Culture : le parent pauvre des mandats de Paul Biya

40 ans d’exercice qui n’ont pas été de tout sourire pour la culture. En prenant par exemple le cas du cinéma et de la musique, on constate bien le manque criard d’infrastructures culturelles à travers le pays…

Une sortie au cinéma en couple, entre amis, en famille. C’était là l’une des meilleures occasions de détente au Cameroun il y a encore une vingtaine d’années. Les salles de cinéma comme Abbia de Yaoundé et le cinéma l’Eden de Douala faisaient feu de tout bois. Mais c’est un bien lointain souvenir aujourd’hui.

A l’arrivée du président Biya, le Cameroun comptait un peu plus d’une dizaine de salles de cinéma à travers le pays. Mais, elles ont été fermées au cours des années 2000. On peut citer entre autres : Le cinéma le Paradis et la Concorde à Douala. A Yaoundé, les cinémas Fébé (devenu Niki Mokolo), Le Capitole (fermé en 2003 et devenu Reliance Plus), Le Mfoundi, le Rex  (devenu une grande Tapisserie). Et dans les autres villes du pays, Le Diamaré, Le Berlize, Wal Ngania à Kousséri, Le Grand Canion entre autres.

Du 12 au 20 janvier 2009, les trois dernières salles de cinéma du pays ont fermé leurs portes : l’Abbia à Yaoundé, le Wouri à Douala et l’Empire à Bafoussam. Le groupe du feu Fotso Victor, propriétaire des murs, aurait décidé de réagir aux impayés de loyers de l’occupant des lieux, le distributeur et exploitant français, Ciné News Distribution.

Cette descente aux enfers du cinéma se poursuit avec le manque de productions locales qui ne trouvent pas d’échappatoire, coincées dans les ordinateurs, sans moyen de diffusion sur le territoire.

Du côté du gouvernement, on assiste encore à un balbutiement. La création du portefeuille exclusif du ministère de la Culture depuis 1992 n’aura lui aussi pas permis à ce domaine de s’épanouir. La ministre Ama Tutu Muna en exercice entre 2007 et 2015 avait promis monts et merveilles aux acteurs du domaine cinématographique. Mais jusqu’à ce jour, le gouvernement ne s’est pas réellement penché sur ce dossier.

Des gestes qui sont néanmoins reconnus au gouvernement sont par exemple la reconnaissance du festival Ecrans noirs d’utilité publique en 2016. Il y a également l’ouverture de la salle de cinéma Sita Bella au ministère de la Communication pour faciliter la diffusion des œuvres du septième art.

Une raison d’espérer

A ce jour, c’est un sursaut d’investisseurs privés qui essayent de redynamiser le cinéma avec quelques salles de cinéma : Canal Olympia de Bolloré, United cinéma, ou encore le dernier en date, Genesis Cinéma. Les Instituts français font aussi office de salle de cinéma, comme de nombreuses autres salles de spectacle à louer qui se transforment le temps d’une soirée, en cinéma, à l’occasion de projections spéciales ou d’avant-première.

Ainsi, la fermeture brutale des salles a fini par désintéresser le public camerounais des salles de cinéma, qui se tourne alors vers les bars, attiré par l’alcool et la musique.

La musique dissonante…

Mais cette dernière partie est aussi en danger dans le pays. La musique et les artistes musiciens ne font plus rêver. Bien loin de l’euphorie des années d’antan autour de l’art musical, les artistes sont bien plus bas qu’avant. Une pléthore de sociétés de gestion des droits d’auteurs de la culture et de l’art n’a pas eu un effet positif, si ce n’est créer encore un imbroglio dans le domaine.

Les batailles intestines perdurent. L’Etat évite de se mêler de ce volet, se contentant de payer la redevance audiovisuelle, les droits d’auteurs et les droits voisins. Une caisse qui a d’ailleurs souvent connu des arriérés sur plusieurs années (entre 2005 et 2009), sans compter les sommes dérisoires souvent reversées à certains artistes.

Souhaiter des jours meilleurs à la culture serait un rêve illusoire au regard de l’ensemble des éléments susmentionnés. C’est bel et bien un domaine qui n’a pas pris le train en marche il y a 40 ans.

Le Cameroun célèbre la 40è édition de la fête de la musique

Des prestations musicales sont au rendez-vous sur l’ensemble du territoire national ce mardi 21 juin 2022 sous l’impulsion des artistes et du ministère des Arts et de la Culture.

Du Bikutsi au Makossa en passant par l’Assiko, le Makunè, le Bens-kin, et bien d’autres, les dix régions du pays vont vibrer ce  mardi au rythme des sonorités locales. Des concerts et autres prestations musicales sont organisés à cet effet. Différents spectacles s’offrent au public camerounais à l’occasion de la 40è édition de la fête internationale de la musique qui connait son apothéose ce mardi 21 juin 2022. En prélude à cet événement, les artistes de la chanson ont organisé une série d’activités depuis jeudi 16 juin 2022.

Ce mardi marque le retour triomphal des manifestations après une suspension busque imposée par la pandémie du Covid-19. Deux années se sont ainsi écoulées sans que la guitare, les percussions, le solfège, le tambour ou les balafons ne résonnent en chœur le 21 juin. Une pandémie qui a par ailleurs affecté l’environnement musicale à travers la suspension des prestations publiques. Le virus SarCov2 n’a pas manqué d’éteindre à jamais la lumière de certaines icones du domaine, à l’instar de Manu Dibango.

Pour sortir de cette période noire, le pôle art musical du ministère des Arts et de la Culture a organisé des manifestations dans les 10 chefs-lieux des régions. A Yaoundé, principale ville de la région du Centre, deux grands concerts sont annoncés. Un au Musée national à partir de 20h et l’autre au Palais des sports de Yaoundé. Le premier réunit les artistes venus des 10 régions pour représenter les quatre aires culturelles du pays.

Ce concert est « un moment convivialité, de solidarité, où les Camerounais viendront de tous les coins du monde pour pouvoir se donner la main, célébrer leur fraternité. Les artistes des dix régions vont se retrouver pour faire de cette fête un moment de célébration mais aussi un moment de questionnement sur ce qui a été déjà fait et ce qui pourra se faire à l’avenir », explique Léandre Tamba, directeur de l’Ensemble national au Minac.

Dans la région du Littoral notamment dans la principale ville Douala, un spectacle de musique urbaine et de gospel prend ses quartiers à Akwa au boulevard de la liberté. Ce concert musical est organisé par l’Institut français. Selon le maire de la ville Roger Mbassa Ndine, la circulation sera perturbée sur les lieux à partir de 12h aujourd’hui sur un sens de la rue et à partir de 19h sur l’autre sens.

La fête de la musique c’est aussi l’occasion de rendre hommage aux grands noms de la musique au Cameroun. Anna Marie Nzié, Manu Dibango, André Marie Talla, Jean Bikoko Aladin, François  Nkotti, Nkembe Pesauk, Maurice Njoumé, Nkoko Si-Tony et bien d’autres encore qui continuent de vivre grâce à leurs œuvres.