Cameroun : voici pourquoi Atanga Nji interdit la Chicha

Le ministre Paul Atanga Nji vient de demander aux gouverneurs et préfets d’appliquer l’interdiction de la commercialisation et de la consommation des pipes à eau qui sont plus dangereuses que la cigarette.

La nouvelle est difficile à inhaler pour les fidèles consommateurs de la fumée aromatisée dénommée Chicha. Le ministre de l’Administration territoriale vient de décider son interdiction sur l’ensemble du territoire national. Pour cause, qu’elle soit appelée pipe à eau, narguilé, chilam ou ghelyan, la chicha s’avère dangereuse. Bien qu’elle soit présentée comme inoffensive et prisée par les jeunes de 15 à 20 ans, au Cameroun, en Afrique, en Inde, la Shisha contient des produits nocifs, impropres à la santé.

Selon le ministère de la Santé publique, cette pipe des temps modernes se compose de 28% de tabac et 70% de mélasse. Ce dernier composant est un sirop contenant du sucre, des arômes tels que la fraise, la pomme ou la noix de coco, lui donnant un goût acidulé, qui trompe les adeptes de cette cheminée. D’autres produits tels les essences de fruit et du charbon y sont ajoutés.

Selon une étude menée au Cameroun, près de 46% de jeunes sont tombés sous le charme de cette fumée toxique sans ouvrir les yeux sur ses défauts. Or, une exposition de 45 minutes à une heure à la  chicha permet de consommer 50 et 200 bouffées de fumée, ce qui équivaut à la consommation d’au moins une cigarette et demie de nicotine. Ce qui est aussi l’équivalent du monoxyde de carbone de 20 cigarettes, le goudron de 26 cigarettes et un volume de fumée de 40 cigarettes.

Ainsi, en consommant la chicha, les fumeurs s’exposent à la dépendance, à l’élévation du rythme cardiaque et de la pression artérielle, l’intoxication au monoxyde de carbone, la perte de conscience, etc.  Certains des substances contenues dans la chicha sont cancérigènes.

Au regard de ces méfaits et pour sauver la jeunesse des conséquences néfastes de cette pipe importée, le gouvernement a interdit la chicha. Le défi à relever maintenant est celui de la mise en application de cette décision sur le terrain, les pipes étant installées depuis les snacks jusque dans les domiciles privés.

Lutte contre le tabagisme : toujours pas de loi anti-tabac au Cameroun

Les statistiques de l’enquête globale sur le tabagisme chez les adultes réalisée en 2013, montrent qu’environ 9% de la population camerounaise âgée de plus de 15 ans utilisent le tabac.

La même enquête révèle que « près de 37% de la population sont des fumeurs passifs. Les jeunes de moins de 15 ans sont concernés à hauteur de 15,2% avec une prévalence plus élevée en milieu scolaire« .
Les données signalent qu’ils sont 44% parmi les élèves à avoir expérimenté le tabac, dont 5% à l’âge de 7 ans. En chiffre absolu, le Cameroun enregistrerait environ 66 000 décès chaque année, du fait du tabagisme ».
D’après le ministère de la Santé publique, ces données contrastent avec les efforts fournis par les pouvoirs publics à travers la mise en place du marquage sanitaire des paquets de cigarettes, la ratification par le Cameroun en 2006 la Convention cadre (CCLAT) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la lutte contre le tabac, et tout récemment en juillet 2020, le protocole pour l’élimination du commerce illicite des produits du tabac.
 Aussi, il reste attendu l’aboutissement du processus de promulgation d’une loi nationale de contrôle du tabac.
A noter que la mise en œuvre du projet Gates de l’OMS au Cameroun, qui prévoit réduire la consommation de 30% du tabac d’ici 2025, va permettre de disposer d’une politique fiscale efficace de lutte antitabac, intégrant à la fois l’augmentation du taux d’imposition des produits du tabac et la lutte contre le commerce illicite.

