Comment Paul Biya et Abdou Diouf ont aidé Hissène Habré

Par Christophe Châtelot, Le Monde

Un quart de siècle après sa chute, l’ex-président tchadien Hissène Habré a été condamné, lundi dernier, 30 mai 2016, à Dakar, à la prison à vie pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crimes de torture et viols. Une commission d’enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous Hissène Habré à quelque 40 000 morts.

Arrêté le 30 juin 2013, Hissène Habré était jugé depuis le 20 juillet 2015 par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), mises en place en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), qu’il récusait et devant lesquelles il refusait de s’exprimer ou de se défendre.

Comment L’ex-président tchadien était arrivé au Sénégal, pays qui l’a paisiblement accueilli pendant plus de 25 ans? C’est l’intérêt d’un article du journal Le Monde, publié en septembre 2015 et qui est encore d’une pertinente actualité aujourd’hui.

Extraits de l’article: « Hissène Habré, le cher voisin de Dakar », publié sur le site du Monde Afrique le 06 septembre 2015 par Christophe Châtelot

A Dakar, pendant près de vingt-cinq ans, Hissène Habré est apparu comme un honorable musulman à la barbichette bien taillée. Un petit homme frêle au turban et boubou blancs, respecté par ceux qui comptent dans la bonne société locale. Il était parfaitement intégré dans la capitale du Sénégal, où il a débarqué quelques jours après avoir été déposé par son ancien lieutenant, l’actuel président tchadien Idriss Déby, le 1er décembre 1990.

Dans ses Mémoires (Seuil, 2014), l’ancien président sénégalais Abdou Diouf (1980-2000) raconte le jour de cette arrivée. Tout commence par un coup de fil du président camerounais Paul Biya, un soir vers 23 heures, pour l’informer de l’arrivée prochaine de Habré et de l’impossibilité de le garder au Cameroun, en raison de la proximité avec le Tchad. [i «Le problème était d’autant plus prégnant qu’aucun des présidents africains contactés ne voulait accueillir Habré, écrit Diouf. C’est à la suite de tous ces refus que Biya avait pris contact avec moi, pour me demander d’accorder l’asile politique à ce dernier. Je lui donnai mon accord et lui demandai de me préciser la date de l’arrivée d’Habré (.). Biya me répondit qu'[il] serait à Dakar le lendemain à 6 heures du matin.»] «A nos yeux, ajoute l’ancien chef de l’Etat, asile politique devait rimer avec discrétion, ce qui excluait toute immixtion dans la vie politique du Tchad.»

En clair, le Sénégal se portait garant auprès du successeur d’Hissène Habré à N’Djamena que l’ancien rebelle ne soutiendrait pas l’un de ces nombreux mouvements armés qui déstabilisent périodiquement le Tchad. Il semblerait qu’il ait tenu parole.

Ce qu’Abdou Diouf ne dit pas c’est qu’Hissène Habré n’était pas arrivé les mains vides. De l’avion de commandement «emprunté» à l’armée tchadienne à bord duquel il venait d’arriver au Sénégal, il avait aussi débarqué des malles d’argent liquide. Un butin qu’Hissène Habré avait pillé, la veille de sa fuite de N’Djamena, au Trésor public, vidant les caisses de l’Etat.

Devant la commission d’enquête tchadienne de 1992 sur les crimes de l’ère Habré, l’ex-trésorier général du Trésor avait ainsi raconté comment il avait dû «prélever» plus 3 milliards de francs CFA (soit l’équivalent de 60 millions de francs français à l’époque) «sur instruction d’Habré». L’ex-chef de l’Etat avait alors prétexté l’urgence de l’achat d’armes pour contrer l’avancée des rebelles d’Idriss Déby. Le haut fonctionnaire avait ensuite convoyé l’argent jusqu’à Maroua, ville camerounaise située à 200 km au sud de la capitale tchadienne où Habré avait trouvé un refuge temporaire, étroitement escorté par Abdelkrim Habré, le propre frère du président. Puis ce pactole fut chargé à bord de l’avion de commandement «offert par Saddam Hussein à l’Etat tchadien mais qu’Hissène Habré considérait comme un cadeau personnel», se rappelle un ministre sénégalais de l’époque. «L’avion était bourré d’affaires personnelles, de tapis, de malles d’argent liquide.»

