Cameroun : les frankistes se déchirent

Le premier mouvement soutenant l’éventuelle candidature du fils du chef de l’Etat à la succession de son père n’entend pas accepter le partage de ce soutien avec d’autres groupes.

L’élection présidentielle de 2025 qui approche incite des Camerounais à la création des partis politiques et autres mouvements à vocation politique. Pour ceux qui sont déjà en activité, le vent du scrutin qui se fait sentir fait monter la fièvre du soutien des différents champions et potentiels champions dans les rangs. L’actuel guide du parti majoritaire au Parlement entame le dernier tournant de son septième mandat sans se prononcer clairement sur ses intentions. D’aucuns se basent sur son âge, 90 ans, et sa durée au pouvoir, 41 ans, pour tenter de légitimer le scénario d’un passage de témoin à un dauphin. Mais à qui donc ?

L’interrogation n’a pas encore trouvé la réponse parmi les estimations que l’opinion avance. Mais, l’un des noms qui revient avec insistance, c’est celui du fils, déjà quinquagénaire, homme d’affaires. Ayant pressenti sa probable investiture lors de la présentielle du 7 octobre 2018, certaines personnes n’ont pas attendu que la famille se prononce sur la succession pour activer le mouvement de soutien. Convaincu que le sort tombera sur lui, le Mouvement citoyen des franckistes pour la paix et l’unité du Cameroun (MCFP) est en activité depuis quelques années pour faire connaitre son Franck tout silencieux.

Jaloux de son progrès et du travail qu’il estime avoir abattu, le groupe dénonce l’arrivée d’autres mouvements qui soutiennent la même cause à quelques mois de l’échéance. Le leader du MCFP rejette l’intérêt du Mouvement citoyen pour la paix et l’unité (MCPU) à son champion. Le premier a émis le cri d’indignation le week-end dernier. Il dénonce la multiplication des mouvements, laquelle selon lui, va aboutir à la dispersion des troupes. Les qualifiant de profiteur, le leader estime qu’ils comptent récolter là où les autres ont semé. C’était au cours d’une rencontre avec la presse à Yaoundé.

Ainsi est-il clair que les membres du mouvements pionnier des franckistes voient déjà le fruit de son « labeur » prendre forme. Ils attendaient en toute quiétude le récolter et le savourer sans partage. Mais l’arrivée d’un autre acteur sous le même arbre risque imposer ce partage imprévu. Entre temps, celui pour qui les groupes se battent garde le silence ; un mutisme sans doute présent dans les gènes. Néanmoins, selon des sources, il a fêté son anniversaire ce mardi à Bafoussam, capitale régionale de l’Ouest.

Cameroun-Hamidou Biao : « L’influence des lamibés sur le processus électoral est marginale dans le Septentrion »

L’analyste politique jette un regard critique sur la visite de Franck Emmanuel Biya aux lamibés de Garoua et de Rey Bouba le 6 novembre 2022.

Cette visite est présentée par une certaine opinion comme une recherche du soutien en vue de la succession de son père Paul Biya au pouvoir. Mais l’analyste politique marginalise l’influence de ces chefs traditionnels dans le processus démocratique.

« ET MÊME S’IL S’AGISSAIT D’UN ADOUBEMENT…

À Banyo, le lamido, militant du RDPC a perdu les élections locales.

À Foumban, le Sultan a mordu la poussière plusieurs fois devant l’UDC du feu Ndam Njoya.

À Ngaoundere, le lamido n’a pas pu convaincre de voter contre l’opposition. Résultat : razzia historique de l’Undp.

À Touboro, le Monarque de Rey Bouba qui a accueilli triomphalement Franck Emmanuel Biya s’est vu battu par l’Undp portant à sa tête un jeune courageux, l’un des plus jeunes maires au Cameroun. La liste est loin d’être exhaustive…

Il ne faut jamais confondre le folklore populaire à la légitimité populaire. La réalité des urnes est une autre chose. Le Grand Nord a toujours été hospitalier. L’influence des lamibés sur le processus électoral est marginale dans le Septentrion. Seuls les acteurs politiques ont la possibilité d’influer sur le processus électoral à travers la propagande, la campagne, le bilan, les actes et réalisations.