Cameroun : la coalition anti- tabac plaide pour une loi nationale contre le tabac

Au cours d’un point de presse organisé ce mardi 06 juillet à Yaoundé, le C3T  a  appelé le gouvernement à adopter une  loi sur les produits du tabac afin de recadrer les risques liés à sa consommation.

 

A en croire les responsables de la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T), la fiscalisation du tabagisme est un  moyen possible pour réduire la consommation du tabac. C’est ainsi qu’ils plaident pour la majoration  des taxes  des produits du tabac au Cameroun.

L’ONG qui appelle les autorités camerounaise a fixer  la taxe des produits du tabac à 75 %, pour réduire la consommation de ce produit, s’est fixée comme objectifs : de sensibiliser la jeunesse sur les dangers et risques du tabagisme; lutter pour une forte taxation des matériels de  chicha ; insister sur les avertissements sanitaires sur les produits du tabac.

Il sied de noter que, la C3T dénonce la violation de la réglementation sur les images imposées sur les produits du tabac. Elle se demande si c’est de la complicité du gouvernement  avec les industriels ! Elle invite les autorités à faire respecter la convention et aux industriels à respecter la réglementation.

Pis encore,  la C3T demande au gouvernement d’élaborer au plus vite une loi nationale anti-tabac, pour  recadrer les risques et bien contrôler le tabac, car, souligne-t-elle,  c’est un produit générateur de revenus.

C3T: «Les élèves sont sujets à une publicité agressive des produits de tabac»

C’est la conclusion à laquelle est parvenue la Coalition camerounaise contre le tabac, après une étude menée au mois d’avril auprès de 20 établissements scolaires

La Coalition camerounaise contre le tabac (C3T) dénonce la présence des publicités de tabac à proximité des établissements scolaires. L’instance a relevé, après une étude menée en avril auprès de 20 établissements, que les élèves qui y sont scolarisés sont sujets à une «publicité agressive» des produits de tabac. Ceci dans un rayon de 100 mètres desdites écoles.

«95% des écoles enquêtées ont autour d’elles des commerces qui exposent sur leurs comptoirs, des produits de tabac à côté des sucreries et des produits de grandes consommations. Autour des 20 écoles observées, la publicité du tabac à travers les affiches est omniprésente. Près de 50% des affiches publicitaires observées se trouvaient à la hauteur des yeux des enfants, soit à environ 1,20 mètre ou plus bas. Ce constat démontre à suffisance que la publicité du tabac vise les enfants de manière directe», indique la C3T dans un communiqué parvenu à Journalducameroun.com.

L’étude coréalisée avec l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique(ATCA) révèle aussi la présence de 160 points de vente de produits de tabac dans un rayon de 100 mètres autour des 20 écoles enquêtées. Soit une moyenne de 8 par école. Elle souligne que 65% des écoles cibles ont des points de vente très proches et visibles depuis le portail et 95% d »entre elles ont dans leurs environs des négoces vendant des cigarettes à l’unité.

La Coalition contre le tabac avait déjà noté dans son enquête globale sur le tabagisme en milieu jeune (GYTS 2008) que 31,2% des jeunes camerounais âgés de 13 à 14 ans ont essayé de fumer avant l’âge de 10 ans, 5,7% fument actuellement des cigarettes et 9,5% utilisent d’autres produits du tabac. Une situation qui est à l’origine de nombreux cas de maladies respiratoires et cardio-vasculaires, AVC, cancers, troubles ophtalmiques et auditifs, infertilités…

Interdire toute publicité sur les produits de tabac
«A long terme, l’interdiction totale de la publicité et de la vente des produits de tabac à proximité des écoles entrainera une baisse de la consommation. Le gouvernement camerounais peut enrayer ce fléau nuisible à l’Émergence en adoptant et en mettant en uvre un cadre juridique visant à protéger les jeunes des effets pervers du tabac. Notamment, l’interdiction de la publicité et la commercialisation des produits du tabac dans et autour des établissements scolaires», conclut la C3T.


