France: Protestation contre le meurtre conjugal d’une camerounaise

Le décès de la camerounaise Marie-Alice Ngono, tuée par son mari anime les débats à quelques semaines de la proposition d’une loi contre les violences dans les couples

Marche silencieuse en la mémoire de Marie Alice Ngono
Ce vendredi 28 mai 2010 à 18 heures locales sur la place de la mairie à Ouveillan, localité dans laquelle a eu lieu le drame, une marche silencieuse sera organisée pour protester contre le meurtre de Marie Alice Ngono. Une camerounaise de 32 ans tuée par son mari français, suite à une dispute au sujet de la garde de leur enfant. La marche est organisée par des organisations de défense des droits de l’homme. Le collectif ne mettra en avant ni drapeau, ni badge pour le respect de Marie-Alice et de sa famille. Pour que la liste s’arrête là, les femmes victimes de violences comptent sur nous (…) Nul ne peut ignorer que ce drame intervient dans un contexte global de déni du droit des étrangers, peut-on lire dans le communiqué invitant à la marche de protestation. On apprendra aussi qu’en l’espace de quelques jours d’intervalle, Marie-Alice Ngono Marty a été la troisième camerounaise officiellement tuée par son conjoint en France. Assez souvent, l’aventure tant désirée par des jeunes camerounaises avec des blancs vire assez vite au drame comme pour beaucoup d’étrangères dans le même cas. Ces femmes se retrouvent souvent dans une situation de dépendance totale vis-à-vis de leur mari violent. Lequel exerce du chantage au niveau des papiers, des ressources et du logement.

Un meurtre qui va renforcer le débat parlementaire
La marche de vendredi pourrait selon des sources concordantes connaître la participation de Roland Courteau, le sénateur de l’Aude (une région française), mais aussi une des membres de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Le sénateur avait été l’initiateur d’une loi en France renforçant la prévention, la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs. La « loi Courteau » prévoit l’aggravation des peines, la prévention et la lutte contre les violences physiques. Un dispositif qui manifestement n’a pas été suffisant pour Marie-Alice Ngono. Selon les témoignages des amis, la jeune camerounaise s’était plainte plusieurs fois des violences subies de la part de son mari. A chaque fois l’administration policière lui demandait d’apporter des preuves, voilà maintenant une belle preuve a affirmé une de ses amies. Le meurtre de la Camerounaise est survenu alors que le sénateur Courteau a déposé une nouvelle proposition de loi relative à la lutte contre les violences au sein du couple, une loi qui sera examinée le 22 juin prochain par le parlement français et qui complétera la précédente loi, en incriminant les violences psychologiques et en procédant à l’extension de la compétence du juge aux affaires familiales, aux situations de concubinage ou autre forme de vie en commun. Il s’agit de mieux assurer ainsi la protection de la victime de violences physiques, psychologiques ou sexuelles ainsi que de ses enfants affirme le sénateur. Toute chose qui n’aidera plus Marie-Alice Ngono, mais qui évitera peut être que d’autres femmes tombent dans le piège de la violence.

Roland Courteau, le sénateur de l’Aude

Silence absolu des autorités camerounaises
Lundi 17 mai dans la matinée, un homme téléphone aux gendarmes pour dire qu’il vient de tuer sa femme. En se rendant sur les lieux, une maison divisée en cinq appartements à Ouveillan, un village situé à 15 km de Narbonne dans l’Aude, une localité au Sud de la France, les militaires ont découvert le corps sans vie de la victime. Marie-Alice Ngono-Marty avait 32 ans. Elle était en instance de divorce avec Michel Marty, un Biterrois de 39 ans. Leur fils de 16 mois dormait dans sa chambre. Les deux autres enfants de la victime, un garçon de 5 ans et une fille de 12 ans, nés d’une précédente union, étaient, l’un, à l’école du village et l’autre, au collège à Narbonne. La gendarmerie a immédiatement qualifié le fait de drame de séparation. L’on affecte ce qui était un meurtre de sang-froid à un crime passionnel. La gendarmerie a été aidée dans ce sens par la presse locale. Le couple était en instance de divorce, apprend-t-on. Les résultats de l’autopsie du corps de la victime prescrit par les juridictions n’ont pas encore été rendus publics. Difficile aussi de savoir si une plainte a été formellement déposée contre Monsieur Marty le meurtrier. Côté autorités camerounaises, c’est l’ignorance totale. Les autorités tant centrales que consulaires ne se sont pas prononcées sur cette affaire.

Les amis de la victime dans le village d’Ouveillan