Attentat de Tchakamari: Paul Biya adresse son réconfort aux victimes

Le chef de l’Etat camerounais a adressé mercredi ses condoléances aux personnes durement éprouvées par l’attaque de Boko Haram dans la localité de Tchakamari survenue le 19 avril. Il a choisi les réseaux sociaux pour le faire.

 Le président Paul Biya, élu à la dernière élection présidentielle pour un nouveau septennat allant jusqu’en 2025, a posté mercredi, son message de condoléances aux victimes de l’attentat du 18 au 19 avril  à Tchakamari (Extrême-Nord).

«Suite aux dernières attaques perpétrées par le groupe terroriste « Boko Haram » dans l’Extrême-Nord Cameroun, j’adresse mes sincères condoléances aux familles des victimes, mes vœux de prompt rétablissement aux blessés, ainsi que mes souhaits de réconfort aux sinistrés», peut-on lire sur sa page officielle.

Ce message, qui arrive près de six jours après le drame, rompt avec le silence habituellement observé par le président de la République lors des tragédies au Cameroun. Le nom de la localité où le drame s’est produit, Tchakamari, tout comme le nombre de victimes et les circonstances de leur mort, ne figurent pas dans le message de condoléances. Des éléments, selon des internautes, qui auraient pu donner un ton plus personnel au message présidentiel. Ils ne manquent d’ailleurs pas l’occasion de dire ce qu’ils pensent.

-De vives critiques montent sur la toile-

«Quand la pression de la communauté internationale monte le peuple camerounais devient subitement considéré», a commenté un internaute à la suite du post présidentiel. Comme lui, nombreux sont les followers du chef de l’Etat à poser un regard critique sur son message de réconfort. «Ils n’ont pas d’Internet pour lire ton soi-disant message de réconfort, alors… Il faut envisager un déplacement sur les lieux…question de proximité», écrit un second internaute. «Pour une fois il se soucie du sinistre qui arrive aux Camerounais? Bref, c’est pas lui qui a écrit», lit-on encore.

«La lette de réconfort doit être faite de manière officielle comme toute autre lettre adressée aux gouvernements pour compatir aux différents drames qui les frappent. Sur ce, Président, permettez-moi de vous dire que nous n’allons pas marcher dans la rue en faveur de la non-intervention des casques bleus. Si la rue ne peut rien face au BIR [Bataillon d’intervention rapide], ce n’est pas face aux casques bleus qu’elle pourra résister», appui un autre followers de Paul Biya.

En rappel, les éléments de la secte terroriste Boko Haram ont mené une incursion dans la nuit du 18 au 19 avril, aux environs de 22h, dans la localité de Tchakamari. Ils ont mis le feu aux habitations faisant ainsi onze morts et plusieurs blessés. Cet attentat est le deuxième enregistré dans ladite localité après les premiers attentats en 2015 au terme desquels une dizaine de personnes avait péri.

 

 

Cameroun: 25 juillet 2015, des survivants racontent les attentats de Maroua

Plus de trois ans après les attentats perpétrés par Boko Haram à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord, des rescapés racontent les événements qui ont laissé des séquelles sur leurs corps et leur mental. Témoignages.

La première chose qui frappe lorsqu’on regarde Oumarou, c’est son œil droit, du moins ce qu’il en reste. Ensuite il y a sa démarche. Oumarou claudique légèrement et sa jambe gauche porte de grandes cicatrices. Bien sûr, l’homme a dû faire de grands efforts pour les montrer. Et sa main gauche alors, il y a longtemps qu’elle ne lui sert plus à rien. Oumarou porte à jamais les séquelles de l’attentat-kamikaze survenu à Maroua, dans son quartier, non loin de sa maison, le samedi 25 juillet 2015. Le deuxième enregistré au Cameroun après Fotokol.

Il n’oubliera «jamais» ce jour, ni la jeune fille à l’origine du drame. C’est qu’Oumarou était aux premières loges quand le pire est survenu et il est l’une des dernières personnes à avoir été en contact avec la jeune kamikaze.

«A l’époque, il y avait une salle de jeu ici et un bar là, se souvient-il, et j’étais assis juste dehors avec quelques six jeunes du quartier. Elle est arrivée ce jour-là comme une mendiante. Elle tenait une petite assiette dans sa main».

Cet ancien pensionnaire du Koït club de Maroua se rappelle que: «Nous étions assis avec quelques voisins. Un voisin l’a chassé, il se méfiait parce qu’on nous avait déjà dit que les filles de Boko Haram arrivaient souvent voilées donc les gens avaient vraiment peur. Elle s’est un peu avancée et elle est venue devant moi, elle m’a tendu l’assiette. Moi je n’avais rien mais quelqu’un lui a donné une pièce. Elle a fait semblant de s’éloigner dans la rue puis elle a fait demi-tour et elle est revenue vers le carrefour et là elle a enclenché la charge explosive.»

La scène se déroule dans l’après-midi et à ces moments-là le secteur est bondé de monde. Aujourd’hui encore, cela n’a pas changé, le quartier étant densément peuplé et très fréquenté. L’endroit a donc été choisi pour ce détail, afin de faire un maximum possible de victimes. «Il y avait du sang ici partout. On retrouvait des morceaux de chair humaine collés sur les murs et par terre. La jambe de la fille en question a été projetée devant notre maison [protégée par une barrière haute, Ndlr]. De nombreux voisins sont morts et d’autres ont été blessés», se souvient Oumarou.

Une vingtaine de personnes ont perdu la vie ce jour-là, dans un double attentat dont le second a eu lieu quelques kilomètres plus loin, au marché central de Maroua. Près de 79 blessés ont également été enregistrés. «C’était la première fois qu’on voyait autant de corps et de sang regroupés en seul lieu», raconte le journaliste Aminou Alioum. Il a assisté à tous ces évènements d’un autre genre et se souvient que des mesures sécuritaires drastiques avaient été adoptées dans la ville

«J’ai cru que c’est moi qui avait déclenché cette explosion»

 «J’étais assis dans ma boutique lorsqu’on a entendu l’explosion qui s’est produite au quartier Bamaré. Nous nous sommes tous placés chacun devant sa boutique et on regardait en direction du quartier d’où venait le bruit. J’ai dit à mes voisins que je pars regarder ce qui se passe là-bas. J’étais à peine sorti, que tout a explosé ici. Je suis tombé», raconte Abdouraman, commerçant au marché central de Maroua.

Il est l’une des victimes du deuxième attentat perpétré à Maroua en date du 17 juillet 2015, à quelques minutes d’intervalle. «J’ai pensé que j’avais piétiné une mine, que c’est moi qui ai déclenché cette explosion. J’étais par terre et je n’arrivais pas à me relever. J’ai crié à l’aide et des gens m’ont porté dehors. C’est là que j’ai vu l’état de ma jambe, elle était toute déchiquetée. On m’a amené à l’hôpital et j’ai subi une double amputation. J’ai passé plus de six mois interné

L’explosion a occasionné d’importants dégâts matériels, de nombreux blessés. Mais aussi des morts. Abdouraman se souvient de la triste disparition du propriétaire de la boutique face à la sienne. Celui-ci est décédé dans sa boutique au moment de l’explosion. Son fils aîné aussi. «On l’a retrouvé deux jours après sur les rouleaux de tissus. Son père a, quant à lui, été déchiqueté. Aujourd’hui, c’est le fils cadet qui a repris le commerce.»

«Dès qu’une fille entrais dans ma boutique, je fuyais»

 Aminou Alioum, un journaliste qui a vécu tous ces évènements, raconte la psychose et le traumatisme qui ont suivi ce jour funeste. Le marché central est resté fermé durant des semaines avant que les plus courageux ne viennent voir ce qu’ils restaient de leurs marchandises, rapporte-t-il. Lui-même n’y a plus remis les pieds jusqu’à ce mois d’avril 2019, d’autant plus qu’une mosquée a été construite à proximité, renforçant le «sentiment d’insécurité.

Abdouraman a gardé des séquelles psychologiques. «J’ai voulu m’installer ailleurs à ma sortie d’hôpital, mais il n’y avait pas moyen», lance-t-il ému. «On était tous apeurés. Personne ne se sentait en sécurité. J’avais toujours l’impression que le cauchemar pouvait recommencer et lorsqu’une fille entrais dans ma boutique pour acheter quelque chose, je lui disais seulement que je n’ai pas ça, je fuyais. J’avais peur de toutes les femmes parce que je ne savais pas d’où pouvait venir le danger. Il arrive encore des moments où je me sens comme cela».

-La grogne des rescapés-

Oumarou et Abdouraman gardent ces souvenirs enfouis en eux. Ils n’ont pas non plus oublié que le gouvernement ne leur a «rien donné». Même pas un franc, jurent-ils. Oumarou se souvient juste avoir bénéficié des soins gratuits à l’hôpital. Abdouraman, lui, a dû sortir l’argent de sa propre poche. «On a jamais reçu de soutien. Ceux qui n’avaient plus d’argent pour payer leurs soins quittaient l’hôpital. On avait envoyé des médicaments pour nous mais les infirmières les revendaient à d’autres patients et nous-mêmes on n’avait rien. Le gouverneur était venu nous voir, on le lui a dit mais il n’a rien fait. Même pour reconstruire nos boutiques, nous avons dû chercher notre argent et la municipalité nous demandait de payer nos places ou de partir».

Abdouraman s’est reconstruit. Bien sûr sa mercerie n’est plus aussi fournie qu’avant le drame, mais il «tient le coup».

Boko Haram a mené 200 attaques à l’Extrême Nord-Cameroun depuis juillet 2015

Amnesty International souligne que les combattants de ce groupe terroriste ont assassiné et enlevé des centaines de civils et ont attaqué et incendié des villes et des villages

Entre juillet 2015 et juillet 2016, environ 200 attaques ont été menées par Boko Haram, dont 46 attentats-suicides, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, tuant presque 500 personnes, indique, une note publiée le 30 juin 2016 sur le site d’ d’Amnesty International.

Depuis 2014 au moins, le groupe armé Boko Haram commet de graves atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire au Cameroun, ses combattants ont assassiné et enlevé des centaines de civils et ont attaqué et incendié des villes et des villages.

En dehors des civils, les attaques de Boko Haram au sein des forces de sécurité ont fait 67 morts depuis 2014.

En 2015, Boko Haram a sensiblement intensifié ses attaques au Cameroun, en recourant aussi aux attentats-suicides, révèle Amnesty.

La fréquence des attaques de Boko Haram dans le Nord du Cameroun a atteint son paroxysme entre novembre 2015 et fin janvier 2016, avec un record d’un attentat tous les trois jours, janvier dernier a été le mois le plus meurtrier, avec au moins neuf attentats-suicides, qui ont entraîné la mort de plus de 60 civils.

Les civils sont en première ligne des dommages causés par les attentats-suicides, ils sont délibérément ciblés par des attentats visant des marchés, des mosquées, des églises, des écoles et des gares routières.

Ainsi, le 10 février dernier, dans la ville de Nguéchéwé, à environ 60 km de Maroua, deux femmes se sont fait exploser lors d’un enterrement, tuant au moins neuf civils, dont un enfant, et blessant plus de 40 personnes, rapporte Amnesty.

Quelques jours plus tard, le 19 février dernier, deux autres femmes commettaient un attentat-suicide, qui a entraîné la mort de 24 civils au moins et en a blessé 112 autres, dans un marché du village de Mémé, non loin de Mora.

L’un des aspects les plus perturbants des attentats-suicides de Boko Haram au Cameroun, mais également au Nigeria, au Tchad et au Niger, est le recours à des enfants pour commettre ces attentats.

La plupart des attentats-suicides commis par Boko Haram au Cameroun impliquent des jeunes femmes et des filles et l’Organisation des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef) indique avoir recensé dans l’ensemble des pays affectés par Boko Haram 40 attentats-suicides impliquant un enfant au moins, entre janvier 2014 et février 2016.

L’agence des Nations unies a souligné que, parmi ces 40 attentats, 21 se sont déroulés au Cameroun, les forces de sécurité camerounaises ont expliqué à Amnesty International que des filles se déplaçant à pied sont de plus en plus utilisées pour commettre des attentats dans des endroits bondés, dans la mesure où elles franchissent les contrôles de sécurité plus facilement que les garçons.

Amnesty International a recueilli des informations sur les activités de Boko Haram et les a condamnées parce que les membres du groupe se sont rendus coupables d’atteintes aux droits humains et au droit humanitaire, qui constituent des crimes de guerre.

L’organisation a également appelé le gouvernement camerounais à prendre toutes les mesures légales nécessaires pour protéger les civils contre ces exactions.

Pour faire face à la menace que représente Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, les forces de sécurité camerounaises ont déployé des milliers d’agents supplémentaires pour tenter de protéger les civils des attaques et éviter que le territoire ne tombe aux mains du groupe armé.

Les tactiques violentes de Boko Haram et ses opérations transfrontalières ont compliqué les actions des forces de sécurité et l’identification de ses membres s’avère difficile.


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Boko Haram a utilisé 21 enfants dans des attentats-suicides au Cameroun en 2015 (Unicef)

C’est ce qui ressort du rapport publié mardi par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, lequel analyse les effets du conflit sur les enfants

Deux jours avant le deuxième anniversaire de l’enlèvement par Boko Haram de plus de 200 lycéennes nigérianes, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance publie le rapport intitulé Au-delà de Chibok. Le document de neuf pages analyse les effets du conflit sur les enfants dans les quatre pays où sévit la secte islamiste Boko Haram: Cameroun, Nigéria, Tchad et Niger.

Le rapport révèle que Boko Haram a utilisé des enfants dans un attentat-suicide sur deux au Cameroun en 2015. 21 mineurs, à majorité des filles, ont été impliqués dans 39 attaques à la bombe dans la région de l’Extrême-Nord du pays.

Ce sont au total 44 enfants issus du Cameroun (21), du Nigéria (17), du Tchad (02), et du Niger (04) qui ont agi dans 151 attaques à la bombe au courant de l’année écoulée contre 4 dans 32 actes terroristes en 2014.

«Comme les attaques-suicides impliquant des enfants sont devenues ordinaires, certaines communautés commencent à considérer les enfants comme des risques pour leur sécurité. Cette suspicion envers les enfants peut avoir des conséquences dévastatrices ; comment une communauté peut-elle se relever quand elle rejette les s urs, les filles et les mères de ses propres familles ?», a indiqué le directeur régional de l’Unicef pour l’Afrique occidentale et centrale, Manuel Fontaine, dans un communiqué parvenu à journalducameroun.com.

Le rapport «Au-delà de Chibok» note qu’actuellement dans les quatre pays identifiés: près de 1,3 million d’enfants ont été déplacés, 5000 sont signalés comme étant non accompagnés ou séparés de leurs parents et 1800 écoles ont été fermées, endommagées ou sont utilisées comme des abris pour des déplacées. Pour continuer à apporter une aide adéquate, l’Unicef, organisation du système des Nations Unies qui promeut les droits et l’épanouissement des enfants, invite ses partenaires à accroître leurs engagements.