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La C3T célèbre 10 ans de lutte contre le tabac au Cameroun

Le 10ème anniversaire de la Coalition camerounaise contre le tabac est placé sous le signe des maladies non transmissibles. A l’occasion, une série d’activités est prévue du 01er au 31 mai 2016

Dix ans de lutte contre le tabac, ça se fête à la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T). Créé en 2006, le réseau d’associations engagé pour « un Cameroun sans maladies et décès liés au Tabac » célèbre du 01er au 31 mai 2016 son 10ème anniversaire. L’évènement, placé sous le signe de la prévention des Maladies non-transmissibles (MNT), a pour thème : « Espaces sans fumée, espaces sains ».

Au programme de cette célébration, entre autres, campagne de sensibilisation sur le tabagisme et la prévention des MNT, causeries éducatives dans des établissements secondaires à Yaoundé. Par ailleurs, l’hôpital central de Yaoundé procèdera à des consultations de sevrage tabagique et dépistage gratuit des cancers féminins du sein et du col de l’utérus.

La C3T annonce également le lancement à Bamenda, de la première commune sans fumée au Cameroun. Lancement prévu le 06 mai prochain. Un autre point essentiel au programme, c’est la cérémonie de remise de distinction aux Champions nationaux de la lutte anti-tabac prévue le 25 mai à la Fondation Muna à Yaoundé.

La clôture des activités marquant le 10ème anniversaire de la C3T se fera le 31 mai à travers la célébration de la Journée mondiale sans tabac (JMST) 2016, en collaboration avec le ministère camerounais de la Santé (Minsanté).

A propos du tabagisme
Le tabagisme est le premier facteur de risque reconnu des principales MNT que sont les cancers, maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires chroniques et le diabète. Selon l’OMS, les MNT sont la cause de 36 millions de morts par an, dont 80% dans les pays à revenus faible ou intermédiaire comme le Cameroun. Elles sont également la première cause de mortalité au niveau mondial.

Il s’agit donc aujourd’hui pour la C3T de rappeler aux populations camerounaises les dangers liés à l’usage du tabac. Objectif, réduire les maladies et les décès liés au tabagisme.

Lire l’intégralité du Communiqué de presse de la C3T


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«Zéro publicité en faveur du tabac»: la C3T monte au créneau

A travers cette campagne, la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T) entend interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité d’interdire la promotion de la nicotine sur le territoire national

La Coalition camerounaise contre le tabac (C3T) a tenu ce mardi, 03 novembre 2015, une conférence de presse à Yaoundé. A l’ordre du jour, le lancement de la campagne «Zéro publicité en faveur du tabac». Une initiative qui a pour objectif principal, l’interdiction de la publicité autour du tabac et du parrainage de ce produit sur l’ensemble du territoire national.

Cette caravane conduite par la C3T tient lieu de sonnette d’alarme, à l’endroit des pouvoirs publics camerounais, au moment où le président du conseil national de la publicité, Issa Tchiroma Bakary, a annoncé la tenue, dans les prochains jours, d’une session devant réunir les membres dudit conseil pour l’examen d’un projet de décret réglementant la publicité du tabac au Cameroun.

En effet, lors du conseil de cabinet de septembre dernier, le Premier ministre, Philémon Yang, a prescrit l’édiction des textes d’application de la loi de 2006 régissant la publicité au Cameroun, dans le but de recadrer la publicité de la cigarette et autres produits du tabac.

La rencontre de ce mardi avait donc pour effet [i «d’attirer l’attention des parlementaires, des membres du conseil national de la publicité] et de l’opinion publique, sur l’importance d’interdire la publicité du tabac au Cameroun, dans le but de sauver les vies».

Selon des statistiques communiquées par la C3T, 42,1% des adultes sont exposés à la fumée du tabac au Cameroun. En tant que membre des Etats parties à la convention cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Cameroun s’est engagé à lutter contre la contre la propagande du tabac, et « rompre cet engagement contribuerait à discréditer le pays», a précisé Patrick Sangou, coordonnateur de la campagne lancée ce jour.