L’histoire de cet avion scella les premières amitiés politiques du Tchadien dans la capitale sénégalaise; elle tissa les premiers fils d’un réseau qui allait lui garantir une certaine impunité des années durant. Très rapidement après l’arrivée d’Hissène Habré à Dakar, les nouvelles autorités tchadiennes avaient en effet pressé le Sénégal d’intervenir pour renvoyer à N’Djamena l’avion détourné. Abdou Diouf dépêcha alors auprès du nouvel exilé politique, Keba Mbaye. Ce vieux sage qui avait présidé le Conseil constitutionnel devait lui faire entendre raison. Ce qu’il parvint à faire. L’habile médiateur avait aussi un fils, Abdoul Mbaye, qui dirigeait à l’époque la Compagnie bancaire de l’Afrique occidentale (CBAO). Personne à Dakar ne crut donc à une coïncidence lorsqu’Hissène Habré déposa une partie de son pactole dans cet établissement.

«A ce moment-là, on ne sait rien des atrocités commises par Hissène Habré. Nous sommes même plutôt fiers d’offrir l’hospitalité à un ancien président déposé par les armes», se souvient Abdoulaye Makhtar Diop, alors ministre de la jeunesse et des sports et actuel Grand Serigne de Dakar, autrement dit chef coutumier des Lebou, la communauté à l’origine du peuplement de la capitale sénégalaise. Quoi qu’il en soit, les Habré et les Mbaye finissent par entretenir des relations dépassant le cadre professionnel. Pour le malheur d’Abdoul. Douze ans après l’arrivée d’Hissène Habré au Sénégal, l’ancien banquier doit rendre son tablier de premier ministre à l’actuel président Macky Sall, après seulement dix-huit mois passés à la tête du gouvernement.

Promu sur un programme de lutte contre la corruption et des biens mal acquis, Abdoul Mbaye a vu l’histoire de l’argent d’Hissène Habré revenir comme un boomerang. En 2012, l’ancien chef de l’Etat, longtemps protégé par le club des présidents et ex-présidents africains soucieux de leur immunité, a été rattrapé par son passé de tortionnaire et de pilleur du Trésor public.

Hissène Habré
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La Francophonie: un idéal voué à l’échec

Par Magaye Gaye

Au moment où le Sénégal s’apprête à accueillir le 15ème sommet de la Francophonie les 29 et 30 novembre prochain, il me semble approprié de consacrer un temps de réflexion à cette aventure démarrée officiellement en 1970 et qui cristallise aujourd’hui espoir et ranc ur. Cet événement coïncide avec les préparatifs de l’anniversaire de la célébration par le Sénégal du grand Résistant anticolonial Cheikh Ahmadou Bamba, dont le projet de société, basé sur des valeurs d’indépendance, de dignité et de travail mobilise des millions de Sénégalais. L’idéal francophone a t-il atteint ses objectifs ? Est-il un instrument de promotion économique, de coopération culturelle et de consolidation des valeurs de démocratie et de paix dans le monde? Ou simplement comme beaucoup le pensent une tentative non avouée de préserver l’influence géopolitique de la France dans certaines parties du Monde et la continuité de sa politique assimilationniste et d’aliénation culturelle sur ses anciennes colonies ?

Une Francophonie plombée par le déclin économique de la France et la profonde inefficacité des méthodes de la Françafrique
Intéressons nous d’abord à la structure de la francophonie : 77 Etats et Gouvernements dont 57 pays membres et 20 observateurs, soit près de 230 millions de locuteurs (3% de la population mondiale). Selon le rapport de Jacques Attali sur la francophonie économique, commandité par l’Elysée, l’ensemble des pays francophones et francophiles représente 8,5 % du PIB mondial, avec 5,4 % des réserves internationales de ressources minières et énergétiques. Le rapport n’aborde cependant pas trois réalités inquiétantes : Sur les 20 pays les plus riches du monde, seuls 2 sont francophones. A ce constat s’ajoutent deux tendances lourdes du monde francophone : la propension au déclin de son socle unificateur : « la France » et le retard considérable accusé par son espoir de croissance future et par ailleurs fondateur historique : les pays francophones d’Afrique noire.

