Robert P Jackson: «Le Partenariat entre les Etats-Unis et le Cameroun est fort»

L’ambassadeur américain dans une interview exclusive, est revenu sur les relations économiques et la vision politique que son pays a du Cameroun

En Afrique et au Cameroun aussi, plusieurs personnes avaient eu l’impression que les choses devaient radicalement changer avec l’élection du président Obama, notamment en termes d’aide à l’Afrique. Pourtant c’est seulement à la quatrième année de son mandat qu’il a lancé son programme pour l’Afrique, le Doing Business In Africa. Qu’est-ce que le Doing Business in Africa et que peut espérer le Cameroun de cette initiative commerciale et économique?
Le Doing Business in Africa est un programme qui est en pleine évolution. Nous sommes en train de mettre en place toutes les composantes qui devraient permettre de le déployer. Ce qui est déjà acquis, c’est qu’on va le construire sur la base de l’AGOA, on va renforcer les efforts déjà fournies par nos institutions dans le sens de la promotion des échanges entre l’Afrique et les Etats-Unis. Pour être déjà plus concret, il a été créé à Johannesburg un centre d’énergie propre. On envisage aussi de mener cette année une série de séminaires de travail avec des hommes d’affaires et les ambassadeurs américains d’Afrique, afin de s’assurer que ces hommes d’affaires ont une bonne appréciation des marchés et des opportunités offertes. Nous croyons que les trois volets du Doing Business in Africa à savoir les finances, l’apport de la classe des affaires et les séminaires sont opportuns. Pour le Cameroun, j’ai invité le directeur du centre pour les énergies propres à venir pour une visite de travail au courant de cette année 2013. Il a marqué son accord. Il y a deux aspects importants pour le Cameroun, le fonds pour l’énergie propre et l’accès à la technologie de l’énergie solaire. L’Amérique est déjà présente avec deux entreprises qui vendent des lampes solaires de fabrication américaine et je pense que cela peut aider les populations qui n’ont pas accès à l’électricité, d’avoir une source de lumière renouvelable.

On parle d’énergie et de solaire, ce sont des investissements lourds. Si on ramène le Doing Business in Africa au niveau des entreprises camerounaises, que peuvent-elles attendre de cette initiative, et comment peuvent elles y être éligibles?
Nous voulons créer des partenariats entre les hommes d’affaires et les entreprises. L’an dernier le nombre de sociétés membres de la chambre de commerce américaine à Douala a doublé. On y retrouve des entreprises américaines, des joint-ventures camerouno-américaines et aussi des entreprises camerounaises. Pour ma part, avec les organisations intermédiaires comme le GICAM ou encore ECAM, il s’agira de bâtir autour d’eux des partenariats. Je reste convaincu que les deux espaces économiques peuvent s’offrir mutuellement des produits intéressants. Nous avons vu dernièrement des grands succès dans le domaine agricole, des exportations vers les Etats-Unis. L’entreprise La Maraîchère vient d’avoir son deuxième plus gros contrat pour exporter des denrées aux Etats-Unis. Je viens aussi de voir des chiffres du commerce de l’année dernière (2012), le volume des exportations américaines vers le Cameroun jusqu’à la fin novembre était supérieur à toute l’année 2011 et de loin supérieur à celui de 2010. Les exportations camerounaises ont gardé un bon rythme et restent supérieures à 2010. Le défi pour nous est de nous assurer que les hommes et les femmes d’affaires des deux pays, possèdent des informations et un cadre pour renforcer les échanges. Ce n’est pas au gouvernement d’organiser le commerce et les investissements. Mais nous pouvons indiquer les opportunités qui existent pour ceux qui sont intéressés. A cet effet d’ailleurs, j’annonce que notre site web sera plus riche en 2013. Sur le site nous avons aussi mis des exemples d’investissements américains au Cameroun comme CRELICAM.

Parlons justement de CRELICAM. En tant qu’ambassadeur, qu’est-ce qui vous procure le plus de fierté dans cette compagnie, le fait qu’elle assure bien l’expansion américaine ou alors le fait qu’elle veut développer le Cameroun avec le commerce?
Je suis fier pour les deux raisons. Évidement je crois que leur investissement aura été une bonne chose pour le Cameroun et les États-Unis. Savoir que dans le monde on peut désormais retrouver des guitares de hautes gammes fabriquées à 75% avec de la ressource (humaine, matérielle) camerounaise doit être un motif de fierté supplémentaire. D’un autre côté, cette entreprise respecte toute la réglementation qui tourne autour du bois et de la gestion des entreprises au Cameroun, preuve qu’on peut y faire des affaires. Personnellement, je comprends que les entreprises doivent faire face à de nombreux défis et que cela reste difficile d’aller au-delà d’un certain salaire vu les exigences de rentabilité. Mais il faudra s’attaquer à la question du salaire minimum au Cameroun car on peut relever qu’il est l’un des plus bas de la zone d’Afrique centrale.

Revenons au Doing Business, de nombreux commentateurs estiment que l’Amérique réagit face à la progression d’autres partenariats au Cameroun, notamment, les chinois, les turcs, les japonais, les coréens. Quel est votre avis?
Je ne crois pas que ce soit une réaction. Vous vous rappellerez qu’au mois de juin 2012 lors du dernier sommet de l’AGOA à Washington, le président Obama a annoncé de nouvelles initiatives pour l’Afrique. Il y a quatre volets : Promouvoir la démocratie, les droits humains et la bonne gouvernance ; promouvoir l’investissement et le commerce ; promouvoir la paix et la sécurité et enfin promouvoir le développement. Pour ma part, le deuxième et le quatrième volet sont les signes de notre détermination à rester impliqués et compétitifs en Afrique. C’est vrai que de nombreux autres pays ont fait des avancées au Cameroun et ailleurs en Afrique. Cependant, nos offres sont capables de tenir la concurrence. Lorsque nous parlons du transfert de technologie, nos entreprises utilisent suffisamment la main d’ uvre locale. A CRELICAM par exemple, l’essentiel du travail est assuré par des camerounais. C’est vrai qu’il y a des experts américains ou mexicains. Vous conviendrez que des pays comme la Chine par exemple, utilisent leur propre main d’ uvre, dans les projets réalisés au Cameroun, les Turcs je crois sont plus équilibrés et font du 50/50. Le fait que nous soyons prêts à faire ce transfert des technologies est un atout à mon avis.

