Cameroun-Assemblée nationale : les députés de l’opposition s’indignent contre le gouvernement

Ils ont empêché le Premier ministre Joseph Dion Ngute de prendre la parole à l’hémicycle le 30 novembre 2023 pendant plus d’une heure.

La discorde entre le gouvernement et les députés issus des partis politiques de l’opposition est liée au retard accusé par le gouvernement pour le dépôt du projet de loi de finances pour l’exercice 2024. Selon une mise au point des députés du Parti camerounais pour la réconciliation nationale, une partie de ce projet de loi a été déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale dans la matinée du 30 novembre 2023.

Ce dépôt s’est fait « en violation de la loi portant régime financier de l’Etat », en son article 57 alinéa 1 qui prévoit que le document doit être déposé 15 jours avant l’ouverture de la session ordinaire de novembre. Dans le cas d’espèce, la session s’est ouverte le 10 novembre dernier. La date limite de dépôt était fixée au 26 octobre 2023, soit un retard de 35 jours. Un retard que les députés de l’opposition, minoritaires au sein de la Chambre basse, n’ont pas toléré d’entrée de jeu. Ils se sont concertés à l’effet de bloquer l’intervention du Premier ministre.

Les députés du PCRN, de l’UDC, du SDF et le député Jean Michel Nintcheu ont bloqué l’accès du Premier ministre chef du gouvernement au pupitre. Joseph Dion Ngute est allé à l’Assemblée nationale, accompagné des membres du gouvernement, pour présenter le programme économique, culturel et financier du gouvernement pour le compte de l’exercice 2024. Pendant plus d’une heure, des élus de la nation ont bloqué l’allocution du chef du gouvernement.

Il aura fallu la tenue d’une réunion de crise initiée par le ministre délégué à la présidence chargé des Relations avec les assemblées Bolvine Wakata. Les députés de l’opposition et quelques membres du gouvernement y ont pris part. A l’issue des concertations, le Premier ministre a pu tenir son propos. Mais les députés de l’opposition l’ont boycotté, choisissant de se mettre hors de la salle.

Au cours de son propos, le chef du gouvernement a précisé que ce programme repose sur un taux de croissance du Projet intérieur brut de 4,5% et un taux d’inflation de 4%. Selon Joseph Dion Ngute, le budget de l’Etat du Cameroun pour l’exercice 2024 s’équilibre en ressources et en emploi à la somme de 6 741 milliards de FCFA contre 6 726,9 milliards de FCFA en 2023, soit une augmentation de 13,2 milliards de FCFA en valeur absolue et de 0,2% en valeur relative.

Cameroun : décès du député Antoinette Gbangbaye Epse Narké

Le membre de l’Assemblée nationale est décédé le lundi 02 octobre 2023.

L’honorable Antoinette Gbangbaye Epse Narké quitte l’hémicycle de la Chambre basse du Parlement camerounais pour l’éternité. Originaire de Bertoua, l’élue de la circonscription de Lom et Djerem dans la région de l’Est, est décédée à Yaoundé des suites de maladie. Elle s’apprêtait pourtant à effectuer un voyage le mercredi 04 octobre pour prendre part à une session du Parlement CEMAC à Malabo en Guinée Equatoriale.

Elue député pour la première fois en 2013, Antoinette Gbangbaye Epse Narké a terminé le mandat de la 9è législature. Puis elle a été réélue lors du scrutin du 09 février 2020 pour le compte de la 10è législature qui est à sa troisième année. Au cours de ces différents mandats, l’élue du peuple, parmi les fonctions occupées, était présidente de la commission de résolutions et des pétitions à l’Assemblée nationale.

Membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), elle était aussi présidente de section de l’OFRDPC de Lom et Djerem Sud 1 à Bertoua 1er depuis 2015. Dans sa circonscription politique d’origine, la femme politique a souvent apporté un soutien matériel aux couches sociales défavorables et un appui en faveur de l’éducation.

 

Cameroun : une député SDF kidnappée sur la route de Bambui dans la Mezam

La députée Wainachi Nentoh Honourine du Social Democratic Front (SDF) dans le département du Boyo (région du Nord-Ouest) a été enlevée le dimanche 5 février.

Cet enlèvement a été confirmé par Me Adeline Djomgang, la secrétaire générale du SDF. L’élue a été enlevée sur la route de Bambui dans le département de la Mezam par des hommes armés. Les responsables du SDF accusent les combattants séparatistes d’être les auteurs de ce kidnapping. Ces derniers réclameraient le versement d’une rançon de 36 millions FCFA pour sa libération, selon la chaine de télévision Equinoxe.

L’Assemblée nationale n’a cependant pas communiqué sur cet enlèvement. Le gouvernement non plus. D’après certaines indiscrétions, la parlementaire aurait été emmenée dans les environs de Bafut.

Les séparatistes se servent souvent du versement des rançons pour entretenir leur effort de guerre. Par ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’une parlementaire est ainsi kidnappée. Le 30 avril 2022, la sénatrice Regina Mundu a été enlevée à Bamenda, la grande ville de la région du Nord-Ouest. Elle avait été relâchée quelques semaines plus tard dans des circonstances non encore élucidées.

Cameroun : voici les huit députés RDPC décédés depuis la tenue des dernières élections

Le tout dernier décès est celui d’Isaac Ngahane, élu de la circonscription électorale Wouri Est, mort  ce dimanche 1er août 2021 à Douala.  

L’assemblée nationale de nouveau en deuil. L’Honorable Isaac Ngahane est mort hier des suites de maladie à l’âge de 67 ans,

Au sein de l’Assemblée nationale, l’honorable Ngahane Isaac était le président du Bureau de la commission de l’éducation, de la formation professionnelle et de la jeunesse.  Sa mort porte à huit  le nombre de députés RDPC décédés depuis le double scrutin électoral municipal et législatif du 09 février 2020.

Journal du Cameroun vous propose ci-dessous la liste des parlementaires RDPC décédés depuis le début de la dixième législature il y a seulement un an.

  • Harouna Bougue, député Rdpc du Mayo-Louti dans la région du Nord , décédé le  22 juillet 2020
  • Bernadette Saraou, député du Mayo Kani Nord décédée le 9 août 2020
  • Djibrilla Kaou Bakary, député dans Mayo Tsanaga dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun, mort le 12 février 2021
  • Prince Ange Gilbert Mikody est décédé le 24 mars 2021
  • Emilia Monjowa Lifaka, élu de la Boumba et Ngoko, région de l’Est, morte le 20 avril 2021
  • Ngo Yetna Marinette députée de la Sanaga Maritime, décédé le 24 mai 2021
  • Agbwa Ntiba Eric (Haut Nyong/Est), décédé le 24 mai 2021
  • Isaac Ngahane, Wouri Est, mort le1er août 2021

A noter qu’à l’issue des élections législatives de février 2020, le parti au pouvoir avait raflé  152 députés sur les 180 à pouvoir. A la suite des huit décès enregistrés, le parti active le mécanisme de substitution prévu par ses textes et par les règlements de l’Assemblée nationale.

Cameroun-Assemblée nationale : décès du député Prince Mikody, à l’âge de 33 ans

L’élu RDPC de la Boumba et Ngoko (région de l’Est) s’est éteint ce jour à Yaoundé des suites de maladie.

Le service de communication de l’Assemblée nationale annonce ce jour le décès du député Prince Ange Gilbert Mikody. Décès survenu à l’hôpital général de Yaoundé où il était interné depuis quelques jours.

Prince Mikody était un député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) pour la circonscription électorale de la Boumba et Ngoko, dans la région de l’Est. Né le 08 août 1989 à Moloundou, le parlementaire fait son entrée à l’Assemblée nationale à la faveur de la 10ième législature sortie des élections du 9 février 2020. Il était membre de la commission des Affaires économiques, de la programmation et de l’aménagement du territoire.

C’est le cinquième député de la 10ème législature qui décède depuis février 2020. Le 13 février dernier, c’est Djibril Kaou, député du parti au pouvoir pour le Mayo-Tsanaga Sud, dans la région de l’Extrême-nord qui s’éteignait à Douala.

En décembre 2020, c’est le député Yacouba Yaya du RDPC du Mayo Sava (région de l’Extrême-nord) qui tirait définitivement sa révérence. Avant lui, en juillet 2020, Harouna Bougue, député du Mayo Louti (région du Nord) disparaissait tragiquement dans un accident de la circulation.

Cameroun : décès du député Yacouba Yaya

L’élu s’est éteint ce dimanche  décembre des suites de maladie.

Il était le député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) pour la circonscription du Mayo Sava, dans la région de l’Extrême-nord. Yacouba Yaya s’est éteint des suites de maladie.

La deuxième législature de l’Assemblée nationale perd ainsi son deuxième député. Yacouba Yaya décède après la mort d’un autre élu, Harouna Bougue, député du Mayo Louti (région du Nord). Décès survenu le 22 juillet dernier des suites d’un accident de la circulation.

La mort de Yacouba Yaya intervient quelques jours après la clôture, le 11 décembre au Parlement. Session principalement consacrée à l’examen et l’adoption du budget de l’année 2021.

Cameroun: le député Barnabé Eloundou est décédé!

Le député originaire de la Lekié a rendu l’âme dans la matinée du dimanche 28 octobre au Centre hospitalier de la CNPS àEssos à Yaoundé. Il a succombé à une embolie pulmonaire.

Eloundou Barnabé, député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) pour la Lekié est  décédé dimanche.  Il a été emporté par un malaise cardiaque alors qu’il était, depuis hier, en soins intensifs à l’Hôpital de la Caisse. Il y avait été interné à cause d’une embolie pulmonaire et est entré quelques heures plus tard dans le coma. 

Sa dépouille a été transférée à l’Hôpital général de Yaoundé.

De son vivant, le député disparu était très apprécié à Okola sa localité d’origine où très régulièrement, il organisait des campagnes de santé.  Il était aussi l’auteur d’une initiative à travers laquelle il prenait en charge les frais de pension des 40 meilleurs étudiants en médecine au Cameroun.

Cet ancien cadre du ministère des finances a accédé au fauteuil de député en remplacement de Gabriel Koah Songo lors des législatives de septembre 2013. Le carrefour Eloundou sis au quartier Mimboman, garde la mémoire de cet homme public.

Un député s’inquiète de la prolifération des armes au Cameroun

Président de la commission de la défense nationale et de la sécurité à l’Assemblée nationale, Sali Daïrou a fait cette déclaration au moment où se tient la troisième session ordinaire de l’année

Plusieurs armes qui circulent actuellement au Cameroun ont été achetées en Lybie, a déclaré le député Sali Daïrou, président de la commission de la défense nationale et de la sécurité à l’Assemblée nationale.

