Franc CFA: Des diplomates français pris en grippe

Venus promouvoir le C2D au cours d’un débat public, l’ambassadrice de France et le directeur de l’AFD se sont retrouvés face à des anti†Franc Cfa. En bons diplomates, ils ont choisi l’esquive.

(.) Je souhaite remercier les organisateurs de m’avoir invitée dans une instance où la liberté d’expression est une réalité.» Ce propos de Christine Robichon est empreint de langue de bois diplomatique. L’ambassadrice de France au Cameroun accuse en fait le coup. Elle vient d’être mitraillée par le philosophe Sindjoun Pokam et le président de l’Union des populations africaines (UPA), le statisticien Hubert Kamgang, au sujet du Franc Cfa. La Française semble d’ailleurs surprise par la virulence de ton chez ses interlocuteurs. Tout a pourtant bien commencé ce jeudi 19 juin 2014.

Invitée de la «Grande palabre», un débat public organisé chaque mois à Yaoundé par un groupe d’organisations de la société civile, l’ambassadrice de France au Cameroun parle depuis plus d’une heure et demie du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Elle est aidée dans son opération de charme par Hervé Conan, le directeur de l’Agence française de développement (AFD). Jusqu’ici, les questions et remarques un peu trop politiquement correctes du politologue Owona Nguini et de Jean Mballa Mballa, observateur indépendant du C2D, tous deux également membres du panel, ne sont vraiment pas un problème. C’est alors qu’intervient le jeu des questions – réponses avec le public.

Mitraillage
«Madame est†ce que vous ne pensez pas que le dispositif actuel est une adaptation d’une vieille histoire, d’un vieux code, le Code noir élaboré par la France pour gérer comme sa chose, le monde noir ou du moins la part qui lui est assignée dans cette dialectique maître et esclave?» interroge le professeur Sindjoun Pokam. Et de répondre lui†même «le Code noir a été élaboré par Louis XIV en 1685 et comme je soupçonne la France de n’avoir pas eu une interruption dans la construction de l’Etat, donc de Louis XIV à Hollande aujourd’hui on est en train d’assister à une adaptation, une modification en fonction des conjonctures historiques d’un vieux code».

L’ambassadrice fixe son interlocuteur et fronce le visage. Loin d’être intimidé, le philosophe hausse le ton: «le trésor français peut†il tenir lieu d’une autre banque centrale? Vous avez convoqué ici un document qui guide votre action ici, le DSCE (le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi), ce sont nos experts qui par une sorte de remord y ont indiqué une chose que vous semblez ne pas rappeler. Ils ont dit madame, que ce document†là est hypothéqué par une question centrale dans laquelle est inscrite notre destin historique. La question de la monnaie.» Précisément, à la page 56 du document «Cameroun vision 2035» donc le DSCE est une déclinaison, les autorités camerounaises avouent que l’appartenance à la zone Franc fait peser sur le projet d’émergence du Cameroun «deux lourdes hypothèques».

Tout d’abord, indiquent ces autorités, «elle prive le Cameroun d’un instrument majeur de gestion économique, la politique monétaire, ce qui est un handicap considérable pour l’appropriation d’une stratégie volontariste du développement»; et d’autre part, «l’arrimage (du franc Cfa) à l’Euro qui s’est révélée une monnaie très peu flexible entraîne une survalorisation permanente du franc Cfa, un ralentissement des exportations et un surenchérissement des importations qui obèrent considérablement la compétitivité de l’économie nationale. » Aussi pour le philosophe, la France doit «désormais tenir compte que nous entrons dans un processus de rupture radicale avec cette doctrine qui voudrait que le destin monétaire d’un ensemble d’Etats soit commandé par l’Etat français». L’ambassadrice de France au Cameroun encaisse.

Comme si ça ne suffisait pas, Hubert Kamgang revient à la
charge. Le candidat à la présidentielle de 2011, qui fait de la sortie du Cameroun de la zone franc son programme politique, soutient qu’il n’y a pas meilleur asservissement d’un Etat que de l’empêcher d’avoir le contrôle de sa monnaie. Le statisticien qui se définit comme un pur produit de la France à même une curieuse demande. «Madame pouvez-vous me promettre de demander au gouvernement français de dénoncer la convention du 23 novembre 1972 à Brazzaville dont l’article 7 stipule que la Beac (Banque des Etats de l’Afrique centrale) est un établissement multinational africain à la gestion et au contrôle duquel participe la France.» Sa demande, Hubert Kamgang l’a justifié par le fait que «nos chefs d’Etat ont peur de dénoncer cette convention».

Une vue du panel
Journal Intégration)/n

Tabou
Face à la gêne de leur invité, les organisateurs tentent d’interrompe le président de l’UPA. «Nous sommes là pour parler du C2D» indique le modérateur Francis Mbagna. L’assistance proteste. La diplomate française boit ainsi jusqu’à la lie la coupe des dénonciations sur le Franc Cfa. Mais Christine Robichon ne ripostera pas. «J’ai relevé un certain nombre d’opinions que je respecte sans toutefois les partager. (.) Les questions qui concernent directement ou indirectement la monnaie relèvent d’un autre débat» esquive†t†elle au moment de répondre aux questions du public.

Hervé Conan en fait de même. «Moi, je ne suis que l’AFD, donc ce n’est pas un sujet sur lequel je peux répondre clairement et c’est non plus moi qui doit solliciter l’Etat français». L’assistance est déçue. Elle est néanmoins convaincue d’une chose, «le message est passé», «il sera ce soir sur la table de François Hollande ». Mais pour Owona Nguini, ce n’est pas au président français que ce message doit être destiné, mais à la classe dirigeante des pays de la zone franc. C’est à elle qu’il revient de prendre la décision de sortir de la zone franc.


Laurent Gbagbo n’a jamais été un anti-néocolonialiste ni un panafricaniste

Par Saïd Mbombo Penda

Gbagbo et les crises
Le documentaire que j’ai commis, est une uvre où est mentionné le parcours de Laurent Gbagbo, en tant que président de la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010. J’ai été un très grand admirateur, je le considérais comme un partisan de l’opposition mais autant, j’ai été très déçu de ses dix années de règne. On ne peut juger les gens que quand ils sont mis face à des situations. On ne peut juger un homme politique qu’à la pratique du pouvoir. Vous avez vu que sur mon documentaire, basé exclusivement sur des faits, que Laurent Gbagbo instrumentalise des thèmes délicats tels que l’ethnie, la religion et même les problèmes fonciers. Dans ce documentaire, nous tenons compte du contexte politique et nous rappelons d’entrée dans ce documentaire que la crise ivoirienne en réalité et les problèmes identitaires en Côte d’Ivoire, sont antérieurs à Laurent Gbagbo. Mais tout ce que le documentaire démontre avec des preuves, c’est que Laurent Gbagbo a plutôt exacerbé les crises qui existaient avec son arrivée au pouvoir Certains commentaires faits par monsieur Owona Nguini sur mon documentaire sont assez surprenants. J’ai tendance à remarquer que monsieur Owona Nguini ne l’a pas regardé. Il est resté dans l’incantation. Je pense que ce débat serait plus important que si nous nous appuyons uniquement sur des faits. Je suis journaliste et je parle des faits, je parle en tant que journaliste ayant travaillé en Côte d’Ivoire pendant plusieurs années et pratiquement pendant toutes les étapes de la crise ivoirienne. Pendant que moi je donne des faits, monsieur Owona Nguini, qui a des connaissances limitées sur la Côte d’Ivoire, reste dans l’incantation et dans une analyse simple et gratuite.

