Serges Noah: «Mettre en relation directe demandeurs d’emploi et recruteurs»

Responsable pour le marketing du site de la bourse de l’emploi, il présente le concept sous le prisme de ses avantages et son innovation

Présentez nous la bourse de l’emploi et son instrument le site internet www.camerounemploi.cm
La bourse de l’emploi est en réalité le site (www.camerounemploi.cm) internet lui-même. Il vise à rapprocher la demande et l’offre d’emploi, et ceci de façon virtuelle. Ce projet n’exclut pas les autres qui ont déjà été développés avec d’autres partenaires du Ministère de l’Emploi notamment le fonds national de l’emploi(FNE). Mais ce projet a une spécificité, c’est sa capacité à mettre directement en relation l’offre et la demande d’emploi. Les candidats à l’emploi peuvent déposer leur CV sur la plateforme, et dans le même temps, les recruteurs peuvent consulter directement sur le même site les différents profils et en sélectionner ceux qui semblent les plus pertinents, sans avoir besoin de passer par un intermédiaire. Nous avons voulu apporter notre contribution au problème du chômage au Cameroun. Il existe des structures, c’est vrai. Mais aucune n’est une interface directe. Généralement il y a toujours des intermédiaires, et ce n’est pas toujours évident du point de vue objectivité ou encore transparence.

Comment est ce que cela fonctionne pour les autres utilisateurs ?
La configuration du site internet présente deux grandes rubriques, pour ce qui est de l’emploi. Il y a une rubrique « espace recruteurs » et une autre pour les chercheurs d’emploi. Pour un recruteur par exemple, il existe une possibilité de consulter les CV des candidats par rubrique. Cela peut être la région, l’âge, le niveau de formation ou la branche d’activité. Je relève ici que cette possibilité permet aux recruteurs d’avoir une plus grande marge de man uvre dans leur processus de recrutement. Pour les candidats à l’emploi, ils ont eux aussi la possibilité de chercher l’emploi en fonction des mêmes critères. Donc pour me résumer, chaque visiteur du site pourra aller dans l’espace qui répond le plus à ses attentes et il y trouvera l’ensemble des fonctionnalités que je viens de décrire.

Le site semble jouer sur l’interactivité, mais en réalité c’est un concept qui nécessite la participation de tout le monde. Quelle est la stratégie qui consistera à intéresser les entreprises?
Il y a justement une stratégie de marketing et de communication qui est élaborée et qui devrait s’améliorer tout le temps. Pour ce qui est du moment, il s’agissait au carrefour de métiers, de faire connaitre le site aux chercheurs d’emploi. Par la suite nous essayerons de présenter mieux le concept aux entreprises. Nous avons déjà fait une expérience à Douala la capitale économique, notamment au groupement patronal (GICAM). Le but de cette stratégie sera effectivement de les emmener à jouer le jeu, à se rendre compte qu’elles peuvent désormais compter sur un nouvel utilitaire, dans leur recherche de compétences.

Avant de lancer un concept comme celui-ci, il y a des études préalables où des entreprises sont consultées pour donner leur avis, comment est-ce qu’elles ont accueilli le projet ?
Elles ont accueilli le projet de manière favorable. Je précise que la plateforme est l’ uvre de la coopération entre le GIPEC (Groupe international de promotion économique et commerciale) et le ministère de l’emploi et de la formation professionnelle. Donc sous le couvert du ministère nous avons rencontré un certains nombre d’entreprises qui sont prêtes à accepter le jeu de la transparence dans le recrutement. Nous voulons leur permettre d’avoir un support fiable qui leur permettra de jouer pleinement et efficacement ce jeu de la transparence, certaines entreprises l’ont compris, pour le reste nous y travaillerons. Maintenant vous parliez des études, déjà pour les chercheurs d’emploi je dis que pas besoin d’études, ils sont trop nombreux. Maintenant pour les entreprises c’est vrai que la proportion est plus réduite. Mais nous élargissons leurs capacités à toucher des potentiels pas seulement là où elles sont installées, mais dans un espace encore plus grand.