« Des Camerounais ont acheté des armes interdites de la Lybie en violation flagrante de nos lois et règlements. Ce qui détient sur la sécurité au Cameroun », a déclaré Sali Daïrou, membre du parti présidentiel le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).

Il a fait cette intervention alors que l’Assemblée nationale et le Sénat sont actuellement réunis dans le cadre de la troisième session ordinaire de l’année. Sa sortie s’inscrit dans le cadre de l’enregistrement des propositions pour faire face à la prolifération des armes au Cameroun.

« La prolifération des armes au Cameroun se justifie par le fait que depuis quelques temps, il y a des conflits dans les pays voisins. D’abord au Tchad quand il y a eu la guerre en Lybie. Beaucoup d’armes interdites ont transité par ce pays pour entrer au Cameroun », a-t-il précisé.

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le conflit centrafricain a aussi déversé au Cameroun des armes de guerre, toutes choses qui participent à mettre à mal la sécurité du pays, avec des attaques de la secte terroriste nigériane Boko Haram.


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Chine: Fin d’année difficile pour des étudiants camerounais

Ils accumulent 13 mois d’arriérés de bourse et l’ont fait savoir dans une lettre adressée aux députés

Des étudiants camerounais vivant en Chine ont rédigé une lettre à l’endroit des députés camerounais, pour soumettre à leurs attentions, les difficultés financières auxquelles ils font face. « Nous accusons fréquemment des arriérés de bourse qui plafonnent aujourd’hui à 13 mois. Cette situation étant loin d’être une innovation en la matière, nous avons à chaque fois primé le dialogue avec notre ministère de tutelle, Ministère de l’Enseignement Supérieure (MINESUP) mais les réponses apportées sont des intimidations et des injures. Mais les faits sont parlants chers Honorables, nous cumulons 5 trimestres d’impayés pourtant à notre connaissance prévu dans le budget de l’exercice écoulé (2012) », peut-on lire dans le document signé du 24 décembre 2012 dernier. La lettre met aussi en garde les responsables parlementaires contre les conséquences qui pourraient découler de la situation que ces étudiants traversent. « Les boursiers de la coopération sino-camerounaise sont censés recevoir un complément de bourse (environ 80.000Fcfa) pour que ces derniers ne se livrent pas à des escapades incongrues déshonorant notre image et celle de notre patrie le Cameroun. Il est cependant difficile voire impossible de conserver nos valeurs vu le climat délétère qui nous lie à notre administration de tutelle », fait ressortir le document. Ces étudiants réclament aujourd’hui que leur soient payés les arriérés qu’on leur doit, mais aussi que soit défini un calendrier de paiement qui sera désormais respecté.

Fin 2011, c’est à la suite d’une menace de grève des camerounais étudiant en chine que le gouvernement avait rapidement annoncé et viré près de 123 millions de FCFA, pour le règlement des sommes dues. Mais c’est pratiquement depuis 2010 que la situation perdure. Les règlements du différentiel de bourse que doit payer le gouvernement camerounais sont espacés de longs délais difficiles à supporter par les boursiers, compte tenu des charges au quotidien. Du côté du ministère, on se refuse à commenter l’information. De sources estudiantines en Chine, le dialogue avec l’administration semble difficile. « Chaque fois que nous contactons les responsables en charge, nous sommes priés d’attendre bien que nous soyons à un an d’arriérés. Les mêmes responsables nous font savoir que nous sommes ingrats, car disent-ils, qu’il nous a été donné une chance non offerte aux étudiants de nos universités locales. D’après eux, nous man uvrons tout simplement pour leur faire perdre le travail bien que nous ne voyons aucune relation entre le paiement de bourse et leur promotion », expliquent-ils. L’incompréhension sur le sujet est grande. La dépense rentre dans le cadre de la formation des cadres camerounais pour l’objectif slogan d’un pays émergent à l’horizon 2035. Mais certains témoignages font ressortir un paradoxe entre cette volonté politique affichée et la gestion du problème au quotidien. Certains étudiants interrogés par mail ont affirmé avoir acheté leurs billets d’avion pour la Chine eux-mêmes. Difficile de savoir quelle sera l’issue donnée à ce nouveau recours des étudiants camerounais en Chine, alors qu’on y vit les périodes les plus froides de l’année. La session parlementaire est aujourd’hui achevée, et les engagements budgétaires interrompus jusqu’à l’année prochaine.

Fin d’année difficile pour des étudiants camerounais en Chine

Jean Michel Nintcheu réagit à propos de l’Affaire Franck Biya

Réaction à la suite du communiqué du SG l’Assemblée nationale: «Un mensonge d’Etat sur fonds d’enfumage destiné à détourner le peuple de l’essentiel»

Suite au communiqué laconique publié le lundi 26 novembre 2012 en page 5 du quotidien Cameroon tribune intitulé « la mise au point de l’Assemblée nationale » et signé du Secrétaire général de cette institution, je tiens à apporter des précisions importantes et vérifiables. Les affirmations suivantes contenues dans ce communiqué contre ma personne sont totalement infondées: « L’Assemblée nationale n’a reçu aucune question à adresser au gouvernement émanant de l’intéressé ». « La Conférence des présidents, organe qui juge de la recevabilité des questions adressées au gouvernement, n’opère aucune discrimination des questions qui lui sont soumises. Cela est vérifiable lors des différentes séances de questions orales adressées au gouvernement ». Je suis en droit de me demander si l’auteur dudit communiqué est en paix avec lui-même et avec sa conscience après avoir rédigé de telles déclarations qui relèvent tout simplement d’une manipulation évidente des faits et de l’information.

La question orale que j’ai adressée au Premier ministre relative à ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Frank Biya » a été déposée au. Secrétariat parlementaire de l’Assemblée nationale et la décharge a été enregistrée dans le registre du Groupe parlementaire du SDF le mardi 21 novembre dernier. Ce n’est que le lendemain que j’ai décidé de la rendre publique pour prendre l’opinion nationale et internationale à témoin. Cette initiative a été prise pour des raisons évidentes. L’Assemblée nationale qui est à la solde de l’exécutif reproduit les mêmes dérives totalitaires pour museler les droits des députés de l’opposition et notamment du SDF. A titre d’illustration, sur 22 questions orales que j’ai adressées aux membres du gouvernement, quatre (04) seulement ont été programmées. Sans compter les six (06) propositions de loi qui sont restées sans suite notamment la proposition de loi relative à la camerounisation des postes de directeurs généraux des entreprises stratégiques déposée au cours de la session de juin 2010 et qui n’a même pas encore franchi la première étape de la recevabilité par la Conférence des présidents en violation de l’article 27 alinea 3 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui stipule sans équivoque que « lorsque, à l’issue de deux sessions ordinaires, une proposition de loi n’a pu être examinée, celle-ci est de plein droit examinée au cours de la session ordinaire suivante ». Le délai réglementaire arrivait à terme à la session de mars 2011. Nous en sommes à la cinquième après le délai et toujours pas de suite réservée à cette proposition de loi. Dans ces conditions, j’ai estimé que je suis légitimement fondé de faire porter ma voix par la presse.

Au demeurant, je n’ai pas vocation, durant mon mandat à l’Hémicycle, à écrire des berceuses pour aider à faire dormir les tenants du conservatisme. La sortie du Secrétaire général de l’Assemblée nationale, à la suite de son patron qui m’a adressée une correspondance sur ce sujet en date du 23 novembre 2012 (voir fac-similé), participe d’une man uvre pathétique de diversion. Le problème de fonds est que le chef du gouvernement doit répondre aux préoccupations républicaines contenues dans mes questions orales. Il est précisément question de démêler les écheveaux sur cette affaire de délit d’initié qui implique le fils du Chef de l’Etat et son entourage familial, d’apporter des « justifications » sur l’indolence voire la passivité des institutions de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics (la Conac, l’Anif, la Chambre des comptes, le ministère délégué à la présidence en charge du contrôle supérieur de l’Etat) et surtout de d’expliquer le ponce pilatisme du Tribunal criminel spécial qui, en refusant depuis la publication de cette affaire d’ouvrir une information judiciaire conformément à la loi la créant, a délibérément décidé de se murer dans un silence assourdissant et inquiétant pour la République. Tout le contenu du communiqué n’est que mensonge d’Etat sur fonds d’enfumage destiné à détourner de l’essentiel le peuple qui n’est du pas dupe.

Jean Michel Nintcheu, Député du Social Democratic Front
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Cameroun: Franck Biya et les 100 milliards Fcfa des titres

Jean Michel Nintcheu, député du Sdf interpelle le Gouvernement à l’Assemblée Nationale

Monsieur le Premier ministre,
Dans le quotidien « L’ il du Sahel » N° 506 du 12 novembre dernier, un collectif dénommé « Alliance pour la défense du bien public » a fait état d’un scandale extrêmement grave perpétré dans le cadre de la titrisation de la dette intérieure de l’Etat. M. Frank Biya, fils du chef de l’Etat, en complicité avec les Directeurs généraux de Camtel et de la Cnps, aurait encaissé sur la base d’une spéculation financière féérique opérée sur des bons du Trésor obtenus auprès du ministère de l’économie et des finances et baptisés Obligations du Trésor à coupon zéro (Otz), près de 100 milliards de Fcfa. Le cas de la Camtel est révélé avec précision dans cette correspondance par ce que comportant des fac-similés. Pour une mise de 3,5 milliards Fcfa au lieu de 4,5 milliards pourtant proposés par l’entreprise la Société Financière Africaine (Sfa), Frank Biya, par le biais de son entreprise Afrione, avait obtenu auprès de Minefi 9400 bons du Trésor pour une valeur nominale de 01 million de Fcfa soit 9,4 milliards placés à un taux d’intérêt annuel de 3% pour une date à maturité fixée à 10 ans. Chose curieuse et surtout surprenante, il a encaissé avant terme 17,4 milliards de Fcfa, soit un différentiel de 13,9 milliards de Fcfa par rapport à sa mise initiale. D’où les questions suivantes:

1- Pourquoi les 9400 Otz ont-ils été cédés à un deuxième tiers en l’occurrence Afrione à 3,5 milliards, loin en-deçà de l’offre du premier tiers en l’occurrence la Sfa qui était de 4,5 milliards Fcfa? Cela fait une perte sèche d’1 milliard dès le début de l’opération.

2- Le document signale que la Caa qui est pourtant l’organisme public de gestion de la dette de l’Etat, donc la garante des intérêts de l’Etat, a exercé une pression auprès de la Sfa -qui était pourtant la mieux-disante -pour obtenir la main levée sur les 9400 Otz en faveur de Afrione. Qu’est ce qui explique qu’on ait pu payer avant terme la valeur à maturité de ces 9400 Otz si ce n’est la proximité familiale qui existe entre le fils du Chef de l’Etat – propriétaire d’Afrione et de la Société d’Ingénierie Financière (Sif)-, le neveu du Chef de l’Etat qui n’est autre que Dieudonné Evou Mekou, Dg de la Caa et le Dg de Camtel qui n’est autre que le « tchango » de Frank Biya ? N’est-on pas en droit de penser à juste titre qu’il y a eu délit d’initié et détournements de deniers publics ?