Capture d’écran
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Le chef de l’Etat camerounais condamne les attentats de Côte d’Ivoire

Dans un message de condoléance adressé mardi à son homologue ivoirien, Paul Biya, a dénoncé les actes «lâches et odieux» perpétrés à Grand-Basssam

Le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, a qualifié d’« actes lâches et odieux » les attentats terroristes survenus dimanche sur la plage de la localité ivoirienne de Grand-Bassam et revendiqués par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Dans un message de condoléances à son homologue Alassane Ouattara, il a dénoncé des « actes posés par des adeptes de la violence et de la terreur ».

Il lui a aussi adressé, ainsi qu’aux familles des victimes et au peuple ivoirien endeuillé, ses sincères condoléances auxquelles il a joint ses souhaits de prompt rétablissement aux blessés.


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Des présidents africains se mobilisent après les attentats de Grand-Bassam

Les chefs d’Etat Faure Gnassingbé du Togo et Thomas Yayi Boni du Bénin se sont rendus mardi à Abidjan pour témoigner solidarité et compassion aux Ivoiriens

Les présidents Faure Gnassingbé du Togo et Thomas Yayi Boni du Bénin sont arrivés mardi, 15 mars 2016, dans l’après-midi, à Abidjan pour témoigner la solidarité et la compassion de la sous-région ouest-africaine à l’égard de la Côte d’Ivoire après l’attaque meurtrière de Grand-Bassam. Les deux présidents ont été reçus par leur homologue ivoirien Alassane Ouattara au palais présidentiel du Plateau.

Quarante-huit heures après les attaques meurtrières de Grand-Bassam, Faure Gnassingbé et Thomas Yayi Boni sont les premiers présidents à se rendre sur place en Côte d’Ivoire. Les hôtes du chef de l’Etat ivoirien ont fortement condamné ces massacres avant de féliciter les forces de défenses pour leur efficacité sur le théâtre des opérations. Le président togolais a souhaité que la lutte contre le terrorisme s’amplifie au niveau sous régional et même international. « Le terrorisme ne se combat pas seul, a déclaré Faure Gnassingbé. Il y a les réponses nationales qui ont leur importance mais elles doivent être complétées, amplifiées, par réponses régionales et même internationales. C’est pourquoi, autour du président Alassane Ouattara, et dans le cadre approprié, nous allons pouvoir réfléchir à cette question-là ».

Allant dans le même sens, le président Yayi Boni a insisté sur la mutualisation des efforts des pays de la sous-région. Pour lui, elle doit se faire dans les plus brefs délais afin d’apporter une réponse beaucoup plus efficace face au terrorisme.

Le chef de l’Etat ivoirien a annoncé une réunion des ministres de la sous-région en charge de la sécurité mais a surtout précisé que son pays sera plus fort pour affronter une situation similaire. « Est-ce que nous nous attendions à une telle attaque, s’est interrogé le président ivoirien. En tout cas, nous étions préparés après ce qui est arrivé à Ouagadougou et à Bamako. Nous avons révélé que nous avions détruit quelques tentatives d’attentats. Bien évidemment, nous serons encore plus forts maintenant ».

A la fin de leur visite, les deux présidents se sont rendus à Grand-Bassam où ils ont déposé une gerbe de fleurs près de la plage avant de regagner l’aéroport Felix-Houphouët-Boigny d’Abidjan.

Les présidents du Togo (gauche) et du Bénin (droite) aux côtés du président Alassane Ouattara
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Michaëlle Jean condamne les attentats survenus lundi au Cameroun

La SG de l’OIF a tenu à manifester « sa solidarité » avec le peuple camerounais condamné à se battre contre des gens « sans foi ni loi » qui vont à l’encontre des valeurs d’humanisme

La Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean, a condamné « avec la plus grande fermeté » les attentats-suicides commis lundi dernier à Bodo (Extrême Nord du Cameroun) et ayant fait 32 morts et une soixantaine de blessés.

« Ces attaques terroristes contre des populations civiles qui vivent sous la menace permanente du groupe Boko Haram, sont d’une effroyable cruauté et doivent être condamnées de la manière la plus ferme », a déclaré la secrétaire générale de l’OIF dans un communiqué.

Michaëlle Jean ajoute qu’elle manifeste « sa solidarité » avec le peuple camerounais condamné à se battre contre des gens [i « sans foi ni loi » qui vont à l’encontre des valeurs d’humanisme.

Après une période d’accalmie, la secte terroriste nigériane Boko Haram multiplie des attentats-suicides dans la région de l’Extrême-nord.


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Les attentats à l’Extrême-Nord en couverture des journaux camerounais

Les attentats terroristes survenus lundi 25 janvier au marché de Bodo occupent une place de choix dans les éditions de journaux parus mardi

Quatre attentats à la bombe ont fait 32 morts (dont les terroristes eux-mêmes) ainsi que plusieurs blessés enregistrés dans cette place populaire, détaille le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui relaie un communiqué du gouvernement sur la question.

«La nébuleuse islamiste a encore frappé», acquiesce Mutations qui constate que c’est depuis 2013 que le mouvement jihadiste a inauguré la tactique des bombes humaines, l’attaque de Bodo comptant parmi les plus meurtrières commises sur le sol camerounais.

«Le Cameroun a renforcé sa présence militaire en 2013 à la frontière nigériane pour endiguer la montée en puissance des islamistes. Actifs dans le nord-est du Nigeria, ceux-ci se servaient du nord du Cameroun voisin comme base arrière et lieu d’approvisionnement en armes, véhicules et marchandises.»

«C’est le bain de sang qui se poursuit à l’Extrême-Nord», s’étrangle The Guardian Post qui revient également sur le macabre bilan du début de la semaine ainsi que sur les récents méfaits de la secte dans des zones frontalières avec le Nigeria.

Les militaires camerounais continuent pourtant de porter de rudes coups aux terroristes de Boko Haram, renchérit Le Jour qui indique que, le 22 janvier au c ur de la nuit, des soldats du bataillon des troupes aéroportées stationnés à Achigachia ont tendu une embuscade à des hommes lourdement armés venus du Nigeria.

Les assaillants ont alors été mis en déroute, explique la publication qui affirme que, dans leur fuite, les terroristes ont abandonné les corps de deux d’entre eux avec autant de fusils d’assaut AK 47, trois boîtes de chargeurs garnies de balles, deux grenades défensives et deux porte-tout, ont été retrouvés près des corps.

Mais les soldats camerounais ne sont pas indemnes de tout reproche dans leur offensive contre Boko Haram, tempère Emergence qui signale plusieurs cas d’indiscipline et d’exactions : certains actes répréhensibles, posés par des soldats, renvoient au sein de l’opinion une image négative de l’armée, «petit à petit, les notions d’éthique et de déontologie désertent les rangs».


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Cameroun: Boko Haram s’impose à notre souvenir.

Les attentats terroristes perpétrés par la secte lundi dans l’Extrême-Nord occupent les colonnes des quotidiens nationaux et internationaux

Quadruple attentat suicide hier à Bodo dans le nord du Cameroun : quatre jeunes filles transformées en véritables bombes humaines ont pulvérisé le marché du village. Trente-deux personnes, dont des femmes et des enfants, sont mortes déchiquetées.

« Le Cameroun est en guerre », s’exclame le bihebdomadaire camerounais L’ il du Sahel qui nous apprend que l’artillerie camerounaise pilonnait hier soir des positions de Boko Haram dans la localité Nigériane de Wumbi.

« Les Africains ont intérêt à ne pas relâcher la vigilance ou à se laisser gagner par l’indolence. face au terrorisme. Car ce mal du siècle semble bien avoir installé ses quartiers sur le continent », estime le site d’information guinéen Ledjely.com.

« Au point qu’hier, alors que les Burkinabè marchaient pour la mémoire des leurs qui sont tombés lors des attaques terroristes d’il y a une semaine à Ouagadougou, d’autres islamistes se faisaient une nouvelle fois entendre dans l’extrême nord du Cameroun. (.) La réalité demeure la même, soupire Ledjely.com. Les terroristes sont plus que d’impromptus visiteurs sur le continent africain. Qu’ils s’appellent Aqmi, Boko Haram, Ansar-Dine, Shebabs ou encore EI, ils y ont de plus en plus des bases qu’ils contrôlent et à partir desquelles ils peuvent agir à leur guise. »

Pieds de nez
« Quand Boko Haram féminise le crime. », s’exclame pour sa part le site Guinée Conakry Infos. « Le jihadisme se féminise indubitablement sous la férule criminelle de Boko Haram qui a frappé hier le Cameroun, comme il ne l’avait jamais fait. Quatre jeunes filles qui se font exploser, emportant dans leur cynisme plus de 32 victimes, lâchement assassinées et une soixantaine de blessés qui vaquaient à leurs affaires, aux environs du marché du village de Bodo. « 

Un véritable pied-de-nez, pointe encore le site guinéen, car « ce quadruple attentat-suicide intervient dans un contexte où les pays de la sous-région tentent d’unir leurs efforts, de capitaliser leurs moyens et stratégies de lutte, afin de freiner voire éradiquer les assauts macabres de Boko Haram. »

« Cela faisait quand même quelque temps qu’on n’avait plus entendu le groupe jihadiste, relève pour sa part L’Observateur Paalga à Ouaga. C’est que la coalition militaire des Etats membres du Bassin du lac Tchad avait sérieusement touché les reins du Chacal, métaphore animalière pour désigner le lugubre chef de Boko Haram, Aboubacar Chekau. Visiblement, le monstre est loin d’avoir été mortellement atteint. Et il faut croire qu’après une période de repli dans son refuge, il s’est rechargé les accus et acéré les crocs. Cette nouvelle série d’attaques vient rappeler une évidence, pointe encore L’Observateur : malgré les succès militaires enregistrés sur le terrain de la lutte contre l’infâme secte, la guerre est loin d’être gagnée. Alors, pas de répit avant son anéantissement total ».

Aller à l’offensive !
« Que faire face à cette terreur sans fin? », s’interroge pour sa part Le Pays, toujours au Burkina. « En effet, tout se passe comme si les islamistes nigérians avaient décidé de narguer la coalition militaire formée par les pays situés sur la ligne de front, à savoir le Cameroun, le Tchad, le Niger, le Bénin et bien entendu le Nigeria. Cela est d’autant plus vrai que la plupart de ces Etats sont sur la défensive, si fait que très bien renseigné, l’ennemi ne rate pas la moindre occasion pour se repaître du sang des innocents. Même la présence des soldats américains sur le sol camerounais n’a pas changé la donne, tant les attaques terroristes ont pris des proportions inquiétantes ».

« D’où la nécessité, estime Le Pays, d’aller à l’offensive pour ne donner aucun répit à ces obscurantistes dont la bêtise le dispute à l’incohérence. Car, au départ, opposés aux valeurs occidentales, les islamistes nigérians s’attaquent aujourd’hui à tout, notamment les marchés et surtout les mosquées, tant et si bien que leur comportement n’offre désormais aucune lisibilité. Selon toute vraisemblance, ils veulent faire du mal pour le mal et pour le plaisir. C’est le lieu donc, estime encore Le Pays, d’en appeler à la responsabilité de l’Union africaine qui doit prendre la mesure du péril en apportant une riposte appropriée globale et concertée. Il y a urgence à agir ».

D’autant plus, pointe le quotidien Ouagalais que « la Libye est en passe de devenir le califat de l’Etat islamique, que les Shebabs ont presque mis sous coupe réglée la Somalie, sans oublier Aqmi qui, jadis affaibli, reprend du poil de la bête au Sahel et ce, au moment même où Boko Haram se montre plus que jamais actif à travers ses attentats-suicides».

La question du terrorisme démeure au centre des sujets abordés par les quotidiens africains
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Risque de nouveaux attentats dans l’Extrême-Nord du Cameroun

Après avoir déjoué des attaques lundi matin à Kolofata, les services de sécurité évoquent le risque de nouveaux attentats-suicides, avec l’infiltration de six kamikazes présumées à Afadé

Après avoir déjoué avec le soutien de la population locale deux tentatives d’attaques lundi matin à Kolofata, où neuf personnes ont été tuées vendredi, les services de sécurité camerounais évoquent le risque de nouveaux attentats-suicides dans la Extrême-Nord suite à des informations faisant état de l’infiltration de six kamikazes présumées à Afadé, dans la même région.

Lundi est jour de marché périodique à Afadé, localité de l’Extrême-Nord proche de la frontière nigériane. Informés de l’infiltration de « six filles kamikazes » soupçonnées d’appartenir à Boko Haram, les services de sécurité ont décidé l’interdiction de cette activité pour la journée du 14 décembre, a confié à Xinhua une source interne.

A cause de cette menace, les forces de défense et de sécurité camerounaises annoncent le renforcement des mesures de surveillance du territoire, dans les localités frontalières, les centres urbains et les voies de communication.

Selon elles, « les mines et les kamikazes constituent actuellement les principales menaces » dans cette région, après l’affaiblissement militaire du groupe terroriste nigérian.

Lundi 14 décembre aux environs de 4H30 (3H30 GMT), deux attentats ont été déjoués à Kolofata, après que [i « deux jeunes filles kamikazes ont été mises hors d’état de nuire. La première, atteinte par flèche par le comité de vigilance [groupe d’autodéfense communautaire], a déclenché sa charge sans faire de victime, en dehors d’elle-même »], a rapporté le responsable sécuritaire contacté par Xinhua.

La deuxième kamikaze a quant à elle été abattue par un soldat de l’armée, alertée par la population. « Lesdites kamikazes feraient probablement partie de celles en fuite lors des attentats du 11 décembre, actuellement activement recherchées », indique cette source.

Vendredi 11 décembre en effet, un jeune homme d’une quinzaine d’années s’est fait exploser dans la même localité, causant neuf morts y compris lui-même et quelque vingt-deux blessés, selon le bilan officiel.

Depuis juillet, les attentats-suicides se multiplient dans l’Extrême-Nord, Kolofata en apparaît comme l’une des cibles privilégiées. En septembre, deux jeunes garçons s’y étaient déjà fait sauter, causant dix morts et quatorze blessés.

Au terme de trois jours de visite dans la région dimanche, le général camerounais Valère Nka, commandant en second de la Force mixte multinationale de la Commission du Bassin du lac Tchad (FMM/CBLT), s’est félicité des progrès accomplis dans la pacification des zones sous la menace jihadiste.


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Attentats, deuil national, COP21.et la République triomphe!

Par le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD)

Hier encore il nous a semblé apercevoir pendant quelques moments une France incertaine et gagnée par le syndrome de la peur. Nous pouvions lire la tristesse sur tous les visages et le désarroi dans tous les esprits. La période de deuil contribuant elle aussi à rappeler aux uns et aux autres le péril auquel le pays faisait face.

