Cameroun : la Ligue du Grand Nord tance durement Issa Tchiroma et fait des précisions à propos du mémorandum d’avril dernier

Beaucoup de réactions ont suivi la publication du mémorandum du groupe baptisé « Ligue du Grand Nord » (LGN). Si certains l’ont attribué  au Mouvement pour la renaissance du Cameroun du Pr Kamto Maurice, d’autres ont déclaré que les membres de la LGN n’ont aucune légitimité pour parler au nom du septentrion. Dans une autre sortie parue ce 9 juin 2020, les auteurs reviennent à la charge, toujours dans les colonnes du quotidien Le Jour. Issa Tchiroma, homme politique,  ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, est particulièrement ciblé.

Voici l’intégralité de la sortie de la LGN

La Ligue du Grand Nord répond à M. Issa Tchiroma Bakary

Il y a un mois, plus exactement le 28 avril  2020, la LIGUE DU GRAND NORD (LGN) signait son premier mémorandum. Une analyse froide et sans complaisance de la déliquescence de la partie septentrionale du Cameroun. Au-delà de la décadence sociale et économique du Grand Nord, la LIGUE annonçait, afin que nul n’en ignore, sa volonté de compagnonner politiquement désormais avec le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du Pr. Maurice KAMTO. Une plateforme de conquête et de partage de pouvoir est en cours de finalisation.

Dès la parution de ce mémorandum dans les colonnes du quotidien Le Jour (édition du 28 avril 2020) et sur certaines plateformes numériques, une flottille de ressortissants du Septentrion et malheureusement toujours les mêmes, dont l’unique qualité est le déni permanent des réalités, a crié au loup. Le virement de bord de la majorité électorale du Cameroun est un sacrilège pour cette caste de privilégiés et serviteurs aveugles du système en place.

De l’escadre des ressortissants du Septentrion qui se nourrissent du sang du Grand Nord pour  exister, deux ont particulièrement retenu l’attention de la LIGUE : le président de la lilliputienne formation politique, Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), qui en réalité devrait l’appelait FSNB pour Front pour le Salut National de Biya …

Le cartel des fils perdus du Septentrion

Ainsi donc, dès la parution du premier Mémorandum de la LIGUE, L’œil du Sahel a dégainé le premier en offrant ses pages à un cartel des fils perdus du Septentrion. Amnésiques sur le larmoyant sort de leurs congenères du Grand Nord, ils n’ont retenu du mémorandum que la perspective de l’alliance avec le MRC. A cet effet, le journal de la Nouvelle Route Bastos a renommé les revendications de la LIGUE « Le Mémorandum du MRC », ce qui n’est guère malin. Car, par ce titre, il récuse explicitement à tout Nordiste l’aptitude intellectuelle de formuler une revendication sociale ou politique… Nous ne reviendrons pas ici sur le ton très peu mesuré du dossier de l’œil du Sahel, pas du tout ouvert aux propos contradictoires, bien pire, mettant en avant une seule lecture des faits.

Croyant solidifier son argumentaire contre le « Mémorandum de la Ligue », l’œil du Sahel, dans son édition du 04 mai dernier, ouvre ses pages à l’affidé des fossoyeurs du Septentrion et président du confidentiel parti politique, FSNC, M. Issa TCHIROMA BAKARY. Choix doublement contestable. Politiquement d’abord, car le parti du pompier de ce dernier vient de réaliser un résultat asymptotique dans le Grand Nord lors des élections municipales et législatives du 09 février passé. Les chiffres des législatives sont cruels pour M. Issa TCHIROMA BAKARY. Sur 1 298 942 suffrages exprimés dans le Grand Nord, le FNSC n’a recueilli que 107 000 voix soit 8,14%. Ensuite, sur un plan purement humain, déconsidéré par une bonne frange des ressortissants du Septentrion, M. Issa TCHIROMA BAKARY est perçu comme une marionnette du régime BIYA qui a pour mantra : mensonge et parjure.

Quel crédit accorder donc aux déclarations du président du FNSC ? Lui qui ne doit sa légitimité qu’à son statut précaire de membre du gouvernement. Une posture qui lui confère des avantages indus et des moyens illicites de s’entourer d’un aréopage de courtisans et de flatteurs. Rien d’étonnant, quand on sait que l’indigence ambiante favorise l’éclosion de ce type de militantisme intéressé et mercantile dans le Grand Nord. Des militants volatiles, qui inéluctablement s’envoleront vers d’autres cieux plus éclairés, une fois qu’il sera déchargé de son poste ministériel.

La lessiveuse et l’imposteur

Qu’a donc dit le futur-ex ministre camerounais de l’Emploi à L’œil du Sahel ? Il est important de noter d’emblée l’imposture de M. Issa TCHIROMA BAKARY qui s’octroie la légitimité de parler au nom du Septentrion. « En ma qualité de conseiller municipal élu, j’ai la légitimité de parler au nom du Grand Nord ». Bien-sûr M. le conseiller municipal de Garoua 1er ! Si tous les conseillers municipaux parlaient au Nom du Grand Nord, il est évident que votre seule voix ne puisse être audible ou qu’elle ne fasse pas autorité dans une région où votre micro parti n’a pu investir qu’une liste insignifiante des conseillers municipaux.