La France fait face en ce moment au vieillissement de sa population et à un déficit budgétaire colossal sans oublier un endettement public hors de proportion (2000 milliards d’euros) qui hypothèque ses générations futures, avec en sus des menaces constantes que fait peser la mondialisation. En outre, ce pays, principal contributeur de la Francophonie, subit de plein fouet un discrédit notoire de sa classe politique ; à court terme, l’on ne voit pas de leader charismatique et visionnaire de la trempe de François Mitterrand ou du Général De Gaulle en mesure de susciter de l’espoir et mener les réformes qui s’imposent. Les récurrents rappels à l’ordre budgétaire de la Commission de Bruxelles, intimant à plus de responsabilité et le désintérêt croissant des étudiants francophones du monde entier par rapport au système éducatif de la France constituent des indices probants qui montrent clairement que la principale locomotive de la Francophonie est grippée.

Quant aux pays d’Afrique francophone, il est à noter que sur les 20 pays les plus pauvres du monde, 18 sont africains. Sur ce total, 11 soit 61% sont francophones. Ces derniers sont dépassés par des états africains anglophones, plus entreprenants, plus responsables, et faisant preuve de plus de capacité d’innovation. Huit des onze pays les plus mal classés au monde par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sont des États africains francophones. Le classement « Doing business » de la Banque Mondiale indique une insuffisance notoire de l’environnement des affaires dans ces pays cantonnés en queue de peloton dudit classement. Dans l’une de ses parutions, l’hebdomadaire « Jeune Afrique » révèle que «les pays francophones pèsent 19 % du produit intérieur brut moyen de l’Afrique subsaharienne, quand les anglophones en représentent 47 % (hors Afrique du Sud) ».

Ce retard, de notre point de vue, s’explique par l’inefficacité du modèle post colonial français. Au moment où la Grande Bretagne laissait ses colonies aller à l’apprentissage des questions économiques, la France quant à elle, anticipant sans doute un déclin inévitable, a choisi de maintenir ses anciennes colonies dans une logique confédérale avec une forte situation de dépendance et d’assistanat. Une structuration économique inadaptée, forgée pendant la période coloniale, continue de subsister, faisant de ces pays des réservoirs de matières premières exportables à souhait sans réelle politique monétaire par ailleurs. En effet, le FCFA, monnaie arrimée, sous l’instigation de la France, à une devise très forte, l’euro, déresponsabilise les pays d’Afrique francophone, hypothèque leur capacité d’exportation et leur développement économique; plus de 50% des réserves en devise (environ 10 000 milliards de FCFA soit 15,2 milliards d’euro en ce moment) logés au Trésor Français en contrepartie de la garantie de la convertibilité ne contribuent pas au financement de l’économie des pays d’Afrique francophone. Par ailleurs, la logique des « relais locaux » est tellement bien forgée et entretenue que peu parmi les élites locales aiment véritablement leurs pays et se soucient de leur prospérité.

Comment comprendre, à ce propos, le rôle de fondateurs de la Francophonie, assumé avec fierté par des anciens Chefs d’Etat africains comme Senghor, Bourguiba et Diori, en dehors du principal concerné la France ? A un moment où des enjeux d’unification de l’Afrique et de promotion des langues nationales se posaient avec acuité. Comment concevoir que des anciens Chefs d’Etat du Sénégal de la trempe de Senghor et Diouf aient choisi de s’installer en France après leur départ du Pouvoir ? Comment justifier aux futures générations d’Afrique Francophone les décisions publiques consistant à baptiser de grandes artères et lieux publics des capitales africaines aux noms de Paul Holle, Kermel, Sandiniery, Faidherbe à la place des Résistants et personnages historiques locaux. Le système prévoit même des outils de maintien du dispositif comme l’appui au maintien au pouvoir des élites favorables à l’ancienne Puissance, le spectre d’un octroi insuffisant de l’aide bilatérale et multilatérale et les accords de défense. Sans oublier des moyens de communication radiophoniques et télévisuels puissants, en mesure de façonner les mentalités de manière décisive.

