L’Africain pendant longtemps a été peint et continue d’être brossé par l’extérieur comme l’être du monde le plus sauvage, le plus violent, le plus paresseux et sans passé glorieux. Et l’Africain lui-même tend à accepter cette peinture, à ingurgiter ce discours qui vise à masquer l’essence du locuteur.
Parlant de la sauvagerie ou de la violence, qui sur cette Planète Terre sont plus sauvages ou violents que qui depuis plus de 400 ans ? Ce qui froisse le plus, c’est que ce discours prononcé de façon réitérative a fini par trouver une place royale dans la conscience de certains Africains.
Toutefois, depuis les crimes en Libye et Côte d’Ivoire, certains Africains hier plus réceptifs à cette peinture ont commencé à douter, à tourner plusieurs fois dans leurs têtes ce qui se dit ; et c’est là d’où part le grand réveil africain.
En anéantissant l’aviation ivoirienne et en cassant le palais présidentiel pour capturer et livrer Laurent Gbagbo, en détruisant la Libye avec sa coalition occidentale et tuer le guide Kadhafi, les Africains massivement ont compris :
* Que les plus barbares et plus violents du monde ne sont pas en Afrique, mais en Occident d’où partent la plupart des armes, injustices et guerres qui inondent l’Afrique et le monde,
* Que les donneurs de leçons en droits humains, en justice et en démocratie sont des hypocrites qui les utilisent pour piéger les autres,
* Qu’en éliminant Kadhafi qui était un grand espoir de l’envol africain, ses tueurs ont montré clairement à l’Africain intelligent que le salut de l’Afrique ne viendra jamais d’eux et qu’ils sont et seront là pour eux-mêmes et jamais pour que l’Afrique se mette debout,
* Qu’ils doivent s’organiser, s’unir et se battre pour se libérer des dominations économico-culturelles et politico-financières du continent.
Nicolas Sarkozy en élevant l’animalité à son point culminant en Libye et en Côte d’Ivoire avec ses amis a amplement ouvert les yeux aux Africains et les a unis dans leur combat libératoire, en même temps qu’il a présidé au discrédit total de son pays. Tout en déplorant ce qui est arrivé aux deux pays, ce criminel international a été une chance pour l’Afrique désormais debout.
Le FCFA est ce Franc contraignant de la France en Afrique à travers lequel elle continue d’assujettir financièrement et économiquement des pays dont la plupart furent ses colonies et restent telles dans les faits sous plusieurs angles.
Inimaginable dopeur de l’économie de la France et bastion de sa colonisation et recolonisation de l’Afrique, le FCFA représente la puissante, la très tranchante et scintillante lame d’émasculation des peuples africains.
Tous les panafricanistes et patriotes africains qui ont vécu ou vivent sous ce grand crime s’accordent sur la nécessité de s’en dépêtrer. Le bon sens l’oblige car, nulle part dans le monde aucun pays ne s’est développé et devenu vraiment souverain avec une monnaie qui lui est imposée par un autre Etat.
Tout a été dit et se dit sur cette monnaie de domination, d’humiliation et de castration des pays d’Afrique, sauf que toujours l’on ne s’entend pas souvent sur comment et qui peut arrêter ce crime exceptionnel et quand.
A la question quand est-ce que cela est possible, la réponse claire, décisive, incisive, responsable et rationnelle est que ça peut se passer à tout moment, même en surprenant le Maître qui veut régner sans fin sur ses « esclaves ».
A la question cruciale, qui mettra fin à cette monnaie le FCFA et comment ? La réponse est là, claire et indiscutable. Ce n’est ni la France ni un pays isolé. Ce ne sont ni les dirigeants des pays affectés ni des groupes organisés isolés.
Ce sont bien tous les peuples des pays francophones ployant sous le fardeau du FCFA qui, avec des actions et une ardeur coordonnées, vont mettre fin à cette Bête féroce et immonde qui a déjà ses pattes sur deux siècles.
Il s’agit aussi de faire voir à la France que nous, Africains, ne négocierons plus notre souveraineté et notre dignité, et que l’assassinat de Kadhafi dans l’optique de perpétrer cette domination a été un acte lâche, stupide et criminel ; tout comme vouloir asphyxier le Tchad pour des revendications justes et courageuses de son président est criminel et lâche.
En clair, ce sont tous les peuples d’Afrique francophones unis et résolus qui, à travers des actions communes efficaces, vont se faire grand vent, se faire Harmattan et ne se taire que quand le FCFA est retiré et réduit en charpie.
Par Guy Samuel Nyoumsi, Vice-président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN)
J’ai, en tant que Vice-Président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN), sollicité la faveur d’une audience visant à soumettre à la sagacité des instances en charge de la coopération franco-africaine, les ressentiments des Africains, leurs attentes, ainsi que les suggestions dont le CRAN se fait l’écho, pour favoriser, un tant soit peu, l’éclairage «des questions qui fâchent», la levée des «équivoques», les chantiers dont la poursuite mérite d’être renforcée, tout comme la conversion co-développementale franco-africaine en mesure d’autoriser une meilleure consolidation des liens qui unissent la France à l’Afrique.
Le séjour du Président Hollande en terre camerounaise, étant aujourd’hui entré dans le registre «du passé récent», je me résous néanmoins à partager avec tous, ce qu’il me semble utile de dire.
I- DES RESSENTIMENTS:
I-1- De la voix et des intérêts de l’Afrique, bafoués par la France.
Ce qu’il me semble utile de dire est qu’une manière de désaffection de «l’hexagone» caractérise le regard que portent les Africains en général et les Camerounais en particulier, sur la coopération franco-africaine.
Le propos courant au Cameroun comme l’argumentation la plus incisive font état de ce que la politique extérieure de la France, en dépit des liens historiques et culturels avec «l’Afrique francophone», est fortement marquée par le parti résolument pris pour une Europe consumériste et soumise au diktat des intérêts de la haute finance.
L’angélisme sans doute sincère de nombreux Africains et Camerounais qui voyaient en la France «une amie fidèle, sincère et porteuse de valeurs humanitaires» a tôt fait de tomber en désuétude, ces trente dernières années au cours desquelles, la France, de l’avis des Africains, notamment subsahariens, a sacrifié sur «l’autel des gains engrangés par les multinationales de la finance», la voix et les intérêts de l’Afrique auprès de ses pairs tant Français, Européens, qu’Américains.
I-1-1- L’ère douloureuse des ajustements structurel et monétaire en Afrique Subsaharienne sous le regard passif et consentant de la France.
Les ajustements structurels imposés aux pays africains dès les années 1980, ont fortement ébranlé l’autorité de nos Etats, anéanti leur tissu économique, fragilisé voire même réifié le pouvoir d’achat des ménages, et cela va sans dire, généré une précarité et une paupérisation extrêmes des populations.
La «doxa» de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI) consistait en une «thérapie de choc» visant à arrimer nos économies africaines aux «standards internationaux». Il apparaît clairement aujourd’hui qu’il ne s’est agi, ni plus ni moins que d’une «atteinte à la souveraineté de nos Etats», «d’une main basse sur les secteurs productifs de l’économie des pays subsahariens», et «d’une déstructuration des investissements publics».
Au nom de la privatisation, de la baisse des salaires, de la déflation des personnels, de nombreux cadres, techniciens et ouvriers ont été réduits au chômage, les Entreprises et Administrations qui les employaient ayant été soumises à la restructuration.
Aucun des secteurs social, économique ou paraétatique n’a été épargné: les effectifs de la Fonction Publique jugés pléthoriques sont passés sous le crible du PAGE (Programme d’Ajustement Général des Effectifs). Sous «l’euphémisme indolore» de «départs volontaires», la Banque Mondiale a encouragé et financé «avec un zèle excessif» la prime de «départ volontaire», dans un contexte de récession économique incitant ceux des cadres les plus expérimentés de la Fonction Publique, à mordre à «l’hameçon de l’austérité, l’appât inespéré qui y était fixé».
Sans aucune préparation, sans aucun accompagnement, des pans entiers de ressources humaines valeureuses qui auraient dû, qui auraient pu passer le témoin de leur savoir-faire aux jeunes générations, se retrouvaient, pour avoir fait le «saut dans l’inconnu», livrés à eux-mêmes, avec un «pactole en francs CFA dont la valeur réelle était de moitié celle ayant cours sur le marché de la récession».
En clair, du fait de la parité fixe du CFA avec le Franc Français de lors, le passage de 1 FF pour 50 FCFA à 1 FF pour 100 (cent) FCFA correspondait à une dévaluation de l’ordre de 100%… Allez y comprendre quelque chose.
Au Cameroun, cette situation a été vécue dans une extrême douleur, les salaires ayant subi une coupe sombre «mécanique» de plus de 50%.
Dans ce contexte «inhumain et inacceptable sous d’autres cieux», les camerounais et bien d’autres Africains ne pouvaient que nourrir vis-à-vis de la Communauté Financière d’Afrique (CFA) des ressentiments tels que la méfiance, la défiance, l’amertume, le dépit.
Mieux, «une certitude et une conviction partagées ont conduit de nombreux Africains et Camerounais à n’entrevoir dans la dévaluation couplée aux programmes d’ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale, qu’une volonté des créanciers du Nord de recoloniser l’Afrique Subsaharienne et d’anéantir l’autorité des Etats dont les programmes de développement étaient dorénavant dictés par les Institutions Financières Internationales».
La formation progressive au Cameroun de l’idée qu’« une vaste conspiration » pour ébranler le «socle granitique de l’unité» et «fissurer les acquis du tissu économique» avait été ourdie contre l’Afrique subsaharienne pour y établir, comme le souligne Eric TOUSSAINT: «un redoutable mécanisme de transfert de richesses des peuples vers les créanciers du Nord», s’est confirmée au fil des ans.
Vingt-cinq ans après la dévaluation, «l’Afrique subsaharienne saigne toujours aux quatre veines» pour rembourser la dette extérieure; le Cameroun avec.
Figurez-vous, ainsi que l’indique l’étude conduite par Eric TOUSSAINT, qu’en 2002 «la dette extérieure de l’Afrique s’élevait à 204 milliards de dollars; elle a donc été multipliée par 3.4 depuis 1980. Toujours en 2002, l’Afrique subsaharienne s’est saignée pour rembourser la somme de 13.4 milliards de dollars au titre du service de la dette (capital et intérêts)».
«Si on considère la période entre 1980 et 2002, c’est plus de 250 milliards de dollars qui ont été remboursés, soit quatre fois la dette de 1980. Ainsi, pour un dollar dû en 1980, l’Afrique en a remboursé 4 mais elle en doit encore 4. »
I-1-2-Le fardeau de la dette extérieure subsaharienne: un échec retentissant occulté par les institutions financières internationales
Passées les décennies douloureuses de la dévaluation du FCFA, «les mécanismes de transfert de richesses des peuples d’Afrique Subsaharienne vers les créanciers du Nord demeurent, permettant aux «classes dominantes locales de prélever au passage leur commission».
Qu’est-ce à dire sinon que faute de pouvoir annuler la dette dont le poids extrêmement élevé s’accroît davantage du fait de l’accumulation d’arriérés de paiement, il convient au moins de ramener le stock de la dette qui «représente ou dépasse pour la plupart des pays du continent 400% des revenus annuels d’exportation (ou quatre années d’exportation). », à son expression la plus simple.
