La Force multinationale contre Boko Haram passe de 7500 à 8700 hommes

Le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, ainsi que le Bénin se sont prononcés lors d’une réunion d’experts de trois jours tenue à Yaoundé

Le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, tous pays membres de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT), ainsi que le Bénin se sont prononcés lors d’une réunion d’experts de trois jours clôturée samedi à Yaoundé pour une force multinationale de 8.700 hommes pour lutter contre la secte islamiste nigériane Boko Haram, au lieu de la projection de 7.500 troupes annoncée par l’Union africaine (UA) en sommet fin janvier à Addis-Abeba.

« Les représentants du Bénin, du Cameroun, du Niger, du Nigeria et du Tchad ont fait des annonces de contributions qui ont totalisé 8.700 personnels militaires, de police et civils », souligne le communiqué final publié samedi à l’issue de ces assises placées sous l’égide de l’UA.

« Rappelant la nature intégrée et multidimensionnelle de la force, ils ont convenu que ces contributions représentent les différents corps des armées et spécialistes civils nécessaires pour mettre en oeuvre efficacement le mandat de la force », poursuit le texte.

Cette proposition se résume par une annonce de 3.250 troupes faite par le Nigeria, soit le plus gros contributeur suivi du Tchad pour 3.000 hommes, du Cameroun pour 950, puis du Niger et du Bénin pour 750 chacun, d’après des informations recueillies par Xinhua auprès d’une source proche du dossier.

L’opérationnalisation de la force multinationale mixte de la CBLT est un projet élaboré par cette organisation sous-régionale pour lutter contre Boko Haram et soumis à l’appréciation pour endossement des chefs de l’Etat et de gouvernement de l’Union africaine réunis en sommet les 30 et 31 janvier à Addis-Abeba en Ethiopie. Son concept initial, fondé sur la réactivation en 2014 d’une vieille initiative restée longtemps en veilleuse de déploiement d’ une brigade mixte pour la sécurisation du lac Tchad par les principaux pays de la région, suggérait un effectif de 7.500 hommes à déployer dans les zones affectées par les actions de Boko Haram sous mandat des Nations Unies pour une période de deux ans renouvelables. Le déploiement de la brigade mixte sous-régionale a été paralysé par les réticences manifestées par certains pays dans l’ application du droit de poursuite à accorder à l’armée d’un autre pays pour la traque des combattants de cette organisation terroriste sur leurs territoires.

« La force existe. Il y a un embryon qui existe. Les Etats ont chacun à peu près un effectif de 700 hommes cantonnés à l’intérieur de leurs territoires. Actuellement, il est question de donner à la force un mandat plus robuste », a expliqué le capitaine de vaisseau camerounais Emmanuel Miss, président du bureau de la réunion des experts militaires et juridiques de Yaoundé. C’est une composition décidée lors d’une précédente réunion tenue en juin 2014 à Yaoundé. A cause des lenteurs dans l’ application de cette décision, le Tchad, qui mobilise à l’heure actuelle 5.000 soldats au Cameroun et au Nigeria pour lutter contre la secte islamiste nigériane, a retiré en novembre son contingent de 700 hommes. Pour cette raison, la proposition d’augmentation de 7.500 à 8. 700 hommes de la future force sous-régionale a été accueillie avec peu d’enthousiasme par un expert militaire tchadien, sceptique pour la mobilisation des troupes.

« Chaque pays paie ses militaires. C’est une guerre commune. Maintenant, ce dont on a besoin, c’est le soutien international », a-t-il cependant souligné à Xinhua.

Pour le colonel nigérien Sofiana Mounkaïla, « pour le moment, c’ est des contributions. 7.500, c’est un nombre indicatif. Je trouve que c’est limite. Compte tenu du contexte, si les pays peuvent donner plus, ce n’est qu’un avantage. Le Niger s’est engagé à fournir jusqu’à 750 hommes. Nous avons d’autres problèmes internes, liés à la situation au Mali et en Libye ».

« Les attentes du Niger, c’est que nous puissions nous mettre d’accord par rapport aux objectifs fixés, c’est-à-dire sortir un concept d’opération qui peut permettre à nos partenaires de nous aider. La situation est en train de s’aggraver au jour le jour. Il faut que les troupes soient effectivement déployées dans la zone d’ intervention », a-t-il poursuivi.

D’après les conclusions d’une réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la CBLT tenue le 20 janvier à Niamey (Niger) reprises par les experts réunis à Yaoundé, la capitale tchadienne N’Djamena a été choisie pour abriter le quartier général de la force multinationale mixte. Ces experts, informe en outre le communiqué final, « ont proposé l’établissement d’un commandement central militaire et d’un mécanisme conjoint de coordination sous l’autorité desquels opéreront les troupes contribuées par les Etats membres de la CBLT et du Bénin ».

« Ils ont défini, poursuit le texte, les zones d’opération de la force sur la base des principales zones d’activités actuelles de Boko Haram, tout en laissant la latitude au commandant de la force de demander un élargissement de ces zones, le cas échéant, auprès des autorités compétentes de la CBLT. »

Aucun détail sur le projet budget de fonctionnement de la force et ses délais de déploiement n’a toutefois a été communiqué à la presse.

« Le document reste un projet, qui demande à être validé. Donc, nous ne pouvons pas dévoiler son contenu exact. Toutes ces questions de soutien international et de contributions ont été abordées », a affirmé le colonel Miss.

En même temps, le communiqué final mentionne qu’un « groupe restreint » a été désigné pour définir « dans les jours qui suivent, ces détails » et élaborer « un budget initial de la force avant de transmettre le concept d’opérations de la force au CPS (Conseil de paix et de sécurité de l’UA, NDLR) pour approbation et transmission au Conseil de sécurité des Nations Unies ». Concernant surtout le projet de budget, « personne ne peut vous donner ça ici. Nous sommes dans la phase de la génération de la force », a pour sa part laissé entendre le colonel tchadien interviewé.

Pour anticiper sur la durée du processus qui laisse d’ores et déjà percevoir de longs mois de procédure, la conclusion d’accords bilatéraux pour cette lutte contre Boko Haram, à l’instar de ceux actuellement appliqués entre le Tchad et le Cameroun d’une part, puis ce même pays et le Nigeria d’autre part, est considérée comme une solution encourageante.


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