Vous venez d’être nommé comme nouveau grand chef de l’ONU. Vous ne prendrez officiellement vos fonctions qu’en janvier prochain. Aussi, avant que vous ne soyez totalement corrompu et négativement conditionné dans vos nouvelles futures responsabilités, je me dois, pendant que vous êtes encore fréquentable, de vous souligner des points essentiels à l’équilibre, à la paix, et la justice internationale, mais bafoués de tout temps.
Alors, cher Antonio, vous voudrez bien vous préparer à utiliser votre indépendance comme le prévoient les textes de votre institution, afin d’empêcher, l’aggravation et l’extension de ce pillage des ressources, des richesses et des dignités du continent africain.
Ce ne sera pas évident, car ceux du conseil de sécurité qui sont à la base de votre nomination, sont les champions de cette gymnastique de ces massacres. Tout a commencé avec les explorateurs, les conquistadors, les missionnaires, les marchands d’esclaves, les soi-disant pacificateurs qui n’étaient que des colons…. Et ça continue avec les Bollorés, les Françafricains, le front monétaire international, le franc cfa, les présidents de père en fils…….
Cependant, je voudrais retenir votre attention sur certains petits faits qui devraient sonner l’alarme car le seuil de tolérance est dépassé. Voilà des gens qui s’imposent chez les autres, par leurs langues, leurs religions, leurs façons de s’habiller de penser, imposant jusqu’aux mauvaises habitudes, défauts et vices. C’est, dit-on, le prix de la civilisation, de la mondialisation.
Dites-moi, si vous trouvez normal nous soyons soumis jusqu’à nos animaux. C’est ces envahisseurs qui organisent des chasses, des safaris dans nos savanes et nos forêts. C’est eux aussi qui décident décrètent et proclament qu’il ne faut plus tuer les éléphants, les tortues, les porcs -épics, pangolins et autres animaux qu’il faut protéger!
Pouvez-vous imaginer que des Africains s’installent dans les forêts européennes pour étudier leurs ours, leurs loups, sangliers et autres ? C’est manu militari qu’ils seraient chassés et poursuivis pour braconnage. Ces soi-disant amis de la nature européens installés dans nos brousses, vivant avec les singes et les gorilles prétendant les protéger, alors qu’en fait ce sont des espions qui recherchent des réserves d’or de pétrole de diamants, et différentes matières premières, on les connaît.
Comme si ça ne suffisait pas, ils échafaudent des théories selon lesquelles, nos singes seraient porteurs de « l’Ebola », qu’on ne devrait plus les manger ; ces pauvres animaux sur lesquels certains de leurs apprentis sorciers font des expériences prétendues scientifiques ne sont que de pauvres cobayes sur lesquels on essaye des virus mortels de laboratoire.
La dernière campagne mensongère est sur l’huile de palme. Nous on l’utilise depuis nos ancêtres. Pas de cancer, et pas de dévastation forestière. Ce qui est terrible et qui dangereux, c’est nos bois précieux qui, depuis des siècles sont sauvagement abattus pour l’occident, et non nos palmiers. Aucune campagne contre ce scandale écologique!
Vous comprendrez donc que vous avez du pain sur la planche. Il vous appartiendra de gommer ces injustices et inégalités qui sont devenues la norme. Je sais, cher numéro un de l’ONU que ce n’est pas évident. L’une des grandes références occidentales, le Général de Gaule, appelait votre institution « Ce Machin » ! Je ne peux évidemment pas vous demander de faire qu’un pays africain soit membre permanent du conseil de sécurité du machin, pardon, de l’ONU.
Cependant, il faudrait absolument que votre successeur soit une femme, oui, une femme. Ce serait on ne peut plus logique, et l’on pourrait commencer à vous redonner plus de crédibilité, et ce ne serait plus, ni un truc, ni un bidule, et quoi qu’en disent ceux qui pensent comme le Général, plus un machin du tout.
Profitez de votre état de grâce en mettant en marche tout ceci, vu votre virginité dans la corruption de vos futurs fonctions, et je fais une chose que je fais rarement, je vous adresse mes félicitations et mes salutations encourageantes.
Le 30 septembre 2016 s’est tenue à Paris la conférence des Ministres et Gouverneurs des Banques Centrales des pays africains de la zone franc. La société civile et les monétaristes africains espéraient que le sujet du jour porterait sur la sortie ou non de la zone franc des seize pays concernés. Mais ce sujet ne figurait pas à l’ordre du jour de la conférence.
La sortie de la zone franc est un véritable serpent de mer qui donne lieu à de virulents débats en Afrique francophone. Tous ceux qui réclament un débat national ou continental sur le franc CFA rongeront encore leur frein. Lors de la conférence de presse organisée à l’issue de cette rencontre, ministres et gouverneurs de banques centrales affichaient une belle solidarité.
A la fin de cette conférence, Thiémoko Meyhet Koné, Gouverneur de la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a voulu dissiper les doutes. Pour lui, « les difficultés que rencontrent les pays membre de la zone franc ne sont pas liées à la monnaie. Elles s’expliquent par le choc créé par la chute des matières premières ».
Thiémoko Meyhet Koné a partiellement tort. Il aurait pu ajouter que le franc CFA n’est pas le seul responsable de l’immobilisme de l’Afrique francophone qui a axé toute ses rentrées de devises sur la vente des matières premières sans valeur ajoutée. Ces déclarations sont donc un aveu d’impuissance et d’irresponsabilité collective des dirigeants des pays de la zone franc.
A une journaliste qui demandait après la conférence à Michel Sapin, Ministre français de l’économie et des finances si le franc CFA était bon pour le développement, ce dernier a répondu : « La France garantit la stabilité du franc CFA. Ce n’est pas sa monnaie, elle dépend de la volonté des africains. Mais cette stabilité est une garantie pour le pouvoir d’achat des plus pauvres ».
Quant au ministre centrafricain des finances, Henri-Marie Dondra , il a déclaré à la sortie de cette conférence, devant un parterre de journalistes : « la monnaie se porte bien. S’il y a un problème, on l’aurait inscrit à l’ordre du jour », a-t-il expliqué.
Henri-Marie Dondra serait-il l’exégèse de la pensée des chefs d’états africains ? Ses propos ne sont pas gratuits et trahissent le mal être des pouvoirs actuels. Nous pouvons donc convenir que l’avenir du franc CFA dépend uniquement des africains et non de la France.
La déclaration d’Henri-Marie Dondra a eu l’effet d’une douche froide pour tous ceux qui attendaient de cette conférence un véritable tournant historique pour l’Afrique. Hélas ! Les dirigeants africains actuels ne veillent que sur la pérennité de leur pouvoir.
Que reproche-ton au franc CFA ?
La zone franc est le seul espace économique au monde qui relie toujours les pays concernés à leur ancienne puissance coloniale. Créée en 1945, le franc CFA n’est plus adapté aux exigences de souveraineté, de liberté et de démocratisation de l’Afrique.
Les principaux reproches soulevés jusqu’ici pour cette monnaie se résument en deux points :
-L’arrimage du franc CFA à l’Euro
-La parité du franc CFA
Le franc CFA a une parité fixe avec l’euro et les pays de la zone franc ont l’obligation de déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor Public français. Un euro est égal à 655,957 franc CFA.
Selon un rapport de la zone franc, la BEAC (Banque des États de l’Afrique Centrale) et la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), les deux Banques Centrales de la zone franc disposaient en 2005 de plus de 3 600 milliards de francs CFA (environ 72 milliards d’euros) auprès du Trésor Public français. Pour l’économiste Kako Nubukpo et ancien ministre togolais, rien n’empêche les pays concernés d’en faire usage pour accompagner leur croissance. Mais, existe-t-il seulement des modalités de rétribution de cette cagnotte ? A ce niveau, aucune transparence ne permet d’apporter un jugement de valeur. La gestion du franc CFA reste floue auprès du grand public.
Il est donc urgent de revoir l’arrimage du franc CFA à l’Euro car cet argent s’affecterait bien au développement des pays concernés. En effet, pour Kako Nubukpo, l’arrimage du franc CFA à l’euro pose un problème de compétitivité aux pays de la zone franc.
Un débat sur le franc CFA est donc l’une des urgences dans la zone franc. Il permettrait d’éclairer tous ceux qui doutent de la volonté des dirigeants africains actuels de doter l’Afrique d’une monnaie commune et souveraine.
Dans son manuel « Monnaie servitude et liberté : répression monétaire de l’Afrique », l’économiste camerounais Joseph Tchuindjang Pouémi dénonçait en 2004 le franc CFA comme un outil de servitude de l’Afrique. Le professeur Nicolas Agbohou y voit lui, un outil de contrôle politique et économique. L’un et l’autre n’ont pas tort. Le temps presse pour l’émergence de l’Afrique. Mais, existe-t-il une volonté politique et économique à l’heure actuelle pour proposer une alternative à cette monnaie répressive ? Bien malin qui répondra à cette question.
Malgré une parité fixe et la garantie de stabilité du franc CFA à l’euro, nous avons toujours en mémoire la dévaluation du franc CFA qui a mis à genou les économies d’Afrique francophone. La fixité de la parité du franc CFA à l’euro n’est donc pas immuable.