Nous savions jusque-là que « l’homme se découvre quand il se mesure à l’obstacle », mais c’était sans savoir qu’une Nation digne de ce nom est une qui peut en toute circonstance périlleuse puiser au plus profond d’elle-même toutes les ressources nécessaires pour venir à bout de tout danger.

A y regarder de près, nous découvrirons qu’il n’y a rien de mystérieux en cela si ce n’est la capacité de tous ses enfants, femmes et hommes, à s’unir autour de certaines valeurs qui, à l’exemple de la France, constituent le socle de la République.

Voilà donc le secret qui est dévoilé.bien évidemment à la condition que cette République à défaut d’être exemplaire, soit tout. sauf bananière, ce contre quoi le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD) n’a jamais cessé de se battre.

Ce combat qui se veut juste, ne saurait être celui des uns et pas des autres, mais celui de tous.

Raison pour laquelle, le CCD convoque une Assemblée Générale Extraordinaire en date du samedi 12 décembre 2015 à 19h à l’AGECA, 177 Rue de Charonne 75011 Paris, Métro Alexandre Dumas Ligne 2, ayant pour ordre du jour:
– L’hymne national
– Minute de silence à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, du Pr Kapet De Bana et de tous nos martyrs
– Mise à jour des adhésions et cotisations
– La situation des droits de l’homme au Cameroun
– Boko Haram
– L’Afrique et le Franc CFA
– L’alternance en 2018 au Cameroun.

Convaincus que notre société ne peut évoluer que si le débat est promu et porté, nous invitons toutes celles et ceux de nos compatriotes qui le désirent, de bien vouloir prendre part à cette Assemblée Générale Extraordinaire qui se voudrait une réunion ouverte.


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Mali: l’imam Mahmoud Dicko suspecté de faire l’apologie du terrorisme

Tout commence par un entretien accordé à la presse locale où, l’imam, bien que condamnant les attaques terroristes, y voit aussi une punition divine

Polémique au Mali. Tout commence par un entretien accordé à la presse locale par le très affable imam Mahmoud Dicko – aussi président du Haut conseil islamique du Mali, instance qui fédère les principales associations musulmanes du pays. L’imam Dicko y parle de l’attaque terroriste contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, de celles de Paris et de Tunis, les condamnent, mais derrière lesquelles il voit aussi une punition divine. Sa sortie suscite de très nombreux commentaires au Mali.

Dans l’entretien, l’imam Mahmoud Dicko, commence par l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, qui pour lui est « un acte condamnable ». Et il poursuit : « L’être humain est sacré. La religion musulmane ne dit à personne de tuer en son nom ». Jusque-là, pas de problèmes.

Mais l’imam Dicko déclare un peu plus loin : « Nous devons tirer les leçons des attentats à Paris comme à Bamako, Tunis ou ailleurs dans le monde. » Il y voit également une punition divine : « Dieu est en colère. Les hommes ont provoqué Dieu. Ils ont demandé et exigé même la promotion de l’homosexualité. »

Pour des journaux locaux, pour des Maliens, c’est la phrase de trop. Le procureur général près la cour d’appel de Bamako, par exemple, parle d’« apologie du terrorisme, ce qui est inacceptable ».

« L’attaque du Radisson Blu de Bamako, comme celles de Paris, n’ont d’autres justifications que la haine qui profite à la bêtise humaine », signe de son côté un éditorialiste malien.

La polémique risque de se poursuivre. Ce mercredi par exemple, une association malienne soutenant l’imam Mahmoud Dicko envisage de monter à son tour au créneau.

Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique, au stade du 26-Mars, à Bamako, le 12 août 2012.
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Terrorisme: pour le CCD, le peuple camerounais porte son deuil tout seul!

Par la cellule de Communication du Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD)

Les attentats djihadistes n’ont pas cessé de semer la mort et la désolation aux quatre coins du monde faisant entre autres un nombre incommensurable de victimes directes et indirectes ; des familles subitement privées d’un ou plusieurs êtres chers, des enfants privés de parents, des personnes portant des séquelles profondes quand elles ne sont pas simplement handicapées ou traumatisées à vie. Cependant la chose la plus terrifiante dans une période post-attentat ce n’est pas tant la gestion des douleurs et stress post-traumatiques que l’absence de compassion et sollicitude actives des autorités publiques en charge de notre sécurité.

Deux contextes assez illustratifs pour comprendre la responsabilité et la compassion des uns, et l’indifférence et l’irresponsabilité des autres.

En France les attentats des 11 janvier et 13 novembre 2015 ont raisonné comme une véritable onde de choc tant au sein de la population que dans la classe politique, suscitant un véritable émoi dans tout le pays et même au-delà des frontières hexagonales. Emoi ayant lui-même induit une large concertation entre le président de la République et toute la classe politique sans exclusive, sans ici évoquer la campagne internationale menée de main de maître par le président français afin de rallier tous les principaux dirigeants de la planète à la lutte intensifiée contre le terrorisme djihadiste, avant de présider personnellement la cérémonie de l’hommage pendant le deuil national.


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Aussi, il y a bien longtemps que le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD) a compris que M. Biya n’était plus l’homme de la situation au Cameroun et qu’il était aussi le problème du peuple-otage-du-Cameroun au lieu d’en être la solution. Raison pour laquelle nous avons décrété qu’il était interdit jusqu’à nouvel ordre de tout séjour en France et en Europe.

Le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD), bien qu’ayant pris sur lui de respecter la période de deuil en solidarité avec toutes les victimes des attentats terroristes, réitère cependant que M. Biya reste et restera interdit de tout séjour en France et en Europe aussi longtemps qu’il sera indifférent et insensible aux souffrances du peuple camerounais et qu’il récusera les aspirations légitimes de ce même peuple à la démocratie et l’Etat de droit.

Paris, le 29 novembre 2015.


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Attentats de Paris: peut-on reprocher aux occidentaux de ne pleurer que pour les leurs?

Par Ndjama Benjamin

Pourquoi certains drames sont surmédiatisés et pas d’autres ? Pourquoi les malheurs de l’occident deviennent si vite des problèmes mondiaux et pas les nôtres ? Au moment où la planète entière compatit aux morts de la France, des innocents meurent au Nigeria et au Nord du Cameroun du fait du terrorisme international et personne en parle ou très peu dans « les molles contrées européennes ». Pourquoi cette compassion à géométrie variable ? Voici quelques-unes des interrogations qu’on entend de plus en plus chaque fois que les populations européennes reçoivent un flot de sympathies venant du monde entier à la suite d’une agression terroriste.

Quand la sympathie dont bénéficient certaines victimes suscite chez d’autres victimes de la jalousie, on parle de concurrence ou de jalousie victimaire.

Il existe une concurrence victimaire entre les victimes de la Shoah et les victimes de l’esclave. On parlera de plus dans les années qui viennent d’une jalousie victimaire entre les différentes victimes du terrorisme islamiste en fonction du fait qu’elles seront riches ou pauvres, blanches ou noires.

Le vent de cette jalousie souffle déjà très fort dans ce monde en turbulence. On reproche à la France de ne pas accorder la même attention à toutes les victimes de la folie islamiste. On lui reproche d’accorder à ses victimes des commémorations grandioses et pas aux autres. Cette jalousie est-elle justifiée ? C’est la grande interrogation de ce billet. Nous doutons qu’elle le soit ? Elle pèche d’abord par naïveté. La France n’aimera jamais toutes les victimes de la manière parce que la compassion n’est jamais universelle et sans frontiérisme. L’être humain ne pleure habituellement que pour les siens.

Nous voulons qu’on parle aussi des morts du Nigéria et du Cameroun. Nous voulons qu’elles cessent de disparaître dans l’anonymat, que leurs photos circulent sur la planète entière et soient associées à des noms. Nous avons tort d’attendre d’une autre civilisation qu’elle fasse ce travail à notre place.

Apprenons d’abord à resacraliser la vie humaine en Afrique, à donner à la protection de chaque citoyen l’investissement qu’elle mérite, à nos victimes les hommages qu’elles auraient eu ailleurs si elles vivaient dans une démocratie.

Vu d’Afrique, l’observateur attentif au tumulte de Marianne est souvent impressionné par le niveau de mobilisation de tous les instruments de l’Etat : la police, l’armée, le renseignement, la diplomatie.chaque fois que la vie d’un français est menacée quelque part dans le monde, qu’il soit coupable ou innocent. Il est impressionné parce que ça ne se passe pas comme ça chez nous, dans les quasi-Etats d’Afrique subsaharienne. On pourrait s’attendre à la suite d’un attentat terroriste à Fotokol que le chef de l’Etat s’y rende le jour même du drame ou le jour suivant comme cela se fait en France. Il ne le fera pas et aucun membre élevé de la hiérarchie de l’Etat ne s’y rendra, ni le Premier ministre (ce collaborateur inutile et invisible), ni le ministre de la Défense, ni celui de l’Administration territoriale, ni celui de la Communication. Tous vont s’exprimer à partir de Yaoundé.

Comment l’actualité sera-t-elle traitée par la CRTV, cette aspiratrice de redevances ? Un communiqué laconique peut suffire puisqu’elle n’y possède aucun reporter de guerre. Et pourtant l’actualité terroriste de la région est permanente.

Le fait que certaines victimes du terrorisme soient mieux célébrées que d’autres est d’abord un problème de culture politique et après de puissance.

Il y a une autre vérité qu’on ne saurait occulter. C’est que cela tient aussi en grande partie au cynisme du journalisme. Il y a dans le jargon journalistique la loi bien connu du « mort kilomètre ». Une règle qui veut que deux morts dans un accident de métro à Paris pèsent plus lourd que 100 morts dans un accident de train au Nigeria.

Ce qu’on considère généralement comme des émotions collectives planétaires ne sont en réalité qu’un déferlement de sentimentalisme à géométrie variable. Les morts du terrorisme ne se valent pas dans la bourse des émotions.

Revenons au travail des journalistes ? Ce sont les médias qui donnent aux évènements leurs poids politiques par l’intérêt qu’ils leur accordent. Un phénomène mobilise les élites mondiales relativement à son retentissement médiatique. Mais les journalistes ont été préparés dès l’école à traiter l’actualité d’une certaine manière. Ils sont formatés par une méthodologie qui privilégie certaines données bien précises qui vont déterminer la hiérarchie de l’information et la construction de l’actualité.

Qu’est-ce qui fait qu’une information intéresse les journalistes ? N’importe quel étudiant en journalisme pourra évoquer entre autres considérations la proximité, la notoriété, l’identité du public, l’impact, la controverse, l’insolite, l’opportunité… Il existe dans cette liste, des considérations qui peuvent jouer contre les damnés de la terre lorsqu’elles interviennent dans le travail d’un journaliste européen. C’est le cas lorsqu’on privilégie la notoriété, la proximité, l’identité du public.

La proximité :
L’évènement s’est-il produit près de chez vous ou concerne-t-il les habitants de votre ville, de votre pays ? Ainsi un accident d’avion survenu au Tchad fera les gros titres à N’Djamena. Mais il est peu probable qu’une telle information fasse également la Une en Norvège sauf si l’avion transportait des norvégiens.

La notoriété :
Une personnalité connue est-elle en cause ? Un évènement ou un accident banal peut retenir l’attention si une personnalité éminente s’y trouve mêlée. Par exemple un Premier ministre ou une vedette de cinéma. Pour revenir à l’accident d’avion au Tchad, la nouvelle fera le tour du monde si l’un des passagers était une star de Rock.

L’identité du public :
L’information n’est jamais désincarnée. Elle s’adresse toujours à un public bien précis. Les grands médias d’occident travaillent d’abord pour leurs populations.

Ces populations préfèrent qu’on leur parle des problèmes qui les concernent au premier chef.


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Boko Haram: un chef coutumier perd six membres de sa famille dans des attaques

Les populations de Fotokol sont toujours sous le choc après les attentats survenus samedi, ayant fait dix morts

Les populations de Fotokol sont toujours sous le choc dimanche après les attentats survenus la veille dans cette localité de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, proche de la frontière nigériane, tuant quatre enfants et deux autres membres de la famille d’un chef coutumier. Sur un total de dix morts, les quatre autres sont les auteurs des attaques.

« Hier (samedi 21 novembre 2015, ndlr), on a eu quatre kamikazes, qui étaient des femmes. Trois de ces femmes, poursuivies par les membres du comité de vigilance, ont fui vers la frontière. La quatrième s’est rendue au village Nigué et est allée directement à la maison du blama (chef coutumier) », a témoigné dans un entretien téléphonique dimanche, Ousseini Abounassi, vice-président du comité de vigilance.

C’était le matin aux environs de 9H (8H GMT), alors que les habitants de Fotokol, malgré deux attentats meurtriers ayant causé respectivement une quinzaine de morts le 13 juillet et au moins cinq tués le 9 novembre, semblaient vivre une journée ordinaire.

En tentant d’échapper à ce groupe d’autodéfense mis sur pied dans cette ville comme ailleurs dans l’Extrême-Nord en appui à la guerre que les forces de défense et de sécurité camerounaises mènent à Boko Haram, l’une des kamikazes en fuite vers la frontière nigériane a glissé, une chute accompagnée de l’explosion de la ceinture d’explosifs en sa possession, d’après Abounassi.

Cette détonation a fait réagir l’armée camerounaise qui déploie dans cette zone un important dispositif de surveillance et de protection du territoire. Sous l’effet des tirs d’armes, les deux autres kamikazes ont aussi sauté avec leurs charges respectives, se faisant tuer sur le coup, informe en outre le jeune camerounais.

La quatrième femme rendue au domicile de Malloum Kachalla, le « blama » ou chef coutumier de Nigué, village situé à l’entrée de Fotokol, a quant à elle réussi à activer sa bombe, causant la mort de cinq personnes et huit blessés.

Selon Ousseini Abounassi, les victimes de cette attaque suicide sont trois enfants du chef âgés respectivement de 5, 7 et 9 ans, puis une cousine et un neveu de l’autorité traditionnelle qui habitaient dans la maison.

Au moment des faits, apprend-on, environ une douzaine de personnes se trouvaient dans la concession, à l’exception du « blama », sorti peu avant pour se rendre au marché, a-t-il expliqué en foufouldé, la langue locale traduite en français par le vice-président du comité de vigilance de Fotokol, présent à ses côtés.

Le dignitaire traditionnel, qui a dit être « sous le choc » face à cet « épisode extrêmement douloureux », a perdu un quatrième enfant parmi les huit blessés transportés d’urgence au centre de santé communautaire de la ville.

Comme le veut la tradition musulmane, religion pratiquée par Malloum Kachalla, les six corps ont été enterrés aussitôt après, avec le concours du comité de vigilance, un regroupement de 48 personnes, et l’appui des autorités administratives ainsi que des forces de défense et de sécurité.

Parmi les sept autres blessés de l’attaque, deux ont été déclarés hors de danger.

