Cameroun-Assassinat Martinez Zogo : les enquêtes grippées

Les Camerounais attendent que Paul Biya gère ce dossier de Martinez Zogo avec équité et impartialité. La communauté internationale le regarde…

Mardi 14 février 2023 en début d’après-midi, les principaux suspects dans l’assassinat de Martinez Zogo, à savoir Eko Eko Maxime, Justin Danwe, Jean-Pierre Amougou Belinga, Bruno Bidjang, ont été présentés au Commissaire du gouvernement du Tribunal militaire. Nous avons appris ensuite que toutes ces personnes sont retournées au Sed « pour des compléments d’informations », où leur garde à vue a été prolongée.

Toute la semaine passée, les médias traditionnels et les réseaux sociaux ont abondamment relayé un communiqué de presse de l’Ong « Reporters sans frontières ». Dans ce communiqué dense et finement rédigé, l’organe de défense des intérêts des hommes des médias, à travers ses envoyés spéciaux et ses correspondants locaux, affirme avoir eu accès aux informations contenues dans la déposition du lieutenant-colonel Justin Danwe de la Dgre.

Ce dernier est jusque-là considéré comme le chef du commando qui a torturé et assassiné Martinez Zogo. Cette sortie de Rsf a été reprise par de très nombreux médias occidentaux. Rsf cite nommément Laurent Esso comme ayant partagé une communication téléphonique avec Amougou Belinga, pendant que le commando exécutait sa basse besogne sur le corps de Martinez Zogo.

Pour qu’une enquête de cette nature soit bouclée, les enquêteurs ont l’obligation d’auditionner toute personne dont le nom est cité par un témoin ou par un suspect. C’est le cas de Laurent Esso, ministre de la Justice. Selon des informations non confirmées à ce jour, le chef de l’État aurait marqué son accord pour que le garde des Sceaux soit entendu par les enquêteurs.

Ce qui n’a pas été fait au moment où nous terminions d’écrire ces lignes. Dans ces conditions, il faudrait comprendre que le Commissaire du gouvernement ne disposerait pas de tous les éléments pour commencer son travail ; d’où le retour des suspects au Sed.

Dans les pratiques en démocratie, lorsqu’une personnalité publique est citée pour une affaire en justice, elle se propose spontanément de se débarrasser d’abord de ses attributs officiels afin de défendre son honneur. Dans notre république des tropiques, on ne démissionne pas. Seuls le déshonneur et l’humiliation arrachent les personnes indexées de leur fauteuil.

Paul Biya pourrait-il laisser Laurent Esso à la merci des enquêteurs ? C’est un dilemme pour lui. Les deux hommes ont confectionné ensemble les institutions du Cameroun depuis 1982. Ils se connaissent un peu trop. Ils ont quelques caractéristiques en commun : la froideur, l’insensibilité, l’indifférence vis-à-vis de leurs semblables. Dans leur parcours administratif et politique, chacun sait où il tient l’autre.

Laurent Esso est le seul membre du gouvernement qui parle à Paul Biya en le regardant droit dans les yeux. Le magazine Jeune Afrique, il y a quelque temps, avait fait sa manchette avec le titre et une photographie d’apparat : « Et si c’était lui ? » Avait-il posé cette question-programme. Connaissant les habitudes de ce journal, une pareille sortie n’était pas fortuite : ce fut une commande ou un ballon d’essai.

Paul Biya va-t-il courir le risque de bloquer l’action de la justice dans cette affaire de crime en protégeant un compagnon de route ? Répondre à une convocation en justice n’est pas synonyme d’une culpabilité. Laurent Esso le sait mieux que tout le monde.

Les Camerounais attendent que Paul Biya gère ce dossier de Martinez Zogo avec équité et impartialité. La communauté internationale le regarde. De sa façon de répondre à ces attentes, il sortirait de son long règne par la grande ou par la petite porte.

Contrefaçon : une usine de fabrication de faux miel démantelée à Bafoussam

Elle a été découverte par les éléments du bureau spécial de recherches et enquêtes criminelles de cette ville.