Le débat sur le franc CFA reste un tabou dans tous les pays de la zone franc. Les dirigeants actuels ne veulent pas de ce débat. Il est donc facile de continuer à jeter l’anathème sur la France responsable de tous nos maux. Le procès fait à la France est donc injuste.
Selon le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama, ce processus serait le résultat des négociations menées depuis 2012 par les experts des deux zones
L’interchangeabilité du franc CFA entre la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sera «bientôt» effective, a déclaré le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) au quotidien camerounais «Mutations» paru lundi.
Lucas Abaga Nchama qui s’entretenait avec la parution à capitaux privés, s’est toutefois refusé à donner une date pour l’entrée en vigueur de cette mesure de convergence, indiquant néanmoins que »les deux zones voudraient consolider l’intégration ».
»Je voudrais rassurer le public sur le fait que nous travaillons à prendre des mesures afin d’éviter le blanchiment de l’argent sale et le financement du terrorisme », a-t-il affirmé.
Gelées pendant deux décennies, les négociations en vue de l’entrée en vigueur de l’interchangeabilité du franc CFA ont repris en 2012 avec un calendrier de rencontres techniques que les experts qualifient de «dynamique».
A travers un cadre d’échanges sécurisé, il s’agit d’étudier le retour vers la convertibilité des billets de banque entre la CEMAC et l’UEMOA.
La zone FCFA, rappelle-t-on, regroupe le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Gabon, la Guinée-Bissau, la Guinée Equatoriale, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Tchad, le Togo et la République centrafricaine.
Le gouverneur de la Beac, Lucas Abaga NchamaDroits réservés)/n
Plusieurs journaux parus lundi sont revenus sur la tenue en fin de semaine dernière à Yaoundé, la capitale du pays, de la rencontre semestrielle des ministres de la zone franc
L’avenir du franc CFA était en question lors de ces assises, titre Le Jour qui constate que rien de concret n’a été décidé par rapport à la monnaie commune à 15 pays d’Afrique du centre et de l’ouest.
L’idée de la mort du franc CFA, lié par une parité avec l’euro, n’emballe pas du tout les dirigeants africains, leur monnaie étant considérée comme un gage de stabilité économique et politique, analyse Emergence.
Pour le ministre français des Finances, Michel Sapin, cité par Le Quotidien de l’Economie et à propos de l’interchangeabilité entre la monnaie commune d’Afrique centrale et de l’ouest et la parité fixe avec l’euro, «la France ne décide pas à la place des autres».
Selon EcoMatin, «le choix de sortir ou de rester de la zone franc n’était pas au menu de cette réunion, mais de l’avis des spécialistes, il a été traité ipso facto en marge des activités prévues».
«A la vérité, les pourfendeurs du FCFA indiquent que la sortie des pays africains, lancés dans d’ambitieux projets de développement, est imminente. Côté Français, on semble prêt à jouer la carte du pragmatisme.»
«La zone Franc est une zone des Africains, pour les Africains, décidée par les Africains. La France est là pour accompagner. La France est là, comme vous le savez, pour garantir la stabilité de la monnaie. Nous nous engagerons à faire en sorte que cette monnaie reste stable par rapport à d’autres monnaies et cette stabilité est quelle chose de très utile aux pays concernés. Mais, c’est la décision des pays africains qui s’impose, pas celle de la France. S’il y a une volonté de voir évoluer cette zone, cela doit venir de la volonté des pays africains eux-mêmes et de leurs responsables», explique Michel Sapin au quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune.
Mutations bat pourtant en brèche cet argumentaire plein de bon sens : l’Afrique compte 54 pays indépendants, et seuls 15 de ces pays ont lié leur sort financier à l’ancienne puissance coloniale alors que, à l’intérieur même de ces Etats, économistes et monétaristes parmi les plus célèbres de la planète ressassent, à tout vent, qu’une monnaie est d’abord un instrument de souveraineté avant d’être un moyen de change commercial, et un pays qui ne contrôle pas cet instrument est assujetti.
Par l’UFP (Union pour la Fraternité et la Prospérité)
L’UFP invite les populations de Douala à la Rencontre pour l’Espoir Politique au Cameroun qui aura lieu le mardi 17 novembre 2015, Hôtel Vallée des princes Bessengue 15h. Thème : « Jeunesse camerounaise, Franc CFA, Démocratie Théiste : Le temps des choix décisifs ».
Panel : Olivier Bile, Mathias E. Owona Nguini, Jules Fongang, Cabral Libiih, Jacques Maboula, Babissakana.
Fiche technique de présentation Organisateur des conférences : UFP (Union pour la Fraternité et la Prospérité) Thème général
Formulation 1 : « Changeons la vie de la jeunesse camerounaise par une monnaie indépendante dans le cadre de la Démocratie théiste »
Formulation 2 : « Jeunesse camerounaise, Franc CFA, Démocratie Théiste : Le temps des choix décisifs »
Dates et lieux : Mardi 17 novembre 2015 (Douala) et mercredi 27 janvier 2016 (Yaoundé)
Modération : Véronique Makeme, Communicologue, Vice-Présidente à l’UFP chargée de la communication et des RP, CEO MEDIACTOR.
Les principaux conférenciers pressentis
°Babissakana, Ingénieur Financier ; Expert en matière économique et monétaire ; CEO du Cabinet PRESCRIPTOR
Sous-thème : Fonctions politico-économiques de la monnaie et rôle stimulateur d’une monnaie libre sur l’emploi et la production : Impact socioéconomique et socioculturel sur la vie de la jeunesse camerounaise, 15 mn max.
°Jules Bertin Fongang, Juriste, Vice-Président à l’UFP chargé des affaires juridiques et électorales, Avocat (s) au barreau du Cameroun
Sous-thème : Etat des lieux de la condition sociopolitique, économique et culturelle de la jeunesse camerounaise aujourd’hui : Réalités en matière de financement des jeunes organisations économiques ou institutionnelles au Cameroun, 15 mn max.
°Guy Parfait Songue, politologue, Chargé de Cours Université de Douala.
Sous-thème : Le Franc CFA, le néocolonialisme français et la construction d’une culture de désarmement mental et moral au Cameroun : Conséquences sur la jeunesse et leçons à tirer, 15mn max.
°Mathias Eric Owona Nguini, Socio-politiste et spécialiste d’économie politique ; Chargé de cours à l’Université de Yaoundé II ; Directeur scientifique à la Fondation Paul Ango Ela
Sous-thème : La place du F CFA dans l’ordre sociopolitique et politico-économique en Afrique de la Zone franc, 15 mn max.
°Jacques Maboula Mboya, Chef d’entreprise, Maire UFP de Yabassi, Président de la Fédération Régionale UFP pour le Littoral
Sous-thème : Exhortation de la jeunesse sur l’exigence d’une action politique courageuse, libératrice et décomplexée : Appel pour une mutation vers une démocratie de salut public (3G), 15 mn max.
° Olivier Bile, Président de l’Union pour la Fraternité et la Prospérité (UFP), Chargé de Cours à l’Université de Yaoundé II, Documentariste politique et spécialiste de la pensée monétaire de Joseph Tchundjang Pouémi. Auteur de la biographie « Tchundjang Pouémi, le Keynes africain ».
Sous-thème : Politiques keynésiennes de plein emploi et Démocratie Théiste : Exigence d’éthicisation de la gouvernance économique et monétaire au bénéfice de la jeunesse camerounaise et africaine, 15 mn max.
Les panélistes ci-dessus ont le trait commun d’être panafricanistes et de militer pour la déconstruction de l’édifice monétaire colonial du F CFA, en vue de la construction d’un édifice monétaire authentiquement camerounais et ensuite africain.
Quelques supports de communication destinés au public
°L’ouvrage de référence : Monnaie, Servitude et Liberté, La répression monétaire de l’Afrique, Joseph Tchundjang Pouémi (Ed. Jeune Afrique 1980 et Menaibuc 2000) disponible Librairie des Peuples noirs.
°Le Manifeste du Tchundjanguisme ou Comment vaincre le chômage et la pauvreté par la monnaie (Publication du MTP).
°Tchundjang Pouémi, le Keynes africain : Comprendre pourquoi et comment sortir du F CFA (Biographie audiovisuelle du documentariste Olivier Bile), 26 mn.
°DVD : « L’argent » : Le secret de la Monnaie, 21 mn
DVD : Petite histoire de la monnaie, 11 mn.
Déroulement des conférences débats
Interventions modérateur – Mot de bienvenue général – Projection documentaire – intermède humoriste de choix – Exposés panélistes – Intermède chansonnier de choix – Panier de l’Action – Séance de discussion et de questions/réponses – Echanges avec personnes intéressées – Conclusion et collation.
YES WE BELIEVE !!!!
Olivier Bile, président national de l’UFP.Droits réservés)/n
Une polémique stérile est née ces derniers jours sur la réserve du professeur Kamto à soutenir la thèse de la rupture avec le franc CFA à ce moment précis de notre histoire. Les pourfendeurs de l’illustre enseignant arguant qu’une telle réserve ne serait dictée que par sa proximité avec la France. Un tel argumentaire est non seulement léger mais relève aussi simplement d’un zeste d’inculture et d’ignorance.