« Grâce à l’assistance du sous-préfet, je suis en train de transporter les cinq autres blessés à l’hôpital de Mada (localité voisine de Fotokol). Le centre de santé de Fotokol n’a pas les capacités nécessaires pour les soigner, car il n’est pas équipé », a confié dimanche en mi-journée Ousseini Abounassi.

La prise en charge médicale est offerte par les autorités administratives, de plus en plus sollicitées face aux attentats-suicides multipliés qui endeuillent depuis quatre mois la région de l’Extrême-Nord, des actes terroristes jamais revendiqués mais que les services de sécurité camerounais attribuent à la secte islamiste nigériane Boko Haram.

Depuis 2013, ce groupe terroriste affilié à l’organisation Etat islamique (EI) qui sévit au Moyen-Orient tente d’étendre son influence dans cette partie du territoire camerounais. Et depuis juillet, en plus des attaques à l’arme lourde, il fait parler de lui à travers des attentats kamikazes faisant intervenir pour la plupart des jeunes filles et des femmes.

A ce jour, plus d’une vingtaine de ces attentats sont enregistrés. Les autorités ont encouragé la mise en place de comités de vigilance communautaires, en appui des efforts des forces de défense et de sécurité, pour la sécurisation d’un territoire partageant avec le Nigeria une longue frontière terrestre connue pour être poreuse.


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Boko Haram: un lamido appelle à combiner la défense opérationnelle et civile

Le chef traditionnel et sénateur de la localité camerounaise de Banyo dans l’Extrême-Nord, Mohaman Gabdo Yayha, souhaite que les populations civiles soient associées à la défense du territoire

Le lamido (chef traditionnel) et sénateur de la localité camerounaise de Banyo (Extrême-Nord), Mohaman Gabdo Yayha, a appelé à la combinaison des défenses opérationnelle et civile pour éradiquer la secte islamiste Boko Haram qui sévit dans la région septentrionale du pays.

Dans une tribune relayée jeudi par les médias locaux, cette notabilité souhaite que les populations civiles soient désormais associées à la défense du territoire, convaincu qu’avec l’avènement des attentats kamikazes, «les forces de défense et de sécurité ne sauraient être les seuls remparts de la protection collective».

Pour Mohaman Gabdo Yayha, il s’avère aujourd’hui impératif de travailler à la restauration de la confiance entre les populations et les forces de défense et de sécurité, si le Cameroun veut accroître substantiellement l’efficacité de son système de renseignement.

«Une des pistes pour y parvenir serait d’intensifier davantage la lutte contre la  »petite » corruption à l’effet notamment de protéger nos populations contre les exactions de certains éléments de nos forces de sécurité». Des exactions répétées surtout dans l’arrière-pays et les zones frontalières et qui ont pour conséquence d’éloigner les populations de ces forces de l’ordre pourtant censées les protéger.

Le lamido de Banyo souhaite l’organisation et de l’équipement des comités de vigilance, surtout dans des zones où la présence des forces de sécurité n’est pas assez importante, l’expérience de la lutte contre le phénomène des coupeurs de route ayant enseigné que ces comités de vigilance étaient de redoutables adversaires pour les criminels.

Il ne s’agit pas, explique-t-il, de fournir des fusils d’assaut à ces escouades civiles de veille, mais de moyens et équipements, fussent-ils rudimentaires, pour se défendre avec l’avantage d’une connaissance parfaite du terrain, ceux connaissant les réalités des zones frontalières sachant à quel point il est difficile, pour les forces de sécurité, de surveiller les multiples pistes et sentiers qui relient le Cameroun au voisin nigérian.

Pour Mohaman Gabdo Yayha, l’unique ennemi du Cameroun en ce moment se nomme Boko Haram «et ses complices véritables sont la pauvreté, le chômage des jeunes et l’injustice sociale».


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Vive la démocratie! C’est notre réponse au totalitarisme islamiste

Par Thierry Amougou

Le totalitarisme meurtrier du XXIème siècle a un nouveau visage, un nouveau nom, le terrorisme islamiste. Il se nourrit de sang comme un vampire, frappe à l’aveugle tout ce qui respire, et veut, par explosion de ses adeptes qui explosent la société, faire une boucherie de ceux qui tiennent à la vie et à leur liberté.

Les Kamikazes nous visent tous musulmans et non musulmans, Européens et Américains, Africains, Occidentaux et Asiatiques car nous aurions tous pu être au stade de France, en train de prendre un café dans un coin de rue parisien ou de danser dans un concert. Ce totalitarisme veut éradiquer tous ceux qui ne sont pas du même bord politique et religieux que les hommes-bombes et leurs commanditaires, ceux-là qui disent aimer Dieu en étant la négation par excellence de la vie humaine.

Au moment où ce nouveau totalitarisme meurtrier menace les libertés individuelles et collectives ainsi que le modèle de vie y afférent, la communauté belgo-africaine du Benelux condamne avec la dernière énergie de tels actes et adresse son soutien indéfectible à toutes les familles françaises et non françaises durement éprouvées par les attentats lâches de Paris.

Le France est attaquée, mieux, l’humanité toute entière par un obscurantisme dont le c ur atomique est la négation de la démocratie.

Le pays des Droits de l’Homme est la cible de ceux-là mêmes qui sont par essence l’antithèse des Droits de l’Homme, de la raison, de la laïcité, de la connaissance séculière et de l’égalité civique entre hommes et femmes. La France est en fait l’antonyme par excellence de l’Etat islamique.

C’est pourquoi la communauté belgo-africaine du Benelux tient à marquer son soutien total et granitique à la continuité de la France en tant que pays qui incarne l’idéal républicaine à travers le monde.

La république française est un projet de Liberté, d’Egalité et de Fraternité entre les Hommes quand l’Etat islamique incarne l’avènement du totalitarisme meurtrier, de la haine institutionnalisée, d’une théocratie moyenâgeuse, de la culture du sang et de la terreur comme mode de gouvernance. Le choix du monde est vite fait entre ces deux projets car les Kamikazes tueront autant de personnes qu’ils le voudront sans jamais atteindre en son c ur l’idée et l’idéal qu’incarne la France.

Plus l’Etat islamique tuera plus il aggravera son cas au sein de l’opinion publique mondiale où il incarne désormais l’empire de la barbarie, le royaume de la négation de la vie, le véritable axe du Mal car faire le Mal à l’autre est ce qui lui fait du bien à lui et aucun humain n’a cela pour projet de vie.

L’Afrique a rendu possible la France libre sous occupation, la communauté belgo-africaine du Benelux se déclare totalement solidaire de la défense des valeurs de Fraternité, de Liberté et d’Egalité qu’incarnent la France. Ce sont les valeurs de l’avenir du monde, des valeurs porteuses de vie et d’espoir face à la culture de la mort tous azimuts. Le venin que crache l’Etat islamique contient le poison qui viendra à bout de lui car en semant la mort autour de lui, il la récoltera automatiquement comme seul fruit de son uvre au service de la rationalité du mal.

Chaque vie qui tombe à Kolofata au Cameroun, chaque famille endeuillée en France et chaque enfant passé de vie à trépas au Mali, au Nigeria, en Somalie et au Sahel sont autant d’hymnes à la liberté bafouée à la vie humaine qu’il faut respecter.

Chaque femme, enfant et homme qu’on arrache à la vie est pour nous un rappel de l’importance de la démocratie car elle autorise la vie de tous et de chacun dans toute sa diversité.

Chaque déflagration et chaque stakato du fusil mitrailleur est le feu qui ravive notre envie d’une démocratie libératrice des obscurantismes, des savoirs révélés, des idéologies totalitaires et de la haine de soi-même que traîne les terroristes de l’Etat islamique.

Chaque Kamikaze qui explose le monde explose aussi notre envie de continuer à défendre les libertés individuelles et collectives.
Chaque attaque terroriste contre nous rappelle l’urgence de notre combat pour la démocratie.

Paix aux âmes de ceux qui sont tombés à Paris. Ils nous rappellent les sacrifices et le combat permanents à mener pour continuer à vivre en démocratie.

Vive la démocratie !

Thierry Amougou.
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Attentats de Paris: l’indignation du Conseil des Camerounais de la Diaspora

Par le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD)

Mesdames, Messieurs, Cher(e)s compatriotes, La République française, notre deuxième patrie vient de faire face ces dernières heures à des attaques d’une barbarie inqualifiable….

Les ennemis de la République ont une fois de plus décidé de passer à l’assaut, foulant encore aux pieds cette valeur universelle qu’est la liberté et qui se trouve être le fondement de la société moderne dans laquelle nous vivons.

Nous le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD), qui nous sommes fixés comme objectif la promotion des valeurs de la République, par solidarité avec les victimes et leurs familles, avons décidé en ce jour de deuil de reporter la tenue de notre AGE à une date ultérieure.

Vive la liberté
Vive la République
Paris, le 14 novembre 2015.


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Attaques à Paris: condamnations et appels à la solidarité en Afrique

Après les attaques perpétrées vendredi dans la capitale française qui ont fait au moins 129 morts, c’est l’émotion et le choc partout dans le monde. Plusieurs chefs d’Etat africains ont réagi

Après les attaques perpétrées à Paris et à Saint-Denis, qui ont fait au moins 129 morts et de nombreux blessés, vendredi 13 novembre au soir, c’est l’émotion et le choc dans la capitale française, mais aussi ailleurs dans le monde. Du continent africain sont venus des condamnations et des appels à la solidarité. Plusieurs chefs d’Etat africains ont réagi. Le président français, François Hollande, a reçu, samedi 14 novembre, peu après 12h00, son homologue tunisien, Béji Caïd Essebsi.

Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, en visite privée en France, a été reçu par son homologue français, François Hollande. A l’issue de son bref entretien, il a condamné les attentats. « La Tunisie condamne énergiquement ces agissements barbares et elle appelle tous les peuples épris de liberté à coordonner leurs efforts contre ce mal », a-t-il affirmé dans une déclaration à la presse. Le président tunisien a également lancé un appel à la solidarité et rappelé que personne n’est à l’abri. « Chaque pays doit se sentir concerné, il n’y a pas un seul pays qui soit à l’abri d’une action pareille et la réponse doit être une réponse collective, une réponse solidaire », a-t-il déclaré.

Dans la nuit déjà, la présidence tunisienne condamnait fermement l’acte terroriste « odieux », dans un communiqué. Condamnation également du parti islamiste, Ennahdha, qui a dénoncé les « crimes terroristes » ciblant des civils innocents.

La Tunisie a, elle aussi, été frappée cette année par des attentats meurtriers au musée du Bardo, en mars, puis dans un complexe hôtelier de Sousse en juin. « Après Paris, après le Bardo, après Sousse, l’horreur a de nouveau frappé à Paris. Nos peuples sauront vaincre la barbarie », a assuré de son côté, Saïd Aïdi, ministre tunisien de la Santé.

La France et son engagement militaire
Les attentats de Paris ont fait réagir les dirigeants du monde entier et c’est le cas également, sur le continent africain, du président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui a condamné et qui ne s’est dit toutefois pas surpris par ces attentats dans les rues de Paris. [i « L’ampleur des attaques a été surprenante mais l’attaque elle-même n’a pas surpris car à partir du moment où on est engagés dans un tel combat, on n’est jamais à l’abri. [.] La France est un pays très engagé dans un combat qui nous est commun, un combat pour des valeurs communes. La France est engagée en Syrie, en Irak. Elle est engagée également en Afrique dans le cadre de l’opération Barkhane. C’est vrai, je crois que la France paye, quelque part, le prix pour ces interventions. Ce qui s’est passé hier à Paris, ne doit pas nous détourner de cet objectif »], a déclaré le président Mahamadou Issoufou.

De son côté, le porte-parole du gouvernement du Gabon, Alain Claude Bilié Bi Nzé, lui, ne croit pas à l’idée selon laquelle la France paie le prix de son engagement militaire. « La France, lorsqu’elle intervient, elle défend des principes universels de liberté, d’égalité, et ce qui s’est produit peut apparaître comme une représaille mais on ne peut pas parler de  » payer un prix  » parce qu’effectivement, la liberté a un prix mais cette liberté, nous devons tous la défendre et c’est le sens de l’action que la France mène à travers le monde par ses interventions et nous les soutenons », a déclaré le porte-parole du gouvernement gabonais.

Réaction également d’Ali Bongo sur Twitter. Le président gabonais dénonce des attaques terroristes « abjectes ». Des attaques qui « ne visent pas seulement la France », mais « tous les peuples libres » du monde.

En RCA, « les autorités centrafricaines de la transition, le peuple centrafricain tout entier, qui bénéficient de l’appui de la France pour la sécurité de leur pays, ne peuvent rester indifférents » assure Clément Anicet Guyiama Massogo, porte-parole de la présidence de transition en Centrafrique. Une présidence qui « condamne fermement ces attaques terroristes », qu’elle qualifie par ailleurs d’actes « barbares et ignobles », « inhumains et injustifiés ».

« Tolérance zéro » vis-à-vis des terroristes
Samedi, le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a solennellement remis à l’ambassadeur de France à Kinshasa, un message à transmettre au président français, dans lequel il assure à la France la « solidarité des institutions de la RDC et du peuple congolais dans la lutte contre le terrorisme et la barbarie que rien ne peut justifier ». De son côté, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, plaide pour la tolérance zéro vis-à-vis des terroristes. « Le gouvernement congolais est choqué par cette violence humainement inacceptable qui a frappé Paris, ce vendredi. Il exprime sa compassion et sa solidarité avec l’ensemble du peuple français et il invite la communauté internationale à ce que soit développée, sans retard, une politique de tolérance zéro vis-à-vis des actes de terrorisme sous toutes les latitudes et sous quelque forme que ce soit parce que de tels actes ne peuvent trouver aucune justification », a déclaré Lambert Mende.

« C’est un grand choc », confie le ministre des Affaires étrangères de la Tanzanie, Bernard Membe, qui considère par ailleurs que ces attaques « ne doivent pas décourager les autorités françaises de prendre des mesures, de soutenir les frappes contre ces terroristes pour qu’ils ne recommencent pas ».

Le président du Sénégal, Macky Sall, s’est également exprimé sur RFI sur les attentats. Il a fermement condamné « ces actes barbares qui s’attaquent, au-delà de la France et du peuple français, à notre humanité commune », a-t-il dit.

Le président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, présente ses condoléances au gouvernement français et aux familles des victimes. Il rappelle que le terrorisme, « sous aucune de ses formes », ne peut être toléré.

Vive condamnation également de la part de la Côte d’Ivoire. Le président Alassane Ouattara a adressé un message de condoléances et de soutien à son homologue français. Joint par RFI, Bruno Koné, porte-parole du gouvernement ivoirien a tenu à s’exprimer.