Quelles sont les entreprises qui ont déjà accepté de jouer le jeu de la bourse de l’emploi?
Concernant les entreprises qui ont déjà accepté de jouer le jeu, nous avons, par exemple les brasseries du Cameroun, le groupe AES Sonel et certaines autres. La liste n’est bien sûr pas exhaustive. Nous sommes encore en pourparlers avec plusieurs autres entreprises de secteurs différents.

Les grosses entreprises généralement choisissent de gérer les questions de recrutement avec des cabinets. Que comptez-vous faire, travailler avec ces cabinets, ou alors avec les entreprises directement ?
L’objectif ici est en réalité de limiter l’intermédiation en mettant le chercheur d’emploi directement avec l’entreprise. Bien sûr on peut y voir une concurrence avec les cabinets de recrutement, mais il n’en est rien. Nous sommes une bourse et tous les acteurs sont invités. Pour ce qui des accords qui se scellent par la suite, nous n’avons le contrôle sur rien, ce sont les acteurs qui décident. Sauf que nous leur avons ouvert un espace encore plus grand d’accès aux cibles des uns et des autres.

Alors dans ce cas là lorsqu’une entreprise trouve un profil qui l’intéresse comment cela se passe, elle vous appelle vous les gestionnaires du projet?
Absolument pas, les données des candidats seront présentes sur le site. Donc l’entreprise qui veut recruter aura directement la possibilité d’appeler ou de faire appeler le candidat pour un éventuel entretien.

Votre plateforme arrive dans un univers où plusieurs sites d’offre d’emplois existent déjà, qu’elle est la valeur ajoutée que vous apportez?
La différence entre nos approches est fondamentale. Sur les autres sites, on a remarqué qu’elles sont souvent les vitrines des cabinets de recrutement. Donc du coup, il y a un tri qui se passe en back office. Chez nous, nous laissons la sagacité des uns et des autres. Cela donne plus de chances aux chercheurs d’emploi. Et pour les recruteurs ils auront la possibilité de redéfinir leur manière de rechercher des profils. Maintenant les cabinets peuvent évaluer par la suite, mais le recruteur aura lui-même choisi ses cibles et ceci est très important dans le management moderne. Et pour tout dire, nous ne sommes pas un cabinet de ressources humaines, donc de toutes les façons nous n’avons pas la compétence pour procéder à des sélections.

Serges Noah
Journalducameroun.com)/n

Emprunt obligataire du Cameroun: Des conséquences pour la Cemac?

Comment les chantiers qui seront impactés par l’emprunt obligataire peuvent influer l’environnement économique de la sous-région?

Solidement implanté en Afrique centrale, doté de près de la moitié de la population et produisant plus du 1/3 du PIB sous-régional, limitrophe avec l’ensemble des pays de la CÉMAC – Communauté des Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale -, désirant être émergent en 2035, le Cameroun annonce et lance depuis plusieurs mois une série de projets de grande envergure. Pensons notamment au Fer de Mbalam. Selon Idriss Linge du journalducameroun.com, «le projet du fer de Mbalam représente donc un coût global de plus de 1 700 milliards de Fcfa. Selon le gouvernement camerounais, il pourrait impacter pour près de 17% sur le produit intérieur brut.». Selon le Ministère de l’Économie camerounais (MINEPAT), dans sa Lettre économique du Cameroun d’août 2009, annonçait que Rio Tinto Alcan investira 2500 milliards au Cameroun à compter de 2011. En décembre dernier a eu lieu, en faveur de l’État camerounais, la période de souscription à un emprunt obligataire d’une valeur de 200 milliards de FCFA (Environ 4 milliards de dollars canadiens). Le Conseil de l’Émetteur est constitué par trois banques situées sur le sol camerounais à savoir : Afriland First Bank, CitiBank Cameroon et la Société Générale des Banques au Cameroun (SGBC).