Il serait, de fait, plus conséquent d’envisager l’hypothèse que le stock de la dette et les intérêts d’une année soient répartis sur les années correspondant à la quotité en mesure d’assurer sans défaut, les paiements du service de la dette aux FMI et autres bailleurs de fonds.
A contrario, si l’ampleur du service de la dette perdure dans les proportions actuelles, «il y a un risque que l’Afrique soit privée des investissements directs et autres flux privés» comme le soulignait déjà, il y a vingt ans (1995), un rapport du FMI.
Loin de nous la prétention de nous ériger en «donneur de leçons» à des Institutions Financières Internationales qui ont sans doute bonne conscience d’aider les Etats, mais trente-cinq ans d’ajustement structurel et dès 1999, «de cadre stratégique de lutte contre la pauvreté» n’ont permis «qu’un endettement croissant malgré le remboursement de montants importants ; un échange inégal entraînant un déficit commercial croissant; des bulletins de santé positifs du FMI pour l’Afrique par médias interposés ; des résultats diamétralement opposés aux proclamations optimistes de mise dans les communiqués officiels».
Selon un rapport de la CNUCED, 2000, P4 «Dans la période de 1975-1982, les entrées de capitaux privés représentaient 3.9% du Produit National Brut des Pays d’Afrique Subsaharienne; en 1983-1998, période de généralisation de l’ajustement structurel, elles ne représentaient plus que 1.8% du PNB, soit une chute de plus de 50% par rapport à la période 1975-1982 (période qui a précédé la crise de la dette et le début des politiques d’ajustement). »
Le scénario de la dette en Afrique est un « cercle vicieux » qui participe depuis trente cinq ans «du châtiment de Procuste» par son allongement et «du DEUS EX MACHINA Grec» par son caractère à la fois fatal et tragique.
I-1-3- Fatalité de la dette ou fatalité de l’histoire ? Des Programmes d’ajustement structurel (P.A.S.) au cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (P.P.T.E).
Notre analyse, que dis-je ? Notre observation triviale est qu’en Afrique: «Qui paie ses dettes doit s’endetter davantage s’il veut continuer à produire de la richesse qui ne servira qu’à apurer les intérêts et « peu ou prou », le capital du stock cumulé de la dette».
Si les Institutions Financières Internationales dont les technostructures se prévalent de se soucier du développement humain, poussent le cynisme jusqu’à l’aveuglement, alors, il y a lieu de désespérer de les voir mettre sur pied des mécanismes visant à «libérer les Etats et les peuples d’Afrique subsaharienne du fardeau de la dette extérieure».
Sinon, d’où viendrait-il qu’occultant de leurs analyses, études et rapports le retentissant échec des plans d’ajustement structurels, les Institutions Financières Internationales et autres pourvoyeurs de fonds aient pu rebaptiser en 1999, les politiques d’ajustement structurel sous la dénomination «Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté» et ne pas dans le même temps affirmer au monde entier, qu’elles venaient de réussir le «tour de force» d’inscrire les Etats de l’Afrique subsaharienne au tableau historiquement «incestueux» de «Pays Pauvres Très Endettés».
L’inflation et la déflation lexicales étaient passées par là: «Pays sous-développés»; «Pays en voie de développement»; «pays du Tiers Monde»; «Pays Pauvres Très Endettés» ou «Pays du quart monde» . le tour de force a vraisemblablement atteint son apogée, à travers la trouvaille inspirée du « cadre stratégique de lutte contre la pauvreté », lequel, au lieu de faire le constat d’échec des politiques d’austérité ayant inexorablement «conduit les gouvernements africains les ayant appliquées» à la paupérisation de leurs populations, «se destinait à attirer les capitaux privés indispensables au décollage économique». Pour ce faire, «les gouvernements africains étaient priés de réduire à sa plus simple expression l’impôt sur les bénéfices réalisés par les Entreprises étrangères, de permettre la libre sortie (rapatriement) des bénéfices vers la maison mère située à 95% des cas dans les pays les plus industrialisés. Une «rebetotte» en somme.
Les incitants jugés appropriés par les organismes financiers internationaux au premier rang desquels le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) se résument en ceci que «les Gouvernements africains «offrent», gratuitement les terrains et l’infrastructure de communication aux Entreprises étrangères qui désireraient s’installer dans le pays. Si cela ne suffit pas, il leur est recommandé de créer des zones franches dans lesquelles aucun impôt n’est prélevé et où le code du travail et les contrats collectifs en vigueur dans le pays, ne sont pas d’application». En termes clairs, «Pour obtenir un flux d’investissements étrangers, les Etats Africains (doivent renoncer) à des recettes d’impôts (augmenter) certaines dépenses d’infrastructure, (offrir) des parties du patrimoine national (terrains etc.) et (permettre) le non respect de certains aspects de la réglementation du travail».
I-1-4- Le refus de la France d’interroger la faillite du P.A.S. et du cadre PPTE au sein de la zone franc.
Or, Six années après la mise en uvre des politiques d’ajustement et une année après l’instauration du «cadre stratégique de lutte contre la pauvreté» visant principalement «les flux de capitaux et la croissance en Afrique», un rapport daté de juillet 2000 sous le titre sus évoqué, édifie déjà de ce que: «non seulement les capitaux étrangers privés n’affluent pas mais les capitaux privés nationaux quittent les pays concernés en quantités de plus en plus grandes».
En tant que Vice-Président du CRAN, chargé de l’Afrique et des Affaires Internationales, il me semble utile de dire à la France que la dette impayée et querellée de l’esclavage, la dette mise en veilleuse de la colonisation, la dette extérieure perverse et «réitérative» pour laquelle saigne l’Afrique subsaharienne, et aujourd’hui, le poids de la dette intérieure, pur produit de la libéralisation en vue des «achats d’actifs étrangers par les résidents africains» participent d’une même «rengaine»: mettre sous «coupe réglée» les économies africaines, notamment subsahariennes; instrumentaliser les Etats aux fins de les démunir de toute souveraineté, favoriser «un capitalisme privé africain délictueux et infâme à la solde et à la merci des créanciers du Nord».
I-1-4-1-La fuite endémique des capitaux africains, issue de la « libéralisation : véritable boîte de Pandore » de la corruption et des détournements de deniers publics en Afrique.
De fait, «la levée des contrôles sur les mouvements de capitaux ordonnés par le FMI et la Banque Mondiale», s’est avéré une source importante d’instabilité. Rubens Ricupero, Secrétaire Général de la CNUCED faisait déjà remarquer en 1998 dans un rapport intitulé: «Le développement de l’Afrique: une approche comparative».
«La libéralisation des opérations en capital a peu de chances de faire revenir les capitaux fugitifs qui, selon certaines estimations, représentent 70% de la richesse privée non foncière dans les pays subsahariens. Ces capitaux semblent constitués surtout de deniers publics détournés illicitement, plutôt que de revenus industriels et commerciaux à la recherche de stabilité économique ou de rendements élevés à l’étranger. La modification de la réglementation bancaire des pays développés où ces capitaux sont dissimulés pourrait avoir des résultats positifs à cet égard».
L’extrait qui précède souligne fort à propos l’échec des politiques d’ajustement structurel, lesquelles, «Loin de lutter contre la corruption, la facilitent et l’augmentent. Loin de réprimer les détournements et le recel.les encouragent ne serait-ce que passivement.».
Davantage, les principes de l’ajustement structurel selon lesquels, les capitaux privés sont le moteur du développement ne se vérifient pas pour l’Afrique. A ce sujet, la CNUCED expliquait dès juillet 2000 que : «les apports privés, notamment l’Investissement direct à l’étranger (IDE), ne mènent pas à la croissance mais la suivent».
Eric Toussaint relève y relativement: «comme la croissance ne vient pas d’elle-même, c’est aux capitaux publics qu’il revient de pallier le manque de ressources» citant la CNUCED, il réitère: «l’impulsion première ne peut venir que de sources publiques de financement et devra s’accompagner d’une politique tenant compte de la nécessité non seulement de faire jouer les mécanismes du marché, mais encore de consolider le rôle de l’Etat et de renforcer les institutions».
Or, l’application des politiques d’ajustement structurel dictées par la Banque Mondiale et le FMI s’est concrétisée par: «une diminution des apports publics extérieurs, une diminution des apports privés extérieurs et une augmentation de la fuite des capitaux africains vers les pays les plus industrialisés». Dans un tel contexte, il est difficile d’éviter les révoltes, soulèvements des peuples dont la souffrance et le dénuement poussés à l’extrême ne peuvent servir que d’aiguillons à «la purgation des passions» et au déchaînement de la violence. Les «boucs-émissaires», recrutés dans «la classe locale dominante et prédatrice» sont alors indexés et livrés à la vindicte populaire, et les pays en proie au chaos.
Notre avis est que les racines profondes et souvent inexpliquées des crises en Afrique subsaharienne résident moins dans les processus démocratiques que dans l’application des politiques qui contraignent «Les gouvernements du sous-continent» à être littéralement sous la coupe du FMI, de la Banque Mondiale, du Club de Paris etc. alors même que «les avoirs de l’Afrique déposés à l’étranger sont supérieurs à la dette», ainsi que de nombreuses études l’ont démontré, sans que ce dernier aspect ne soit suivi de conséquence.
I-2-Le rôle de la France jugé pour les uns «velléitaire» «minimaliste ou réductionniste et pour d’autres «inhibiteur» voire «dévastateur».
La France qui partage depuis 1948 avec ses anciennes colonies subsahariennes, la Communauté Financière Africaine (CFA) a le devoir d’interroger «la légitimité morale et juridique de l’obligation de rembourser la dette» pour une unique et simple raison: le maintien de la zone franc.
La dévaluation du FCFA a, par un mécanisme dont le trésor français détient le secret, modifié la parité vieille de 46ans. En 1959, année de la création du nouveau franc, 1FF équivaut à 50FCFA. Le 1er janvier 1994, suite à la dévaluation de 100%, le Franc Français vaut désormais 100 FCFA. Le 1er janvier 1999, la parité du FCFA s’établit à 655.957 FCFA pour un (1) euro. Les conséquences désastreuses au plan social et économique ont été, sinon mésestimées, du moins sous-estimées par les statistiques comparatives macro-économiques. Ces dernières supputent notamment que la zone franc (des colonies françaises d’Afrique) à mieux réagi aux difficultés rencontrées lors des tentatives d’ajustement réel et face aux chocs extérieurs: hausse du dollar par rapport au franc français (FF), baisse des cours de nombreuses matières premières.
Si la stabilité et la garantie de convertibilité sont demeurées des atouts indéniables, «la zone franc depuis aujourd’hui cinquante-sept (57) ans, a mis « la charrue avant les b ufs».
L’intégration monétaire a précédé l’intégration économique, tant et si bien que, mesurés à l’aune des flux commerciaux intra-zone, ces derniers ne représentent que 10% pour les pays de l’UEMOA (l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) et 6% pour les pays de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale). «L’intégration monétaire n’a pas été suffisante pour compenser des handicaps structurels majeurs: une structure d’exportation centrée sur des produits peu transformés, des infrastructures insuffisamment développées, des marchés étroits, de nombreux obstacles aux échanges.».