3- Le gouvernement proclamait à cette époque que les caisses de l’Etat étaient vides. C’est d’ailleurs l’argument qui avait été opposé au Fmi et à la Banque mondiale pour que ces deux institutions accèdent à la demande de la titrisation de la dette de l’Etat. Où a-t-on pu trouver subitement de l’argent pour payer avant terme M. Frank Biya ? Puisqu’il est désormais établi que la Trésorerie de l’Etat était pourvue de liquidités, pourquoi n’avoir pas versé directement ces 17,4 milliards Fcfa à la Camtel qui éprouvait d’énormes difficultés à l’époque des faits ? Ayez l’honnêteté d’avouer dans cet Hémicycle que les différents discours officiels sur la situation de la trésorerie de l’Etat relevaient d’une feymania jamais égalée.

4- Qu’est ce qui justifie le silence assourdissant du Dg de la Camtel depuis le déclenchement de cette affaire ? Le ministre des Postes et télécommunications, tutelle de la Camtel, vous avait-il informé de ce scandale avant sa publication ? Si oui, aviez-vous déjà transmis les dossiers de ce scandale monstrueux au ministre de la Justice ? Le ministre d’Etat, ministre de la Justice a-t-il déjà saisi le Tribunal criminel spécial dans ce sens ? Où sont passées la Conac et l’Anif, organes rattachés à la présidence de la République ? Y a-t-il au niveau du fonctionnement de ces deux institutions une disposition non écrite qui élargit l’impunité constitutionnelle du Chef de l’Etat à l’ensemble de sa famille ?

5- La Cnps a également été citée dans le brûlot. Le ministre délégué à la Présidence chargé du contrôle supérieur de l’Etat, qui a récemment organisé un séminaire sur la protection de la fortune publique, a-t-il déjà dépêché une mission du contrôle de discipline budgétaire et financière à la Camtel et à la Cnps ? Si oui, quand rendra t-il public les conclusions desdites missions comme il le fait le plus souvent avec tambours et trompettes sur d’autres dossiers?

6- Pour terminer monsieur le Premier ministre, la loi portant fonctionnement du Tribunal criminel spécial indique sans ambigüité qu’en cas de dénonciation, le Procureur du Tribunal criminel spécial peut se saisir d’office. La dénonciation par voie de presse a été faite depuis le lundi 12 novembre dernier. Qu’attend le procureur du Tcs pour ouvrir une enquête ou une information judiciaire au sujet de ces scandales qui, si rien n’est fait, jetteront un discrédit total et irréversible sur la sincérité de l’opération Epervier et sur les proclamations de bonne gouvernance édictées à longueur de discours officiels.

Jean Michel Nintcheu, Député du Social Democratic Front
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Conseil constitutionnel: Controverse autour de la modification des textes

L’opinion publique est divisée sur le sujet au Cameroun et une partie d’entre elle critique une volonté de verrouillage par le gouvernement

La soumission à l’Assemblée Nationale d’une modification du texte portant sur le mandat des membres du conseil constitutionnel au Cameroun, divise les opinions dans le pays. La question a été au centre de plusieurs débats dans les médias audiovisuels ces derniers jours et de nombreux avis ont été émis. Déjà la division classique entre personnes proches et contre le régime s’est manifestée pleinement. Jean Jacques Ekindi, président et unique député de son parti le mouvement populaire (MP) à l’Assemblée Nationale, a fait savoir que le projet de révision du texte sur le mandat des députés lui posait « trois types de problèmes. Il critique premièrement le fait que dans le projet de loi, il soit formulé que le mandat des membres du Conseil Constitutionnel est éventuellement renouvelable. « Cela n’a pas de sens. Les membres d’un tel conseil doivent jouir d’un niveau d’indépendance que les rédacteurs de la constitution de 1996 avaient inscrit dans la longévité et l’inamovibilité de leur mandat. Maintenant qu’est ce qui leur reste, rien du tout », s’est-il offusqué. Le président du MP estime aussi que l’examen de cet important aspect de la constitution est géré à la va vite et de manière trop simple. « Voilà un pays où l’application d’un texte constitutionnel est gérée par des lois votées à une majorité simple et même pas consensuelle » ajoute-t-il. Le dernier point de critique de l’homme politique est la possibilité offerte par le projet de révision, qu’un membre du Conseil puisse être révoqué par ses pairs. Monsieur Ekindi estime que cela entrave sérieusement la liberté dont doivent jouir les membres du Conseil.

Les opinions dénoncent une violation…
L’homme politique n’est pas seul à critiquer cette démarche du gouvernement. A propos de légèreté, la journaliste et activiste Henriette Ekwe, est convaincue de ce que le gouvernement fait tout pour contrôler l’institution constitutionnelle : « Je ne comprends pas comment pour la défense d’un projet de loi concernant cet aspect des choses, c’est un ministre qui est face aux députés à l’Assemblée Nationale, fût-il celui de la justice. Par ailleurs, les députés attendent une loi de finance et on leur balance une loi sur la constitution, qu’ils vont examiner rapidement. Il y a manifestement une volonté d’embrouille quelque part », explique madame Ekwe. En face les personnes proches du Rassemblement démocratique du peuple camerounais au pouvoir refusent toutes les critiques avancées par les uns et les autres. « Pour une fois qu’on décide de se pencher sur la constitution et qu’on veut mettre en place une de ses institution, les camerounais versent encore dans la polémique. Au Cameroun nous aimons la polémique et ce n’est pas bien. En plus il y a toujours ce soupçon qu’aucun camerounais ne peut être probe, faisons confiance à nos compatriotes », a argumenté Richard Keuko, un acteur très connu de la société civile et qui revendique son statut de membre du RDPC. Il est suivi dans son argumentaire par Célestin Atangana, journaliste de la radio publique et notoirement défenseur du RDPC. « Il n’y pas de volonté de manipulation. Ce n’est pas une faute si le RDPC est majoritaire. Je ne vois pas pourquoi on doit penser que la réforme de ces textes sera profitable à Paul Biya », explique-t-il.

. Qui tire pourtant ses origines dans la constitution de 2008
Dans les débats qui se tiennent aujourd’hui au sein de l’opinion, tout le monde semble oublier que la modification législative dont il est question, n’a rien de nouveau et rentre dans la logique même des choses. Après la constitution de 1996, des textes d’application des dispositions relatives au Conseil Constitutionnel sont votés par le parlement en 2004, confirmant la durée du mandat des membres du conseil à 9 ans. C’est en 2008 lors de la révision constitutionnelle, qu’outre la modification des dispositions sur le mandat du président de la république, très discuté, qu’est intervenue celle sur le mandat des membres du Conseil Constitutionnel, très peu débattu. Il est donc dans la norme des choses, si le président de la république veut faire fonctionner le conseil, que le texte d’application soit conforme au texte constitutionnel, par souci de légalité. Cet éclaircissement apporté n’enlève rien à la substance des débats. La révision des données constitutionnelles relatives au Conseil avait été fortement critiquée par le professeur Alain Didier Olinga. Une de ses critiques était qu’en ramenant le mandat de ses membres à 6 ans, on le plaçait une année en moins par rapport à celui du président de la république, qui à un an du renouvellement de son mandat, peut s’adjuger un conseil constitutionnel favorable. Cette remarque pertinente, personne ne semble la voir passer. Le projet de loi risque de passer, le RDPC étant majoritaire, avec en fond, une nouvelle promesse non tenue du président Biya. Lorsqu’il annonçait la modification de la constitution, il avait promis que cela l’était dans l’intérêt supérieur du peuple. « Nous allons, dans cet esprit, réexaminer les dispositions de notre Constitution qui mériteraient d’être harmonisées avec les avancées récentes de notre système démocratique afin de répondre aux attentes de la grande majorité de notre population », avait fait savoir Monsieur Biya dans son discours à la nation, le 31 décembre 2007.

Assemblée nationale du Cameroun

Cameroun: Lettre à Grégoire Owona

Par Jean Michel Nintcheu, Député du Social Democratic Front

Monsieur le ministre,
J’ai lu avec intérêt votre article intitulé: «Non à l’insurrection, le changement est déjà en cours». Vous portez des attaques contre votre ancien collègue qui se trouve aujourd’hui dans les geôles. Je dois dire d’emblée que votre démarche est inélégante par ce qu’on ne donne pas des coups à un adversaire qui a un genou au sol. Globalement, vous lui faites le reproche d’appeler à l’insurrection. J’aurais aussi souhaité que vous portiez en son temps des attaques contre un de vos collègues actuels du gouvernement en l’occurrence M. Amadou Ali dont les propos explosifs relayés par Wikileaks et qui sont d’une dangerosité jamais égalée ont permis de mettre à nu les desseins obscurs projetés sur notre vivre ensemble. Ses déclarations faisant état de ce que le Grand Nord n’acceptera jamais qu’un bamiléké ou un anglophone devienne Président de la République contiennent des germes potentiels d’insurrection et de guerre civile. Parlons justement de l’insurrection. Le droit à la résistance et à l’oppression est mis en valeur dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1793 qui stipule en son article 35 que «Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.». L’insurrection populaire qui se définit comme la révolte d’un peuple contre un pouvoir établi oppressif, tyrannique et despotique peut à juste titre intervenir quand un peuple essoré a marre de ses dirigeants, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. Elle intervient le plus souvent quand le peuple se rend à l’évidence qu’il n y a pas une autre issue pour faire inverser le cours du pays, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. Elle intervient quand le peuple se rend compte qu’il est écrasé par un régime totalitaire qui, malgré son cuisant échec dans la conduite des affaires du pays, tient à rester à tout prix et à tous les prix au pouvoir, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. L’exaspération qui a envahi le peuple camerounais est aujourd’hui à son comble. Et si rien n’est fait d’ici les prochaines élections dans le sens de la transparence, il est possible que l’insurrection devienne inévitable. Le Président des Etats Unis d’Amérique John Fitzgerald Kennedy qui était tout sauf un anarchiste disait fort à propos ce qui suit: «A force de rendre impossibles les évolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes.»