Un aperçu de notre politique monétaire actuelle
Le Cameroun est membre de la communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) et de l’union monétaire d’Afrique centrale (Umac). C’est donc La banque des Etats de l’Afrique centrale qui est chargée de la mise en uvre de la politique monétaire des 6 Etats membres de la Cemac. Ses principaux critères de convergences portent sur la stabilité du taux d’inflation, un solde budgétaire rapporté au PIB nominal positif ou nul, un encours de la dette intérieur et extérieur inférieur à 70% du PIB, la non accumulation des arriérés de paiement. Or le franc CFA est arrimé à l’euro. Par conséquent les politiques de la Beac sont fortement influencées par celles de la banque centrale européenne. Le taux directeur de la première varie globalement en fonction du taux directeur de la seconde.
Le Cameroun se trouve donc incapable d’agir sur le développement à partir d’une régulation du volume des crédits en circulation. C’est la BEAC, une institution supranationale qui détermine l’essentiel par une manipulation des taux d’intérêt créditeurs. Quand la Beac augmente ses taux débiteurs, elle alourdit le coup de l’argent et diminue la demande de crédit. A l’inverse toute réduction de ses taux tendra à susciter une augmentation du volume des prêts des banques commerciales. Nous sommes là devant un problème qui constitue une entorse majeure à l’idée qu’on se fait de l’autodétermination.
Comment agir sur le développement de manière décisive lorsqu’on ne maîtrise pas la circulation de la monnaie?
C’est donc pour faire face à cette situation que certains préconisent une sortie pure et simple de la zone CFA.
Pourquoi la réserve du professeur Kamto?
1-Le problème que posera la sortie du système CFA, c’est qu’elle ne sera pas une petite réforme aux conséquences limitées. Elle est difficile, longue dans sa mise en application, coûteuse financièrement et risquée.
Dans un pays faiblement structuré comme le Cameroun où l’évaluation de l’action publique est quasi inexistante, le risque est réel de déboucher sur une gestion abusive de la planche à billet générant ainsi une inflation galopante.
2-Notre système bancaire
Le secteur bancaire Camerounais souffre d’un certain nombre de maux longuement décriés par les analystes, mais jamais formulés dans le cadre d’une réforme publique. On arrive ainsi à une situation où les sujets problématisés dans les milieux scientifiques ne sont jamais récupérés par la classe politique en vue de nourrir l’action politique.
Au nombre des maux évoqués on peut citer: le faible financement de l’économie (8%), l’accès trop difficile à la profession de banquier, la faiblesse des banques nationales (une situation qui entraîne des conséquences en termes de mainmise étrangère sur l’économie), l’absence des banques d’affaires et surtout des banques nationales d’investissements…
3- Le Cameroun aurait pu grâce à l’exploitation de ses gisements d’or et de diamant stocker la part qui lui revient afin de constituer une sorte de fond souverain capable de soutenir une telle initiative. Or aucune information n’est justement donnée sur ce que nous rapporte ces gisements d’or et de diamant.
4-Compte tenu du faible niveau de notre économie (notre balance commercial se situe à -1200 milliards de F cfa) et de notre tissu industriel pratiquement inexistant, quelle serait la parité d’une telle monnaie sachant que pour assurer la conversion d’une monnaie par rapport à une autre, les Etats doivent détenir des réserves dites de change très élevées?
Rappelons que, si la demande des monnaies étrangères est bien supérieure à la demande de la monnaie locale, les réserves en monnaies étrangères vont rapidement chuter et l’Etat se verra contraint de stopper la conversion des devises. Par conséquent, la Banque Centrale n’aura plus les moyens d’assurer la conversion de la monnaie nationale en monnaie étrangère. Une telle monnaie se dévaluera même avant que la conversion ne soit devenue impossible.
Par ailleurs La monnaie est aussi fiduciaire, c’est-à-dire basée sur la confiance à savoir l’horizon de temps pendant lequel le pouvoir de la monnaie est prévisible.
En d’autres termes, si une monnaie inspire confiance, elle peut être investie à long terme sans crainte que son pouvoir d’achat disparaisse.
Au contraire, une monnaie qui suscite de la défiance sera immédiatement échangée contre des biens réels et ne sera en aucun cas thésaurisée. La confiance associée à la monnaie porte donc sur la valeur de l’usage du temps.
Une économie robuste ne peut donc pas fonctionner sans une monnaie stable.
C’est d’autant plus vrai que, de nos jours, la création monétaire sert désormais à acheter des obligations souveraines dans le cadre des assouplissements quantitatifs. C’est le cas de la Banque Centrale Européenne. Ces derniers aboutissent inévitablement à fragiliser la monnaie et à embraser à terme l’inflation.
Notre économie est-elle suffisamment robuste pour rassurer les investisseurs sur la stabilité de notre monnaie? Notons au passage que, sans un matelas de devises suffisants et répondant aux besoins réels du marché, une telle monnaie ne serait pas à l’abri de fluctuations et ne pourrait donc faire face à la volatilité du taux de change flottant.
Ce sont autant d’éléments et on pourrait en citer beaucoup d’autres qui justifient la méfiance du professeur Kamto à l’égard de la thèse radicale de la sortie de la zone CFA.
Ces nombreux dysfonctionnements ou manquements tendent à prouver qu’en l’état actuel de notre pays, le Cameroun n’est objectivement ni prêt, ni préparé à une éventuelle sortie de la zone CFA.
Les pays africains sont courtisés par les temps qui courent. Ils sont perçus aujourd’hui comme les fers de lance de l’économie mondiale. Sept des dix économies dont la croissance sera la plus forte dans le monde au cours des cinq prochaines années se trouveront en Afrique : Ethiopie : 8,1 % ; Mozambique : 7,7 % ; Tanzanie : 7,2 % ; Congo : 7,0 %; Ghana : 7,0 % ; Zambie ; 6,9 % ; Nigeria : 6,8 %, révèle le magazine « the Economiste ».
Plusieurs facteurs ont contribué à la bonne santé économique de ces pays. Des décennies d’austérité sous la férule de multiples programmes d’ajustement structurel des institutions de Bretton Woods ont conduit à l’assainissement des finances publiques et à l’établissement d’un environnement propice aux investissements.
Sous l’ère de la mondialisation, les pays à industrialisation rapide dits « émergents » tels que la Chine, l’Inde, la Corée, la Malaisie, la Turquie ou le Brésil ne se sont pas fait prier pour investir massivement dans la région. D’autres facteurs sont venus renforcer les dynamiques de croissance dans bon nombre de pays d’Afrique subsaharienne.
Ils sont liés à des pratiques de meilleure gouvernance, à l’accroissement des transferts des émigrés dont le volume dépasse désormais les montants de l’aide publique au développement (APD) , ainsi qu’à l’éclosion d’une classe moyenne constituée de ceux qui dépensent 2 à 20 dollars par jour et dont le nombre a atteint 313 millions, selon un rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD).
Ces développements ont incité les investisseurs américains et européens à revoir leurs stratégies en Afrique pour une redéfinition des termes de leurs échanges avec les pays de la région, avec un intérêt renouvelé pour les marchés en expansion du continent.
Lors du sommet Europe-Afrique qui s’est tenue à Bruxelles début Avril 2014, il a été question de redéfinir un nouveau cadre de coopération. En aout 2014, Barack Obama accueille les chefs d’Etat africains dans un sommet inédit : Etats Unis-Afrique.
Choix erroné de la Zone CFA : Taux d’intérêt élevés
Les pays de la zone franc, qui partagent une monnaie commune, le franc CFA, sont les laissés-pour-compte du réveil économique qui se fait jour en Afrique. Les taux de croissance régionale, selon le Fonds monétaire international (FMI), ont été en moyenne de 5,5 % dans l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) qui compte huit pays (Bénin, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo). Etant donné que les populations y croissent en moyenne de 3%, autant dire que la progression du Produit intérieur brut (PIB) par tête d’habitant n’y est que de 2,5%.
Pour ce qui est de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), les taux de croissance moyens du PIB et de la population y sont respectivement de 4,6% et 2,8% avec un accroissement du PIB par tête d’habitant de 1,8%.
Il en résulte que les programmes de développement des pays de la zone franc se limitent dans un certain nombre de pays à des programmes de lutte contre la pauvreté, le Programme alimentaire Mondial (PAM) venant à leur rescousse pour nourrir une partie de leurs populations. C’est le cas par exemple du Sénégal, du Niger, du Mali, du Burkina Faso, du Tchad et du Cameroun.
Les raisons de ce décalage sont doubles. La première raison tient aux choix erronés qui sous-tendent la politique monétaire des deux banques centrales de la zone franc, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). La deuxième raison est relative à l’absence de progrès dans le processus d’intégration économique dans l’UEMOA et la CEMAC.
Les choix erronés des banques centrales en matière de politique monétaire reposent d’une part sur leur stratégie de lutte contre l’inflation, et d’autre part sur le taux de change, la convertibilité et le libre transfert du franc CFA.
En matière de stratégie de lutte contre l’inflation, la BCEAO et la BEAC ont systématiquement eu recours à l’instauration de taux directeurs d’intérêt élevés pour la mener et assurer la stabilité des prix dans l’UEMOA et la CEMAC. Cette politique restrictive de crédit procède d’une mauvaise évaluation des véritables causes de la hausse des prix dans les pays de la zone franc.
