Brice Moussong, responsable de Casa-net, plate forme d’associations camerounaises de la diaspora

Le forum économique de la diaspora – Davoc est à l’initiative de cette plateforme, très active

Un mot pour vous présenter à nos lecteurs?
Je suis Doctorant Economiste chercheur à l’Université de Genève. Ma recherche porte sur l’analyse d’impact de la crise alimentaire de 2007 dans les pays d’Afrique qui ont subi les émeutes de la faim suite à cette crise. Je suis né à Yaoundé, parti du Cameroun en 2001 alors que j’étais Etudiant à l’Université de Douala inscrit en Maîtrise des Techniques Comptables et Financière

Présentez-nous la diaspora camerounaise en Suisse?
Je pense que les problèmes des camerounais vivant en Suisse sont les mêmes que ceux vivant dans les autres pays d’Europe ou d’ailleurs. Cependant, à quelques différences près je crois que la diaspora camerounaise en Suisse est assez dynamique, entreprenante, et surtout elle a à mon avis un sens assez élevé des responsabilités. La question de la mobilisation autour des préoccupations de participation au développement de notre pays reste au c ur des difficultés que l’on rencontre au sein de nos communautés camerounaises en Suisse. Malgré cette difficulté spécifique, il est très souvent encourageant de voir la solidarité camerounaise se mettre en exergue lorsqu’il faut faire face à des deuils ou des mariages.

Que dire de la réputation des Camerounais et notamment des camerounaises en Suisse?
Si on intègre le fait que Casa-Net soit né en Suisse, je pense que ça équilibre un peu le jugement que les autres diasporas font sur nous! Il faut quand même dire que les Camerounais de Suisse à l’image des autres diasporas camerounaises, ont un projet de vie lié à leurs obligations familiales lorsqu’ils arrivent en Suisse. Pour ce faire, ils essaient tant bien que mal de trouver les moyens qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs de départ. D’expériences, je ne crois pas que ce soit la chose la plus facile à faire. A cet effet je m’abstiens de porter des jugements sur les choix de vie des uns et des autres.

Comment est né Casa-net?
Le projet Casa-Net a commencé par le programme CASA, Cameroonian Skills Abroad. Programme d’intégration et d’insertion au Cameroun des camerounais qui souhaitent s’investir dans notre pays après leur formation à l’étranger. Ce Programme fut initié par l’Association des Etudiants Camerounais de Genèvre, lors de ma présidence entre 2005 et 2007. En tant que président nouvellement élu en 2005, j’avais décidé d’orienter ma politique sur les questions d’Emploi des Etudiants camerounais formés à l’Université de Genève. A l’époque je ne pouvais imaginer que cette ambition allait donner naissance au programme CASA qui avait déjà une vision plus internationale. Grâce à l’intelligence et à la grandeur d’esprit de mes collaborateurs de l’époque, Stéphane Mvé, Franck Minya et Rodrigue Kwanga, nous avons eu CASA qui a donné naissance à CASA-NET en Juillet 2008 au cours du 1er Forum des compétences de la diaspora camerounaise à Genève. Fédérer le Cameroun autour de l’initiation de ce projet ne fut pas simple. Pour la petite histoire, lorsque nous allons solliciter le soutien de notre ambassadeur en Suisse pour organiser à Genève le premier Forum des diasporas camerounaises du monde, il nous pose à juste titre la question de la pertinence d’une telle initiative au regard de la tâche ardue en ce qui concerne déjà la mobilisation de la diaspora camerounaise en Suisse. Nous y sommes quand même allés.

Casa-net est donc un réseau?
Casa-Net est réseau d’Associations de la diaspora, d’institutions publiques et privées camerounaise et de pays amis au Cameroun. L’idée du réseau CASA-NET est de fédérer les projets économiques et sociaux initiés par les diasporas camerounaises pour le développement du Cameroun, afin de faciliter leur mise en uvre grâce aux soutiens des institutions partenaires à CASA-NET. Une vingtaine d’association de camerounais résidant en Suisse, au Canada, en France, en Italie, à Chypre, en Angleterre et en Allemagne sont aujourd’hui membre du réseau CASA-NET.

Vous organisez très souvent des rencontres. Parlez-nous-en?
Jusqu’ici le Forum annuel DAVOC, des compétences de la diaspora camerounaise est la principale rencontre que nous organisons. Le DAVOC 2010 de Bonn est la troisième organisation du genre. Nous utilisons cette plateforme pour regrouper les membres et partenaires de CASA-NET afin de faire le point sur les initiatives que nous avons lancé au courant de l’année. C’est donc l’occasion pour nous de repenser une stratégie concertée d’intégration des compétences de la diaspora au projet national de développement économique et social du Cameroun.