Monsieur le ministre,
Le changement pour l’avenir est en cours, dites-vous. Dois-je vous rappeler que vous êtes très mal placé pour donner des leçons de morale politique aux camerounais? Vous parlez de quel «changement pour l’avenir qui est en cours»? Aucun camerounais n’est dupe, comme vous l’avez-vous-même reconnu dans votre pamphlet inopportun. Bien qu’étant reconnu comme un homme politique modéré, il est constant que durant tout le temps que vous avez passé au ministère en charge des relations avec les Assemblées, vous avez été le symbole achevé du conservatisme. Chaque fois qu’un projet de loi rétrograde était déposé à l’Assemblée nationale, vous vous distinguiez par votre obsession à défendre l’indéfendable, à expliquer l’inexplicable et à justifier l’injustifiable devant les députés du parti-Etat. Comme si cela ne suffisait pas, vous avez été durant votre séjour à la tête de ce ministère qui ne laissera pas du tout un souvenir impérissable à l’Hémicycle, le porte-parole des nébuleuses conservatrices tapies dans l’ombre au sein de l’Exécutif. Vous n’aviez certes pas de choix en raison de ce que vous appartenez à un système qui peut à tout moment vous broyer vous-même comme il l’a fait avec les autres. Il n’est de secret pour personne que chaque fois qu’une proposition de loi, une proposition d’amendement constitutionnel ou une proposition de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire au sujet d’une affaire sensible venant des députés de l’opposition était déposée à la conférence des présidents, le chantage permanent sur fond de menaces à peine voilées constituait votre arme favorite pour mettre au pas les députés de votre parti, manifestement sur recommandation de votre hiérarchie puisque vous étiez ministre délégué à la présidence de la République. Vous proclamez que le « changement pour l’avenir est déjà en cours ». Après une telle affirmation qui est en décalage criard avec la réalité, un homme d’honneur devrait raser les murs. Où est passée la proposition d’amendement constitutionnel relative à la création de la Cour des comptes et au contrôle des dépenses de la présidence de la République? Pourquoi 16 ans après l’adoption de la Constitution de janvier 1996, le décret d’application de l’article 66 sur la déclaration des biens n’est pas encore effectif alors que dans les heures qui ont suivi l’adoption de la modification de l’article 6 al.2 qui levait le verrou de la limitation du mandat présidentiel pour instituer une présidence virtuelle à vie, le décret d’application avait été signé par votre «créateur?» Pouvez-vous expliquer aux camerounais comment votre mentor d’Etoudi est devenu « l’homme le plus riche du Cameroun » dixit Titus Edzoa, alors que fils de catéchiste, il n’a hérité d’aucune fortune. De quel «changement pour l’avenir» s’agit-il, monsieur le ministre, quand on sait que le Sénat et le Conseil constitutionnel pourtant contenus dans cette même Constitution et qui sont des institutions extrêmement importants dans les mécanismes de dévolution du pouvoir dans notre pays n’existent pas? Pouvez-vous nous dire ce qui peut arriver demain en cas de vacance de pouvoir au sommet de l’Etat? Qui assurera l’intérim puisque le Sénat n’existe pas encore ? Vous me direz qu’il y a une disposition constitutionnelle qui indique que l’Assemblée nationale joue le rôle du Sénat. Cette disposition s’inscrit dans le contexte d’un Parlement bicaméral. Il n’est inscrit nulle part qu’en l’absence du Président du Sénat, le Président de l’Assemblée nationale assure l’intérim. Encore qu’on ne saurait agir en lieu et place de quelqu’un qui n’a jamais existé. Toujours dans le même sens, qui va constater la vacance du pouvoir à partir du moment où le Conseil constitutionnel n’existe pas encore ? Plutôt que d’aller fouiller dans les poubelles de M. Marafa, vous auriez mieux fait de vous consacrer d’abord à ces préoccupations républicaines qui sont de nature à faire basculer le pays tout entier dans le chaos. Les propos discriminatoires et répugnants de M. Amadou Ali dans Wikileaks sont d’ailleurs fort évocateurs de l’ambiance insurrectionnelle post-Biya.

Dans votre lettre, vous prétendez que «les adversaires les plus résolus s’accordent encore à reconnaître que l’une des plus grandes réalisations de M. Biya est incontestablement la promotion de la démocratie et des libertés publiques.». Vous êtes décidément plongé dans le monde merveilleux de Walt Disney. A quelle démocratie faites-vous allusion quand un député de l’Assemblée nationale ne peut même pas exprimer ses idées et ses opinions à l’Hémicycle et que celles-ci soient prises en compte? Où est passée la proposition de loi relative à la camerounisation des postes de directeurs généraux des entreprises stratégiques que j’avais déposée en juin 2010 au secrétariat de l’Assemblée nationale et qui avait par ailleurs fait l’objet d’un débat entre vous et moi sur RFI? Vous avez freiné des quatre fers pour que cette proposition d’amendement constitutionnel ne passe pas. En juin dernier, nous étions rendus à la sixième session après le dépôt de cette proposition de loi qui, faut-il le rappeler, n’a même pas encore franchi l’étape de la recevabilité par la conférence des présidents de l’Assemblée nationale. Pourtant l’article 27 al.3 du règlement de l’Assemblée nationale stipule sans ambigüité que:  » lorsque, à l’issue de deux sessions ordinaires, une proposition de loi n’a pu être examinée, celle-ci est de plein droit examinée au cours de la session ordinaire suivante ». Votre régime refuse que cette proposition de loi -qui aurait pu créer de l’émulation auprès de nos compatriotes à la compétence reconnue- ne soit pas examinée en plénière tout simplement par ce que vous servez des intérêts autres que ceux des camerounais. A quelle démocratie faites-vous allusion quand l’organe chargé de l’organisation des élections dans notre pays est une antichambre du bureau politique et du comité central du parti auquel vous appartenez? J’ai entendu les bien-pensants de votre régime qui n’ont de la politique que ce qu’on leur rapporte de temps à autre dans les salons dire que la démission après la nomination garantissait l’exigence de neutralité et d’impartialité fermement prescrite par la loi. Ce qui n’est évidemment pas vrai.

L’incompatibilité concerne les nominations tandis que la neutralité et l’impartialité précèdent la nomination. Le tout premier critère qui peut garantir l’exigence de neutralité et d’impartialité est celui de n’avoir jamais appartenu à un parti politique. Seuls les esprits irrationnels ou les hommes de mauvaise foi ignorent qu’il y a des compatriotes à la compétence établie qui remplissent ce critère primordial.

Monsieur le ministre,
Pour parler de démocratie, il faut un minimum consensuel entre les différents acteurs du processus électoral. Malheureusement, vous appartenez au camp des autistes et des jusqu’au-boutistes. L’exemple de la biométrie actuellement observée sur le terrain en est la parfaite illustration. Les cartes ne sont pas délivrées à l’inscription comme c’est le cas actuellement au Burkina Faso. Tous les spécialistes vous diront que cela est faisable sans qu’il n y ait des doublons. Le Nigéria voisin a pu inscrire, y compris dans les zones les plus reculées, plus de 80 millions de personnes en seulement trois semaines. Vous savez pertinemment que cela est réalisable. Mais vous refusez pour deux raisons simples:

– La délivrance immédiate de la carte électorale à l’inscription va susciter l’engouement auprès des potentiels électeurs qui iront s’inscrire en masse pour faire tomber votre parti qui est fortement minoritaire sur le terrain. Vous en êtes conscient. Quand on est convaincu d’être véritablement majoritaire sur le terrain, on n’a pas peur des règles équitables. On ne cherche pas à imposer une biométrie partielle qui n’intègre pas la phase déterminante de l’authentification des électeurs dans les bureaux de vote. Le Cameroun disposant de 25.000 bureaux de vote, il faut par conséquent 25.000 kits d’authentification. Elecam n’en parle pas du tout.

– La délivrance à l’inscription des cartes électorales mettra à nu les faux chiffres du recensement général de la population effectué en novembre 2005 et rendu public cinq ans plus tard et plus précisément en avril 2010. Prenons le cas de la région du Littoral qui a officiellement 2.500.000 habitants. Le département du Wouri a officiellement 1.980.000 habitants.

Qui peut raisonnablement croire que les départements du Moungo, de la Sanaga maritime et du Nkam réunis ont moins de 600.000 habitants ? Même un aveugle qui parcourt ces trois départements et entend juste les gens grouiller autour de lui ne saurait valider une telle imposture. En cas de délivrance à l’inscription des cartes électorales, si deux millions de personnes sont détentrices d’une carte électorale à Douala, le régime se trouvera dans un schéma surréaliste où le nombre d’inscrits est supérieur au nombre d’habitants. Vous avez grandi et exercé à Douala et vous savez très bien que cette ville qui dispose d’au moins 5 millions d’habitants peut à elle toute seule faire basculer l’issue d’une élection présidentielle. Valider la population réelle de Douala aura des conséquences évidentes sur le découpage électoral qui, en l’état actuel, ne garantit aucunement l’égalité constitutionnelle des citoyens devant le suffrage universel. Douala qui a officiellement le 1/10ème de la population devrait avoir le 1/10ème de députés soit 18 députés sur 180. Dois-je vous rappeler que Douala n’en a que 9?

De quelles libertés publiques parlez-vous quand les meetings publics des partis politiques de l’opposition sont systématiquement interdits par le régime en violation flagrante de la loi ? Le cas le plus flagrant et le plus récent est celui du MRC dont toutes les tentatives de réunion ont été interdites.

Monsieur le ministre,
Vous poussez le bouchon très loin au point de dire qu’ «il est donc faux et injuste de parler d’un échec cuisant de la politique actuelle» et que «le Président BIYA n’a pas à rougir du bilan de son action, même si les choses ne lui ont pas du tout été facilitées par la conjoncture et la loyauté de certains hommes et femmes qu’il a appelés à son service.». Des pays comme la Guinée équatoriale et le Ghana ont connu la même conjoncture. Le Sénégal qui a connu en même temps que nous les émeutes de la faim en 2008, est devenu un pays exportateur de riz et d’arachide. Contrairement au Cameroun qui n’a pris aucune mesure pour booster son agriculture. Dois-je vous rappeler que quand votre «créateur» prend les rênes du pouvoir, le Cameroun est un pays à revenu intermédiaire et que 29 ans de règne après, nous sommes un pays pauvre et très endetté. Le SMIG est de 28.500 FCFA. Le taux de pauvreté est de 40%, ce qui signifie que 8 millions de camerounais vivent avec moins de 500 FCFA par jour. Le taux d’investissement stagne depuis une dizaine d’années à 17% du PIB, loin des 25% nécessaires à l’émergence du pays. Le taux de chômage est de plus de 85% de la population active. Le taux de sous-emploi est de 75%. Plutôt que de distraire les camerounais, vous feriez mieux en tant qu’actuel ministre du travail de trouver des stratégies idoines pour faire drastiquement baisser ces taux déshonorants qui ternissent l’image de votre régime sur le plan de l’emploi et du social. Est-ce la conjoncture qui est responsable de l’inadéquation entre l’enseignement et l’emploi ? Cela fait une trentaine d’années que les Etats généraux de l’enseignement supérieur ne se sont pas tenus. Ces assises auraient pu permettre à nos chercheurs de réfléchir sur les problèmes qui minent l’ensemble du système éducatif.

