Cameroun/Gérontocratie : ces vieillards qui nous gouvernent

En pariant  sur des septuagénaires et octogénaires à des postes clés, le président de la République Paul Biya, qui gouverne le Cameroun sans partage depuis 1982, a choisi l’inertie comme mode de gouvernance. Le prix à payer de cette suprématie des hommes du troisième âge est insoutenable : manque de renouvellement de la classe politique, perte de capacité d’innovation et de compétitivité.

L’argument d’un nécessaire renouvellement des idées, qui passerait par le rajeunissement des hommes qui les incarnent, s’est vu opposer la dénonciation d’un discours « Des Biyaistes » et l’imparable « on-est-d’ abord-jeune-dans-sa-tête« , assené par les plus fervents défenseurs du système Biya. Il est dommage que ce débat soit demeuré stérile, car il met au jour un dysfonctionnement fondamental de la démocratie camerounaise dont le président du parti-Etat Rdpc a toujours su tirer profit. Mais, jusqu’à quand ? Petit panorama de « l’équipe type » des personnalités qui sont aux affaires depuis au moins quatre décennies.

Paul Biya (87 ans) : président de la République du Cameroun

Absent de la scène depuis quelques semaines, le président de la République est sorti de son confinement jeudi 16 avril 2020 pour recevoir en audience l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, avec qui, de source officielle, il s’est entretenu de la pandémie du covid-19 et ses conséquences.

A dire vrai, on ne peut dire de Paul Biya, 87 ans, qu’il est sorti de son confinement, puisque c’est comme s’il y avait toujours presque vécu. Sur ces dix dernières années, le nombre de conseils des ministre présidés par lui se comptent au bout des doigts et d’une seule main. Les entrevues qu’il offre à ses plus proches collaborateurs au salon d’honneur de l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen, semblent être des moments privilégiés. Ses ministres ne l’aperçoivent que lors de la soirée des banquets qu’il offre chaque 20 mai au Palais de l’Unité, à l’occasion de la fête nationale et lors de la cérémonie de présentation des vœux, chaque début d’année.

 Président du Cameroun depuis le 6 novembre 1982, après avoir passé sept ans comme premier ministre, il a habitué les Camerounais a fait lire ses « hautes instructions » par ses ministres et ou par son ministre Secrétaire général à la présidence de la République.  Pour asseoir sa longévité au pouvoir, le président de la République qui est un haut fonctionnaire depuis 1962, s’est très souvent appuyé sur des gens de sa génération.

En effet, on peut légitimement se demander si, au Cameroun, il faut être vieux pour « faire de la politique ». Car le pouvoir (présidence de la République,  du Sénat, de l’Assemblée nationale, du Conseil économique et Social, du Conseil Constitutionnel etc.) est très largement confisqué par les hommes du troisième âge. La moyenne d’âge des présidents de ces institutions, dans l’ordre protocolaire, est sur ce point est édifiante : 82 ans.

Marcel Niat Njifenji (85 ans) : président du Sénat

Marcel Niat Njifenji, le tout premier président du Sénat camerounais, a été réélu le 26 mars 2020. Ce jour-là, il a dû puiser au plus profond de ces ressources pour assister à son intronisation au Palais des Congrès. C’est cet homme affaibli que Paul Biya a, pour des raisons d’équilibres géopolitiques et surtout de calcul politicien, choisi d’en faire la deuxième personnalité de la République. Vieilli et très amolli par une maladie qui ne cesse de le ronger depuis des années, sa démarche très balbutiante ne fait plus rire personne.  Le fait de savoir qu’il dirigera le Cameroun en cas de vacance à la présidence, laisse plus d’un observateur dubitatif. D’ailleurs, au Sénat, depuis plus d’un an, c’est le premier vice-président Aboubakary Abdoulaye, qui convoque et préside les sessions de la chambre haute.

