Le procès des six membres de l’Arche de Zoé va se dérouler 5 ans après, en l’absence de certains accusés
C’est sur fond de colère des familles tchadiennes et en l’absence de deux principaux protagonistes, que le procès des six membres de l’Arche de Zoé s’ouvre ce lundi 03 décembre 2012 au tribunal correctionnel de Paris. Ils avaient tenté en 2007 d’exfiltrer 103 enfants vers la France en les faisant passer pour des orphelins. Eric Breteau, président de l’association humanitaire et sa compagne Emilie Lelouch ont fait savoir qu’ils refusaient de comparaître devant le tribunal correctionnel pour exercice illicite de l’activité d’intermédiaire pour l’adoption, aide au séjour irrégulier et escroquerie au préjudice des 358 familles accueillantes. Par contre les quatre autres prévenus, le médecin Philippe van Winkelberg, le logisticien Alain Péligat, la journaliste Agnès Pelleran et Christophe Letien, un membre de l’association resté en France eux seront présents. Une vingtaine de familles françaises se sont constituées partie civile, estimant que l’Arche de Zoé a abusé de leur désir d’enfant, en jouant sur l’affectif. Aux côtés des familles d’accueil, quatre bénévoles ont porté plainte pour escroquerie. Ils affirment qu’ils n’étaient pas au courant des risques de l’opération, notamment du fait que les autorités tchadiennes n’étaient pas informées du projet de départ des enfants.
En effet, tout a commencé le 25 octobre 2007 lorsque dix-sept Européens, dont neuf Français, étaient arrêtés à Abéché, localité située à l’Est du Tchad, alors qu’ils s’apprêtaient à faire embarquer illégalement vers la France 103 enfants affublés de faux pansements, présentés comme des orphelins du Darfour, région soudanaise frontalière du Tchad. Les enfants, promis à des familles d’adoptants en France, étaient en réalité pour la plupart tchadiens et la quasi-totalité d’entre eux n’étaient pas des orphelins, comme l’association l’affirmait sur internet, appelant à leur adoption. En juillet 2007, près de quatre mois après cet appel, la justice française avait ouvert une enquête à la suite d’un signalement du ministère des Affaires étrangères sur les agissements de l’Arche de Zoé. En novembre, le gouvernement tchadien avait libéré les trois journalistes, le pilote belge et des Espagnols, impliqués dans cette opération rocambolesque. Le 26 décembre, un mois après leur arrestation, les six Français de l’Arche de Zoé avaient été condamnés à N’Djamena à huit ans de prison assortis de travaux forcés. Ils étaient en outre condamnés à verser solidairement aux familles des enfants 6,3 millions d’euros de dommages et intérêts. Trois mois plus tard, le régime tchadien avait gracié les membres de l’Arche de Zoé, mais la question des dommages et intérêts reste entière. Le procès doit durer jusqu’au 12 décembre et les anciens membres de l’Arche de Zoé encourent 10 ans de prison et 750 000 euros d’amende.

lemonde.fr)/n