Est-ce la faute à la conjoncture? Non seulement les bourses ont été supprimées aux étudiants mais la scolarité est devenue payante dans les universités et grandes écoles. L’exemple le plus criard est celui de l’Ecole nationale des postes et télécommunication où la scolarité est de 500.000 FCFA/an. Des pays de loin plus pauvres que le Cameroun à l’instar du Tchad voisin, du Mali et du Niger continuent d’octroyer des bourses à leurs étudiants. Pourtant en consacrant juste 1,9% du budget actuel de l’Etat à ces étudiants qui feront, qu’on le veuille ou pas, le Cameroun de demain, tous nos étudiants fréquenteraient gratuitement en même temps que 100.000 d’entre eux pourraient obtenir une bourse mensuelle de 30.000 FCFA. Vous en avez bénéficié quand vous étiez jeune. Une fois aux affaires, vous avez cassé les ponts en organisant un génocide de la jeunesse estudiantine camerounaise. Votre créateur qui est d’origine modeste aurait-il pu financer ses études à l’étranger sans l’appui de l’Etat? Le problème du Cameroun est métaphysique. Est-ce la conjoncture qui a installé et exacerbé la corruption dans notre pays? Le Cameroun n’est-il pas champion toutes catégories de la corruption? Ce fléau qui est consubstantielle du régime est devenu un sujet de grande tristesse. Les détournements de deniers publics sur fond d’impunité se sont érigés en méthodes de gestion du régime. Les excédents budgétaires qui se situent en moyenne autour de 450 milliards par an depuis 5 ans soit un total de près de 2250 milliards n’ont jamais fait l’objet d’un report budgétaire ? Est-ce la conjoncture qui vous empêche de loger en toute transparence ces excédents dans un compte spécial comme le prescrit l’ordonnance de 1972 ? J’ai dû déchanter quand votre « créateur » a offert de ses propres poches des dizaines de millions de FCFA aux sinistrés du Grand Nord. Il lui suffisait tout simplement d’aller puiser dans ce compte d’urgence qui appartient à tous les camerounais. Sauf à croire que ce compte n’existe plus, ce qui ne peut surprendre que les naïfs qui veulent bien être surpris.

Nos entreprises de souveraineté ont été bradées à la suite d’un processus de privatisation dévoyé. Est-ce la conjoncture qui a empêché le régime de rendre public les clauses contenues dans les restructurations ou privatisations-braderies des entreprises nationales qui n’ont par ailleurs profité qu’aux multinationales et aux individus tapis dans l’ombre des sphères de décision? Est-ce la conjoncture qui vous a empêché, au moment de leurs restructurations ou privatisations, de procéder au chiffrage exact des actifs des entreprises bradées (REGIFERCAM, SNEC, SONEL, ONCPB, CAMSHIP, etc.), de décliner publiquement les raisons qui avaient conduit au retrait de l’Etat du capital de ces entreprises, d’évaluer et de rendre public les parts sociales de l’Etat, d’apprécier et de rendre public les prix des différentes cessions des parts de l’Etat et plus précisément les plus-values réalisées, d’inspecter les identités des acquéreurs des parts de l’Etat ainsi que le problème récurrent de la liquidation des droits des ex-employés de ces entreprises et enfin de vérifier le respect des cahiers de charges qui avaient été assignés aux nouveaux acquéreurs? Non, non et non, monsieur le ministre. Les privatisations ou restructurations de ces entreprises nationales stratégiques ont été volontairement traitées de manière déséquilibrée et globalement incorrecte par les Gouvernements successifs qui avaient préféré sacrifier les intérêts de la Nation en compensation d’un soutien obscur et hideux des nébuleuses affairistes étrangères pour son maintien au pouvoir.

Monsieur le ministre,
Vous étiez présent à l’Hémicycle lorsqu’au cours d’une séance consacrée aux questions orales aux membres du gouvernement (session de décembre 2007), j’ai interpelé le ministre des finances au sujet des salaires fictifs de la fonction publique qui avaient durant 20 ans fait perdre au total 1920 milliards au Trésor public. La masse salariale de l’Etat qui était passée de 36 à 28 milliards/mois à la suite de l’assainissement du fichier solde de l’Etat laissait clairement ressortir que 8 milliards de FCFA étaient siphonnés chaque mois des caisses de l’Etat. Vous étiez assis au banc réservé aux membres du gouvernement lorsqu’à la suite de M. Essimi Menye qui avait sans détours reconnu les faits, le vice Premier ministre en charge de la justice n’a pas pu justifier devant les députés le fait que les parquets n’avaient pas encore pu ouvrir une information judiciaire au sujet de ce scandale monstrueux. Est-ce la conjoncture qui justifie jusqu’à la date d’aujourd’hui le silence assourdissant des parquets? Qu’est ce qui peut expliquer qu’alors que l’affaire de l’albatros est encore en justice, des personnes impliquées dans le scandale des avions chinois (MA 60) soient impunis? Les 40 milliards débloqués auraient pu acheter 6 à 7 avions de cette marque qui est par ailleurs douteuse en terme de qualité et de sécurité par ce que non certifiée par l’Union européenne et les Etats-Unis. On nous a fait savoir que ce montant a permis de faire l’acquisition de deux avions de ce type et que le troisième nous avait été offert gracieusement. Des preuves existent faisant état de ce que la société indonésienne MERPATI avait fait l’acquisition de 15 MA 60 à 6,5 milliards de FCFA chacun. Est-ce la conjoncture qui explique qu’aucune suite judiciaire n’ait été donnée sur cette affaire de surfacturation sur fond de retro commissions? L’article 35 du Code pénal stipule que le Procureur général peut, sur simple dénonciation d’une infraction quelconque, mettre en mouvement l’action publique.

Monsieur le ministre, quand ce qu’on a à dire est moins important que le silence, on se tait!!! Qui ne se souvient de M. Inoni Ephraim proclamant dans Jeune Afrique qu’il était le maître d’oeuvre de l’opération Epervier et qu’il avait la confiance de son patron? Ou encore de M. Marafa Ahmidou Yaya, la cible de vos attaques, défendant avec force le régime du haut de l’Hémicycle quand il fallait absolument faire passer des lois indigestes? On ne se moque pas de quelqu’un qui se noie quand on n’a pas encore traversé le fleuve. Vous n’êtes pas sûr que votre enthousiasme vous épargnera la froideur de ce mammifère qui présente la particularité de dévorer les enfants sortis de ses propres entrailles.

Pour terminer, votre article aura au moins eu un seul mérite: celui de révéler vos réels talents de prestidigitateur.

Jean Michel Nintcheu, Député du Social Democratic Front
cameroonwebnews.com)/n

Cameroun – Le code électoral aux mille pattes : Appel aux intellectuels de tous bords

Par le Docteur Maurice Nguepe

Ainsi donc, les Camerounais ne verront jamais le bout du tunnel. Ainsi donc, sous le Renouveau, nous ne connaitrons jamais le réveil, jamais le progrès. Nous ne verrons jamais le jour, ce beau jour que les Sud-Africains et les Sénégalais ont expérimenté, ce beau jour où enfin les institutions justes et démocratiques règlent la vie et le destin des hommes. Ouvrir le Cameroun enfin à la modernité en créant des institutions justes et démocratiques, n’est-ce pas la chose la plus facile au monde? Mais de quoi avons-nous peur? De qui avons-nous peur?

Pourquoi tant chérir les ténèbres? Pourquoi tant adorer la jonglerie? Pourquoi les Lumières nous aveuglent-elles tant? Restituer au Cameroun tout ce qu’il nous a donné, voilà tout ce dont il est question aujourd’hui. Restituer cela au Cameroun signifie, en ces jours d’avril 2012, inclure dans le code électoral en élaboration, les fondamentaux de la liberté et de la démocratie qui sont : un scrutin à deux tours, un mandat présidentiel de 5 ans renouvellable une seule et unique fois, un nombre égal de scrutateurs dans les bureaux de vote ayant les mêmes droits et devoirs, le bulletin unique, un découpage électoral juste, la majorité à 18 ans, des débats télévisés entre candidats sur toutes les questions d’importance nationale et internationale, et l’indépendance de la commission électorale. N’est-ce pas ainsi plus facile à concevoir et à énoncer qu’un projet de code électoral de 299 articles ne contenant aucun de ces fondamentaux? Alors que la constitution camerounaise (1996) n’a que 69 articles, les 299 articles ne sont-ils pas destinés à rendre ledit code électoral inaccessible au peuple? Ne visent-ils pas à le désintéresser à la lecture du texte auquel il a le droit le plus absolu, et ce en le prenant au piège des syntaxes labyrinthiques aux mille pattes?

Intellectuels camerounais et idéologues de tous les partis, unissez-vous, notre responsabilité devant l’histoire est désormais engagée :

. Gaston Kelman, le RDPC du Cameroun n’est plus comparable à l’UMP de France. Sinon, le projet de code électoral en cours ne serait pas le manioc qu’il est devenu. Et sachant que tu n’aimes pas le manioc, le peuple te regarde et te demande de dire aux députés de ne point le manger.

. Calixthe Beyala, tu as beaucoup parlé de la crise en Côte d’Ivoire. Le moment est venu de parler de ton pays natal, de la terre de tes ancêtres, le Cameroun. Parle, adresse-toi aux députés et aux membres du gouvernement, touche leur conscience, comme tu sais le faire. Convaincs-les afin que de ce projet de code naisse non un autre archaïsme, mais un code électoral postmoderne qui suscitera, chez tes fils, petits-fils et arrière-petits-fils, un amour pour le Cameroun supérieur ou égal à celui que tu as pour la France des libertés.

. Mouangue Kobila, le juriste, le peuple attend de toi un communiqué contre la faiblesse de nos institutions judiciaires en raison de la phagocytose de l’exécutif, un communiqué qui fera dire le vrai droit, le droit de la justice, et qui rectifiera enfin la vision de ceux qui ont fait de la tricherie et de la jonglerie les instruments du torpillage du destin de tout un peuple.

. Ateba Eyene, mon ami de fac, l’heure est grave. Oui, l’heure n’est plus au rappel du coup d’État de 1986. Vois-tu, depuis 1986, il y a eu de nombreux autres coups d’État. Et le dernier en date est en préparation sous nos yeux, en ce moment même, à l’assemblée nationale, autour du code électoral. L’heure est à l’action pour lui faire échec. Le peuple attend ton sursaut patriotique.