Plus de cinquante ans après les indépendances, l’Afrique francophone n’est ni respectueuse ni respectée. Par exemple, sur l’affaire de l’Arche de Zoé qui a frappé en 2007 le Tchad, la déclaration du Président Sarkozy, intimant l’ordre aux Autorités tchadiennes d’extrader les membres de ladite association pour jugement en France « quoi qu’ils aient fait » traduit éloquemment le peu de respect nourri à l’égard des pays africains. Au plan diplomatique, la position de l’Organisation Internationale de la Francophonie dans les conflits qui frappent l’Afrique francophone semble toujours modulée en fonction de la position Française. Le cas de la crise burkinabé où la Francophonie s’est abstenue de réagir en amont en est un cas illustratif. Il n’est pas imprudent d’affirmer que tant que la Françafrique durera, la Francophonie ne pourra jamais réaliser son idéal.

Vers un monde unipolaire irrémédiablement anglophone
Le Monde anglophone fascine par ses valeurs libérales, pragmatiques et responsabilisantes. Langue des affaires, l’anglais, à l’instar d’une monnaie forte comme le dollar, a pris beaucoup de valeur au cours des dernières décennies renforcé par son positionnement de choix dans de nouveaux métiers d’avenir comme les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Cette langue est devenue un signe de reconnaissance internationale et une valeur refuge de progrès. De plus en plus de jeunes du monde francophone sont attirés par les universités anglo-saxonnes. L’anglais domine incontestablement le monde. Cet idiome est sans aucun doute aujourd’hui le langage universel et peut être compris presque partout.

Dans le subconscient de beaucoup de jeunes à travers la planète, l’anglais est une langue moderne, à la mode, porteuse des valeurs de progrès de demain. Le poids démographique grandissant des chinois dans le monde ainsi que le retour de plus en plus pressant des valeurs religieuses qui privilégiera une langue comme l’arabe, entraîneront sans doute un fort recul de la francophonie dans le monde. Ces facteurs ajoutés à une mondialisation multipolaire qui voit l’émergence des puissances comme le Brésil, la Russie, l’Inde, tous arrimés à l’anglais derrière les Etats-Unis, devraient amener les Responsables francophones à plus de lucidité.

Tout pays consciencieux et désireux de jouer un rôle important dans les relations internationales doit adopter l’enseignement obligatoire de l’anglais dès le primaire et en faire une langue officielle. L’Anglais deviendra de notre point de vue la seule langue officielle de communication internationale ; les pays africains gagneraient à anticiper cette réalité et à s’y préparer en conséquence. Il faut également travailler à promouvoir nos langues nationales pour développer des pensées locales issues de nos réalités. Le Rwanda, dans le cadre d’une bonne démarche d’anticipation géopolitique a très tôt compris cette realpolitik qui fera sans doute des émules en Afrique. Déjà, la Côte d’Ivoire envisage, dès la rentrée prochaine, l’instauration d’une année probatoire en première année universitaire pour l’apprentissage de l’anglais, afin de donner plus de chance à ses citoyens sur le marché de l’emploi. Le monde Francophone en général, et la France en particulier, n’anticipe toujours pas cette réalité irréversible, cette montée irrésistible d’une nouvelle génération d’Africains soif de respect et fortement désireuse de tourner la page.

Magaye Gaye
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Sénégal: Polémique autour des mémoires de l’ancien président Abdou Diouf

Dans son livre, Abdou Diouf raconte des anecdotes et confidences qui ont mis mal à l’aise certains de ses anciens proches collaborateurs

Le livre mémoires de l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, publié à Paris, et dont de larges extraits ont été diffusés dans la presse locale, suscite une vive contestation au Sénégal. L’auteur de l’ouvrage, actuel président de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a été le second président de la République du Sénégal de 1981 à 2000, et membre du Parti socialiste.

Dans son livre, Abdou Diouf raconte des anecdotes et confidences qui ont mis mal à l’aise certains de ses anciens proches collaborateurs cités dans l’ouvrage. C’est par exemple le cas d’une altercation en 1984 entre ses anciens ministres et camarades de parti, Moustapha Niasse (actuel président de l’Assemblée nationale) et Djibo Kâ (député).

Rapportant une confidence de Moustapha Niasse à ce sujet, Diouf écrit : « (..) Est-ce que vous savez, Monsieur le président, que ce que j’ai fait à Djibo Kâ (il lui a donné une gifle : NDLR), au Bureau politique en 1984 est le résultat d’un complot entre Jean Collin – ancien ministre de l’Intérieur – et Djibo Kâ ? (..) Collin a dit à Djibo: Il faut amener le président à chasser Niasse du gouvernement. Il faut le couper du président et la seule façon de le faire, c’est de le provoquer. Il est nerveux, il fera une bêtise, et le président le fera partir. Il faut que tu insultes sa mère, il ne pourra pas le supporter, il te frappera et le président le chassera ».