Gbagbo et le néocolonialisme
Les faits présentés dans mon documentaire, contredisent Laurent Gbagbo comme étant un anti-néocolonialiste. Les faits sont que, Laurent Gbagbo, qui se positionne comme anti-français, sous ses dix années de règne, accorde 90% des marchés, des constructions et des travaux publics à gré à l’entreprise française Bolloré. En occurrence, le port d’Abidjan, instrument fondamental, capital de l’économie ivoirienne. Est-ce que ceci est un acte, un fait anti-néocolonialiste? J’en doute fort. Surtout que, au même moment, d’après des investigations, il y avait des offres comme Dubaï et la Chine qui sont plus avantageuses que celles de Bolloré. Je suis très heureux que monsieur Owona Nguini qui est un analyste, ait une analyse très pointue. Mais seulement, c’est une simple analyse. Car l’analyse est un fait subjectif. Et ce n’est que de l’interprétation. Les faits, eux, ils sont têtus et sacrés. Aux dires de monsieur Owona Nguini, je n’invente pas le portrait de Laurent Gbagbo. Quand on fait le portrait en documentaire, on fait le portrait de l’individu.

Pendant que Laurent Gbagbo clame son anti-néocolonialisme, connaissez-vous une lettre que Laurent Gbagbo a adressée à la France pour la fermeture de la base militaire française dans son pays? La réponse est non. Pensez-vous que Thomas Sankara, qui était le vrai anticolonialiste et le vrai anti-néocolonialiste, aurait laissé une base militaire française dans son pays? Monsieur Owona Nguini, vous pouvez avoir des opinions très fortes sur Laurent Gbagbo qui sont certainement fondées sur votre anti-néocolonialisme que je considérerais peut être dogmatique. Mais de grâce, évitons de mentir l’opinion camerounaise. Toujours pour prouver que Laurent Gbagbo n’est pas un anti-néocolonialiste, l’autre fait c’est que, Laurent Gbagbo n’a jamais demandé à sortir de la zone franc. Un anti-néocolonialiste serait-il resté dans la zone franc? C’est juste que ce monsieur est un illusionniste. Il a menti et trompé les ivoiriens et le peuple africain tout entier. Il n’a pas eu en aucun cas, le courage de ses propos. Monsieur Owona Nguini, veuillez analyser les faits froidement et il faut avouer aux camerounais que de part les faits, Laurent Gbagbo est loin d’être un anti-néocolonialiste. Il a plutôt adopté une position populiste et rentable politiquement pour la survie de son régime. Donnez-moi un seul fait, pas de discours où Laurent Gbagbo s’est opposé une seule fois à la France durant son règne.

Dans mon documentaire, on voit Laurent Gbagbo en personne (et ce n’est pas de l’analyse), énumérer un certain nombre de faits posés par la France au profit de son régime. Quand je parle de la Côte d’Ivoire, je parle en tant que quelqu’un qui y a vécu et travaillé pendant des années. Donc, mon documentaire ne serait être une trame biaisée. «Trame biaisée», c’est supposer que mon documentaire a été commandité. Dans ce documentaire, je présente les massacres de Dueké où des membres d’une ethnie supportant Laurent Gbagbo ont été massacrés par des membres d’une ethnie qui supportaient Alassane Ouattara. Pensez-vous que Alassane Ouattara aurait financé un documentaire qui pose une telle critique forte sur ses partisans? Ce serait de l’auto flagellation. Acceptez, monsieur Owona Nguini, que vous n’avez pas de preuves suffisantes sur ce que vous dites.

Gbagbo et le panafricanisme
Pour vous, Laurent Gbagbo est bel et bien un panafricaniste. Qu’entendez-vous par panafricaniste? Êtes-vous au courant qu’il y a eu plusieurs milliers d’Africains tués, assassinés par des forces sous le contrôle de Laurent Gbagbo durant ses dix années de règne? Et vous appelez cela panafricanisme? Vous appelez panafricaniste quelqu’un qui massacre des Africains? On a vu des discours anti-Africains dans les principaux organes de presse de Laurent Gbagbo. Et il y a des choses que j’ai omises dans mon documentaire pour éviter d’enflammer la Côte d’Ivoire. Donc, Laurent Gbagbo n’est pas un panafricaniste. Savez-vous ce que font les panafricanistes? Ils posent des actes forts. La première chose que font les panafricanistes c’est de se débarrasser de tous les artifices qui rappellent le colonisateur. Prenons le cas de Kwame Nkrumah qui a changé le nom Gold Coast de son pays pour le nom Ghana. Laurent Gbagbo avait 85% des députés du FPI à l’Assemblée nationale. Mais, sans faire allusion à ses discours, avez-vous un acte législatif posé par Laurent Gbagbo dans la constitution de son pays sur des dispositions refoulant la souveraineté de leurs micros Etats imposés par la puissance coloniale au profit de l’unité africaine, l’Etat africain concret tentant à prouver qu’il est panafricaniste?

Gbagbo et la concentration du pouvoir
Laurent Gbagbo était le seul maître à bord dans le gouvernement ivoirien. La preuve, il y a eu en Côte d’Ivoire ce qu’on a appelé les déchets de Trafigura, ce bateau qui déverse des déchets toxiques à Abidjan, le Probo Koala. Quand il y a eu ce scandale, le Premier ministre du gouvernement de l’Union nationale qui n’était pas du parti de Laurent Gbagbo, Charles Konan Banny, dignitaire parmi les dignitaires du régime de Laurent Gbagbo, demeure le directeur du port d’Abidjan, réinstallé par Laurent Gbagbo. Le directeur de la télévision publique ivoirienne qui refuse de diffuser le deuxième communiqué de Laurent Gbagbo, est viré de la télévision ivoirienne. A la question de savoir, est-ce que dans la constitution du pouvoir, le président de la République est-il le responsable des actes posés par le gouvernement? Je réponds en disant d’abord que je suis vraiment déçu que monsieur Owona Nguini ait une connaissance aussi limitée sur la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est un régime présidentiel. Donc, le président de la République est responsable de tous les actes posés lors de son régime. Il y a encore des faits que je peux encore citer pour démontrer que Laurent Gbagbo n’a jamais été un anti-néocolonialiste, ni même un panafricaniste mais un illusionniste.

Saïd Mbombo Penda
connectionivoirienne.net)/n

Ce documentaire est une démarche propagandiste contre Gbagbo

Par Mathias Eric Owona Nguini

Gbagbo, le marxiste
Laurent Gbagbo est un homme politique, un homme d’Etat, un universitaire ivoirien et un militant qui est né en 1945. Il a fait ses études primaires et secondaires en Côte d’Ivoire. Il a fait ses études supérieures au moins en partie en France et s’est spécialisé en Histoire. Et par orientation morale et politique, il a beaucoup travaillé sur des questions de décolonisation et sur les mouvements de libérations nationales. Il a donc été effectivement un syndicaliste, un militant et homme politique dans les années 1970 en Côte d’Ivoire dans le contexte extrêmement répressif du régime Houphouët-Boigny. Ce régime qui, sous le couvercle du dialogue et de la palabre, était à l’image des autres régimes africains autoritaires. Et Laurent Gbagbo, est en quelque sorte un récalcitrant parmi les militants. Il n’a cédé à aucune tentative de séduction de Félix Houphouët- Boigny dans son gouvernement pour le copter. Il a dû s’exiler en France où il a épousé une Française avec qui il a eu son fils Michel. La première orientation politique de Laurent Gbagbo est une orientation marxiste même à certaines étapes, marxiste-léniniste.