L’aspect sécuritaire représente le troisième volet de la nouvelle politique africaine d’Obama, on a vu l’Amérique active dans la protection des parcs animaliers au Cameroun à Bouba Ndjida, il y a les man uvres conjointes avec les armées camerounaises, le renforcement des capacités pour la sécurité aérienne. Que vaut cet intérêt sécuritaire de l’Amérique au Cameroun?
L’Amérique s’est fixé pour objectif de travailler sur les aspects sécuritaires partout en Afrique et dans le monde. Investir dans la sécurité ici au Cameroun, c’est avant tout investir dans notre propre sécurité. Il faut se rappeler que la personne qui avait récemment voulu détruire un avion à Detroit venait du Nigéria. Évidement tous les nigérians ne sont pas terroristes. Il faut anticiper sur les problèmes et être prudent. Le fait de renforcer la sécurité au Cameroun fait partie de notre politique sécuritaire globale en Afrique. L’un des trois exercices que nous faisons est régional et se fait conjointement avec l’OTAN. Notre objectif est de faire en sorte que les pirates, les braconniers et les terroristes, se retrouvent en face de notre méthode de riposte partout où ils se trouvent.

Robert P Jackson, Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun
Journalducameroun.com)/n

Monsieur Obama a prêté serment pour un deuxième mandat. Il y a quatre ans c’était une surprise qu’une personne non blanche soit élue à la présidence américaine et aujourd’hui il est réélu. Comment les américains vivent-ils cette situation?
Je pense pour ma part que c’est normal. Notre démocratie comme toutes les autres est au c ur d’un travail permanent. Plusieurs personnes ont parié sur le fait qu’en raison de la situation économique, le président Obama ne serait pas réélu. Mais il a su mettre autour de lui une équipe solide qui est allée chercher des voix, avec toutes les techniques qu’offrent aujourd’hui les technologies de l’information et les médias sociaux. Il a offert un message que des électeurs ont apprécié et on lui a fait confiance de nouveau. Dans son discours d’investiture il a été clair sur sa vision en mettant l’accent sur l’égalité et la sécurité sociale. Il veut un développement plus inclusif de la société américaine. Avec la crise, la situation de la classe moyenne s’est dégradée et nous devrons faire face à cette réalité. Je crois qu’on voit un président qui veut remédier à cette situation. Mais on garde à l’esprit que les projets sociaux seront réajustés et qu’il faudra faire attention au déficit public.

Avec tous ces problèmes auxquels il doit faire face dans son pays, l’Afrique francophone attend toujours de voir le président Obama dans un de ses pays. Est-ce qu’ils ont des raisons d’espérer, est-ce que le président Obama peut être un jour l’invité des camerounais et du Cameroun?
On peut garder cet espoir. Mais pour être précis sur cette question, je dois dire que le président Obama n’a fait que deux voyage en Afrique et c’était durant les six premiers mois de son mandat. Je crois que l’initiative peut se renouveler en Afrique francophone mais aussi en Afrique lusophone ou anglophone. Je suis convaincu de cette visite parce que j’ai évoqué le sujet avec lui directement. Il a dit qu’il va revenir en Afrique pour voir comment les efforts déployés sur le terrain ont avancé. Pour l’heure, aucun voyage n’est en préparation à ma connaissance mais l’analyse que je viens de faire et le fait que l’Afrique reste une préoccupation sur plusieurs domaines sont des indicateurs qu’il pourrait bientôt revenir et peut-être plus qu’une fois.

Cette année le Cameroun doit faire face au défi de nouvelles élections. Vous vous êtes impliqué en invitant les gens à s’inscrire sur les listes électorales parce que vous croyez que c’est comme cela qu’on peut changer les choses. Quelle appréciation faites-vous du niveau des inscriptions aujourd’hui au Cameroun?
J’étais à ELECAM ce matin (jeudi 24 janvier). J’y suis allé pour encourager ses efforts dans le sens d’avoir plus de personnes inscrites. A cette occasion j’ai dit publiquement que j’applaudis les efforts D’ELECAM (organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun), et les initiatives qu’elle prend pour augmenter les inscriptions. Pour qu’une démocratie fonctionne les gens doivent s’impliquer. S’ils choisissent de ne pas voter c’est une chose. Mais on ne peut pas décider de perdre cette possibilité de choisir qui est un droit, en restant en marge du processus démocratique ou alors on n’a pas à se plaindre du résultat des élections. Je comprends qu’il y a beaucoup de partis politiques au Cameroun et que si on regarde l’histoire peut-être c’est compréhensible. Mais il y a une chose qui est claire en démocratie, le changement doit se faire par les urnes. Si les gens sont contents de la situation ou s’ils sont mécontents c’est à eux de le faire savoir. Pour ma part, le lieu idéal est dans un bureau de vote.

On va parler du Corps de la Paix (Peace Corps) dont vous avez célébré le cinquantenaire de leur présence au Cameroun. Quels commentaires?
Je suis très fier de ce corps des volontaires. Dans les situations les plus difficiles, ils font des efforts aux côtés des populations pour améliorer leurs conditions de vie. A travers l’agriculture, le renforcement des PME, l’éducation, l’informatique, la protection de l’environnement, l’amélioration de la santé. Lorsque je discute avec beaucoup de ministres ils reconnaissent avoir eu pour professeur un volontaire du Corps de la Paix et en cela le Cameroun doit aussi être fier d’eux. Mais le programme au fil du temps s’est adapté aux besoins actuels : La langue anglaise, mais aussi l’agriculture, la santé, l’entreprise et l’environnement sont la priorité aujourd’hui. Ce sont des défis qu’on aborde dans le même temps. J’aimerais noter que nous avons fait plusieurs sondages avec les populations où se trouvent les volontaires et de nombreuses personnes affirment à 80% ou plus, que le travail des volontaires a eu un impact sur leur vie quotidienne.

Nous sommes en 2013, quelles sont les priorités de l’Amérique pour le Cameroun?
Nos priorités restent inchangées, mais j’aimerais citer quelques exemples. On va poursuivre avec les actions sécuritaires, cela va continuer mais avec un rythme plus souple au mois de mars. Le mois prochain on va lancer notre programme de denrées pour l’éducation avec plus de 150 écoles. L’idée est de faire de l’école un centre plaisant pour les enfants, en leur offrant un déjeuner à l’école. On leur donnera aussi de la nourriture pour qu’ils rentrent avec chez eux, et on espère que cela encouragera les parents à voir le côté pratique qu’il y a à envoyer les enfants à l’école. L’expérience dans la région du nord-ouest a été fantastique, et je reste convaincu que le nord tiendra des promesses. La santé aura aussi une place importante avec un budget de 15 milliards de FCFA. On cible principalement le SIDA surtout la prévention de la transmission de la mère à l’enfant. Mais il y aura aussi le paludisme. Je suis heureux de l’impact de notre contribution dans la lutte contre le choléra et on va renouveler les expériences. En matière d’environnement, nous sommes heureux de l’implication du BIR dans la protection des parcs aux frontières avec le Tchad et la RCA. Je les encourage à y rester. Mais nous devons et allons renforcer nos efforts pour lutter contre le braconnage. Nous devons nous impliquer tous à la sécurité du Cameroun. Pour la démocratie et la gouvernance, nous allons observer le déroulement des inscriptions sur les listes électorales. En matière de gouvernance, je salue la création du Tribunal Criminel spécial. Mais il faut s’impliquer davantage et emmener les camerounais à dire non aux pots de vins.

