Cette plante fait de plus en plus l’objet d’une plus grande structuration…
Le gnetum une plante du centre camerounais appréciée dans la partie anglophone du pays
La commercialisation du éru pour les anglophones ou du okok pour la région centre du Cameroun, est en passe de devenir une véritable filière. Selon des chiffres recueillis par des agents des postes frontières avec le Nigeria, près de 50 tonnes de cette plante sont exportées. Au Cameroun, la consommation de cette plante concerne principalement les deux provinces de l’espace anglophone (sud-ouest et nord-ouest) et certaines provinces de l’espace francophone (sud et centre). Cueilli dans les zones rurales, le gnetum était jusque là destiné à l’auto-consommation.
Une grande partie de la récolte est écoulée sur les marchés des grandes, petites et moyennes villes du pays, comme Yaoundé, Douala, Buéa, Ebolowa et Mbalmayo, où la demande en okok ou en éru dépasse les clivages régionaux. Une autre partie, de plus en plus grande, est exportée vers les marchés extérieurs et principalement vers le Nigeria ainsi que le marché européen avec des aliments ethniques en général et des aliments traditionnels africains en particulier. Les feuilles fraîches de gnetum sont largement utilisées comme légumes. Elles sont généralement cuites avec de la viande ou du poisson et occasionnellement remplacent souvent la viande grâce à leur haute teneur en protéines. Les travaux scientifiques en vue de sa domestication et sa culture ont été amorcés depuis les années 70 et sont toujours en cours au Nigeria, au Cameroun, au Congo Brazzaville et au Gabon.
Vers une structuration progressive du commerce du gnetum
Depuis quelques temps, de nombreuses initiatives travaillent à encadrer la commercialisation du gnetum. Son commerce jusqu’ici limité aux feuilles fraîches, s’oriente depuis quelques années vers la fabrication des produits séchés au Cameroun. Cette technique d’abord artisanale et destinée à l’origine au marché européen et principalement à la diaspora de l’Afrique centrale installée en Europe, est entrain de pénétrer le marché local. Une stratégie qui a été mise en place par de nombreuses initiatives, dont la plus remarquable au niveau de Yaoundé est celle de la Taless Dry Food, une unité semi-industrielle basée à Soa, une banlieue de Yaoundé. Cette structure créée en 2002 est spécialisée à la base dans le séchage de certains aliments en vue de leur exportation. Désormais, le gnetum est séché. Il s’agit de feuilles fraîches coupées finement et achetées à commerçants spécialistes dans la coupe de ce légume traditionnel au marché de Mokolo à Yaoundé. Cette initiative de la Taless Dry Food connaît un succès remarquable, principalement à l’exportation. Cependant, elle rencontre quelques difficultés au niveau de l’approvisionnement de la matière de bonne qualité et du développement des ventes. Jusqu’ici, le produit fini n’est distribué que par quelques supermarchés de la ville de Yaoundé Pavillon vert, Dovv et Dyvano. L’entreprise ambitionne aujourd’hui de développer son commerce aussi bien sur le marché camerounais qu’à l’extérieur. Pour ce faire, elle devra convaincre les consommateurs camerounais que séché ou frais, le gnetum conserve toutes ses qualités nutritives et gustatives.
Néanmoins, il faudra aussi faire avec les contraintes administratives car les autorités ont mis en place un dispositif de régulation du commerce de gnetum. Officiellement, seuls les titulaires de licence peuvent faire le commerce de gnetum au Cameroun. Un comité interministériel dirigé par le Ministère de la forêt et de la faune (MINFOF) attribue des quotas aux commerçants. Une personne titulaire d’une licence ne peut excéder plus de 600 tonnes commercialisées par an. En attendant les plats d’okok ou d’eru à 300 Fcfa continuent de s’arracher dans les pauses de midi dans le marché camerounais.