. Vincent Sosthène Fouda, l’affaire Vanessa Tatchou n’aurait jamais trainé si longtemps sans dénouement si nos institutions étaient fortes et justes. Voici donc l’occasion véritable de lutter pour toutes les Vanessa du Cameroun. Peux-tu ressusciter l’espoir de la dernière fois, s’il te plaît? Nous attendons ton signal.
. Enoh Meyomesse, tu es en prison. Tel est le destin des défenseurs de la vérité. Mais prisonnier, tu restes un citoyen. Continue donc ton uvre, au nom de la postérité.

. Célestin Monga, Patrice Nganang, Achille Mbembé et Shanda Tomné, je ne vous plains pas. Vous avez l’habitude du verbe franc. Mais cette fois-ci, ne vous taisez surtout pas.

Intellectuels camerounais et idéologues de tous les partis, levez-vous et exigez notre entrée dans la modernité. Ce n’est plus une affaire de la société civile ou de l’opposition politique. C’est désormais l’affaire de nos enfants, de nos petits-enfants et arrière-petits-enfants. Comme nous souffrons aujourd’hui parce que nos grands-parents ont échoué à conquérir l’indépendance véritable, demain, nos arrière-petits-enfants auront le mal du Cameroun parce que nous aurons échoué à inscrire ce pays dans la modernité démocratique. Et si nous ne devons réussir ce combat, restons donc dans les ténèbres de la tricherie, du mensonge et de la corruption. Restons donc dans la jonglerie institutionnelle. C’est un mode de vie après tout.

Dr. Maurice Nguepe
Journalducameroun.com)/n

Code électoral au Cameroun: La révision adoptée dans la division

Le texte n’attend plus que la promulgation du Président de la République, et pourtant l’opposition parlementaire toute entière lui a manifesté une désapprobation

L’image saisissante, fait aujourd’hui le tour des chaines de télévisions camerounaises. Patricia Ndam Tomaïno, député de l’Union pour la Démocratie au Cameroun (UDC), se lève alors qu’on s’apprête à passer au vote du nouveau code électoral unique, balance le projet de code en l’air, et sort de la salle de plénière. Quelques minutes avant l’adoption, d’autres députés se lèvent, cette fois du Social Democratic Front (SDF). Après avoir chanté l’hymne national, ils sortent, certains faisant aussi voler leur projet de code. Les députés de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) de Bello Bouba Maïgari, ministre en charge du tourisme et des loisirs, vont rester dans la salle mais ne voteront pas. C’est aussi le cas pour Jean Jacques Ekindi, seul député de son parti le Mouvement progressiste (MP). Aux côtés de ces partis de l’opposition, 28 députés du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir, ont aussi voté contre la loi, pour protester contre le maintien d’un seul tour pour les élections. Cette question est une des principales revendications de l’opposition et avec elle, une partie de la société civile. Autres revendications non prises en compte et importantes pour les députés de l’opposition, le refus d’entériner le principe d’une majorité électorale à 18 ans, la non-consécration de l’indépendance d’Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge d’organiser les élections au Cameroun. Du côté du gouvernement, on se dit satisfait. « C’est le fruit d’une longue concertation conduite par le Premier Ministre, c’est un document qui a réussi à harmoniser les textes qui régissent les élections au Cameroun, donc nous sommes satisfaits », a déclaré René Emmanuel Sadi le ministre défenseur de la loi devant les députés. Sur la réaction de l’opposition, il préfère être stoïque. « C’est la manifestation de la démocratie, je suis juste un peu surpris parce que ces partis ont participé aux travaux, maintenant qu’ils agissent de la sorte, je suis un peu surpris car certaines de leurs revendications ont été prises en compte, d’autre pas. Je dis c’est la démocratie, et le texte a été adopté et c’est cela qui compte » a ajouté le ministre.

Entre les observateurs de la scène politique, les avis sont partagés. Certains pensent que le nouveau texte régissant les élections constitue une avancée. « Les députés sont à féliciter en ce qui me concerne. Je pense que l’opposition a choisi de faire son show et il se laisse aveugler par cela. Avant de critiquer un texte comme celui-là, il faut se poser un certain nombre de question. Quel était l’objectif du code ? Réunir tous les textes électoraux en un seul, l’objectif a été atteint. Il fallait produire un texte qui soit aligné à la constitution, cela a été fait. L’opposition fait tellement d’agitation et cela fait qu’on oublie parfois de s’interroger sur ses méthodologies d’intervention » a fait savoir Jean Marie Eloundou, à la tête d’une association contre l’inertie. Pour d’autres observateurs, le texte est davantage une opportunité. « L’avancée doit être relevée, aujourd’hui il existe un code unique, il est difficile en mon sens d’avoir un texte parfait qui satisfasse tout le monde. Je note l’importante avancée qui concerne l’aspect genre. Le fait de consacrer un pourcentage de femmes dans les listes électorales est une réelle opportunité. Maintenant, la mise en application des différentes dispositions permettra de savoir si le texte est pertinent ou pas. En plus le ministre Sadi l’a dit, des textes règlementaires viendront préciser certaines dispositions de la loi électorale, j’y vois une opportunité, pour poursuivre le plaidoyer et influencer les mesures qui seront prises dans les six prochains mois », explique pour sa part Justine Ndiffo, de l’association More Women in Power. D’autres sont catégoriquement contre le nouveau code. Souley Onohiolo journaliste au quotidien le Messager, parle de « banditisme politique ». Pour Jean Bruno Tagne, le chef du desk politique au quotidien le Jour, on « ne peut se contenter de si peu ». « Tel que les choses se sont passés, on voit clairement que le gouvernement une fois encore, a verrouillé le système pour que seules les revendications du RDPC passent et encore seules les revendications qui étaient à l’avantage des députés sont passées. Donc vraiment cette loi est le signe une fois encore que dans ce pays on ne respecte rien » a-t-il fait savoir. Pour la population, fortement appauvrie ou occupée à jouir des revenus glanés, cela reste une fois encore un débat d’idées. Peu sont ceux qui s’intéressent concrètement à la question.

La révision du nouveau code électoral adoptée dans la division
Journalducameroun.com)/n

Tchad: L’opposant Wadel Abdelkader Kamougué n’est plus

A 72 ans révolus, le député et ancien président de l’Assemblée nationale s’est éteint à Koumra au Sud du pays

Les N’Djaménois n’ont pas cru dès l’annonce de cette tristesse nouvelle. Et la nouvelle a fait très rapidement le tour du pays. Les coups de fil se multipliaient du sud au nord et de l’est à l’ouest. «Est-il vrai que Kamougué est mort? Tu as la nouvelle? Tu confirmes que le général Kamougué est mort?» S’interrogeaient de nombreux Tchadiens en cette matinée. «Je viens de le rencontrer il y a quelques jours au Sud. Ce n’est pas vrai qu’il est mort», s’étonne Modji, un enseignant.

Pour croire effectivement qu’il est mort, de nombreuses personnes ont fait le déplacement à son domicile. Les gens sont complètement bouleversés et de nombreuses femmes devenaient au fur et à mesure inconsolables. Chacun de ceux qui ont fait le déplacement à son domicile voulait savoir de quoi il est mort. Certains militants de son parti ne veulent pas du tout y croire: «Après le second meeting de boycott qu’il a animé avec les autres opposants, il nous a dit qu’il partait au sud et au retour, nous aurons une rencontre. Nous l’attendons toujours et nous sommes restés en contact. Ce n’était pas croyable», confie un membre du bureau de son parti l’Urd joint au téléphone.

L’un des opposants, Yorongar Ngarlejy que nous avons rencontré manque de mots: «Je suis effondré. J’ai reçu ce matin très tôt un coup de fil d’un de mes militants de Béro qui se trouvait à l’hôpital de Koumra. Il m’a informé qu’on vient d’arriver avec le Général Kamougué à l’hôpital et qu’il est dans un état inquiétant. Il a promis m’informer la suite. Le temps d’arrêter de communiquer avec lui, je eu un SMS de Saleh Kebzabo qui m’annonce la mort de Kamougué. C’est vraiment dommage, il nous a abandonné au bord de la route, en chemin mais il n’est pas mort. Il est mort arme en main. Il est un grand combattant armé et politique. Nous allons toujours continuer la lutte quelque soit le prix à payer».

Né en 1939, Wadel Abdelkader Kamougué, actuel conseil à la défense du chef de l’Etat a tant fait parler de lui et n’est pas un inconnu des Tchadiens. Ancien officier de l’armée tchadienne, originaire du sud du pays, il fait partie des auteurs du coup d’État militaire du 13 avril 1975 qui avait renversé le président Tombalbaye. Ministre des Affaires étrangères entre 1975 et 1979, Kamougué est devenu vice-président du Gouvernement d’union nationale de transition (GUNT) quand Goukouni Oueddei est devenu président, le 10 novembre 1979. Il a gardé cette position jusqu’au renversement du GUNT par Hissène Habré, le 7 juin 1982. Au deuxième tour de l’élection présidentielle du 11 juillet 1996, Kamougué a obtenu 30,9 % des voix, contre 69,1 % pour Idriss Déby. En 2005, Kamougué était Président de l’Assemblée nationale et chef de l’Union pour le renouvellement et la démocratie. En avril 2008, après les événements des 2 et 3 février, il fait son entré au gouvernement comme ministre de la défense puis conseiller à la défense du chef de l’Etat depuis décembre 2010.


Microprojets: La grande interrogation sur l’utilisation des fonds remis aux députés

Le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguie Djibril a instruit que soit rendu compte de la situation de cette dotation

Le président Cavaye Yeguie Djibril de l’assemblée nationale camerounaise a demandé que lui soit rendu compte de l’utilisation faite par les députés, des fonds remis à eux dans le cadre du soutien aux microprojets. Une correspondance datée du 11 mars, portant sur « le rapport d’exécution des microprojets parlementaires 2010 », est ainsi affiché au parlement à Ngoa-Ekellé, et à l’hôtel des députés où descendent la majorité des députés pendant les sessions parlementaires. La note demande aux députés, de bien vouloir déposer les rapports d’exécution des microprojets parlementaires de l’exercice 2010, aux cabinets des questeurs de l’Assemblée nationale au plus tard le mercredi 16 mars 2011. Ces rapports apprend-on aussi, devraient permettre l’engagement des procédures en vue de la mise à disposition des députés de l’enveloppe allouée aux microprojets de l’exercice 2011 et le contrôle de l’exercice 2010. Il est difficile de savoir si la mesure a été suivie par les députés. Les questeurs qui ont la responsabilité d’assurer la récupération de ces rapports se refusent à tout commentaire sur le sujet. Nous ne souhaitons pas discuter des choses qui relèvent de la cuisine interne stricte du parlement ; s’il y a des inquiétudes, nous les réglons dans le cadre de l’assemblée nationale a confié et encore sous le couvert de l’anonymat, un des questeurs rencontrés dans les couloirs de l’assemblée nationale. Il existe très peu de transparence autour de cette question. Un autre député qui a accepté de parler sous couvert de l’anonymat lui aussi, a fait savoir que les attributions des sommes est très souvent automatique, et que le contrôle interne effectué sur leurs affectations relève plus de la routine que d’un véritable audit.