La C3T «n’est pas contre la vente du tabac mais contre la publicité», a tenu à préciser Prince Npondo, membre de la coalition. Affiches publicitaires, gadgets de communication, marketing direct, dégustation gratuite, T-shirt et autres, autant de supports qui encouragent la consommation de la nicotine et nuisent à la santé des consommateurs actifs, et surtout passifs.

Aussi, l’occasion leur a permis de réfléchir sur les moyens de ralentir ce fléau qui prend de l’ampleur au Cameroun. Notamment, l’augmentation des taxes, la réduction de l’offre et la demande, l’interdiction de la vente du tabac par les mineurs et la création des espaces pour fumer.


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Lettre ouverte à Issa Tchiroma: publicité en faveur du tabac, Où est passé le Conseil national de la publicité?

Par LCC-Littoral

L’Organisation Mondiale de la Santé préconise aux Etats d’avoir comme priorité absolue de mettre un terme à la manipulation éhontée à laquelle se livre l’industrie du tabac auprès des jeunes et des femmes, en particulier en vue de recruter la prochaine génération d’accros à la nicotine. La Ligue camerounaise des consommateurs tire la sonnette d’alarme et interpelle dans cette lettre ouverte le ministre Issa Tchiroma, président du conseil national de la publicité.

Monsieur le Ministre,
La Ligue camerounaise des consommateurs (LCC) vient respectueusement auprès de votre bienveillance dénoncer les campagnes promotionnelles et d’affichage publicitaire organisées par les entreprises distributrices des produis de tabac au Cameroun, une violation flagrante de la Loi n° 2007/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun notamment en son article 39 alinéa 1.

Les géants du tabac ciblent les jeunes à grand renfort de publicité et de promotion

Monsieur le Ministre, l’industrie du tabac perd sans cesse des consommateurs car de nombreux fumeurs arrêtent de fumer ou meurent des suites de maladies liées au tabac. Par conséquent, les compagnies lancent des campagnes de publicité massives afin d’inciter les jeunes à fumer et à devenir des fumeurs à long terme.

Dans cette stratégie de communication plus discrète et clandestine, les marques de tabac tentent de s’assurer une présence légère et diffuse dans divers moments de la vie du consommateur et plus spécifiquement dans les instants de divertissement et de détente. Etre présent dans les boîtes de nuit, Par exemple.

Ces stratégies employées par les compagnies comprennent: une publicité massive dans les points de vente situés à proximité des écoles et terrains de jeux par le biais d’affiches clairement visibles depuis l’extérieur. Ainsi sur les lieux de vente, tous les clients sont exposés aux messages et aux images en faveur du tabagisme, indépendamment de leur âge et de leur statut fumeur ou non fumeur.

Les conséquences
Selon le ministère de la santé, le Cameroun enregistre environ 66 000 décès chaque année du fait du tabagisme contre 6 000 000 sur le plan mondial; 15% de jeunes de moins de 15 ans sont fumeurs avec une prévalence plus élevée en milieu scolaire; 44 % d’élèves ont expérimenté le tabac, dont 5% à l’âge de 7 ans. Et d’après les observations de l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (Acta), «les pauvres fument plus que les personnes à revenus élevés et gaspillent ainsi le peu d’argent qui devrait en principe être affecté à la nourriture et l’éducation. De ce fait, le tabac hypothèque le développement du pays».

En effet soutient Dr Flore Ndembiyembe, présidente de la Coalition contre le tabac au Cameroun (C3T), de nombreuses études ont montré que dans les pays à faible revenu, les ménages les plus pauvres consacrent plus de 10% de leurs dépenses au tabac. De ce fait, le tabac conduit à la malnutrition des populations, à la mort prématurée, à la hausse des dépenses sanitaires, à la déstabilisation des ménages.