Les deux banques centrales les associent à un excès d’offre de monnaie. Ce qui est faux, car la hausse des prix y est davantage d’origine exogène qu’endogène. Il existe certes des poussées inflationnistes dues à des facteurs internes tels que l’insuffisance et l’instabilité de l’offre agricole. Mais l’inflation y est essentiellement d’origine importée, car liée à une augmentation des coûts du pétrole et des denrées alimentaires. Le prix élevé du loyer de l’argent en Zone Franc ne peut en rien altérer ces paramètres.
Pour apporter une solution à l’insuffisance et à l’instabilité de l’offre agricole, il aurait été plus logique de promouvoir des politiques d’accès facile à des crédits bon marché aux producteurs pour stimuler la hausse de la production vivrière qui aurait conduit à la baisse et à la stabilisation des prix des denrées alimentaires.
L’enfermement des banques centrales de la zone franc dans cette logique anti-inflationniste les a détournées d’un autre aspect important de leur mission qui consiste à promouvoir la croissance économique de leurs pays membres. Selon l’économiste Kako Nubukpo (« Politique monétaire et servitude volontaire : la gestion du franc CFA par la BCEAO » 2007), en abusant de l’usage de taux directeurs élevés comme outil de régulation monétaire, elles ont délibérément exacerbé les difficultés d’accès au crédit des gouvernements et des agents économiques, pour financer leurs activités.
Elles ont davantage restreint la marge de man uvre des Etats, en mettant fin aux encours qu’elles leur accordaient jusqu’à hauteur de 20% des recettes fiscales de l’année précédente, les rendant encore plus otages des aides budgétaires français et des prêts des banques commerciales, principalement la Société Générale et la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie, filiale de la BNP-Paribas.
Seules les entreprises françaises peuvent prospérer dans un tel environnement, grâce, à la fois, à la situation monopolistique dont elles jouissent dans les secteurs clés de l’économie, aux subventions de la France, aux garanties de la Coface, aux largesses des banques commerciales et des banques centrales en matière d’escompte et de réescompte et à la jouissance d’un marché protégé.
Dépositaires d’une grande partie de l’épargne nationale et des flux financiers, sanctuaires des capitaux spéculatifs induits par la libéralisation des politiques de change et en situation de sur-liquidité permanente, les banques commerciales françaises accumulent les profits en octroyant aux Etats des crédits à court terme de 5% à 6 % qu’elles accordent aux gouvernements de la Zone Franc pour financer leurs importations de pétrole, de denrées alimentaires, de biens d’équipement et autres.
Quant aux taux d’intérêt de prêts accordés aux locaux (entreprises et individus), ils peuvent aller jusqu’à 18%. Peut-on, dans des conditions pareilles, s’étonner de la faible bancarisation qui caractérise les pays de la Zone Franc et de leur désindustrialisation ?
Cette politique de taux d’intérêt élevés contraste singulièrement avec celle des autres banques centrales du reste du monde. Confrontées au ralentissement des activités économiques et aux menaces de récession que les retombées de la débâcle financière de 2008 et la crise de l’euro font peser sur le monde, celles-ci prônent des politiques de réduction de taux d’intérêt pour faciliter la reprise des affaires.
La Réserve fédérale des Etats-Unis, la banque centrale américaine, avait fixé à 1% le prix du loyer de l’argent après les attentats de septembre 2001. Elle a, depuis lors, maintenu cette politique de relaxation du crédit et s’est engagée à la maintenir au moins jusqu’en 2015. La Banque Centrale Européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon mènent des politiques similaires. En toute logique, les banques centrales de la Zone Franc auraient dû en faire autant.
Autre choix erroné de la Zone CFA : Le franc CFA arrimé à l’euro
En matière de politique de change, le choix de la BCEAO et de la BEAC porte sur un taux de change du franc CFA arrimé à l’euro avec une parité fixe sur la convertibilité et sur le libre transfert de la monnaie.
Depuis son établissement en 1998, la Banque centrale européenne (BCE) pratique une politique de monnaie forte pour rehausser les ambitions de l’euro à briguer un statut de monnaie de réserve internationale. Mais si les Européens, dont les échanges intra-communautaires se montent à 60%, peuvent s’accommoder de l’appréciation de l’euro par rapport au dollar, il n’en est rien des pays de la Zone Franc.
Leurs échanges intra-régionaux sont limités au maigre taux de 12% et ils restent dépendants de leurs importations de denrées alimentaires, de biens manufacturés, et de produits courants de consommation. Leurs exportations (pétrole, café, cacao, coton, or, uranium, etc. ) sont libellées en dollar. L’appréciation du franc CFA vis-à-vis du dollar lamine la compétitivité des filières d’exportation de ces pays, creuse leurs déficits et alourdit leurs créances.
Etonnamment, les pays de la Zone Franc doivent payer pour toutes ces facilités qu’ils accordent à la France, en se délestant de leurs réserves de change au profit du Trésor français. C’est d’autant plus inouï que la France investit ces réserves qui représentent des dizaines de milliards de dollars, dans des bons du trésor qu’elle utilise ensuite pour garantir les prêts qu’elle lève pour financer son propre déficit public qui s’est élevé, en 2013, à 4,3 % de son PIB, loin du plafond de 3% des critères du pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne (UE).
A l’aube des indépendances, le dépôt de devises exigé par la France pour couvrir la masse monétaire du franc CFA était de 100 %. Il a été réduit à 65% en 1973, puis plafonné à 50% depuis le mois de septembre 2005. Les réserves de change des pays de la zone franc ont atteint un niveau excessif. A l’heure actuelle, selon la Banque de France, le taux de couverture de l’émission monétaire du franc CFA dépasse 110% alors qu’il devait être plafonné tout au plus à 20% conformes d’une part aux normes internationales admises en la matière, et d’autre part aux accords signés entre la France et les pays de la Zone Franc (Cf Rapport 2009 de la Zone Franc publié par la Banque de France en octobre 2010).
Or, la tendance générale des banques centrales est d’éviter d’accumuler des réserves excessives, du fait des pertes qu’elles entraînent. Dans la Zone Franc, ces pertes proviennent du coût de la non utilisation des surplus de réserves pour financer des dépenses d’équipement ou rembourser une partie de la dette extérieure et réduire ainsi les paiements d’intérêts, ainsi que du coût du différentiel de rendement entre la rémunération de 1,5% offerte par la France et celle plus élevée des instruments dans lesquels les réserves auraient pu être investies, et du coût des déficits générés par l’appréciation de la monnaie.
Toute la politique de réserve de la BCEAO et de la BEAC se résume en fait à un vaste subterfuge qui alimente un marché de dupes. Une parité fixe garante d’un franc CFA fort met les compagnies françaises (Bouygues, Areva, Total, Bolloré, Eiffage, Orange, BNP-Paribas, Société Générale, Air France, etc.) à l’abri des dépréciations monétaires courantes. La convertibilité et le libre transfert leur permettent d’exiler les profits et les fortunes qu’elles engrangent.
Alors que des sommes colossales de devises gagnées grâce au labeur de leurs populations sont ainsi soustraites arbitrairement par l’Hexagone au financement de leur développement, les pays de la Zone Franc sont confrontés à des déficits structurels chroniques et à de graves difficultés de paiements. Leurs activités économiques reposent essentiellement sur la production et l’exportation de produits de base.
A ce stade primaire de leur développement, la logique aurait voulu qu’ils adoptent une politique de change basée sur la non convertibilité et la non transférabilité du franc CFA, et à un taux de change fluctuant et avantageux, arrimé non exclusivement à l’euro mais à un panier de monnaies choisies parmi celles de leurs principaux partenaires commerciaux.
Pour ce faire, ils doivent décréter un régime de change qui leur donne le contrôle de toutes les opérations de change avec l’extérieur. Cette restriction légale leur assure une gestion rigoureuse des rentrées et des sorties de devises, ce qui permet de les allouer en priorité au développement des secteurs clés de l’économie.
C’est la politique monétaire suivie en Afrique par des pays comme l’Afrique du sud, le Nigeria, le Kenya, l’Ethiopie, l’Angola ou le Ghana, qui figurent tous maintenant dans le peloton de tête du développement en Afrique. C’est également le cas des pays émergents comme la Chine, l’Inde, la Corée, la Malaisie, la Turquie ou le Brésil.
Le géant chinois, par exemple, soucieux de ne pas faire peser des risques importants sur sa croissance économique par une sortie incontrôlée de devises, n’autorise pas la libéralisation de son marché des changes, et sa monnaie, le « renminbi », n’est ni librement convertible, ni librement transférable. Alors, pourquoi le franc CFA le serait-il ?
La deuxième raison des dysfonctionnements, qui affectent la Zone Franc, résulte de l’échec des politiques d’intégration économique avec des échanges intra-communautaires strangulés par les droits de douane qu’ils se prélèvent mutuellement.