Cet emprunt, d’après la note d’information relative à l’emprunt obligataire, servira à financer 13 projets structurants dont le Cameroun a une quote-part évaluée précisément à 206 milliards. Cette une opération, à priori, intéressante car elle va dans le sens de faire du Cameroun un pays émergent en 2035. En effet selon plusieurs experts, dont l’économiste TOUNA MAMA, Conseiller spécial du Premier Ministre du Cameroun, notamment dans son livre « L’Économie Camerounaise : Pour un nouveau départ » (Éditions Afrédit), pour se développer, il faut que le taux d’investissement variant entre 25 et 30%. Donc s’endetter pour investir dans les grands projets est une excellente initiative car ces derniers permettent de : booster la productivité, renforcer l’appareil de production et améliorer l’attractivité du pays.

Des conséquences pour la CÉMAC

Il va de soi que l’ensemble des projets présentés plus haut ont un impact plus ou moins directs sur l’environnement économique de la CÉMAC mais, nous nous attarderons spécifiquement sur le Port en eau profonde de Kribi ainsi que la construction de la fibre optique.

Port en eau profonde de Kribi
La construction du port nécessitera près de 300 milliards, s’étalera sur 26 000 ha (environ 43 fois la superficie du port de Douala, capitale économique du Cameroun) et génèrera plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs et indirects. D’après Éric Roland Kongou de Mutations, «le port de Kribi qui accueillera les navires de commerce d’une capacité de 100. 000 tonnes et d’un tirant d’eau de 16 mètres palliera le déficit du port de Douala jusqu’ici limité aux navires de 15. 000 tonnes et 7 mètres de tirant d’eau.». Dans un article sur jeuneafrique.com, paru en janvier 2010, Georges Dougueli mentionnait, en citant Nlend Banack, directeur du projet que : « Nous pourrons ainsi augmenter les flux de transports dans la sous-région à travers le corridor Kribi-Bangui [RCA]-Kisangani [RD Congo] »

Construction de 3 200 km de fibre optique
Ce projet coûtera près de 40 milliards de FCFA et la Chine le financera à hauteur de 85%. Là aussi, c’est un projet porteur qui à terme, permettra de contribuer à l’intégration de la sous-région Afrique centrale. Selon l’agence Xinhua : « le backbone national sera combiné avec le projet « Réseau de télécommunications haut débit à fibre optique de l’Afrique centrale » ou Central African Backbone (CAB), a expliqué Pierre Sonfack, coordonnateur de la composante nationale, lors du lancement officiel au Cameroun de ce projet concernant par ailleurs la Centrafrique et le Tchad. [.] »En ce qui concerne le projet CAB, il s’agit d’interconnecter les backbones des différents pays. Il faut également que ces pays- là mettent en place leurs backbones, c’est-à-dire leur infrastructure nationale à haut débit », a outre précisé M. Sonfack. [.]Prévu en deux phases, il consiste, d’une part, à l’interconnexion sur plus de 1.000 km du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad en s’appuyant sur la fibre optique posée le long du pipeline Tchad-Cameroun, et d’autre part, à l’extension du réseau aux trois autres pays (Congo, Gabon et Guinée équatoriale) de la CEMAC. ».

Différents projets qui bénéficieront de l’emprunt
Serge Tchaha (Source : Note d’information Emprunt Obligataire «ECMR 5,60% net 2010-2015»))/n

Communauté internationale: Après la Civilisation apportée lors de la colonisation, ils nous apportent désormais la légitimation à nos Présidents

Par Serge Tchaha

Depuis que ce monde est monde et que cette terre est terre, je ne connais pas au cours des derniers siècles, un peuple, aussi chanceux que le peuple qui remplit l’Afrique subsaharienne. Ils bénéficient de tellement d’amour de la part de la communauté internationale. Il est étonnant que les autres peuples n’aient pas encore fait la guerre pour bénéficier des mêmes attentions. Voilà des gens qui, c’est bien connu, ont été longuement et de tout temps d’ailleurs été choyés par la bienveillante communauté internationale. La dernière élection présidentielle en Côte d’Ivoire nous a encore donné l’occasion de mesurer toute la tendresse, la douceur, l’affection ô combien exceptionnelles que la communauté internationale portait à l’endroit des africains. Entendons-nous bien, l’objet de cette courte réflexion n’est pas de savoir si c’est ADO ou alors LG qui est le véritable vainqueur. Je veux vous inviter à réfléchir à l’amour éternel que nous porte la communauté internationale.

