Cameroun : campagne intensive de vaccination contre le Covid-19 en vue de la Can 2021

En prélude à ce grand événement sportif, le ministre de la Santé,  Dr Manaouda Malachie a lancé lundi 20 décembre 2021, une campagne de  vaccination contre le Covid-19 sur toute l’étendue du territoire.

La Coupe d’Afrique des nations approche, et seules les personnes vaccinées contre le Covid-19 auront  accès aux stades.  C’est pour quoi, une campagne de vaccination est lancée sur l’étendue du territoire depuis hier. Elle concerne les personnes âgées de 18 ans et plus.

Le communiqué du Minsanté souligne que l’offre de vaccination s’effectuera dans toutes les formations sanitaires accréditées et les lieux publics. Notamment, les marchés, les chefferies, les Églises et Mosquées ainsi que les administrations publiques et les entreprises.

Les différents vaccins qui seront administrés sont entre autres, le vaccin Johnson & Johnson, les premières doses du vaccin Pfizer, les deuxièmes doses des vaccins Astra Zeneca et le vaccin Sinopharm.

Le Dr Manaouda Malachie  rassure de  la disponibilité suffisante aussi bien des doses de vaccins,  que des tests de dépistage du Covid-19.  Soit environ 2 000 000 de doses de vaccins et 2 500 000 tests PCR et TDR compris.

Il invite donc les populations à adhérer massivement à cette campagne spéciale de vaccination contre le Covid-19, et particulièrement toute la Communauté sportive, ainsi que les responsables du secteur d’hébergement et des loisirs, afin d’éviter une résurgence des cas de Covid-19 après la compétition.

« Les Camerounais fuient le vaccin contre le Covid-19 comme la peste »

Seul 1,1 % de la population cible est complètement vacciné contre le coronavirus qui a déjà fait plus de 1 600 morts dans le pays.

Voilà près de deux heures que Stella Ngo Ekeya et sa sœur Marie sont assises à l’entrée de l’espace aménagé pour la vaccination contre le Covid-19 à l’hôpital de district de Deido à Douala, capitale économique du Cameroun.

Elles chuchotent, n’osent pas se rapprocher de l’infirmière pour se faire enregistrer. « Ces vaccins ont trop de conséquences, souffle Stella, en réajustant le masque qui mange une partie de son visage. Sur les réseaux sociaux, on dit que les gens meurent après les avoir pris. »

Les deux jeunes femmes sont « bien coincées ». Elles souhaitent se rendre à l’étranger et on leur a « demandé de prendre Pfizer », soupirent-elles. L’infirmière leur explique que « pour l’instant, le Cameroun n’a pas Pfizer », mais qu’elles peuvent trouver d’autres vaccins comme Sinopharm ou Johnson & Johnson. « On va aller réfléchir », avance Stella Ngo Ekeya. Marie, elle, est « prête à laisser tomber le voyage ».

Alors que le Covid-19 a fait officiellement 1 686 morts dans le pays, pour 102 499 contaminations confirmées, « les Camerounais fuient ce vaccin comme la peste », se désole le directeur d’un hôpital situé en périphérie de Douala. Depuis le lancement de la campagne d’injection le 12 avril prioritairement pour les personnels de santé, les personnes avec pathologies sous-jacentes ou encore celles âgées de 50 ans et plus, seul 1,1 % de la population cible est complètement vaccinée.

Défiance dans tous les segments de la société

Le pays a eu beau relancé une campagne intensive de vaccination en juillet, rien n’y fait. A l’heure actuelle, 160 000 personnes sont complètement vaccinées sur une population de 27,2 millions.

D’après le Programme élargi de vaccination (PELV), c’est la région anglophone du Sud-Ouest – plongée depuis 2017 avec sa voisine du Nord-Ouest dans une guerre civile entre l’armée camerounaise et les combattants séparatistes – qui affiche le plus bas de taux de vaccination.

Au 22 octobre, sur une population cible régionale de 978 469 personnes âgées de 18 ans et plus, seules 12 892 avaient reçu une première dose, tous vaccins confondus. Et sur 4 880 doses de vaccins AstraZeneca arrivés à péremption dans le pays, la région arrive en tête avec le plus haut taux de perte, soit 39,9 %.

Car la défiance s’est répandue dans tous les segments de la société. Kelly, 28 ans, vendeuse dans une boutique de produits alimentaires à Buea, dans la région Sud-Ouest, lit divers échanges dans le groupe WhatsApp familial : « Le Covid-19 rend stérile, tue, fait gonfler les testicules des hommes, détruit des organes du corps, rend fragile à vie… »

« Je ne peux pas accepter ce truc dans mon corps »

Elle interrompt sa litanie pour montrer des photos de Nicki Minaj, la chanteuse américaine aux millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. « Elle-même, assure Kelly, est contre le vaccin. Jamais je ne me vaccinerai. Je ne veux pas mourir ou devenir stérile », jure-t-elle.