Marcel Niat Njifenji, qui aura 86 ans le 26 octobre prochain, est entré au gouvernement le 7 septembre 1990,  comme ministre du Plan et de l’aménagement du territoire. Il cumulait alors avec les fonctions de directeur général de la défunte Sonel. Le 9 avril 1992, il est nommé vice-premier ministre chargé des Mines, de l’eau et de l’énergie, en gardant ses fonctions de Dg de la Sonel. Membre du comité Central du RDPC, il  a été député puis maire de la commune de Bangangté de 2003 à 2007. En 1984, après la tentative de coup d’Etat, alors qu’il était Dg adjoint de la Sonel, il a connu la prison de Kondegui pendant huit mois, avant d’être relaxé, aucune charge n’étant retenue contre lui.  Au vu de son état actuel, ce grabataire ne mérite-t-il pas un repos ?

Cavayé Yéguie Djibril (80 ans) : Président de l’Assemblée nationale

Le retour au Cameroun le samedi 14 mars 2020 de Cavayé Yéguié Djibril, après plus d’un mois passé en France, pour raison médicale, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et pour cause, le président de l’Assemblée nationale, réélu le 17 mars,  a refusé de se mettre en quarantaine conformément aux recommandations du  ministre en charge de la Santé publique, visant à limiter la propagation du COVID-19.

En ouvrant les travaux de cette première session parlementaire, le 17 mars dernier, sa voix tremblotante laissait voir qu’il est rongé par la maladie et exténué par le poids de l’âge. Âgé aujourd’hui de 80 ans, Cavaye Yeguie Djibril siège à l’Assemblée nationale depuis 47 ans, excepté pendant la période 1988-1992. Et depuis 28 ans, cet originaire  de Mada, dans l’arrondissement de Tokombéré, département de Mayo-Sava, région de l’Extrême-Nord, membre du politique du RDPC, occupe le poste de président de l’Assemblée nationale du Cameroun. À voir comment Cavaye Yéguié Djibril,  maître d’éducation physique de formation, combine moyens loyaux et déloyaux pour ne pas perdre son poste de député dans sa région natale à l’Extrême-Nord, l’on comprend que cet octogénaire ne voit pas encore son avenir politique dans un rétroviseur.

Ayang Luc (73 ans) : président du Conseil économique et social

De lui et de l’institution qu’il dirige, on sait peu de chose, puisque Ayang Luc n’en parle presque jamais, même pas aux médias de services publics. Dans une enquête récemment menée par journalduCameroun Tv, deux analystes de la scène politique camerounaise, Mathias Eric Owona Nguini et Claude Abé, s’interrogeaient sur l’opacité qui entoure la gestion  du Conseil économique et social : « on est en droit de se demander à quoi elle sert ». Paul Biya et dans une certaine mesure Ayang Luc seuls le savent !

Entré au secrétariat de la présidence de la République en 1975, après une licence en droit obtenue à l’université de Yaoundé en 1972, Ayang Luc  a très vite appris, auprès de Paul Biya, qu’en toute circonstance, il vaut mieux cultiver le silence. En septembre 1976,  alors qu’il n’est âgé que de 29 ans,  il entre au gouvernement en tant que ministre de l’Élevage, des pêches et des industries animales. Le 22 août 1983, il devient Premier ministre par intérim, en remplacement de Bello Bouba Maigari. C’est cet homme totalement effacé, né à Doukoula, département du Mayo-Danay, que Paul Biya a choisi depuis 1984 pour en faire la quatrième personnalité du pays, sur le plan protocolaire.

Clément Atangana (78 ans) : président du Conseil constitutionnel

Le président du Conseil constitutionnel a défrayé la chronique dernièrement. Le 14 avril 2020 à Yaoundé, un cabinet panafricain d’expertise peu connu jusque-là, International Committee of Excellence, a fait de Clément Atangana, le président du Conseil Constitutionnel, le lauréat sous régional du prix panafricain des « meilleures pratiques judiciaires innovantes ». Cet organisme reconnaît en Clément Atangana «des valeurs professionnelles et personnelles dignes de sa stature de haut commis de l’Etat et de magistrat de haut calibre ».  Une curieuse récompense quand on sait la manière avec laquelle le Conseil constitutionnel, composé majoritairement d’anciens membres du RDPC, a géré les dernières élections présidentielles au Cameroun.