« Evidemment, notre pays est triste. Notre pays, la Côte d’Ivoire, condamne avec la plus grande fermeté ce qui s’est passé. Ces attentats sont barbares ; la France ne les mérite pas. A nos yeux, la France est encore la belle image de la tolérance, de la liberté, la France des droits de l’homme. Nous sommes donc choqués. Vous savez, pour beaucoup d’Ivoiriens, la France est pratiquement notre deuxième pays, et donc nous sommes touchés autant que les Français par ce qui s’est passé cette nuit », a déclaré, à RFI, Bruno Koné, porte-parole du gouvernement ivoirien.

De son côté, « c’est avec consternation et effroi » que la Guinée a appris la nouvelle, a fait savoir Albert Damantang Camara, porte-parole du gouvernement guinéen. [i « La Guinée considère que la France est un pays frère et ami. […] Elle se sent personnellement touchée par ce qui est arrivé à Paris »], a-t-il déclaré, en assurant que c’était un « sentiment partagé par les populations guinéennes ». Peu de temps après, le Premier ministre guinéen s’est rendu avec une délégation à l’ambassade de France pour exprimer officiellement les condoléances de Conakry.

Aux Comores, le président Ikililou Dhoinine a réagi immédiatement en ordonnant que la gendarmerie renforce la sécurité. Houmed Msaïdié, ministre de l’Intérieur et porte-parole du gouvernement, a exprimé ses condoléances aux familles, qualifiant les attentats d’ « abominables, insensés, incompréhensibles et inattendus ».

Mobilisation et coalition
Au Nigeria, le président Muhammadu Buhari s’est dit « très choqué et profondément attristé en apprenant que des innocents avaient été victimes d’attentas terroristes haineux et lâches ». Ces attentats « représentent une insulte inacceptable à toutes les valeurs humaines et aux normes de la civilisation », a-t-il ajouté dans un communiqué. Il a appelé « toutes les nations éprises de paix dans le monde à intensifier la coopération multilatérale et la collaboration au niveau de l’action pour mettre rapidement fin au fléau du terrorisme international ». Le Nigeria affronte, depuis six ans, les islamistes armés du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ex-Boko Haram).

Au Tchad, Ahmat Mahamat Bachir, ministre de la Sécurité appelle, lui aussi, à une mobilisation de la communauté internationale. « Nous, nous regrettons amèrement. Nous disons, une fois de plus, que les terroristes sont là. Que la communauté internationale se mobilise pour lutter contre le terrorisme sauvage. Aujourd’hui, nous présentons toutes nos condoléances à toutes les victimes en France. Hier, cela se passait au Nigeria, au Tchad, aux Etats-Unis. Aujourd’hui, c’est la France et ils continuent. Donc, mettons-nous ensemble pour les mettre hors de nuire », a déclaré Ahmat Mahamat Bachir.

Une coalition qu’appelle également de ses v ux Modibo Keita, le Premier ministre du Mali. « L’attachement presque historique et culturel de la France aux valeurs de liberté, de démocratie et de solidarité, comme tous les autres peuples, l’expose aujourd’hui à des actes de violence et ce n’est pas seulement parce qu’elle est attachée circonstanciellement à défendre la liberté dans certaines zones du Mali et de l’Afrique. En réalité, le terrorisme, aujourd’hui, n’a pas de frontières et, par conséquent, il faut une coalition », a souligné le Premier ministre malien. Le président IBK, lui, a assuré que le Mali était « solidaire et en sympathie totale avec le peuple de France qui, il n’y a pas longtemps, a montré à notre peuple sa solidarité en envoyant ses fils mourir en terre malienne. Cette France-là peut compter sur nous et sur le monde entier. »

La France a également reçu le soutien du Kenya. « Le peuple et le gouvernement kényan se tiennent aux côtés de la France », a déclaré le président Uhuru Kenyatta. « Nous sommes solidaires de la France en ces temps de douleurs extrêmes, nous sommes prêts à apporter toute aide qu’elle pourrait nous demander », a assuré le porte-parole de la présidence kényane, Manoah Esipisu. Et d’ajouter : « Il faut que nous soyons ensemble au sein de la communauté internationale pour faire face au terrorisme », alors que le pays reste très profondément marqué par le terrorisme jihadiste à Westgate.

L’Ouganda, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Okello Oryem, condamne « les attaques incroyables et lâches » de Paris. Il demande, lui aussi, une plus grande mobilisation de la communauté internationale face à la menace terroriste : « Nous appelons la communauté internationale à redoubler d’efforts contre ces gens qui sont impliqués dans le terrorisme qui frappe les innocents et ce afin d’éradiquer totalement ce genre de comportement partout dans le monde ».

Le roi du Maroc Mohammed VI a également fait part de sa « profonde tristesse » en adressant dès vendredi soir une lettre à François Hollande, présentant [i « aux familles des innocentes victimes de ces actes criminels et à l’ensemble du peuple français, [ses] condoléances les plus attristées »] et condamnant « avec la plus grande vigueur ces actes terroristes abjects ».

Hommage de Parisiens aux victimes des attentats.
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La France pleure des centaines. l’Est de la RDC pleure des millions

Par Ludovic Lado

Vous me pardonnerez cette imposture, mais indignation oblige ! Après le choc et l’émotion en France, il faudra bien se poser les vraies questions si le monde veut guérir de la violence. Quelles sont nos vraies valeurs, l’égale dignité de tous les êtres humains ou le dieu de l’argent ? Une vie humaine qui se perd par le fait de la violence d’un autre être humain est de l’ordre de « l’injustifié et de l’injustifiable », pour emprunter une expression de Paul Ricoeur.

L’article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme, qui tient lieu aujourd’hui de consensus moral de l’humanité, stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » Fraternité ? Réalité ou utopie ! Un drame comme celui de Paris doit être l’occasion de faire mémoire de toutes les victimes de toutes les formes de terrorisme dans le monde. Et il n’y a pas que le terrorisme djihadiste. Un terrorisme peut en cacher un autre, plus cruel d’ailleurs !

En effet, n’oublions pas que le terrorisme djihadiste n’est que la conséquence du terrorisme structurel qui sévit dans le monde et fait des millions de victimes, parmi les plus faibles et les plus pauvres. Les attaques terroristes comme ceux de Paris sont de l’ordre de la réaction, réaction des victimes du terrorisme structurel mondial dont la frustration a fini par obscurcir l’esprit. Alors, ils répondent à la violence structurelle par la violence meurtrière directe doublée d’une hallucination eschatologique aux allures religieuses. Oui, l’ordre économique et politique mondial est violent, d’une violence structurelle qui broie des vies humaines en douce, loin des caméras et des médias. Cette violence structurelle est un terrorisme qui ne dit pas son nom, un terrorisme de loin plus cruel que celui des djihadistes.

Il est cyniquement orchestré par l’hypocrisie de ce qu’on a convenu d’appeler « communauté internationale » mais qui en réalité n’a rien d’une communauté, d’une fraternité. C’est une jungle policée où la loi du plus fort est la meilleure, où les puissants dictent avec formes et manières la conduite à tenir. Les faibles n’ont alors que la violence comme réponse à la violence subie. C’est ce terrorisme structurel qui engendre le terrorisme djihadiste. On peut écraser Daesh, mais d’autres naîtront si l’ordre politique et économique mondial bâti sur l’iniquité, sur la loi du plus puissant et gouverné par le dieu de l’argent ne se remet pas en cause.

Nos médias sont passés maîtres dans l’art de choisir les vies qui comptent. La vie d’un Israélien ne vaut pas celle d’un Palestinien, celle d’un Congolais ne vaut pas celle d’un Américain ou d’un Français, etc. Dans ces médias à la solde des jeux d’intérêts et de pouvoir. On évalue à près de 6 millions le nombre de congolais qui sont morts dans une autre forme de terrorisme à l’Est de la RDC, le terrorisme politico-économique. Ils ont littéralement été sacrifiés au commerce du coltan, un marché florissant dont le monde devrait avoir honte. Mais que vaut la vie d’un Congolais, d’abord aux yeux des Congolais eux-mêmes, ensuite aux yeux des Africains en général dont l’irresponsabilité collective est devenue légendaire et enfin aux yeux de la dite « communauté internationale » dont les médias ne parlent pas assez de ce commerce du coltan et d’autres divinités minières auxquelles les compagnies extractives sacrifient des vies humaines pour alimenter l’industrie du téléphone portable, des tablettes et des ordinateurs.

Chaque coup de fil que nous faisons est entaché du sang de ces six millions de Congolais mort dans l’anonymat. Que de vies perdues ! Que de femmes violées ! Que de survivants traumatisés ! Mais les affaires continuent. D’ailleurs, ce terrorisme est bon pour les affaires ! Ce type de terrorisme est couvert par l’hypocrisie de la « communauté internationale », ou du moins par notre complicité passive, mais surtout par l’irresponsabilité collective des Africains.

C’est cette même hypocrisie de la « communauté internationale » qui facilite la circulation des armes qui échouent aux mains des djihadistes et autres terroristes dits rebelles. Le jour où cette « communauté internationale » mettra sur pied une initiative internationale crédible de transparence dans le commerce des armes, on pourra la prendre au sérieux. C’est un autre marché opaque, justement parce que florissant et juteux, qui se nourrit du sang humain, surtout des faibles et des pauvres. N’oublions pas que la France, par exemple, est en 5ème position, après les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Allemagne dans la vente des armes. Et le plus gros client de la France ces derniers temps a été l’Arabie Saoudite connue pour ses soutiens multiformes au terrorisme.

Qui arme Daesh, Boko Haram, Shebabs, etc. ? Avec quoi arrivent-ils à dérouter des armées nationales et internationales ? Qui les finance ? Peut-on jouer à la fois au pyromane et au sapeur-pompier ? Le désordre en Lybie, en Syrie, en Irak, pour ne citer que les cas les plus dramatiques, qui en est responsable ? Combien de vies innocentes y ont été perdues ? Qui en parle ? Quelle est la part de la course des puissants au pétrole et aux autres ressources naturelles dans ce chaos ? Quelles sont nos vraies valeurs, la dignité humaine ou l’argent ?

Le réchauffement climatique qui sera au c ur des débats à COP21 à Paris, comme le terrorisme djihadiste, est aussi de l’ordre de la réaction, cette fois-ci de notre mère nourricière, la nature, à la même violence structurelle de l’ordre politique et économique mondial. Mais les humains sont-ils prêts à se remettre en cause pour substituer à la folie destructrice du consumérisme actuel une hygiène de vie qui permettra au cosmos de guérir ses blessures ? Il ne faut pas s’attendre à des miracles dans l’immédiat, car le dieu de l’argent a envahi non seulement les bourses mais aussi les c urs. L’homme est-il vraiment un être rationnel ? Pourquoi est-il si incohérent ?

La communauté mondiale souffre d’un déficit de leadership éthique, parce que ceux qui dictent les lois sont les premiers à ne pas les respecter. Cette incohérence doublée d’iniquité est une forme de violence qui secrète de la frustration dont le terrorisme n’est qu’une des formes d’expression. En d’autres termes, bien que le terrorisme djihadiste soit « injustifié et injustifiable », il n’est qu’une réaction à l’ordre politique et économique mondial injuste, à ce terrorisme structurel mondial qui broie des vies humaines au quotidien et dans l’anonymat, loin des médias à la solde des empires politico-économiques.

La répression ne suffira pas, seule la justice fondée sur l’égale dignité de tous les êtres humains de la planète sera une solution durable au terrorisme, à la violence tout court ! Après le choc et l’émotion, COP21 peut être l’occasion de se poser les vraies questions, car seule la vérité rendra l’humanité entière libre. C’est une responsabilité collective. Nous sommes désormais tous liés, et si nous n’apprenons pas à vivre ensemble dans la justice qui engendre la paix, « nous mourrons tous comme des idiots », pour emprunter une expression de Martin Luther King.

Attentats à Paris.
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Paul Biya compatit après les attentats de Paris

Le président de la République du Cameroun a exprimé son «entière solidarité» au peuple français après les évènements terroristes du 13 novembre 2015 ayant fait au moins 129 morts

Le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, a condamné «avec la plus grande fermeté» les attentats terroristes «lâches et barbares» du vendredi 13 novembre 2015 ayant fait au moins 129 morts et plus de 352 blessés dans la capitale française, Paris.

Dans un message de condoléances adressé à son homologue François Hollande, Paul Biya, arrivé depuis dimanche à Paris pour participer au «Forum des Dirigeants» de l’Unesco, a dénoncé ces actes criminels et odieux visant des populations civiles innocentes.

Après avoir exprimé sa profonde émotion et sa grande indignation, salué la mémoire des victimes et présenté les condoléances les plus attristées du Cameroun aux familles ainsi tristement touchées, le président camerounais a assuré François Hollande de son entière disponibilité à continuer, avec une détermination accrue, à joindre ses efforts à ceux de son correspondant et à ceux de la communauté internationale «pour mener une guerre sans merci aux terroristes et à leur idéologie obscurantiste».

L’on note que les attentats de Paris interviennent au moment où le Cameroun est lui-même engagé dans une lutte sans merci contre la secte islamiste nigériane Boko Haram dans sa partie septentrionale.

Paul Biya, président de la République du Cameroun.
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Post-attentats de Kerawa: le couple présidentiel réconforte les sinistrés

Un appui matériel et financier leur a été remis samedi par le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, dans les localités de Kerawa, Kolofata et Mora

Trois mille déplacés et réfugiés basés à Kerawa, petite localité frontalière du Nigeria dans le département du Mayo-Sava, région de l’Extrême-Nord, victimes des attaques de la secte islamiste Boko Haram, ont bénéficié de l’appui matériel et financier du couple présidentiel camerounais. Le don leu a été remis, samedi 05 septembre 2015, par le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari.

Cette réaction du chef de l’Etat survient après le double attentat du jeudi, 03 septembre 2015, dans la ville de Kerawa.

Le don est constitué de denrées alimentaires et d’un appui financier. S’adressant aux populations, Midjiyawa Bakari a tenu à préciser que le gouverneur les «invite à une collaboration franche et une implication efficace dans cette guerre contre notre ennemi commun Boko Haram. Vous devez dénoncer les suspects en vous approchant des autorités administratives et militaires. D’ailleurs ceux qui agiront dans ce sens se verront récompensés au plus haut niveau, car ce sont des actes de patriotisme à encourager», a-t-il dit.

Après Kerawa, le gouverneur a poursuivi sa visite à Kolofata où était interné le plus grand nombre de blessés. Parmi la centaine de blessés reçue à l’hôpital de Kolofata, à peine quatorze étaient encore en observation samedi, le reste étant parti. Même constat à Mora où huit blessés seulement étaient encore à l’hôpital.

A chaque malade, le gouverneur a remis une enveloppe de la part de «Paul et Chantal Biya».

Avant de quitter le Mayo-Sava, après la séance de travail avec les autorités de ce département, en plus des autres mesures, le gouverneur a instruit aux autorités administratives et traditionnelles d’activer davantage les comités de vigilance pour renforcer la bataille dans le sens du renseignement.