Un dernier mot pour nos lecteurs?
Je voudrais souligner que contrairement à ce qu’on peut croire, le partenariat entre le Cameroun et les États-Unis est très fort. Chaque année depuis mon arrivée, nous avons augmenté notre assistance au pays d’une façon importante et en 2013, on prévoit une enveloppe de plus de 60 millions de dollars. Nous croyons que c’est un bon investissement. Les exemples de sociétés comme CRELICAM et d’autres, initiatives américaines sont moins connues. Je reçois des invitations tous les jours de certaines ONG américaines qui travaillent dans le domaine de la santé ou de l’agriculture. Je reviens d’un voyage à Bamendjou ou une organisation a mis en place un mécanisme de potabilisation de 20.000 litres d’eau pour les populations. Je souhaite que vos lecteurs comprennent aussi que les partenariats de gouvernement à gouvernement sont bien, mais de nombreux partenariats peuvent se développer entre les personnes et les organisations dans les deux pays de manière pertinente.

Robert P Jackson et Idriss Linge, lors de l’interview
Journalducameroun.com)/n

Société civile et démocratie: Quelles leçons tirer du processus électoral au Cameroun?

Par Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun

La Mission des États-Unis
Avant de vous faire part de nos observations sur le scrutin, permettez que je prenne un moment pour partager certains points de vue concernant la démocratie et le rôle de la société civile au Cameroun. Pour commencer, je voudrais réagir à certaines accusations qui ont été faites à l’endroit de l’Ambassade des États-Unis en septembre et en octobre – à savoir, les insinuations selon lesquelles nos rencontres avec la société civile seraient une forme « d’ingérence » dans l’intention de déstabiliser le Cameroun. Je me permets de réagir à ces accusations aujourd’hui, non pas dans le but de défendre les activités de notre ambassade, qui sont menées ouvertement et qui sont bien connues des pouvoirs publics camerounais, mais pour donner quelques éclaircissements sur le bienfondé de l’appui que nous appontons à la société civile et sur les implications de notre vision de la démocratie.

Les articles et le contenu éditorial de la presse camerounaise m’ont paru inquiétants pour trois raisons. Tout d’abord, leurs implications sont erronées ; elles sont à la limite absurde. Ensuite, les journalistes ne devraient pas focaliser l’attention sur l’Ambassade des États-Unis (et lui consacrer tant d’espace dans les journaux) à un moment où les Camerounais doivent se concentrer sur leur propre processus politique et choisir leur futur président. Enfin, ces média ont véhiculé la fausse hypothèse selon laquelle la société civile serait une force politique ayant pour vocation de renverser le gouvernement, en coordination avec les partis d’opposition ou pour le compte de ces derniers.

Je me suis gardé jusqu’ici de réagir à ces accusations parce qu’en le faisant, j’aurais davantage détourné l’attention des Camerounais plutôt que de les laisser se concentrer sur le choix de quelqu’un qui mènera la nation pendant les sept prochaines années. Maintenant que les Camerounais se sont exprimés, je vous pose la question suivante : « Qu’est-ce qui rend une démocratie plus efficace qu’une autre? » Ce n’est pas nécessairement la qualité de la constitution ou du cadre juridique national, bien que ces éléments soient importants – et le Cameroun est doté d’une bonne Constitution et de bonnes lois. Ce n’est pas non plus la liberté pour les journalistes d’écrire et de publier tout ce qu’ils veulent, bien que la liberté de presse soit également essentielle. Ce qui rend une démocratie efficace, c’est la mesure dans laquelle le pouvoir appartient au peuple, puis que c’est la volonté du peuple qui détermine l’action gouvernementale.

L’hypothèse sous-jacente est que le peuple a une volonté qu’il tient à exprimer par les urnes – que le peuple est disposé à élire les dirigeants qui promettent de faire ce qu’il faut et à voter contre tous dirigeants qui ne font pas ce qu’il attend d’eux. Participant ainsi à la vie de la nation, les citoyens d’un pays renforcent la qualité de leur leadership et la solidité de leurs institutions, d’une élection à l’autre. C’est un processus graduel impulsé par les citoyens et non par des étrangers.

Les Etats-Unis d’Amérique et la République du Cameroun ont une relation officielle qui remonte à la création du premier consulat américain en 1957. Nos relations bilatérales, qui sont solides à ce jour, reposent sur des intérêts communs et le respect mutuel. Il y a de cela un an, j’ai présenté mes lettres de créance au président Paul Biya en tant que 17ème ambassadeur des Etats-Unis. Notre partenariat prospère depuis lors. Nous avons entrepris deux initiatives importantes cette année – l’une pour combattre le VIH / SIDA, avec un nouvel investissement de 25 millions de dollars, et l’autre pour le renforcement de la société civile. Je me suis toujours montré ouvert au sujet de ces deux initiatives.

Promotion de la démocratie
L’Ambassade des Etats-Unis fait-il montre d’ingérence dans les affaires intérieures du Cameroun ou d’autres pays par la promotion de la démocratie et le renforcement de la société civile? En tant qu’Américains, nous sommes convaincus qu’à mesure que le monde se démocratise dans son ensemble, le monde comme un ensemble prospère et se libère de l’emprise de la pauvreté, de la faim, de la maladie, de l’analphabétisme, de la haine, de la discrimination et de la guerre. La prémisse sous-jacente est que nous devons progresser en tandem plutôt qu’en rangs dispersés, et que les citoyens de chaque pays devraient jouir d’une égalité de chances et des mêmes libertés. Promouvoir la démocratie et la société civile à travers le monde n’est pas une forme d’ingérence . c’est tout simplement une façon de partager notre vision de ce que nous souhaitons pour tous les peuples du monde.

La démocratie ne saurait exister en théorie si elle n’existe pas dans la pratique. Elle ne saurait exister sur le papier si elle n’existe pas dans la rue. Comme je l’ai dit à maintes reprises, nous ne pouvons pas attendre que les conditions de la démocratie soient toutes réunies avant de commencer à exercer nos droits démocratiques. C’est en exerçant nos droits démocratiques que nous pouvons créer les conditions favorables à l’exercice de la démocratie.

Le rôle vital de la société civile
La société civile a un rôle important à jouer dans la démocratie en général et le processus électoral en particulier. Si les politiciens vont à la rencontre des électeurs dans le but de maximiser leurs résultats électoraux, les organisations de la société civile, elles, le font pour maximiser la participation électorale. C’est pourquoi l’Ambassade des États-Unis au Cameroun, et les ambassades des États-Unis dans le monde entier, tout comme les autres ambassades et Hauts commissariats ayant des vues similaires, uvrent si souvent au renforcement de la société civile et à la consolidation de la place de celle-ci dans la tribune publique.