Peu de microprojets financés sont aujourd’hui identifiables
Sur le terrain pourtant, il est difficile de démontrer une utilisation pertinente faite de ces fonds par les parlementaires. Pourtant la question est toujours d’une importance capitale lors du vote de la loi des finances. Interrogés sur les origines de la pratique, un ancien député a fait savoir que l’idée des microprojets était de permettre au député, en tant que représentant du peuple, d’avoir des moyens pour subvenir aux petits besoins de sa population. Il était question qu’il ne soit pas obligé de toujours écrire au gouvernement et attendre que les fonds soient débloqués sur le budget d’investissement public pour résoudre des problèmes conjoncturels qui pourraient survenir. De nombreux observateurs s’interrogent sur la pertinence d’une telle disposition. Même les modérés estiment que le contrôle devrait être plus strict. Il s’agit de l’argent public et il devrait faire l’objet d’un audit aussi rigoureux que toutes les autres affectations d’argent effectuées à base des impôts, a fait savoir un expert en financement public. Pour d’autres observateurs plus radicaux, la mesure ne se justifie pas. La réalisation des microprojets visant à améliorer le sort des populations camerounaises est du ressort du gouvernement. Ce sont des actes qui sont inscrits dans le budget. Le rôle du député est d’étudier et de voter les lois. Lui allouer une certaine somme pour réaliser quelque projet que ce soit pour ses populations c’est en fait lui donner les moyens d’acheter les consciences des pauvres populations, l’autorisation de faire la promotion de son image avec l’argent du contribuable, c’est encourager la corruption, le vol, et la mal gouvernance faisait savoir en décembre 2010 Atangana Nsoe, président du parti Grand Cameroun.

Pour une annulation de la pratique ou tout au moins un contrôle rigoureux
Les députés reçoivent chaque année 8 millions de FCFA pour financer des microprojets. Cela fait 40 millions pour chaque député après chaque législature qui dure cinq années. La mesure disait-on devait permettre aux partis issus de l’opposition d’avoir des moyens de mener des actions fortes. On déplore cependant aujourd’hui, le fait qu’aucun contrôle rigoureux n’est mené sur cette dotation qui pourtant provient de l’argent du contribuable. Les seules sanctions jusqu’ici observées ont été politiques. On reproche aussi à la pratique le fait qu’elle viole le principe budgétaire de la séparation entre les ordonnateurs et les comptables. Le député a pour mission de voter les lois et de veiller à leur application. Il est le représentant du peuple à l’Assemblée nationale et joue un rôle particulier de contrôle de l’action gouvernementale. En effet, c’est au gouvernement qu’il revient d’exécuter des projets. La loi veut ainsi que tout argent sorti des caisses de l’Etat soit suivi d’un contrôle. Il existe au Cameroun au moins trois instances de contrôle de la dépense publique, le contrôle supérieur de l’Etat, la cour des comptes et les commissions du parlement. Aucune de ces instances ne s’est jamais penchée véritablement sur le sujet. En l’Etat actuel des choses, il apparait difficile de mettre un terme à la mesure. La note du président de l’assemblée nationale est de ce fait considérée comme une formalité. En 20 ans, aucun député n’a jamais été épinglé en raison d’un soupçon de détournement des fonds destinés aux microprojets. Plus grave même, les partis d’opposition émargent dans cette cagnotte tout en criant sincèrement à la corruption au sein de l’administration publique. Ironie du sort, les députés en décembre 2010 estimaient qu’il fallait augmenter cette enveloppe.

Cavaye Yeguie Djibril reste PAN (président de l’Assemblée Nationale) du Cameroun
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Séance extraordinaire de l’Assemblée Nationale ce mercredi

Les députés se réunissent depuis ce matin pour examiner des questions électorales et d’énergie

L’information a été donnée mardi après-midi alors même que se tenait la dernière séance plénière de la session ordinaire de mars. Cavaye Yeguié Djibril le président de l’assemblée nationale, a convoqué l’Assemblée nationale en session extraordinaire ce mercredi. Objet de la session, l’examen de trois projets de loi : le projet de loi modifiant et complétant certaines dispositions de la loi portant création, organisation et fonctionnement d’Elections Cameroon (Elecam) ; le projet de loi modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 17 septembre 1992 fixant les conditions d’élection et de suppléance à la présidence de la République ; et enfin, le projet de loi régissant le secteur de l’électricité au Cameroun. Il reste difficile de comprendre dans quel contexte s’est décidé l’examen de ces lois. La polémique qui était née autour des textes d’Elections Cameroon, avait fait prévoir qu’il fallait nécessairement qu’il fasse l’objet de modification. L’inconnu cependant reste la nature des modifications qui seront apportées. Des commentateurs se prennent à faire savoir que le président Biya dans un souci d’apaisement social, aurait souhaité accorder des concessions à ses adversaires politiques. Pour ce qui est du projet de loi sur l’énergie, il intervient dans un contexte d’insuffisance de l’offre, et surtout du lancement de projets énergétiques. Il y a quelques jours, des responsables du groupe Rio Tinto Alcan, acteur majeur du secteur, ont animé une séance plénière à l’Assemblée nationale. L’arrivée du projet de loi fait-on savoir, indique le souci pour le gouvernement de préciser les rôles des différents intervenants, et d’accompagner le développement annoncé du secteur par un cadre juridique et institutionnel favorable.

Si on peut être surpris du fait que ces projets soient examinés en session extraordinaire, on l’est moins sur l’opportunité de l’examen de ces lois. Si le problème des inscriptions sur les listes électorales semblait avoir été déjà été résolu avec la remise de la gestion du processus à Elecam, il s’est toujours cependant posé le problème de l’existence des différentes dispositions contenues dans les autres textes de lois, qui eux n’avaient pas été modifié. La loi de 1992 objet de la révision, accordait une place importante à l’administration dans l’organisation des élections. Sont aussi attendus l’orientation que le parlement donnera des dispositions relatives à la majorité électorale, les règles de gestion de conflits issus des élections. Au sortir de cette révision, ELECAM devrait gagner encore quelques points d’autonomie technique. Mais cela risque de ne pas suffire pour l’opposition, dont les revendications portaient sur plusieurs autres points. Source de protestations potentielles, le sort réservé aux actes pris par l’administration dans le cadre de la loi de 1992. Rien ne permet de dire si ces actes seront annulés ou conservés. D’un autre côté, cette session extraordinaire permet de contourner une demande forte des opposants et de plusieurs membres de la société civile, l’adoption d’un nouveau code électoral. Il faudra patienter encore, pour être fixé sur les décisions qui seront prises.

Image d’illustration
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Le camerounais Théodore KOUM NJOH, candidat à la prochaine élection législative fédérale au Canada

Il se présente dans la circonscription de Brampton Ouest/Toronto en Ontario, où il aura fort à faire pour s’attirer le vote d’une population multiculturelle

Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs? (Etat-civil, parcours professionnel et associatif,.)
Je suis Théodore Romuald Koum Njoh né après la période du déferlement des indépendances des pays d’Afrique subsaharienne dans une banlieue portuaire de Douala-Cameroun, appelée Bonabéri. Après des études en Allemagne fédérale sanctionnées par un diplôme d’ingénieur en électrotechnique, je me suis installé à Toronto puis à Brampton en Ontario au Canada où je poursuis une carrière de chef d’entreprise. Je suis par ailleurs, depuis 2004, membre de l’Alliance des camerounais du Grand Toronto et de l’association Ngonda Sawa ô Canada. Je suis marié et père de quatre enfants.

Après «seulement» huit ans au Canada, vous vous lancez en politique. Qu’est-ce qui a justifié ou motivé cet engagement?
Depuis mon arrivée au Canada, j’ai toujours rêvé de servir mon pays d’accueil et aujourd’hui encore, seule compte pour moi l’espérance que formulent les canadiennes et canadiens à la question de savoir de quoi demain sera fait. Le Canada doit avoir le visage et la voix de toux ceux qui ont cru en lui, qui se battent pour lui, pour son idéal et pour ses valeurs. Je suis motivé par la volonté d’arracher du c ur de chacun le sentiment de l’injustice et de permettre à celui qui n’a rien, d’être un homme libre, à celui qui travaille d’être récompensé et à celui qui commence tout en bas de l’échelle sociale de la gravir aussi haut que ses aptitudes le lui permettent. Mais surtout, ma motivation est l’envie que les chances de réussite soient égales pour tous et de faire entendre la voix de ceux qui n’ont point de voix, insister sur le fait que les engagements que le Canada prend par le biais de ses représentations diplomatiques à l’étranger soient respectées à l’intérieur du pays, à l’exemple de la reconnaissance des diplômes étrangers des nouveaux immigrants et des nouveaux canadiens.

On sait que le Canada est un état fédéral, pourquoi n’avez-vous pas d’abord essayé de «faire vos classes» au niveau municipal (Toronto) ou provincial (Ontario)?
Quand on veut partager la souffrance de celui qui connait un échec ou une déchirure personnelle, il faut avoir souffert soi-même et non «avoir fait ses classes» à l’échelon municipal. J’ai connu l’échec et j’ai dû le surmonter. Quand on veut tendre la main à celui qui a perdu tout espoir, il faut avoir douté soi-même et non «avoir fait ses classes» au niveau provincial et il m’est arrivé de douter! Et pour moi, la politique n’est pas une carrière, c’est un service et le service n’est pas une option, c’est un devoir. Le besoin de servir m’a fait ressentir l’écrasante responsabilité morale de la politique et je suis convaincu de mieux servir au fédéral qu’à la province ou au municipal.

Les parcours des députés provinciaux québécois Maka Kotto, (d’origine camerounaise, comme vous) et Emmanuel Dubourg (haïtien d’origine) vous ont-ils inspiré? Et les connaissez-vous?
Personnellement, non! Mais comme tous les Noirs ethnoculturels du Canada je connais de réputation les députés Maka Kotto et Emmanuel Dubourg. Pour ce qui est de la première partie de la question, je vous dirai, que peu importe le parcours suivi, quand on arrive à ce niveau de responsabilité et surtout dans un pays où les vieux clichés et stéréotypes empruntés de l’esclavage sont encore présents, on devient forcément une fierté pour ses pairs. Cependant, mon inspiration émane beaucoup plus de mon désir de faire passer le Canada de l’état virtuel à l’état réel en bâtissant un avenir radieux pour nos enfants et en leur enseignant qu’au Canada il ne doit avoir aucune barrière insurmontable ni aucun objectif qui ne peut être atteint.