« Les Nordistes ont désormais conscience de leur poids politique, de la place centrale qui est la leur dans l’espace politique du pays, des défis du développement de notre pays. Personne ne doit sous-estimer ni notre détermination démocratique ni les ressorts politiques dont nous disposons pour revenir au pouvoir dans le cadre de la République » martèle le leader des mouvements 10 millions de nordistes Guibai Gatama , ardent défenseur de la cause des Nordistes.

C’est pourquoi, il est urgent pour les acteurs politiques du Septentrion d’intensifier l’éducation politique des masses surtout dans des zones où l’accès aux outils de communication est impossible à travers des descentes sur le terrain s’ils veulent faire ombrage à un probable GRÉ À GRÉ. »

Hamidou Biao

Cameroun-succession de Paul Biya : Franck Biya proche des chefs traditionnels du Nord

Le conseiller et fils de l’actuel président de la République a rendu visite au lamido de Garoua et à celui de Rey Bouba le 6 novembre 2022. C’était à l’occasion de la célébration du 40è anniversaire à la tête de l’Etat de l’Etat de Paul Biya.

Les images sont saisissantes. Plusieurs journaux parus ce lundi au lendemain du 6 novembre 2022 en ont fait le  principal sujet. Franck Emmanuel Olivier Biya a fêté les 40 ans d’accession à la magistrature de Paul Biya le 6 novembre 1982, dans le Grand Nord du Cameroun ce dimanche. Le fils aîné du chef de l’Etat âgé de 52 ans était aux côtés des cadres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) parti créé par son père en 1985. Sa proximité avec de puissants chefs traditionnels et non moins membres influents du parti a vite été remarquée.

En effet, Franck Biya dont le père est âgé de 89 ans, a rendu visite au lamido de Garoua et à celui de Rey Bouba, classés parmi les plus influents chefs traditionnels et musulmans du septentrion. Leur influence au sein du parti est tel qu’il faut bénéficier de leur soutien pour pouvoir s’imposer en son sein et au sein des populations du septentrion, surtout à un moment crucial comme celui que  le Cameroun s’apprête à vivre.

La visite de Franck Biya dans le Grand Nord en tenu du Rdpc se fait au moment où la carte de la succession à la tête de l’Etat et du parti se joue. L’élection présidentielle est prévue  en 2025 et le congrès du Rdpc s’annonce. La question de savoir quel dauphin Paul Biya a choisi se pose depuis quelques années. Aucune réponse claire n’est encore donnée par le principal concerné.

 Néanmoins, dans l’opinion, un mouvement dénommé « Les Franckistes » multiplie les appels à candidature en faveur de Franck Biya. Après la visite d’Emmanuel Macron du 25 au 26 juillet 2022, ce mouvement a observé un moment de silence. Même si l’homme lui-même ne se prononce pas, sa proximité avec les chefs traditionnels chaque 6 novembre renseigne sur  les liens qu’il tisse et les soutiens qu’il recherche.

Le 6 novembre  2021, le fils aîné de président de la République a rendu visite au nouveau sultan des Bamoun Nabil  Mbombo Njoya. Quelque temps après la mort d’Ibrahim Mbombo Njoya, le père de Nabil, l’actuel roi, il est allé présenter ses condoléances à la famille royale. Mais pas seulement. Ibrahim Mbombo Njoya était un proche du chef de l’Etat ; son fils, potentiel successeur au siège présidentiel est allé renouveler les liens avec le successeur au trône, lui aussi chef traditionnel et chef religieux.  Les prochains mois nous diront davantage sur les véritables intentions de Franck Biya.

Cameroun : Michel Biem Tong déballe tout sur la guerre des clans au Palais de l’Unité

Dans une publication faite sur les médias sociaux, Michel Biem fait une analyse de la crise de succession qui oppose deux clans au sommet de l’Etat du Cameroun.

« Franck Biya Vs Ngoh Ngoh Ferdinand : une lutte de clans qui débouche sur une crise institutionnelle puis une éventuelle crise politique.