Il devient risquer de consommer du miel dans la ville de Bafoussam, dans la région de l’Ouest au Cameroun. D’après nos confrères de Canal 2 International, une usine de fabrication de faux miel a été découverte au quartier Ngouache 1 à Bafoussam. Elle était dissimulée dans une ferme avicole.

Vendu entre 2500 et 3000 F CFA le litre, ce miel impur était fait à base du sucre en poudre déversé en quantité dans des marmites d’eau bouillante.

Pour obtenir un produit proche du miel naturel, les propriétaires de cette usine faisaient un mélange de glucose, de la mélasse et du sirop. Une fois le mélange obtenu, ils le remplissaient dans des seaux avant de le conditionner dans des bouteilles d’un litre pour commercialisation dans les marchés.

Ces contrefacteurs ont été débusqués par les éléments du bureau spécial de recherches et enquêtes criminelles de la gendarmerie de Bafoussam. Ils sont gardés à vue et seront présentés dans les prochains jours aux autorités judiciaires pour jugement.

Selon le Projet de développement et d’élevage (Prodel), le Cameroun produit 3341 tonnes de miel et 200 tonnes de cire par an. C’est depuis 2015. Il en exporte 900 tonnes à destination du Nigeria et en Europe.

La délivrance du brevet au miel d’Oku en 2013 par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle, OAPI, a fait revoir le prix du litre à la hausse. Il est passé de 1.500 à plus ou moins 5.000 francs. Cette hausse de l’ordre de 350 à 500% provient aussi de l’abandon des ruches dans la région de l’Adamaoua.

Comme en matière de production de viande rouge, c’est encore le producteur majoritaire de miel au Cameroun : 70%. Les producteurs de miel individuels fuient les prises d’otages en brousse. Les apiculteurs sont confrontés au manque de local clos pour effectuer leur production et d’ustensiles consacrés au traitement du miel.

À cela, il faut ajouter l’absence d’une organisation du marché du miel. Les petits producteurs vivent de leurs récoltes et ventes. Peut-on penser que, l’absence d’organisation de ce secteur laisse prospérer la contrefaçon ?

 

 

Cameroun : ouverture d’une enquête après des violences sur un anglophone

Des gendarmes camerounais ont infligé des sévices à un homme accusé d’avoir commis des violences dans le cadre de revendications sécessionnistes.

L’affaire a été connue du grand public grâce à une vidéo qui a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux tout le week-end dernier. Un homme y apparait ligoté, couché dans une marre de boue à même le sol. Il s’exprime en anglais et tente de répondre aux questions de gendarmes qui le fouettent, le piétine pour lui soutirer l’aveu de ses forfaits. Les accusations portent sur le meurtre de gendarmes. L’homme crie sous l’effet des coups que lui assènent les gendarmes. Ceux-ci le piétinent, entre autres, la tête.

L’homme en question s’appelle Alphone Tatia. Il est connu sous le nom d’emprunt «général». Il serait, à en croire les rumeurs mort à la suite de cette scène. Le ministère de la Défense laisse penser le contraire. Il indique que des enquêtes sont en cours en vue de sa « traduction devant la justice ».

L’armée reconnait les violences commises contre cet homme dans le Sud-Ouest samedi. « Son interpellation, après une  résistance musclée de sa part, a été filmée et a donné lieu à une vidéo dans laquelle, le mis en cause est ligoté et malmené par des hommes en tenue manifestement sortis des normes et des techniques légales en pareille circonstance. Une enquête a été ouverte pour identifier le cas échéant, sanctionner les auteurs de ces agissements contraires au respect des droits humains », souligne le communiqué publié mardi par le ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo.

Depuis la dégradation de la situation sécuritaire dans les régions deux régions anglophones du pays en octobre dernier, les gendarmes et militaires camerounais sont la cible d’allégations de violence dans les deux régions. Les populations les accusent d’avoir rasé et incendié certains villages et même des plantations. Les organisations non gouvernementales évoquent quant à elles des déplacements forcés de populations ainsi que de nombreuses arrestations.

Jusqu’ici, l’armée camerounaise avait adopté une posture défensive face à de telles accusations ou alors était restée silencieuse.