Clément Atangana est né les 20 septembre 1941 dans le village Ekoumeyeck, arrondissement de Ngomedzap, département du Nyong-et-So’o dans la région du Centre. Depuis un décret signé du président Paul Biya le 7 février 2018, il est le président du Conseil constitutionnel, qui vient dans l’ordre protocolaire au sixième rang, après la Cour suprême. Clément Atangana, aujourd’hui affaibli par la maladie, on ne compte plus ses multiples séjours en Suisse, pour se faire soigner.

Bello Bouba Maigari (73 ans) : ministre d’Etat en charge du Tourisme et des loisirs

Une analyse comparative permet de savoir que le Maroc a connu en 2019, 12 millions de touristes, la Tunisie  neuf millions, le Kenya, sept millions, alors qu’au Cameroun ça fait des lustres qu’on ambitionne avoir un million de visiteurs par an. Bello Bouba Maigari, ministre d’Etat en charge du Tourisme et des loisirs depuis 2011, est-il conscient  du fossé qui nous sépare des autre pays africains dans ce domaine ?

Sans qu’on ne lui connaisse les qualités exceptionnelles de travailleur acharné ou compétent,  Bello Bouba Maigairi était déjà, à 25 ans, en 1972, secrétaire général du ministère des Forces armées. Il va alors, au gré des nominations du président Ahmadou Ahidjo, connaître une ascension fulgurante. Il a été nommé secrétaire général adjoint de la présidence le 30 juin 1975, jusqu’en janvier 1982 (avec le grade de ministre dès le 11 novembre 1980). Dans le gouvernement nommé le 7 janvier 1982, il devint ministre d’État à l’Économie et au plan. Plus tard, lorsque le président Ahmadou Ahidjo démissionna en novembre 1982, Bello Bouba fut nommé Premier ministre du nouveau président, Paul Biya.

Après l’échec de la tentative de coup d’État contre Biya en avril 1984, Bello Bouba s’est exilé volontairement au Nigéria, pendant sept ans. Rentré au Cameroun le 17 août 1991, Bello Bouba est devenu président du Pnud, évinçant ainsi l’ancien dirigeant du parti, Samuel Eboua, au terme d’un congrès très contesté. Après, le natif de  Baschéo, dans le département de la Benoué, va transformer son parti en Undp. Il va s’allier au Rdpc. Sa longévité comme ministre reposerait essentiellement sur l’équilibre de l’axe-Nord-Sud, tant souhaité par le président Biya. Durant l’année 2019, il a plusieurs fois séjourné en France « pour raison médicale ».

Laurent Esso (77 ans) : ministre d’État en charge de la justice, Garde des Sceaux

Laurent Esso est le plus ancien des ministres au sein des gouvernements sous le Renouveau. L’actuel ministre d’Etat, ministre de la justice garde des Sceaux, est entré au gouvernement pour la première fois le 13 avril 1989 comme ministre, directeur du Cabinet civil de la présidence de la République.

Réputé proche du président de la République, ce magistrat de formation a  connu une ascension gouvernementale très fulgurante puisqu’il a enchaîné 6 ministères en 20 ans.  Il a occupé presque tous les postes politiques d’importance, au secrétariat général de la présidence, au cabinet civil, à la Défense ou aux Relations extérieures. Aujourd’hui, ce natif de Deido (Douala), a la lourde mission de conduire l’opération Epervier, qui pour certains n’aura servi qu’attraper ou dissuader tous ceux qui aspirent au fauteuil présidentiel.

Laurent Esso, véritable patron du RDPC dans sa région du Littoral, est un homme d’influence. Beaucoup de hauts fonctionnaires, notamment de l’élite Sawa, lui doivent leurs nominations. Discret, souvent annoncé comme potentiel successeur de Paul Biya, il dispose dans les médias d’importants relais d’influence. La chaîne de télévision Vision 4, le journal L’Anecdote et la radio Satellite FM lui sont considérés comme acquis,

Hamadou Moustapha (74 ans) : ministre chargé de mission à la présidence de la République

Malgré sa longévité comme ministre, cet administrateur civil principal est peu connu du grand public. Dans un pays comme le Cameroun, où les ministres ont la chance de ne pas rendre compte au peuple,  Hamadou Moustapha n’accorde presque jamais d’interview.