Ce constat pertinent de francis KERN et Claire MAINGUY se double d’une préoccupation constante aux yeux de nombreux africains: «la perte d’indépendance que le fonctionnement de la zone franc implique, dans certaines circonstances, en matière de politique monétaire».
Les perspectives d’évolution de la zone franc porteront d’une part «sur l’opportunité ou non d’introduire plus de flexibilité dans la détermination des taux de change de façon à avoir une certaine marge de man uvre en cas de chocs externes ; et de l’autre, sur la question des relations monétaires de la zone franc avec le Nigéria qui est le principal acteur commercial dans la région».
Même en se donnant la peine de faire passer par pertes et profits, les cinquante-sept (57) ans de ce qui à n’en point douter, est «un mécanisme de coopération monétaire original, en vertu du rôle de tiers-garant de la France au sein de la zone franc, les Africains ne se sont jamais départis de l’idée que les indépendances africaines demeurent jusqu’à nos jours «illusoires» en «l’absence de politiques monétaires conduites souverainement par les Etats Africains». La zone franc constitue à leurs yeux une tutelle monétaire qui vient plomber, conjuguée au «service de la dette», toute velléité de croissance en Afrique subsaharienne. La règle est consacrée qui n’honore pas la zone franc: «Plus un pays africain est pauvre, plus grande est la part de sa dette détenue par les institutions financières internationales (IFI) et les Etats du Nord».
Selon les statistiques de la Banque Mondiale, datant de 2001: «72% de la dette publique externe du Niger étaient dus aux IFI; tel était le cas pour 88% de la dette du Burundi, pour 87% de la dette Rwandaise, pour 73% de la dette Centrafricaine, 82% de la dette du Burkina – Faso».
Il est aussi notoirement connu, surtout en ce qui concerne les anciennes colonies françaises, qu’une partie considérable de l’aide publique au développement octroyé par les pays du Nord, est utilisée par les pays endettés pour rembourser les IFI. Dans ces conditions, d’où viendrait la croissance?
I-5- L’incapacité de la France de passer de la tutelle monétaire en Afrique à une tutelle de développement de l’Afrique.
La France a le devoir historique de repenser son rôle de «tiers – garant» au sein de la zone franc et se positionner en partenaire solidaire, sincère et soucieux du développement économique de ses anciennes colonies. Cinquante-sept ans de fréquentation monétaire commune l’y oblige. Cinquante-sept ans de coopération et d’accords qui, s’ils n’avantageaient pas la France, les IFI et les créanciers du Nord, seraient frappés de caducité. Nul ne s’y méprend.
L’heure est venue de mettre un terme à l’iniquité, à l’inéquité et à la permissivité qui ont pour noms : l’évasion des capitaux privés africains, la révision des règles de fonctionnement des avoirs déposés sur le compte d’opération ouvert au Trésor Français, le poids rendu insurmontable du service de la dette.
Ne pas conduire une réflexion visant la «reconversion du regard et des actions de la France», à l’endroit de l’Afrique et principalement de ses anciennes colonies, serait préjudiciable à la dynamique mondiale de l’heure qui est à «la réinvention d’un nouveau modèle de développement affranchi des dégâts collatéraux du consumérisme et du diktat de la haute finance».
La France y gagnera énormément et l’Afrique aussi. C’est pourquoi, les attentes des Africains, au-delà des ressentiments et de la défiance largement répandus, témoignent de l’intérêt et de l’attachement qu’ils continuent à manifester pour la France.
En Afrique, «on sait pardonner parce qu’on sait donner. Mais en vertu de la survivance de nos traditions orales encore vivaces dans la mémoire des peuples, on oublie pas. C’est aussi pourquoi on sait attendre.»
II-DES ATTENTES
II-1- Postulation pour un développement technologique et économique de l’Afrique tourné vers les valeurs déterminantes de la place de l’être humain et de son action dans le monde.
Nous voulons entrer dans le second volet de notre triptyque «ce qu’il nous semble utile de dire», en partageant avec vous ces lignes inspirées de l’encyclique LAUDA TO SI du Pape François sur la Sauvegarde de notre MAISON COMMUNE:
«On a tendance à croire «que tout accroissement de puissance est en soi «progrès», un degré plus haut de sécurité, d’utilité, de bien-être, de force vitale, de plénitude des valeurs», comme si la réalité, le bien-être et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même. Le fait est que «l’homme moderne n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir», parce que l’immense progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeur, en conscience. Chaque époque tend à développer peu d’auto-conscience de ses propres limites».
Ces lignes dont la pertinence jaillit d’elles-mêmes, posent la thématique d’ensemble du «paradigme technologique, la place de l’être humain et de son action dans le monde» qui, réunis, constituent l’épineuse question du modèle de développement dont l’Afrique a besoin.
Le transfert des technologies, l’acquisition des savoir-faire, la compensation ou le rattrapage du déficit énergétique indispensable à l’industrialisation et à la transformation des produits de matières premières, le développement de l’Agriculture et l’appropriation des savoirs visant la transformation saine des produits agro-alimentaires, agro-industriels, la question des énergies renouvelables, la maîtrise du potentiel hydraulique à travers non seulement la vulgarisation des technologies appropriées, mais aussi, l’éducation à l’environnement inférant la nécessité de mettre en lumière l’idée que «l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes, et par conséquent il est une condition pour l’exercice des autres droits humains».
Autant de chantiers, autant d’attentes, autant de défis dont il convient de dire qu’ils sont loin d’être exhaustifs, mais ne peuvent être mis en train en vue de leur réalisation, que si des préalables tenant lieu le conditionnalités ne sont véritablement réunis.
Ces préalables concernent l’éducation citoyenne, démocratique et environnementale des ressources humaines africaines présentes et futures, les formations professionnalisantes novatrices tournées vers le développement humain intégral et l’inclusion sociale, la mobilisation des ressources financières endogènes, exogènes des peuples et «diasporas» africaines à travers des projets structurants pensés, partagés et sous tendus par [ «une dynamique participative intéressée et soutenue par les Etats Africains»].
II-2- Postulation pour la nécessaire redéfinition d’une relation franco-africaine au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral.
C’est dans ce cadre que les attentes des Africains sont les plus pressantes et que le concours de la France, pourrait autoriser une redéfinition de la relation franco-africaine, une révolution de la pensée et de l’action de la France vis-à-vis de l’Afrique.
Conscient de ce que «les avancées de la science et de la technique ne sont pas équivalentes aux avancées de l’humanité et de l’histoire.», nous sommes d’avis que la France doit oser pouvoir peser de tout son poids en Afrique, pour que soit possible «un élargissement nouveau du regard» porté sur l’idée que: «la liberté humaine est capable de limiter la technique, de l’orienter, comme de la mettre au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral». Ce challenge est indispensable. Il est la condition sine qua non du changement de la «matrice» des rapports franco-africains en mesure de permettre qu’une nouvelle ère émerge des cendres et ranc urs de la colonisation, des ressentiments du néo-colonialisme, des psychoses tutélaires et traumatisantes de l’appartenance à la zone franc.
Cette ère nouvelle, fondée sur «la reconnaissance de nouveaux horizons éthiques, implique une révolution politique et culturelle courageuse» de la part de la France et des Etats Africains qui, faut-il le dire, ne sont pas exempts de tout reproche, bien au contraire.
A la faveur du «Dégel», ayant favorisé le démantèlement du « Bloc de l’Est, la «chute du mur de Berlin» en Allemagne, «la Perestroïka» en Russie, la fin de «la guerre froide», les processus démocratiques africains entamés depuis «le sommet de la Baule» sous François MITTERAND, ont dans un engrenage digne d’une secousse sismique, ouvert «la faille» d’un monde unipolaire, précurseur de «la globalisation» actuelle.
La mouvance ainsi déclenchée dont «l’onde de choc» s’amplifiera sur près de deux décennies (1980-2000) sera estampillé en Afrique du sceau des «conférences nationales souveraines», émanations claires de la reconfiguration du géo-système libéral piloté par les Etats-Unis d’Amérique (U.S.A) et entériné par l’Europe.
La problématique qui traverse les Etats Africains alors englués dans l’impréparation et «les conservatismes inhérents aux systèmes de gouvernance monopartistes», se déclinait en une alternative qui consistait, soit à s’ouvrir au «vent de l’Est dans l’impréparation» ou alors «tenir ferme le statu quo ante de la stabilité assurée par «les partis uniques» et s’ouvrir progressivement au multipartisme». Les choix opérés seront à «géométrie variable» et la «fortune démocratique» des États Africains aussi.
Mais ce qu’il est utile de dire, c’est que les processus démocratiques sont restés depuis lors tributaires d’une «forme de vassalité» qui induit, moins le choix des électeurs que celui dicté par les anciennes puissances coloniales occidentales. L’adoubement des chefs d’Etats bien ou mal élus par les Nations – Unies, la France et/ou les Etats-Unis d’Amérique, est à bien des égards, l’indicateur majeur qui détermine la régularité des élections en Afrique subsaharienne.
II-2-1- Postulation du passage «du droit d’ingérance» puis du «devoir d’ingérence» au dialogue des cultures des peuples et de leur histoire singulière.
La France, dont nul n’ignore la forte tradition diplomatique dans le concert des Nations, n’a jamais cru devoir modifier les grandes lignes de sa politique extérieure africaine depuis le Général de Gaule. Ses anciennes colonies continuent d’entretenir des liens «quasi fusionnels» avec «la métropole» dont «le conseil», «l’avis», «les réserves» ou «les directives» sont pris en compte, lorsqu’ils ne sont pas tout simplement suivis à la lettre. Il est dès lors compréhensible que les rapports de coopération entre l’ancienne puissance tutrice et les pays africains francophones, s’apparentent à ceux qui régissent «le Maître et ses élèves»; le Maître donnant des bons points et satisfécits aux «meilleurs élèves», entendez ceux qui au-delà du suffrage universel des peuples, sauvegardent les intérêts de la France, et sanctionnant parfois très sévèrement «les récalcitrants et entêtés» qui osent s’écarter ou piétiner «le pré carré».
Le retour à «l’ordre établi»] depuis 1948 par la France, quelque soit i «la fortune» des Etats Africains où cet ordre règne, est une préoccupation vitale et impérieuse de politique extérieure franco-africaine. Certes, «une accommodation» faite de mesures cosmétiques s’est opérée au fil des cinquante-sept dernières années: des «répressions sanglantes et meurtrières coloniales» destinées à soumettre les peuples africains revendiquant leur autonomie, la France est passée dans la période post-indépendante, à «l’interventionnisme armé tous azimuts» censé rétablir «la légalité républicaine» partout où elle était à ses yeux, menacée, piétinée ou remise en cause, pour finalement s’ériger en «bras armé» des potentats qu’elle avait imposés aux peuples africains, lorsque ceux-ci n’étaient pas en mesure de «réprimer les foyers d’insurrection qui s’embrasaient» ici et là, du fait de leur «illégitimité», ou de leur «gouvernance jugée calamiteuse».
La ligne de force de toutes les mutations de la diplomatie extérieure franco-africaine ne s’est jamais départie «des intérêts de la France».