  1. Issa TCHIROMA BAKARY, la Ligue du Grand Nord espérait vous lire sur les différents griefs mis en exergue dans le mémorandum. Des faits fondés et vérifiables. Puissions-nous vous les rappeler ?
  • Inégalité de répartition de sièges de députés et du nombre de communes, qui ne tiennent compte ni du nombre d’habitants, ni de l’étendue des circonscriptions ;
  • Populations meurtries par l’insécurité permanente et grandissante, due aux terroristes de Boko Haram, et aux phénomènes de prises d’otages avec demandes de rançons ;
  • Désert médical ;
  • Insuffisance voire absence d’eau potable et d’électricité particulièrement dans les zones rurales ;
  • Dégradation constante du réseau routier ;
  • Insuffisance d’établissements scolaires, et d’infrastructures universitaires ;
  • Déficit criard d’enseignants du primaire, du secondaire et du Supérieur
  • Suppression de la liaison aérienne à destination du Grand Nord ;
  • Très faible représentation dans la fonction publique et dans le corps des forces de défense et de sécurité ;
  • Marginalisation dans les nominations aux hautes fonctions de l’administration ;
  • Non-respect de l’équilibre régional dans les grandes écoles ;
  • Absence d’entreprises publiques de développement…

La liste des problèmes du Grand Nord sont innombrables et chroniques. En réalité, ces problèmes ressemblent à s’y méprendre à ceux énumérés dans le mémorandum de 2004 du Grand Nord, dont vous étiez l’un des rédacteurs. 2004, rédacteur de Mémorandum et 2020, fossoyeur du même Mémorandum. C’est vrai que vous n’êtes plus à une contradiction près.

Le paradoxe du syndrome de Stockholm

  1. Issa TCHIROMA BAKARY seriez-vous de ceuxlà qui pensent toujours qu’il y a des ressortissants du Septentrion à part entière et d’autres entièrement à part ? S’il y a une permanence chez le ressortissant du Grand Nord, à qui vous refusez toute forme de revendication sociale ou politique, c’est sa mémoire. Elle est infaillible, ineffaçable et insubmersible. Elle n’est vraisemblablement pas faite de la même matière que la vôtre. Vous, victime du délit de faciès en avril 1984. Injustement arrêté et embastillé sans jugement pendant près de 7 ans. Vous, qui aviez subi les pires humiliations en prison et qui avez miraculeusement a échappé à la mort. Certains de vos codétenus n’ont malheureusement pas eu la chance de survivre à l’élimination programmée des cadres et hauts gradés du Septentrion. Vous, qui à la faveur de la loi d’amnistie votée à l’époque, aviez choisi de militer activement au sein de l’opposition camerounaise. Vous, qui lors des Villes Mortes, battiez le pavé à Garoua. Comment en êtes-vous arrivé à jeter aux orties vos engagements en foulant au pied et votre honneur et votre dignité pour des intérêts bassement matériels. La simple évocation du syndrome de Stockholm ne saurait expliquer votre amnésie. En acceptant un strapontin auprès de votre geôlier, nul besoin de vous dire que la fin de la partie sera aussi douloureuse que vos 7 années au bagne. Il faudra qu’un jour, vous rendriez compte du projet Télévision Numérique Terestre (TNT). Tout comme, un beau matin, on devra reparler des indemnisations du crash du Nyong.

Les fleurs du silence

Contrairement à vous, vos camarades de jeu ont tôt fait de se taire. Bello Bouba Maïgari, Dakolé Daissala, Garga Haman Adji, Hamadou Moustapha ont compris que les mots que l’on n’a pas dits sont les fleurs du silence. A l’orée des années 1990, les uns et les autres avaient fondé des partis politiques dont la seule constance à ce jour est leur longévité au poste de président. Jouir des avantages que leur confère le système BIYA est désormais leur seule raison de vivre. Inamovibles hauts cadres de l’administration camerounaise depuis l’époque d’Ahmadou Ahidjo, ils ne se soucient ni de leur région nide la relève politique. La décrépitude politique du Septentrion n’a d’égal que le mépris de l’Homme du Renouveau pour ses fils et filles. Seule grande région du Cameroun, où une bonne demi-douzaine de ministres détient les mêmes portefeuilles ministériels sans discontinuer depuis une quinzaine d’années. Dans la même logique, la présidence de l’Assemblée Nationale et celle du Conseil Economique et social, fonction vide de toute substance, sont abandonnées depuis une trentaine d’années à deux octogénaires honnis par la jeunesse du Grand Nord.

Autres abonnés absents, les parlementaires du Grand Nord qui concourent de leur plein gré à la validation des projets structurants au profit des autres régions que les leurs. Pour la Ligue du Grand Nord, l’asservissement du Septentrion doit cesser. La majorité électorale du Cameroun n’accepte plus la déchéance sociale, économique et politique dans laquelle M. Issa TCHIROMA BAKARY et compagnons l’ont plongé. Elle n’entend plus être simplement un vivier électoral du régime BIYA, dont on ne se rappelle de l’importance que tous les 7 ans, quand vient l’élection présidentielle.

S’inspirant de la citation d’Abraham LINCOLN, nous disons « On peut tromper une partie du Grand Nord tout le temps et tout le Grand Nord une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le Grand Nord tout le temps ». Le Septentrion camerounais n’étant la propriété d’aucun parti politique, libre désormais à chaque ressortissant du Grand Nord d’exprimer son choix politique. Libre à lui d’aller vers la formation politique susceptible  de transformer sa vision de la société camerounaise en réalité. Dans cette perspective, les pourparlers en cours avec les dirigeants du MRC sont pour la LIGUE un grand pas vers un CAMEROUN NOUVEAU ET FEDERAL. Pour la LIGUE, le fédéralisme est une opportunité de développement du Septentrion par le Septentrion. La décentralisation de façade du régime BIYA, dont le but est de pérenniser l’emprise de Yaoundé sur les régions est contre-productive pour le Grand Nord.

Pour La Ligue du Grand Nord :

– BAWA Paul

– KINGUI Fadimatou epse Dahirou

– AHMADOU Abdoulaye

– DAYAN Jean-Jacques

Publié dans  Le Jour du mardi 9 juin 2020