Un énorme paradoxe du franc CFA est d’être la monnaie commune de pays qui ne partagent pas un marché commun. Pour y remédier, l’UEMOA et la CEMAC furent créées en 1994 au lendemain de la dévaluation du franc CFA. Les critères de convergence qu’elles ont retenus pour harmoniser les politiques d’intégration économique de leurs membres ont été copiés sur ceux du traité européen de Maastricht. Ils se réfèrent aux niveaux autorisés en matière d’inflation, de dette et de déficit budgétaire.
Le différentiel de développement entre les pays de l’Union européenne et les pays de la Zone Franc aurait dû inciter l’UEMOA et la CEMAC à faire preuve de plus de créativité et de pragmatisme dans la sélection de leurs propres critères de convergence. En ce qui concerne le niveau du déficit autorisé par exemple, elle aurait pu, en lieu et place de l’équilibre du déficit budgétaire de base, n’exiger que l’équilibre du solde structurel courant, c’est-à-dire hors investissement public; une conditionnalité plus adaptée aux réalités de l’UEMOA et de la CEMAC et qu’elles seraient plus aptes à satisfaire.
Il s’agit d’autoriser des déficits pour soutenir l’activité économique et pour jeter les bases de la croissance future, l’endettement des Etats devant être exclusivement consacré au financement des investissements publics.
En tout état de cause, les difficultés auxquelles les pays de la Zone Franc sont confrontés rendent illusoire le respect des critères édictés et le projet d’union économique reste en panne, aggravant leurs déséquilibres structuraux.
CEDEAO: Cadre idéal des reformes de la politique monétaire
Le franc CFA est donc à la croisée des chemins. Il avait été créé en temps d’exception en France, par décret signé par le Général de Gaulle le 25 décembre 1945, pour rationaliser l’exploitation des colonies françaises d’Afrique alors groupées en deux fédérations régionales distinctes, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
L’abolition du franc CFA s’imposait, après que la France a démantelé les structures fédérales de ses colonies, quand elles ont accédé à l’indépendance. Dans les mêmes circonstances, la Grande Bretagne avait aboli la « livre sterling de l’Afrique de l’ouest », la monnaie commune de ses colonies du Nigeria, du Ghana, de la Sierra Leone et de la Gambie, quand ces pays ont recouvré leur indépendance.
Au regard de la piètre situation dans laquelle se trouvent les pays de la Zone Franc, après plus d’un demi-siècle d’indépendance, il serait grand temps qu’ils se décident de mener une politique monétaire indépendante, adaptée au cycle des économies de l’UEMOA et de la CEMAC.
Le meilleur cadre pour articuler ces réformes en Afrique de l’Ouest est la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui compte 15 pays membres (Nigeria, Ghana, Côte-d’Ivoire, Sénégal, Niger, Gambie, Guinée, Mali, Guinée Bissau, Liberia, Sierra Leone, Bénin, Togo, Cap Vert, Burkina-Faso), conformément aux directives de l’Union africaine (UA).
Malheureusement, perçue par la France comme d’obédience anglophone, la CEDEAO n’a cessé d’être concurrencée dès son établissement par l’UEMOA et la CEMAC, deux organisations créées par les pays de la Zone Franc dans l’espoir déraisonnable d’endiguer l’influence britannique, américaine et nigériane dans ce qui est perçu comme une chasse-gardée française.
Il n’en demeure pas moins que la CEDEAO demeure le cadre idéal pour mener les politiques de convergence économique et financière, en vue de l’adoption d’un Tarif extérieur commun (TEC) et la réalisation d’une union douanière, qui sont les préalables à une intégration économique réussie, suivie d’une union politique des pays de la région. La boutade en vogue dans les milieux intellectuels de Lagos est qu’il y a deux grandes puissances au sein de la CEDEAO : le Nigeria et la France. Sans le bon vouloir de la France, point de salut pour la CEDEAO.
La présence de plus en plus affirmée sur la scène africaine d’acteurs comme la Chine, l’Inde, la Corée, la Malaisie, la Turquie et le Brésil a donné aux pays Africains une plateforme d’exportation accrue, ainsi que la mise en place d’un nouveau modèle de coopération, basé sur le commerce, l’investissement et le transfert de technologie; ce qui a élargi leurs options de croissance économique et leur a donné une plus grande marge de man uvre et des opportunités significatives de progresser dans la voie du développement. Il serait grand temps que les dirigeants de la Zone Franc s’inscrivent dans cette nouvelle dynamique.
Les multinationales françaises sont les premiers bénéficiaires du leurre que représentent les mécanismes de fonctionnement de la Zone Franc. Les seconds bénéficiaires sont les élites africaines. Le mode de fonctionnement corrompu du système leur permet de s’enrichir impunément, grâce aux importations et de s’approprier à tort les fonds publics qu’elles n’ont aucun mal à exporter à l’Hexagone, tout en menant à domicile un niveau de vie extravagant, sans aucune commune mesure avec les réalités du terrain.
Ces bénéficiaires encaissent des profits substantiels au détriment des populations africaines dont la majorité est confinée dans une pauvreté abjecte. Quant à l’Etat français, il est loisible de se demander la réalité des bénéfices qu’il tire de ce système. En dépit du contrôle quasi total (politique, diplomatique, militaire, économique et financier) que la France exerce dans son pré carré, son armée n’en est pas moins intervenue à plus de quarante reprises sur le sol africain, en l’espace d’un demi-siècle, pour sécuriser ses prébendes, maintenir au pouvoir ses poulains ou les en chasser selon son bon vouloir.
D’anciennes puissances coloniales, comme l’Allemagne et la Grande Bretagne, qui se sont débarrassées de leurs oripeaux coloniaux et paient rubis sur ongle au prix du marché leurs importations d’Afrique, sont en meilleure santé économique que la France. En 2013 un rapport du sénat français a eu pour titre : « L’Afrique est notre avenir ».
Chinois, Indiens, Brésiliens, Coréens, Malais, Turcs, entre autres, se sont faits à cette vérité et ont élaboré des stratégies qui ont contribué au bond des pays d’Afrique en dehors de la zone d’influence française. Il serait temps que les élites dirigeantes françaises et africaines se réveillent à cette réalité.
«Les fausses opinions ressemblent à la fausse monnaie qui est frappée d’abord par de grands coupables et dépensée ensuite par d’honnêtes gens qui perpétuent le crime sans savoir ce qu’ils font»
(Joseph de Maistre)
Lorsque le général de Gaulle signait le 25 décembre le décret créant le Franc des Colonies Françaises (CFA), il savait bien qu’il mettait ainsi sous perfusion monétaire les économies africaines. Seuls les pays Africains de la Zone Franc ne savaient rien. Il a fallu une lecture plate du Professeur Tchuindjang Pouemi, un intellectuel camerounais rigoureux, pour sortir le coté vicieux de cette monnaie. Depuis la parution de son ouvrage séminal de 1980, ils sont nombreux les économistes qui appellent à mettre fin à la coopération monétaire entre les Pays Africains de la Zone Franc (PAZF). Les nombreux écrits du Professeur Mamadou Koulibaly, de Nicolas Agbohou et nous-mêmes n’ont rien changé dans les habitudes des gouvernants africains. Et pourtant ces derniers critiquent souvent les conséquences de cette coopération monétaire tout en refusant de mettre un terme à plus d’un demi-siècle d’esclavage monétaire.
En effet, face aux médias dans le cadre de la présentation des actions de son département ministériel, le ministre du commerce ivoirien, Jean Louis Billon, a taxé le franc CFA comme seul responsable de l’inflation en Côte d’Ivoire. Selon lui, «Comme toute monnaie, le franc CFA est perfectible. Alors si on peut l’améliorer il faut le faire. Car, indexé à l’euro, le franc CFA est trop fort. Il faut donc une flexibilité». Cette déclaration du ministre nous fournit un prétexte pour mener cette présente réflexion sur la coopération monétaire qui existe entre les PAZF et la France. Pour dire les choses nettes, il ne suffit pas de donner un peu de flexibilité au franc CFA pour le mettre au service des Africains, il en faut plus. Le franc CFA doit d’abord être décolonisé, ensuite lui donner une flexibilité et enfin bien le géré pour qu’il contribue au développement.
Le franc CFA et la Zone Franc en quelques mots
Comme indiqué plus haut, le franc CFA est la monnaie commune à 14 pays africains situés au sud du Sahara. En Afrique centrale, les 6 pays de la CEMAC partagent le Franc de Coopération Financière Africaine tandis que les 8 pays de l’UEMOA partagent le Franc de Communauté Financière Africaine. Et tous ces pays ont signé chacun un accord de coopération avec la France. La Zone Franc, au sens strict, combine:
-un système de change fixe (déterminé par le Conseil des ministres) où le pays leader (hier la France et aujourd’hui l’Union européenne) conditionne le taux de change nominal, influence les taux d’intérêt et les taux d’inflation et donc le taux de change effectif bilatéral;
-des Unions monétaires caractérisées par une monnaie commune, des Banques centrales multinationales et une unité de la politique monétaire;
-un espace monétaire et financier tutélaire où le Trésor garantit la convertibilité des francs CFA grâce aux comptes d’opérations, incite au respect des règles et favorise la crédibilité de la politique monétaire.
La Zone Franc est un sous-système monétaire qui a historiquement été lié à l’espace colonial fermé, puis s’est intégré progressivement au système monétaire européen et au système monétaire international.