De la communauté internationale
De quoi s’agit-il ? Je préfère laisser le spécialiste des relations internationales, Hubert Védrine donner son avis sur cette expression. « Il n’y a pas encore de « communauté » internationale. C’est un terme sympathique mais prématuré. Le monde formera peut-être un jour une « communauté » mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il y a dans ce monde des forces, des divisions et des tensions multiples. » (Word Policy, 2008, hubertvedrine.net). Je le rejoins parfaitement pour signaler qu’il y a tellement d’intérêts contradictoires entre acteurs internationaux qu’il n’existe point de «communauté» internationale car nous ne partageons pas toujours une «communauté» d’intérêts. Puisque je conçois que nombre de personnes puissent penser le contraire, je voudrais soumettre ceci à leur pensée :
– Parle-t-on de la même communauté internationale qui a refusé de reconnaître le Hamas alors qu’il avait été démocratiquement élu par les Palestiniens ?
– Parle-t-on de la même communauté internationale qui a soutenu des dictateurs et renversé des présidents démocratiquement élus ?
– Parle-t-on de la communauté internationale qui semble ignorer qu’il y a des millions de morts qui ont été tués en RDC au cours des dernières années ?
– Parle-t-on de cette communauté internationale qui n’a dit mot ou en tout cas n’a pas fait grand-chose de fondamental lors des élections présidentielles contestées au Gabon ou au Togo ?
– Est-ce toujours cette communauté internationale, dont certains membres, ne parlent de Bien Mal Acquis, que plusieurs décennies plus tard ?
– Est-ce bien de cette communauté internationale, dont un des membres les plus éminents, d’après WikiLeaks espionne les dirigeants des Nations Unies dont Ban KI MOON, Secrétaire Général ?
Sont-ce donc, ces défenseurs de la morale, de l’éthique et définisseur de ce qui est bien qui tentent de : « recueillir les  » empreintes digitales, photographies faciales, ADN et scanners de l’iris  » ou encore les numéros de cartes de crédit, mots de passe internet et autres détails privés des dirigeants de l’organisation. » ?
« Une directive similaire signée en avril 2009 d’Hillary Clinton réclame également des détails sur des personnalités dans trois pays africains: République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi. La secrétaire d’Etat exige des données concernant des responsables d’avenir dans les domaines politique, militaire, commercial ou du renseignement. »(WikiLeaks, jeuneafrique.com, europe1.fr)

Quand la communauté internationale nous aide et nous aime

C’est bien connu, les colonisateurs ne sont arrivés en Afrique que pour nous faire du bien et civiliser les indigènes que nous étions. Faisant la constatation irréfutable, indémontable, implacable et irréversible selon laquelle nous n’avions ni culture, ni civilisation, ils nous ont généreusement donné et sans rien attendre – Que la Force de toutes les forces, comme l’appelait Senghor, soit loué et bénie à jamais – apporté religion, langue, bonnes manières et éducation. Au nom de cette attitude si bienveillante, je pense que les africains doivent continuer d’attendre, et même réclamer de cette «communauté» internationale une aide précieuse sans faille. Ils n’ont tellement rien d’autre à faire, ils n’ont tellement pas de souci à se faire, qu’ils peuvent bien s’occuper de nous et travailler pour nos intérêts. Contrairement à ce qu’avait affirmé Charles De Gaule, les États n’ont pas d’intérêts, ils n’ont que des amis. C’est bien connu dans le monde des relations internationales. Je défie Lapalisse de dire mieux!

Je rejoins donc sans réserve, l’esprit libéré, l’âme en paix, le c ur rempli d’amour, tous les africains qui ont applaudi, tellement fort que l’on a pensé qu’ils avaient quatre mains, quand la communauté internationale pour ne pas dire les occidentaux ont «adoubé» ADO, contre qui je n’ai rien en particulier. Tout au contraire, j’admire le parcours de l’homme, suis fier du rang de DGA qu’il a occupé au FMI et fus même séduit par sa façon d’envisager la politique économique de son pays. Une fois de plus, là n’est pas le débat, je pense que d’autres ont de meilleures réponses que moi.