La suisse compte t-elle de nombreux camerounais dans la vie active?
Si on regarde le nombre de Camerounais qui finissent leurs études et ceux qui arrivent à trouver un emploi en Suisse, on observe qu’ils sont peu nombreux. D’habitude, la plupart des Camerounais qui finissent leurs études prennent la direction du Canada. Et puis c’est aussi une des questions qui nous a poussés à travailler sur Casa, il était question pour nous de contribuer à la recherche de solutions à cette question de la fuite des cerveaux vers le Canada. Précisément on se posait la question de savoir comment faire en sorte que tous ces camerounais qui quittent la Suisse pour le Canada donnent un minimum voire un maximum de leurs compétences au Cameroun.

Brice Moussong, responsable de Casa-net au Davoc 2010
Journalducameroun.com)/n

Comment régler ce problème de la fuite des cerveaux? Puisqu’ils ne rentraient pas au Cameroun.
On a constaté que beaucoup de Camerounais après leur formation en Suisse, allaient au Canada car l’intégration et l’émancipation sont plus faciles là-bas. La double nationalité n’étant pas admise au Cameroun, nous avons conclu que tous les Camerounais qui vont au Canada n’auront plus une réelle possibilité de s’investir au développement du Cameroun, la finalité pour eux étant la naturalisation canadienne. C’est l’une des raisons forte qui nous a poussé à mettre sur pied une plate-forme qui leur donnerait la possibilité de penser et d’entrevoir un engagement actif pour la promotion du développement social et économique du Cameroun leur terre d’origine.

Mais la réalité, c’est qu’on peut très bien vivre dans un pays et avoir des vues sur le Cameroun. Tous ceux qui présentent des projets ne vivent pas au Cameroun
Justement par notre initiative, nous voulions promouvoir cette idée. Aller jusqu’à dire aux canado-camerounais que la non possibilité légale d’une double nationalité n’est pas un obstacle infranchissable. Surtout qu’il ne faudrait pas que l’on croise les bras dans l’attente de la double nationalité.

S’il fallait faire un bilan de parcours?
En 2 ans et demi d’existence de notre réseau, nous avons contribué à détendre et à donner du contenu à la relation entre le Cameroun et sa diaspora. Nous avons en outre drainé une vingtaine de réseau d’association d’étudiants et de professionnels de migrants camerounais. Par ailleurs, nous avons aussi convaincu les institutions des pays amis au Cameroun du dynamisme de la communauté camerounaise à l’étranger. En termes de mise en place des structures de notre réseau, nous permis l’institutionnalisation du Forum annuel DAVOC et la création d’un annuaire électronique des compétences et des projets de la diaspora camerounaise. Pour finir nous avons soutenus la mise en uvre d’un projet d’informatisation des écoles au Cameroun, projet qui a été lancé par la communauté camerounaise en Suisse. Deux établissements d’Enseignement secondaire, le Lycée de Fongo Tongo et le Lycée de Yabassi ont bénéficié grâce à ce projet social d’un équipement en matériels informatique. Nous sommes certes satisfaits du chemin parcouru, mais nous savons qu’ils restent beaucoup à faire: les préoccupations essentielles et récurrentes de la diaspora n’étant pas encore solutionnées.

Quels sont les soutiens dont vous bénéficiez, notamment financiers, diplomatiques.?
Comme je l’ai déjà mentionné, le réseau dans son ensemble est soutenu par des partenaires institutionnels publics camerounais et étrangers: les principaux partenaires sont le Ministère de l’Emploi du Cameroun et l’Office des Migrations en Suisse. A côté de cela nous avons également des partenaires institutionnels privés (entreprises camerounaises de la diaspora) qui soutiennent l’initiative du forum Davoc en lui donnant une envergure respectable et internationale.

Quels sont vos projets Casa-Net sur le long terme?
J’aimerai faire en sorte que le réseau Casa-Net mette en place toutes ses structures et que celles-ci soient totalement opérationnelles. Jusqu’à présent, nous sommes en pleine tractation pour la mise sur pied de l’observatoire des compétences camerounaises de la diaspora. Nous travaillons sur ce sujet avec le ministère de l’Emploi du Cameroun. Avant la fin de notre mandat, nous espérons arriver à un niveau de coopération qui satisfasse les deux parties afin de finaliser la mise en place de cet Observatoire. Nous souhaiterions aussi à terme, que le projet d’informatisation des écoles en zone rurale soit rependu au sein de toutes les associations membres afin d’en faire un véritable moteur de développement. Pour finir, nous espérons que Casa-Net soit reconnu, par tous, comme un réel vecteur de progrès social et économique.

Etes-vous en synergie avec les autres fédérations des Camerounais qui existent dans les autres pays?
Dans l’évolution de Casa-Net, nous voulons approcher plusieurs réseaux d’associations pour être réunis et parler d’une seule voix.

Brice Moussong, (à droite) au Davoc 2010
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