Le père d’Albert Ebossé réclame justice

André Bodjongo, géniteur du joueur camerounais décédé le 23 août dernier, affirme qu’il s’agissait d’un meurtre et pas d’un accident

C’est une histoire bien sombre qui n’a toujours pas connu son dénouement.

Le 23 août 2014, Albert Ebossé Bodjongo, joueur camerounais du JS Kabylie, meurt peu de temps après le match. La thèse officielle parle d’un objet reçu des tribunes, ayant causé un choc hémorragique fatal. Seulement, près d’un an après, le père de la victime affirme lui qu’il s’agissait d’un meurtre, et pas d’un accident.

Au micro de la BBC World Service’s Sportshour, André Bodjongo a réclamé justice. «Ce n’était ni une pierre ni un accident, mon fils a été assassiné. Depuis qu’il a été tué, ni le président du club ni même ses coéquipiers ne m’ont fait parvenir leurs condoléances. Personne. Moi, je ne réclame que la justice» a-t-il expliqué. «Les responsables du football mondial devraient s’assurer que le football reste un sport, pas une guerre. Si l’enquête est menée correctement, on trouvera ses assassins. Albert adorait son travail, il adorait le football», a-t-il confié, avant de dresser un bien triste bilan. «Albert a laissé une petite fille d’un an. Son grand frère, qui est mort il y a huit ans, a laissé derrière lui quatre enfants de moins de 20 ans. Et moi, je suis leur grand-père, j’ai déjà 75 ans. Je suis en larmes. Penser à tous ces enfants, ça me fait pleurer».

Albert Ebossé Bodjongo, ancien joueur camerounais du JS Kabylie.
Droits réservés)/n

Hannachi: « L’ambassade du Cameroun m’a dit de ne rien faire tant que la paperasse n’est pas encore finalisée »

Le président de la Jeunesse sportive Kabylie réagit aux accusations de la famille d’Ebossé

Le président de la JSK Mohand Chérif Hannachi refuse de commenter les informations publiées dimanche 14 décembre par la presse camerounaise sur les circonstances de la mort d’Ebossé. « Ebossé assassiné ? Je ne peux pas répondre », a déclaré à TSA ce mardi 16 décembre le patron du club.

Dimanche, des journaux camerounais, ont affirmé, citant un rapport d’autopsie du corps de la victime, qu’Ebossé a été «froidement assassiné».

Le président de la JSK a assuré que son club est prêt à transférer l’argent d’Ebossé à la famille du joueur. « Le manager d’Ebossé et son père m’ont contacté plusieurs fois. Je leur ai demandé de préparer la documentation nécessaire pour percevoir l’argent d’Ebossé », a expliqué Hannachi. «Comment vais-je sortir l’argent sans les papiers nécessaires? se demande Hannachi, en affirmant que l’ambassade du Cameroun à Alger le soutient dans sa démarche. «L’ambassade du Cameroun m’a dit de ne rien faire tant que la paperasse n’est pas encore finalisée», affirme-t-il.

En réponse au père d’Ebossé qui a affirmé que les dirigeants de la JSK étaient absents lors de l’enterrement de son fils, Hannachi affirme: «on a envoyé des membres de la Fédération et du Comité olympique, il y avait des représentant de la JSK, l’ambassadeur algérien était présent. Je leur ai donné 15.000 euros pour subvenir aux besoins de la cérémonie d’enterrement». «La JSK a fait son devoir», jure-t-il.

Pour rappel, au lendemain du décès du footballeur, Albert Ebosse Bodjongo, tué samedi, 23 août, à Tizi Ouzou, la Fédération algérienne de football (FAF), la Ligue de football professionnel (LFP), et la JSK (Jeunesse sportive de Kabylie) avaient décidé d’octroyer une indemnité d’un montant de dix millions de dinars (100 000 dollars: 50 millions de F CFA, ndlr) à la famille du défunt. Par ailleurs, il avait été décidé d’un commun accord avec la JS Kabylie, que tous les salaires du joueur décédé seraient intégralement versés à sa famille jusqu’à expiration de son contrat avec la JSK. Ce dernier courait encore sur deux ans.

Mohand Chérif Hannachi, président de la JSK
Droits réservés)/n

Décès d’Albert Ebosse: Une autopsie réalisée au Cameroun contredit la version officielle

L’ancien attaquant de la Jeunesse sportive de Kabylie n’aurait pas été tué par un objet contondant et tranchant parti des tribunes mais plutôt suite à une agression

Rebondissement dans l’affaire d’Albert Ébossé. L’attaquant de la JS Kabylie, tué le 24 août 2014 au stade du 1er Novembre de Tizi Ouzou, ne serait pas victime d’un projectile mais aurait subi « une agression brutale avec polytraumatisme crânien », c’est ce qu’on déclaré Jean-Jacques Bertrand, avocat français et représentant de la famille Ebossé et Mouné André, médecin anatomo-pathologiste à l’hôpital militaire de Douala, lors d’une conférence de presse tenue samedi à l’hôtel Somatel de Douala.

A la demande d’André Bodjongo, père du joueur Albert Ebossé tué le 23 août 2014 après un match de football, l’hôpital Militaire de Douala a fait une autopsie du corps du défunt. L’autopsie « a révélé des fractures des vertèbres cervicales et de la clavicule », a indiqué Jean-Jacques Bertrand. Des blessures qui ne pourraient être causées par un jet de pierre.

Évoquant le rapport et les photos de l’autopsie, il a mis en cause les résultats avancés en Algérie au lendemain de la tragédie, accusant les autorités locales de vouloir étouffer l’affaire.

« J’ai, à deux reprises, par mails, par fax et lettres recommandées, demandé au procureur de Tizi Ouzou où en était son enquête, je n’ai eu aucune réponse. Même chose de la part de son club. C’est un dossier qui n’avance pas en Algérie. Nous avons le sentiment que les autorités en Algérie veulent minimiser ce drame. Nous souhaitons réveiller les esprits et les consciences », a-t-il ajouté.

Le joueur camerounais de la JS Kabylie Albert Ebossé durant un match contre Alger, le 1er mai 201
Reuters/Louafi Larbi)/n

Le compte rendu de l’examen de la dépouille d’Albert Ebosse qui tient sur 15 pages, avec des clichés insoutenables d’après le Docteur Mouné André médecin anatomo-pathologiste à l’hôpital militaire de Douala, présent à la conférence, présente à sa dernière feuille, la conclusion suivante :

«M. Albert Ebosse Bojongo est décédé des suites d’une agression brutale avec polytraumatisme crânien. Nous rappelons pour cela:
Sur le crâne
– 1) une embourrure de la calotte;
– 2) une fracture des os de la bose ;
– 3) une fracture des vertèbres cervicales.
Sur l’épaule gauche :
– 4) une luxation
– 5) une fracture maquée de la clavicule du même coté».

Les avocats de la famille qui entendent rencontrer les hauts responsables du Cameroun et de la Confédération africaine de Football (CAF) ainsi que ceux de la FIFA, exhortent les autorités algériennes à « percer le mur du silence » pour que vérité soit faite sur cette affaire et que les coupables soient jugés.
â€

La conclusion du rapport d’autopsie
CIN)/n