Gbagbo, le patriote
Il revient en Côte d’Ivoire à la fin des années 1980. Certains estiment que les Français ont fait un certain jeu pour qu’il revienne et gêner Houphouët- Boigny. Dans ce que monsieur Saïd Mbombo dit, il peut toujours se trouver des éléments vrais. Mais c’est dans une trame biaisée. Ceci parce qu’on voit que c’est un documentaire porté à la charge qui a été construit comme tel. On peut effectivement faire des reproches à Laurent Gbagbo en tant que homme d’Etat et homme politique. Mais, pour bien comprendre la trajectoire politique de Laurent Gbagbo en tant que dirigeant d’Etat, il faut la replacer dans un contexte. Et c’est ce contexte qui nous permettra de comprendre que Laurent Gbagbo, quoiqu’on dise, est un patriote, un panafricaniste et comprendre aussi les contradictions auxquelles il a été confrontées dans l’action concrète en tant que homme d’Etat. Parce qu’évidemment, les tâches d’un homme politique d’opposition ne sont pas les mêmes que celui d’un homme d’Etat. Surtout dans les structures politiques d’Etats d’Afrique qui sont pour la plupart des Etats autoritaires.

Gbagbo et l’houphouëtisme
En fait, s’il y a une seule chose qui me semble vrai dans ce que Saïd Mbombo Penda dit, c’est que Laurent Gbagbo a conservé une bonne partie de la gouvernance houphouëtiste. Et c’est ça sa limite. C’est-à-dire qu’en réalité, vous ne pouvez pas critiquer la gouvernance de Laurent Gbagbo en tant que président sans impliquer tous les autres hommes politiques et partisans de la Côte d’Ivoire. Parce que Laurent Gbagbo n’a jamais gouverné seul. Parce qu’en réalité, les éléments avec lesquels Laurent Gbagbo gouverne sont issus du parti PDCI. Ce parti qui est d’ailleurs resté le socle du système politique et institutionnel ivoirien. Laurent Gbagbo a hérité des contraintes de la Côte d’Ivoire qui est un Etat phare dans le dispositif de tutelle internationale de la France. Et ceci a été tout le problème de Laurent Gbagbo parce que les Occidentaux ne l’ont jamais considéré comme un homme du sérail françafricain. Ils estiment qu’il est arrivé au pouvoir par hasard alors qu’il n’en avait pas voulu. Le problème qu’il a eu, c’est qu’il a voulu créer des possibilités de dialogue avec les français. Donc, il ne faut pas avoir une lecture biaisée des événements pour en faire un quelconque documentaire sur Laurent Gbagbo. Des événements qu’il faut lire dans un contexte sans exclure les actes de ses alliés et de ses opposants. Vous ne pouvez pas extraire Laurent Gbagbo de l’ensemble du système ivoirien pour en faire une espèce de portait. Un portrait qui serait isolé sur une logique de diabolisation construite pour la légitimité et de blanchir l’actuel régime ivoirien en place. La plus grande faute de Gbagbo de mon point de vue, c’est qu’il a conservé les structures de la gouvernance houphouëtiste. C’est cette gouvernance qui est à l’origine de tous les problèmes de la Côte d’Ivoire.

Gbagbo et l’ethnicité
J’ai entendu monsieur Saïd Mbombo dire que Laurent Gbagbo a manipulé l’ethnicité et la religion. Je veux bien. Mais quand vous connaissez le parcours de Laurent Gbagbo, s’il y a un homme politique en Côte d’Ivoire qui est le moins porteur du discours de l’ethnicité, c’est Laurent Gbagbo. Si cela a pu arriver, c’est dans le contexte créé par ses adversaires de l’opposition. Laurent Gbagbo ne pouvait pas utiliser l’ethnicité au départ. Si vous prenez son groupe ethnique, les Bétés, au sens strict démographique, vous ne pouvez pas vous appuyer sur les Bétés pour prendre le pouvoir parce qu’ils ne sont pas suffisamment nombreux. Une fois que Laurent Gbagbo était au pouvoir, dans un contexte où les autres forces ont régionalisé la lutte, il est un être humain comme un autre et a pu également s’appuyer sur ce type de mode opératoire. En réalité, ceux qui sont responsables de l’ethnicisation et l’instrumentalisation religieuse de la politique en Côte d’Ivoire sont: (1) Félix Houphouët-Boigny, (2) Henri Konan Bédié, (3) Alassane Ouattara, (4) Laurent Gbagbo et (5) le général Robert Gueï. Monsieur Saïd Mbombo, j’ai une affirmation que ce documentaire sur Laurent Gbagbo est une commande. Car la manière dont vous argumentez montre que vous avez des informations toutes cousues. Il n’y a pas de faits dans tout ce que vous racontez. Est-ce que vous pouvez dire, à partir de Marcoussis, que Laurent Gbagbo a gouverné seul. Tous les gouvernements ont toujours été composés de plusieurs partis. Après Affi N’guessan, il n’y a plus eu de premier ministre du FPI. Il y a eu Seydou Diara, Charles Konan Banny, Guillaume
Soro. Nombre de ces ministres étaient issus du RDR, du PDCI. Donc, vous ne pouvez pas démentir que tous ces gouvernements ne sont pas des gouvernements de coalition. Alors, pourquoi stigmatiser seulement l’anti-néocolonialisme de Laurent Gbagbo et laisser celui des autres? On est donc unanime que c’est de la manipulation idéologique.

Gbagbo face aux coups d’Etat
Laurent Gbagbo arrive au pouvoir en octobre 2000. Il ne se passe pas 3 mois, il y a une tentative de coup d’Etat. Il ne se passe pas si 6 mois, il y en a une deuxième. Il ne se passe pas 1 an et demi, il y en une troisième. Pensez-vous que tout cela ne peut-il pas influencer le positionnement d’un leader politique? Laurent Gbagbo a donc agit sous contraintes. Il se retrouve prisonnier d’un système. Vous parlez des bases militaires que Laurent Gbagbo aurait pu demander le départ de la Côte d’Ivoire. Il faut noter qu’il y a eu des accords. Quand en septembre 2002, la crise qui a donné lieu au coup d’Etat arrive, Laurent Gbagbo demande l’application des accords que la France refuse. Ceci n’est-il pas un fait? Quand il y a les affrontements de 2005 qui font monter la pression, les bases françaises étaient déjà là. Si Laurent Gbagbo, même par instrumentalisation, n’avait pas eu une culture de résistance, il n’aurait pas procédé comme il l’avait fait. Parce qu’il a fait un bras de fer avec la France. Vous parlez du gré à gré. Mais c’est un système mis en place par Félix Houphouët-Boigny. Alors, le documentaire de monsieur Saïd Mbombo Penda est une pièce ultra partisante. Quelque chose qui n’a pas de sens parce qu’on ne peut pas analyser un personnage historique s’il n’est pas dans un contexte. Votre documentaire est une démarche idéologique propagandiste commanditée contre Laurent Gbagbo. Nous sommes ici dans une entreprise où il s’agit de détruire l’image de Laurent Gbagbo. Ceci est un élément de lutte politique.

Mathias Eric Owona Nguini
africapresse.com)/n

Derniers conseils «epistemolo-politiques » à Owona Nguini, l’homme immanent

Par Patrice Nganang

Au Cameroun, tout le monde veut le changement. Il y en a, plus nombreux, qui veulent une alternative à l’infamie. C’est que dans ce pays, le président de la République tient de manière routinière des discours d’opposant, tandis que le ‘leader de l’opposition’, lui, se tait ; dans ce pays, le plus vociférant critique politique se trouve à Etoudi depuis trente-deux ans, incarcère ses collaborateurs, parfois pour vingt-quatre heures, parfois pour vingt-quatre ans, accuse son propre parti politique, accuse l’administration dont il a la charge, accuse les Camerounais de leur propre malheur, tandis que le commun se tait ou quitte le pays. L’homme auto-proclamé du changement au Cameroun, c’est Mbiya, cela nous le savons déjà depuis les années de braise ; mais qui est donc la personne de l’alternative ? Personne ne sait. Telle triangulation additionnée à la néantisation de l’opposition a un nom, doit avoir un nom – appelons-la la droite, par convenance, mais surtout parce que partout la droite croit toujours que le pays organisateur, que la nation, c’est elle. Par sa triangulation de l’opposition, la droite au Cameroun veut rendre l’alternative impensable, et donc impossible. Or c’est le devoir de l’écrivain de rendre celle-ci toujours imaginable. L’alternative à la droite serait donc de gauche. Parce que la nourriture de l’écrivain c’est l’imagination, la gauche devient son habitacle naturel.