La société civile a pour vocation de garder les populations éveillées par rapport à leurs responsabilités civiques. Elle a pour vocation de transformer des résidents en citoyens et des quartiers en communautés. La société civile peut agir comme un chien de garde pour amener les entités politiques à être responsables, et elle peut faciliter la participation et la sensibilisation des citoyens.

Toutefois, la société civile n’est pas l’opposition. Dans une démocratie pluraliste, le pays a certes besoin de la pluralité de partis politiques, mais la société civile n’en n’est pas un. La société civile doit tout simplement refléter l’ensemble de la société qu’elle cherche à représenter ; elle doit notamment être composée d’individus appartenant à toutes les sensibilités politiques. J’invite les organisations de la société civile ici présentes à observer les mêmes normes d’impartialité qu’elles attendent des pouvoirs publics, y compris ELECAM. Si la société civile contribue à faciliter le discours politique, elle ne saurait remplacer ce discours. La société civile contribue à rendre le changement démocratique possible, mais elle ne saurait se substituer à ce changement.

J’ai eu à le dire à maintes reprises depuis l’année dernière – publiquement et en privé – que la Mission des Etats-Unis travaillerait avec la société civile pour encourager la participation des Camerounais – notamment celle des femmes et des jeunes – à l’élection présidentielle. Au cours de l’année, j’ai invité les Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales pour pouvoir voter le moment venu. Je me suis réjoui de l’élargissement du conseil d’ELECAM pour y inclure des membres de la société civile. Je me suis réjoui de la décision de réduire le frais d’établissement de la carte nationale d’identité pour finalement les supprimer totalement, dans le cadre des préparatifs de l’élection. Je me suis réjoui de l’adoption et de l’application de la loi consacrant le droit de vote des Camerounais de la Diaspora. Je me suis réjoui que l’élection ait eu lieu à temps. Je félicite les Camerounais pour avoir su préserver la paix le 9 octobre et en particulier ceux des Camerounais qui ont voté ou tenté de voter.

Certains m’ont dit avoir exprimé leur choix en s’abstenant de voter. C’est comme si l’on disait « j’ai protesté en refusant de protester », ou « Je me suis plaint en gardant le silence ». Si l’abstention véhiculer un certain message politique, elle renferme très peu de pouvoir politique. En fait, elle affaiblit le système démocratique même dans son ensemble. Soit vous votez pour un candidat, vous votez contre lui / elle, soit vous vous trompez. Si vous n’aimez aucun des candidats, devenez vous-mêmes candidat et chercher à convaincre vos amis, vos voisins et vos compatriotes afin qu’ils votent pour vous!

Lorsqu’on jette un regard sur cette élection, on se rend compte qu’au lieu de blâmer les pouvoirs publics, ELECAM, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), les autres partis politiques ou les acteurs internationaux pour les irrégularités constatées, le faible taux de participation et le manque de compréhension du processus de la part des électeurs, on doit chercher à comprendre ce qui s’est passé avant le lancement même de la campagne électorale. Il faut notamment examiner les causes profondes de l’apathie, de l’abstention et de la division. Certaines organisations de la société civile camerounaise sont aussi coupables du brouillage de la démarcation entre la société civile et l’opposition que le RDPC l’est de celle entre le parti et le gouvernement. Sans toutefois connaître les résultats officiels de l’élection, c’est clair que la division de l’opposition a sévèrement réduit ses chances de succès. L’opposition n’a pas pu se réunir autour d’une candidature unique et forte. Nous savons tous que la société civile et les partis politiques (dont au moins 200 partis d’opposition) sont divisés au Cameroun. Cela s’explique à certains égards – la démocratie pluraliste est relativement récente et la prévalence du patronage et de l’intimidation en tant qu’instruments politiques ont freinés le développement de la société civile et du pluralisme politique. Tant que les organisations de la société civile ne travailleront pas ensemble de façon plus concertée, elles resteront vulnérables aux accusations selon lesquelles elles manquent de sérieux, de finalité et d’efficacité. Le fait d’avoir des milliers de petites organisations de la société civile et plus de 250 partis politiques – dans toute société – ne peut servir que les intérêts du parti au pouvoir en semant la division au sein des populations. Avoir des milliers de petites organisations de la société civile et plus de 250 partis politiques est-il quelque chose dont on peut se venter ? Cette multitude d’organisations et de partis va à l’encontre des principes démocratiques dans la mesure où les entités concernées représentent non pas le peuple, mais des individus ou de petits groupes isolés. Cela n’est pas démocratique ; c’est personocratique, voire ergocratique et erratique. L’opposition ayant présenté 22 candidats, il y a lieu d’émettre des réserves quant au sérieux de cette opposition et des candidats. Se réveillant tardivement, certains partis d’opposition parlent désormais d’un front commun. N’auraient-ils pas dû penser à cela plus tôt ?

Quelles leçons tirer du processus ?
Ce que nous recommandons : Beaucoup reste à faire pour améliorer la confiance du public vis-à-vis du processus électoral. Je tiens à souligner que les recommandations que nous formulons ci-dessous reprennent les idées précieuses et les analyses d’autres diplomates et observateurs, d’ELECAM, des responsables publics et des militants de la société civile. Tout d’abord, afin d’améliorer le climat politique dans la perspective des prochaines échéances, il conviendra de niveler le terrain de jeu afin que les candidats de l’opposition puissent compéter à égalité de chance. Leur tâche est ardue: mener campagne en utilisant les ressources et le temps limités, à l’effet de transformer leurs partis à assise régionale en mouvements d’envergure nationale. Le scepticisme du public ayant atteint un niveau très élevé, votre tâche est tout aussi ardue – trouver les moyens de promouvoir la transparence et la bonne gouvernance tout en faisant appel à l’électorat camerounais pour une participation massive et plus significative au processus électoral.

Afin de situer nos recommandations dans leur contexte, je note qu’à la veille de l’élection présidentielle, la Mission américaine avait dépêché 14 équipes de deux à quatre personnes chacune pour observer la campagne, les préparatifs, le déroulement du scrutin et le comptage des voix – en d’autres termes, le processus électoral. Des observateurs ont ainsi été déployés dans chacune des dix régions du Cameroun, avec des équipes supplémentaires à Douala, la plus grande ville du pays, et à Yaoundé, la capitale politique.

Le jour du scrutin, nos observateurs on noté des incohérences et des irrégularités à tous les niveaux, ainsi que des difficultés techniques de la part d’ELECAM dans l’administration de l’élection. L’une des plus grandes critiques a porté sur la façon dont les listes électorales ont été conçues et gérées, laissant libre cours aux votes multiples. Le manque de formation des agents électoraux et d’éducation des électeurs concernant comment voter était apparent. L’encre qui devrait être utilisée pour empêcher les votes multiples n’était pas indélébile, et les responsables des bureaux de vote ne prenaient pas la peine de vérifier les pouces des électeurs pour s’assurer qu’ils ont été trempés dans l’encre.

