Sans obligation de quitter le territoire français, cet avis ne lui permet plus de travailler. Les soutiens se multiplient
Le docteur M’Bacha ne sera pas reconduite à la frontière. Elle n’aura pas non plus de titre de séjour, donc pas le droit d’exercer. « Je trouve ça… révoltant », déplorait vendredi soir le docteur Raïnatou M’Bacha, à la sortie du bureau de la directrice de la réglementation, à la préfecture. La cardiologue camerounaise venait de recevoir un refus de séjour dit « simple » en cela qu’il ne s’accompagne pas d’une obligation de quitter le territoire. Une décision qu’elle a annoncé vouloir contester devant le tribunal administratif. « Nous allons multiplier les interventions auprès du ministre de la Santé afin de lui faire obtenir un contrat de travail, pour débloquer la situation », a promis le secrétaire de l’UL-CGT, Laurent Indrusiak, qui conduisait la délégation venue soutenir la cardiolgue à Moulins, à laquelle s’était joint le député Bernard Lesterlin.
« Il n’a jamais été dans mes intentions de faire reconduire Mme M’Bacha à la frontière, explique le préfet Pierre Monzani. Je ne peux simplement pas régulariser le séjour de la personne Mme M’Bacha puisque celà régulariserait le médecin. Et son diplôme russe ne lui donne pas le droit d’exercer sans passer de concours ». La CGT, qui a engagé une action dès le mois de juillet, par son syndicat de l’hôpital de Montluçon, est à l’origine du rassemblement de ce soir, avec le comité de défense de l’hôpital (Codeprod). Après être intervenus de leur côté, à différents niveaux, les parlementaires Mireille Schurch et Bernard Lesterlin appellent à la manifestation, de même que Luc Bourduge, vice-président du conseil régional. La Ligue des droits de l’Homme vient de faire de même, ainsi que le parti socialiste. Le titre de séjour de Raïnatou M’Bacha, entrée en France le 16 octobre 2006, sous couvert d’un visa étudiant est arrivée à expiration la semaine dernière. La praticienne est convoquée vendredi 28 janvier à la préfecture pour se voir signifier la décision du préfet.
Titulaire d’un diplôme étranger (russe) Raïnatou M’Bacha a été recrutée en novembre 2008 à Montluçon comme cardiologue, sous statut de « faisant fonction d’interne » transformé en praticien attaché associé en mai 2009 par le directeur de l’hôpital. « En toute illégalité », dénonçait le préfet de l’Allier qui se refuse aujourd’hui à prolonger le titre de séjour. Si je le prolongeais, cela signifierait qu’implicitement je l’autorise à exercer, alors que légalement elle n’en a plus le droit. L’exercice des professions médicales est strictement réglementé. Que se passerait-il alors si un accident médical survenait ? ». Plusieurs pétitions circulent actuellement, à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital, pour demander le maintien de Raïnatou M’Bacha. Responsable de l’unité cardio, Sylvain Chanseaume a lui-même écrit au préfet pour confirmer l’aptitude de sa consoeur et assurer que sa collaboration est « indispensable au fonctionnement minimal du service ». Et le docteur Chanseaume de prévenir : « la pénurie extrême de praticiens hospitaliers rend la permanence de soins complexe. En cas de départ du docteur M’Bacha, la situation sera difficilement compatible avec la poursuite de l’hospitalisation en service de cardiologie ».