Affaire ligne 94/65. Affaire Fonds Covid-19. Affaire Jean Pierre Amougou BELINGA/Direction des Impôts. A mesure qu’approche le moment d’une éventuelle transition politique, des affaires judiciaires sur fonds de bataille de succession au sommet de l’Etat se multiplient. La curiosité dans ces luttes de clan est que ces dernières ont lieu à l’intérieur du lobby politique beti-bulu, le fameux « Essingan » que le tristement célèbre patron de services secrets camerounais Jean Fochive, de regrettée mémoire, appelait « le clan ».

D’un côté, le clan des « Bulu » qui ne jure que par Franck Biya et de l’autre le clan des « Nanga » qui a pour porte-flamme Ferdinand Ngoh Ngoh, tout puissant secrétaire général à la présidence et proche de la Première Dame, Chantal Biya.

Franck Biya et le clan dit « bulu » favori

Dans cette guerre désormais ouverte entre les deux clans, celui dit des « bulus » semble avoir le dessus. Car ce clan contrôle la justice (utilisé pour neutraliser de potentiels adversaires), les finances publiques, l’armée, la police, la sécurité du palais de l’Unité et du président ainsi que les services secrets tant intérieur qu’extérieur.

Dans ce groupe, on retrouve des hommes-clés tels que le ministre de la Justice, Laurent Esso, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le directeur du Cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, le directeur de la sécurité présidentielle, Ivo Desancio Yenwo, le commandant de la Garde Présidentielle, colonel Beko’o Abondo, le contre-amiral Fouda Joseph, conseiller spécial de Paul Biya, le Délégué général à la sûreté nationale (patron de la police et du renseignement intérieur), Martin Mbarga Nguele, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, le directeur de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE), Eko Eko Maxime. Sans oublier le tout puissant homme d’affaires et trésorier de fait du clan Jean Pierre Amougou Belinga, président du groupe de presse l’Anecdote (dont la chaîne de TV Vision 4 a eu la primeur de l’information sur le mandat d’amener contre Ngoh Ngoh).

Autre atout important de ce groupe, le soutien de la France (dont le Cameroun demeure une chasse gardée malgré les discours souverainistes des dirigeants camerounais) à Franck Biya. La France en veut à Ngoh Ngoh pour avoir entre autres confié le port de Douala (construit par la France au début des années 1920) à ses hommes et la sécurité de cette infrastructure stratégique (tout comme celle de l’aéroport) à Israël.

Ngoh Ngoh Ferdinand, Bientôt la chute ?

Quoiqu’on dise, les lendemains déchantent pour l’homme à la punk de Minta qui ne cache plus ses ambitions présidentielles. Son réseau d’influence ne pourra inverser le cours des événements à sa faveur. Côté sécurité, Ferdinand Ngoh Ngoh contrôle le Bataillon d’intervention rapide, une unité spéciale de l’armée dont le Commandant, l’israélien Eran Moas, est l’ami personnel. Mais en face du BIR (dont un important détachement assure la sécurité du Palais présidentiel) se trouve la Garde et la sécurité présidentielles, dernières ceintures autour chef de l’Etat.

Ngoh Ngoh Ferdinand ne peut également compter sur le soutien du sulfureux ministre de l’Administration territoriale et non moins patron du conseil national de la sécurité (en charge de centraliser le renseignement), Paul Atanga Nji. Ce dernier a maille à partir avec le Tribunal criminel spécial devant lequel il répond de sa responsabilité dans la gestion des fonds COVID-19.

Pour sauver sa face, il sera obligé de livrer puis de lâcher son parrain. Pareil pour Galax Etoga, le patron de la gendarmerie nationale, qui ne peut lui être d’une quelconque utilité. Du point de vue du renseignement, son chouchou, le colonel Bamkoui Émile, commandant de la Division de la sécurité militaire, est au bord de la retraite. Pour espérer rebondir, il se sentira obligé de se mettre au service du clan ayant la faveur des pronostics.

