Union des populations du Cameroun : les dissensions persistent, malgré le congrès

En dépit des dissensions qui persistent, la rencontre du week-end a porté François Zagning à la tête du Bureau du Comité directeur, pendant que Pierre Bateguel Nkot reste secrétaire général du parti.

L’Union des populations du Cameroun (UPC) a posé les bases de sa refondation avec la tenue du 8ème congrès ordinaire du parti. L’évènement a ressemblé au Palais des congrès de Yaoundé, près de  600 délégués venus des dix régions du pays. Lancés samedi 11 septembre vers midi, les travaux se sont poursuivis toute la nuit, pour ne s’achever que dimanche matin. L’information est de Cameroon tribune.

Finalement, les congressistes ont choisi leurs nouveaux dirigeants. François Zogning remplace Habiba Issa à la tête du bureau du Comité directeur et Pierre Baleguel Nkot va conduire le secrétariat général. Le congrès a également consacré des modifications dans l’organisation et le fonctionnement du parti. Ce dernier compte ainsi « structure administrative, une structure opérationnelle (constituée de dix coordonnateurs régionaux chargés du développement du parti dans leurs régions) et une structure thématique, dédiée à la décentralisation », explique le secrétaire général.

Les textes ont été aussi légèrement touchés pour assurer une meilleure coordination des activités. D’après Pierre Baleguel Nkot, « le premier amendement porte sur le nombre de membres du bureau du comité directeur qui passe de 11 à 38. Le deuxième est relatif à la précision des missions de chaque dirigeant. On a souvent eu un problème de bicéphalisme entre les secrétaires généraux et les présidents ».

Le congrès de l’UPC a connu la présence de Christophe Mien Zok, mandaté par le secrétaire général du  Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, comme observateur. Présence remarquée également du sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé II Mamadi Mahamat. Lequel a signifié une fin de non-recevoir le 10 septembre à Robert Bapooh Lipot, qui avait introduit un recours gracieux préalable en annulation de l’autorisation de la tenue de cet évènement.

Jusqu’à la dernière minute en effet, une partie des cadres du parti, parmi lesquels Habiba Issa, est intervenue pour que le Congrès n’ait pas lieu. Sans succès. Les nouveaux dirigeants de l’UPC se disent néanmoins conscients que des divisions persistent en interne et qu’il faut y remédier. Seulement, « on ne peut pas empêcher un si vieux parti qui a beaucoup de courants, d’avoir des désaccords. Mais nous disons que ces courants doivent servir le parti et non des individus », dixit François Zogning.

Cameroun: vers une révocation du secrétaire général de l’Upc

Il est reproché à Pierre Baleguel d’avoir annoncé que le parti historique soutiendrait la candidature de Paul Biya à la future élection présidentielle. Il est par ailleurs accusé de détournement de fonds.

Le secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun (Upc), Pierre Baleguel Nkot, pourrait répondre prochainement de quelques initiatives qu’il a prises au nom de ce parti politique. Notamment, celle d’avoir déclaré, par voie de presse, le soutien de sa formation politique au candidat du parti au pouvoir. Ce, sans l’aval de son comité directeur.

Invité sur la Crtv le 10 juin dernier, Pierre Baleguel s’était dit ouvert à toute participation à un « gouvernement d’union nationale » sous la direction du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

La question a été abordée au cours d’une réunion du Comité directeur tenue le 15 juillet à Douala. Il y a été décidé que l’Upc participera à la présidentielle du 7 octobre sous ses propres couleurs. Issa Habiba a été désignée pour représenter le parti historique à ce scrutin.

« L’Upc est un parti dont le fonctionnement est régi par la collégialité. Le secrétaire général n’est que le chef de l’exécutif. Il exécute les décisions prises par un autre organe qu’est le comité directeur. Le comité directeur a donné l’ordre d’aller aux élection avec notre propre candidat« , explique Bernard Ouandji, ancien président de l’Upc.

Selon lui, les déclarations de Pierre Baleguel relèvent de ses convictions personnelles. Il aurait pu les exprimer en toute liberté sans que cela ne gène s’il n’eût pas été un haut cadre du parti, et donc susceptible d’engager l’image de l’Upc, soutient l’ancien président du président Victor Onana.

Pierre Baleguel est par ailleurs comptable devant l’Upc de sa gestion des fonds du parti. Celui-ci aurait décaissé, sans autorisation de sa présidente Issa Habiba, des fonds d’un montant de 50 millions de Francs Cfa. Il aurait également gardé pour lui 36 millions de Francs Cfa que l’Upc aurait reçu du gouvernement en lien avec l’élection sénatoriale de mars dernier ; à laquelle il a fait participer l’Upc sans tenir compte des réticences du Comité directeur.

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Pierre Baleguel se défend de n’avoir pas distrait l’argent du parti. Il l’aurait utilisé pour payer des dettes contractées pour une participation de l’Upc à l’élection sénatoriale. Selon Pierre Baleguel, l’Upc ne possédait pas de sous dans ses caisses à la période électorale citée. Il aurait donc usé de ses fonds propres (près de 12 millions de Francs Cfa) ainsi que des contributions d’autres membres du parti pour répondre aux besoins de financements. Avec l’argent qui lui aujourd’hui demandé, il aurait juste rembourser les différents donateurs.

L’Upc envisage de révoquer son secrétaire général aussitôt que la présidentielle sera passée. Pour l’instant, le parti s’organise pour accompagner sa candidate Issa Habiba à l’élection du chef de l’Etat.