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Le Cameroun paie son engagement dans la lutte contre Boko Haram

Il y a un mois, vendeurs et acheteurs se bousculaient au marché principal de Maroua. Aujourd’hui cependant, l’endroit inspire peur et soupçon – à la limite de la paranoïa

Il y a un peu plus d’un mois, vendeurs et acheteurs se bousculaient au marché principal de la ville camerounaise de Maroua. Aujourd’hui cependant, l’endroit inspire peur et soupçon – à la limite de la paranoïa.

En 13 jours seulement, la région de l’Extrême-Nord a été frappée par cinq attentats-suicides – tous imputés au groupe islamiste nigérian Boko Haram – et la population est sur le qui-vive. Le gouvernement a dépêché des milliers de troupes dans le nord, depuis la lointaine Yaoundé, et des mesures de sécurité draconiennes sont entrées en vigueur sur l’essentiel du territoire.

«Depuis les attaques, personne n’ose se rendre dans mon bar ou se réunir où que ce soit d’autre le long de cette rue», a dit Clément Tchinda à IRIN, devant son commerce du centre-ville de Maroua. «Les affaires ont plus que dégringolé et je ne sais pas quoi faire avec ce qui me reste de marchandises.»

La vague d’attentats-suicides a débuté le 12 juillet dans la ville de Fotokol, au nord de Maroua, à la frontière avec le Nigéria. Deux femmes dissimulant des explosifs sous leurs burqas ont ciblé un bar de l’armée et un camp militaire, faisant 14 victimes dont un soldat tchadien. Les autorités de la région de l’Extrême-Nord ont réagi quelques jours plus tard en interdisant le port du voile intégral, notamment la burqa, et en imposant aux musulmans de demander une autorisation avant tout rassemblement de grande ampleur.

Mais le 22 juillet, Maroua – la capitale de la région de l’Extrême-Nord, située à 100 km à l’intérieur du territoire camerounais – a été ciblée à son tour. Selon les informations disponibles, les auteurs des attaques seraient deux fillettes âgées de neuf ans seulement, habillées en mendiantes. La première explosion a frappé le marché central; la seconde a ravagé un quartier résidentiel densément peuplé. Trois jours plus tard, samedi dernier, un autre kamikaze – il s’agirait d’une adolescente – s’est fait exploser dans un bar très fréquenté de la capitale.

Personne n’a revendiqué ces attaques, qui ont fait au moins 48 morts et de très nombreux blessés, mais beaucoup sont d’avis qu’il s’agit de représailles liées à l’engagement du Cameroun dans la force régionale de lutte contre Boko Haram. Depuis l’offensive commune lancée plus tôt cette année, les islamistes ont multiplié leurs attaques au Tchad et au Niger, les autres pays membres de la coalition dont les territoires jouxtent le bastion du groupe, situé dans le nord-est du Nigéria. Maroua abrite en outre le commandement des opérations de l’armée camerounaise contre les islamistes.

Mise en péril des moyens de subsistance
Depuis les dernières attaques à Maroua, le gouvernement a pris des mesures drastiques, bien déterminé à éviter que d’autres kamikazes s’infiltrent à l’intérieur du territoire camerounais et s’en prennent à des centres urbains tels que Yaoundé ou Douala, la capitale commerciale du pays. L’interdiction du port de la burqa – qui a été étendue de façon à inclure tous types de vêtements amples, tant pour les femmes que pour les hommes – a été décrétée dans l’essentiel du pays.

«Toute personne cherchant à dissimuler son identité sera considérée comme suspecte, et il est du devoir de chacun de signaler immédiatement de telles personnes et de s’en tenir à l’écart», a dit Donatien Bonyomo, une figure politique locale, lors de l’annonce d’une nouvelle série de mesures draconiennes dans le département central de Noun.

«Aucun individu non identifiable ne doit être vu dans les transports publics, sur une moto ou tout autre moyen de transport», a-t-il ajouté. [i «Les personnes désireuses de porter [la burqa] doivent rester chez elles.»]

En dépit des controverses qu’elle soulève, de nombreux Camerounais – dans un pays où les musulmans, essentiellement concentrés dans la région de l’Extrême-Nord, représentent 20 pour cent de la population – se disent favorables à l’interdiction du port de la burqa.

«Si ça doit permettre de protéger la vie de personnes innocentes, alors [le port de la burqa] doit être interdit», estime Alijah Moussa, un habitant de Maroua.

Un couvre-feu a été instauré de 20h à 6h dans le nord et les régions frontalières, où les horaires d’ouverture des commerces et des bureaux ont également été restreints de 6h à 18h. D’autres mesures ont été mises en place, notamment d’importantes restrictions de mouvement, des postes de contrôle le long des routes, la fouille arbitraire de personnes, de véhicules et de marchandises, et des contrôles d’identité aléatoires.

Malgré le climat de peur, nombre de Camerounais se plaignent non pas de la menace que représente Boko Haram, mais de la mise en péril de leurs moyens de subsistance.

«On m’a demandé de ne plus vendre dans la rue», indique Salif Bashir, un habitant de Maroua âgé de 16 ans.

Il vend habituellement des chargeurs de téléphone et autres gadgets aux passants durant les vacances scolaires afin de financer ses études.

«Je ne sais pas comment je vais bien pouvoir subvenir à mes besoins lorsque l’école reprendra en septembre. J’ai peur des attaques, mais je ne peux tout simplement pas rester à la maison.»

Ismael Sani, un chauffeur de camion effectuant du transport de marchandises entre le Cameroun et le Tchad, partage la colère de M. Bashir. «[Lorsque je passe la frontière], mon camion se fait arrêter en plusieurs endroits. Certaines de mes marchandises me sont confisquées et d’autres sont détruites parce que l’armée veut savoir ce que je transporte.»

Identifier l’ennemi
Le besoin soudain d’avoir des papiers d’identité a de fortes implications pour les migrants, les réfugiés et les Camerounais déplacés à l’intérieur de leur propre pays. D’après les autorités locales, on compte aujourd’hui pas moins de 74 000 réfugiés originaires du Nigéria rien que dans la région de l’Extrême-Nord. Des milliers d’autres Camerounais ont fui les violences secouant les zones frontalières et sont désormais déplacés à l’intérieur de leur propre pays. Les opérations camerounaises de contre-insurrection ont entraîné une nouvelle vague de déplacements. Toutes ces personnes ont besoin d’aide.

Faute d’être en mesure de présenter des documents d’identité, plus des centaines de migrants et réfugiés originaires du Nigéria, du Tchad et du Niger – qui vivaient dans des villes frontalières au Cameroun – ont récemment été escortés vers des camps situés à la frontière nigériane. On enregistrait, le week-end du
08 et du 09 août, au moins 3000 Nigérians rapatriés dans leur pays par les autorités camerounaises.

«Ces mesures ne concernent que les sans-papiers», justifie Albert Mekondané Obonou, le préfet du département de Logone-et-Chari, situé dans la province de l’Extrême-Nord, à la pointe nord du Cameroun. «Nous voulons pouvoir identifier toutes les personnes vivant parmi nous, afin de mieux protéger notre territoire et notre peuple.»

Mais de nombreux Camerounais déplacés par les violences disent avoir fui Boko Haram sans leurs papiers. «J’espère que les autorités nous comprendront et qu’elles nous aideront à obtenir des papiers d’identité», plaide pour sa part Moussa Dhubu à IRIN. Il espère ne pas être renvoyé vers la zone frontalière, où le danger guette, avec d’autres étrangers suspects.

De nombreux réfugiés sont confrontés à des problèmes analogues, car ils n’ont jamais été formellement enregistrés et ont fait le choix de vivre au sein de populations d’accueil ou comme éleveurs nomades plutôt que dans des camps.

«Les nouvelles mesures de sécurité signifient que de larges pans de la population vont souffrir de la faim et de la pauvreté dans cette région où bon nombre d’habitants vivent du petit commerce», explique David Magulu, professeur à l’université de Maroua.

Bon nombre d’habitants de la province de l’Extrême-Nord sont peu instruits, et n’ont jamais jugé nécessaire de se faire faire des papiers d’identité. «Certains n’ont même pas de certificat de naissance», fait remarquer M. Magalu.

«Comment ces personnes, qui vivent majoritairement du colportage, vont-elles survivre à ces mesures sans en être victimes?»

Dans ce genre de situations, l’aide est cruciale. Mais la plupart des projets – y compris ceux autrefois gérés par les Nations Unies, la Banque mondiale, les Chinois ou encore des organismes religieux internationaux – ont été revus à la baisse ou abandonnés en raison de la situation sécuritaire.

Marthe Wandu, la porte-parole de l’ONG locale ADELPA, a dit que certains projets fondamentaux menés par les Nations Unies dans la région de l’Extrême-Nord – notamment celui visant à réduire les taux de mortalité et de morbidité prénatale et infantile liés au VIH/sida – «ont été ralentis par les menaces de Boko Haram».

Les trois régions les plus gravement touchées de la pointe nord du pays, où de nombreux centres de santé ont fermé, sont inaccessibles.

Selon les Nations Unies, qui ont réévalué le niveau de risque de la région de 3 (modéré) l’année dernière à 5 (élevé) cette année, il est devenu difficile d’acheminer de l’aide aux communautés les plus nécessiteuses de la province de l’Extrême-Nord en raison des risques d’attaques et d’enlèvement. Les camions que le gouvernement loue pour approvisionner l’armée et les camps de PDIP de la région en nourriture exigent désormais une escorte armée. Le Cameroun paie là son engagement dans la lutte contre Boko Haram.

Des troupes camerounaises, déployées dans la région de l’Extrême-Nord pour combattre le groupe islamiste Boko Haram.
Ministère camerounais de la Défense)/n

Les Camerounais de Lyon manifestent contre Boko Haram

La communauté camerounaise s’est mobilisée vendredi à Lyon pour dénoncer les attentats commis par l’organisation terroriste

La communauté camerounaise s’est mobilisée vendredi soir, 07 août, à Lyon pour dénoncer les attentats commis par l’organisation terroriste Boko Haram au Cameroun.

En effet, depuis trois semaines, la ville de Maroua, à l’extrême-nord du Cameroun, est la cible d’attentats terroristes où des enfants sont utilisés afin de se faire exploser sur des lieux publics. Des attentats-suicides qui ont déjà causé la mort de plus d’une cinquantaine de personnes et qui ont fait près d’une centaine de blessés graves.

Jean Eric Sende, président de l’association «Jeunesse, Arts, Cultures et Sport en Liberté», en coordination avec Roger Kuitchoua, président de l’association «Emergence Sud», ont donc décidé d’organiser une manifestation pour lutter contre les actions terroristes de l’organisation Boko Haram. Même si à travers ce rassemblement ils souhaitaient attirer l’attention du monde sur les actions terroristes qui ont eu lieu au Cameroun, ce phénomène touche de nombreux autres pays d’Afrique que ce soit le Mali, le Tchad ou le Nigeria.

Un fléau qui vient déranger la paix dans le monde et contre lequel la communauté camerounaise a souhaité lutter vendredi soir.

La communauté camerounaise s’est mobilisée pour lutter contre les actions terroristes de Boko Haram au Cameroun
lyonmag.com)/n

Face à Boko Haram, débusquer maintenant les failles

Par Zachée Betché

Les nouvelles des attentat-suicides au Nord du Cameroun ou plus exactement-pour respecter les délimitations administratives-dans l’Extrême-Nord du pays se répandent comme une traînée de poudre depuis que Maroua en a été la cible. Les réactions aussi se multiplient à la hauteur de cette horreur aux qualificatifs introuvables. Les images sont insoutenables. Dans les réseaux sociaux fonctionnant à plein régime, retenue et voyeurisme sont au coude à coude. Sur place le journal septentrional L’ il du Sahel assure l’instantanéité de la publication des informations liées à ces événements tragiques.

La question centrale à l’heure actuelle est la suivante: le Cameroun est-il suffisamment outillé pour faire barrage à ces attaques terroristes de Boko Haram? Maintes fois relayée par des médias étrangers, elle coïncide avec la répétition des événements tragiques. Depuis le début des offensives perpétrées par la fougue islamiste, l’armée camerounaise s’est montrée déterminée.

La bravoure des soldats, appuyée par les forces tchadiennes venues à la rescousse, témoigne d’une volonté évidente. Seulement, avec les événements de Maroua, le caractère asymétrique de ces affrontements s’explicite davantage : les attentats-suicides et la terreur militante des islamistes s’exportent furieusement à l’intérieur du territoire national. Finalement, aux yeux des Camerounais, l’Extrême-Nord n’est pas si «extrême» que ça. Aujourd’hui, la peur gagne même les localités qu’on considérait jadis comme des citadelles imprenables naguère terrées dans la certitude que cette inhumaine vague terroriste n’était que l’affaire des autres.

Il y a des progrès à faire au niveau de la technologie sécuritaire pour s’adapter aux mutations des stratégies ennemies. Cela ne fait aucun doute. Mais il existe des failles dans le système «Cameroun» qu’il faut repérer. L’autocritique est une vertu essentielle dans toute entreprise qui veut s’approprier le progrès.

L’armée est irréprochable sur le front et Dieu sait qu’elle a besoin d’un soutien accru parce qu’elle défend et protège des vies et le territoire. Elle y prend toutes ses responsabilités. Cependant, l’image que véhiculent les forces de l’ordre au Cameroun mérite un changement profond plutôt qu’un réglage circonstanciel ou de façade. L’inconscient collectif associe cette institution à un pouvoir exclusivement répressif, à l’injustice, à la corruption. Ce qui traduit méfiance et peur. Or dans la situation actuelle, il n’est besoin d’insister sur l’importance capitale de la collaboration-dans le sens positif du terme-pour assurer une communication de vérité. La police et la gendarmerie doivent être les alliées du peuple qui n’en demande pas plus.

C’est un changement de paradigme qui doit s’opérer aussi dans la relation souvent sournoisement tumultueuse entre le politico-administratif et les populations. A tort ou à raison, l’autorité dans son ensemble, y compris traditionnelle ou religieuse, cristallise une certaine force abusive pour de nombreux citoyens. Face aux assauts répétés de Boko Haram, il faut militer de façon résolue et impérative pour la consolidation de l’acquis commun aux hommes: la vie. En tirant ainsi à la même corde et sans sourciller, ces différents segments de notre société démentiront la supposée incapacité du Cameroun à juguler ce chaos. Le véritable pouvoir c’est incontestablement celui qui est rompu au service. La proximité, dans le contexte actuel, comme au-delà, assure à la fois la circulation de l’information et la construction d’une nation.

La longévité du régime n’est pas un facteur de facilitation dans la lutte contre la nébuleuse intégriste. Outre le fait qu’il n’attire la sympathie des militants du progrès démocratique par carence d’alternance notamment, le Cameroun-le gouvernement qui est à sa tête-a mal à son image. Après le passage du président Barack Obama au Kenya et son discours historique du 28 juillet 2015 au siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba, mettant à nue la pratique de certains chefs d’Etats qui ont tendance à se fossiliser au pouvoir, le malaise doit être perceptible à Yaoundé. Par moments, la lutte contre Boko Haram s’est télescopée avec le soutien au régime. La faute aux nombreux sbires qui assouvissent leurs fantasmes dans le délire de toujours ramener l’essentiel à une seule personne. Cet état d’esprit ne contribue qu’à refroidir la hargne sécuritaire de ceux qui se considèrent comme opposants à la politique du régime en place.