Au marché Nkoulouloun à Douala, il suffit d’évoquer le sujet pour attirer une foule d’antivax brocardant un vaccin fabriqué « trop tôt et pas efficace » alors que, depuis des années, « le sida et le paludisme nous tuent et les Blancs ne créent pas de vaccins ».

Moïse, commerçant de sacs à dos de seconde main, estime que l’épidémie est un vaste mensonge. « Ils ont dit que le coronavirus allait tuer beaucoup d’Africains, mais rien ne s’est passé, dit-il. Regardez ce marché, même quand on interdisait les rassemblements de plus de cinquante personnes, on se serrait comme dans une boîte de sardine ici. »

Près de lui, Delphine, vendeuse de vêtements pour enfants opine du chef. Ses enfants en Allemagne l’ont suppliée en vain de venir faire son contrôle de santé annuel. Elle ne veut pas se faire vacciner. « Je ne peux pas accepter ce truc dans mon corps. Je suis déjà hypertendue et si je le prends, je mourrai », croit cette sexagénaire qui a pourtant contracté le Covid-19 il y a quelques mois. Ses enfants ont beau lui dire que le vaccin la protégera davantage, elle refuse « catégoriquement ».

A deux mois de la Coupe d’Afrique des nations

Selon le professeur Yap Boum, représentant régional d’Epicentre, la branche Recherche et épidémiologie de Médecins sans frontières (MSF), « les populations tirent leur information principalement des réseaux sociaux où certains professionnels de santé diffusent des informations contradictoires vis-à-vis des vaccins. De ce fait, il y a une hésitation que la communication gouvernementale peine à contrer ».

Le Cameroun, pense-t-il, devrait déployer « une communication plus agressive », mobilisant des personnalités connues afin que l’information arrive « à tous les niveaux de la société ». A l’occasion des campagnes de vaccination intensives – la prochaine est prévue du 17 au 21 novembre –, « il faudra aussi aller au contact des populations avec des vaccinodromes, mais aussi des équipes mobiles capables d’assurer la sensibilisation, le dépistage, la vaccination des personnes testées négatives et la prise en charge de celles testées positives », poursuit Yap Boum.

En attendant, le pays fait face à une rupture des vaccins AstraZeneca, ce qui affecte de nombreux vaccinés ayant déjà reçu la première dose. Dans un centre, un directeur fait défiler sur son ordinateur les chiffres : sur plus de 270 personnes éligibles, seules 4 ont reçu la seconde dose. Contacté, le ministère de la santé n’a pas donné suite.

A deux mois de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui doit se tenir au Cameroun, la faible couverture vaccinale inquiète. D’autant plus que la résistance à l’injection prend de l’ampleur. Certains services publics ont tenté de rendre la vaccination obligatoire.

Face à la levée de boucliers des fonctionnaires, de l’ordre des avocats et des syndicats, Joseph Le, le ministre de la fonction publique et de la reforme administrative, a dû préciser qu’il n’avait « jamais été question d’obliger les personnels de l’Etat à se faire vacciner ». Néanmoins, selon Yap Boum, dans le cadre de la CAN, « un passe sanitaire est en cours de finalisation au Cameroun (…). Le dépistage massif et la vaccination seront les deux composantes ».

Cameroun : le vaccin contre le Covid-19 presque obligatoire dans des administrations publiques

A la Présidence de la République comme dans plusieurs services publics, la présentation du carnet de vaccination ou d’un test négatif est obligatoire pour y mettre pieds.

Face à la réserve d’une partie de la population vis-à-vis du vaccin anti Covid-19, le gouvernement multiplie des approches persuasives. A la présidence de la République, une campagne de vaccination est lancée dès ce lundi 11 octobre 2021. A l’issue de celle-ci, «l’accès au palais de l’Unité ne sera permis qu’aux personnels vaccinés», indique le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, dans un communiqué le 8 octobre.

Quelques jours avant, le gouverneur de la région de l’Est, Grégoire Mvongo prenait une décision similaire dans ses services. Sans doute inspiré par sa tutelle, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui a personnellement supervisée la campagne de vaccination dans son département ministériel.

A la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam), la Directrice Marie-Claire Nnana exige au personnel la vaccination ou la présentation des tests négatifs de Covid-19 datant d’au moins 72 heures.