Cette clarification des choses est importante, parce que dans ce Cameroun où l’opposition ne veut plus rien dire, dans ce pays sans alternative, dans ce pays pris en otage par la droite, Mathias Eric Owona Nguini nous dit qu’il est de gauche. Sa confusion sur son identité politique, si elle ferait sursauter tout socio-politiste sérieux, est le commun dans notre pays où me dit-on, des gens l’appellent d’ailleurs ‘grand professeur.’ Je vais ici pas à pas l’aider à s’établir une carte d’identité politique, parce qu’au fond, des gens comme lui prospèrent dans le cafouillage qu’entretient la droite qui a pris notre pays en otage depuis 1956, en vaporisant toute opposition. Je vais, pour le dire clairement, lui enseigner qui il est, et cela à partir de ses propres ‘positionnements’ et ‘postures’ (pour utiliser son jargon) exprimés durant nos échanges, ‘positionnements’ et ‘postures’ desquels je vais découler ses convictions de droite, pour enfin lui dire ce qu’est la gauche chez nous, comme 1 + 1 = 2. Il est de ce fait important de préciser d’entrée de jeu que la caractéristique essentielle de la droite, c’est l’immanence. L’immanence c’est son principe directeur, fondamental. Qu’est-ce que l’immanence ? C’est la conviction nombriliste qui veut que le monde ne puisse être compris qu’à partir du lieu de celui qui le regarde – ici, le pays organisateur. Sa manifestation la plus amusante est l’invitation qu’Owona Nguini me lance dans la presse, de venir enseigner dans l’université où il enseigne, de venir bavarder avec lui dans les chaînes de télévision et de radio où il bavarde, bref, de venir dans l’enclos du pays organisateur. La conséquence de telle immanence, c’est évidemment son incapacité à s’imaginer que professeur d’université multilingue, je puisse enseigner comme je le fais, dans plusieurs universités à travers la terre – y compris celle où il enseigne ; que je puisse m’exprimer dans des chaînes de télé, de radio, dans des journaux ou sur Facebook selon mon choix – et qu’il peut avec un peu d’effort m’y rejoindre, lui.

On l’a compris, l’immanence comme principe c’est la dictée du borné, et sa manifestation c’est l’étroitesse d’esprit – ce que j’ai appelé être petit dans la tête, ou alors avoir une cervelle de poule. Ce dont l’immanence a le plus peur en effet, c’est l’extérieur, ce qui vient de dehors, l’étrange, ce qui n’est pas soi, ce qui n’est pas le même, est complexe, ce qui en somme n’est pas dans le pays organisateur. C’est que l’immanence est le principe du pays organisateur qui a pris le Cameroun en otage et s’est imposé sur nos têtes après de nombreux bains de sang. Le dicton : ‘le Cameroun c’est le Cameroun’ est l’expression idoine de l’immanence, dont Owona Nguini est le symptôme de la malfaisance intellectuelle, lui qui né en France, est sans doute de nationalité française, a fait ses études en France quand des étudiants de son âge, Parlementaires, se battaient, oui, mourraient, pour donner à notre pays une alternative ; lui qui sinon a presque toute sa famille en occident, écrit ses textes dans un charabia qui est de souche française, ne serait en bref rien du tout sans la France, mais qui décrète cependant ce qui vient de France ou d’occident (dans son ‘positionnement’ bien sûr) comme étant fondamentalement mauvais. À côté de la commune mesure de l’anticolonialisme et de l’argument contre le ‘néocolonialisme’ que même Mbiya partagerait sans sourciller, nous avons ceci : l’occident c’est ‘Gotham City’, ‘ville sombre et stupéfiante’. Diabolisé avec est tout ce qui n’est pas le Cameroun – donc, le Ghana, le Sénégal, l’Afrique du sud, le Kenya, la Chine, etc. -, tandis que le Cameroun deviendrait le meilleur des mondes possibles.

Il n’y a pas de principe sans conséquence politique. Et ici, dans un pays qui depuis mai 1955 a chassé des millions de ses concitoyens ; dans un pays dont l’alternative politique, d’Ernest Ouandié, à Mongo Beti, à Woungly Massaga, aux leaders Parlementaires exclus de toutes les universités d’Etat en 1993 par Titus Edzoa et qui vivent tous leur vingtième année d’un exil passé au Bénin, au Burkina, au Sénégal, mais aussi en Côte d’ivoire, en Allemagne, etc. ; dans un pays captif de la droite, dont la face de l’alternative est aujourd’hui redevenue ce qu’elle a toujours été depuis 1955, c’est-à-dire l’exil où est mort Lapiro de Mbanga ; dans un tel pays diasporique en fait, Owona Nguini se donne le luxe de diaboliser la diaspora camerounaise. Il faut le faire ! Dans un pays dont la pensée de l’alternative politique serait impossible sans les sédiments conceptuels d’Achille Mbembe (qui lui non plus n’est pas revenu au Cameroun depuis vingt ans, et n’a jamais voté, selon ses propres dires), sans les visions économiques de Célestin Monga, le ‘Bantou de Washington’, Owona Nguini se donne le luxe de présenter la diaspora camerounaise comme étant pernicieuse sinon vile. Entre nous, quel Camerounais d’intelligence ne comprend pas qu’à telle immanence qui veut que ‘la vraie bataille se passe sur le terrain’, le Panthéon de l’histoire camerounaise aie toujours présenté ces figures de l’ailleurs qui au fond sont les pulsations de l’espoir chez nous ? Et qu’à l’étroitesse d’esprit du pays organisateur, l’histoire des idées chez nous a toujours su opposer le cosmopolitisme intégral de notre vécu collectif ? La bataille de Félix Moumié ne valait donc pas la peine, lui qui est mort en exil pour le Cameroun ? L’idéal qui le faisait arpenter les terres d’Afrique et du monde depuis 1955 n’est-il donc pas cette indépendance-là qui fait Owona Nguini se targuer aujourd’hui d’être camerounais, même s’il est comme on sait, français ? Qu’a-t-il donc contre la bi-nationalité, Owona Nguini ?

Owona Nguini est sans doute hétérosexuel. C’est du moins ce que je découle de ses phrases. Il est confiant d’être dans la norme, dans la majorité de la population camerounaise. Bref, il est si sûr de sa sexualité qu’il veut mettre en doute celle des autres. Il est si sûr de la sexualité de son épouse – s’il en a une -, qu’il peut fantasmer en pouffant de rire à l’idée d’un ‘Gay pride’ sur l’avenue du 20 mai. Il est si certain de la sexualité future de ses enfants – en a-t-il ? – qu’il peut en toute confiance jeter à la meute qu’il dirige, une minorité. Homme immanent qui se dit que ce qui se passe dans son lit doit nécessairement aussi avoir lieu dans le lit de son voisin, il ne peut pas s’imaginer qu’il en soit autrement. Cette seule pensée le rend fou, tout comme le fait qu’il puisse y avoir un ailleurs au pays organisateur : l’alternative est toujours impossible, doit être détruite, jetée à la meute. Seulement, telle est la pensée de droite : celle qui prend la norme pour le vrai, le dominant pour l’éternel, le pouvoir pour le juste, et ses amis pour le peuple. Car le peuple est toujours divers, et cela est la doxa de la gauche. Parce qu’au Cameroun il y a plusieurs sexualités, l’homosexualité devient camerounaise car faisant partie de cette diversité de pratiques sexuelles qui ont lieu dans le lit des Camerounais. Et puis, qu’est-ce qu’il va chercher dans le lit des gens, Owona Nguini ? Est-ce son affaire ? Pays organisateur qui devient opprimant jusque dans le lit !