Côté finance, Ngoh Ngoh ne peut compter sur son homme de main Modeste Mopa à la tête de la direction des Impôts car les impôts recouvrés sont reversés au compte Trésor de l’Etat logé à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Rappelons que le président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique Centrale (dont la BEAC est l’un des actionnaires) n’est autre qu’Evou Mekou, neveu de Paul Biya, c’est-à-dire « frère » de Franck Biya (tous deux, tout, comme MOTAZE, sont impliqués dans l’affaire du détournement de plusieurs milliards de FCFA liés à des obligations de trésor à coupons zéro qui a éclaté en 2012, voyez-vous le lien?).

Sur le plan de la justice, Ngoh Ngoh ne contrôle que le Contrôle Supérieur de l’Etat, point de départ par excellence des affaires de l’Opération Épervier. C’est cet organe qui, sur ordres du SG/PR, a ouvert les enquêtes sur la gestion des lignes budgétaires 94 et 65, histoire de s’attaquer au clan BULU. Mais cette enquête n’aura aucune suite judiciaire, le Tribunal criminel spécial (TCS, créé en 2011 par feu Jean Foumane Akame, un membre du clan Bulu) étant contrôlé par les hommes de Franck Biya.

Il ne reste plus à « tonton Ferdinand » que la Première Dame comme soutien de poids. Mais jusqu’où ira ce tandem qui a le don d’avoir paralysé le pays tout entier ?

« Neutraliser » Chantal Biya et Ngoh Ngoh à tout prix, un impératif

Il est clair que le refus pour Ngoh Ngoh de déférer à la convocation des magistrats du TCS et le recours aux éléments du BIR pour se protéger de toute arrestation musclée, en exécution du mandat d’amener émis par les juges du TCS, sont des indicateurs de sa toute puissance.

De sources bien informées, Paul Biya aurait reçu Ferdinand Ngoh Ngoh en audience au Palais de l’Unité lundi dernier en soirée pour le rassurer de son soutien. D’où la levée du mandat d’amener contre lui. Ce qui ne signifie aucunement annulation des poursuites judiciaires à son encontre. L’homme à la punk demeure en sursis. Chantal Biya quant à elle jure : Ngoh Ngoh ou rien. En effet, il nous revient de sources dignes de foi que Chantal Biya s’oppose à tout remaniement ministériel qui emporterait son filleul Ngoh Ngoh.

Or Paul Biya, sous la pression des français et du clan BULU, veut s’en débarrasser. Que faire? Naguère larvée, la lutte de clan au sein des institutions républicaines est désormais ouverte. Pour en sortir et mettre Franck Biya sur la sellette, il faut faire sauter les verrous Chantal Biya et Ngoh Ngoh. Mais comment ?

Le scenario possible, s’agissant d’abord de la Première Dame, est de l’éloigner du palais présidentiel et même du pays. Cette tâche pourrait être confiée aux agents du commissaire EKO EKO de la DGRE, en connexion avec les éléments de la DGSE (contre-espionnage français) en service à l’ambassade de France à Yaoundé. Il pourrait lui être proposé par exemple par un membre de son cercle d’amis, un voyage touristique à l’étranger, en France, en Suisse ou aux USA. Et pendant qu’elle y séjourne, Paul Biya remanie le gouvernement. Pour son pouvoir et ses relations avec les Français, Paul Biya peut bien se passer de son épouse (remember Jeanne Irene Biya !).

Pour ce qui est de Ngoh Ngoh Ferdinand, la stratégie de sa neutralisation pourrait avoir pour but de l’isoler des affaires de l’Etat. L’article 4 du décret No2011/412 du 9 décembre réorganisant la présidence de la République a prévu une délégation de signature pour les adjoints du SG/PR pour des tâches spécifiques. Ce mécanisme juridique pourrait être enclenché de telle sorte que Paul Elung Che ou Mohamadou Moustapha soit dorénavant la courroie de transmission entre le gouvernement, les services rattachés à la présidence et Paul Biya.

Pour ce qui est du BIR, il suffit simplement de faire des promesses d’argent et de promotion aux chefs de différentes composantes de ce corps et Ngoh Ngoh est acculé. Ainsi, un nouveau gouvernement peut être mis en place et le clan Bulu pourra ainsi repositionner ses pions en vue de la bataille pour la conquête du pouvoir par Franck Biya. Même si rien n’est totalement acquis pour ce dernier.