A travers lui, Paul Biya a su fragiliser l’opposition, en 1992. Militant de la première heure de l’Undp, il assume les fonctions de vice-président du parti à sa création en 1991. Ce natif de Maroua devient député de l’Assemblée nationale lors des élections législatives du 1er mars 1992. Son entrée au gouvernement en date du 27 novembre 1992 lui vaut une exclusion définitive de l’Undp. Il fonde dans la foulée de son exclusion un nouveau parti politique : Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp) et s’allie au Rdpc qui le lui rend bien jusqu’à ce jour.

Sa carrière a véritablement pris son envol quand le 5 avril 1972, quand il devient chargé de mission à la présidence de la République. Trois années plus tard, le 30 juin 1975, il devient  (à 30 ans) vice-ministre des Finances. Durant la période allant du 8 novembre 1979 au 18 juin 1983, il exerce la fonction de ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat.  Il quitte ce ministère le 18 juin 1983 lors du remaniement ministériel par lequel Paul Biya se débarrassa des hommes de son prédécesseur. Du 27 novembre 1992 au 7 décembre 1997, il est vice-Premier ministre chargé de l’Urbanisme et de l’habitat. Lors du remaniement ministériel du 8 décembre 2004, il rebondit comme ministre chargé de mission à la présidence de la République.

René Emmanuel Sadi (71 ans) : ministre de la Communication

Avec  « seulement » 71 ans, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication, aurait pu ne pas figurer dans cette équipe. Il tient sa place de « titulaire » du fait de sa longévité dans les arcanes du pouvoir.  S’il est né à Maroua le 21 décembre 1948, il est originaire de Yoko, dans le Mbam-et-Kim.

Diplômé de l’Institut des relations internationales du Cameroun, il entre comme diplomate dans l’administration camerounaise au ministère des relations extérieures en 1975. Alors qu’il est conseiller diplomatique à la présidence de la République, il devient directeur adjoint du Cabinet civil de la présidence, en 1985.

Réputé discret et proche du président Biya, il est en 2004 nommé comme secrétaire général adjoint à la présidence. En avril  2007, il devient secrétaire général du Rdpc. En 2009, il devient ministre chargé de mission à la présidence de la République. Présenté par certains, comme un potentiel dauphin au président Biya, il sera nommé après l’élection présidentielle de 2011,  ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation.  Redevenu ministre chargé de mission à la présidence de la République en 2018, il est depuis le 4 janvier 2019, le ministre de la Communication. Dans un contexte de lutte de succession, guerre de clans, son nom est régulièrement cité dans certain média, notamment Jeune Afrique, comme potentiel successeur de Paul Biya.

Martin Mbarga Nguelé (87 ans) : Délégué général à la sureté nationale

En 2010, pour mettre fin à un climat délétère au sein de la police nationale, le chef de l’Etat camerounais avait de nouveau fait confiance à  Martin Mbarga Nguellé, comme délégué général à la sureté nationale. Un poste qu’il a jadis occupé entre 1983 et 1984. Sa nomination à un poste aussi stratégique était venue conforter les observateurs avertis dans l’idée selon laquelle Paul Biya semble ne pas faire confiance aux jeunes.

Aujourd’hui à 87 ans (il est Né le 1er juillet 1932), l’ancien ambassadeur du Cameroun en Espagne est certainement le plus ancien policier camerounais en fonction.  Le jeune Martin Mbarga Nguélé a eu la chance d’être inspecteur de police dans son pays alors qu’il n’avait que 19 ans, comme le confirment les archives de la police. Cela fait donc 68 ans, excepté les épisodes d’ambassadeur,  que  « le vieux flic », comme l’appellent certains, est dans la police.