La démocratie, ce n’est pas le pouvoir de la majorité, mais le respect dû à la minorité. La raison de ce respect est simple : à cause du jeu politique inhérent à la démocratie, la minorité d’aujourd’hui, c’est la majorité de demain, qui, elle, est la minorité d’après-demain. Autrement dit, fais gaffe, toi qui est du pays organisateur, car si tu me maltraites aujourd’hui, je te maltraiterai demain ! La loi du talion devient impossible quand le pays se démocratise, et cela veut dire, quand il passe de la tyrannie à la liberté, celle-ci étant toujours comme nous savons, à la limite de la liberté de son voisin. Seule l’immanence tyrannique veut que la majorité ait toujours raison, que l’appel du peuple soit toujours juste. Extraordinaire qu’un soit disant ‘socio-politiste’, croie à la raison de la meute. Plus extraordinaire est qu’il se dise de gauche ! N’enseigne-t-il donc pas à ses étudiants qu’Adolf Hitler avait pris le pouvoir en Allemagne à la suite d’élections régulières, et qu’il avait gagnées ? Le peuple allemand s’identifie-t-il donc aujourd’hui avec Hitler parce que ce chancelier emplissait des stades et des rues de 1933 à 1945 et faisait des foules allemandes s’extasier à sa voix ? Mais peut-être faut-il encore lui enseigner, à Owona Nguini donc, que dans son ‘positionnement’ et dans sa ‘posture idéologique’, Hitler était socialiste, car le parti Nazi, son parti, s’appelait ‘Parti National-Socialiste’. Ainsi comprendra-t-il peut-être, Owona Nguini toujours, que se ‘positionner’ ou avoir une ‘posture’ de gauche, ne veut pas dire que l’on soit de gauche. La triangulation des paroles de changement est en effet une tactique bien vieille de la droite – surtout de celle la plus vile, la poujadiste dont il partage les évidences – pour étouffer toute formulation de l’alternative et maintenir son hégémonie.

La question de l’identité, je m’en suis rendu compte, taraude Owona Nguini. Pour le dire plus simplement, il ne sait pas qui il est. Pire : il ne sait sans doute pas que la gauche d’aujourd’hui, post-1989, je l’appellerai la Nouvelle Gauche, ne se définit plus dans ‘l’idéologie’, car entre nous, nous ne sommes plus en 1960 ! La gauche, celle qui a porté au pouvoir aux Etats-Unis un Kenyan, ne saurait faire l’économie de la question de l’identité qu’à son propre péril. Or ce qui ailleurs, en occident donc est le racisme, est bien chez nous le tribalisme. Autrement dit : dans un Etat tribal comme celui que nous avons au Cameroun, adresser la question du tribalisme c’est frapper dans le c ur du malaise dans la république. La fuir, c’est laisser le status quo intact. La déclinaison du tribalisme n’est pas seulement l’exclusion, qui est un acte négatif d’ailleurs pas encore pénalisé au Cameroun, mais également la régulation, qui est un acte positif, de fabrication d’un vivre ensemble différent qui respecterait la diversité fondamentale du peuple camerounais.

Expliquons cela à Owona Nguini, avec un exemple concret. Eh bien, parce que l’Etat camerounais, droitisant, est centralisé, la gauche de notre pays ne peut que vouloir un Etat fédéral. Mais Owona Nguini n’est pas fédéraliste. Car le serait-il qu’il aurait compris cette évidence : l’élection des gouverneurs, des préfets, des sous-préfets et des juges, comme je le souhaite parce que ce serait l’application chez nous de la démocratie intégrale ; l’élection de la classe dirigeante chez nous pour remplacer le pays organisateur, rendra miraculeux le fait qu’un Sudiste soit gouverneur dans l’Extrême Nord, par exemple. Et pourtant, respecter l’identité, c’est-à-dire, les langues et les cultures, des Camerounais voudra bien que notre pays se sorte de la tyrannie du petit nombre et des décrets présidentiels, pour accepter le règne du plus grand qui ainsi serait structuré démocratiquement. Notre pays a besoin de penseurs de l’alternative fédérale. Le spectre du tribalisme, de la guerre ou de la paix n’a jamais tu la raison.

Il n’y a pas de génération spontanée – encore moins dans la gauche. Voilà pourquoi seul un homme de droite peut comme Owona Nguini, abandonner aux gémonies ses propres étudiants gauchisants, et ici je parle des leaders de l’ADDEC, Hervé Nzouabeth, Majali Njonkouo, Emilien Atangana, et Tchoualeu Demanga – qui, réveillés aux idéaux de liberté, furent arrêtés et condamnés pour une bagatelle, et jetés dans la prison de Mfou. Seul un homme immanent peut faire table rase de ses propres camarades de classe parce qu’ils étaient Parlementaires quand lui n’était rien, et qui plus est, dans des microphones de radio et télé plantés dans le sang de ces derniers, dans les universités multipliés dans la sueur de ces derniers, parler de leur ‘échec’. La gauche camerounaise, elle, s’est toujours passé le bâton. Ainsi les premiers upécistes en exil – le leadership historique, Ernest Ouandié, Félix Moumié, Abel Kingué – ont trouvé durant les années 1960-70 en France, en Guinée, au Ghana, dans des étudiants comme Michel Ndoh, Jean-Martin Tchaptchet, Kapet de Bana, la suite de leur aventure planétaire, et de leur manufacture douloureuse d’une alternative pour notre pays. En 1994, Kapet de Bana a retrouvé au Burkina Faso durant les sombres moments de leur exil, les leaders Parlementaires exclus des universités, qui s’y étaient réfugiés, Néné Fadimatou, Tene Sop, Napi Tagnidoung, Jacques Tiwa et les autres. Parce qu’il veut savoir où les Parlementaires étaient en février 2008, je laisse Virginie Tiwa raconter à Owona Nguini les circonstances de la mort de son mari le 28 février 2008, à Douala, dans une lettre au tyran :

‘Mon mari, Jacques Tiwa, assassiné le 28 février 2008 par l’armée à Ndokotti Douala, n’était pas un brigand, encore moins un pillard. Mon époux était un expert comptable dont l’engagement politique depuis l’université de Yaoundé dans le ‘Parlement Estudiantin’, lui a valu les foudres répressives de votre régime. Ce qui l’avait finalement contraint à un exil besogneux à travers l’Afrique de l’Ouest. Je sais que mon mari était également engagé dans le Conseil national pour la Résistance-Mouvement Umnyobiste (Cnr-Mun) dont il assurait la représentation au Cameroun, depuis son retour d’exil en 2004. [.] Tiwa Jacques a été tué à cause de son engagement et de ses convictions politiques dans le Conseil National pour la Résistance, organisation affiliée au CODE (Collectif de la Diaspora pour la Démocratie au Cameroun); ce dernier ayant été accusé par des membres du parti au pouvoir et de votre gouvernement, d’avoir commandité et organisé les soulèvements de février 2008. Il s’agirait donc d’un assassinat politique commandité et prémédité !

