

Entre jeudi et dimanche, les troupes tchadiennes stationnées à l’Extrême-Nord du Cameroun ont mené de nombreux raids sur des positions tenues par la secte au Nigéria. De nombreuses victimes

Détonations sourdes, nuages de fumée épaisse: les islamistes de Boko Haram retranchés dans la ville nigériane de Gamboru, à la frontière avec le Cameroun, ont été pilonnés dimanche après-midi par des hélicoptères de combat de l’armée tchadienne.

Deux appareils ont bombardé pendant deux heures les positions des islamistes qui tiennent cette ville, située à la frontière camerounaise, a constaté un journaliste de l’AFP depuis la ville voisine de Fotokol.

« Nous sommes déterminés à combattre l’ennemi », a déclaré après les bombardements le commandant du contingent tchadien à Fotokol, le général Ahmat Darry Bazine, devant les caméras de la télévision nationale.

« Le moral (des troupes) est très haut », a-t-il assuré, flanqué de lunettes de soleil et la tête entourée d’un chèche, assis au milieu de ses hommes dans la brousse.

Gamboru, déjà bombardée samedi par l’aviation tchadienne, est séparée par un pont de 500 mètres de Fotokol, où sont massées troupes tchadiennes et camerounaises.

« La localité est sous le contrôle de Boko Haram. Ils sont dans toute la ville, se cachent dans les maisons et ont placé des snipers partout », a expliqué à l’AFP un officier de l’armée tchadienne, sous couvert d’anonymat.

« A travers ces bombardements, nous cherchons à neutraliser l’ennemi pour ouvrir la voie en vue de libérer Gamboru » lors d’une opération terrestre, a-t-il ajouté.

Boko Haram a lancé dimanche une nouvelle offensive contre Maiduguri – son ancien fief du nord-est peuplé d’un million d’habitants – une offensive que l’armée dit avoir repoussée avec l’aide des milices.

Toujours dans cette zone, au moins sept personnes ont été tuées dimanche par un attentat-suicide visant une réunion au domicile d’un homme politique à Potiskum et deux explosions ont fait au moins cinq morts dans la ville de Gombe.

D’importantes forces camerounaises et tchadiennes, équipées de blindés et d’artillerie, sont arrivées dans Fotokol ces derniers jours. Des soldats du Bataillon d’intervention rapide (BIR, unité d’élite de l’armée camerounaise) contrôlent l’accès du pont qui relie les deux villes.

« Beaucoup » d’islamistes tués
« Nous voyons de plus en plus de troupes arriver à Fotokol. Elles augmentent tous les jours », avait indiqué samedi à l’AFP un habitant, Aisami Bukar.

Samedi, deux avions de combat tchadiens ont déjà bombardé Gamboru et ses environs. « Pendant près d’une heure, tout ce que nous avons entendu était des explosions et on pouvait voir des avions larguer des bombes de l’autre côté de la frontière, à Gamboru », avait raconté Aisami Bukar.

Ces raids aériens ont fait suite à des combats jeudi et vendredi entre islamistes armés et soldats tchadiens à la frontière.

Le bilan provisoire de ces combats était, vendredi soir, de « trois morts et 12 blessés » au sein de l’armée tchadienne et de 123 islamistes tués, avait indiqué l’état-major, précisant que les militaires avaient été tués « par des engins explosifs de fabrication artisanale ».

Dimanche soir, le général Darry Bazine a fait état de « 175 à 200 » combattants tués dans les bombardements. « Nous avons riposté de manière très rigoureuse » à des tirs de mortiers, a-t-il dit, et « il y a eu beaucoup, beaucoup de morts » du côté de Boko Haram.

Selon l’hôpital militaire de N’Djamena, un soldat blessé lors de ces attaques est décédé samedi, portant le bilan des pertes tchadiennes à quatre morts.

Le Cameroun a déployé dans la région de l’Extrême-Nord, frontalière du Nigeria, ses troupes d’élite à l’été 2014 pour contrer les islamistes nigérians. Depuis, Yaoundé avait sollicité à plusieurs reprises un soutien de la communauté internationale pour faire front.

Le Tchad a répondu à cet appel et dépêché mi-janvier un important contingent au Cameroun pour aider son voisin à contrer les raids meurtriers de Boko Haram sur son sol.

L’Union africaine a appelé vendredi et samedi à la mobilisation en Afrique contre les islamistes nigérians lors d’un sommet à Addis Abeba et demandé la mise en place d’une force régionale de 7.500 hommes.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a apporté samedi son soutien à la formation d’une telle force en dénonçant la « brutalité sans nom » des combattants de Boko Haram, qui multiplient des exactions de grande ampleur, qualifiées par Washington et Paris de « crimes contre l’Humanité ».

Des hélicoptère de combat à Fotokol, au Cameroun, le 1er février 2015, après une opération contre Boko Haram dans la ville de Gamboru, au Nigeria tout proche
AFP)/n