Du «paternalisme autoritaire et fouettard» de la France, au «paternalisme bienveillant» en passant par l’interventionnisme républicain au nom de la liberté, de la paix civile et des valeurs humanistes inhérentes au bien-être des peuples, «la longue marche de la coopération franco-africaine et de la politique extérieure africaine de la France a toujours été émaillée de gestes, faits et haut-faits dont il ne nous semble pas utile de faire l’inventaire.» En revanche, la reproduction en plein XXIème siècle de la capture d’un Président, fût-il dictateur, et son assassinat programmé par la France alors présidée par Nicolas Sarkozy est un extrême et fâcheux précédent.
II-2-2- Postulation pour que soit mis un terme en Afrique au soutien des rebellions instrumentalisées par les intérêts économiques et technologiques oligopolistiques.
Avec l’onction des Nations-Unies et une coalition de l’OTAN conduite par la France et l’activisme Onusien et International du Président Nicolas SARKOZY, la Libye a connu des heures dantesques et apocalyptiques dont l’unique but était moins de libérer le peuple libyen que d’évincer la dictature du Colonel MUHAMAR KHADAFI, devenu par «ses frasques et son arrogance» infréquentable. Le soutien armé des rebelles depuis Benghazi n’a pas suffi. Les convoyages, en plein désert du Sahara, de Charters d’armes légères et sophistiquées destinées aux troupes et bandes d’insurgés non plus. Il a fallu le feu nourri des bombardements aériens sur les cibles répertoriées à l’avance : les bases militaires, bunkers, caches d’armes, chars d’assaut etc., et les résidences du «Guide» Lybien, pour faire plier les troupes favorables au Colonel KHADAFI. Le bilan inestimable en pertes matérielles, infrastructurelles et humaines civiles n’a jamais ému qui que ce soit. Seul l’objectif de déchoir KADHAFI importait. Trop d’intérêts européens bénéficiant de «la chute du dictateur» étaient en jeu. Le relativisme ambiant, orchestré avec maestria par «une médiatisation outrancièrement manichéenne a légitimé l’assassinat par des puissances occidentales mues par des intérêts avoués» d’un chef d’Etat en fonction et aux prises avec une rébellion locale.
Ceci est indéniable par delà toutes les conjectures pseudo-éthiques et/ou justificatives d’un «humanisme à l’eau de rose».
Il est tout aussi indéniable que la vérité des chiffres sur le désastre causé à la Lybie aux plans infrastructurel, matériel, humain, économique et politique, tout comme la déstabilisation de la bande sahélo-saharienne, sera du fait de la culture du relativisme dominant, reléguée dans le meilleur des cas, au rang de dégâts collatéraux utiles au pire, « de résidus » issus de la logique implacable de la nécessité; «la fin justifiant les moyens, ou plus trivialement: «on ne fait d’omelette sans casser les ufs».
Pourtant, il s’agit d’un désastre au c ur de l’Afrique. «La chute de KADHAFI» prélude, de l’Afrique du Nord au Soudan, jusqu’aux tréfonds de l’Afrique Subsaharienne, à la naissance, à la maturation et à la recrudescence des groupes armés qui écumeront pendant des décennies, la bande sahélo-saharienne, mettant en péril, la stabilité des Etats, la paix civile et compromettant le développement économique des pays africains.
Était-ce là l’objectif recherché par la France de Nicolas SARKOZY ? Toujours est-il que «le soutien apporté à tous les groupes rebelles locaux africains qui réussissent à s’auréoler peu ou prou de dénominations «avantageuses» telles «front du salut», «Parti nationaliste», «Front de libération», etc. ne contribue qu’à desservir les populations et à instaurer l’anarchie voire le chaos».
La Lybie, après l’assassinat de MUHAMAR KHADAFI l’illustre parfaitement. Le silence complice des médias européens et français sur les dommages incommensurables causés au peuple lybien participe de la logique qui accorde la priorité aux intérêts de circonstance, rendant tout le reste relatif. ». C’est la même logique du «utilise et jette» qui caractérise «le paradigme technologique et économique dominant». Pourtant, il est prouvé au quotidien que «s’il n’existe pas de vérités objectives ni de principes solides hors de la réalisation de projets personnels et de la satisfaction de nécessités immédiates, quelles limites peuvent alors avoir la traite des êtres humains, la criminalité organisée, le narcotrafic, le commerce des diamants ensanglantés et de peaux d’animaux en voie d’extinction?» assurément aucune.
II-2-3- Postulation pour qu’une manière d’anthropologie politique fondé sur l’idée que le développement en Afrique suppose «un processus historique dans un contexte culturel»
Le déferlement des immigrés que l’Europe peine à contenir, la main mise des factions rivales sur la politique lybienne et l’économie, la montée de l’islamisme armé en quête d’ancrage territorial, d’enraciment et d’expansion idéologique, la menace croissante de la terreur perpétrée par des bandes puissamment armées qui hantent du sahara au Soudan, l’Afrique, sèment le désarroi et compromettent la paix civile, sont autant de succédanés de «l’ingouvernabilité actuelle de la Lybie».
La France, dont la responsabilité ne peut être occultée quant à la désintégration de la Lybie et ses conséquences tant au Mali, au Niger, au Tchad, au Cameroun, au Nigéria, qu’au Soudan, doit à présent, reconsidérer les paramètres de sa politique extérieure en Afrique.
Les africains ont mal vécu «la chute de KHADAFI» et son assassinat, tout comme ils ont éprouvé un vif ressentiment et une profonde révolte lors de l’intervention française qui a conduit à l’arrestation du Président élu de la Côte d’Ivoire, Laurent GBAGBO. Voler au secours d’un Etat lié par des accords de coopération avec la France est compréhensible. Imposer par la force «un individu jugé accommodant» et «propice aux intérêts de l’Occident» est malsain.
La France sous Nicolas SARKOZY a adressé un message mal reçu par les Africains. Nul ne peut en effet présager des conséquences de la désaffection qui s’en est suivie. Il reste que le sentiment général et amplement partagé militait et continue de militer pour un changement de politique extérieure de la France en Afrique.
«La France doit tout en sauvegardant ses intérêts, éviter d’imposer aux peuples africains, l’image disgracieuse et humiliante de leurs chefs d’Etats, au nom d’une alternance de surface». Ce qui incombe à la France, c’est de revisiter voire reviser en profondeur «le logiciel de ses accords de coopération» tournés vers les intérêts de la haute finance, pour les réorienter en vue du développement de l’Afrique.
«L’Afrique est l’avenir de la France»; la France est condamnée à faire de l’Afrique «une alliée sûre et fière des avancées auxquelles elle aura contribué à favoriser. ». C’est pourquoi, il est urgent et nécessaire de cesser d’appliquer une politique étrangère basée sur «la dictature des urnes» pour entrer dans la voie «du dialogue des cultures, une manière d’anthropologie politique qui respecte le choix des peuples, même si ceux-ci se trompent.»
Il est utile d’asseoir non pas des scénarios de conflits, mais ceux de l’acceptation «de ceux que les peuples choisissent pour les gouverner». En Afrique, la contre production de l’application des schémas établis à l’extérieur, a montré ses limites, parce que ces derniers n’incluaient pas la perspective des droits des peuples, des cultures, ainsi que la compréhension que le développement d’un groupe social suppose: «un processus historique dans un contexte culturel».
Il incombe à la France, d’être attentive et perspicace afin d’appliquer en Afrique «un modus operandi» nouveau, respectueux des valeurs qui constituent le socle historique et culturel des peuples africains, et en mesure de déployer tous les voies et moyens propices au développement de l’Afrique.
Le développement de l’Afrique avec le concours actif de la France, servira la France et contribuera durablement à «panser les plaies et blessures» d’une relation tumultueuse certes, mais à laquelle l’Afrique reste profondément attachée.
Le devoir de la France, au-delà du lien affectif profond distillé par les valeurs humanistes de la langue, de la culture et de l’histoire françaises, est d’inventer une nouvelle approche des accords de coopération franco-africaine donnant la priorité à l’idée qu’il est dans l’intérêt de la France et de l’Afrique d’entrer dans «le cercle vertueux» qui veut que «participer au développement de l’Afrique, à la lutte contre la pauvreté en Afrique, au progrès du Continent, à l’expérimentation de nouvelles sources d’énergie, et à l’émergence des énergies renouvelables comme à la préservation de l’environnement», sont un challenge que la France, a dans l’urgence, la capacité de tenir et l’Afrique, la volonté d’accomplir.
Le Conseil Représentatif des Associations Noires de France dont je suis le Vice-Président, chargé des relations avec l’Afrique et les Affaires Internationales, reste persuadé qu’il est du devoir de la France de s’approprier en guise de programme pour les siècles futurs de sa devise: LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE dont Alphonse de LAMARTINE disait déjà, après la Monarchie de Juillet et le Directoire, que cette triade est «l’évangile de la raison humaine». Elle le demeure.
Le troisième volet de notre triptyque afférent à ce qu’il nous semble utile de dire, relativement au devoir de la France, fera l’objet d’une parution exclusive dont les grandes lignes souligneront «la nécessité que: la France des peuples ait la claire conscience de l’importance de la France pour l’Afrique et l’importance de l’Afrique pour la France». La vérité libère.
La France, «encagoulée» dans la tradition vieille de plus de cinquante-sept ans de préjugés et d’idées reçues, doit cesser de présenter l’Afrique à ses populations comme «une éternelle assistée» n’ayant aucun intérêt pour Elle.
En libérant «le peuple français» de préjugés et contrevérités enracinés dans l’historicité idéologique coloniale et post indépendante, en favorisant l’adhésion des français au «renouvellement du regard porté sur l’Afrique», la France et ses futurs gouvernements, fussent-ils de «droite» ou de «gauche», seront eux-mêmes libérés et par conséquent aptes à participer au développement de l’Afrique, comme s’il s’agissait d’y inscrire la marque dans les consciences, de leur modèle de qualité de savoir-faire et de savoir-être.
En clair, il faut que soit révolue l’ère des projets dispendieux, faramineux et sans lendemain, pour ceux pérennes, qui impactent la croissance de l’Afrique et renforcent le respect et la considération que les Africains ont pour la France.
Celles-ci montrent que l’ancien guide libyen a été exécuté après sa capture par les rebelles
Selon la version des autorités de transition libyennes, Kadhafi a été tué dans un échange de tirs au moment de sa capture le 20 octobre 2011 dans sa région natale de Syrte (nord-ouest). Ce mercredi 17 octobre pourtant, Human Rights Watch a indiqué que de nouvelles preuves sur le meurtre de Mouammar Kadhafi après sa capture et l’exécution de dizaines de ses partisans par des miliciens rebelles soulèvent des questions sur les circonstances de son décès. Des témoins et des médias avaient d’ailleurs déjà affirmé cette version des faits. Un rapport détaillé de 50 pages intitulé «Mort d’un dictateur: Vengeance sanglante à Syrte», présente les dernières heures et les circonstances de la mort du guide libyen déchu. Celui-ci a été conçu sur la base de témoignages et d’images prises par téléphones portables. Les résultats de notre enquête soulèvent des questions autour des affirmations des autorités de transition libyennes, a déclaré Peter Bouckaert, directeur des urgences à HRW. Il ajoute encore que Les preuves suggèrent aussi que des miliciens de l’opposition ont exécuté sommairement au moins 66 membres du convoi de Kadhafi capturés à Syrte. Ces miliciens de la ville de Misrata ont capturé et désarmé les membres du convoi, puis les ont violemment battus. Certains d’entre eux avaient leurs mains liés derrière leur dos.