Le franc CFA est une escroquerie monétaire de la France
Commençons par rappeler les principes de la coopération monétaire contenus dans la convention de coopération entre les pays membres de l’Union monétaire ouest-africaine et la République française du 4 décembre 1973. Ils sont fondamentalement au nombre de quatre :
1) La fixité des parités avec la monnaie ancre : la parité des monnaies de la Zone avec l’euro est fixe et définie pour chaque sous-zone. Les monnaies de la Zone sont convertibles entre elles, à des parités fixes, sans limitation de montants.
2) La garantie de convertibilité illimitée du Trésor français : la convertibilité des monnaies émises par les différents instituts d’émission de la Zone franc est garantie sans limite par le Trésor français.
3) La libre transférabilité : les transferts sont, en principe, libres à l’intérieur de la Zone. A l’intérieur de chaque sous-zone, et entre chaque sous-zone et la France, les transferts de capitaux sont en principe libres.
4) La centralisation des réserves de change: elle apparaît à deux niveaux puisque les États centralisent leurs réserves de change dans chacune des deux Banques centrales tandis qu’en contrepartie de la convertibilité illimitée garantie par la France, les banques centrales africaines sont tenues de déposer, auprès du Trésor français sur le compte d’opérations ouvert au nom de chacune d’elles, une fraction de leurs réserves de change (50 % pour les avoirs extérieurs nets de la BCEAO et 60% jusqu’au 30 juin 2008, 55 % jusqu’au 30 juin 2009 et ensuite 50% pour la BEAC).
Pour être franc, la France escroque les pays africains depuis la création de cette monnaie. Les comptes d’opérations sont simplement un instrument de domination financière de la France. La France applique aux Africains ce qu’elle reprochait à l’Angleterre dans le passé. Maurice NIVEAU (dans Histoires des Faits Economiques contemporains, PUF, 1966, p.306-307) nous rapporte le sentiment français, par les propos de M. Emile MOREAU (gouverneur de la banque de France de 1926 à 1930) qui disait ceci à M. POINCARÉ (président du conseil):[i « j’expose au président du conseil que l’Angleterre ayant été le premier pays européen à retrouver une monnaie stable et sûre après la guerre, a profiter de cet avantage pour jeter sur l’Europe les bases d’une véritable domination financière. […] les remèdes comportent toujours l’installation auprès de la banque d’émission d’un contrôleur étranger anglais ou déguisé par la banque d’Angleterre, et le dépôt d’une partie de l’encaisse de la banque d’émission à la banque d’Angleterre, ce qui sert à la fois à soutenir la livre et à fortifier l’influence anglaise. »].
En avril 2014, l’hebdomadaire américain spécialisé sur les sujets économiques révélait l’escroquerie française du siècle. Selon l’hebdomadaire, le stock de liquidités des pays africains à la Banque de France est estimé à 20 milliards de dollars (US$) mais seulement rémunéré à un taux d’intérêt de 0.75%. Dans le même temps, ce même pays prête aux pays africains à taux usuriers. Pour atténuer l’indigence dans laquelle la France loge les pays africains, l’aide française est venue comme une bouée de sauvetage. En effet, les PAZF sont des principaux bénéficiaires de l’aide publique française au développement. La vérité, c’est que le franc CFA permet à la France d’acquérir cacao, bois, banane, ananas, uranium, l’or des Africains sans sortir une devise.
Le franc CFA pénalise la compétitivité et retarde l’industrialisation des pays africains
La théorie monétaire enseigne que les petits pays ont intérêt à construire leur crédibilité monétaire en arrimant simplement leur monnaie à celle d’un grand pays. Dans le cas des pays de la Zone Franc, cette recherche de stabilité devient déstabilisante et pénalisante. Il est évident que le souhait inavoué du ministre du commerce ivoirien est une dévaluation du franc CFA pour favoriser un développement plus rapide des pays de la zone franc. Mais le recours trop facile à la dévaluation n’est pas la solution. Le problème fondamental reste la parité fixe. Le régime de change devra changer. Cette parité fixe est défavorable à la compétitivité des économies de la Zone Franc. De 1985 à 1993, les performances économiques des PAZF sont moins bonnes à cause de la surévaluation du Franc CFA due, en partie, à la baisse du dollar par rapport au franc français. La politique du franc français fort, longtemps poursuivie en France, a entraîné une appréciation du franc français (FF) par rapport au dollar pour la période 1985-1992. Le dollar sert de monnaie de facturation pour de nombreux partenaires commerciaux des PAZF. Dans ce contexte, cela affecte négativement la compétitivité de ces pays au niveau de leurs exportations qui coûteront plus cher en devises pour l’étranger. Parallèlement, leurs importations coûteront moins cher. Ceci incitera à importer davantage. En fin de compte, la balance commerciale sera négativement affectée.
Selon le classement mondial de la compétitivité, établi tous les ans par le Forum économique mondial (WEF), pour 2014-2015, aucun PAZF ne fait partie du Top 10 africain. A l’échelle africaine, l’Ile Maurice (39è au classement mondial) est suivie par l’Afrique du Sud (56è au classement mondial), le Rwanda (62è), le Maroc (72è), le Botswana (74è), l’Algérie (79è), la Tunisie (87è) et la Namibie (88è). Le Kenya (90è) et la Zambie (96è) complètent le Top 10 africain. Le Gabon est le premier PAZF de la liste (11 africain et 106 au niveau mondial), le Sénégal (2ème PAZF, 14e africain et 114e au niveau mondial), la Côte d’Ivoire (3ème PAZF, 16e africain et 116e au niveau mondial). La compétitivité traduit plus généralement la capacité d’une économie ou d’une entreprise à faire face à la concurrence étrangère. Mais le calcul de l’indice de compétitivité d’un pays se fonde uniquement sur les prix : c’est le rapport entre l’indice prix des importations et l’indice des prix à la production. La monnaie a donc une influence importante sur la compétitivité. Avant d’adopter l’euro, l’Italie par exemple, a utilisé à plusieurs reprises l’arme redoutable de la « dévaluation compétitive ». Cela lui a permis de restaurer artificiellement et pour un temps, la compétitivité de ses produits exportés chez ses voisins européens.
Le système de change de la Zone Franc est à l’origine de la perpétuation du déséquilibre dans les pays périphériques. Un régime de change flexible pour nous aider à amortir les chocs extérieurs.
Il faut en finir définitivement avec le franc CFA
La Zone Franc a été historiquement et demeure davantage qu’un simple bloc monétaire du fait de l’unification des règles de change, de l’utilisation de la gestion des réserves. La Zone Franc constitue une chasse gardée de la France et ses entreprises. Les patrons des grands groupes capitalistes recherchent systématiquement à détenir des positions de monopole. Ces positions de monopole leur permettent de pratiquer souvent des prix plus élevés que dans les métropoles, dans des pays pourtant plus pauvres. Les entreprises françaises, ankylosées par des décennies de chasses gardées, encaissent difficilement les offensives d’une concurrence qui s’est aiguisée, même dans l’Afrique «marginalisée».
Les PAZF ont au moins trois bonnes raisons pour rompre la coopération monétaire avec la France.
En premier lieu, depuis 1994, la France n’est plus le tuteur des politiques économiques des PAZF. En effet, depuis la doctrine d’Abidjan exposée par le premier ministre Balladur en juillet 1993 et la dévaluation de janvier 1994, les règles du jeu ont largement changé. Les pays africains membres de la Zone ont perdu leurs droits de tirage automatique. La France est devenue un prêteur résiduel qui se situe en second rang par rapport aux institutions de Bretton Woods, et qui intervient après mobilisation des multilatéraux notamment la Banque africaine de développement.
En second lieu, le Franc CFA est désormais arrimé à l’Euro et non le franc français. Les PAZF ont signé un accord les liant avec le franc français et non l’euro et a fortiori les autres pays européens. Du coup, la légitimité par le rôle de garant du Trésor doit s’estomper. Il en découle que toutes les réserves de changes des PAZF détenues par la France n’est que purement du vol.
En troisième lieu, les PAZF n’ont pas choisi d’arrimer leur monnaie à l’Euro. Dans le cadre des accords de Maastricht, l’institution de la monnaie unique s’est faite avec le maintien des règles de la Zone franc : rattachement du FCFA et du Franc comorien au franc français et mécanismes du compte d’opérations. Les choix budgétaires restent du ressort de la souveraineté des États pendant que les accords de coopération monétaire engagent le Trésor français. En théorie, la garantie de convertibilité des monnaies est assurée par des comptes d’opérations ouverts au nom de chacune des trois banques centrales africaines auprès du Trésor français.
En France, c’est par voie référendaire que les Français ont ratifié en 1993, le traité sur l’Union Européenne. Dans le cas des PAZF, le passage technique de l’arrimage du franc CFA à l’euro a été imposé et forcé.
Aujourd’hui, la question du niveau de l’euro vis-à-vis du dollar est centrale non seulement pour la reprise de la croissance et la compétitivité européenne mais encore plus pour celles des pays africains. Ceux-ci affrontent la concurrence des pays dont la monnaie est ancrée sur le dollar et dont le commerce et les flux financiers sont largement libellés en dollars.