Le clan des nordistes à l’affût, les américains au secours de Marafa ?

Au moment où les membres de  « Essingan » s’étripent, le clan des nordistes, en embuscade, n’a pas dit son dernier mot. Depuis la démission du premier président Amadou Ahidjo et la liquidation de centaines de hauts cadres de l’armée et de la gendarmerie originaires du Nord, après le coup d’Etat manqué du 6 avril 1984, le lobby politique nordiste a perdu tout influence que ce soit sur la sécurité, l’armée, le renseignement et le trésor public au Cameroun. L’incarcération de Marafa Hamidou Yaya en 2012 est venue doucher tous les espoirs des Nordistes de revenir au pouvoir suivant l’axe nord-sud voulu par les colonisateurs français.

Mais la partie septentrionale du pays peut encore compter sur un nombre très important d’hommes d’affaires qui peuvent être utile au cas où. Depuis décembre 2020, un mouvement rebelle dénommé le Mouvement pour la libération du Cameroun est en attente dans le Grand Nord. Le 16 septembre dernier, le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril, informait les autorités tchadiennes de transition des activités de trafic d’armes conduites par le député Kamsouloum ABBA Kabir.

Par ailleurs, dans une tribune libre publiée récemment par une revue diplomatique américaine, l’ancien ambassadeur des USA au Cameroun, Niels Marquardt, a plaidé pour la libération de l’ancien ministre Marafa Hamidou Yaya qui, selon le diplomate, est victime de ses ambitions politiques. S’agit-il de la manifestation du soutien possible des USA au clan du Nord?

Toujours est-il que le Grand Nord n’entend pas rester sur le bas-côté, en ce moment où on parle de guerre de succession. Quoi qu’il en soit, l’avenir politique du Cameroun est sombre, le spectre de la guerre civile plane. Chaud devant. »

Michel Biem Tong, uavhengig journalist

Cameroun-Mise au point : le préfet de la Mvila rejette toute reconnaissance juridique du Rassemblement des frankistes

L’autorité administrative nie l’existence d’un document légalisant l’association dénommée Rassemblement républicain des frankistes du Cameroun (Rrfc) dans ses services.

Le préfet du département de la Mvila vient de faire une déclaration mettant fin à une imposture. Dans un communiqué en date du 28 juillet 2022, Sylyac-Marie Mvogo informe qu’un « document non authentique prétendument signé par ses soins apparait de temps à autre sur la toile, faisant état de ce qu’il aurait procédé à la reconnaissance juridique d’une association à objet politique dénommée Rassemblement républicain des frankistes du Cameroun « Rrfc » dont le siège serait à Ebolowa », peut-on lire dans le communiqué.

Après constat de l’existence du document, le patron du département porte à l’attention « des membres fondateurs de ce rassemblement que ce document m’émane pas de ses services ». Il « ne se retrouve nullement dans les archives de la préfecture à Ebolowa », précise l’autorité, tout en faisant savoir qu’une telle opération ne relève pas de ses compétences. La reconnaissance juridique des associations politiques au Cameroun « reste et demeure une prérogative exclusive du ministre de l’Administration territoriale », martèle-t-il.

Le Rassemblement en question dispose d’un compte sur Facebook qui porte son nom. Sa devise serait « Paix- loyauté-unité » et son but, « promouvoir la paix et l’unité en passant par l’éducation ». Les contenus publiés par ce groupe ont trait pour la plupart aux images et vidéos contenant Franck Biya, le fils du président Paul Biya qui, à quelques années de la fin du mandat de son père, est projeté comme son potentiel successeur. Pour cela, il est soutenu par plusieurs groupes dont le Rrfc.

Cameroun : Franck Biya et Chantal Biya ont dépensé plus de trois milliards de F dans l’achat des maisons en France

Le Nouvel Observateur, célèbre magazine d’actualité français, a publié ce jeudi 07 juillet 2022, une enquête intitulée « Immobilier de luxe : comment la France attire l’argent douteux du monde entier ».