Ces éléments rejoignent les informations d’un correspondant de l’AFP qui s’était rendu à Syrte peu après les décès et avait recueilli des indications et preuves sur la découverte de 65 à 70 corps dans l’enceinte du Mahari. Plusieurs de ces corps avaient une balle dans la tête. L’organisation de défense des droits de l’Homme basée à New York dit avoir utilisé les photos et vidéo pris à la morgue dans les hôpitaux pour confirmer qu’au moins 17 des détenus visibles sur les vidéos avaient été ensuite exécutés à l’hôtel. Le HRW souligne avoir également interviewé des officiers au sein des milices rebelles qui étaient sur place et des survivants de l’attaque du convoi en détention ou chez eux. Sur la mort de Kadhafi, l’ONG fait état d’images vidéo montrant que le dictateur a été capturé vivant mais saignant d’une blessure à la tête. Selon elle, on y voit les rebelles le battre violemment. Il semble avoir été blessé à la baïonnette sur les fesses avec de forts saignements. Il apparaît sans vie au moment où il était filmé transporté dans une ambulance à moitié nu, raconte l’ONG. Sur la base d’autres images, elle affirme que Moatassem a été capturé vivant puis transporté à Misrata où on l’a vu fumant et tenant une conversation hostile avec des combattants. Quelques heures plus tard, son corps est retrouvé avec une nouvelle blessure au cou qui n’était pas visible dans les premières images. HRW affirme dit avoir remis les résultats de l’enquête aux autorités de transition libyennes immédiatement après les meurtres et a ensuite demandé aux nouvelles autorités de mener une enquête complète sur ces crimes qui s’assimilent à des crimes de guerre. M. Bouckaert a de nouveau appelé à une enquête sérieuse sur « ces exécutions de masse le 20 octobre 2011, les plus graves abus commis par les forces de l’opposition » durant les huit mois de conflit en Libye (février-octobre 2011).
Nouvelles preuves sur le meurtre de Mouammar Kadhafi
Arrêté vivant ce jeudi dans sa région d’origine, près de la ville de Syrte, l’ex guide libyen a été tué par balles peu après, par les forces du CNT
L’ex guide libyen, en fuite depuis la chute de Tripoli en fin août, a été arrêté vivant jeudi 20 octobre dans sa région d’origine, près de la ville de Syrte à 360 km à l’est de Tripoli, et a été tué. La version officielle donnée par le Premier ministre du nouveau régime Mahmoud Jibril est que Mouammar Kadhafi a péri d’une balle dans la tête lors d’un échange de tirs entre forces du Conseil national de transition (CNT) et combattants loyalistes. L’annonce de sa mort a provoqué la liesse dans le pays. A Tripoli, Misrata, Benghazi, Sabratha et ailleurs, les tirs de joie d’armes légères et lourdes vers le ciel se sont poursuivis jusque tard dans la nuit de jeudi à vendredi. Ces tirs ont fait au moins 63 blessés, et peut-être des morts, a indiqué dans la nuit la télévision libyenne Al-Ahrar. Ce vendredi matin, le Conseil militaire de Tripoli a demandé dans un communiqué à tous les citoyens de cesser de tirer en l’air, quel que soit le type d’arme et quelles que soient les circonstances.
La fin du guide libyen après huit mois de résistance, a suscité de vives réactions dans le monde. La communauté internationale a salué la mort de Mouammar Kadhafi, espérant la fin prochaine de l’intervention de l’Otan et appelant les Libyens à la réconciliation. L’opération militaire est terminée a dit le ministre français des Affaires étrangères sur la radio Europe 1. L’ensemble du territoire libyen est sous le contrôle du conseil national de transition et, sous réserve de quelques mesures transitoires, l’opération de l’Otan est arrivée à son terme. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est réjoui ce jeudi de l’annonce de la mort du dirigeant libyen déchu, y voyant une transition historique pour la Libye. L’Union Européenne salue la fin d’une ère. Pour le président américain Barack Obama, c’est la fin d’un chapitre long et douloureux pour les libyens. Les habitants de Libye ont désormais une chance de pouvoir déterminer leur propre destin dans une Libye nouvelle et démocratique, a -t-il ajouté. Quant au Vatican, il reconnait le CNT et souhaite la pacification de la Libye. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast a salué la mort de Mouammar Kadhafi et affirmé qu’il n’y avait plus de prétexte pour la poursuite de l’intervention de l’Otan en Libye. La Chine a appelé ce vendredi à une transition politique unitaire et la Ligue arabe demande au libyens de surmonter les blessures du passé, regarder vers l’avenir sans sentiments de rancune ou de revanche, a déclaré Nabil Elaraby, le secrétaire général de la Ligue.
L’Union africaine a pour sa part constaté qu’un chapitre d’histoire était clos. Nous espérons que la Libye devienne un pays plus stable, qui s’occupe de réconciliation et de reconstruction, a déclaré une source proche de l’organisation. Mais dans le reste de l’Afrique, les réactions sont plus tièdes, voire plus désolées. Pas de réaction officielle en Algérie pour le moment. Même si, sous la pression internationale, le gouvernement a reconnu les nouvelles autorités libyennes, le sujet reste délicat. Le pays a d’ailleurs accordé un asile humanitaire à une partie de la famille de l’ex-dirigeant libyen. Au Tchad, si on semblait s’attendre à cette issue, la tristesse est là et le pays se sent comme orphelin. Le CNT a annoncé que la proclamation de la libération totale de la Libye serait faite ce samedi, mettant ainsi fin à un conflit qui a duré huit mois et coûté la vie à au moins 30.000 personnes. Confronté à un soulèvement sans précédent contre son régime autoritaire, Mouammar Kadhafi, 69 ans, qui a gouverné la Libye pendant 42 ans est le premier dirigeant arabe à avoir été tué depuis l’éclatement du [Printemps arabe].
L’ex guide libyen est mort de ses blessures suite à sa capture
Nous annonçons au monde que Kadhafi est mort aux mains des révolutionnaires. C’est un moment historique, c’est la fin de la tyrannie et de la dictature. Kadhafi a rencontré son destin.
porte-parole du Conseil national de transition (CNT)
Mouammar Kadhafi, qui a dirigé d’une main de fer la Libye pendant près de 42 ans, aurait succombé aux blessures reçues jeudi lors de sa capture près de Syrte, selon un responsable militaire du nouveau régime. Il était en fuite depuis la prise de Tripoli par le CNT le 23 août. Son fils Mouatassim aurait lui aussi été tué. L’ancien « guide » libyen a été blessé à la tête et aux jambes par une attaque aérienne de l’OTAN, alors qu’il tentait de fuir sa ville natale, tombée dans la journée après deux mois de siège par les forces du Conseil national de transition (CNT). Son ancien porte-parole, Moussa Ibrahim, a été arrêté. « Il y a eu des tirs nourris contre son groupe, et il est mort », a dit le responsable militaire du CNT. A Washington, le département américain d’Etat s’est dit dans l’incapacité de confirmer l’annonce de la mort de l’ex-leader libyen. Plusieurs chaînes de télévision ont diffusé une photographie de Mouammar Kadhafi, le visage ensanglanté, présentée comme un cliché pris après sa mort, ce qu’a confirmé un responsable militaire du CNT. Ni les Etats-Unis, ni l’OTAN n’étaient pour leur part en mesure de confirmer jeudi en milieu d’après-midi le décès du « Guide suprême ».
Né en 1942, l’ex-raïs avait accédé au pouvoir en septembre 1969 après avoir renversé pacifiquement le vieux roi Idriss. Il a été emporté par le « printemps arabe » à la suite du Tunisien Zine ben Ali et de l’Egyptien Hosni Moubarak
Mouammar Kadhafi est décédé ce jeudiReuters/Bénédicte Desrus)/n
Depuis le début de la crise, les soldats du CNT n’ont jamais été aussi proches du but à savoir la prise totale du pays
Les combattants du nouveau pouvoir en Libye encerclent depuis mercredi 12 octobre le tout dernier carré de fidèles de Mouammar Kadhafi dans le centre-ville de Syrte, où l’un de ses fils, Mouatassim Kadhafi, a été capturé avant d’être transféré à Benghazi, selon Abdelkarim Bizama, conseiller du chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil. Médecin et militaire de carrière, Mouatassim Kadhafi est né en 1975 et a été formé par des officiers égyptiens. Il avait été promu par son père à la tête du Conseil de sécurité nationale en 2007. A ce titre, il dirigeait sa propre unité d’élite. Il est le quatrième fils de Mouammar Kadhafi arrêté depuis le début de la révolte et le principal concurrent de Seif Al-Islam, un autre fils de Kadhafi. Nous n’avons pas annoncé cette capture plus tôt pour éviter toute tentative (par ses proches) de le libérer, a précisé Abdelkarim Bizama. Des tirs de joie et des concerts de klaxon ont résonné mercredi soir à Tripoli et à Misrata. Des combattants du CNT célébraient la victoire à venir sur la place centrale de Syrte à bord de dizaines de véhicules, en klaxonnant et en tirant en l’air à la mitrailleuse lourde.
Les combats se sont concentrés dans le quartier numéro 1, non loin du bord de mer dans le nord-ouest de la ville. Venus de l’ouest, les combattants pro-CNT ont pris le quartier numéro 2 (près du bord de mer, juste à l’est du quartier numéro 1) et le quartier Dollar (plus au sud), qui tient son nom des maisons luxueuses construites par les apparatchiks de l’ancien régime. Plusieurs hommes ont été faits prisonniers au cours d’opérations de reconnaissance et de nettoyage. Comme chaque jour, des dizaines de familles apeurées, avec parmi elles des hommes en âge de combattre, ont pu être évacuées sous le feu par les pro-CNT. Un prisonnier des pro-Kadhafi, le visage tuméfié et le corps marqué par les tortures, a aussi été libéré. Hagard, à peine conscient, l’homme a raconté avoir été interrogé par Mouatassim Kadhafi il y a moins de dix jours. Pour marquer la quasi-libération de Syrte, les pro-CNT ont détruit à coups de canons le monument pyramidal symbolisant la révolution du colonel Kadhafi sur la place centrale de la ville. Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil avait fait une brève visite dans le centre de Syrte pour soutenir ses troupes.
Le CNT, l’ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend la chute de Syrte, à 360 km à l’est de Tripoli, pour proclamer la libération totale du pays et reprendre ses discussions en vue de former un gouvernement chargé de gérer la transition. Outre Syrte, les forces du CNT ont assiégé toujours l’oasis de Bani Walid, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, qu’elles espéraient prendre dans le sillage de la chute de Syrte. Le conflit en Libye, riche pays pétrolier, a débuté le 15 février par une révolte populaire contre le régime qui s’est transformée en guerre civile ayant fait plus de 25.000 morts, selon le CNT. Le ministre britannique de la Défense, Liam Fox, a annoncé ce mercredi que l’intervention militaire en Libye allait coûter 300 millions de livres (343 millions d’euros) au Royaume-Uni, qui a été avec la France en pointe dans les opérations. Recevant une délégation de 80 entreprises françaises à Tripoli, le ministre des Finances et du Pétrole du CNT, Ali Tarhouni, a cependant déclaré qu’aucun nouveau contrat pétrolier ne serait conclu en Libye pendant la transition.