À tous mes nouveaux amis, je veux dire, ceux qui célèbrent la reconnaissance par la «communauté» internationale, qui aurait ainsi «force de loi», je voudrais poser quelques questions :

.N’y a-t-il pas eu un empressement dans la reconnaissance de l’élection d’ADO ?
.N’y a-t-il pas une forme de néocolonialisme – encore que comme je l’ai démontré, la colonisation nous a tant apportée.- dans le mépris du Conseil Constitutionnel, instance suprême et habilitée à donner les résultats définitifs de l’élection présidentielle ? Le Président du Conseil Constitutionnel est un proche de Gbagbo ? Comme le rappelait l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, Son Excellence Monsieur Kipré, l’homologue français de YAO N’DRÉ est Monsieur DEBRÉ et ce dernier membre de l’UMP, parti présidentiel.
.N’aurait-il pas mieux valu adopter la position mesurée de Monsieur Henri Emmanuelli, ancien Président de l’Assemblée Nationale de France et député qui a déclaré : « Je le répète, le résultat n’est pas clair. Laurent Gbagbo est en tête dans la plupart des régions, sauf dans le Nord, où il est écrasé. Si les choses sont rétablies, le vote peut très bien être inversé. Donc, on attend. ». (Sud-Ouest.fr)
.Saviez-vous que plusieurs ambassadeurs africains dont ceux de l’Afrique du Sud – une démocratie africaine et première puissance économique du continent – et l’Angola – 3ème puissance économique de l’Afrique noire – ?
.La «communauté» internationale veillera-t-elle dans le futur proche, il y a de nombreuses élections en 2011 (Bénin, Cameroun, Nigéria.) à ce que la « vérité absolue » des urnes soit respectée sur tout le continent ? Sur toute la planète ?

Serge Tchaha
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« Le Nigéria: Futur pays-continent, quelles opportunités pour les pays de la Cemac? » par Serge TCHAHA

Quand on regarde le monde tel qu’il est, il apparait clairement qu’il y a des pays, permettez-moi l’expression, qui sont hors-normes. C’est sans doute pourquoi, ils sont appelés «pays-continent» ou pour certains «pays-monde». J’avoue ignorer s’il existe une définition scientifique universellement acceptée de ce mot-valise. Mais il est assez reconnu que les États-Unis d’Amérique avec plus de 300 millions d’habitants, 9 826 675 km2 et le quart de la richesse mondiale créée est un pays-continent. La Chine avec 1,3 milliard d’hommes et un territoire s’étendant 9 596 561 km2 fait également partie de cette catégorie. On pourrait aussi parler de l’Inde, de la Russie ou encore du Brésil, tant plusieurs de leurs statistiques peuvent sembler démesurées. Suite à des échanges avec un lecteur, j’ai décidé de faire ce papier car, à bien des égards, le Nigéria, dans les décennies à venir, pourrait être considéré comme un «pays-continent». Bien sûr que sur le plan économique, il n’aura la taille des pays précédemment cités mais l’observation de certaines tendances impose de se fasciner pour le pays des super eagles.