Recommandations
L’une des missions de la LCC (Ligue Camerounaise des Consommateurs) qui est celle de la promotion et la protection des intérêts du consommateur, nous exhortons Monsieur le Président du CNP (Conseil National de la Publicité) à prendre en compte nos revendications suivantes:
Interdiction totale de publicité en faveur du tabac, de promotion et de parrainage du tabac. L’instauration des paquets de cigarette «neutre»: sans logo, de couleur unique l’interdiction de la vente à l’unité. Interdiction de la vente ambulante des produits de tabac. Interdiction de fumer dans les clips vidéo. L’interdiction de fumer dans les lieux publics fermés, notamment à l’intérieur des débits de boissons: les cafés, les bistrots, les bars, et discothèques. L’augmentation des taxes sur le tabac et les produits de tabac (Taxation à 75% comme produit toxique).

Il est urgent de traiter ces questions avec le souci de tous et particulièrement de la jeunesse camerounaise, fer de lance de la Nation.

Considérant l’importante menace présentée par la consommation du tabac sur la santé du fumeur et de celle de son entourage, et conformément à la Loi cadre N°012 du 6 Mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun, nous vous exhortons à prendre toutes les mesures contraignantes pour garantir le respect de la loi sur la publicité promulguée par le Chef de l’Etat, son Excellence Paul Biya.

Veuillez croire, Monsieur le Président du CNP, à l’assurance de notre parfaite considération.


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Flore Ndembiyembe: «6 millions de personnes meurent chaque année à cause du tabac»

La Présidente de la Coalition Camerounaise Contre le Tabagisme (C3T) a accepté de nous parler de son combat et de ses motivations

Madame Flore Ndembiyembe, vous avez très récemment, conduit en partenariat avec l’OMS une activité visant à sensibiliser l’administration sur la mise en oeuvre de la convention OMS contre le tabac ratifiée par le Cameroun, avez-vous le sentiment que sur ce sujet vous avancez?
Cette épidémie tue 6 millions de victimes par an dans le monde. Ainsi le tabac tue un de ces consommateurs régulier sur deux. Bien qu’il s’agisse d’une une course de fond, nous pensons que les choses avancent dans la lutte contre le tabagisme. L’administration, en collaboration avec la société civile, a élaboré un plan stratégique de lutte anti tabac ainsi qu’un avant projet de loi anti tabac conforme à la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-Tabac. D’autre part la société civile est mieux organisée et apporte sa contribution à ce combat. Il apparaît aussi que les camerounais sont de plus en plus sensibilisé au problème du tabagisme. Nous sommes donc optimistes.

Vous avez récemment entrepris une opération de sensibilisation des députés de l’Assemblée Nationale sur la pertinence d’une loi contre le tabagisme. Quels résultats avez-vous obtenus?
Les députés ont évidemment un rôle clé à jouer dans la lutte anti tabac. Ils ont besoin de comprendre pour prendre la bonne décision le moment venu. Il a donc fallu les informer et les sensibiliser sur les conséquences sanitaires, sociales et économiques du tabac et du tabagisme. Il fallait surtout leur démontrer que l’argument selon lequel l’industrie du tabac contribue à l’économie du pays est discutable. Quand on met en balance le coût des soins médicaux des affections dues au tabagisme et le gain économique, on se rend compte que le tabac appauvrit les individus et la nation.

En termes statistiques, comment s’évalue le tabagisme aujourd’hui?
Il faut savoir que près de 6 millions de personnes meurent chaque année des conséquences du tabagisme, dont 80% dans les pays à faibles revenus comme le Cameroun. Dans notre pays 17,5% de la population consomme régulièrement le tabac. 14% des élèves du secondaire ont déjà eu un premier contact avec la cigarette. Depuis que les pays développés ont décidé de protéger leur jeunesse par des lois fortes, l’industrie recrute les femmes et les jeunes des pays pauvres pour remplacer les fumeurs qui meurent.