A noter que selon le Programme élargi de vaccination (Pev), seules 133 531 personnes ont été complètement vaccinées au Cameroun, soit 1 % de la population cible, depuis le début de la vaccination le 12 avril dernier.

Cameroun – Covid-19 : l’OMS inquiet de la réticence des populations au vaccin

Le 21 mai 2021, le ministre de la Santé publique du Cameroun a révélé que le pays avait déjà administré 29 478 doses du vaccin Sinopharm, et 19 048 doses  AstraZeneca. Idem que d’autres pays du continent africain, les efforts pour inciter les populations à se prémunir contre  le virus sont perceptibles mais insuffisants.

Ce n’est pas le grand engouement au Cameroun depuis le début de la vaccination anti Covid-19. Après plus d’un mois, seulement 48 526 personnes se sont fait inoculer. Malgré l’invite du gouvernement, le rythme reste lent comme dans bien d’Etats africains.

Sur le continent, seules 25 millions de doses de vaccin contre le Covid-19 sont administrés à ce jour, selon Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Face à ce rythme, le patron de l’OMS, qui s’exprimait à l’ouverture d’un panel en ligne « L’Afrique vers le monde » tenu dans le cadre de l’édition 2021 de « Uba Conversations », a plaidé pour une distribution équitable des vaccins.

« La pandémie de Covid-19 a montré que l’accès aux vaccins n’est pas un luxe mais une nécessité humanitaire », a dit Dr Tedros, affirmant que l’Afrique ne peut se pas se baser uniquement sur l’importation de vaccins, mais elle doit en produire.

L’idée est partagée par le président du Rwanda, Paul Kagamé qui a soutenu : « Nous comptons sur notre continent et ses enfants pour sortir de cette crise sanitaire. C’est pourquoi, il faut travailler ensemble en tant que continent pour la fabrication des vaccins ».

Estimant que le Covid-19  ne sera pas la dernière crise sanitaire mondiale, le président Kagamé a plaidé pour des investissements massifs dans les systèmes de santé africains.

« Quand on parle d’émergence d’une Afrique nouvelle, c’est une Afrique qui a conscience de ses potentialités », a conclu Paul Kagamé.

De son côté, la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, a invité les pays à corriger « les inégalités dans la distribution des vaccins » en créant des structures spécifiquement chargées de l’acquisition.

« Nous devons rendre les chaines d’approvisionnement ouverts pour que les vaccins soient disponibles. Il y a aussi nécessité de produire des vaccins en Afrique. Nous devons montrer que l’Afrique peut y parvenir », a dit Ngozi Okonjo-Iweala.

Vaccin anti Covid-19 : Non administré au Cameroun mais déjà dans certains pays d’Afrique

Si la vaccination contre la Covid-19 n’est pas urgente au Cameroun,  tel que l’indique le ministre de la Santé publique, ailleurs comme en Guinée équatoriale voisine, les premiers tests s’effectuent.

Pour le ministre Manaouda Malachie, la situation épidémiologique est telle que le recours au vaccin n’est pas prioritaire. Mais le président de la République demande de se préparer à l’éventualité en cas de nécessité. « Il faut rappeler que le principe de vaccination contre la Covid-19 au Cameroun se fera de façon volontaire. Le Chef de L’État est clair à ce sujet », affirme le Minsanté.

Pendant ce temps, l’Union africaine prévoit mettre en commun les modalités d’approvisionnement du vaccin au nom des 55 pays du continent. Un fournisseur de réseau mobile d’Afrique ; MTN,  a fait un don de 13 milliards FCFA à ce plan pour assurer environ sept millions de doses du vaccin Covid-19 pour les travailleurs de la santé du continent. Une vingtaine de pays africains pourraient en recevoir cette fin février. On ne sait cependant pas encore quels pays auront ces doses en premier .

Le média britannique BBC note que certains pays ont commencé leurs programmes de vaccination depuis un mois environ. Actuellement, en Afrique du Nord, les pays qui vaccinent (et les vaccins utilisés) : Maroc (AstraZeneca et Sinopharm) ; Algérie (Spoutnik V), Égypte (Sinopharm).

En Afrique subsaharienne, ce sont les pays qui vaccinent : Afrique du Sud (Johnson & Johnson ; Seychelles (Sinopharm et AstraZeneca) ; Rwanda (utiliserait Pfizer et Moderna) ; Maurice (AstraZeneca) ; Zimbabwe (Sinopharm).

L’on apprend toujours de la BBC que d’autres, comme le Sénégal et la Guinée équatoriale, ont eu leurs premières livraisons – de Sinopharm – mais n’ont pas encore commencé à les donner au grand public. La Guinée n’a administré que 60 doses du vaccin russe Spoutnik V – sur une base expérimentale.