Crainte d’attaques de Boko Haram, les forces tchadiennes en renfort vers Waza

Des troupes tchadiennes ont pris position lundi en renfort à l’armée camerounaise pour sécuriser la frontière entre le Cameroun et le Nigeria vers Waza dans l’Extrême- Nord

Des troupes tchadiennes ont pris position lundi, en renfort à l’armée camerounaise pour sécuriser la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, vers Waza dans l’Extrême- Nord, où il est fait état d’une menace d’attaques de la secte islamiste nigériane Boko Haram, rapportent mardi des sources sécuritaires camerounaises.

Ces forces sont notamment déployées à Salé, localité frontalière de Gambaru au Nigeria, à quelque 30 km de Waza à l’intérieur du territoire camerounais, et réputée facile d’accès à cause de son sol plat, donc propice aux incursions de Boko Haram, dont un regroupement de combattants est signalé ces derniers temps de l’ autre côté de la frontière, d’après ces sources contactées par Xinhua.

Selon celles-ci, en dehors de Waza même où se situe un parc naturel national, en baisse d’activités touristiques du fait de l’ insécurité engendrée par ce groupe terroriste, une incursion dans cette zone représente aussi un risque d’attaque contre Fotokol, Amchidé ou encore Dabanga, autres localités de l’Extrême-Nord devenues des cibles privilégiées des djihadistes nigérians au Cameroun.

Les forces tchadiennes, présentes dans ce pays voisin depuis mi-janvier, viennent appuyer un dispositif sécuritaire permanent de l’armée camerounaise à Waza, constitué d’une base du Bataillon d’intervention rapide (BIR, une force spéciale) puis d’une compagnie et d’une brigade de gendarmerie, dispositif déjà renforcé depuis l’annonce de menaces d’attaques islamistes il y a environ trois semaines.

C’est justement dans cette région qu’une dizaine d’ouvriers chinois d’un chantier routier avaient été enlevés en mai 2014 et qu’a eu lieu la dernière attaque de Boko Haram dans le pays le 16 février dernier, le jour même où un sommet extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) se tenait à Yaoundé pour une stratégie d’assistance au Cameroun et au Tchad face à la menace terroriste.

Waza abrite un parc naturel national
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Attaque de Boko Haram mercredi matin à Fotokol

L’armée camerounaise soutenue par des troupes tchadiennes envoyées en soutien tentait de venir à bout d’une attaque massive de la secte mercredi matin

L’armée camerounaise soutenue par des troupes tchadiennes envoyées en soutien par les autorités de N’Djamena pour enrayer cette menace terroriste tentait de venir à bout d’une attaque massive de la secte islamiste nigériane Boko Haram mercredi matin à Fotokol, localité de la région de l’Extrême- Nord à la frontière avec le Nigeria, rapportent des sources militaires.

« Plusieurs unités de Boko Haram lourdement armées ont pénétré tôt ce matin Fotokol pour attaquer nos positions. Nous sommes en train d’y faire face », a fait part une de ces sources jointe au téléphone par Xinhua sans pouvoir donner un premier bilan des violents combats à l’arme lourde qui opposent les deux camps.

Cette attaque de Boko Haram, non déclarée par des sources officielles camerounaises, survient trois jours après une tentative d’incursion repoussée au terme de longues d’ affrontements dimanche soir dans la même localité, poursuivis au cours des deux derniers jours par des échanges de tirs irréguliers dont aucun bilan n’est communiqué.

Au cours de la même journée, cette organisation terroriste a été chassée par l’armée tchadienne de la ville de Gambaru dans le Nord-est du Nigeria proche de la frontière camerounaise qu’elle occupait depuis plusieurs mois.

Selon des sources militaires, ses combattants sont équipés en un arsenal sophistiqué très impressionnant qui intrigue sur ses origines. Ils comportent aussi dans leurs rangs, apprend-on encore, des mercenaires libyens, soudanais, maliens (du Mouvement national de libération de l’Azawad dans le Nord du Mali) et d’une autre nationalité non-africaine.


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La vie au quotidien à Fotokol, avec les militaires

Jadis carrefour commercial sur la frontière avec le Nigeria, Fotokol, ville de l’extrême-nord du Cameroun, vit au rythme des militaires camerounais et surtout tchadiens qui l’ont investie

Jadis carrefour commercial sur la frontière avec le Nigeria, Fotokol, ville de l’extrême-nord du Cameroun, vit au rythme des militaires camerounais et surtout tchadiens qui l’ont investie la semaine dernière, et se préparent à une vaste offensive contre le groupe islamiste Boko Haram.