Parlons de vous si vous le voulez bien, qui est Flore Ndembiyembe?
Je suis médecin, immuno-allergologue retraitée de l’administration camerounaise. J’ai longtemps travaillé à l’hôpital central de Yaoundé. J’ai été pendant longtemps, secrétaire permanent du Comité National de Lutte contre la Drogue. C’est à ce poste que j’ai commencé à m’intéresser à la lutte anti-tabac. Le tabac est souvent l’étape de la prise des drogues illicites. Je suis mariée, mère de quatre enfants. J’ai quatre petits enfants.

Qu’est ce qui nourrit votre engagement dans la lutte anti-tabac ? Une expérience difficile ou la simple envie de voir un monde meilleur pour les autres?
Mon engagement a peut être un lien avec mon métier, celui de sauver des vies. Le tabagisme est responsable de la perte de nombreuses vies humaines. Et c’est la première cause de mort évitable. Il faut donc le faire savoir, principalement aux jeunes, afin qu’ils fassent le bon choix, celui de ne jamais accepter la première cigarette. C’est dans le même sens que j’ai créé l’association Health Promotion Watch qui fait la promotion des comportements sains. Cette association est surtout connue pour avoir appris aux camerounais à bien se laver les mains.

Depuis quand menez-vous la lutte contre le tabagisme et que vous a-t-elle procuré comme joies ou comme peines?
J’ai débuté la lutte anti-tabac en 1998 au Ministère de la Santé Publique et en 2004 dans le cadre d’une organisation de la société civile (Health Promotion Watch), la Coalition Camerounaise Contre le Tabac est née en 2006. La transition s’est faite tout naturellement lorsque j’ai été appelée à faire valoir mes droits à la retraite. Comme pour toute aventure humaine, il y a des difficultés. Mais il faut toujours commencer quelque part et avoir une vision. J’avoue éprouver une satisfaction particulière quand je réussis à convaincre des personnes à s’engager dans ce combat de longue haleine.

La cause semble pertinente et entendue d’un grand nombre, pourquoi selon vous le gouvernement ne dit pas stop à la vente de la cigarette?
A ce jour, le tabac est un produit dont la vente est autorisée bien que réglementée. Il y des accords internationaux que notre pays doit respecter. Il y a le puissant lobby de l’industrie du tabac qui défend ses intérêts avec d’importants moyens financiers. Cependant les lignes bougent et il n’est pas utopique de penser qu’un jour le tabac devienne un produit interdit à la consommation.

Qui sont ceux qui vous accompagnent dans votre objectif?
A ce jour la Coalition anti-tabac comprend une vingtaine d’associations. Elle compte aussi des membres individuels et de jeunes volontaires. Il fallait surtout convaincre les autres associations qui n’ uvrent pas forcément dans le domaine de la santé de s’associer à nous. La C3T compte parmi ses membres des associations de professionnels de la médecine, des organisations de protection de consommateurs, de protection des droits humains et de droits des handicapés, de personnes vivant avec le VIH, une organisation de sécurité routière, etc. Plus que leurs spécificités c’est leur engagement qui compte. J’en profite pour les remercier pour leur engagement.

2013 débute avec son lot de promesses, à votre niveau quels engagements relatives à votre cause avez-vous pris?
L’année qui commence est très importante pour la lutte anti-tabac au Cameroun. Nous espérons avoir le soutien de tous les camerounais pour l’adoption d’une loi nationale anti-tabac qui protège notre jeunesse des conséquences du tabagisme. Nous nous engageons à mieux informer les populations sur les risques sanitaires liés au tabagisme actif mais aussi passif. Le choix des uns de fumer a en effet des conséquences identiques sur les non fumeurs. Le tabac tue les fumeurs mais aussi les non fumeurs. C’est important de le savoir. La lutte anti-tabac doit devenir une affaire de tous.