‘Je vous rappelle que Tiwa Jacques a été assassiné le 28 février, c’est à-dire le lendemain de votre adresse radiotélévisée à la nation, que tout le monde espérait apaisant, mais qui manifestement a jeté l’huile sur le feu. En effet, au lieu d’appeler les jeunes révoltés au dialogue vous les avez plutôt insultés en les qualifiant d »apprentis sorciers’ et en donnant des pleins pouvoirs à l’armée pour ‘régner l’ordre, par tous les moyens’ ! C’est donc le lendemain de votre discours signant un chèque en blanc aux forces de sécurité que mon mari, Tiwa Jacques, a été tué au niveau du Palais de justice de Ndokotti par un homme armé, descendu selon les témoins qui ont assisté à la scène, d’un cargo militaire transportant des agents des forces de défense et de sécurité munis d’armes de guerre. Aussitôt après avoir commis leur sale besogne, les assassins de mon mari ont démarré et sont partis. Après leur départ, des passants ont recueilli Tiwa Jacques, hurlant de douleurs et ses intestins dehors, sur un ‘pousse-pousse’ et se sont jeté à la recherche d’un hypothétique centre de santé.

‘Après plus d’une heure de marche, ces secouristes de fortune vont finalement tomber sur une ambulance qui a transporté l’infortuné à l’Hôpital Laquintinie de Douala. Lorsque Tiwa Jacques arrive aux urgences de Laquintinie, il est déjà dans le coma, totalement inconscient, et les urgentistes ne peuvent plus rien faire. Ils se contentent de constater le décès de mon époux. L’un des médecins accouru au chevet de mon époux, m’informe que mon ‘numéro a été trouvé dans le téléphone d’un patient répondant au nom de Tiwa Jacques, arrivé dans un état très critique aux urgences…’ avant de me demander de me rendre sans plus tarder à l’Hôpital Laquintinie. Lorsque j’arrive à Laquintinie, je trouve mon époux inanimé, le corps encore chaud, avec un trou béant au niveau de la cavité abdominale, laissant échapper les intestins. Mais il ne respire plus, son c ur ne bat plus ! Mon mari était mort !

‘Monsieur le président, je vous fais grâce des autres détails.’

La droite croit toujours avoir raison, parce qu’elle a la violence de son côté, comme elle croit être le peuple, parce qu’elle est le pays organisateur. Cette lettre écrite le 25 février 2010 à Bangangté, respire de l’air et de l’odeur de cette capitale fière, noble et digne, de ceux qui depuis Ernest Ouandié toujours ont refusé, et refuseront encore l’esclavage auquel la droite condamne les Camerounais. C’est qu’il y a une chose que le Parlement représentait : c’était le dissensus. Rien n’y valait qui ne soit passé au crible de l’agora. C’était aussi simple que cela. Je suis donc toujours amusé quand je lis des gens – fussent-ils jésuites – dire ceci: ‘unissez-vous’, ‘rassemblez-vous !’, ‘pourquoi ne travaillez-vous pas ensemble’.

Quoi? Vingt-deux (22!) ans dans la tyrannie camerounaise, la plus vieille d’Afrique, m’ont appris que le ‘rassemblement’, ‘l’union’, c’est la source de la pauvreté, de l’étroitesse d’esprit, du ratatiné, du laid, du con, de l’imbécile, de la peur, de l’animal en nous, et vingt-deux (22!) ans dans des démocraties m’ont appris que c’est de la compétition que naît le grand, que c’est du dissensus que naît la vérité, que c’est du conflit que naît la beauté, et donc, que c’est de la critique que naît la richesse. J’ai 44 ans, et ma conclusion est celle-ci: à l’immanence de la droite, je préfère et préfèrerai toujours la transcendance de la gauche. Voilà pourquoi je demeure Parlementaire, le serai toujours, fais quoi, fais quoi, et mettrai tout en uvre pour détruire la droite et ses latéraux qui comme Mathias Eric Owona Nguini l’incarnent chez nous, et prennent des ‘postures’ et des ‘positionnements’ de gauche. Devant le chaos et le bruit ambiants, toute clarification est de bonne guerre pour notre pays.

Patrice Nganang
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« Ma leçon d’histoire njo’o » pour Owona Nguini

Par Patrice Nganang

Chaque tyrannie a les intellectuels qu’elle se choisit. Et pourtant: seule la vérité met sans caleçon l’imposteur. Par son bruyant verbiage, Mathias Owona Nguini veut se soustraire à ma description juste de ce qu’il est : un populiste de droite. C’est au fond ce qui l’énerve. Faut-il encore lui enseigner la distinction entre foule et meute, et lui dire où son choix le situe ? D’ailleurs, faut-il devant son texte kilométrique lui enseigner jusqu’à ce minimal que chacun de mes étudiants de première année reçoit comme viatique: l’esprit de synthèse ? Le voilà qui me cite des bouquins qu’aucun de mes étudiants n’aurait le courage de me conseiller, car je les ai lu et les leur ai enseigné jadis – bèbèla ! Je sais que les enseignants de Ngoa manquent de livres, car ils m’en parlent et bien de fois par amitié, je viens avec dans mon sac des bouquins pour eux. Mais entre nous : jusqu’à ce niveau ?

L’extraordinaire pour moi cependant, c’est plutôt rencontrer le vaporeux de son intelligence, quand forcée hors du jargon: il me faut littéralement la prendre en charge, la guider, la canaliser, et de sa première lettre qui allait dans tous les sens comme un injuriant crachat au ciel de la folie, à la deuxième, structurée, elle, une évolution bien sensible est lisible, nessa. Ah, si je n’avais mis quinze points pour organiser son argumentation à sa place, que ferait donc le docta ? Il m’a suivi, comme une poule en effet, et grain par grain a mangé le maïs que j’ai jeté par terre sur son chemin. Il ne s’imagine pas que celui qui le jette devant lui soit la Panthère Nzui Manto – comme Lapiro, oui, Bangangté, c’est-à-dire un citoyen qui refusera toujours l’esclavage auquel ces gens ont condamné notre pays, et mieux lui croquera sa petite tête calvitiée-là. A yi la. Il ne s’imagine pas un seul instant que mes graines de maïs aient été cueillies dans un Champ. Ici, évidemment un Champ de morts, Fosse commune, Lac des nénuphars. Car l’histoire camerounaise est bien une Culture de morts sans sépulture. Mais hélas, ceux qui comme lui veulent en parler sont si écervelés que des mots incandescents qu’ils entendent, ils ne retiennent que l’écho sonore et littéral !

Il dit parler du Cameroun, mais entend-t-il les mille voix qui, des veines de ce pays, raisonnent ? Il dit y vivre – mais le connaît-il ? Eh bien, je vais lui présenter la république du Cameroun, et ce sera ma leçon d’histoire njo’o. Pourquoi ? Parce qu’il parle de tribalisme au tout venant – pas surprenant dans l’Etat tribal. Mais surtout parce qu’il a mentionné Sindjoun Pokam en lui tirant la révérence – sans doute une marque de sa totale inculture, ou alors un réflexe à sa lecture de mon histoire de bus avec Mono Ndjana qui se clôt sur les conseils du vieux. Parlant d’histoire des idées justement, il devrait pourtant savoir, Owona Nguini, que l’infamie dans ce pays avait fait Mono Ndjana coller sur le dos de Sindjoun Pokam le mot infâme d »ethnofasciste’ – c’étaient les années 1980, dans un débat qui avait mené jusqu’au cachot, des intellectuels Bamiléké. Vingt ans après cette fessée tribale à mes ainés, plus jeune que Sindjoun, Shanda Tonme se voyait coller le même mot sur le dos – ‘ethnofasciste’ – par Ndzana Seme et sa clique. Aujourd’hui c’est moi qui reçois le même qualificatif – ‘ethnofasciste’ -, par Owona Nguini. Dites, quel est ce pays dans lequel l »ethnofascisme’ se transmet de génération en génération d’intellectuels seulement Bamiléké ? Mais surtout : quel est ce pays dans lequel de génération en génération des scribouillards Béti se passent en relai l’accusation d »ethnofasciste’ pour siscia tout intellectuel Bamiléké qui lève la tête, et s’exprime à Ngola en toute indépendance ?

