Par le parti politique « Croire au Cameroun » (CRAC)
Une des richesses les plus méconnues du milieu rural et des producteurs camerounais c’est leur capacité à offrir au touriste le meilleur de ce qu’ils ont de beau et de bio. Pour ceux qui voulaient un exemple pour s’en convaincre, direction la commune de Ngoro, située à 170 km de Yaoundé dans le département du Mbam et Kim, région du Centre. Au c ur des bois de la localité de Nyafianga, se dissimule une exploitation agricole de plus de 10 hectares, dont le cadre féerique associé à la nature sauvage donne des allures d’un complexe touristique. Son propriétaire est Pierre Paul Moubitang, agriculteur et amoureux de la nature, âgé de 60 ans et installé dans la contrée il y’a 15 ans.
Dès l’entrée, un air de propreté et d’ordre vous accueille. Une balançoire placée à l’ombre d’un manguier et donnant envie de s’asseoir quelques secondes trahit la présence des enfants. Il y’en a pour une dizaine. Ce sont des fils et petits-fils du sexagénaire, qui ne manquent pas d’imagination pour souhaiter la bienvenue aux étrangers. Des chants et récits qui rappellent l’école primaire et vous arrachent le sourire sont l’une des surprises qu’ils réservent. C’est dans la gaieté qu’impose l’hospitalité familiale qu’on entame la visite des lieux. Difficile d’aller à grands pas. Tant chaque coin donne à voir, à découvrir, à apprendre sur ce que la nature peut offrir généreusement à l’Homme et aux animaux.
La famille Moubitang a choisi de consacrer la majeure partie de son exploitation à la culture des fruits. «Le verger a d’énormes avantages dont la diversité incroyable de la production et de ses revenus, et surtout la possibilité de manger bio.» justifie Pierre Paul, le chef de famille. Il ajoute: «Nous avons plus de 50 types d’arbres fruitiers. Depuis qu’ils sont entrés en production, nous sommes dans l’abondance de fruits toute l’année: avocats, mangues, safous, fruits de la passion, kolas, ananas, goyaves, corossols, canne à sucre, noix de palmes, fruits noirs, citrons, orangers, pamplemousse et autres agrumes, etc. Et je vous rappelle que pour chaque fruit, il y’en a deux à trois variétés.»

Dans le village, on apprend sur les mariages réussis entre arbres fruitiers : palmier et manguiers, manguiers et avocatiers, agrumes et safoutiers, papayers et manguiers. «Associer des arbres fruitiers limite au maximum la propagation des maladies dans le verger et l’utilisation des engrais chimiques. Par exemple, un palmier à huile entre deux manguiers bénéficie de l’humus, cette terre riche issue de la décomposition des feuilles mortes de manguier.» Explique M. Moubitang. Cette association profite aussi au visiteur qui à chaque pas se régale de différents fruits frais tombés ou cueillis dans l’arbre. A quelques mètres du verger, s’offre à lui un champ vivrier d’où sont produits biologiquement céréales, légumineuses, légumes feuilles de toutes sortes, tubercules et produits maraîchers. Chèvres, mouton, poules, b ufs, et vaches élevés tout autour de l’exploitation produisent suffisamment d’engrais et d’aliments riches en protéines pour tout le monde. «Le manger et même la santé ne sont plus un souci pour nous.» confie l’exploitant agricole.
Ici l’écotourisme est de mise. On est réveillé par des chants d’oiseaux, on respire l’air frais, on mange et boit bio, on sieste aux pieds et sous l’ombre apaisante des arbres, on rafraîchit les boissons sous la terre, on écoute la musique et on s’éclaire grâce à l’énergie solaire, on dort dans des cases en paille entourées des haies de fleurs, de citronniers et autres plantes. Il y’en a sous toutes les formes, prêtes à accueillir une vingtaine de personnes au minimum.

Pour se faciliter la vie, la famille Moubitang s’est équipée d’une débroussailleuse, d’un moulin à gasoil qui moud le maïs, d’un pressoir manuel de noix de palme qui fournit plus de 300 litres d’huile par an, d’un séchoir à gaz pour le séchage des fruits et légumes, des petites machines de transformation de fruits en jus, et de quelques machines à coudre des vêtements. Il y’a même une case équipée d’outils technologiques de l’information et de la communication : poste de téléphone fixe, ordinateur, connexion internet. Au final, on n’a rien à envier à la ville. «Ce chef d’ uvre est le fruit de 15 ans de dur travail, d’endurance. L’environnement était hostile. Motivée par ma passion pour l’agriculture et la nature, et grâce à la main d’ uvre familiale, j’ai traversé d’énormes difficultés.» confie Pierre Paul.
Chez les Moubitang, la journée commence à 5h par le culte familial, et s’enchaîne par une série d’activités menées par la vingtaine de membres: le balayage systématique des allées de l’exploitation et des cases, l’entretien des équipements et matériels de travail, les travaux champêtres, la transformation et le séchage des produits des champs, la couture, les cours de musique et de danse. Un ensemble de taches régis par une organisation et un règlement intérieur adopté par tous qui non seulement définit les responsabilités mais aussi des sanctions.
A coup sûr, dans les chaumières où l’évolution des exploitations familiales préoccupe, l’exploitation de Mr. Moubitang apporte un éclairage inédit. Qu’on soit chercheur, touriste, producteur ou pas, ce ne serait pas peine perdu que de faire un détour par de Nyafianga.

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