Autre anecdote citée dans l’ouvrage et qui met mal à l’aise le Pr Iba Der Thiam, également ancien ministre de l’Education de Abdou Diouf.

« Au moment où Abdoulaye Bathily-opposant au régime de Diouf – devait passer maître de conférences à l’Université, Iba Der Thiam a voulu s’y opposer en me disant qu’il n’était pas au niveau requis. (..) Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais Iba Der a demandé à ses agents de ne pas me transférer le projet de décret pour le nommer maître de conférences. Finalement, c’est quand j’ai demandé au recteur, Madani Sy, de trouver une solution qu’Iba Der a compris qu’il ne pouvait pas aller contre la volonté du président de la République, et Bathily a donc pu être nommé », révèle Diouf dans son ouvrage.

La réaction des personnalités citées dans le livre n’a pas tardé. Pour Djibo Kâ, Abdou Diouf raconte des contre-vérités dans son livre. « C’est faux de dire que j’étais manipulé par Jean Collin. Collin et moi n’avions que des relations professionnelles. Et Niasse ne m’a jamais giflé. Il s’est jeté sur moi et m’a juste touché à la tête. Si Diouf ne me respecte pas, moi je le respecte ».

Pourtant, Me Doudou Ndoye, ancien ministre socialiste, confirme les propos de l’ancien président.

« Moustapha Niasse prenait la parole et Djibo Kâ a murmuré deux à trois mots qui n’étaient pas bien placés. Et Moustapha Niasse s’est fâché. Il s’est levé, a pris Djibo Kâ, l’a abreuvé d’insultes de mère en wolof, et lui a donné des coups de poing jusqu’à ce que Djibo Kâ ait la lèvre fendue (..) C’est moi qui, suis le seul à me lever pour intervenir et les séparer », témoigne dans la presse Me Doudou Ndoye.

Iba Der Thiam aussi s’est défendu via la presse. Pour ce professeur d’histoire et ancien ministre, le récit de Diouf prouve, « son ignorance des usages et procédures universitaires. Diouf falsifie sciemment les faits. Il intrigue, règle des comptes et n’ a pas peur de jouer avec la vérité pour faire mal ».

En tout cas, si certains soupçonnent un règlement de comptes à travers les écrits de l’ancien président, d’autres pensent qu’il n’ y a pas d’objet à polémique. « Les autres qui ne sont pas contents n’ont qu’à écrire leurs mémoires. Alimenter cela de manière conflictuelle n’a pas de sens », estime Mamadou Ndoye, ancien ministre de Diouf et actuellement secrétaire général de la Ligue démocratique.

Selon lui, Diouf a donné son témoignage tel qu’il a vécu les choses, compte tenu de la position qu’il a occupée au niveau de la République. Il n’y a donc, dit-il « pas lieu de faire une guerre à partir de ses points de vue ».

Couverture des Mémoires d’Abdou Diouf
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OIF: La candidature de L’Estrac reçoit le soutien d’un collectif de personnalités

Le Mauricien est considéré par des écrivains, artistes et scientifiques francophones comme celui qui doit succéder à Abdou Diouf au poste de secrétaire général en novembre prochain

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde le 21 juillet 2014, un collectif d’écrivains, artistes et penseurs francophones se disent en faveur de la candidature du Mauricien Jean Claude de l’Estrac au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Jean Claude de l’Estrac est en course pour le poste avec deux autres candidats: L’ancien Premier ministre et écrivain congolais Henri Lopes et l’ancien chef d’Etat burundais Pierre Buyoya. L’élection qui aura lieu en novembre 2014, lors du prochain sommet de l’organisation à Dakar, permettra de trouver un successeur au Sénégalais Abdou Diouf en poste depuis le 20 octobre 2002.

