Cameroun : 162 Mbororos tués dans la Crise anglophone depuis 2017

C’est ce qu’ont révélé les membres de cette communauté aux enquêteurs d’Amnesty international. L’ONG a publié sur son site internet le 28 juillet 2021,  un rapport qui ressort le calvaire de ce peuple issus des régions septentrionales, et vivant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en crise.

Amnesty international relève que les attaques dans la partie anglophone du pays ciblent tout particulièrement les communautés Mbororos, qui font partie du groupe ethnique des Fulanis, dont quelques-uns des membres forment des comités de vigilance. Ces Fulanis qui assistent les forcés de défense et de sécurité dans la surveillance notamment, ont provoqué la haine des groupes armés sécessionnistes.

Les chiffres non officiels que des groupes Mbororos ont envoyés à Amnesty International, indiquent que depuis 2017 dans les sept départements de la région du Nord-Ouest :

  • 162 Mbororos ont été tués
  • Environ 300 habitations ont été incendiées
  • 2 500 têtes de bétail ont été tuées ou capturées
  • 102 personnes ont été enlevées, donnant lieu au versement de presque 270 000 euros de rançon

Un chef traditionnel Mbororo dans l’arrondissement de Nwa a rapporté à Amnesty International que : « les séparatistes armés sont venus m’attaquer à six reprises. Ils ont détruit mon campement, incendié les maisons de mon frère. Sept personnes ont été tuées dans mon campement. Ils les ont regroupées dans une maison, ont tout fermé et ont mis le feu. »

Amnesty international fait savoir que les appels à la haine se sont multipliés après le massacre de Ngarbuh en février 2020. Si bien que le 19 février 2020, une chaîne de télévision sur Internet appartenant à un groupe séparatiste anglophone a relayé l’appel d’un intervenant, qui a déclaré : « Ces gens [les Mbororos] sont des immigrants et il semble que leur temps soit révolu […] Plus tôt ils partiront, mieux ce sera […] Ou ils paieront le prix comme tout autre citoyen de La République qui habite le Cameroun méridional […] Tous autant qu’ils sont, s’ils ne veulent pas partir, ils mourront. »

L’ONG regrette cependant l’implication des comités de vigilance Fulanis dans de nombreux raids meurtriers. Citant par exemple un habitant du village  Koshin, aujourd’hui déplacé, outré contre ces Comités de vigilance qu’il accuse d’avoir attaqué son village à trois reprises, en février 2019, février 2020 et juin 2020.

« Les Fulanis sont venus deux fois. En février 2019, ils ont tué quatre personnes et en février 2020, ils ont tué deux personnes et incendié un grand nombre d’habitations. Puis, en juin 2020, ce sont les forces de sécurité de l’État qui sont venues, à la recherche de groupes armés non-étatiques, et elles ont détruit le village. Elles ont tué un civil et incendié des centaines de maisons. Environ 3 000 personnes ont dû se réfugier dans la brousse. Elles ont besoin de nourriture, d’un abri, de services de santé, d’éducation et d’eau », dénonce-t-il.

Dans ce rapport contenant des témoignages des victimes de la guerre et des rendus d’images satellitaires,  Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International suggère aux autorités camerounaises « d’assumer leur responsabilité et protéger toute la population sans discrimination. Elles doivent donner le feu vert à la mission d’établissement des faits que la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples appelle de ses vœux depuis près de trois ans ».

Crise anglophone : une nouvelle condamnation au Tribunal militaire de Yaoundé

Le dénommé Ngwang Ngaling Joseph a écopé vendredi d’une peine de onze ans de prison et d’une amande de 240 000 F pour des faits de sécessionnisme et de terrorisme

Le Tribunal militaire de Yaoundé a prononcé vendredi sa sentence dans l’affaire opposant l’Etat du Cameroun à Ngwang galing Joseph. Elle condamne ce dernier à onze années de prison ferme et au paiement d’une amande de 246 685 Francs CFA payable en six mois sur les motifs de sécession, hostilité contre la patrie, apologie du terrorisme et défaut de la carte nationale d’identité.

Les poursuites contre Ngawagaling Joseph, la soixantaine passée, se sont ouvertes le… Il avait été arrêté à Bamenda au plus fort de la crise en décembre 2016. Il avait emprunté un taxi avec un gendarme avec lequel ils avaient échangé au sujet des évènements  relatif aux tensions alors palpables dans la capitale du Nord-Ouest. C’est à la suite de leur conversation que le gendarme l’a arrêté et conduit à la Brigade.

Une fouille du sac de Ngwagaling Joseph a permis de mettre la main sur un lot de tract dédié à la propagande des sécessionnistes, avait expliqué le ministère public. au long de la  procédure. Le concerné a toujours contesté ces faits.

D’autres procédures engagées devant la même juridiction dans le cadre de la crise anglophone devraient bientôt connaitre leur aboutissement. C’est le cas du procès de l’animateur radio Mancho Bibixy et d’une dizaines de jeunes manifestants anglophones.

Crise anglophone : trois condamnations prononcées au Tribunal militaire de Yaoundé

Penn Terence a écopé mardi de 12 ans de prison, en même temps que les nommés Che Benjamin et Ambeizi Andrew, condamnés à 11 ans de détention.

Le Tribunal militaire de Yaoundé a statué sur la situation de trois ressortissants de régions anglophones arrêtés en janvier 2017. Mardi, la Cour a condamné l’enseignant Penn Terence Khan à douze ans de prison fermes et au paiement d’une amende de 5 millions de francs CFA pour complicité de sécession, financement des actes de terrorisme, hostilité contre la patrie, et incitation à la rébellion.

Les problèmes de Penn Terrence commencent le 16 janvier dernier, lorsque dix gendarmes armés l’interpellent. Il est 2h du matin et le concerné se trouve à bord de son véhicule. Il rentre chez lui après une journée de travail au CCast de Bambili où il est censeur. Il est accusé sur le champ d’avoir pris des photos de la Brigade de gendarmerie.

La scène se passe près d’un mois après les événements tumultueux de décembre 2016 à Bamenda, lesquels ont conduit à l’arrestation de plusieurs contestataires anglophones, en pleine journée ville morte.

Penn Terrence est conduit à Yaoundé. Il intègre la prison du Secrétariat d’Etat à la défense dans la nuit du 17 janvier. Il y est détenu une dizaine de jours, le temps que des enquêtes soient menées. Le 27 janvier, il comparaît au tribunal militaire de Yaoundé pour les chefs sus-évoqués.

Il est précisément accusé d’avoir encouragé la grève des enseignants. Penn Terence aurait souhaité faire partir des bénéficiaires de l’arrêt des poursuites ordonné par le président de la République le 31 août dernier. Ce jour-là dans la salle d’audience, il est particulièrement  excité. Sa joie déborde, ce qui ne rendra sa déception que plus grande. En fin de journée ce 31 août-là, lorsque la juge Abega achève de lire les noms des personnes à libérer, Penn Terrence ne peut guère cacher sa tristesse.

Mardi dernier, la Cour a également prononcé la condamnation de onze ans de prison pour Che Benjamin et Ambeizi Andrew.