Chars et autres engins blindés sont positionnés un peu partout dans la localité de 18.000 habitants.

Un contingent de 2.000 soldats tchadiens s’est installé dans et autour de la ville, alors que le Bataillon d’intervention rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, a pris position près du pont de 500 mètres de long qui relie Fotokol à la ville nigériane de Gamboru, de l’autre côté de la rivière Al-Beid.

Gamboru est aux mains de Boko Haram, et plus personne ne circule sur le pont depuis longtemps, devenu un no man’s land entre les belligérants. La rivière fait office de frontière, aisément franchissable actuellement et en dehors des périodes de crue.

Les soldats camerounais sont là pour tenter d’empêcher toute incursion des islamistes, qui ont multiplié ces deniers mois les raids meurtriers en territoire camerounais.

La semaine dernière, plusieurs roquettes, tirées par Boko Haram, sont tombées sur la ville. Jeudi et vendredi, des combats avaient opposé les soldats tchadiens aux islamistes à Fotokol et dans ses environs. Le bilan de ces combats est de quatre morts et 12 blessés au sein de l’armée tchadienne et de 123 islamistes tués, selon une source militaire précisant que les militaires avaient été tués « par des engins explosifs de fabrication artisanale » posés dans le secteur par Boko Haram. Samedi et dimanche, des hélicoptères et des chasseurs tchadiens ont bombardé Gamboru.

En ville, les éléments de la BIR patrouillent à pied, armes en bandoulière. « Nous voyons de plus en plus de troupes arriver à Fotokol. Elles augmentent tous les jours », raconte un habitant, Aisami Bukar. « La présence des forces tchadiennes et camerounaise dans la ville nous rassure et nous donne l’espoir de vivre » explique lundi Idrissou, réparateur des motos.

Les habitants attendent l’intervention tchadienne contre Boko Haram, avec l’espoir que l’activité économique reprendra par la suite.

Pour le moment, Fotokol se meurt à petit feu. « Ici rien ne marche, puisque nos activités dépendent du Nigeria, et depuis bientôt deux ans (et l’émergence de Boko Haram) rien n’arrive » de là-bas, explique Al Hadj Mboudou. Désormais « même les produits de première nécessité nous viennent » du Tchad via Kousseri, ville camerounaise à la frontière tchadienne, précise ce commerçant.

Auparavant, camions de marchandises et commerçants transitaient entre le Nigeria, le Cameroun et le Tchad en empruntant le pont de Fotokol, et toute la cité en bénéficiait.

Ecoles occupées par des réfugiés
Les fonctionnaires ont aujourd’hui déserté la ville, et l’administration est inexistante, seul le sous-préfet restant en poste. Les écoles sont fermées et beaucoup d’établissements scolaires sont désormais occupés par des réfugiés, dont de nombreux enfants et femmes venus du Nigeria, fuyant les violences de Boko Haram.

« Ces réfugiés ne bénéficient d’aucun soutien des organisations humanitaires. Ils bénéficient de la solidarité de la population locale », assure Alifa, enseignant a Fotokol. « Nous tenons le coup grâce à la générosité des uns et des autres. Mais pour combien de temps allons-nous être assistés? », s’interroge Halimata, mère de quatre enfants dont elle est sans nouvelles et ignore le sort.

L’activité commerciale est au point mort et tous les gros camions sont sur cales ou garés en attendant une hypothétique reprise de l’activité. « Nous utilisons pour notre propre consommation ce qui nous reste comme stock de marchandises », confie un boutiquier.

Cette paralysie de l’activité touche aussi Tchad, le coupant de l’un de ses principaux axes d’approvisionnement. C’est d’ailleurs en partie ce qui a motivé l’intervention de N’Djamena qui estime que Boko Haram a mis en péril « ses intérêts vitaux ».

Dans les quartiers de Fotokol, les habitants dés uvrés se retrouvent par petit groupes sous l’ombre des margousiers, arbre au large feuillage et à l’ombrage fort apprécié dans cette région accablée de chaleur. Principale sujet de discussion: Boko Haram et la situation militaire.

Au Nigeria, la montée en puissance de Boko Haram, dont l’insurrection et sa répression par l’armée ont fait plus de 13.000 morts depuis 2009, s’est encore manifestée le 25 janvier avec la prise de la localité de Monguno et une offensive sur Maiduguri, capitale régionale du nord-est.

« La situation nous préoccupe, parce que nous ne savons pas quand tout cela prendra fin, se lamente Al Hadj Nassir, chef de quartier. Nous sommes fatigués ».

Des blindés de l’armée tchadienne en position à Fotokol, au Cameroun, le 1er février 2015
Afp.com – Stéphane Yas)/n