L’information a été donnée lors d’une conférence de presse clôturant le séjour de Jamal Saghir, un des responsables pour l’Afrique
Le monopole de CAMTEL doit être levé
Selon la Banque Mondiale, le Cameroun a suffisamment de potentialités pour devenir le leader sous-régional des télécommunications en Afrique centrale. C’est en substance ce qu’a indiqué Jamal Saghir, le responsable pour l’Afrique du développement durable auprès de la Banque Mondiale. La Banque Mondiale pense que pour cela, le Cameroun aura besoin de libéraliser le secteur, et surtout de lever l’exclusivité de la Cameroon Telecomunication, la société parapublique en charge de la gestion des télécommunications au Cameroun. Ses responsables estiment que faire ce choix de libéralisation absolue serait un premier pas, qui permettrait au Cameroun de jouer la carte de la sous-région Afrique centrale. Selon l’institution, si le Cameroun faisait ce choix, cela lui permettrait d’augmenter la part d’importance du secteur des télécommunications dans le produit intérieur brut. Cette recommandation de la banque mondiale va en droite ligne avec une des requêtes du patronat camerounais. Face à la presse il y a quelques jours, Olivier Behle le président du groupement interpatronnal du Cameroun (GICAM), avait déjà fait remarquer l’importance pour le gouvernement de mettre fin au monopole de la CAMTEL. L’opérateur public se retrouve en effet dans une situation exceptionnelle de juge et partie, parce qu’il est à la fois fournisseur des autres opérateurs en capacités et en même temps concurrent de ces opérateurs. Le GICAM propose de revenir sur cette disposition afin de permettre un développement des télécommunications au Cameroun avait fait savoir Monsieur Behle. Mais la banque Mondiale en prenant cette position a d’autres préoccupations.
D’importants investissements en jeux
Avec un appui de 215 millions de dollars américain prévu sur 10 ans, la Banque mondiale est le principal bailleur de fonds d’un projet visant l’interconnexion des réseaux de fibres optiques en Afrique centrale, et dont le Cameroun est la principale plateforme. Ce projet encore appelé Central African Backbone (CAB) a pour objectif de contribuer à accroître la couverture géographique et l’utilisation des services de réseaux régionaux à large bande et d’en réduire les coûts. Il comprend quatre composantes: la première consiste à établir un contexte porteur, cette composante vise plus précisément à promouvoir une intégration plus poussée des marchés à l’échelon régional; renforcer le cadre légal, réglementaire et institutionnel; soutenir la libéralisation des marchés et enfin promouvoir l’établissement d’une infrastructure qui, une fois en place, sera accessible à tous les prestataires de services de manière ouverte, transparente, compétitive et non discriminatoire. La deuxième composante est le volet connectivité et la troisième porte sur les applications e-gouvernement et les initiatives phares en matière de technologies de l’information et des communications. Enfin, la quatrième composante est la gestion de projet proprement dit. L’enjeu aujourd’hui est celui de la gestion de cet important financement, auquel il faut ajouter les 200 millions complémentaires apportés pas la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque islamique de développement (BID). Même si les dirigeants de la Banque Mondiale ne l’expriment pas clairement, il apparait évident qu’ils ne voudraient pas faire courir au projet, les risques d’une mal gouvernance, or le Cameroun sur la question n’a pas les meilleures notes. Pourtant de leurs côtés, les autorités camerounaises, ne semblent pas prêtes à laisser partir ce dernier élément de souveraineté, après celui de l’énergie et de l’eau. La position définitive du Cameroun est attendue à Bangui dans quelques jours.