Mouatassim Kadhafi, quatrième fils de Mouammar Kadhafilevif.be)/n
Alors que des soupçons se posent sur la présence de Kadhafi dans ce convoi, une dizaine de proches sont déjà réfugiés au Niger
Un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye a traversé, le lundi 5 septembre au soir, Agadez, une ville situé dans le nord du Niger. Le convoi compte entre 200 et 250 véhicules militaires et comprend des officiers des bataillons de l’armée Sud. Il serait, selon certaines sources, probablement passé par l’Algérie avant d’entrer au Niger. Des rumeurs insistantes évoquent la présence de Kadhafi ou de l’un de ses fils au sein de ce convoi. De son côté, un journaliste d’une radio privée à Agadez a affirmé avoir aperçu un convoi de plusieurs dizaines de véhicules traverser la ville et se diriger vers Niamey, la capitale du pays. Plusieurs témoins ont dit avoir vu au sein de ce convoi Rhissa Ag Boula, une des figures de proue des deux rébellions touareg au Niger et très proche de Kadhafi.
Une source militaire française, citée par de nombreux journaux occidentaux, dit avoir été informée que Mouammar Kadhafi et son fils Saïf Al-Islam pourraient envisager de rejoindre le convoi lorsque ce dernier fera route vers le Burkina Faso, qui partage une frontière avec le Niger. Des responsables du Conseil national de transition (CNT), désormais au pouvoir à Tripoli, ont déclaré que, selon certaines informations, Saïf Al-Islam aurait fui la ville de Bani Walid, à 150 kilomètres au sud de Tripoli, dès samedi dernier pour se diriger vers le désert et les frontières algérienne et nigérienne, situées plus au sud. Les mêmes sources ont déclaré que la France pourrait avoir facilité un arrangement entre le nouveau pouvoir et Mouammar Kadhafi. Le chef des brigades de sécurité du leader libyen Mouammar Kadhafi, Mansour Dhao, est aussi entré au Niger, a rapporté hier lundi la chaîne de télévision Al-Arabiya.
Le Niger a reconnu le Conseil national de transition libyen (CNT) le 27 août comme seul représentant du peuple libyen. Plus de 200 000 Nigériens, qui vivaient en Libye, ont fui le conflit qui a éclaté en février, d’après certaines estimations fournies le mois dernier par le président du Niger, Mahamadou Issoufou. La France a joué un rôle-clé dans l’intervention militaire contre le régime de Mouammar Kadhafi et a été l’un des premiers pays à reconnaître, dès le mois de mars, le CNT. Un convoi aussi imposant n’aurait pas pu traverser une telle distance sans que l’OTAN s’en aperçoive, estime-t-on. Les nouveaux dirigeants de la Libye ont dit vouloir juger Mouammar Kadhafi avant de le remettre éventuellement aux mains de la CPI. Le porte-parole du colonel Kadhafi, Moussa Ibrahim, a déclaré à une chaîne à capitaux syriens, Arraï TV, que le Guide de la révolution se trouvait quelque part en Libye, en excellente santé, et en un lieu que ne pourront pas atteindre les groupes factieux a-t-il ajouté.
Alors que les rebelles recherchent l’ancien dictateur, les autres membres de sa famille sont dit morts, disparus ou réfugiés
Le jeudi 1er septembre 2011, la traditionnelle cérémonie commémorant l’anniversaire de la « Révolution du 1er septembre 1969 » qui avait renversé le vieux roi Senoussi et allait porter au pouvoir un jeune colonel, Mouammar Kadhafi, devrait changer de signification. Pour les opposants au régime, elle marquera la fin de quarante et un ans de dictature. Ils espéraient que le 42e anniversaire du coup d’Etat n’aurait pas lieu. Leur v u sera exaucé. Cependant, celui qui se faisait appeler le Guide de la révolution de la grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste ou, plus simplement, Guide de la révolution ou frère Guide, a disparu. Il pourrait se trouver dans la région de Syrte, à 360 kilomètres à l’est de Tripoli, son fief, territoire de sa tribu, les Kadhafa. Et peut toujours frapper. C’est ce qu’a rappelé hier mardi le porte-parole de l’opération de l’Alliance atlantique en Libye, le colonel canadien Roland Lavoie, insistant sur la capacités dont il fait encore preuve à commander et à contrôler des troupes, leurs mouvements, et ainsi que le déploiement des armes, y compris le tir de missiles sol-sol. Fondamentalement, il fait preuve d’une capacité à exercer un certain niveau de commandement et de contrôle. Et de préciser que les forces pro-Kadhafi que nous observons ne sont pas en pleine débandade, elles cèdent du terrain de manière ordonnée et se retirent sur la moins mauvaise de leurs positions, compte tenu de leur armement. L’officier dispose-t-il d’informations sur la localisation de l’ancien dictateur? nous ne savons pas a-t-il répondu.
Famille décomposée
Pendant que Kadhafi reste introuvable, sa famille elle, est décomposée. Son fils Saïf al-Islam serait avec lui. Agé de 39 ans, le fils aîné de la seconde épouse du dictateur, Safia Farkash, était considéré comme le prétendant le plus crédible à la succession de son père. Docteur en philosophie de la London School of Economics, il a longtemps travaillé son image de «réformateur », s’attachant notamment à pacifier les relations entre son pays et l’Occident. Toutefois, dès le début de la rébellion, c’est un autre personnage qui est apparu, menaçant les contestataires de noyer leur mouvement dans un bain de sang. Comme son père, il est accusé par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l’humanité. Sa femme, Safia Farkash, sa fille Aïcha et ses fils Hannibal et Mohamed se trouvent en Algérie. L’information a été officialisée par un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Rappelant sa stricte neutralité dans la révolution libyenne tout en soulignant les raisons strictement humanitaires qui l’ont incité à accepter ces hôtes encombrants, Alger ajoute: cette information a été portée à la connaissance du secrétaire général des Nations unies, du président du Conseil de sécurité et de M. Mahmoud Jibril, président du Conseil exécutif du Conseil national de transition libyen. Réplique immédiate du CNT par la voix d’un de ses membres, Mohammed al-Allagy : Nous allons demander à l’Algérie de les ramener.. Quelques heures plus tard la fille du Guide, Aïcha, accouchait d’une petite fille. Mohamed, 41 ans, l’aîné de la famille, fils unique du premier mariage de Mouammar Kadhadi, avec Fatiha al-Nuri, avec qui il avait divorcé en 1970, faisait peu parler de lui. Il présidait l’organisme libyen des télécommunications et le Comité national olympique. En revanche, son demi-frère, Motassim Bilal, 33 ans, surnommé Hannibal jusque dans le dernier communiqué algérien, était un habitué des scandales. Bagarre à Rome à la sortie d’une discothèque, puis avec des photographes, excès de vitesse. En 2008, à Genève, la police l’interpellait pour mauvais traitements sur des employés. Son fils Khamis serait mort. Sa mort avait déjà été annoncée à plusieurs reprises depuis le début du conflit, notamment au début août quand les rebelles avaient affirmé qu’il avait péri lors d’un raid de l’Otan sur la ville de Zliten, à 150 km à l’est de Tripoli. Une information qui avait été régulièrement démentie. Pourtant, dimanche dernier, le ministre de la Justice du CNT, Mohammed al-Allagy a déclaré : un des leaders rebelles m’a confirmé que Khamis avait été tué quelque part près de Tarhouna, à environ 80 km au sud de Tripoli. Il ajoutait : il a peut-être été tué pendant une bataille. Le leader rebelle m’a dit qu’il avait été enterré. En attendant, le CNT a donné un ultimatum à tous les pro-kadhafistes.
Mouammar Kadhafi et sa progéniture (de haut en bas et de gauche à droite) : Mohamed, Seif, Hannibal, Saïdi et Aïcha. itsgoodtobeback.com)/n
Le colonel reste introuvable. Dans un nouveau message audio, il appelle la population à se venger des rebelles
Mouammar Kadhafi est traqué, mais reste toujours introuvable. Le dirigeant continue de narguer ses adversaires. Il s’est exprimé dans un nouveau message diffusé hier jeudi par une télévision libyenne qui lui est encore fidèle. L’ancien maître de Tripoli, dont la tête a été mise à prix, appelle ses derniers partisans à la résistance et à libérer Tripoli. Pendant ce temps, le gouvernement des rebelles, le comité exécutif du Conseil national de transition (CNT), jusque-là installé à Benghazi, a été transféré à Tripoli la capitale qu’il semble contrôler à 90%, a annoncé dans la nuit de jeudi à ce vendredi son vice-président. A Benghazi, fief des rebelles dans l’est du pays, le chef du CNT avait promis de récompenser, lors de la reconstruction du pays, les Etats ayant aidé la Libye en fonction du soutien qu’ils ont apporté aux insurgés.
A New York, le Conseil de sécurité de l’ONU a accepté de débloquer 1,5 milliard de dollars d’avoirs libyens pour aider les rebelles à la reconstruction du pays. Cette somme est retenue pas les Etats-Unis qui veulent envoyer 500 millions de dollars à des groupes humanitaires internationaux, 500 millions au CNT pour payer des salaires et des services essentiels et 500 millions à un fonds international pour la Libye pour acheter du carburant et d’autres biens de première nécessité. A Washington, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a appelé les rebelles libyens à se montrer fermes face à la violence extrémiste et estimé que les prochains jours et semaines seront critiques en Libye. En fin de soirée, la bataille faisait rage dans le quartier Abou Salim, tenu farouchement par les soldats du colonel, toujours insaisissable. Des milliers de prisonniers politiques ont été libérés par les insurgés.
Les affrontements continuent dans le centre de la capitale mais aussi à Syrte, autre fief de Kadhafi, que l’Otan bombarde afin d’aider les insurgés à pouvoir investir cette ville, bastion du régime. C’est là que le colonel aurait été localisé, selon des informations circulant dans l’entourage de Nicolas Sarkozy. Ces sources indiquaient que les rebelles pensaient avoir enfin localisé le leader libyen. Le colonel et certains de ses fils auraient été pris au piège dans un bloc d’immeubles à proximité de leur ancien QG. On évoquait même une prochaine capture. Depuis, plus rien. La situation est toujours aussi floue dans la capitale libyenne. En témoigne cette fusillade hier jeudi à l’hôtel Corinthia, qui abrite une partie de la presse internationale. Les insurgés s’emploient aussi à supprimer les dernières poches de résistance à Tripoli. Dans un quartier du sud de la capitale proche de la prison d’Abou Salim, ils ont lancé un assaut coordonné pour conquérir maison après maison et faire des prisonniers. Les forces de Mouammar Kadhafi ont pour leur part bombardé des positions rebelles à l’aéroport de Tripoli.