«Nous avons la conviction que c’est à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) que se joue, pour une bonne part, le combat pour le respect de la pluralité des cultures. Cette lutte est au c ur de notre engagement, au c ur de cette « francosphère », espace rêvé d’échanges linguistiques et culturels respectueux de l’histoire et de l’exceptionnelle richesse créatrice du genre humain C’est avec cette idée que nous faisons aujourd’hui confiance à la candidature de l’île Maurice pour conduire le futur de l’OIF. En moins d’un demi-siècle, cette île-carrefour a donné naissance à un laboratoire à la fois du vivre-ensemble de multiples groupes sociaux et de préservation de la diversité culturelle dans le cadre d’un Etat démocratique, respectueux des droits de l’Homme et des croyances de chacun. C’est le pays qui fait cependant de l’idéal interculturel une quête constante», affirment la vingtaine de personnalités qui souhaiteraient voir Jean-Claude de L’Estrac à la tête du secrétariat général de l’OIF.

La lettre de soutien à la candidature de l’Ile Maurice est signée par des écrivains comme Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008 ; Patrice Nganang, écrivain, Grand prix littéraire d’Afrique noire en 2003 ; Nguyen Quang Thieu, vice-président de l’Association des écrivains vietnamiens ; Des scientifiques comme Jean-Robert Pitte, ancien président de l’Université Paris-Sorbonne ; Federico Mayor Zaragoza, scientifique, diplomate et poète, ancien directeur général de l’UNESCO ; ainsi que d’autres artistes, écrivains, penseurs amoureux de la langue française.

Journaliste de profession et écrivain, Jean Claude de l’Estrac a été ministre des Affaires étrangères de l’Ile Maurice. Depuis juillet 2012, il occupe le poste de secrétaire général de la Commission de l’Océan Indien (COI).

Jean Claude de l’Estrac
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Francophonie : Et de trois pour Abdou Diouf !

Seul candidat en lice, l’ancien président sénégalais a été élu à l’unanimité pour un nouveau mandat de quatre ans

C’était ce samedi 23 octobre 2010 à Montreux en Suisse, où se sont tenus les travaux de la treizième session de l’assemblée générale de l’organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Quelques soixante délégations, chefs d’Etat et de gouvernement ont pris part à ces travaux. Les travaux jugés « fructueux » par la présidente de la Confédération Doris Leuthard. La déclaration de Montreux remplit nos attentes a-t-elle déclaré à la fermeture du sommet ce dimanche.

Seul en lice
En effet, seul candidat au poste de secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Abdou Diouf a fort logiquement été reconduit par les chefs d’État participant. Depuis maintenant huit ans, et pour quatre années supplémentaires, l’ancien président sénégalais conduira donc les destinées de la langue française. Son rôle au sein de la Francophonie, Abdou Diouf le définit lui-même comme une magistrature d’influence. C’est le pouvoir de convaincre et non pas de contraindre, d’ailleurs je n’ai pas les moyens de contraindre, commente-t-il. Il ya quelques semaines, il avait face à lui dans la course à ce poste, l’écrivaine camerounaise Calixthe Beyala dont la candidature n’a pas été fortement soutenue et qui n’a pas été adressée au pays qui assure la présidence de l’organisation, à savoir le Canada. Son intention de rendre ses fondamentaux à la Francophonie n’a certes pas marché, Calixthe Beyala se félicite tout de même d’une chose: Des combats j’en ai gagnés parfois, j’en ai aussi perdus. J’estime que j’ai gagné lorsque j’ai réussi à réveiller les gens sur des questions importantes. Une fois qu’ils ont ouvert les yeux, je peux poursuivre ma route et m’attaquer à autre chose affirme-t-elle.

Après sa réélection, le secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf s’est immédiatement engagé à «renforcer» le rôle de l’organisation au sein des grandes enceintes internationales comme le G8 ou le G20 et réaffirmé son «attachement à la langue française». Selon le dernier rapport de l’organisation sur l’usage de la langue française, l’on compte plus de 200 millions de francophones dans le monde dont 96,2 millions en Afrique, et 900 000 professeurs de français dans le monde. Des chiffres salués par la majorité des pays membres, et qui laissaient présager une possible reconduction d’Abdou Diouf.

Rendez-vous à Kinshasa en 2012
Le président du Congo Joseph Kabila a pris la parole devant ses pairs pour remercier la Francophonie d’avoir choisi son pays comme haute du prochain sommet de 2012. Bienvenue à Kinshasa en 2012 ! a-t-il lancé, déclarant que le Sommet de Kinshasa devrait servir de test en matière de lutte en faveur de la bonne gouvernance et de l’état de droit.