Théodore Koum Njoh, camerounais et homme politique canadien
Cyrille Ekwalla)/n

À votre avis, pourquoi peu de canadiens d’origine africaine et qui sont pourtant des immigrants de longue date au Canada, sont si peu présents dans le monde politique? Et que préconisez-vous pour y remédier?
Je ne voudrai pas jeter l’anathème sur les immigrants de longue date dont vous faites référence mais en règle générale bon nombre d’immigrants partent de leur pays d’origine pour des raisons économiques. Une fois arrivés au Canada, ils sont d’abord préoccupés par les problèmes d’accueil, d’établissement puis d’intégration économique. Cette intégration passe par plusieurs étapes dont la durée varie d’une personne à une autre. Le fait est que nos communautés n’étant pas encore considérées comme des acteurs pouvant influencer l’économie du pays, nous subissons les soubresauts des lobbyings et des communautés plus dynamiques. D’autre part, la politique étant étroitement liée à l’économie, je pense que l’implication des canadiens d’origine africaine dans les affaires politiques serait l’une des solutions pour la création d’une communauté économique et dynamique. Le facteur numérique est d’ailleurs favorable à cette percée si on s’en tient aux données d’immigration des deux dernières décennies.

Vous intéressez-vous à la vie politique du Cameroun, votre pays d’origine? Si oui, comment? Si non, pourquoi?
Bien sûr que je m’y intéresse! Mais pas seulement à la vie politique, aux aspects économiques, sociaux, sportifs, etc. Bref à la vie tout court. Je vous ai dit que je suis natif de Bonabéri et j’ai, comme tous les camerounais, des attaches familiales.

.Ma question portait sur l’actualité politique.
. J’ai bien compris où vous vouliez en venir. Oui, je lis, j’écoute. Mais voyez-vous, je ne voudrai pas m’appesantir sur la politique du Cameroun car je pense qu’à l’heure de la globalisation il faudrait que les pays d’Afrique mettent l’accent sur les stratégies de regroupement et d’entente pour donner naissance à une ou à des communautés politiques, économiques et monétaires respectables et suffisamment complices, pour permettre une lutte sans merci contre la pauvreté et l’accès au statut de pays émergents. Voilà ce qui m’intéresse quand on parle de l’Afrique.

On a récemment entendu et lu que le Canada comptait fermer certaines de ses représentations diplomatiques à l’étranger et celle au Cameroun en ferait partie. Quel est votre avis?
Être un homme public, c’est aussi connaitre ses champs de compétences. La décision du gouvernement du Canada en référence à la fermeture de certaines représentations diplomatiques canadiennes et en l’occurrence celle du Cameroun devrait probablement émaner d’un certain nombre de critères méconnus du grand public. Il serait donc inapproprié d’émettre un avis dans un dossier dont on ignore les tenants et les aboutissants. Cependant, il est clair que l’existence de représentations diplomatiques vise à renforcer de manière permanente les relations bilatérales avec les autres nations et dans tous les domaines. Je suis donc favorable à une politique d’implantation des représentations diplomatiques toutefois que les conditions le permettent.

Revenons à votre engagement. Trois partis politiques dominent la vie politique canadienne: Le PC (la Droite), le PLC (socio-démocrate) et le NPD (la Gauche socialiste), vous vous présentez en indépendant. Pourquoi?
Aujourd’hui, la majorité de canadiennes et canadiens ne savent pas ou ne savent plus très bien s’ils sont Libéraux (PLC), Conservateurs (PC) ou Néo-Démocrates, tellement leurs attentes ont été déçues. Et comme à mes yeux, aucun de ces trois partis politiques n’est aujourd’hui, idéologiquement, susceptible, ni d’endosser la vision des canadiennes et canadiens, encore moins mes valeurs, celles de l’équité, de l’ordre, du mérite, du travail, et de la responsabilité, vous comprenez que, fort de ce constat, la seule chose qui me restait à faire était de me présenter comme un candidat indépendant.

Dans votre projet pré-campagne, il y est dit que vous «.Voulez institutionnaliser la redevabilité sociale, solution nécessaire à la bonne gouvernance», qu’est ce que cela veut dire?
Au Canada, il y a 3 différents paliers gouvernementaux (fédéral, provincial et municipal) mais les élus (ministres, députés, maires, conseillers municipaux.) à travers ces différents paliers, non seulement ne travaillent pas de concert mais aussi ne conjuguent pas leurs efforts autour des besoins réels des canadiennes et canadiens. En période de campagne, on gave les électeurs d’une avalanche de promesses qu’on ne peut tenir, même si la constitution permettait un mandat de 20 ans. La conséquence directe de cette exhibition électorale est le désintéressement progressif des canadiennes et canadiennes, notamment celles et ceux issus de la nouvelle immigration (deux décennies) à exercer leur droit de vote. Le Premier ministre de la Colombie britannique en a récemment payé les frais. Il devient par conséquent impératif d’impulser une nouvelle approche qui donnerait naissance à une nouvelle race de politiciens épris de bonne gouvernance et résolus à s’en servir comme boussole politique. C’est pour cela que je défends l’institutionnalisation de la redevabilité sociale qui exigerait aux élus du peuple de publier et de justifier leurs plans d’action, leur comportement et leurs résultats. Bref je rêve d’un Canada où le Premier ministre n’ordonnera pas la fermeture du parlement quand il redoute d’un «vote sanction» contre son parti, d’un Canada où les députés se comporteront en responsables et assumeront leurs promesses, d’un Canada où «l’engagement-citoyen» sera effectif pour augmenter l’intérêt et la participation directe et indirecte des canadiennes et canadiens dans les affaires publiques.

Pour terminer, M. Koum, la circonscription (Brampton Ouest – banlieue de Toronto) est majoritairement peuplée de canadiens d’origine asiatique (les Sikhs de l’Inde) et qui traditionnellement votent pour le Parti Libéral. Comment espérez-vous les faire voter en votre faveur?
Merci pour cette question parce qu’elle me permet d’éclairer les gens. Ma vision et mes valeurs vont au-delà d’un vote partisan. Au cours de l’annonce de ma candidature (16 octobre 2010) devant plus d’une centaine de leaders d’opinion du Grand Toronto, j’avais déclaré que je souhaiterai qu’on se joigne à mon équipe de campagne parce qu’on adhère à ma vision et à mes valeurs, mais non parce que je suis africain. Je voudrais être le député de Brampton Ouest qui va remettre la morale au c ur de la politique. Parce que l’honnête homme qui voit le délinquant rester impuni et une partie de ses impôts aller dans la poche du fraudeur finira, un jour, par se demander pourquoi il devrait être le seul à être honnête et ce quelques soient les origines. Je mets le doigt sur les attentes et besoins réels des électeurs de la circonscription de Brampton Ouest; à partir de ce moment, peu importe qu’on soit Noir, Rouge ou Jaune, on finit toujours par s’identifier à celui qui parle votre langage financier, politique, social et économique. Et c’est ce cri de colère que j’entends pousser des nouveaux canadiens de Brampton Ouest, qu’ils soient asiatiques, jamaïcains, africains…

Théodore Koum Njoh: «Je suis motivé par la volonté d’arracher du c ur de chacun le sentiment de l’injustice»
Cyrille Ekwalla )/n

Cameroun: Le président de l’assemblée nationale Cavaye Yeguie Djibril exige le respect des députés par les ministres

Il est revenu sur cette question à l’ouverture de la 3e et dernière session 2010

Les ministres invités à mieux respecter les députés
Le discours du président Cavaye Yeguie Djibril de l’assemblée nationale a réussi à faire l’unanimité. Ouvrant les travaux de la troisième et dernière législature pour l’année 2010, il a soulevé la question du manque de respect de certains ministres à l’égard des députés de la nation.

Certains membres du gouvernement se rendent systématiquement indisponibles quant il s’agit de recevoir les députés. Pire, il y a quelque temps, d’autres ont été au centre de scènes publiques d’un surréalisme grotesque portant par-là même atteinte à la dignité du député.
Cavaye Yeguie Djibril, président de l’assemblée nationale

Cette question anodine d’apparence cache pourtant un profond malaise, qui touche toute l’activité parlementaire au Cameroun. Les membres du gouvernement n’ont pas souhaité commenter cette affaire. Le fait est que la fonction de député est parfois occupée par des personnes qui sur le plan politique, économique et social, n’ont de projets que très peu structurés. Lorsqu’ils rencontrent les ministres c’est généralement pour obtenir que soit exécuté dans leurs circonscriptions de législature, un marché public, qui souvent profite à un de leurs proches. Des attentions que les députés revendiquent de bonne guerre, puisque les projets de loi de finance du gouvernement ne font pas toujours l’objet d’un examen assez rigoureux. Interpellés depuis plusieurs années sur la question de l’excédent budgétaire cumulé du Cameroun par exemple, les députés ont toujours donné un blanc-seing aux responsables de département ministériel, espérant en retour quelques concessions. Ça marche comme cela dans tous les pays du monde, sauf qu’au Cameroun les députés font du lobbying pour leurs intérêts personnels, a commenté un observateur qui était présent dans la salle.

Un problème qualifié de secondaire par rapport à l’importance de la session
L’examen de la loi de finance 2011, sera le point important de cette session parlementaire. Mais le président Cavaye a déjà annoncé, la tendance sera à l’austérité. S’appuyant sur le fait que la crise économique née de la crise financière de 2008 continue à produire des effets pervers sur l’économie camerounaise, il a invité le gouvernement à faire preuve de réalisme dans les propositions qui seront bientôt soumises aux députés. Il a préconisé le même réalisme dans le processus de mise en place et de gestion de l’emprunt obligataire dont l’accord vient d’être signé entre le Cameroun et certaines banques locales. Le président de l’assemblée nationale a aussi abordé le cas Dieudonné Ambassa Zang, l’ancien ministre et député, qui sous le coup d’une levée de l’immunité parlementaire à quitté le pays. Le président de l’assemblée nationale a qualifié son attitude de fuite en avant. Cette session législative est l’une des plus importantes au Cameroun. Elle se déroule à la veille d’une élection déterminante. Elle se déroule aussi alors que la décentralisation est en plein processus d’achèvement, avec la compétence effective de certaines collectivités territoriales dans le domaine de la fiscalité. Elle se déroule enfin à un moment où le Cameroun est face aux délais qu’il s’était fixé pour résoudre un grand nombre de problèmes, notamment énergétiques, avec un déficit annoncé en 2011, industriels, avec de nombreux projets non encore débutés et financiers, avec la difficulté qui a été observée chez l’Etat à mobiliser une épargne nationale suffisante, afin d’impulser son développement. Pour cette raison, de nombreux observateurs estiment que le fait d’aborder le rapport entre les députés et les ministres au Cameroun, était certes pertinent, mais plus divertissant que crucial, dans le cadre d’une législature aussi importante que celle-ci

Cavaye Yeguié Djibril, président de l’assemblée nationale
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