Présidentielle 2011: La machine de la fraude électorale s’est mise en place au Cameroun

Par Evarist Mohbeu

Corruption, achat de conscience, refus de la validation de dossiers de certains candidats présidents, intimidation, menaces de toutes sortes, confiscations de cartes d’électeur…telles sont les moyens de pression utilisés par les hommes du pouvoir de Yaoundé pour se maintenir au pouvoir. Le décor d’une vaste tricherie a bien posé ses valises au Cameroun. Le Cameroun est l’un des derniers pays en Afrique où les résultats d’une présidentielle sont connus d’avance. Celle de dimanche dernier n’a pas dérogé à la règle. Déjà, le déroulement de la campagne avait donné un avant-goût de ce que serait ce scrutin : une vaste tragi-comédie avec de piètres acteurs, les candidats, et des spectateurs blasés, les électeurs. Du côté de Paul Biya, tous les moyens ont été mis à son profit et rien n’est laissé au hasard. Avec une si longue longévité au pouvoir, le camp du président Biya Bi Mvondo d’abord sur le concours de ses nombreux adhérents et autres inconditionnels aujourd’hui infiltrés dans les différentes structures étatiques et qui ont le moment venu battu leurs dernières cartes pour entretenir la fraude.

Et parmi les stratagèmes mis en place par le pouvoir se trouvent notamment la vaste corruption, l’infiltration et la prise en otage de Elecam par le parti au pouvoir, la manipulation du fichier électoral, la confiscation des organes de médias officiels, la mise à contribution de caisses de l’Etat, le refus de la validation de dossiers de candidats présidents pour de motifs fallacieux, l’intimidation de candidats rivaux, la menace sous toutes ses formes. Et ce, jusqu’à la prise en otage des agents de l’administration publique et dont un grand nombre ne se gênent pas de se comporter d’ailleurs en vrais militants inconditionnels de cet espèce de  »Parti-Etat » qu’en agent de la fonction publique sensés être impartiaux et au service de la nation tout entière.

Parmi le nombreux cas de dénonciations de la fraude électorale enregistrées jusque là au Cameroun se trouve des doublons, triplons, une méconnaissance de tous les bureaux de vote etc. La distribution des cartes d’électeur s’est faite dans la plus grande confusion. Et selon nos informations, le parti au pouvoir n’a pas hésité de mettre la main à la poche pour recruter des électeurs

Depuis le 9 octobre 2011, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les irrégularités dans l’organisation du scrutin. Sur des listes électorales, il y a eu des électeurs inscrits plusieurs fois – deux et jusqu’à trois fois – le même nom sur les listes électorales affichées devant les bureaux d’Elecam
Autre cas de fraude relevé par le Messager dans son édition du 11 octobre 2011, « Dimanche dernier alors que le vote se déroule, le fils de l’ancien Premier ministre est pris à parti pour tentative de fraude. Lovet Achu, pour le citer, a été interpellé par un groupe d’assaillants, certainement acquis à la cause de l’opposition. Selon ces assaillants, « il avait sur lui 61 cartes d’électeurs qu’il devait utiliser pour voter plus d’une fois ou acheter des gens pour le faire ». Ces derniers ont passé leur victime à tabac. Il n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des éléments de la gendarmerie. ». Des cas similaires ont été relevés dans plusieurs régions du Cameroun.

Le Cameroun de Paul Biya est le prototype même du pays qui évolue en donnant la nette impression d’avoir emprunté un chemin sans issue. Il a pourtant tout pour réussir : des ressources naturelles à rendre jaloux de nombreux pays, un potentiel humain extraordinaire parce que constitué, en tout cas ici mieux qu’ailleurs, de hauts cadres dans tous les domaines d’expertise. Malheureusement, ce pays traîne aujourd’hui de l’arrière.

Par souci d’alerter l’opinion internationale sur les cas de fraude généralisée au cours de l’élection présidentielle du 9 octobre dernier, il faudra retenir que tout président issu de ce scrutin ne sera pas légitime.

Après avoir brillé pendant longtemps au plan sportif, voilà le Cameroun qui entreprend de battre un autre record, plus triste cependant : l’importance de sa diaspora. Elle illustre de la part de nombreux Camerounais, la tendance à s’éloigner de leur pays. Par peur d’une dictature impitoyable, mais aussi du fait du chômage et de la misère qui découlent d’une gestion calamiteuse du pouvoir d’Etat. Plus de vingt- neuf ans après s’être approprié le destin de leur pays, Paul Biya et ses partisans semblent toujours à la recherche de solutions qui tardent à venir au secours des populations dans l’attente. L’immobilisme étant source de frustrations et de calvaire, il est probable que ce pays continuera de végéter lorsqu’après le décompte des voix, les officiels proclameront Paul Biya vainqueur du scrutin présidentiel du 9 octobre.