Néanmoins, je me félicite que les pouvoirs publics et les responsables d’ELECAM aient reconnu l’existence de ces problèmes. ELECAM à chercher à connaître ce que pensent les observateurs et ce qui pourrait être fait pour améliorer le processus à l’avenir. J’encourage fortement cette institution à combler les lacunes constatées avant les élections législatives et municipales de 2012. Dans cette optique, je formule les recommandations suivantes :

. Tout d’abord, les partis d’opposition doivent s’unir s’ils veulent proposer une alternative crédible ;
. ELECAM doit pouvoir démontrer son indépendance ;
. Le Cameroun doit adopter un bulletin de vote unique afin d’empêcher l’achat des voix, l’indisponibilité de certains bulletins et la confusion concernant comment voter ;
. La campagne doit s’étendre sur plus de deux semaines pour permettre à tous les partis de défendre leurs projets de société ;
. Le parti au pouvoir doit s’abstenir d’utiliser les ressources publiques pour faire campagne, car il se dote d’un avantage injuste en utilisant l’argent du contribuable ;
. Le parti au pouvoir doit s’abstenir de susciter la peur en faisant valoir que voter pour l’opposition entraînerait l’instabilité et la guerre civile ;
. Le fichier électorale doit être soigneusement nettoyé pour supprimer les noms des personnes décédées et les doublons, et les listes doivent être publiées sur Internet pour permettre à tout le monde de les consulter afin de faire corriger les erreurs ;
. Les cartes d’électeurs doivent être biométriques et distribuées bien à l’avance ;
. Les bureaux de vote doivent être mieux identifiés bien avant le jour du scrutin ;
. Les membres des bureaux de vote et les scrutateurs doivent être mieux formés ;
. Les électeurs doivent être mieux formés pour pouvoir comprendre le processus de vote ;
. ELECAM doit accréditer tous les observateurs ;
. L’encre doit être indélébile, correctement appliquée, et vérifié ;
. Le nombre de bureaux de vote doit être réduit dans les zones urbaines et, pour permettre une meilleure couverture par les responsables des bureaux de vote et les représentants des partis, il faut instituer plus d’un isoloir par bureau de vote ;
. Des dispositions supplémentaires doivent être prises pour les électeurs handicapés ;
. Les urnes doivent être scellées correctement avant l’ouverture du scrutin ;
. Les bureaux de vote doivent fermer suffisamment tôt pour permettre le dépouillement des voix avec la lumière du jour ;
. La couverture médiatique, notamment par la CRTV, doit être plus équitable ; et
. Les jeunes doivent être encouragés à voter puisque la plupart des électeurs à l’élection présidentielle semblait être âgés de 40 ans et plus.

Celle longue liste de recommandations interpelle ELECAM, le RDPC, les partis d’opposition, le gouvernement et l’Assemblée nationale. Elle vous interpelle, vous aussi. J’exhorte les organisations de la société civile à trouver le moyen d’améliorer leur coordination afin qu’en 2012, elles parviennent à déployer des observateurs électoraux dans tous les bureaux de vote, à faire une synthèse de leurs observations, voire, à effectuer des comptages parallèles. Tout cela contribuerait à améliorer l’intégrité et la transparence du processus.

Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun
http://french.yaounde.usembassy.gov)/n

Cameroun: L’ambassadeur des Etats-Unis «déshabille» l’opposition

D’après Robert P. Jackson, l’opposition camerounaise n’est pas sérieuse et sa division a réduit considérablement ses chances de succès

C’est un véritable coup de gueule servi à chaud par le diplomate américain. Une autre sortie tonitruante qui, vraisemblablement, va encore laisser les plumes. Robert P. Jackson n’arrive pas à comprendre comment l’opposition camerounaise qui prêche le changement, le bousculement des mentalités, bref la nouvelle ère, a pu présenter jusqu’à 22 candidats à la dernière élection présidentielle ! C’est trop pour le diplomate américain qui ne loupe pas le coche. «L’opposition ayant présenté 22 candidats, il y a lieu d’émettre des réserves quant au sérieux de cette opposition et des candidats », assène Robert P. Jackson. Avant d’enchainer. « Se réveillant tardivement, certains partis d’opposition parlent désormais d’un front commun », s’étonne-t-il en servant cette question capitale. «N’auraient-ils pas dû penser à cela plus tôt ? ».

200 partis divisés
Robert P. Jackson est très critique vis-à-vis de l’opposition camerounaise, du moins ce qui en tient lieu. Surtout sur son émiettement. «Sans toutefois connaitre les résultats officiels de l’élection, c’est clair que la division de l’opposition a sévèrement réduit ses chances de succès. L’opposition n’a pas pu se réunir autour d’une candidature unique et forte », déplore l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, intarissable sur le sujet. « Nous savons tous que la société civile et les partis d’opposition, dont au moins 200 partis sont divisés au Cameroun », insiste-t-il. Robert P. Jackson s’est ainsi déchainé dans son discours prononcé ce mercredi 19 octobre 2011, à l’ouverture de la table ronde postélectorale avec la société civile, vidéoconférence numérique entre Yaoundé et Washington DC. En dehors de l’opposition, Robert P. Jackson s’en est pris aussi aux gouvernants de Yaoundé. Il a saisi cette sortie pour évaluer le processus électoral, mais surtout formuler quelques recommandations à prendre en compte dans le cadre des élections futures.

Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun

Diplomatie: Divergence sur la récompense d’Henriette Ekwe

Le gouvernement n’a pas apprécié des propos utilisés à l’occasion de la récompense d’une journaliste camerounaise par le département d’Etat américain

L’ambassadeur convoqué au ministère des affaires étrangères
Le gouvernement camerounais aurait signifié à Robert P. Jackson sa désapprobation au sujet de propos tenus sur les droits de l’Homme au Cameroun. L’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, a été reçu par le ministre Henri Eyebe Ayissi, en charge des relations extérieures la semaine dernière. Au sortir de la rencontre, le diplomate s’est refusé à tout commentaire. Je n’ai pas de commentaire à faire aujourd’hui. Tout ce que j’ai à dire, c’est que le ministre des Relations extérieures m’a transmis un message à envoyer au Secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Et je suis content de le faire. Merci a fait savoir l’ambassadeur des Etats-Unis à sa sortie d’audience. Selon des sources proches du ministère des relations extérieures, Robert P. Jackson aurait été convoqué en rapport avec l’actualité autour du prix reçu à Washington le 8 mars dernier par la journaliste camerounaise Henriette Ekwe, la rédactrice en chef du journal Bebela. Ainsi, les propos tenus par la lauréate au cours de la cérémonie, et ceux de l’ambassadeur Robert P. Jackson dans une interview accordée à un journal de la place sur la situation des droits de l’Homme au Cameroun, auraient « heurté » les autorités camerounaises. La démarche du ministre des Relations extérieures aurait donc consisté à signifier à la partie américaine la désapprobation du gouvernement camerounais face à ces allégations et à l’édifier sur la situation réelle des droits de l’Homme dans le pays.