En guise de grandes ambitions, Martin Mbarga Nguelé confiait, le 20 septembre 2011, au reporter du quotidien Le Jour, qu’il entend « ne rien laisser au hasard pour que la police devienne ce qu’elle doit être, quel que ce soit le temps que cela prendra ». En clair, ce fidèle de Paul Biya, originaire du Nyong-et-So’o, veut continuer à servir Paul Biya, comme il le fait le fait depuis près de 40 ans.

Adoubé par une partie de la presse, grâce à sa supposé rigueur, boudés par les policiers véreux et corrompus, l’homme reste flegmatique. Malgré la lassitude, le « vieux flic » ne semble pas avoir l’intention de lâcher prise, encore moins de quitter cette tunique bleue qu’il s’est toujours fixé pour objectif de redorer.

René Claude Meka (81 ans) : chef d’Etat-major des forces armées

Chef d’État-major des Forces armées camerounaises depuis septembre 2001, René Claude Meka est certainement l’un  des hommes à qui Paul Biya fait le plus confiance. Diplômé de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, en 1962, puis de l’Ecole de l’infanterie de Saint-Maixent, il est l’un des officiers camerounais les mieux formés, ce qui lui a permis  de commander la brigade stratégique du Quartier général de l’Armée à Yaoundé. Ce natif d’Enongal près d’Ebolowa fait régulièrement  partie des « 50 personnalités qui font le Cameroun », selon le classement de nos confrères de « Jeune Afrique ».

Lors de la cérémonie de présentation des vœux 2019 au ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, René Claude Meka est sorti de sa réserve habituelle pour révéler la situation sécuritaire au Cameroun avant de mettre en garde « tous les gens qui sont intéressés pour faire le coup de feu en brousse ».

Pour ce qui de la crise anglophone, le patron de  l’armée estime que la solution est politique et a toujours appelé à un véritable dialogue, en incluant l’armée dans les débats. Comme pour répondre aux exactions de notre armée dans NOSO, il précise que : « l’armée camerounaise est une armée républicaine. Elle reçoit ses ordres de son chef. C’est à dire le chef de l’Etat, chef suprême des armées. C’est de lui que nous recevons des ordres et c’est de lui que nous faisons un point d’honneur à exécuter sans hésitation, ni rancune, mais avec professionnalisme… ». De la nébuleuse Boko Haram, il pense qu’elle s’est illustrée ces derniers temps par quelques incursions sans gravité. « Notre dispositif est bien en place, et nous contrôlons la situation », rassure-t-il.

Cameroun : ouverture lundi du contentieux de l’élection des députés

Le Conseil constitutionnel a reçu vendredi dernier le procès verbal des élections législatives. Ainsi le 24 février, place sera donnée au débat sur les 35 plaintes déposées par les partis politiques.

Réunie pendant cinq jours au palais des Congrès de Yaoundé, la Commission nationale de recensement général des votes pour les élections législatives du 09 février 2020,  a transmis vendredi dernier au Conseil constitutionnel le procès-verbal de ses travaux . La haute juridiction va ensuite programmer l’audience du contentieux post électoral le 24 février.

Le Social Democratic Front (SDF) enrégistre le plus grand nombre de recours. Le parti de Fru Ndi a déposé 14 recours sur les 35 enregistrés par le Conseil. Dans certaines de ses plaintes, le SDF demande l’annulation du scrutin dans certaines circonscriptions électorales du Nord-ouest. Tandis que l’un de ses recours demande l’annulation de l’élection dans toute la région.

Dans le Sud-ouest, le parti demande l’annulation du scrutin législatif à Buea rural, au Fako-Est et dans le Lebialem.

L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) demande pour sa part  l’annulation de l’élection dans le Mayo rey, le Mayo Sava, le Mayo Tsanaga-Sud, le Mayo Louti et le Mayo Banyo.

Les débats du contentieux post électoral s’ouvrent lundi 24 février au Conseil constitutionnel. Celui-ci a jusqu’au mercredi 29 pour la proclamation des résultats.