 

Franck Emmanuel Biya et Chantal Biya, respectivement fils ainé et épouse du président de la République du Cameroun, sont cités parmi la soixantaine de personnalités qui ont investi des centaines de millions d’euros en France pour acheter des maisons ou des appartements de luxe. « Un phénomène sur lequel planent de forts soupçons de blanchiment d’argent sale » souligne le journal.

Au sujet de Franck Biya, les 5 journalistes d’investigation auteurs de l’article affirment que le fils du président camerounais a acheté une maison de luxe près de la principauté de Monaco à près de  deux milliards de FCFA.

«La France est aussi un lieu privilégié pour la famille de Paul Biya, le président du Cameroun, au pouvoir depuis 1982. Son fils aîné, Franck Emmanuel Biya, a ainsi acquis pour près de 3 millions d’euros en 2004, à l’âge de 33 ans, une maison avec piscine dans le domaine privé très couru du Cap-Martin, à deux pas de Monaco. Lorsque nous avons demandé à Franck Emmanuel Biya comment il avait amassé la somme nécessaire à cet achat, il n’a pas répondu. Dans la famille du président camerounais, il n’est pas le seul atteint par la fièvre immobilière » révèlent nos confrères.

Ils ont aussi découvert au bout de leurs recherches approfondies, que Chantal Biya, la première dame camerounaise, serait propriétaire de trois appartements dans différentes localités en France.

«La femme du chef de l’Etat, Chantal Biya, est, elle, bien moins discrète que son beau-fils, comme en témoignent ses coiffures extravagantes et ses séjours clinquants à Genève avec son mari. Elle est « sans profession », d’après les documents officiels de ses entreprises, ce qui ne l’a pas empêchée de dépenser plus de 2 millions d’euros pour acheter trois appartements dans le 16e arrondissement de Paris, à Levallois-Perret et à Nice entre 1997 et 2009 – dont deux payés cash et le troisième financé par un emprunt à la BNP. Des achats qu’elle nous confirme par l’intermédiaire d’un sénateur camerounais, Pierre François-Xavier Menye Ondo, qui est aussi notaire et son associé, avec seulement 1 % des parts dans deux de ces achats.

Ce dernier nous fait parvenir « un commentaire très personnel » : « L’épouse d’un président de la République qui achète des biens de cette valeur, associée à un notaire qui exerce depuis trente ans, n’est-ce pas plutôt une preuve de modestie ? » L’avocat français William Bourdon, qui a mené quantité de batailles contre des détournements de fonds opérés par des dirigeants politiques, connus sous le nom des « biens mal acquis », pense tout le contraire : « Dans le classement des pays les plus corrompus, Il s’agit d’un pays en tête de liste. L’absence de profession de l’acheteuse est un indice, parmi d’autres, qui aurait dû alerter, et c’est un euphémisme, le notaire » rapportent les auteurs de l’article.

Apres avoir présenté plusieurs cas, le Nouvel Observateur conclut en indiquant que, de Saint-Tropez au 16e arrondissement de Paris, de Saint-Jean-Cap-Ferrat à Montfort-l’Amaury, ces 62 personnes ont dépensé, entre 1985 et 2020, plus de 744 millions d’euros pour acheter des biens immobiliers en France. Des transactions sur lesquelles se pose légitimement la question d’un potentiel blanchiment. « Cet argent a été pillé par des élites dirigeantes qui privent leurs populations de l’accès à une éducation de base, à la santé, à l’eau potable », juge Sara Brimbeuf, la responsable du plaidoyer de l’antenne française de l’ONG spécialisée Transparency international.

Cameroun : Franck Biya accueillit comme un président au Palais du roi Bamoun

Le fils du chef de l’État a été reçu ce 6 novembre 2021 par le jeune monarque du Noun qui vient fraîchement de succéder à son père Ibrahim Mbombo Njoya. 

Nabil Mbombo Njoya, le nouveau sultan des Bamoun a reçu dans son palais  ce samedi le fils de président Paul Biya. Franck Emmanuel Biya a été accueilli par un dispositif spécial. Visiblement au protocole, Seïdou Mbombo Njoya, le patron de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot).