Le Nigéria, futur pays-continent?
Quelques faits :
.D’ici 30 à 40 ans, le Nigéria sera peuplé par près de 300 millions de personnes et sera encore le pays le plus populeux d’Afrique. Actuellement, il est le 8ème pays le plus peuplé au monde ;
.Sa superficie est de 923 768 km2, qui en fait la 32ème plus grande superficie au monde.
.Le pays actuellement dirigé par Goodluck Jonathan, est actuellement la deuxième économie de l’Afrique noire;
.Le Nigéria – si l’État et les plus puissants et influents industriels de l’industrie cinématographique sont visionnaires – aura l’occasion de s’imposer comme un phare culturel de l’Afrique, avec Nollywood. Rappelons que Nollywood est le pendant d’Hollywood aux États-Unis et de Bollywood en Inde. Selon un rapport publié fin 2009 par le Sénat français, le Nigéria aurait produit près de 10 000 films au cours des quinze dernières années. Nollywood en termes de nombre de films produits fait partie des trois premiers au monde, mais la qualité est de loin inférieure à celui des meilleurs standards internationaux. Selon Inaglobal.fr, « si l’on considère que moins d’un tiers de ce chiffre représente le coût de production des films (hors dépenses de duplication et de commercialisation), l’ensemble de la production annuelle du Nigeria dispose d’un budget inférieur à celui d’un seul film de Hollywood. Autrement dit, un film « nollywoodien » ne coûte pas plus que trois à quatre secondes d’un film américain. »
.Le Nigéria est candidat pour occuper un siège au Conseil permanent de sécurité de l’Organisation des Nations Unis (ONU).
.Le Nigéria ambitionne de créer à coups de plusieurs milliards de dollars la plus grande zone franche d’Afrique. Selon la télévision panafricaine AFRICA24, ces investissements seront 60% chinois et 40% nigérians. Cette zone permettra notamment à des entreprises chinoises de délocaliser au Nigéria. La réalisation de ce projet peut suggérer la place qu’entend prendre ce pays, qui a fêté ses 50 ans d’indépendance le 1er octobre, sur le plan industriel en Afrique. Ils ne doivent pas ignorer l’attractivité d’un marché composé par des centaines de millions de personnes.
.Toujours sur le plan économique, il convient de noter que le Nigéria est un des trois émergents africains en devenir qui est régulièrement cité dans le groupe que les spécialistes appellent les Next eleven ou Next thirteen. Selon le même rapport du Sénat français, « les gouvernements de M. Olusegun Obasanjo, premier Président de la IVe République, et de son successeur, M. Umaru Yar’Adua, ont tous mis en avant leur volonté réformatrice et ont multiplié, en conséquence, les programmes ambitieux de refonte de l’économie dans un sens néolibéral, avec l’objectif de faire du Nigeria une des vingt premières économies mondiales d’ici à 2050.»
Fort de ces constats, il est autorisé de penser que dans les décennies à venir, le Nigéria pourrait devenir (s’il ne l’est pas déjà d’ailleurs) en Afrique un géant politico-économico-culturel, et sur le plan global, ce que l’on pourrait appeler un «pays-continent».

Des possibles opportunités pour la CÉMAC
Il nous semble évident que les pays qui forment la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale, au nom notamment de leur proximité avec le pays de Jay-Jay Okocha et de Nwanko Kanu, ont des bénéfices à tirer de l’émergence de cette République fédérale rassemblant 36 États.

Appliquons nous à en présenter trois :
.Premier marché africain. Je ne connais pas beaucoup d’entrepreneurs qui seraient mécontents d’avoir à quelques heures d’avion, 300 millions de consommateurs, réunis sous un même territoire et obéissant à une même loi? À ceux qui pensent qu’il n’y a pas la quantité qui compte, mais la qualité aussi! Ils ont évidemment raison, mais, ce qu’il faut bien voir c’est que, même si ce ne sont que 5% des «naija» qui ont des revenus situés dans les niveaux élevés, ils représenteront 15 millions de personnes. Si 10% de la population a des revenus classés dans la catégorie intermédiaire, ce seront 30 millions de personnes – Rappelons que le Cameroun qui pèse actuellement la moitié de la CÉMAC, comptera quelques 40 millions d’âmes selon le document gouvernemental : Cameroun Vision 2035 – On voit bien que le CÉMAC qui, par le Cameroun – lui-même frontalier avec l’ensemble des pays membres de la CÉMAC – est frontalière avec le Nigéria, a la possibilité de vendre ses produits à un marché potentiellement très juteux.