Résumé des propos contestés
A l’annonce du prix d’Henriette Ekwe, l’Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, a fait savoir qu’Henriette a été choisie en raison de son courage exceptionnel, son engagement et son leadership dans la promotion de la démocratie, de la transparence, des droits de l’homme et l’état de droit au Cameroun. Elle est un témoignage vivant du courage des femmes à travers le monde qui se battent pour la justice sociale et la liberté politique. Le Cameroun devrait être fier d’elle. Nous espérons que ce prix va inspirer d’autres camerounais à participer activement dans l’évolution démocratique du Cameroun. A la fin des années 80 et au début des années 90, Henriette a été forcée à se cacher, a subi de menaces et a été emprisonnée pour son opposition au système de parti unique. Depuis lors, elle a continué à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance au Cameroun malgré les menaces et le harcèlement. Nous espérons que l’engagement soutenu de madame Ekwe à la démocratie va inspirer les camerounais à s’inscrire sur les listes électorales et à participer pleinement aux prochaines élections législatives et présidentielles. Au Cameroun, la liberté de presse continue d’être fortement marqué par des questions d’ordre publique. La limite entre le délit de presse et le délit de droit commun est très rapidement franchie. Même si de nombreux témoignages de menaces existent, aucun journaliste n’a jusqu’ici été tué en raison de l’exercice directe de sa profession. Par contre plusieurs d’entre eux ont été jetés en prison du fait des dénonciations faites à l’encontre de certaines autorités.

Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun

Crise ivoirienne: l’Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun donne son avis

Sans surprise, le diplomate américain soutient la position officielle de son pays et jette un regard tiré de son expérience en Côte d’ivoire

Soutenir les institutions démocratiques : N’est-il pas temps pour tout le monde de dire: « Nous voulons que nos dirigeants respectent nos choix ! »? La crise actuelle en Côte d’Ivoire a suscité beaucoup de commentaires et de débats parmi les camerounais, en particulier au sujet du rôle du Conseil constitutionnel et des réactions de la communauté internationale, y compris celle des Etats-Unis.
Etant donné que j’ai eu le plaisir de servir en Côte d’Ivoire pendant plusieurs années, j’ai une profonde amitié pour le peuple ivoirien. Je constate donc avec tristesse les tentions actuelles, l’escalade de la violence politique et les nombreuses atteintes aux droits de l’homme orchestrées par l’ancien président Laurent Gbagbo et ses partisans. Puisque cette question est préoccupante pour beaucoup de Camerounais, je voudrais vous donner un bref aperçu de l’engagement politique des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, ainsi que de sa relation avec la politique américaine au Cameroun.

L’élection du 28 novembre dernier a été jugée transparente et fiable par la Commission électorale indépendante, les observateurs nationaux et internationaux accrédités, ainsi que par les Nations Unies. Ils ont tous réaffirmé ces résultats et ont témoigné de leur légitimité, considérant que ces résultats reflétaient la volonté du peuple ivoirien. Cette élection se distingue de celle de 2000, durant laquelle deux des plus importants candidats furent empêchés de se présenter, et qui dériva sur dix ans de troubles politiques et de stagnation économique. Les élections de 2010 ont été perçues pour la Côte d’Ivoire comme une opportunité de sortir des années de crise et pour son peuple d’embrasser la démocratie tant recherchée et réclamée. Cette opportunité ne doit pas être désavouée par un effort évident de manipuler les résultats des élections en annulant les résultats de certaines circonscriptions et privant ainsi de leurs droits des centaines de milliers d’Ivoiriens. La fraude électorale ne fera jamais parti du processus de démocratisation.

Le président Barack Obama a félicité le président Alassane Dramane Ouattara pour sa victoire, mais a noté que la Côte d’Ivoire est aujourd’hui à la croisée des chemins. Il engage toutes les parties, y compris l’ancien président Gbagbo, à reconnaitre et à respecter les résultats de l’élection, et à permettre à la Côte d’Ivoire d’avancer vers un avenir démocratique et pacifique. Le président Obama a également prévenu que la communauté internationale tiendra pour responsables de leurs actes, tous ceux qui agissent pour contrecarrer le processus démocratique et la volonté de l’électorat. Les Etats-Unis soutiennent fermement le vote unanime du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unis qui renouvelle et étend le mandat de maintien de la paix de l’ONUCI. Le Conseil a unanimement réitéré l’engagement de son Secrétaire Général, Ban Ki-Moon, de s’acquitter de sa mission de promouvoir la paix et la stabilité. La décision du Conseil réaffirme fermement que le Président Ouattara a été légitimement élu Président de la Côte d’Ivoire. De nombreux dirigeants africains, y compris le président Ping de l’Union africaine, ont exhorté Monsieur Gbagbo à démissionner pacifiquement. Ces prières sont restées sans réponses.

Les Etats-Unis rejoignent l’Union africaine, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de L’Ouest (CEDEAO), l’Union Européenne et l’Organisation des Nations Unis en exhortant toutes les parties prenantes à respecter la volonté du peuple et le résultat de l’élection. Les Etats-Unis ont agi en harmonie avec la communauté internationale. Le Président Obama a pris cette position parce que les Etats-Unis se soucient de l’avenir politique de l’Afrique. Si vous vous souvenez de son discours historique au Ghana, dans lequel le président Obama rappelait les expériences de son père et grand-père au Kenya, vous pouvez comprendre que nos rapports avec l’Afrique ne peuvent pas être assimilés à un anachronisme colonial du XIXe siècle. Nous soutenons le Cameroun de la même manière que nous soutenons la Côte d’Ivoire: en tant que partenaires et amis pour un avenir meilleur. Ici au Cameroun, nous entreprenons des projets contre les maladies infectieuses en consacrant des ressources énormes au Fond Mondial de la lutte contre le Sida (Global Fund) et à la mission des Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC). Nous augmentons notre contingent de volontaires du Corps de la paix, afin d’aider le Cameroun à se développer à la base. Nous promouvons l’accès au marché américain à travers une exemption de taxes douanières et fiscales sur des milliers de produits camerounais. Et nous fournissons de la formation et de l’équipement dans le Golfe de Guinée afin de le sécuriser et de faciliter le développement économique et le tourisme. Le désir des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, au Cameroun et dans tout autre pays est celui d’y voir un processus électoral libre, équitable et transparent. Au moment où le Cameroun prépare ses propres élections en 2011, les Camerounais s’attendent à ce que les résultats soient respectés par tous les candidats qui participeront aux élections. C’est cette même attente que le peuple de Côte d’Ivoire avait, mais dont il a, jusqu’à présent, été privé.