‘Dog wistle’, disent les Américains dans ce contexte, mais je dois sans doute encore expliquer ce que cela signifie à Owona Nguini. Epuisant à la fin. Or nous y voilà, dans la Guerre civile, même si froide : le face à face Béti/Bamiléké qui a fabriqué ses pogroms, cette génération de Bamiléké qui quitte ce pays dans un exil aux dimensions bibliques, cette mer nauséabonde de la terreur insouciante qui s’infiltre dans la lecture tribale, dans le soupçon tribal, dans la parole tribalement écervelée, le reflexe tribaliquement atavique, que soulève un mot – ‘Bamiléké’ -, surtout quand on est Béti, je me rends compte. Wombo-o, c’est si grave à Yaoundé qu’on y cultive la bamiphobie sans le savoir, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose ? A-t-il une conscience, Owona Nguini ? Quelle cervelle de poule !

C’est que, seul un homme qui ne connaît pas l’histoire de son pays peut faire ce qu’il a fait, dire ce qu’il a dit, et se pavaner ensuite dans la suffisance. Seul un peuple sevré de son histoire peut subir l’infamie qu’Ateba Eyene, Joseph Owona et Pierre Semengue représentent. La mascarade qu’Owona Nguini a mise en scène à Yaoundé n’est possible que lorsque le peuple est pris en otage. ‘Quand quelqu’un te dépasse, porte son sac’ ? Miekde ! C’est vraiment Owona Nguini qui a écrit ça ? C’est ce qu’il enseigne aux jeunes Camerounais de 2014, ses étudiants de 18-30 ans, qui donc de toute leur vie n’ont connu que Mbiya comme président ? C’est ce qu’il raconte aux téléspectateurs, auditeurs de radio, lecteurs de sa prose jargonnée, dans cette tyrannie la plus vieille d’Afrique qu’est le Cameroun, qui mon Dieu, a besoin plus de capturer le tyran que d’eau ? Dans le pays d’Ernest Ouandié, c’est vraiment ce qu’il professe ? Ah, mes frères et s urs, le Cameroun a cessé d’être habitable, car le sang des morts n’y a plus la même valeur que celui des vivants ! Comme mon aîné Lapiro de Mbanga, je le dis ici, je refuse d’être enterré dans tel pays de tueurs. Mourrai-je, que mon corps soit incinéré et enterré dans mon jardin – américain, oui.

C’est que dans ce Yaoundé où se trouve mon placenta, d’où le père d’Owona Nguini, leader d’Essingan durant les années de braise, a chassé la crème de l’intelligence critique ; dans ce pays où le plus populaire des âmes dissidentes, Lapiro, a préféré ne pas être enterré – après les bagarres orchestrées par les ‘cinq millions’ du Renouveau aux funérailles de Mongo Béti, Pius Njawe, Abanda Kpama, Abel Eyinga, comme il me disait au téléphone il y a un mois – ; dans ce pays où la meute contrôlée par les gens en armes occupe la rue aux cris de ‘pédé ! pédé ! pédé !’, où l’homophobie, l’antisémitisme, la bamiphobie règnent et les gens de bien se cachent, Owona Nguini se pavane et cite les quelques-uns qui vivent encore, oui, le vieux Eboussi, bien sûr, mais qui d’autre ? – Eboussi qui justement, il y a un an quand je lui demandais chez lui pourquoi il s’engageait si peu devant le triomphe de la pègre, m’avouait ceci : ‘ce qui me dérange c’est leur façon d’assassiner votre caractère !’ ‘C’est trop brutal !’ ajoutait-il, lui qui accepta finalement d’écrire le texte pour Enoh Meyomesse que je voulais.

Dans un pays abandonné à l’Auto-défense et à Essingan, dans lequel le pouvoir se dynastise devant nous tous, un fils à papa passe à la télé ici et là, à la radio ici et là, dans la presse ici et là, dans les amphis ici et là, dans les bars ici et là, sur les panels ici et là, travail époustouflant pour une ville coagulée qui est devenue l’ombre d’elle-même parce que livrée à l’esclavagisme administrativement sanctifié des Tsalla Essomba, et autres églises sataniques et de l’endormissement. Il doit vraiment travailler Owona Nguini, pour occuper tout l’espace vidé par son ami et son père et son général coupeur de têtes, le pauvre ! Le populiste de droite doit trimer pour faire régner le faux dans la rue, préparer l’arrivée de son ami Franck, dans ces cours desquelles il y a quelques années raisonnait encore la critique !

La critique ? Eh oui ! C’est que je suis Parlementaire, et depuis une quinzaine d’années pour le Tribunal Article 53 que j’ai crée, ai fait le tour du monde pour retrouver mes camarades de classe exclus tous des universités d’Etat en 1993, ai accumulé les témoignages que beaucoup de part le monde m’envoient, les noms de mes camarades tués (pas le ‘zéro mort’ de la propagande des collègues de son père, non !), les noms de mes camarades violées, dénudées, trainaillées, battues, silenciées, chassées, néantisées, époustouflées, humiliées sur le campus où il enseigne, Owona Nguini, les photos du massacre qui le prédate donc. J’en ai rencontré au Burkina, en France, en Allemagne, à Hong Kong, aux Etats-Unis, etc., âmes vives, bien éloignées de cette sottise que le pays organisateur divulgue par la bouche des Owona Nguini qui accusent les Parlementaires d’être les responsables de leur propre ‘échec’, quand l’un des téméraires retournards, Jacques Tiwa, fut exécuté à Douala le 28 février 2008 sous son silence complice – échec, dites-vous, monsieur ?, d’une génération récalcitrante comme ce pays n’en a jamais vue depuis 1945, génération historique qui vingt ans après têtument fait encore parler d’elle, nessa, machine intellectuelle de la gauche qu’elle est, comme ses aînés les upecistes en exil jadis.

De ces documents d’évidence que j’ai rassemblés d’elle, sanglants tous, une ligne de fond m’est apparue significative, et je cite ici les mots de Corantin Talla, leader du Parlement, qui passe sa vingtième année en exil : ‘Je me souviens comme si c’était hier quand un petit caporal demandait aux étudiants Parlementaires de s’enrouler dans la boue en chantant ‘votre CEPE dépasse mon bac’. Ou encore quand ces soldats et la milice d’auto-défense violaient et torturaient des jeunes étudiantes dans leurs chambres d’université malgré leurs supplications; volaient leurs bijoux etc. Je me souviens encore comme si c’était hier quand Ateba Eyene me pointa du doigt à un de mes tortionnaires, l’adjudant Onana, en disant ‘voilà leur chef, on l’appelle le général Schwarzkopft. Par la suite ce même Ateba Eyene éclatera de rire quand Onana écrasera mes doigts avec ses Rangers, quand un autre soldat zélé massacrera les plantes de pieds de Guiadem Ange alias Margaret Tatcher assise toute nue à côté de moi dans une sale obscure du Mateco.’

La mémoire est le socle de l’histoire. Sa matière ce sont les archives, car un peuple sans mémoire a un cerveau de poule. Le témoignage de Corantin Talla s’ajoute à celui que Léon Tuam nous avait envoyé, à nous les Parlementaires pour discussion, avant publication en août 2013, promptant la réaction d’Ateba Eyene – sa dernière réaction publique écrite avant sa mort – et une réplique cinglante de Léon Tuam qui lui assécha le Bic. Le règne des tonton macoutes, croyais-je, avait pris fin. Il fallait que ce soit un ‘socio-politiste’ qui nous présente cette défaite ultime de son capo, comme une victoire miraculeuse de l’assassin. Pourquoi ? Ce pays est captif de la droite depuis décembre 1956. Que celle-ci utilise tous les subterfuges pour survivre, à côté de l’assassinat, de la néantisation, de la vaporation, de l’étranglement des gens de bien, la falsification, le clonage, sont les péripéties d’une histoire qui est celle longue de l’intelligence camerounaise.