A l’étranger, l’après Kadhafi est acquis. La plupart des chancelleries ont reconnu le CNT. Le groupe de contact pour la Libye s’est réuni ce jeudi à Istanbul, assurant au CNT que 2,5 milliards de dollars d’avoirs seront débloqués d’ici à la fin d’août. Une conférence des «amis de la Libye» est prévue le 1er septembre à Paris. Depuis le début de l’insurrection à la mi-février, 20 000 personnes auraient été tuées, selon le CNT. Depuis samedi dernier, date du début de l’opération rebelle pour la prise de Tripoli, plus de 10 000 Libyens ont franchi la frontière avec la Tunisie au poste de Dehiba, d’après le HCR. Mais pendant que tout le monde entier s’accorde à appeler Kadhafi « l’ancien homme fort de Tripoli », les rebelles ne considèrent pas la bataille terminée tant que le guide libyen ne sera pas mort ou capturé.
Le leader des rebelles a indiqué que celui qui tuera ou capturera Kadhafi sera pardonné de ses anciens crimes
1,7 millions de dollars, c’est le montant mis en jeu pour toute personne qui capturera le Guide libyen Mouammar Kadhafi vif ou mort. Si le Conseil national de transition assure avoir pris le contrôle du territoire libyen à 95 %, il admet toutefois que la victoire ne sera complète qu’une fois Kadhafi capturé. Les troupes du camp rebelle libyen poursuivent donc leur recherche du leader libyen après la saisie mardi dernier de son poste de commandement à Tripoli, alors que davantage de forces se ruent vers la capitale. Ces rebelles libyens ont saisi hier mercredi la base militaire de Mazraq al-Shams dans la ville portuaire de Zuara, située à 60 km de la frontière avec la Tunisie. A Tripoli, des affrontements sporadiques ont été signalés entre les forces pro-Kadhafi et les rebelles.
Un porte-parole du Conseil national de transition (CNT) a indiqué hier mercredi que Kadhafi avait perdu le contrôle de 95% de la Libye, et que son règne touchait à sa fin. Les rebelles libyens ont aussi capturé mardi dernier le complexe de Bab al-Azizya, le dernier fief de Kadhafi à Tripoli après de féroces combats. Cependant, l’endroit où se cache Kadhafi reste inconnu. Le leader des rebelles a indiqué que celui qui tuera ou capturera Kadhafi sera pardonné de ses anciens crimes, tout en niant des négociations avec les forces de Kadhafi à Sirte. Il a relevé que certains combattants rebelles de l’est de la Libye s’étaient infiltrés dans la ville natale de Kadhafi, Sirte. Le porte-parole du CNT le colonel Ahmed Omar Bani a indiqué lors d’une conférence de presse tenue plus tôt que Kadhafi pourrait se cacher dans des régions à l’intérieur du désert entre Sirte et Sabah. Nous allons le poursuivre et le capturer une fois qu’il sortira de sa cachette, a dit le colonel Bani. Comme un ultime baroud, l’imprévisible colonel Kadhafi, lui, nargue le CNT et reste introuvable. Il a même affirmé dans un message diffusé mardi dans la nuit, que les rebelles n’ont pu entrer dans son quartier général de Bab al-Aziziya que grâce à un retrait tactique de sa part. En appelant ses derniers partisans à nettoyer Tripoli des rats, il raconte aussi comment il s’est promené incognito dans les rues de Tripoli.
A l’étranger, l’après-Kadhafi commence à se préparer. Les Nations unies se réunissent au sujet du dégel des avoirs libyens pour aider les rebelles, et la France a annoncé une conférence des amis de la Libye le 1er septembre à Paris. Quatre reporters italiens ont été enlevés alors même qu’une trentaine de journalistes retenus depuis quatre jours à l’hôtel Rixos, proche du QG du colonel Kadhafi, ont été relâchés. Leur libération a pu se faire grâce à l’aide la Croix-Rouge. Mercredi 24 août au soir, les rebelles contrôlaient le Rixos, sans affrontements. Il est aussi important de noter que l’Otan contribue à la traque du colonel Kadhafi en fournissant des renseignements et des équipements de reconnaissance pour aider à localiser le colonel Kadhafi et d’autres membres restants du régime, a indiqué ce jeudi le ministre britannique de la Défense Liam Fox. Aussi, la rébellion libyenne a utilisé un drone miniature pour ses opérations d’espionnage des troupes du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a révélé la société canadienne qui s’est chargée de la fourniture. De nombreuses rues de Tripoli, notamment dans le centre, étaient désertes en raison de la présence de snipers proches de Kadhafi. Outre la prise d’Abou Slim, la sécurisation de la route d’accès à l’aéroport restait une priorité pour les rebelles qui se heurtent à une résistance acharnée. De toute façon, tout est mis en uvre pour avoir la peau de ce président. Ainsi Kadhafi devient l’homme le plus traqué du monde, comme l’a été Ben Laden.
Mouammar Kadhafi, l’homme le plus traqué du monde, comme l’a été Ben Laden Google images)/n
Alors que de nombreux médias occidentaux parlent déjà de l’effondrement du régime du guide libyen, tout n’est pas plié à Tripoli
Contrairement l’optimisme sans réserves affiché par les puissances occidentales, la situation en Lybie est loin d’être certaine. Plusieurs médias français notamment ont fait état de ce que Mouammar Kadhafi le guide libyen était désormais pris dans un piège. Mais lundi 22 août, deux représentants du conseil national de transition (CNT), le bras politique de la rébellion libyenne, ont fait savoir que beaucoup de choses restait à faire pour venir à bout du régime Kadhafi. Tout en affirmant une victoire prochaine sur celui-ci, le CNT reconnait néanmoins que plusieurs endroits de la capitale du pays, Tripoli, ne sont pas encore sécurisés. Les rebelles sont donc prudents et invite la population à collaborer « Nous voulons rétablir la sécurité, et nous invitons par conséquent les populations à ne pas nous craindre. Nous pensons aussi que rétablir la sécurité sera une chose délicate et nous ne pouvons encore crier complètement victoire », a déclaré Moustafa Abdeldjeïl, le responsable du CNT libyen. Les évènements qui ont suivi semblent lui donner raison. Mardi 22 août, un des fils Kadhafi a fait une sortie médiatique pour annoncer la résistance. La réalité sur le terrain est que dans leur souci de progresser vers la capitale du pays, les forces rebelles de Lybie ont parfois laissé derrières elles des forces de résistance favorables à Kadhafi.
Même si aujourd’hui on admet que le régime Kadhafi a perdu le contrôle d’une bonne partie de son territoire, ses partisans rejettent les allégations qui font savoir que la bataille de Tripoli sera celle de sa fin de règne. Des forces pro Kadhafi sont encore nombreuses à Syrte et Sabha, des localités d’origine du guide libyen et dont la soumission à lui semble indéfectible. Aujourd’hui la part de territoire contrôlé par Kadhafi reste un vrai mystère, selon de nombreux rapports issus de la rébellion comme des observateurs indépendants. L’annonce d’une offensive de la brigade de Khamis, un autre fils de Kadhafi, a semé la confusion dans les médias. Aucune preuve de cette offensive n’a été officiellement rapportée cependant. Certains analystes pensent que l’armée de Kadhafi s’est retirée volontairement des fronts avancés, pour entrainer la rébellion dans une guérilla urbaine. Une situation qui rendrait le combat long et difficile pour cette dernière. Les troupes de Kadhafi maitrisent mieux la ville et l’accès aux dépôts de munitions, ce qui n’est pas forcément le cas des rebelles. Mais déjà, on discute de l’après Khadafi. Grâce à son leadership, il avait une parfaite maitrise des chefs de tribus qui étaient alliés à sa cause. Il est difficile de savoir si les rebelles ont pu parvenir à engranger la solidarité des chefs de tribus, dont le pouvoir dans l’univers arabe est quasi divin.
Toutes ces interrogations font peser le doute sur l’issue de la guerre et sur la possibilité de remplacer la « Tyrannie de Kadhafi », par un système politique plus participatif et protecteur des libertés. La situation en Lybie risque de durer encore longtemps, comme l’a été le cas en Afghanistan ou en Somalie. La question reste posée de savoir si l’OTAN et les rebelles survivront à une autre guerre d’usure.
Pour Moustafa Abdeldjeïl, président du Conseil national de transition, tout n’est pas plié en LibyeAfricapresse)/n
Les chefs d’Etats présent dans la capitale équato-guinéenne n’ont pas réussi à s’accorder sur une feuille de route claire pour une sortie de crise dans ce pays
La solution africaine défendue dans la crise libyenne
C’est finalement ce vendredi 1er juillet 2011, que le président Paul Biya du Cameroun rentre dans son pays. Lors de la séance à huis clos du 30 juin relativement à la situation libyenne, les chefs d’Etats ne sont pas parvenus à un accord sur une déclaration commune à adopter. Les discussions auraient repris le vendredi à 10 heures locales. Une requête du président de la Commission de l’Union africaine, le Gabonais Jean Ping qui souhaite visiblement régler cette affaire de façon définitive. Les chefs d’Etat devaient se prononcer sur un ensemble de propositions pour un accord-cadre, préparé depuis la veille par le comité des médiateurs de l’UA (Afrique du Sud, Congo, Mali, Ouganda, Mauritanie). Dans son allocution d’ouverture des travaux, Jean Ping a insisté sur le fait qu’il appartenait au peuple libyen de définir les orientations qu’ils voulaient donner à la démocratie dans leur pays. Il invitait ainsi tous les Etats membres de l’Union africaine à se prononcer d’une seule voix pour le retrait de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, qui donne le mandat aux frappes de l’OTAN.
Un jour avant l’ouverture du sommet, le président Biya du Cameroun sortant de sa réserve habituelle, aurait lui aussi fait savoir que l’OTAN devrait cesser ses frappes en Lybie. «Le président de la République du Cameroun a été très content de cette visite et nous a informé que le Cameroun soutiendra la position africaine qui est favorable à une solution pacifique de la crise libyenne afin de retrouver la sécurité et la paix en Libye» a déclaré Joma Ibrahim Amer, l’émissaire Libyen reçu par le président Paul Biya. Des affirmations qui n’ont pas été réfuté par la présidence camerounaise. Enfin, en sa qualité de président de l’Union africaine, le centrafricain a été on ne peut plus clair. «L’Afrique ne résout pas les problèmes de l’Europe, les problèmes de l’Asie, de l’Amérique. L’Afrique désire que les organisations extérieures qui ont le pouvoir d’utiliser la force n’interviennent pas en Afrique sans le consensus préalable des dirigeants africains», a-t-il déclaré.
Le sommet de l’union africaine de juin 2011APEG)/n
Hommage aux actions de développement
Parmi les propositions du comité ad-hoc figurent notamment un cessez-le-feu immédiat, l’accès humanitaire ainsi qu’une transition avec des élections démocratiques et le déploiement d’une force internationale. Un des points de divergence serait la participation du leader libyen Mouammar Kadhafi aux négociations. Une position défendue par le Sénégal et le Gabon. L’ouverture du sommet ce 30 juin aura aussi été l’occasion de revenir sur un ensemble de situations traversées par le continent Africain depuis quelques temps. Jean Ping a salué les efforts consentis par la Tunisie et l’Egypte. «Ce sommet est célébré à un moment crucial pour notre continent, ce que de nombreux observateurs ont considéré comme le printemps arabe. Malgré les difficultés inhérentes à toute transition, la Tunisie et l’Égypte ont éprouvé des progrès notables et un climat de liberté pluraliste, ce qui représente le signe d’une nouvelle conscience démocratique. Pourtant, la Tunisie et l’Égypte ont besoin de l’appui adéquat pour son évolution actuelle», a fait savoir Jean Ping. Le président de la commission de l’UA a aussi salué le renforcement de la démocratie sur le continent. Citant en exemple des pays comme le Tchad, la RCA, le Niger l’Ouganda le Nigéria et bien sûr la Côte d’Ivoire.