Robert P. Jackson sans surprise soutient la position officielle de son pays
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Un lecteur parle de Michael Jackson

« Et si son seul tort était d’avoir atteint cette excellence à laquelle il était d’emblée exclu par un système? »

Mardi soir encore, devant les écrans de télévision pour certains, l’émotion, la tristesse et la douleur sont allées encore plus loin dans la conscience planétaire face à l’hommage rendu à Michael Jackson au Staples Center. Sentiments et émotions qui nous habitaient déjà dès l’annonce le 24 juin dernier de la mort de celui qui, comme nul autre artiste, aura marqué son siècle tant par son génie pour la majorité que par ses frasques pour une insignifiante partie. Mais pour de nombreuses personnes, à sa façon, comme MLK ou Rosa Parks, Michael Jackson aura contribué à briser certaines épaisseurs, à défoncer certaines barricades et à ouvrir des portes qu’un système avait pris la peine de fermer au nom de la supériorité des races. MTV qui ne voulait pas de noirs était contraint d’ouvrir ses portes à « Beat It » et par la suite aux autres noirs pour ne citer que cet exemple là.

Ces émotions, cette tristesse, cette douleur que de milliers de personnes ont ressenties pour celui qui par sa musique, ses actes a, le mieux, su réaliser les propos de MLK, lanceront-elles le signal à partir duquel de nouvelles façons de s’affronter tout en se respectant donneront un autre sens à la vie commune? Il n’en est pas bien sûr.
Ses actes le placent également au sommet de ce qu’il a réalisé avec sa musique. On ne le dit jamais assez, mais Michael Jackson a uvré pour la famine, l’enfance, l’environnement bref pour l’humanité de manière concrète, là ou politiciens de tous bords et autres illusionnistes pérorent et brillent par des formules creuses et vaseuses.

L’acharnement de cette même insignifiante partie de la population représentée par certains médias et politiques sur un « mort » prouve en effet que la société, toujours prompte à s’approprier les belles « histoires », de se sentir responsable des « rêves » est tout aussi incapable de se montrer responsable et de s’approprier les « cauchemars » qu’elle engendre pourtant. Aimé Césaire disait à ce propos : « une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde ». Moribonde parce qu’elle se refuse à faire une introspection de ses propres agissements et ruse en refusant d’assumer ses nombreuses et gravissimes fautes. Elle accable, elle s’acharne, prédatrice, elle se rue sur sa proie et l’extermine.

Et si finalement le tort de Michael Jackson aura été de ne pas être là où on l’attendait. C’est-à-dire refuser de pactiser avec la médiocrité, seul référentiel admis aux gens de sa condition. On n’attendait pas de lui comme de tous les noirs généralement, qu’il aspire à l’excellence dans ces sociétés qui définissaient et définissent encore et toujours dès la naissance les destinés selon que l’on est du bon ou du mauvais côté à partir des critères préétablis. En réécrivant, en redéfinissant tous les codes dans lesquels le noir devrait forcément se reconnaître parce que voulus par le système, il enfreignait la loi établie et le sort ne pouvait être que celui de la calomnie, de l’humiliation, de la mort. Martin Luther King qui était pourtant non-violent et qu’on ne soupçonne même pas d’avoir « violé » un enfant a-t-il connu meilleur sort? Non ! Son tort était d’avoir montré au système l’une de ses plaies, la culture de la haine et de lui avoir intimé qu’une autre façon de concevoir les rapports humains est possible. Discours ou propos repris à son compte par Michael Jackson aussi.

Allons enquiquiner les certitudes de ces hitlériens de la pensée, de ces disciples de Gobineau et consorts qui prennent la bible à témoin ce, même dans leurs constitutions ou leurs institutions juridiques car se revendiquant dignes héritiers. La tradition biblique n’apprend-elle pas aux humains que nous sommes que la paix, l’amour entre les peuples, valeurs que nous prétendons poursuivre étaient incarnées en Jésus Christ ? Pourquoi donc, si ces valeurs sont les nôtres ou du moins sont celles auxquelles nous croyons, l’a-t-on tué ? N’est-ce pas parce les siennes allaient à l’encontre des iniquités et de la haine qui sont en réalité ces valeurs qui nous motivent et qui nous permettent de systématiquement éliminer ceux qui prônent le contraire ? N’est-ce pas parce qu’il montrait à ce système là, sa belle hideur ?

On pourrait ainsi multiplier des exemples et aussi on trouvera que le propos est exagéré. Mais Albert Memmi le dit si bien : « On dit toujours que quelqu’un exagère quand il décrit une injustice à des gens qui ne veulent pas en entendre parler ».

Michael n’a jamais cessé de rêver et c’est ce rêve qui a changé le monde… Il a ouvert le monde entier, le monde de la musique, il a mis un gant, a remonté son pantalon et ouvert le rideau.. C’est Michael Jackson qui nous a fait chanter  » We are the World » et qui a lutté contre la faim… Parce que Michael Jackson a continué à avancer… grâce à lui tous ceux qui se sentaient isolés aux quatre coins du monde se sont connectés… Michael s’est toujours relevé Michael ne s’est jamais arrêté…
Al Sharpton pendant son homélie

Nous avons envie de rajouter à cette belle démonstration du révérend Al Sharpton que Michael Jackson a, en plus de rêver, matérialisé, rendu réalité les propos que bien avant lui, prononçait le révérend Martin Luther King ; car excellent dans son travail il a été et réunificateur il l’aura tout autant été. Qu’est-ce que donc quelques baves et salves haineuses peuvent-elles contre tant d’amour témoigné à cet enfant béni dont la grâce, le génie, l’intelligence ne répondaient ni de la seule volonté ou encore de la seule parole de l’humain ou de quelconque système aussi inique ou juste soit-il car n’émanant pas de lui ? Rien !

A-t-on encore le droit de s’étonner ou de s’emporter lorsqu’après lecture des écritures dites saintes, de voir qu’un simple homme finalement est persécuté pour ce qu’il représente quand nous savons que la calomnie et l’humiliation furent avant sa mort, le quotidien du Christ? Les chrétiens et ceux qui se revendiquant tels peuvent mieux que quiconque répondre à cette interrogation.

Peter King, un élu de New-York au congrès américain déclare je cite :  » Michael Jackson était un pervers, quelqu’un qui abusait des enfants, un pédophile. Et lui donner une telle couverture en dit long sur notre pays. Je pense que nous étions trop politiquement corrects ». C’est le cri du désespoir d’une haine qui peine à se contenir. On a simplement envie de poser la question suivante : L’apolitiquement correct ou le politiquement incorrect serait donc de ne plus tenir compte des jugements de justice ? Ou alors de monter à nouveau des escadrons de KKK pour produire à nouveau « the strange fruit » comme le chantait Billie Holiday la première fois au café society à New York ? Tenez donc !