A maintes occasions, les pays Africains ont refusé de franchir le Rubicon monétaire. Les défis du développement n’autorisent plus les hésitations et le manque de courage des dirigeants africains.
Le Franc CFA est la monnaie de la Côte d’Ivoire et de Guinée-Bissau, du Sénégal, Mali, Burkina Faso, Togo, Bénin et Niger. Ces pays forment la zone ouest du Franc CFA. Plus au centre de l’Afrique, Tchad, Cameroun, Gabon, Congo Brazzaville, Guinée Equatoriale et République Centrafricaine tournent aussi au Franc CFA, mais un Franc CFA différent, qui ne s’échange pas directement avec l’autre.
Ainsi, il y a deux zones Franc CFA. En effet, les billets émis par la BCEAO dont le siège est à Dakar ne circulent pas dans les pays de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale) dont la banque centrale est à Yaoundé. La zone Franc CFA n’a donc rien d’un espace panafricain de coopération.
Ces deux zones ont une même capitale: Francfort. Depuis le Traité de Maastricht, la Banque centrale européenne a hérité du mandat de la Banque centrale française, et est devenue le centre de décision de la politique monétaire de 15 pays africains. Aux 14 pays cités (8 en Afrique de l’ouest et 6 en Afrique centrale) il faut ajouter les Comores puisque le Franc comorien fonctionne sur le même modèle.
En revanche, le Franc rwandais, celui de Djibouti ou de Guinée Conakry, sont des monnaies ne faisant pas partie de ce système étonnant. Inexplicablement, le Franc CFA est depuis toujours un sujet peu discuté.
Son histoire nous porte vers l’époque coloniale. Parmi les pays dont la monnaie est le Franc CFA, seules la Guinée équatoriale et la Guinée-Bissau n’ont jamais été des colonies françaises. La Mauritanie et la Guinée-Conakry sont les seuls pays à avoir quitté définitivement le Franc CFA. Le Togo devait en sortir le 15 janvier 1963. Mais le 13 janvier au matin, le chef de l’Etat et héros de l’indépendance Sylvanius Olympio fut malencontreusement tué par d’anciens Tirailleurs sénégalais ayant combattu pour la France en Indochine et en Algérie, devant le portail de l’ambassade des Etats-Unis.
Ancien député français, le malien Modibo Keita avait sorti son pays du Franc CFA en 1962, pour le Franc malien, imprimé en Tchécoslovaquie. Il fut renversé en 1968, et mort en captivité en 1977, empoisonné. Le Mali est revenu au Franc CFA en 1984.
Le Franc CFA était apparu le 26 décembre 1945. De Gaulle a reproduit en Afrique l’ingénieuse domination monétaire qu’appliquait l’Allemagne nazie aux pays occupés. C’est ce qu’explique un homme admirable, Nicolas Agbohou, économiste à l’université de Versailles.
Les billets du Franc CFA sont toujours imprimés en France (à Chamalières), et les deux banques centrales émettrices sont contrôlées par des pions français en nombre suffisant pour bloquer toute décision dans les conseils d’administration. Ces administrateurs français sont nommés par le ministère des finances français. Idem pour le Franc comorien et la Banque centrale des Comores.
Le Trésor public français conserve aujourd’hui toujours 50% des réserves des pays du CFA. Ces devises situées sur des comptes d’opération «appartiennent» aux Etats Africains mais ceux-là ne peuvent en disposer librement. Hors «selon le rapport annuel 2012 de la Banque de France, le montant des réserves de cash africain qu’elle sauvegarde est plus élevé que les produits intérieurs bruts individuels de tous les pays de la zone cfa, sauf deux.» rapporte businessweek.com. Une source également citée par ladepechedabidjan.info, le 16 juillet :
« Cette année, l’hebdomadaire américain, Businessweek révélait que les pays africains disposaient d’au moins 20 milliards de dollars américain à la Banque de France. Pendant que les pays Africains s’endettent auprès de la France à des taux d’intérêt élevés, elle rémunère les réserves africaines à un taux d’intérêt de 0,75%. Le franc CFA n’est finalement pas au service des économies africaines. Les Africains doivent se rappeler des propos de Joseph Tchundjang POUEMI : « Je crois que nous devrions être capables d’assurer notre Défense, être donc militairement forts. Mais pour cela, il faudrait entretenir et équiper nos armées pour les rendre plus efficaces. Cela implique que nos économies secrètent suffisamment de revenus pour qu’une partie puisse être distraite et affectée à la vie de troupes et à l’achat (ou à la production, pourquoi pas !) du matériel, c’est-à-dire que nos pays devraient accélérer leur croissance économique, donc le rythme d’investissement dans la production des biens et des services. Or investir à bon escient, c’est avant tout disposer de circuits financiers soigneusement organisés, avec à leur tête des banques centrales conduites avec rigueur et rationalité, bref une monnaie bien gérée. Comme tu peux le voir, le cheminement que je viens de faire ne peut être inversé ».
Ladepechedabidjan.info est proche du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, et considère que ce dernier était une menace pour le Franc CFA, rouage clef de la Françafrique. Toute histoire est un écheveau compliqué. La monnaie est un attribut de souveraineté. Dans l’analyse des conflits, déclarés ou non, c’est un paramètre à ne jamais omettre.
Venus promouvoir le C2D au cours d’un débat public, l’ambassadrice de France et le directeur de l’AFD se sont retrouvés face à des anti†Franc Cfa. En bons diplomates, ils ont choisi l’esquive.
(.) Je souhaite remercier les organisateurs de m’avoir invitée dans une instance où la liberté d’expression est une réalité.» Ce propos de Christine Robichon est empreint de langue de bois diplomatique. L’ambassadrice de France au Cameroun accuse en fait le coup. Elle vient d’être mitraillée par le philosophe Sindjoun Pokam et le président de l’Union des populations africaines (UPA), le statisticien Hubert Kamgang, au sujet du Franc Cfa. La Française semble d’ailleurs surprise par la virulence de ton chez ses interlocuteurs. Tout a pourtant bien commencé ce jeudi 19 juin 2014.
Invitée de la «Grande palabre», un débat public organisé chaque mois à Yaoundé par un groupe d’organisations de la société civile, l’ambassadrice de France au Cameroun parle depuis plus d’une heure et demie du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Elle est aidée dans son opération de charme par Hervé Conan, le directeur de l’Agence française de développement (AFD). Jusqu’ici, les questions et remarques un peu trop politiquement correctes du politologue Owona Nguini et de Jean Mballa Mballa, observateur indépendant du C2D, tous deux également membres du panel, ne sont vraiment pas un problème. C’est alors qu’intervient le jeu des questions – réponses avec le public.
Mitraillage
«Madame est†ce que vous ne pensez pas que le dispositif actuel est une adaptation d’une vieille histoire, d’un vieux code, le Code noir élaboré par la France pour gérer comme sa chose, le monde noir ou du moins la part qui lui est assignée dans cette dialectique maître et esclave?» interroge le professeur Sindjoun Pokam. Et de répondre lui†même «le Code noir a été élaboré par Louis XIV en 1685 et comme je soupçonne la France de n’avoir pas eu une interruption dans la construction de l’Etat, donc de Louis XIV à Hollande aujourd’hui on est en train d’assister à une adaptation, une modification en fonction des conjonctures historiques d’un vieux code».
L’ambassadrice fixe son interlocuteur et fronce le visage. Loin d’être intimidé, le philosophe hausse le ton: «le trésor français peut†il tenir lieu d’une autre banque centrale? Vous avez convoqué ici un document qui guide votre action ici, le DSCE (le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi), ce sont nos experts qui par une sorte de remord y ont indiqué une chose que vous semblez ne pas rappeler. Ils ont dit madame, que ce document†là est hypothéqué par une question centrale dans laquelle est inscrite notre destin historique. La question de la monnaie.» Précisément, à la page 56 du document «Cameroun vision 2035» donc le DSCE est une déclinaison, les autorités camerounaises avouent que l’appartenance à la zone Franc fait peser sur le projet d’émergence du Cameroun «deux lourdes hypothèques».
Tout d’abord, indiquent ces autorités, «elle prive le Cameroun d’un instrument majeur de gestion économique, la politique monétaire, ce qui est un handicap considérable pour l’appropriation d’une stratégie volontariste du développement»; et d’autre part, «l’arrimage (du franc Cfa) à l’Euro qui s’est révélée une monnaie très peu flexible entraîne une survalorisation permanente du franc Cfa, un ralentissement des exportations et un surenchérissement des importations qui obèrent considérablement la compétitivité de l’économie nationale. » Aussi pour le philosophe, la France doit «désormais tenir compte que nous entrons dans un processus de rupture radicale avec cette doctrine qui voudrait que le destin monétaire d’un ensemble d’Etats soit commandé par l’Etat français». L’ambassadrice de France au Cameroun encaisse.
Comme si ça ne suffisait pas, Hubert Kamgang revient à la
charge. Le candidat à la présidentielle de 2011, qui fait de la sortie du Cameroun de la zone franc son programme politique, soutient qu’il n’y a pas meilleur asservissement d’un Etat que de l’empêcher d’avoir le contrôle de sa monnaie. Le statisticien qui se définit comme un pur produit de la France à même une curieuse demande. «Madame pouvez-vous me promettre de demander au gouvernement français de dénoncer la convention du 23 novembre 1972 à Brazzaville dont l’article 7 stipule que la Beac (Banque des Etats de l’Afrique centrale) est un établissement multinational africain à la gestion et au contrôle duquel participe la France.» Sa demande, Hubert Kamgang l’a justifié par le fait que «nos chefs d’Etat ont peur de dénoncer cette convention».