Evarist Mohbeu
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Election présidentielle 2011 au Cameroun: Boycottez ceux qui vous ont injustement boycottés

Par Evarist Mohbeu

Le débat sur l’élection présidentielle au Cameroun se focalise presque exclusivement sur la position des forces de l’opposition responsables oscillant entre le boycott de principe et la participation d’opportunité. Pour le RDPC parti au pouvoir, l’heure de la comédie a sonné et que son acteur sera une fois de plus plébiscité par des spectateurs acquis à sa cause. Il est vrai que personne ne se fait plus d’illusions quant à leurs intentions électorales : compter les voix discordantes pour mieux les étouffer.

Paul Biya a préparé depuis des années ses plans, comme il en a l’habitude… Son travail consiste uniquement à maintenir le statu quo, à cultiver l’immobilisme et à persuader ses administrés de ne pas changer « le changement »…Les candidats de l’opposition en lice, adeptes d’une participation, qui peut se justifier au nom d’un agenda partisan et d’un pragmatisme qui rime malheureusement avec usurpation, comptent mettre à leur profit l’oubli de leurs engagements (conditions préalables à leur participation à l’élection présidentielle. Nous ne servirons pas de lièvre électoral.) pour envoyer un ou des candidats et tenir compagnie à une dictature qui a la phobie de l’isolement, dans un monde qui récuse les solitaires

Ces candidats ne doivent pas ignorer que la dictature a créé les conditions de sa propre réélection, scellé l’arithmétique de sa victoire, rédigé le scénario de l’humiliation publique de ses adversaires….Les prisonniers politiques, les exilés qui se comptent par milliers, les victimes des châtiments collectifs, les activistes en bute à une répression au quotidien, les privés de droits civiques pour délit d’opinion, les rejetés de la Constitution et de la loi électorale, les martyres de la dictature, les déçus du système… Toutes ces catégories de personnes sont délibérément éliminées des élections et par conséquent condamnées au boycott. La dictature a fait le vide autour d’elle, elle a surtout soigneusement balisé le terrain électoral. Dans ce terrain miné, seul le régime est en mesure de tirer avantage. Ceux qui rêvent de lui emboîter le pas, et tirer parti des conditions asociales qu’il a créées par lui-même, ne sont en réalité qu’une partie de lui, une réplique de l’originale. Le système est ainsi fait : les corps étrangers sont systématiquement rejetés.

Quant aux différentes catégories de victimes de la dictature (celles qui souffrent de diverses formes d’arbitraire, elles sont boycottées de fait par les différents rouages de la dictature. En refusant conformité et allégeance, elles se sont mises en dehors du système, étant de fait dans une situation de boycott passif, elles doivent s’atteler à transformer leur passivité en un comportement politique volontariste qui rompt avec le fatalisme et s’ingénie à mettre la dictature dans son propre piège : l’isolement, afin que la magie se retourne enfin contre le magicien

A quelques jours de l’élection présidentielle, il est trop tard pour participer. Car il faut du temps pour se faire accepter par la dictature et réussir le test d’affiliation. Dramaturge d’une pièce où tous les acteurs ont été minutieusement choisis, la dictature ne bouleversera pas ses plans à la dernière minute. Elle a l’obsession du détail, la hantise de l’impondérable.

Candidats à l’élection présidentielle du 9 octobre prochain, il est encore temps de refuser ce nouvel affront. Il n’est jamais trop tard de s’affranchir de la servitude, il n’est jamais trop tard de rompre avec l’atermoiement, il n’est jamais trop tard d’être un héros national.

Camerounais, diaspora camerounaise, vous qui êtes boycottés par le régime néocolonial en place au Cameroun, par ses acolytes, ses lois, ses institutions, ses médias, ses journaux…Boycottez ceux qui vous ont injustement boycottés !

Depuis quelques jours, grâce au courage et l’abnégation d’hommes et de femmes de valeur, les Camerounais ont pu constater que la peur avait commencé à changer de camp. Aujourd’hui, et à l’occasion de cette élection, il faut espérer que, grâce à la dignité et au sursaut de Camerounais et de Camerounaises de plus en plus nombreux, l’isolement changera aussi de camp.

Evarist Mohbeu
Journalducameroun.com)/n

«Les Camerounais sont-ils condamnés aux élections truquées?»