La population était massée dans la cours royale pour acclamer l’hôte du sultan. A sa descente de voiture. Franck Emmanuel – appelé par certains activistes  à succéder à son père à la tête de l’État – reçoit les honneurs d’un élément de la police nationale avant d’être conduit vers le sultan qui l’attend au perron du palais en présence de ses notables.

La visite de Franck Biya dans cette grande chefferie intervient le jour de la célébration des 39 ans de pouvoir de son père. Aucune information n’a pour l’instant été donnée sur le but de sa rencontre avec le fils de celui qui aura dirigé le royaume pendant 29 ans.

Cameroun : le pouvoir en héritage, une forte tendance en Afrique centrale

Alors qu’une surprenante campagne appelle à la succession de Paul Biya par son fils Franck Emmanuel Olivier,  la sous-région  vient de porter à trois le nombre de succession de pères en fils à la tête des Etats.

Au Cameroun, une surprenante campagne d’appel à la succession de Paul Biya par son fils Franck Emmanuel Olivier Biya agite l’opinion sur les réseaux sociaux.  Le fils de Paul Biya n’approuve pas, mais ne désavoue pas non plus, le « mouvement citoyen » qui promeut son image. Cette campagne qui semble bien pensée pour préparer les esprits à une telle éventualité, s’est amplifiée avec la dernière grande actualité au Tchad. La prise du pouvoir de Mahamat Idriss Deby, à la suite de l’assassinat de son père.

Deby-fils est ainsi devenu  le troisième descendant de chef d’Etat à occuper le fauteuil présidentiel aussitôt après  le départ du géniteur. Les deux qui l’ont précédé dans cette voie sont : Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en RDC à 29 ans en 2001 après l’assassinat de son père, et Ali Bongo qui a succédé à son paternel au terme de 40 ans aux affaires.

Ce mode d’alternance dynastique pourrait davantage se généraliser. Car en Guinée Equatoriale, le fils du président, Teodorin Obiang Nguema est en pole position pour une succession qui semble déjà acquise : il a été promu en juin 2016 vice-président chargé de la défense et de la sécurité par son père, au pouvoir depuis 1979.

Du côté du Congo Brazzaville, des soupçons pèsent également sur Denis-Christel Sassou Nguesso, fils de Denis Sassou Nguesso, âgé de de 46 ans, élu député en 2012 à Oyo, le fief de son père. Il est depuis janvier 2011 le PDG de la branche distribution de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et directeur général adjoint de cette dernière. Selon le magazine Jeune Afrique, il se positionne pour la succession, sans dévoiler son jeu. Un peu à l’image des autres fils de président de l’Afrique centrale.

Cameroun : Franck Biya président, pourquoi l’idée n’est plus aussi improbable que cela

Des voix poussent pour que le fils du président de la République lui succède à la tête du pays. Si l’idée était encore risible il y a quelques mois, des informations font état de ce que ça cravache dur au sein du sérail depuis des années pour que ce projet se concrétise.

Elle semble désormais révolue l’époque où Paul Biya rejetait publiquement l’idée de faire de son fils son successeur. «  Le Cameroun n’est pas une monarchie. Seul le peuple souverain est habilité à choisir mon successeur », répondait-il avec force en 2004 dans les colonnes de Jeune Afrique économie, dans une interview où le journaliste lui demandait s’il a un dauphin et quel est le profil de la personne qu’il souhaite voir lui succéder.

Plus tard, il confiera à Jean Marie Atangana Mebara, alors secrétaire général de la présidence de la République, que « s’il disait aujourd’hui, de manière plus ou moins claire ou même déguisée, que le choix de son successeur a été porté sur telle ou telle personnalité, qu’il imaginait les ligues qui allaient se constituer pour détruire ce ‘dauphin désigné’ ». « Il a ajouté ce jour-là que ‘le moment venu, si son parti lui faisait toujours confiance, il recommanderait la personne qui pourrait être le candidat du parti. », rapporte l’ancien proche collaborateur dans l’un de ses livres-mémoires.