 

 

 

Le gouvernement crée un organe d’enquête pour les accidents d’avions

Un acte du Premier ministre créant cette structure vient d’être rendu public

Une création cinquante ans après
Le gouvernement camerounais a créé un organe en charge de mener des enquêtes dans le cadre d’accident d’avions civils. L’information a été rendue publique ce 9 septembre, par la radio nationale. Cet organe, l’équivalent du bureau français des enquêtes et d’analyses (BEA), vient combler le vide qui existait jusque-là au Cameroun. La teneur des arrêtés y relatif n’a pas encore été diffusée. Mais selon des sources proches du dossier, cet organe devrait être chargé pour le Cameroun, des enquêtes techniques sur les accidents ou incidents dans le contexte de l’aviation civile et pourra intervenir à ce titre aussi à l’étranger. L’organe en charge des enquêtes au Cameroun sur les accidents d’avions civils devrait à l’avenir contribuer à l’amélioration de la sécurité aérienne au moyen de la publication de rapports et de recommandations établis à la suite d’enquêtes et d’études sur les accidents et incidents aériens survenus en territoire camerounais, ou impliquant un aéronef camerounais, nous a fait comprendre un agent de l’autorité aéronautique camerounaise (CCAA). Ses compétences devraient à ce titre se limiter à la seule enquête technique dont le rôle sera de contribuer à l’amélioration de la sécurité au profit des passagers et des équipages. Elle interviendra ainsi indépendamment de toute recherche de responsabilités. Le nouvel organe devrait donc travailler avec les équipes de la CCAA, l’autorité aéronautique camerounaise, mais aussi les instances judiciaires pour la sauvegarde de certains éléments de l’enquête. Une chose qu’on ignore est de celle de savoir si le Cameroun pourra avoir des ressources humaines compétentes pour mener à bien les missions d’un tel service.

Un avancé pour la sécurité du transport aérien au Cameroun
On commence à parler de l’aviation civile au Cameroun dès 1932. Mais la législation aéronautique ne fera ses débuts au Cameroun qu’en 1936. De nombreux textes sont promulgués. L’aviation civile va continuer de progresser et la Direction de l’aéronautique civile du Cameroun sera créée par le Décret du 20 décembre 1959. Le Cameroun ayant acquis son indépendance le 1er janvier 1960 est devenu membre de la Convention de Chicago, signée le 07 décembre 1944, créant l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). Depuis cette époque, les autorités ont le devoir de veiller à ce que la législation nationale s’aligne autant que possible sur les normes et pratiques fixées par l’OACI en ce qui concerne les avions immatriculés au Cameroun et les avions étrangers entrant ou sortant du territoire camerounais. Il faudra cependant attendre 50 ans pour voir la mise sur place d’un organe en charge des enquêtes sur tous les accidents d’avions civils et de formuler des recommandations en vue de l’amélioration de la sécurité aérienne. Depuis le début effectif de l’aviation civile camerounaise, la part des accidents impliquant le cameroun est très moindre, par rapport à la chronologie internationale. Le premier véritable accident d’avion connu au Cameroun indépendant est le crash de l’ex-compagnie aérienne Air Afrique. Un avion de cette compagnie en voulant changer de direction s’est écrasé sur le Mont Cameroun, dans la région du sud-ouest, 55 personnes ont péri. Il y a aussi eu parmi les plus catastrophiques, le crash d’un appareil de l’ex Cameroon-Airlines qui s’était s’écrasé le 3 décembre 1995, lors de son approche à l’aéroport international de Douala au Cameroun. Il y aura cinq survivants parmi les 76 personnes à bord du Boeing 737. Il y aura de même, le crash à Mbanga Pongo de la Kenya Airways en 2007. 114 passagers et membres d’équipage vont y laisser la vie. Plus récemment, on a le crash d’un avion de location qui transportait presque tous les membres du conseil de direction d’une importante compagnie prospectant pour l’exploitation du fer de Mbalam à l’est du cameroun. Onze personnes seront tuées. En marge de ces accidents plus visibles, il y a toujours eu dans l’aviation civile au cameroun, de petits incidents, dont le public n’est pas toujours informé, mais qui d’une manière ou d’une autre devrait être géré dans le cadre d’un organe spécialisé. Avec les récents développements de l’aviation civile au Cameroun un organe en charge des enquêtes sur les incidents de l’aviation civile est un vrai progrès pour l’amélioration du secteur.