La pauvreté du débat politique et un certain désintérêt lié au fatalisme qui a trouvé refuge dans l’esprit de nombreux Camerounais ont eu raison d’une conscientisation précoce de la population. Celle-ci a été sollicitée pour soutenir l’armée au front. Une quête de moyens financiers s’en est suivie même si son organisation a été diversement appréciée. Au final, il reste un mystère à élucider: qu’en est-il de la gestion des fonds collectés tambour battant pour soutenir l’armée au front? Lors du Mondial de football 1994 aux USA, une telle collecte a viré au cauchemar. Les Camerounais et même des dignitaires locaux s’en souviennent et critiquent sous cape. Il est évident qu’un tel climat de suspicion adossé sur le sentiment d’inertie générale ne facilite pas l’audace d’empoigner sérieusement la guerre multidimensionnelle contre Boko Haram.

Si sur le plan de la gouvernance, beaucoup reste à faire au Cameroun. Cependant une volonté d’en découdre avec le système pernicieux de monopoles économiques est évidente. En optant résolument pour une certaine ouverture économique, le pays de Paul Biya ne fait pas mine de signer des accords importants avec la Chine. «Nous coopérons avec la Chine comme avec la France, mais la Chine n’enlève rien à personne», disait-il. Le président camerounais a certainement compris les enjeux concrets d’une telle relation que l’Occident lui-même n’oserait se priver malgré une critique abondante qu’il ressasse.

Serait-il seulement possible de faire sans la Chine aujourd’hui? Il n’est un secret pour personne que «l’Afrique évolue simultanément dans plusieurs directions». Comme le souligne Achille Mbembe dans un entretien accordé au journal Le Monde du 26 janvier 2015: «Le regard africain bascule vers l’Asie». Pour expliciter cette ouverture au monde, Le mensuel Jeune Afrique dans sa livraison du 28 juillet 2011 annonçait une nouvelle retentissante: «Un gisement d’hydrocarbures découvert dans le nord du Cameroun». Cette découverte s’est soldée par un accord gagnant-gagnant avec la société chinoise Yan Chang Logone Development Holding Company Limited.

Ainsi, les assauts répétés de Boko Haram dans la partie Nord du Cameroun sont-ils un fruit du hasard ou résultent-ils d’une man uvre des pourfendeurs obstinés mais très intéressés de la chinafrique?

Pour l’instant, seule la thèse de l’instauration d’un Etat Islamique est relayée par les journaux et officiels occidentaux. La chaîne de télévision militante Afrique Médias, elle, ne passe pas par quatre chemins pour stigmatiser les querelles géostratégiques. Aussi, une opinion grandissante au sein de la population semble avoir débusqué la face nocturne des élucubrations de Boko Haram à l’armement sophistiqué défiant celui des Etats de la sous-région. Certains pays occidentaux sont fortement soupçonnés de tirer les ficelles en armant l’organisation terroriste. Les soupçons deviennent récurrents. La population est aux abois et bat les pavés des villes pour protester. Fanny Pigeaud en fait un écho explicite: «Fin février 2015, l’ambassadrice de France au Cameroun, Christine Robichon, a été très mal accueillie lorsqu’elle s’est jointe à une marche organisée à Yaoundé pour dénoncer les exactions de Boko Haram dans le nord du pays.»

Mais il existe une autre faille et pas des moindres: l’éducation. Certes l’islam pratiqué au Nord-Cameroun ne permet pas cet extrémisme enseigné dans les écoles salafistes. Il n’existe pas au Nord-Cameroun une tradition d’enseignements islamiques aussi dévoyés susceptibles de conduire les Puukara vers des délires extrémistes.

Il est vrai aussi que depuis quelques années, des rumeurs persistantes sur l’existence de certains réseaux islamistes au Cameroun ont fait leur chemin de crête. Mais d’où vient le problème ? On ne peut ignorer qu’il y a un terreau propice à l’extrémisme religieux quel qu’il soit dans un milieu peu scolarisé. L’abandon des enfants aux mains d’imams, souvent sans épaisseur théologique ou fortement idéologisés et dominés par la haine de l’autre, ne peut que favoriser des dérives d’une telle ampleur. L’enseignement islamique exclusif, celui qui ignore délibérément l’école citoyenne, est un support idéal de la culture de l’obscurantisme. La manipulation d’une population peu ou mal éduquée n’est-elle pas moins coûteuse ? Objectivement, la donne peut changer du fait de la proximité d’avec l’Etat de Borno qui connaît depuis des années de telles dérives pédagogiques et théologiques.

Les leçons de la conjoncture actuelle doivent être impérativement tirées. La prospection a le mérite d’être plus efficace que la réaction. Comment expliquer qu’à la barbe de l’élite locale et de l’Etat, certains enfants et adolescents ne connaissent pas la joie de l’école républicaine. Sans s’en prendre à l’école coranique traditionnelle, il est impératif que les parents associent sa pratique à celle l’école d’Etat. Autrement dit, il faudra veiller à ne pas priver ces jeunes d’avenir; plutôt les former pour être des citoyens capables de jouer pleinement leur rôle. Les dignitaires qui développent encore un esprit de cour devraient comprendre que l’émancipation indistincte des hommes comme des femmes est la clé de notre mieux-être. La Côte d’Ivoire serait-elle en train de prévenir cette «bombe» en rendant l’école obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans? A méditer.

La faille de la communication dans ce contexte de lutte contre Boko Haram est manifeste. Si les médias privés ont la volonté de donner la pleine mesure de la réalité, ils n’ont pas toujours les moyens de fournir l’information souhaitée. Pendant longtemps, l’affaire Boko Haram n’a pas connu un retentissement uniforme au sein de la population. Car suspicions et ignorances se sont moult fois exprimées au point de désigner en secret les « Nordistes » de préparer un « coup ».

Cette stigmatisation voilée est aujourd’hui en nette perte de vitesse. L’intérêt national a surgi même s’il paraît tardif.
Une sorte de mutisme des médias officiels handicape la communication tant recherchée par de nombreux citoyens camerounais. Ce silence est clivant. Les uns mettent en avant la volonté délibérée des pouvoirs publics d’éviter une publicité à moindres frais au réseau terroriste. Les autres s’indignent de l’inefficacité de la CRTV et de Cameroon Tribune, deux médias qui essuient fréquemment la critique de nombreux Camerounais les jugeant assez ringards. Le souvenir négativement impérissable du journal de 17 h à la CRTV, deux heures environ après l’attentat suicide du 22 juillet à Maroua reste gravé dans les mémoires. L’événement est passé inaperçu alors que la visite de président des Comores à Douala faisait la une du journal parlé. Que doivent faire les autorités ? L’on déplore le silence du président de la république et surtout le fait qu’il n’ait jamais effectué un déplacement sur le théâtre du drame pour manifester de l’empathie aux populations.

L’autre pan de la communication qui mérite un réel recadrage est celui inhérent au port de vêtements. Tout le monde devrait comprendre qu’il est facile de dissimuler une bombe sous un Niqab, une Burqa ou un Kaba. La sécurité des populations n’est-elle pas plus importante? Forcément, la gravité des événements mérite que l’on se penche sur le sens profond des habitudes qui se sont consolidées le long des années. Les réalités sociétales, culturelles et religieuses devraient se laisser habiter par une mentalité singulièrement aiguë et pressante. Les religieux, on dirait, paraissent plus silencieux qu’on ne le souhaite. Ne faudra-t-il pas donner de la voix? Se démarquer? Oser? Aussi, et cela d’une manière générale-au-delà des seuls médias camerounais ou africains-, faudra-t-il repenser la communication sur l’Islam. Il existe aujourd’hui une réelle marginalisation de la frange la plus importante de l’Islam pour cette minorité qu’on qualifierait d’ «islam abstrait».


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SCP: « aucune raison éthique ne devrait justifier la suppression d’une vie humaine »

Par SCP, Réseau service civil pour la paix

Aucune raison éthique ou morale ne devrait justifier la suppression d’une vie humaine. Les attentats suicides à répétition survenus ces derniers jours dans l’Extrême Nord du Cameroun et qui ont occasionné de nombreuses pertes en vies humaines, sont à condamner avec force, détermination et courage d’où qu’ils viennent et quelques soient leurs auteurs.

En restant solidaires et compatissantes à l’égard des familles des victimes éprouvées, des communautés de la région de l’Extrême Nord et du peuple camerounais tout entier, les organisations membres du Réseau service civil pour la paix (SCP) au Cameroun expriment leurs sincères condoléances à celles et ceux qui ont perdu des proches, amis et connaissances lors des meurtres par attentats perpétrés par des auteurs invisibles ayant décidé d’exploiter l’innocence et la naïveté des enfants pour orchestrer ces coups d’une lâcheté incroyable.

La gravité de tels actes ignobles dont les mobiles sont jusqu’ici inavoués, est de nature à semer définitivement et simultanément la peur, le doute et la psychose au sein des populations qui ne cherchent qu’à voir leurs conditions de vie s’améliorer par une gouvernance inclusive et participative à travers laquelle les richesses du pays seraient préservées durablement et utilisées avec équité pour le bien de tous et de chacun (e) indépendamment de son origine ethnique ou tribale, voire aussi de son appartenance religieuse ou doctrinale.

Une telle aspiration est donc aux antipodes de la violence criminelle qui se fonde de manière exclusive et impitoyable sur le plaisir de tuer et cherche à aboutir à la destruction de vies humaines, à la désolation et à l’exclusion et la haine de l’autre.

Face aux manipulations et actes de certains êtres humains dont nous sommes condamnés à être des frères et s urs, au-delà de nos différences idéologiques ou raciales et nos considérations sociales et culturelles, qui se consacrent au massacre de leurs semblables, il est plus qu’urgent de rappeler aux populations camerounaises, à la communauté nationale et internationale qu’aucune raison éthique ou morale ne devrait justifier la suppression d’une vie humaine.

Fort de ce principe et de la reconnaissance de notre appartenance à la commune humanité, le Réseau Service Civil pour la Paix (SCP) invite les populations à redoubler de vigilance et de maitrise de soi pour ne pas plonger dans l’amalgame, dans l’exclusion et la haine de l’autre du fait d’une insuffisante communication officielle. A ce titre, le Réseau service civil pour la paix (SCP):

i. Rappelle l’importance de la prise de conscience par toutes les couches sociales de l’existence d’une situation de crise et de la réalité d’une guerre contre un adversaire invisible. La nouvelle donne impose incontestablement des mesures spéciales et de nouveaux comportements auxquels il convient de s’habituer. Ignorer cette réalité serait manquer de soutien aux compatriotes se trouvant actuellement en première ligne de mire y compris l’armée dont l’incontournable mission de défense du territoire national contre les agressions multiformes a jusqu’ici été remplie avec bravoure et abnégation.

ii. Implore la retenue et le respect dans le discours au sein et envers les populations. Le contenu des messages à communiquer devrait être exempt de discours de haine ou de stigmatisation sous quelque forme qu’elle soit. Tout en continuant de militer pour une société plus juste, et en dénonçant les structures de l’injustice, les citoyens devraient se garder d’exacerber les inquiétudes et les frustrations du peuple. Pour leur part, les dirigeants sont attendus sur le terrain de la mise en confiance du peuple et la prise en compte de leurs aspirations urgentes à travers un discours pragmatique, dénué de vains engagements et de propagande.

iii. Attire l’attention de tou(te)s sur la nécessité de rester attentif et calme pour ne pas prêter le flanc à la moindre attitude qui puisse ébranler les fondements et les fondations de l’unité nationale. La culture citoyenne doit guider l’engagement de chacun(e) dans la lutte contre les actes terroristes et le terrorisme. Un tel engagement doit se fonder non pas sur des considérations ethno-religieuses ou politiciennes, encore moins sur une culture de l’exclusion, mais sur la construction d’une citoyenneté nationale et sous régionale appelant les dirigeants et les pays concernés par les attaques terroristes, à une relation inclusive basée sur la participation et la concertation avec leurs populations en vue d’une redéfinition des rapports de force. Il y a donc des efforts à déployer par les gouvernements pour que les comportements citoyens soient renforcés et que les valeurs de solidarité, de civilité et de civisme favorisent le développement du sentiment d’appartenance à une nation et à une sous-région dont les richesses n’ont pas jusqu’ici suffisamment servi l’intérêt général.

iv. Invite tous les Camerounais de bonne volonté à contribuer aux efforts non-violents pour résister à ces provocations insoutenables.
v. Demande au gouvernement camerounais et à tous les décideurs concernés de mettre un maximum d’efforts dans la réalisation du plan d’urgence et d’autres programmes avec pour objectif de booster la croissance économique de cette partie du pays et du Cameroun tout entier, en mettant un accent particulier sur l’éducation et l’emploi des jeunes.

vi. Interpelle la communauté internationale sur son devoir de solidarité avec les communautés et les citoyens camerounais mis en danger par ces agissements barbares.

vii. Invite toutes les organisations de la société civile à inclure dans leurs priorités des activités pour construire la paix, car pour nous «la paix croît de l’intérieur».

viii. Suggère à toutes les communautés de foi, catholique, protestante, musulmane et traditionnelle de lancer chacun à son niveau une chaine de prière ou d’activités spirituelles pour soutenir les efforts communs.

Le Réseau service civil pour la paix (SCP) entend poursuivre l’observation des mutations et l’analyse du contexte pour engager ses membres dans des actions de prévention, d’éducation, de conscientisation et de formation pour promouvoir la résilience des populations et de nous tous face à cette réalité choquante et perturbante.

Par ailleurs, le Réseau service civil pour la paix (SCP) qui est constitué de confessionnels et de laïcs de différentes confessions, se met en union de prière dans la diversité de leurs croyances, pour que l’humain soit recréé en ceux-là qui ont pris l’option d’ignorer leur propre humanité et d’être insensibles à toute souffrance humaine.

Fait à Yaoundé, Douala, Maroua, Garoua, Batouri, Bangangté, Bertoua, Bafoussam, Foumban, Bamenda, Buea, Kumba.


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A Yaoundé, le dispositif sécuritaire se renforce

De nouvelles mesures sécuritaires ont été prises lundi 27 juillet par le préfet du Mfoundi qui a instruit entre autres, la fermeture de tous les débits de boissons dès 19heures

Suites aux attentats perpétrés par la secte Boko Haram à Fotokol et à Maroua, de nouvelles mesures de renforcement du dispositif sécuritaire ont été prises à Yaoundé, chef-lieu de la région du Centre au Cameroun. Elles concernent notamment les débits de boisson, cabarets, vendeurs à la sauvette, les zones dites sensibles, à forte concentration humaine et bâtiments publics.