Une vue du panelJournal Intégration)/n
Tabou
Face à la gêne de leur invité, les organisateurs tentent d’interrompe le président de l’UPA. «Nous sommes là pour parler du C2D» indique le modérateur Francis Mbagna. L’assistance proteste. La diplomate française boit ainsi jusqu’à la lie la coupe des dénonciations sur le Franc Cfa. Mais Christine Robichon ne ripostera pas. «J’ai relevé un certain nombre d’opinions que je respecte sans toutefois les partager. (.) Les questions qui concernent directement ou indirectement la monnaie relèvent d’un autre débat» esquive†t†elle au moment de répondre aux questions du public.
Hervé Conan en fait de même. «Moi, je ne suis que l’AFD, donc ce n’est pas un sujet sur lequel je peux répondre clairement et c’est non plus moi qui doit solliciter l’Etat français». L’assistance est déçue. Elle est néanmoins convaincue d’une chose, «le message est passé», «il sera ce soir sur la table de François Hollande ». Mais pour Owona Nguini, ce n’est pas au président français que ce message doit être destiné, mais à la classe dirigeante des pays de la zone franc. C’est à elle qu’il revient de prendre la décision de sortir de la zone franc.
La ministre française de l’économie a reçu les ministres des pays concernés, en préparation au prochain sommet du G20
De nombreux points retenus
Christine LAGARDE, ministre français de l’Economie, de l’Industrie, et de l’Emploi a reçu les autorités financières et économiques de la Zone Franc lundi 31 août 2009 à Paris. Cette réunion avait pour objectif de préparer la prochaine réunion des Ministres des Finances du G20, qui se tiendra à Londres les 4 et 5 septembre 2009, et le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 prévu les 24-25 septembre à Pittsburgh. La rencontre a permis de faire plusieurs constats. Premier constat la zone Franc a mieux résisté à l’impact de la crise économique mondiale. Le deuxième point d’accord a été le fait qu’il faudrait que l’Afrique soit mieux représentée aux institutions de Brettons-Wood (FMI-Banque Mondiale).
Nous avons évoqué la réforme du fonds monétaire international, avec la répartition des sièges, des droits de vote et des équilibres entre pays développés, pays en développement, une bonne représentation qui doive nécessiter une meilleure représentation des pays africains.
Christine LAGARDE, ministre français de l’Economie, de l’Industrie, et de l’Emploi
Il a aussi été question de l’accès aux financements pour les pays avec la nécessaire flexibilité des instruments financiers, un meilleur accès au financement également pour les particuliers et les petites et moyennes entreprises, dans le cadre du microcrédit. L’initiative consiste à permettre un meilleur accès à des financements permettant de favoriser l’entreprenariat. D’après Essimi Menye le ministre camerounais des finances, la mesure est encourageante. Elle permet selon lui aux pays pauvres d’accéder aux financements avec des taux d’intérêts faibles. C’est pourquoi dit-il il est souhaitable que les mesures visant à soutenir les économies des pays de la zone franc soient effectivement tenues. Cela permettrait d’assurer la construction des infrastructures et la relance agricole.
La nécessiter de se détacher de la parité avec l’Euro
Pour de nombreux observateurs, la rencontre de Paris avait, au vu de ces mesures qui ont été prises un objectif constant: sensibiliser les pays de la zone franc sur la nécessité de conserver la parité fixe entre le franc CFA et l’Euro. Après plus de 40 ans de coopération monétaire, la zone Franc qui représente un vaste espace économique n’a presque jamais eu de répits avec les crises économiques. Depuis quelques années, économistes et cadres africains dénoncent de plus en plus la parité fixe entre l’Euro et le franc CFA. Celle ci selon eux pénalise les économies des pays de cette zone.
L’arrimage du franc CFA d’abord au franc français et ensuite à l’euro, contraint les deux Banques centrales des pays de cette zone (BEAC-BCEAO) à déposer annuellement 65 % de leurs réserves de devises étrangères sur un compte du Trésor français. Par contre, ces banques centrales n’ont pas le droit d’accorder aux pays membres des crédits supérieurs à 20% de leurs recettes publiques de l’année précédente. Les autorités camerounaises avaient déclaré que des concertations étaient en cours, afin que les pays de la zone Franc puissent avoir accès à 40% de leurs réserves de change. Demain risque de ne pas être la veille pour ce projet. Plusieurs études et analyses ont démontré que la réduction des taux d’intérêts n’est pas une solution, tant que les sommes prêtées le sont dans une monnaie dont les cours sont variables. La solution la plus difficile certes mais la plus objectives serait pour les pays de la zone Franc de se prendre en main et de mieux s’organiser, disent de nombreux experts.
Christine LAGARDE, ministre français de l’Economie, de l’Industrie, et de l’Emploiwww.impots-utiles.com)/n
Face à la crise économique mondiale, le FMI a sorti sa nouvelle carte pour l’Afrique; il prescrit une autre dévaluation.
Alors que pendant longtemps les autorités africaines se sentaient à l’abri de ses effets, il est aujourd’hui de plus en plus admis que les perspectives de l’Afrique se sont fortement dégradées à cause de la crise financière mondiale. Selon les prévisions, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne sera de 1,5 % en 2009 avant de remonter à un peu moins de 4 % en 2010, taux qui reste inférieur au niveau enregistré avant la crise. Ces prévisions impliquent une décélération prononcée de la croissance par rapport à 2008 et une forte révision à la baisse des prévisions publiées en octobre dernier. Il faudrait désormais s’attendre à une nette détérioration des positions budgétaires et extérieures jusqu’en 2010. Les pays exportateurs de pétrole et d’autres produits de base seront particulièrement touchés. Tant que les perspectives mondiales seront incertaines, la balance des risques restera orientée essentiellement à la baisse. Le FMI est donc monté au créneau pour faire le marketing des ses produits préfabriqués dont les résultats sont restés mitigés pour ce qui est par exemple du Cameroun.
Entre autre solutions proposées pour gérer la crise économique mondiale, le fond tout en invitant les pays donateurs à faire des efforts en vue de fournir une »aide soutenue » à l’Afrique, recommande aux pays de cette région d’assouplir autant que possible leur politiques monétaires et laisser le taux de change s’adapter à la conjoncture externe. Il argumente du fait que la chute des prix des produits de base devrait donner une impulsion déflationniste qui pourrait permettre à certains pays d’assouplir leur politique monétaire. Dans les pays où les termes de l’échange se sont détériorés et où les flux de capitaux se tarissent, la monnaie devra se déprécier en termes réels. Pour le FMI, dans la conjoncture défavorable actuelle caractérisée par les effets d’engrenage de la dépression économique mondiale et l’aversion croissante des investisseurs au risque, l’assombrissement des perspectives de croissance économique dans toute la région consécutif à chute de la demande et des cours des produits de base et au tarissement des ressources extérieures, « tous les pays (de la région d’Afrique au Sud du Sahara) devront s’adapter au nouveau contexte extérieur ». Même s’il faut passer par une dévaluation de leur monnaie.
Les observateurs de la situation économique en Afrique y voient au mieux une campagne de marketing de la part du fonds dont les produits miracles n’intéressent presque plus personne, et au pire une volonté suspecte de l’institution de toujours vouloir maintenir les économies des pays Africains toujours enfoncés. Après plusieurs décennies d’ajustement structurelle, la plupart des pays bénéficiaires dont le Cameroun ont vu leurs économies en faillite au point de devoir se placer sous le couvert du régime de faillite international qu’on a techniquement appelé l’initiative Pays Pauvre Très Endetté( PPTE). Initiative que l’on a par ailleurs brandit comme un nouveau souffle pour l’Afrique et dont les effets pour ce qui est du Cameroun se font apparemment encore attendre, puisque le pays est incapable de lancer de vastes programmes sans le recours à l’aide extérieure. La première dévaluation du FCFA par exemple qu’on avait toujours présenté comme salvatrice n’a eu pour effet que de créer une inflation au plan interne, inflation que les rentrés de devises liées aux exportations n’ont pas su compenser.
Des experts économiques tels le camerounais Babissakana vont plus loin. Dans une lettre écrite à l’ancien patron du fonds Rodrigo de Rato, il relevait déjà le fait que si le FMI était un conseiller créateur de valeur pour le Cameroun, il aurait déjà recommandé à ses dirigeants économiques de ne plus solliciter le déblocage des tranches restantes d’un crédit qui est le générateur des conditionnalités sans fondement réel. Autrement dit le partenariat avec le FMI place les pays africains dans un état de perpétuel endettement. Ainsi pour ces techniciens financiers, si le bénéfice de l’aide du FMI est conditionné par une nouvelle dévaluation de la monnaie, les dirigeants des pays africains devraient se méfier d’un partenariat qui pourrait entrainer des troubles sociaux qu’aucun plan de réajustement de la communauté internationale ne pourrait contenir.