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Cameroun: Plusieurs rapports d’enquêtes en attente

Le match Cameroun-Maroc, le double accident de train à Nsam ou encore le décès de Bibi Ngota

Au moins trois affaires concernées
De nombreux observateurs regrettent l’attitude du gouvernement camerounais dans la plus part des enquêtes diligentées suite à des incidents survenus au Cameroun depuis ces derniers mois. Le porte-parole du gouvernement, le ministre Issa Tchiroma de la communication, a très souvent annoncé la constitution d’une commission d’enquête soit par le chef de l’Etat, soit par le chef de gouvernement, pour tirer au clair ces affaires. Plusieurs mois sont passés déjà et l’opinion publique reste ignorante de ce qui s’est vraiment passé. Difficile dans ce cas de pouvoir éviter ces situations qui ont souvent été dévastatrices, dans le cas où elles se répétaient dans le futur. Ces incidents ont souvent animé la polémique au Cameroun. La Diffusion partielle du match opposant le Cameroun au Maroc. Des sommes d’argents avaient été versées mais les camerounais n’ont regardé qu’une seule partie du match. Le double accident de train à Nsam d’abord et à l’entrée ouest de la ville de Yaoundé ensuite, avec leurs lots de morts. Une enquête avait dans ces deux cas aussi été ouvertes. Tout récemment il y a eu le décès du journaliste Cyrille Bota à Ngon en prison, dans une affaire impliquant de hauts cadres de l’administration camerounaise.

Le gouvernement a à chaque fois ouvert une enquête
Au stade initial même déjà on ignore jusqu’à présent l’équipe des différentes commissions d’enquête et une fois les incidents estompés dans l’esprit de l’opinion publique, le gouvernement n’est plus revenu, du moins jusqu’ici, sur ces affaires. Que s’est-il passé pour la diffusion partielle du match Cameroun contre le Maroc, que s’est-il passé pour le double incident de train et surtout quelles sont les responsabilités dans l’affaire Bibi Ngota. Concernant ce dernier point, l’organisation Reporters sans frontières a récemment pressé le gouvernement camerounais dans un communiqué. Nous attendons des autorités camerounaises qu’elles rendent rapidement publics les rapports de l’enquête administrative. Il est nécessaire que toute la lumière soit faite sur les conditions de détention et les causes du décès, en prison, du journaliste. Les autorités ne peuvent pas continuer à rester aussi évasives dans leurs déclarations, a déclaré l’organisation. Une remarque qui peut être valable sur les autres cas où des commissions d’enquête ont été mises sur pied.

Une attitude critiquée du gouvernement
Selon des confrères basés à Paris en France, lors d’une conférence de presse tenue à Paris le 8 juin 2010 dernier, le ministre Issa Tchiroma Bakary de la Communication et porte-parole du gouvernement a été questionné par un journaliste au sujet du cas Bibi Ngota. Il a préféré sur ce point précis aborder plus tôt le sujet des ennemis du Cameroun et les médias qui relayent et amplifient des informations distordues. Il s’est plaint aussi du discrédit qui était jeté sur «son beau pays». Et enfin, il a rappelé que le président de la République avait diligenté une enquête «pour que la vérité éclate» dans cette affaire. Cette forme de gestion de crise par les dirigeants camerounais est fortement critiquée par de nombreux experts. Dans un rapport de l’International Crisis Group, des experts affirment avec pertinence que les nombreux problèmes et mécontentements refoulés de la société camerounaise sont dangereux en ce sens qu’ils pourraient constituer des sources d’alimentation d’un éventuel conflit social. Selon eux, on est encore au stade où on communique essentiellement pour défendre la position officielle du gouvernement. Un choix qui n’est pas avantageux dans le cadre des Etats modernes. Le pays faisant déjà l’expérience d’une lutte difficile contre des dignitaires du régime convaincus de corruption et placés en détention dans des maisons d’arrêt, on voit mal pourquoi les rapports d’enquêtes sensés éclairer l’opinion sur des faits majeurs qui sont survenus restent sans conclusions.