Cette salve aurait eu un peu de poids, si la société à laquelle appartient le sieur Peter King n’avait pas montré l’objectif de la cabale, de l’acharnement sur Michael Jackson : sa cupidité sans bornes; celle qui va jusqu’à monnayer l’honneur d’un enfant dit-on, abusé par un pédophile. Est-ce le sort de tous les pédophiles que d’être en liberté dans votre société monsieur Peter King même avec une culpabilité avérée comme vous le dites ? Peter King a oublié que dans son paradigme l’argent est bien au dessus de l’honneur. Celui-ci se lave très rapidement avec quelques millions de dollars. Auriez-vous pris une poignée de dollars pour laver l’affront subi, si cela avait été votre fils ? Un tel manque d’élégance qui symétriquement montre la pusillanimité du personnage ne contribue qu’à renforcer la dérive d’une société que James Baldwin qualifiait à juste titre «d’insondable cruauté » et met en évidence la mince épaisseur qui entretient le vivre-ensemble.

Tout cet acharnement n’aura au bout du compte pas raison de l’amour indéfectible que Michael Jackson aura crée, suscité entre les individus malgré les barrières et frontières que ces hitlériens de la pensée, ces adeptes de Louis Agassiz et autres affabulateurs ont érigées et tentent d’imposer à coups de mensonges. Et s’il réside encore un semblant, un ersatz de dignité en la société, il est temps de le prouver en se terrant dans le silence car votre silence aurait été plus craint que vos injures ainsi le rappelait Jean Racine.
Michael Jackson n’aura été finalement accepté par ce système que par sa capacité à remplir les poches des vautours qui lui crachent aujourd’hui dessus et non pour ce qu’il a été c’est-à-dire un Homme comme vous et moi avec ce génie en plus qui le plaçait au-dessus et l’a amené à swinguer avec l’excellence.

A mon tour de te dire Thank you Mike !

Michael Jackson
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Culture: l’Afrique pleure Michael Jackson

Au cours de sa carrière, l’artiste a eu des liens très forts avec le continent

Sans surprise, le monde entier a été secoué par le décès du roi de la pop, Michael Jackson à l’âge de 50 ans, le 25 juin 2009 des suites d’un arrêt cardiaque à son domicile à Los Angeles aux Etats-Unis. Cette disparition subite a également bouleversé le continent africain, car nombreux sont ceux qui se souviennent de la venue de l’artiste plus d’une fois sur le sol africain. Après une tournée internationale en Australie et au Japon avec ses frères réunis encore au sein du groupe familial « Jackson Five », Michael débarque sur le vieux continent pour la première fois à l’aube de l’année 1974. Comme on sait bien le faire en Afrique, Michael et ses frères sont accueillis à l’aéroport de Dakar au Sénégal, à grand renfort de tam-tam, de trompettes, bref des percussions que manient majestueusement les danseurs traditionnels. Le groupe est bien sûr émerveillé et rend si bien cet amour incommensurable que lui donne les sénégalais et partant tous les africains, lors de 3 grands concerts qui se déroulent au stade Demba Diop et au théâtre national Daniel -Sorano. Après cette première expérience africaine totalement réussie, le continent occupe dorénavant une place de choix dans le c ur de Michael. 11 ans après, alors qu’il règne sur l’univers de la musique grâce à l’immense succès de son opus « thriller » qui pulvérise tous les records, Michael Jackson, artiste très sensible et au grand c ur, décide de mettre sa popularité au service des causes humanitaires.

Michael Jackson
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Michael Jackson au service de l’Afrique
Des problèmes tels la famine en Ethiopie minent le continent. L’artiste entame alors un ambitieux programme de collecte des fonds pour venir en aide aux populations en souffrance. Naît la chanson culte: we are the world. A l’écriture, Michael et Lionel Richie. Il réussi le pari de regrouper une cinquantaine de célébrités américaines au sein du collectif : USA for Africa, (United Support of Artists for Africa). La chanson est enregistrée à Los Angeles en 1985. Se succède derrière le micro les artistes comme Bruce Springsteen, Steve Wonder, Ray Charles, Tina Turner, Diana Ross. Selon Quincy Jones, le producteur du single, le but est double : réunir les fonds pour lutter contre la famine en Ethiopie, mais profiter aussi pour attirer l’attention des uns et des autres sur l’urgence de venir en aide aux populations qui souffrent. Le single est vendu à plus de 7 millions d’exemplaires. Plus de 50 millions de dollars américains sont également récoltés pour la cause. Mais Michael ne s’arrête pas là, dans les années 90, il visite plusieurs pays africains dont le Sénégal, l’Egypte, la Côte d’ivoire, la Tanzanie, Gabon… Il est accompagné dans cette tournée de près de 2 semaines, de ses frères et s urs. Il ne serait pas superflu d’estimer que le clan Jackson renouait ainsi avec leurs véritables origines, et venir sur la terre de leurs ancêtres devait être comme entrer au paradis après avoir erré dans l’enfer de l’inconnu. D’ailleurs, cette tournée africaine est baptisée: « Come Back To Eden », c’est-à-dire retour au paradis. Si les fans espéraient voir l’artiste sur scène, il n’en a rien été. En effet, Michael se présente non pas comme le roi de la pop qu’il l’est et le reste, mais plutôt comme un homme qui se soucie des conditions de vie de son peuple. L’humanité prend rapidement place sur l’artistique et son lot de frivolité. Aucune date de concert n’est arrêtée, Michael s’atèle à toucher du doigt les réalités africaines et se rend dans les écoles, hôpitaux et autres orphelinats. Au Gabon, fidèle à son habitude, le défunt président Omar Bongo ne manque pas de saluer l’action de l’artiste en le décorant. Il faudra attendre quelques années plus tard, pour que la pop star remonte sur les planches en Afrique. Cette fois, c’est la Tunisie, qui l’accueille. 60 000 personnes se ruent au stade d’El Mensah de Tunis pour ovationner l’artiste. 1997, ce sont plus de 200 000 spectateurs qui sont présents dans les différentes villes d’Afrique du sud lors de ses concerts. En 2004, il se rend à Washington et tente de mobiliser la communauté internationale ainsi que les décideurs américains, cette fois sur l’importante de lutter contre les ravages du Sida en Afrique. Emue, l’association des épouses des ambassadeurs africains aux Etats-Unis, remet une distinction à la star pour la noble cause qu’il défend.

Michael et l’Afrique, c’est aussi cette affaire qui l’a opposé au célèbre saxophoniste camerounais Manu Dibango qui l’a accusé d’avoir plagié sans son accord, un extrait du titre « soul makossa » dans son tube « Wanna be startin’ somethin’ ». Après des années de procédure, les 2 parties ont trouvé un arrangement à l’amiable selon Manu en 2009. Il reconnaît qu’avec la disparition de Michael Jackson, le monde perd un très grand artiste. Mais comme dit l’adage : un artiste ne meurt jamais !


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