Soutien à Paul Biya: La trouvaille de la région du Sud

Les élites de la région disent avoir publié vendredi, contrairement aux motions de soutien devenues ordinaires au Cameroun, «un serment» au chef de l’Etat

Depuis la déclaration de guerre faite par Paul Biya le 17 mai dernier à l’endroit du mouvement terroriste armé Boko Haram, les élites politiques du Cameroun se déploient au quotidien dans l’art de rédiger des «motions de soutien au chef de l’Etat». Une sorte de cour faite au prince où l’on rivalise de substantifs et de qualificatifs pour manifester son adhésion à tout ce qui est fait par le président élu des Camerounais.

On a ainsi entendu vendredi dernier, 05 septembre 2014, la lecture à la radio publique nationale (Crtv) d’un: «Serment d’engagement, de soutien, d’encouragement, de déférence et de fidélité du Sud à son Excellence Paul Biya». Ledit serment a été lu au journal de 13h par le rédacteur-en-chef du Poste national, François Marc Modzom. Si le texte a été rendu public pour la première fois le 05 septembre dernier, il aurait été rédigé le 31 août 2014 à Ebolowa (le chef-lieu de la région) selon la date mentionnée sur le document publié ce lundi dans le quotidien gouvernemental. C’est dire le temps qui a été pris pour affiner les détails.

«Nous avons voulu monter en puissance, en utilisant un substantif qui a une charge notionnelle très forte», affirme Jacques Fame Ndongo, dans un entretien accordé à la presse publique ce lundi. «Le Sud avait le choix entre l’appel, l’engagement, la déclaration, la motion, le pacte, le serment. Il a opté pour le serment parce que celui-ci a une valeur sacrée», poursuit le chef de la délégation du Comité central du RDPC (parti au pouvoir) dans cette région et par ailleurs ministre de l’Enseignement supérieur du Cameroun.

Ce texte qui loue les projets mis en uvre au Cameroun et particulièrement dans les régions septentrionales du pays «par» le président de la République a été signé par de nombreuses élites de la région du Sud. A titre d’illustration, parmi les cinq premières signatures de ce document qui compte plus d’une centaine de personnalités, on retrouve: le directeur du Cabinet civil, Martin Belinga Eboutou ; le ministre délégué à la présidence en charge de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o ; le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo ; Le secrétaire-général des Services du Premier ministre, Louis-Paul Motaze ; le ministre des Postes et Télécommunications, Jean-Pierre Biyiti Bi Essam.

«Il s’agit d’un appel à un vaste élan de solidarité nationale face à une organisation barbare. Pour Jacques Fame Ndongo, dans la lignée des déclarations faites vendredi par le ministre de la Communication, ce mouvement serait totalement étranger au Cameroun. «La preuve: «Boko Haram» signifie, en langue Haoussa: «L’éducation occidentale est un péché». Cette organisation terroriste préconise la «charia» ; le fondamentalisme et le fanatisme aveugles. Je ne sache pas qu’au Cameroun, il existe des groupes ethniques ou religieux qui prônent la charia et stigmatise l’école moderne. Notre islam valorise plutôt la paix, l’union des c urs et des esprits, la tolérance, le progrès et l’ouverture au monde entier», explique l’élite du Sud.

Jacques Fame Ndongo, chef de la délégation du Comité central du RDPC dans la région du Sud
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