Dr Flore Ndembiyembe, présidente de la coalition contre le tabac au Cameroun (C3T)
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Tabagisme: L’OMS et une association locale plaident pour plus d’implication

L’institution des nations unies en charge des questions de santé et la Coalition Camerounaise Contre le Tabac ont invité tous les acteurs sociaux à lutter contre ce fléau

En association avec le bureau régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Coalition Camerounaise Contre le Tabac (C3T) a invité mercredi 09 janvier 2013, des représentants de l’administration publique pour un échange autour de la mise en uvre de la Convention Cadre de l’OMS pour la lutte Antitabac, et aussi sur la question des maladies non transmissibles issues de l’action de fumer. Les participants se sont accordées sur les objectifs d’ insérer la lutte antitabac dans le plan stratégique national de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles (MNT) et la Stratégie Sectorielle de Santé (SSS), de consolider le Plan Stratégique National de Prévention et de Contrôle des Maladies Chroniques Non Transmissibles, en tenant compte des remarques faites et des activités formulées par les participants et aussi d’engager un plaidoyer pour que chaque ministère inscrive la lutte contre les MNT et le tabagisme dans sa feuille de route. Les entreprises du secteur privé et la société civile ont aussi été invitées à s’inscrire définitivement dans le cadre de cette lutte contre le tabagisme et donc à mieux prévenir les pathologies non transmissibles. « De nombreuses personnes sont encore malades du simple fait de fumer ou de vivre à côté d’un fumeur. Ces maladies ont été énumérées. Nous pensons que faire pression et parvenir à l’interdiction progressive des cigarettes, sera un bon début pour prévenir la survenance de ces problèmes chez une bonne partie des personnes » a expliqué Madame Flore Ndembiyembe, coordinatrice du C3T. Pour L’OMS, l’objectif était tout autre. Bien que le Cameroun ait déjà ratifié la convention cadre contre le tabagisme, il ne l’a pas encore introduit dans son ordonnancement juridique interne via une habilitation parlementaire.

« C’est dommage parce que comme vous le savez, à l’OMS on a déclaré le tabac comme étant un poison légale, parce que non interdit de vente. Or il est aujourd’hui admis qu’il fait des ravages dans le monde et aussi au Cameroun, notamment sur une population de plus en plus jeune. C’est pourquoi nous pensons qu’une application complète de cette convention cadre contre le tabac peut être un début de solution contre le fléau, et aussi contre les maladies non transmissibles qui vont avec », a indiqué pour sa part Barbara Etoa, qui représentait l’OMS à la rencontre. Selon des indications du ministère de la santé, certains ministères n’ont pas attendu l’adoption complète de la convention pour mettre certaines de ses dispositions en uvre. « La mise en uvre de l’article 11 connaît un succès incontestable avec son obligation de marquage sanitaire des emballages des produits à base de tabac. L’article 13 de la convention lui connaît un succès mitigé, la Loi N°2006/018 régissant la publicité au Cameroun n’étant pas totalement appliquée par les entreprises de commercialisation des produits de tabac. Certaines dispositions comme l’article 14 connaît un début de mise en uvre avec la formation des formateurs au Sevrage tabagique, cette formation devra se poursuivre avec la création des unités d’addictologie dans les régions », a expliqué Pascal Magloire Awono du Ministère de la Santé Publique. La question semble pourtant diviser au sein même d’un gouvernement, qui doit choisir de faire l’impasse sur un produit qui donne de nombreux emplois, même précaires, ou de préserver les vies humaines et de renforcer le capital humain nécessaire pour un développement durable. Dans les échanges, une unanimité a été faite sur le besoin de communiquer plus. Une communication qui ne reposerait pas seulement sur des slogans, mais sur des discussions concrètes avec l’ensemble des acteurs, afin de parvenir à dissuader le désir de fumer chez les personnes. Une tâche bien difficile, que la Coalition C3T entend néanmoins surmonter. Selon des statistiques qu’il faudrait actualiser, 17,5% de personnes sont des fumeurs au Cameroun et 60% d’entre eux sont des jeunes. Un hypothèque sérieuse sur ce qu’on considère comme étant le fer de lance de la nation.

Rencontre entre l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Coalition Camerounais Contre le Tabagisme le 09 janvier 2013 à Yaoundé
Journalducameroun.com)/n