Lundi, 27 juillet 2015, le préfet du Mfoundi, Jean-Claude Tsila, a décidé que les débits de boisson doivent être désormais fermés à 19 heures. Samedi dernier déjà, certains bars dancing et autres cabarets avaient déjà reçu les visites des éléments de la gendarmerie nationale qui avaient instruit les consommateurs de vider les lieux.

A l’avenue Kennedy, au marché central et dans les locaux qui abritent les services publics, les vendeurs à la sauvette et enfants de la rue, qui ont élu domicile sur les trottoirs, ont été priés de libérer les lieux. Les gendarmes et policiers en patrouille permanente dans ces lieux publics passent désormais au scanner toutes les entrées et sorties. Les regroupements sont également proscrits.

Selon le quotidien national, édition de ce jeudi, 30 juillet 2015, les éléments de la police ont opéré une rafle au quartier «Briqueterie» mardi matin, et les personnes qui ont été interpellées sont en exploitation.

L’Avenue Kennedy surveillée de près par la police
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Les solutions de Marafa Hamidou Yaya, après les attentats de Maroua

Par Marafa Hamidou Yaya

Mes chers compatriotes, en quinze jours, notre pays a été secoué coup sur coup par trois attentats-suicides. Perpétrés par Boko Haram à Fotokol le 13 et à Maroua les 22 et 25 juillet, ils ont fait des dizaines de victimes civiles et militaires. Mes premiers mots sont pour déplorer leur mort, m’associer à la douleur de leurs proches, que je sais immense, et rendre hommage au courage de nos soldats et forces de sécurité. Il importe de bien cerner la signification de ces évènements tragiques. En effet, si nous avions déjà cerné de nombreux raids et enlèvements de la part de Boko Haram, nous avions jusque-là été épargnés par les attentats-suicides.

Cette «première» marque-t-elle donc une escalade? Bien pire une contagion. Et à deux niveaux: les crises qui bouleversent le monde arabo-musulman s’imposent an Afrique subsaharienne et, en parallèle, l’islamisme fanatique progresse dans son instrumentalisation des segments les plus vulnérables de notre société, en particulier les jeunes et les femmes. 15% des musulmans de la planète vivent en Afrique subsaharienne, où ils représentent 30% de la population de cette région. Et selon le Pew Research Center, en 2030, soit dans 15 ans, le Nigéria sera le premier pays musulman du continent, devant l’Egypte.

C’est dire que l’Afrique en général, et le Cameroun en particulier, voisin du Nigéria, situé sur la ligne de frontière entre l’Afrique musulmane et l’Afrique chrétienne, et dont au moins 20% de la population est de confession musulmane, ne peuvent rester à l’écart des mutations qui touchent le monde musulman. Ces mutations, quelles sont-elles?

Initiées depuis une trentaine d’années, elles vont dans le sens d’une politisation de l’islam, c’est-à-dire d’un dévoiement graduel de la religion à des fins de conquête du pouvoir, de contrôle social. C’était le cas dans les années 80, de l’islamisme perçu comme libérateur, celui qui a chassé les Soviétiques d’Afghanistan ou qui s’est attaqué à la dictature des généraux en Algérie et au régime du Shah d’Iran. C’était le cas ensuite, de l’islamisme extrémiste des talibans qui a mis en place un régime ciblant les intellectuels, les artistes, les jeunes, le patrimoine historique. C’est, plus récemment, le cas de l’islamisme dans son expression la plus radicale, aspirant à l’asservissement total des populations au moyen d’une terreur mondialisée, le djihadiste terroriste qui sévit en Somalie, au Kenya, au Mali, au Nigéria, au Niger, au Tchad et maintenant au Cameroun.

De ce point de vue, le serment d’allégeance de Boko Haram à l’Etat islamiste a une signification plus prégnante et plus sinistre que celle d’un simple alignement sur une interprétation dévoyée de la religion et de la pratique d’une violence inouïe. Il formalise l’entrée de groupes terroristes locaux dans une stratégie globale de lutte pour le pouvoir. Ce n’est pas un choc des civilisations entre le monde musulman et l’Occident auquel le monde fait face, mais à une guerre pour le contrôle des lieux saints de l’islam et des plus importantes réserves pétrolières de la planète. Face à cet islamisme conquérant, assoiffé de pouvoir, quelle riposte nous, Camerounais, devons-nous adopter?

La bataille militaire est bien sûr d’une importance critique, et immédiate. Mais on peut avoir confiance qu’avec nos alliés du continent et nos soutiens internationaux, et avec la valeur de nos soldats, à laquelle je rends un nouvel hommage, nous la remporterons.

Mais la lutte pour arracher les membres les plus vulnérables de nos sociétés à la tentation ou à l’emprise de l’islamisme sera de plus longue haleine. La première défense à organiser, c’est celle de nos femmes et de nos jeunes. Les bombes humaines des deux attentats de Maroua ont été des fillettes et des jeunes femmes, dont certaines vivaient de mendicité. Elles devaient avoir la soif d’apprendre, le rêve de se réaliser par le travail et l’entreprise, l’ambition d’être indépendantes et de construire une famille dans laquelle elles auraient été les égales de leurs maris. C’est sans aucun doute la conscience désespérée que rien de tout cela ne se réaliserait pour elles qui les a poussées vers ce geste sanglant et absurde, et non une quelconque foi ou idéologie. Nous devons agir immédiatement pour l’émancipation des femmes. La première mesure à prendre est d’abolir la polygamie. Un projet de loi portant création d’un code de la famille est déjà disponible depuis des années. Adoptons-le sans attendre.

Il y a une douzaine d’années, j’avais accompagné le Roi du Maroc lors d’une visite au Cameroun. Il m’avait confié que sa plus grande fierté était l’adoption d’un tel code dans le royaume. Je mesure aujourd’hui combien cette fierté était sage et justifiée. Mais allons plus loin dans l’élimination des archaïsmes nocifs.

Fixons un minimum légal pour éviter les mariages précoces et développons le planning familial, en particulier dans les zones rurales. Interdisons et luttons contre les pratiques telles que l’excision et le massage à la pierre brûlante des seins des jeunes filles pour freiner leur croissance.

Inscrivons dans la loi l’égalité de traitement des hommes en matière d’héritage. Outre les femmes, les jeunes sont un instrument et une cible de l’islamité. Le continent compte 200 millions de 15-24 ans laissés sur le côté de la route par cette croissance africaines tant vantée par les observateurs. Le Cameroun ne fait pas exception. Et les terroristes recrutent massivement parmi cette population énergique mais dés uvrée et sans perspective. Rappelons qu’Al-Shebbab, nom du principal groupe islamiste sévissant au Kenya, signifie précisément «jeunesse» en arabe. Il faut rendre la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans sur tout le territoire camerounais, et l’assortir d’un service civique obligatoire de deux mois. Une loi peut être votée dans ce sens dès la prochaine session parlementaire et appliquée dès la rentrée 2016.

Le nord du pays a particulièrement besoin de cette initiative pour pouvoir jouer son rôle de rempart contre la contagion de l’islamisme fanatique. Le taux d’inscription des enfants dans l’enseignement primaire n’y est que de 40%, contre près de 70% dans certaines parties du Sud. Un pendant de cette mesure est de rendre l’enseignement public réellement gratuit. Il est déjà censé l’être mais nous savons bien que, dans les faits, il s’avère souvent plus cher que l’enseignement privé. Autre urgence: mettre en uvre la réforme de l’Etat Civil engagée il y plus de dix ans, et pour laquelle la France nous a apporté un soutien financier.

Comment les dizaines, voire les centaines, de milliers de nos compatriotes qui n’existent toujours pas sur les registres gouvernementaux pourraient-ils ne pas se sentir marginalisés, ignorés, méprisés?

Rien ne justifie cet immobilisme. Ces mesures, en particulier l’instauration de l’enseignement obligatoire, demanderont-elles une mobilisation considérable? Sans aucun doute, mais un pays comme le Cameroun, qui ambitionne d’accueillir la Can en 2019 et s’est lancé dans un grand programme de construction de stades d’un coût de 550 milliards Fcfa, doit être capable de recruter les enseignants et de construire les écoles nécessaires.

C’est à se demander où se trouvent nos priorités! Et, ayant armé nos jeunes pour l’avenir, nous devons en faire les conditions du développement inclusif, c’est-à-dire un développement qui ne soit pas seulement tiré par la croissance démographique et l’appréciation des matières premières, mais qui crée des emplois dans l’industrie et les services. Certaines de ces mesures vont-elles à l’encontre de certaines de nos traditions, d’un certain héritage culturel? Ayons le courage de reconnaître que certaines de ces traditions n’ont plus lieu d’être, qu’elles font obstacle à notre modernisation, et qu’il faut se résoudre à les abandonner.

Sans attendre, car comme dit la formule: «quand le mal a toutes les audaces, le bien doit avoir tous les courages». Plus largement, nous devons mettre en place la SOCIETE DE CONFIANCE fondée sur les valeurs républicaines. Je l’appelle de mes v ux depuis longtemps, car elle est le seul cadre dans lequel nos jeunes pourront s’épanouir, en sachant que leurs efforts seront récompensés à leur juste valeur, que leurs diplômes leur ouvriront la voie d’une vie productive et stimulante, que ce ne seront pas leurs origines sociales, tribales ou géographiques qui détermineront le cours de leur vie. Il faut enfin étendre cette bataille pour les corps, les c urs et les esprits au terrain religieux, en promouvant une pratique saine et non dévoyée de l’islam, et qui contribuera à la construction de notre avenir. Comment?

Au quotidien, nous devons exercer la plus extrême vigilance face aux expressions de cette religion instrumentalisée. L’interdiction récente du voile intégral, dont le port dans le Nord Cameroun est d’ailleurs un phénomène récent, comme la surveillance accrue des lieux de prêche extrémistes, vont dans le bon sens. Il faut en étudier d’autres, pouvant aller jusqu’à un couvre-feu dans les régions les plus exposées au fanatisme. Un autre élément-clé de cette stratégie d’endiguement de l’islamisme meurtrier, qui n’a de religion que le nom, doit être la participation de nos élites, en particulier musulmanes, à l’effort d’éducation des plus vulnérables. Le silence des élites musulmanes est l’allié de Boko Haram, car les populations l’assimilent à un soutien implicite. «Si je reste assis en silence, je commets un péché», disait Mossadegh. Moi, Camerounais musulman, je condamne ces crimes, je refuse et dénonce le silence.

Marafa Hamidou Yaya
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Ligue 1: les acteurs disent «non au terrorisme»

La grande famille du football a exprimé, au cours de la 26ème journée disputée dimanche 26 juillet, sa solidarité et son soutien aux familles des victimes des attentats suicides de Maroua et Fotokol

La 26ème journée de Ligue 1, disputée dimanche 26 juillet 2015, était placée sous le signe de la condamnation et de la dénonciation des attentats suicides perpétrés à Maroua et à Fotokol. La grande famille du football a exprimé sa solidarité et son soutien aux familles des victimes, ainsi qu’aux populations de la région de l’Extrême Nord du Cameroun.

Dimanche 26 juillet 2015, en action concertée-LFPC (Ligue de football professionnel du Cameroun)/Synafoc (Syndicat national des footballeurs camerounais)-et en hommage aux victimes des attentats terroristes de Fotokol et de Maroua, tous les joueurs arboraient un brassard noir lors des rencontres de la 26èmejournée de Ligue 1. Une minute de silence a également été observée avant le kick off de toutes les rencontres.

Lors des cérémonies protocolaires d’avants matchs et de la minute de silence, joueurs, officiels et spectateurs ont brandi-avec hargne et détermination-les flyers à la mention bilingue: «NON au TERRORISME. Le Football est un vecteur de Paix et de cohésion sociale!!! Ensemble et unis, nous vaincrons!!!»

L’opération a connu l’adhésion de tous. Elle va se poursuivre sous la forme d’engagement individuel et s’étendra aux footballeurs camerounais évoluant hors des frontières nationales.


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Le SDF invite le gouvernement à prendre toutes les mesures pour assurer la protection de tous

Par Joshua N. OSIH, 1er vice-président national du Social democratic front (SDF)

Le Cameroun est en train de vivre l’une des périodes les plus sombres de son Histoire du fait d’une sale guerre qui lui a été imposée. Après Fotokol, la ville de Maroua vient de subir deux attentats en l’espace de trois jours.

Tout en ayant une pensée pour les victimes innocentes de ces attentats perpétrés par des innommables qui n’ont aucun respect pour les vies humaines, le SDF adresse ses condoléances à leurs familles si durement éprouvées. Le SDF souhaite également un prompt rétablissement aux blessés de ces violences indescriptibles.

Le SDF réaffirme une fois de plus son soutien constant à nos forces opérationnelles de défense et de sécurité sans qui la situation aurait certainement été plus grave que celles que nous connaissons jusqu’ici. Leur bravoure et leur sens élevé du devoir républicain est à féliciter. Le SDF invite le gouvernement de la République à prendre toutes les mesures indispensables pour assurer la protection de nos compatriotes.

Ces mesures doivent intégrer non seulement les actions urgentes en rapport avec les aspects sécuritaires et humanitaires mais également les actions à court et moyen terme qui doivent tenir compte des problèmes économiques et des réalités sociales et économiques. Tout en demeurant ferme dans la protection et la consolidation de l’intégrité de notre territoire, aucune piste ou solution allant dans le sens de la préservation de la vie de nos concitoyens n’est à proscrire.

Au-delà de la charge émotionnelle que ces attentats horribles imposent à la conscience nationale, le SDF réitère que la réponse adéquate à ces attentats ne saurait venir d’un parti ou d’un bloc politique pris individuellement mais plutôt de la collaboration et de la contribution inclusive de toutes les forces vives de la Nation. La solidarité et la compassion nationales imposent que le régime ait le courage de reléguer en arrière-plan les clivages détestables susceptibles de porter atteinte à notre vivre ensemble. Pour ce faire, il convient d’éviter les suspicions et les stigmatisations contre-productives qui puissent créer des divisions inutiles.

Tous les camerounais sans exception doivent se sentir concernés par la nouvelle situation qui est extrêmement préoccupante pour notre pays. Le sursaut républicain requis en pareille circonstance impose que le Président de la République, après avoir réuni le Conseil national de la sécurité, consulte les partis politiques, les organisations de la société civile ainsi que les gardiens de nos traditions tout en actionnant le levier de l’article 14 alinéa 4 de la Constitution à l’effet de réunir les deux chambres du Parlement pour une communication spéciale exclusivement réservée à la situation dramatique que vit notre pays.

Le SDF tiendra le samedi 1er aout prochain une session extraordinaire du Comité exécutif national (NEC) consacrée à ces évènements sanglants qui ont profondément endeuillé notre pays.

Joshua N. OSIH
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