Présidentielle 2018 : Clément Atangana, le maître du jeu

Désigné président du conseil constitutionnel le 7 février dernier à la faveur d’un décret, ce magistrat est sous le feu des projecteurs depuis peu. Le conseil qu’il dirige a l’impérieuse mission du contentieux post électoral. Une étape redoutable à l’issue de laquelle le prochain président du Cameroun sera connu.

Défensif, mais aussi à des moments offensif, Clément Atangana a réussi à s’imposer comme le maître du jeu durant les débats qui animent ce contentieux dont le délibéré est attendu ce jeudi 18 Octobre 2018 à 18 heures.

En effet, on a vu ce magistrat de 77 ans , rappeler les plaignants et justiciables à l’ordre lors du déroulement des différents débats qui animent le contentieux en cours au Cameroun.

Au cours des audiences, il s’est illustré par des concessions, notamment lorsqu’il s’est agit de rallonger le temps de paroles de certaines parties mais aussi de donner l’opportunité à certains justiciables de s’exprimer.

Par ailleurs, il est souvent vu dans le rôle de scribe. Ici,  il écoute et prend des notes. Parfois agacé, il ne manque pas de se contenir mais plutôt fronce la mine pour mieux saisir les recours dont il est l’ultime arbitre.

Il faut préciser que durant ces échanges, Clément Atangana a essuyé plusieurs critiques venant des justiciables. Dans des discours biens pointus, ces derniers ont appelé à son impartialité tandis que d’autres la remettent ouvertement en cause. Pour ce dernier cas d’espèce, Me Emmanuel Simh, avocat de Maurice Kamto, s’est démarqué « Nous avons un président du Conseil constitutionnel qui est l’époux d’une député du RDPC. Cela pose problème sur le plan de l’éthique, voyez-vous », a fait savoir l’avocat  qui par ailleurs, est deuxième vice-président du MRC.

Face à cette allégation et à d’autres renvoyant à la même idée, Clément Atangana a fermement réfuté la capacité des justiciables à remettre en cause l’impartialité des membres du Conseil qu’il préside. Le faisant, le magistrat retraité a rappelé avec fermeté que seule “l’autorité désignante et les deux tiers des membres du Conseil constitutionnel peuvent récuser un conseiller”.

Clément Atangana : il avait intégré le barreau

L’ancien président de la Chambre administrative de la Cour suprême mettait sa retraite à profit pour faire valoir ses compétences dans l’avocature.

Clément Atangana s’est dit surpris par sa nomination. Le mercredi 7 février 2018, lorsque le décret faisant de lui le premier président du Conseil constitutionnel est tombé, il prenait du repos à son domicile à Yaoundé, après une journée de travail. Depuis sa retraite en 2015, le magistrat avait fait son entrée au barreau du Cameroun. Il n’a donc pas eu le temps de s’ennuyer.

En revanche, il aura fort à faire au Conseil constitutionnel, en tant que premier président de l’organe. Clément Atangana a l’avantage de maîtriser les subtilités des procédures, notamment en ce qui concerne le contentieux électoral. Pendant plusieurs années, il a occupé les fonctions de président de la chambre administrative de la Cour suprême qui, jusqu’à hier, statuait en lieu et place du Conseil constitutionnel.

Clément Atangana a roulé sa bosse dans le domaine de la magistrature au Cameroun. Né le 20 septembre 1941 à Ekoumeyeck, dans la région du Centre, il a suivi ses études secondaires à Yaoundé, puis à Nkongsamba. Son Baccalauréat en poche, Clément Atangana fait son retour dans la capitale du Cameroun pour entamer ses études supérieures, sanctionnées par une licence en droit privé. Clément Atangana est, par la suite, admis à la division judiciaire de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam).

A sa sortie de la grande école, le jeune magistrat entame une carrière qui le conduira dans les villes de Nkongsamba, Eséka, Bafia, Mora, Sangmélima comme juge d’instruction. Il occupera différents autres postes, mais c’est à la Cour suprême que Clément Atangana termine sa carrière, en tant que président de la Chambre administrative.

Clément Atangana est aussi membre titulaire du Conseil de la magistrature suprême du Cameroun.