Le Dtn des équipes de cyclisme du Cameroun, a accepté de revenir sur le tour international cycliste qui vient de s’achever
Monsieur Duracka, la neuvième édition du tour cycliste international du Cameroun vient de s’achever et déjà de nombreuses critiques dans les médias, quel est votre sentiment personnel ?
Sur un plan purement sportif, je dirais que le tour était joli, on a assisté à de belles bagarres. Les critiques fusent c’est vrai, mais par rapport aux moyens techniques mis à notre disposition sur ce tour, les cyclistes ont fait du bon travail. On s’est lancé sur ce tour comme des amateurs et on termine premier par équipe avec la SNH vélo club, et au classement du maillot jaune on est deuxième. On a trois cyclistes camerounais dans les dix premiers, on a une victoire d’étape et sur les deux dernières (Kribi et Yaoundé), on s’est battus sur la ligne d’arrivée avec de très jeunes coureurs de 21 ans qui sont l’avenir du cyclisme. Il y a donc de l’espoir mais pour concrétiser cet espoir, il faut changer les façons de faire, notamment au niveau des instances ministérielles et fédérales. Vous allez remarquer que le Burkina Faso qui remporte le maillot jaune et les différents maillots n’ont pas plus de moyens que nous. Mais ils ont su capitaliser le potentiel de leurs cyclistes en mettant l’accent sur la préparation. Lorsque j’ai vu les burkinabé célébrer le maillot jaune sur le boulevard du 20 mai, j’ai dit bravo mais je ne m’empêchais pas de dire que les camerounais étaient meilleurs et qu’une organisation fédérale plus optimale aurait permis qu’on soit les vainqueurs. Je dirais donc pour conclure sur ce point précis que c’est le Cameroun qui a fait perdre le Cameroun.
On aura remarqué tout au long du tour, précisément à partir des étapes du sud du Cameroun, que les équipes camerounaises sont celles qui ont justement connu le plus grand nombre de pannes mécaniques. Est ce que les cyclistes ne pouvaient pas avoir des vélos appropriés?
C’est un problème d’organisation je pense. La fédération reçoit de l’argent du ministère pour préparer des objectifs comme le tour international, ce qui n’est pas logique. Normalement la subvention du ministère devrait servir à préparer les cyclistes à participer à des objectifs. Au niveau de la fédération je ne sais pas comment cela fonctionne, mais il me semble qu’il y a une équipe permanente qui travaille sur la recherche des sponsors du tour. Mais rien ne va sur la préparation des cyclistes et c’est incroyable car nous avons un grand besoin de matériels. Si nous avions 5% du budget du tour viré sur le matériel, on serait équipé comme il faut et cela est possible. Donc il y a un mauvais choix de stratégie dans la politique fédérale. Au lieu de revitaliser le cyclisme, on met plus l’accent sur les évènements et c’est le cyclisme qui est sacrifié. Je me bats pour certaines choses.
On a appris dans le peloton qu’il existait des tensions entre les cyclistes, ceux de la même équipe qui se plaignaient d’un traitement inégal et ceux des autres équipes qui estiment qu’ils travaillent pour d’autres, notamment la SNH et qu’en retour ils n’ont pas la moindre reconnaissance. Est-ce que cela peut avoir influé sur le résultat définitif du Cameroun?
Si ! Je le pense aussi car on devrait normalement avoir une équipe nationale comme c’est le cas pour les autres pays mais une fois encore c’est un problème de budget. Alors la fédération est arrivée à un stade où elle a demandé à chaque club de gérer. Cette situation rend difficile une présence optimale du Cameroun dans une compétition. Les dirigeants de ces clubs se disent et c’est logique, on est pour le Cameroun, mais si c’est nous c’est mieux. La seule équipe qui entretient bien ses cyclistes c’est la SNH et bientôt il y a trois ou deux places qui vont se libérer alors logiquement la bataille pour les récupérer est ouverte. Donc tout ceci pour dire que si nous avions une équipe camerounaise avec des objectifs précis, ce serait plus facile à gérer. On peut prendre exemple sur le football, même si ça ne marche pas toujours très fort, il faudrait que les cyclistes camerounais courent sous le même maillot et cela leur donnerait un avantage considérable. Et pour cela il aurait fallu que je sois là avec les cyclistes pour les préparer moralement, parce que c’est le mental qui gère le physique.

Quel bilan faites vous aujourd’hui du cyclisme depuis que vous êtes à la tête des équipes du Cameroun?
Le bilan sportif et le potentiel des coureurs est largement positif, nous avons de grosses chances de ce coté là. Si jamais ceux qui en ont la responsabilité arrêtaient de se regarder le nombril et travaillaient vraiment pour le cyclisme, le Cameroun pourrait être une nation incontestée du cyclisme africain. On a que deux compétition internationales et on devrait être plus sérieux. L’humiliation que nous avons subi avec le Burkina – qui je dis n’a pas plus de moyens que nous – est la preuve que quelque chose ne va pas. Il faudrait que dès aujourd’hui on fasse une table ronde pour rechercher des solutions. Le bilan du tour 2011 n’est pas si négatif, la performance des cyclistes compte tenu des moyens et de la préparation, a été bonne. Il faudrait donc regarder de l’avant et se définir des objectifs à court terme et à long terme. On a aussi un bon vivier de cycliste jeunes.
Cet avenir que vous présentez, ce sera avec ou sans Philipe Duracka?
Je souhaite et j’espère conserver ma place pour continuer de servir parce que j’aime le Cameroun. Les cyclistes travaillent et j’aime mon métier. Travailler pour le Cameroun c’est plus une passion, une envie d’apporter quelque chose. Mais je voudrais qu’on m’aide à développer le cyclisme camerounais, c’est mon v u le plus profond. Ce n’est pas une question de moyens mais juste d’organisation. Peut être que le changement arrivera après moi, parce que comme je parle trop directement, des gens n’apprécient pas dans l’entourage de mes employeurs. Donc je veux rester, mais pour cela il faudrait qu’on me dise que mes idées intéressent, que ma volonté de faire du cyclisme camerounais un cyclisme fort est pertinente. Si c’est pour continuer à rester dans un bureau et faire acte de présence, cela ne m’intéresse pas du tout là je serais obligé de partir pour être plus actif.