Pour certains analystes, le président de la République a toujours surfé sur cette inquiétude pour ne pas mettre en avant une personnalité qui lui succèderait. Dans ce sillage, d’autres avancent que l’opération épervier avait, entre autres, pour but d’éliminer des dauphins auto désignés, trop ambitieux pour les desseins du président. Cette opération épervier, campagne d’assainissement de la gestion des deniers publics, jugée « trop brutale » par un ambassadeur américain, visait donc à éliminer ces adversaires et effrayer de potentiels aventuriers afin de baliser le chemin pour ce dauphin que le président aurait en tête.

Le ralentissement de l’opération épervier, observée depuis peu, coïncide avec la montée des appels pour que Franck Biya, 54 ans, succède à son père. Ces appels, analysent certains observateurs, ne sont pas le fait de quelques illuminés qui voudraient s’attirer l’attention du premier fils du président de la République, mais d’un ballon d’essai visant à tester comment l’idée d’une succession dynastique serait perçue au sein de l’opinion.

D’après plusieurs sources, le projet est d’ailleurs très sérieusement à l’étude à Etoudi, où on pousse les pions pour que Franck Emmanuel Olivier Biya prenne sa place au troisième étage de « La tour ». Depuis son retour en pays en 2020 après le desserrement des  mesures anti-coronavirus, plusieurs informations font état de ce que Frank Biya siège effectivement à la place du père. C’est lui qui diligente les dossiers, les soumet au président, suggère et transmet via le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République.

Exit le fils du président qui ne s’intéresserait pas aux affaires de la République dont il est éloigné et donc inapte à prendre le relais. Ce qui a toujours fait sourire ceux qui sont habitués des couloirs du palais d’Etoudi. En 2011 déjà, un journaliste, aujourd’hui directeur général de l’office, révélait par exemple que Franck Biya est l’un des conseillers de son père. Fort de ses études en sciences politiques, le fils de l’ancienne première dame est plus proche des affaires qu’on ne le croit dans les chaumières. Plusieurs hautes personnalités doivent aujourd’hui leur nomination à Franck Biya. C’est le cas de l’actuel ministre de l’Economie, Alamine Ousmane Mey, proche du fils du président. « Les Camerounais seraient tétanisés s’ils pouvaient imaginer les soutiens du petit Franck », avertit l’économiste Dieudonné Essomba.

De plus, sous les lambris dorés de la République, le consensus est en train de se faire autour de  cette idée. Pour un proche de la famille présidentielle, « Franck Biya est le profil idéal pour gérer le passif de son père ». Selon cet habitué des arcanes du pouvoir, Franck Biya est « une bonne alternative pour ceux du sérail  à qui on pourrait faire des reproches pourleur gestion d’aujourd’hui. Ceux-là voient la succession par le fils d’un bon œil, car ils sont soucieux de préserver leurs acquis et de ne pas  être poursuivis, si le pouvoir venait à tomber entre les mains d’ une personnalité du régime qui pourrait avoir des comptes à régler, ou pis, entre les mains d’un opposant au régime ».

Notre interlocuteur ajoute qu’à part le père,  le fils « est la seule personne capable de garantir les intérêts, et de sa famille et de ceux qui ont pris coups et risques pour le père ». Mohamed Rahim Noumeu, président exécutif et fondateur du Mouvement citoyen des Frankistes pour la paix et l’unité nationale (l’un de ceux qui foisonnent autour ce projet dynastique), n’en pense pas moins. Pour lui, « Frank Emanuel Biya , qui dans le sillage du président Biya, est celui-là qui sera à même de préserver cet équilibre entre les différents groupes ethniques qui composent le Cameroun ».

Seule inconnue pour l’opinion en ce moment : la forme que prendra cette succession. Franck Biya sera-t-il « présenté » lors du très attendu congrès du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), afin qu’il soit candidat à l’élection de 2025 à la place de papa ? Ou alors Paul Biya, qui se voit bien briguer un énième mandat en 2025, à l’âge de 92 ans, va attendre ce moment pour régler les derniers détails de sa passation de pouvoir.