.Distribution des produits. Le Cameroun a, avec ses 1690 kilomètres de frontière, a naturellement un très fort potentiel pour devenir un partenaire stratégique du Nigéria. En effet, l’attractivité de son territoire en bénéficie car, elle permet aux investisseurs, d’atterrir au Cameroun en sachant que le Nigéria est à quelques kilomètres. Mais au surplus, les hommes d’affaires camerounais, ont la possibilité – notamment pour des produits non fabriqués au Cameroun – de devenir des distributeurs des entrepreneurs nigérians. Pourquoi eux? Au delà de la proximité géographique, il se trouve que le Cameroun est le seul pays de la CÉMAC officiellement anglophone. Cela l’aidera à faire un pont entre l’anglophone Nigéria et les pays francophones de l’Afrique centrale et orientale. D’ailleurs cet argument francophone s’accroitra si à l’avenir la francophonie économique se met en branle et tient ses promesses.

.Formation de coentreprises. Les pays de la CÉMAC n’auront pas seulement vocation à consommer les produits nigérians, ils devront mettre en uvre des stratégies visant à bénéficier de la croissance de ce futur émergent. Et pour se faire, ils pourront créer des coentreprises ou joint-ventures. Par ces alliances, les entrepreneurs issus de différents pays pourront ainsi non seulement acquérir des profits mais aussi bénéficier d’apprentissages mutuels. La Guinée Équatoriale avec les centaines de milliards engrangés grâce à son pétrole, pourrait disposer d’importantes sommes pour prendre des participations dans certains projets de grande envergure.
Sauf que.

Il est clair que la route ne sera pas aisée et il y aura de nombreux défis à dépasser. Arrêtons-nous à trois remarques :
.Conflits ethnico-religieux. La paix est obligatoire pour que le pays prospère. D’ailleurs, il faut que ladite paix soit très durable. Car autrement, le Nigéria ne sera pas le géant que l’on attend puisque ses dirigeants ne s’occuperont que gérer la une paix instable.

.MADE IN NIGERIA. Le gouvernement nigérian devra sans doute analysé la perception du MADE IN NIGERIA car pour nombre de personnes les produits nigérians sont souvent associés à imitation et mauvaise qualité.

.Le climat des affaires. Selon le Rapport Doing Business de la Banque Mondiale, le Nigéria se classe au 125ème rang (sur 183) des pays où il est le plus facile de faire des affaires. Pour rappel, Maurice, 1er pays africain dans ce classement, se situe au 17ème rang de ce classement.

Serge Tchaha
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La CÉMAC peut-elle attirer plus d’investissements directs étrangers? par Serge Tchaha

Deux rapports récemment publiés démontrent très bien, de mon point de vue, comment nous avons changé d’ère. Il s’agit précisément du Rapport sur l’investissement dans le monde 2010 intitulé «Investir dans une économie à faible intensité de carbone» et du rapport présenté au Président Nicolas Sarkozy par l’ancien ministre et actuel Député-maire de Montereau-Fault-Yonne, intitulé «En finir avec la mondialisation anonyme – La traçabilité au service des consommateurs et de l’emploi». Ces documents indiquent clairement que nous sommes entrés dans l’ère de la consommation responsable et du green business. Il est clair que les gens ne veulent plus être des consommateurs, ils désirent devenir des CONSOMMACTEURS.

La lecture de ces deux rapports m’a convaincu de me livrer à une réflexion : la CÉMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) peut-elle, à l’avenir, attirer davantage des investissements directs étrangers (IDE)?

Pourquoi?
Un des messages essentiels de la CNUCED dans ce document paru en juillet 2010 consiste à indiquer que, par leur puissance financière et leur déploiement mondial, les Sociétés Transnationales (STN) peuvent contribuer au ralentissement du réchauffement de la planète.

Selon la CNUCED (2010) :
« Il y a deux types d’investissements étrangers à faible intensité de carbone:

. Pour l’introduction de procédés à faible intensité de carbone qui réduisent les émissions de GES liées au mode de fabrication des produits. Cela inclut la modernisation des opérations des STN et de celles des entreprises qui leur sont apparentées dans le cadre de leurs chaînes mondiales de valeur;

. Pour la création de produits et services à faible intensité de carbone qui réduisent les émissions de GES à travers leurs modes d’utilisation. Les produits à faible intensité de carbone incluent par exemple les voitures électriques, les appareils électroniques «à faible consommation d’énergie» et les systèmes de transport en commun intégrés. Les services à faible intensité de carbone incluent les solutions technologiques fournies pour reconfigurer les procédés émettant des GES dans les entreprises locales. »

La même organisation signale que plusieurs secteurs d’activités contribuent ou pourraient contribuer de manière notable à la réduction des GES. Il s’agit notamment de l’énergie, de l’agriculture ainsi que la foresterie.