Par Evarist Mohbeu

Appelés aux urnes le 9 octobre prochain pour l’élection présidentielle, les Camerounais de l’intérieur et de l’extérieur subiront dans l’indifférence générale, une autre forme de mascarade électorale de plus. Cette année, la diaspora pour la première fois doit également voter…. Une diaspora sélective vue au prisme des inscriptions sélectives sur les listes électorales. Cette diaspora aura t-elle une influence sur l’élection présidentielle au Cameroun ? Rien n’est moins sur car les inscriptions n’ont pas respecté les canaux traditionnels. Exclusion par ci, favoritisme par là. Des ambassades du Cameroun à la solde du parti au pouvoir dans les manigances etc. Au Sénégal 592 électeurs ont été inscrits à Dakar, aux Etats Unis d’Amérique, l’Ambassadeur annonce 1600 inscriptions sur les listes électorales. En Belgique, France, Russie, Allemagne, Afrique du Sud etc. c’est le silence total

Aucune liste des commissions mises sur pied par Elecam lors de leurs tournées n’est disponible. Tout est flou. Ce qui nous donnent l’impression de penser que la fraude entretenue par le RDPC, parti au pouvoir au Cameroun est en marche.

Au Canada, d’après Michael Fogaing qui dirige l’association Diaspora pour la modernité, il est évident qu’Elecam n’a ni la volonté ni les capacités pour organiser une élection libre et équitable. Comme les autres mouvements camerounais de la diaspora, Michael Fogaing dénonce le fait que l’ambassade soit un démembrement de fait d’Elecam.

À Ottawa, la Commission électorale constituée est composée de quatre membres dont un certain Nkob René Sadi, dont le patronyme fait penser à l’autre. Cette commission est chargée des inscriptions qui ont débuté vendredi 27 août. La quasi-totalité des organisations de la diaspora prône le boycott de cette élection. Ces organisations se sont d’ailleurs unies pour la circonstance ; elles se disent déterminées à empêcher que «Paul Biya exporte la fraude dans les pays de vieille tradition démocratique».

A Bruxelles, les commissions ont été constituées en catimini et au sein desquelles ne se retrouvent que les membres du RDPC et du SDF, pourtant, supposées être neutre.

En France, Grande Bretagne, Russie, Afrique du Sud, en Allemagne, c’est le même scénario

Paul Biya veut certainement mieux porter le boubou de la fraude pour se maintenir au pouvoir. Dans un ordre immuable, les élections au Cameroun continuent d’être des farces électorales

Après 30 années sous la coupe du parti unique, les 19 années que le Cameroun a passée sous le régime de la fraude électorale ont certainement été les pires à tout point de vue : elles ont vu exploser la corruption et le pillage des ressources du pays, régresser le développement humain, plonger la majorité des Camerounais dans la misère et le désespoir, dans une absence totale de perspectives d’avenir pour des générations de jeunes. Certains semblent s’en inquiéter à juste titre, mais un peu tard, d’autres continuent à soutenir l’insoutenable, sans craindre de nier toute responsabilité dans une situation désastreuse.

En modifiant d’ailleurs la constitution du Cameroun en 2008, Paul Biya, le Néron camerounais savait bel et bien qu’il devait revenir cette année. Mais, il devra comprendre que la soif du changement est un besoin fondamental chez les peuples et, il y aura toujours, même dans le pays le plus avancé du monde, des mécontents qui peuvent prendre les armes pour renverser le régime aux affaires.

Biya devra comprendre également qu’il n’y a plus de place pour les présidents qui restent au pouvoir des décennies. Même les hommes les plus populaires comme Nelson Mandela ou le Brésilien Lula Da Silva ne seraient plus aussi admirés s’ils s’étaient accrochés au pouvoir.

En organisant systématiquement des élections truquées, Paul Biya devient une menace grave à la paix et à la stabilité du Cameroun et de la sous région.

Le code électoral en vigueur au Cameroun ne permet pas l’organisation d’un scrutin transparent. Des fraudes massives aux élections antérieures ont fini par convaincre une frange importante des électeurs que leurs voix ne peuvent pas être entendues à travers les urnes.

Biya devra relire l’histoire contemporaine pour comprendre qu’on ne peut plus se permettre de faire tirer sur les populations, réprimer les manifestations publiques, dicter la loi à la justice, tripoter la constitution à sa guise. Ce temps là est fini.

L’on espère qu’en 2011, l’on n’assistera pas à ce que nous avons vécu en Côte d’Ivoire et que l’homme lion au cas où……il défierait les camerounais, ne sera pas filmé au forceps comme un vulgaire objet de curiosité sorti d’un bunker.

Evarist Mohbeu
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