Et de trois pour Abdou Diouf !
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Excellence: Le camerounais Samuel Eto’o honoré à Dakar

Il a été choisi mardi dernier pour le prix d’Excellence de la fondation « Abdou Diouf Sport-Vertu »

Eto’o sur un fauteuil
Les prix seront remis le 19 novembre prochain, au Théâtre national Daniel Sorano à Dakar. Sur les raisons du choix de Samuel Eto’o, la présidente de la Fondation explique que les performances du footballeur camerounais doublés de son engagement auprès des nécessiteux ont pesé en sa faveur.

Le consensus s’est fait autour de Samuel Eto’o, qui n’est plus à présenter pour avoir remporté trois fois le Ballon d’Or africain. Il a été meilleur buteur de l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations en 2008. Il a remporté deux fois (2006 et 2009) la Ligue des Champions. Il lutte contre les maladies infantiles et est ambassadeur de l’Unicef.
Mme Maïmouna Kane, présidente de la fondation Abdou Diouf Sport Vertu

Le prix de l’excellence de la fondation Abdou Diouf Sport Vertu est attribué tous les deux ans aux meilleurs sportifs africains. Les distinctions mettent en avant les valeurs sportives que sont le courage, le dépassement de soi qui forgent le caractère, en conjuguant à la fois le respect des règles sportives, l’épanouissement personnel avec les valeurs collectives de cohésion, de solidarité, de partenariat et de respect de l’autre ». Les actions humanitaires de celui qui est désormais perçu en Afrique comme le meilleur avant centre de l’histoire du FC Barcelone ont aussi été décisives du choix porté sur lui ,tout comme les luttes contre le racisme mais également contre les maladies infantiles, qui lui ont valu d’être nommé ambassadeur de l’Unicef.

Autres prix décernés
Les angolais ont également eu leur prix. La fédération angolaise de basketball a remporté le prix d’honneur suite à un palmarès indiscutable sur plan continental et dans l’international. L’équipe nationale de basket a remporté dernièrement en Lybie le titre Africain pour la 6ème fois consécutive. Un prix d’honneur a également été décerné à l’algérienne Soraya Addat. Cette dernière a fait une bonne participation aux jeux olympiques de Pékin en Judo pour les plus de 52 kilos. Des sénégalais ont aussi été récompensés. Ce seront la Judokas Fary Sène sept fois championne du Sénégal et Mamadou Keïta le double champion d’Afrique en escrime.

Le camerounais qui prépare la rencontre comptant pour les éliminatoires couplés CAN/Coupe du monde ne s’est pas encore officiellement prononcé sur cette nouvelle. Selon des sources proches de l’attaquant camerounais, ce dernier reste toujours très sensible à ces marques de reconnaissance. L’épisode de la séparation avec le Football Club de Barcelone aurait été assez mal vécu par le camerounais. Créée en 1989, la Fondation est présidée par l’ancienne ministre Maïmouna Kane qui succède à feu Sergine Lamine Diop décédé en décembre 2008

Samuel Eto’o
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Commémoration: « Droits de l’Homme, une uvre inachevée »

L’universalité de principes ne saurait être l’occasion d’imposer des méthodes et des modes d’expression.

 » Plus jamais cela ! ». N’oublions jamais que c’est ce cri de révolte contre la barbarie et l’oppression, mais aussi ce cri d’espoir qui a été à l’origine de la rédaction de la déclaration universelle des droits de l’Homme, voilà soixante ans. N’oublions jamais que c’est la conscience naissante d’appartenir à une même famille humaine qui a conduit, pour la première fois, à vouloir, comme le disait René Cassin,  » protéger tout l’homme et les droits de tous les hommes en tout lieu de la terre », à vouloir affirmer clairement la dimension universelle et indivisible de ces droits.
Soixante ans après, qu’est-il advenu de nos aspirations, de nos ambitions, de nos engagements ? Année après année, on a vu s’étoffer l’action normative et institutionnelle des Nations unies, on a vu s’élargir les catégories des bénéficiaires, on a vu s’amplifier la notion même de droits de l’homme progressivement appliquée à l’alimentation, au développement, ou à l’environnement. Année après année, de nouvelles étapes décisives ont été franchies : qu’il s’agisse de la Conférence mondiale de Vienne, de la création de la Cour pénale internationale, de la reconnaissance du principe de compétence universelle, ou de celui de la responsabilité de protéger.