On le voit donc très bien, une courte analyse FFOM (Forces/Faiblesse Opportunités/Menaces) laisse imaginer que les 6 pays de cette sous-région pourraient, au nom de leurs ressources, attirer davantage de capitaux étrangers. D’ailleurs, dans la réflexion que la Commission de la CÉMAC a effectuée relativement à l’émergence de la sous-région, les secteurs d’activités cités apparaissaient parmi les piliers sur lesquels les dirigeants veulent miser.

Il faut par ailleurs noter que « selon les estimations, les investissements étrangers à faible intensité de carbone seraient déjà importants, avec des flux d’investissement d’environ 90 milliards de dollars en 2009 dans trois secteurs industriels clefs seulement: a) production d’électricité de sources nouvelles/renouvelables; b) recyclage; et c) fabrication de produits de technologie environnementale (tels que turbines éoliennes, panneaux solaires et biocombustibles). » (CNUCED, 2010).

La préoccupation pour l’environnement, la prise de conscience selon laquelle un achat est un vote, incite les consommateurs à attendre des entreprises des comportements plus responsables. Plusieurs pays d’Afrique centrale peuvent devenir des économies où fructifiera une part de ce green business. Ils en ont largement les capacités. Cette nouvelle donne internationale apparaît comme une tendance lourde d’avenir. Dans un dossier sur le Cameroun présenté par Suzanne Dansereau du journal LES AFFAIRES, le ministre de l’Économie du Cameroun, Louis-Paul MOTAZE déclare que « le Cameroun sera un vaste chantier ». Pour que le Cameroun et la CÉMAC tout entière soient un chantier, il faudra compter avec les IDÉ. Que Bangui, Brazzaville, Libreville, Malabo, N’Djamena et Yaoundé se donnent les moyens d’attirer ces capitaux étrangers. Mentionnons aussi que des transferts de technologies pourraient suivre ces flux financiers.

Comment?
Plusieurs stratégies sont naturellement possibles. Il pourrait par exemple s’agir de mettre en uvre des politiques fiscales pour attirer les capitaux étrangers. Il faudra également s’engager aux côtés des futurs investisseurs notamment pour la formation de la main-d’oeuvre. En effet, si des États ciblent des secteurs d’activités particuliers dans lesquels ils désireraient promouvoir les investissements, il faudrait dans le même temps que l’on puisse retrouver sur place des hommes/femmes capables d’occuper valablement les postes à l’usine.

Sauf que.

Les États doivent faire attention aux effets négatifs des IDE. Ils peuvent par exemple déstructurer les petits commerces locaux, créer des dépendances technologiques.

Les États de l’Afrique centrale, me semble-t-il, gagneraient à introduire, autant que possible, une dose de « patriotisme économique » pour ce green business, notamment en encourageant la mise sur pied de coentreprise ou à tout le moins de prise de participation des nationaux dans de nouveaux projets. De cette façon, le dynamisme économique créé enrichira mieux le (s) pays concerné (s). Mais surtout, l’expertise dans ce nouveau marché sera de plus en plus maîtrisée par les locaux.

Finalement, – c’est aussi l’intérêt du Rapport JÉGO-, espérons que les États de la sous-région CÉMAC voudront créer des marques-pays associés au green business. Naturellement, ça prendra plusieurs années, mais si nos dirigeants y croient, il est possible de se bâtir une réputation selon laquelle les économies de cette zone conçoivent et fabriquent des produits et technologies verts. Le green business n’est pas une vaine expression, elle est une part importante de l’économie du XXIe siècle. Aux pays de la sous-région de savoir s’ils désirent que leur marque-pays, le MADE IN Cameroon, Central African Republic, Chad, Congo, Equatorial Guinea, Gabon, soit associé au l’économie verte!