Les chefs d’Etats présents à Malabo 2011APEG)/n
La communauté des Etats d’Afrique australe (SADEC) a été citée en exemple sur la mise en place d’un espace économique presque intégré. Certaines institutions de l’UA ont aussi été saluées. Le programme de développement agricole qui a connu l’adhésion de près de 25 membres, mais aussi le programme de développement des infrastructures. Les travaux ont aussi porté sur le thème général de ce sommet, «accélérer l’autonomisation des jeunes pour le développement durable». Prenant la parole à ce sujet, la tanzanienne Asha-Rose Mtengeti Migiro, secrétaire adjointe des Nations Unies s’est félicitée du fait que l’élection du thème principal du sommet a été la jeunesse. Elle a rappelé que la population est composée en grande partie de jeunes et qu’ils subissent des grands problèmes tels que le chômage, la pauvreté et la manque d’opportunités. «Dans mon pays, on dit que les mains oisives sont des instruments du démon», a-t-elle fait savoir. Pour sa part, Ahmed Benhelli, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe a également exprimé l’importance de l’Afrique pour le monde arabe: «Pour nous, il est important de participer à cette conférence, parce ce que nous ne sommes pas seulement deux partenaires stratégiques mais complémentaires et conjugués tant au niveau géographique, qu’humain et générationnel. La stabilité de chacune de nos régions dépend de l’autre», a-t-il déclaré. L’ex-président du Brésil, Lula da Silva, a marqué un point d’honneur à cette cérémonie. «La jeunesse est un capital, un bien extraordinaire. Sa capacité de mobilisation à l’égard des grandes causes du progrès est inégalable. Il faut bien le dire, c’est important de reconnaître les droits des jeunes en leur offrant des voies réelles de participation à la vie politique, économique» a affirmé le président Lula.
Le président Lula à Malabo ce 30 juin à Malabo en Guinée EquatorialeAPEG)/n
Sur son blog ce lundi 28 mars, il affiche une photo de lui prise sous un portrait de Kadhafi
Véritable combat anti-coalition ou volonté de créer le buzz ? Le Franco-Camerounais avait annoncé qu’il entendait se rendre à Tripoli pour rencontrer le colonel Kadhafi, afin de protester contre l’agression occidentale. C’est chose faite. Il a décollé dimanche matin en compagnie d’une délégation dont Maria Poumier, universitaire, et Ginette Skandrani, militante écologiste pro-palestinienne, font partie. Sur son blog, il affiche sa photo, au pied d’un immense portrait de Kadhafi, dressé visiblement à l’entrée du pays. «Bienvenue à la Djamahirya», est-il écrit sur le panneau en arabe. Selon le rédacteur en chef de Médialibre, Marc Georges, l’humoriste entend même se rendre sur des objectifs militaires, afin de mettre la coalition devant ses responsabilités. Habitué des polémiques, l’humoriste ne ménagera sans doute pas ses détracteurs.
Le voyage de Dieudonné fait écho à la position tranchée de la romancière d’origine camerounaise Calixthe Béyala, qui dans une interviw à Mutations, s’est indignée contre cette opération « Aube de l’odyssée ». Calixthe Beyala a réaffirmé son soutien car cet homme a toujours aimé le Continent Noir. Il est le seul président a avoir investi, construit des hôpitaux, des écoles dans plusieurs pays d’Afrique. Il est le symbole d’une certaine idée de l’Afrique, l’incarnation de sa dignité. Il n’est pas inconvenant de souligner que la France et ses alliés ont outrepassé les limites de leur mission en Libye. Nul ne les a autorisé à bombarder, assassinant ainsi des civils Libyens, femmes et enfants. Quant aux Etats Africains, ils ont tous condamné cette agression à travers l’UA.
l’humoriste franco camerounais en Lybiedieudoblog)/n
Mouammar Kadhafi estime que tout son peuple l’aime et il est impossible de fuir le pouvoir
L’insurrection contre le colonel Mouammar Kadhafi est entrée lundi 28 février dans sa troisième semaine, mais le dirigeant libyen s’accroche au pouvoir malgré la chute de plusieurs villes à l’ouest dans les mains de l’opposition et la pression croissante des Occidentaux. Au 15e jour d’un soulèvement sans précédent, Mouammar Kadhafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région. Mais l’opposition n’hésite plus à défier le pouvoir dans les faubourgs de la capitale. Dans plusieurs quartiers, des jeunes taguent les murs de la ville de slogans anti-Kadhafi, alors que l’opposition, basée à Benghazi (est), se prépare à marcher sur Tripoli. Les membres de l’ONU ont suspendu, mardi 1er mars, la Libye du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies
Economiquement, le leader libyen est menacé, l’insurrection contrôlant les principaux champs de pétrole du pays. L’opposition a annoncé la reprise imminente des exportations de pétrole à partir de l’est du pays. La communauté internationale s’interrogeait sur les moyens de mettre fin à l’instabilité et envisageait notamment une interdiction de l’espace aérien. De son côté, l’opposition craint qu’une opération militaire de la communauté internationale la dépossède de son soulèvement alors que l’armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye. La chef de la diplomatie Hillary Clinton a précisé qu’aucune action militaire impliquant des navires américains n’était prévue dans le pays. Paris a indiqué que toutes les options étaient à l’étude, dont celle de l’interdiction du survol du territoire libyen qui nécessiterait toutefois l’implication de l’Otan et l’approbation de l’ONU. L’Italie s’est déclarée favorable à une interdiction du survol de la Libye mais selon le Canada, il « ne semble pas y avoir de consensus » sur une telle mesure.
Mouammar Kadhafi, en butte à un soulèvement populaire et poussé de plus en plus fortement à quitter le pouvoir, a invité le lundi 28 février les Nations unies à envoyer une mission d’information en Libye, rapporte la chaîne de télévision ABC. Interviewé par Christiane Amanpour, le dirigeant libyen a également nié avoir fait attaquer des manifestants par son aviation. Mais il a reconnu que des avions avaient bombardé des sites militaires et des dépôts de munitions.
Toujours dans cette interview faite dans un restaurant de Tripoli situé sur le littoral, le n°1 libyen a affirmé qu’il était toujours aimé dans son pays, niant que des manifestations soient organisées contre lui. « Tout mon peuple m’aime, a-t-il dit. Il mourrait pour me protéger. » Riant à la seule idée de démissionner comme l’y incitent les plus hauts responsables américains, Kadhafi semble nier entièrement l’ampleur du mouvement déclenché contre son règne de 41 ans, bien qu’il ait soustrait à son emprise l’est de la Libye et menace Tripoli de plus en plus près. Kadhafi, qui a juré de survivre au soulèvement, a accusé Al Qaïda d’inciter de jeunes Libyens à s’emparer d’armements. Il a aussi accusé les pays occidentaux d’abandonner son gouvernement en plein milieu de sa lutte contre les « terroristes », ajoutant qu’il se sentait trahi par les Etats-Unis. « Je suis surpris, alors que nous sommes alliés à l’Occident pour combattre Al Qaïda, qu’il nous abandonne maintenant que nous combattons les terroristes », a déclaré le dirigeant libyen. « Peut-être veulent-ils (les Occidentaux) occuper la Libye. » Après l’ONU et les Etats-Unis, l’Union européenne a adopté lundi 28 février un embargo sur les armes contre la Libye ainsi qu’un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Kadhafi et 25 de ses proches.
Le guide libyen ne compte pas laisser le pouvoir car « son peuple l’aime et se bat pour lui »1.alliancefr.com)/n
Au menu de la rencontre, les discussions sur les conflits régionaux, mais aussi la célébration du 40ème anniversaire de la Révolution Libyenne
Sécuriser la Somalie et y renforcer la stabilité
Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement ont répondu ce lundi matin présents, à la rencontre qui a été proposée par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine (UA). Le sommet qui ne devrait durer qu’une journée permettra selon un communiqué de l’UA, aux dirigeants africains d’examiner les moyens de soutenir davantage le gouvernement somalien de transition… en renforçant ses institutions et en améliorant la sécurité dans le pays. Mais la délicate question du renforcement de la Mission de l’Union africaine en Somalie devrait sans doute rester sans réponse à Tripoli. Selon certaines sources diplomatiques, le Nigeria qui avait promis des renforts de troupes, aurait finalement changé d’avis. Le gouvernement somalien du président Sharif Cheikh Ahmed, présenté comme un islamiste modéré, est confronté à une offensive depuis le mois de mai des islamistes radicaux et ne contrôle qu’une petite du territoire.
La zone des grands lacs et le Darfour aussi.
Les cas du Darfour et de la zone des grands lacs ont aussi fait l’objet des travaux en ateliers qui se sont tenus le weekend passé. L’UA relève que la nécessité d’y renforcer la sécurité est primordiale. La rencontre devrait permettre l’examen de la situation dans cette région de l’ouest du Soudan en proie à la guerre civile. Les soldats de paix africains y manquent de financements et d’équipements. Le président soudanais Omar el-Béchir a fait le déplacement de Tripoli malgré la menace du mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale (CPI). L’atelier consacré à la situation dans les Grands Lacs a examiné le problème du pillage des ressources naturelles de la République démocratique du Congo et ses conséquences, notamment sur le financement des groupes rebelles, d’après une information rapporté par RFI ce matin.
Parler d’une voix au sommet climatiques de Copenhague
Un autre objectif du sommet est de réaffirmer la position du continent dans la perspective du sommet mondial sur le climat, en décembre à Copenhague. Pour les chefs d’Etat africains, le changement climatique doit être abordé de façon collective. Ils projettent d’élaborer une position africaine unique. Avec quinze pays figurant sur la liste des vingt nations les plus vulnérables au monde, l’Afrique est le continent le plus exposé aux risques du réchauffement climatique. Ces dernières années l’agriculture qui compte pour 80% des activités des africains connaît de plus en plus une baisse de rendement. Les Etats africains devront s’accorder à demander 67 milliards de dollars par an, pour les aider à gérer les conséquences des problèmes climatique.
En marge de ce sommet spécial, Les leaders se réuniront pour quelques heures sous une tente géante installée à l’occasion sur le port de Tripoli, avant de se consacrer aux célébrations du quarantième de l’anniversaire de la révolution qui a conduit le colonel Kadhafi au pouvoir le 1er septembre 1969. Le pic de ces festivités est prévu demain mardi, avec un défilé militaire et un spectacle retraçant l’histoire de la Libye de Mouammar Kadhafi, mais aussi pour célébrer le 10e anniversaire de l’UA proclamée le 9 septembre 1999 à Syrte en Libye.