Malgré le travail et les efforts accomplis par l’ONU et la communauté internationale, malgré l’action inlassable des organisations non gouvernementales et des milliers de héros anonymes qui se dévouent souvent au péril de leur vie, malgré les progrès accomplis et les avancées incontestables réalisées tout au long de ces soixante années, l’ uvre reste, encore et toujours, inachevée.
Qui oserait, en effet, affirmer, aujourd’hui, que le droit à se nourrir, à se soigner, à se former, à travailler, à être protégé par la loi, à circuler librement, en d’autres termes que le droit à vivre dans le bien-être et la dignité est, partout dans le monde, réalisé ? Qui oserait affirmer, aujourd’hui, que la liberté de pensée, de conscience, d’opinion et d’expression, que l’égalité entre les hommes et les femmes, est, partout dans le monde, réalisée ? Qui oserait affirmer, aujourd’hui, que la pauvreté et la guerre, la dictature et l’oppression, l’esclavage et la torture, la xénophobie et le racisme, ont été, partout dans le monde, éradiqués ? Qui oserait affirmer, aujourd’hui, que les principes proclamés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme sont, partout dans le monde, effectivement appliqués, que leur violation est, partout, réprimée, ou mieux encore, prévenue ?

Soixante ans après, ayons la lucidité et le courage de reconnaître que le combat pour les droits de l’Homme et les libertés fondamentales demeure d’une pressante et révoltante actualité ! Ayons la lucidité et le courage de reconnaître que l’urgence n’est plus tant de définir de nouveaux droits, que d’amener les Etats, tous les Etats, à ratifier les textes existants, mais surtout à les appliquer réellement ! Plus grave encore ! Devons-nous prendre prétexte que le monde a connu, depuis soixante ans, de profonds bouleversements, que de nouveaux équilibres se sont fait jour, mais aussi de nouvelles menaces, pour remettre en cause, ici ou là, l’universalité de ces principes ?
Quelle serait la portée, l’efficacité et le devenir d’un droit que certains Etats seulement appliqueraient, tandis que d’autres le bafoueraient, au nom de spécificités culturelles, religieuses, nationales, au nom de je ne sais quel relativisme ? Nous irions au devant d’un immense péril pour l’humanité si nous devions invoquer la diversité pour mieux révoquer l’universalité ! L’universalité et la diversité ne sauraient s’affronter, tant elles sont vouées à se nourrir, à s’alimenter, à s’enrichir l’une l’autre.

Mais dans le même temps que nous devons dénoncer cette instrumentalisation de la diversité et de l’altérité, nous devons réaffirmer fermement que l’universalité de principes ne saurait s’accommoder d’une politique du  » deux poids, deux mesures ». Nous progresserons d’autant mieux que l’équité sera respectée et que tous les manquements à ces principes et ces idéaux seront condamnés, sans considération de puissance aucune ! Nous devons, aussi, réaffirmer fermement que l’universalité de principes ne saurait être l’occasion, pour certains, d’imposer à d’autres, de manière péremptoire, des méthodes et des modes d’expression venus d’ailleurs. Nous progresserons d’autant mieux que seront prises en compte la diversité des réalités historiques et socio-culturelles, tant en ce qui concerne la formulation de ces principes, qu’en matière de sensibilisation, d’éducation, d’appropriation. Nous progresserons d’autant mieux que la volonté de condamner s’accompagnera d’une volonté de coopération et d’assistance dans un esprit d’écoute, de respect et de dialogue.
C’est bien dans cet esprit qu’agit la Francophonie pour conforter l’universalité des principes et l’efficacité des mécanismes. Une Francophonie fondée, il faut le rappeler, sur le respect de la diversité culturelle, une Francophonie qui a tant fait pour que cette diversité soit érigée en principe du droit international. Puisse donc ce soixantième anniversaire de la Déclaration des droits de l’Homme nous inciter, par-delà nos différences, à proclamer l’unité de notre condition humaine et l’identité de notre destin !


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