Qu’elle se serve de chevaux de Troie comme Owona Nguini pour endormir l’opposition au pays-même, est une de ses plus vieilles tactiques, car qu’une opposition qui administrativement a été rendue impossible soit gratifiée des jactances d’un fils et copain de tueurs qui dit parler à sa place, n’est que compréhensible. Que peut-elle faire d’autre ? Quant au Camerounais qui quitte son pays sous les youyous de sa famille et devient ‘la diaspora’, il perd tous ses droits, y compris celui d’avoir une opinion dans cette famille-là. Cette clôture de l’intelligence camerounaise a son symbole le plus vivant dans le général Semengue qui présidait aux obsèques d’Ateba Eyene aux côté d’Owona Nguini, dans l’acte qu’il a revendiqué en mimant le geste de sa machette qui ‘travaille’, et en éclatant de rire, en 2007 (en 2007 !), au micro de mes amis les journalistes français Thomas Deltombe et Manuel Domergue, tous les deux membres du Tribunal Article 53. Ecoutons-le sans frémir : ‘D’abord’, dit-il, ‘les rebelles avaient fait dire aux populations qu’ils étaient, m’enfin, qu’on ne pouvait pas les tuer. Donc les populations croyaient vraiment beaucoup à l’invulnérabilité des rebelles. On était obligés, quand on a tué un chef, un rebelle, de couper sa tête, et de venir l’exposer dans les villages. Je pense quand même que c’était un peu d’information, parce que les rebelles avaient beaucoup de désinformation, qu’ils étaient invulnérables, tout ça.’ Radio-trottoir qui le fait encore s’esclaffer !

Lapiro, en choisissant Mbanga comme sa capitale mythique, avait pris la ville dans laquelle Ernest Ouandie s’était livré aux Semengue. Bangangté comme Ouandie, il venait de ce peuple qui a toujours refusé l’esclavage, ce peuple qui est mien. Qui plus est, cet ainé, avant de mourir, avait traduit pour le roman sur la Guerre civile que j’écris actuellement, un discours de Ouandie en pidgin – son pidgin particulier, que parlait également Ouandie. Le rectiligne entre Semengue et Ateba Eyene n’est plus à démontrer – il est de filiation et d’acte. Il est donc sanguinaire. Le palmarès de la droite qui a pris notre pays en otage depuis 1956 a laissé son symbole le plus vivant dans les actes barbares mais concomitants des deux : couper les têtes à ses compatriotes comme Pierre Semengue ; livrer ceux-ci au poteau d’exécution, au viol ou à la torture comme Ateba Eyene. On nous les dit repentis – seul dans un pays où règne encore la peur, un Pierre Semengue peut marcher librement dans la rue après tel témoignage, encore plus aujourd’hui où le Chili, l’Argentine, et de nombreux autres pays mettent devant le tribunal de la Nation des généraux qui se croyaient sous la tyrannie au-dessus des lois. Seul dans un pays où la peur circule dans les mapans et les chantiers et les bars, un qui durant sa vie adulte a tué, violé, torturé ses propres camarades, comme Ateba Eyene, et nous parlons ici de notre génération, celle de la quarantaine, pourra avoir quelque espace de parole dans la scène publique. Or, tout pays dans lequel le sang perd sa valeur morale suprême, cesse d’être habitable par des êtres humains. Le Cameroun est inhabitable. Il a sombré dans le règne du faux, dans la multiplication des Champs de têtes coupées, car la tyrannie y a pas à pas transformé mes compatriotes en animaux.

L’écrivain trace la ligne de démarcation dans une république en péril. Voilà son rôle. Le Cameroun n’est chaotique que pour qui ne maitrise pas la logique de son histoire, fût-il historien ; ou la rationalité de son quotidien politique, fût-il ‘sociopolitiste’. Ateba Eyene, Pierre Semengue, comme Samuel Kame, sont des héros de la droite. Comme la gauche, elle a droit a ses héros, elle aussi, et c’est tout à fait légitime. Qu’elle choisisse de ne pas juger un général qui avoue ses crimes à la télé – couper la tête de ses propres compatriotes – ou qu’elle choisisse de magnifier un que de nombreux témoignages publiés et concordants de ses camarades identifient comme le Tueur de Notre Génération, TNG, n’est que l’expression de son pouvoir de nuisance. Jamais cependant ces gens-là ne représenteront le peuple, encore moins la nation camerounaise.

Quand celle-ci aura droit au chapitre, ce qui depuis décembre 1956 n’a pas eu lieu chez nous et donne donc place à de nombreux cafouillages et malentendus ; pardon, je recommence : quand le peuple camerounais aura droit au chapitre, ce que nous que le Cameroun a dispersés à travers la terre devons aux premiers exilés qui sinistrés, quittèrent ce pays à dos de moto, en pirogue, déguisés en femmes, en mai 1955 ; je reprends : quand le peuple camerounais s’exprimera vraiment, les statues-là que les Owona Nguini bâtissent aux tueurs à Yaoundé sous les applaudissements des assassins seront transformées en poussière, et ce ne sera pas nouveau dans l’histoire. ‘À supposer (je n’en sais rien) que Charles Ateba ait été un membre d’Auto-défense, pensez-vous qu’il soit resté dans une telle posture?’ se demandait Owona Nguini quand placé sur Cameroon_politics devant le témoignage accusateur du leader du Parlement, Corantin Talla. Je souligne : ‘Je n’en sais rien’, car c’est déjà un aveu que le ‘sociopolitiste’ murmure enfin publiquement son ignorance de l’histoire camerounaise récente. Hélas, il se poserait sans doute la même question devant le témoignage de Pierre Semengue, sur l’histoire des années 1960-1970 qui a ensanglanté mon village, Bangangté, dernier fief du maquis, y a multiplié les camps de regroupement, le cadi et les cérémonies du chien noir : ‘à supposer (je n’en sais rien) que Pierre Semengue ait coupé la tête de ses propres compatriotes, pensez-vous qu’il soit resté dans la même posture ?’

Telle ignorance quand jargonisée, énerve au final. Les Camerounais savent la distinction entre la foule du 4 mai 1991 qui au Mateco inventa ce slogan définitif, ‘Biya must go !’, celle kilométrique qui accompagna jadis le corps de Kotto Bass, et la meute mise en branle contre argent par le ‘Rassemblement pour la jeunesse camerounaise’, satellite RDPCiste de l’homophobe Sismondi Barlev Bidjocka, meute encadrée par les forces armées, et qui acclamait Belinga Eboutou derrière le corps d’Ateba Eyene. Pourtant, comment enseigner à notre Sabitou National, que la prise de position d’un intellectuel n’est pas une question de ‘positionnement’, mais de conviction ? Que l’histoire d’un pays n’est pas une question de ‘posture’, mais de justice ? Qu’une meute qui emplit une rue n’est pas une foule qui fait une nation ? Et puis surtout : que quiconque a versé le sang de ses compatriotes ne mérite plus la considération de citoyen, encore moins celle des citoyens ?

Ah, le pays organisateur ! Il en fait toujours un peu trop, et ainsi révèle trop facilement ses intentions criminelles. Seulement, l’histoire est écrite au nom des victimes, pour le châtiment éternel de leurs bourreaux. Eh oui, l’histoire, ce juge implacable, seule maitresse de l’écrivain. En période de péril, chacun est interpellé, et appelé à choisir son camp. J’ai dit de quel côté se situe Mathias Owona Nguini, et fait mon travail de concierge de la République. Parce qu’il y a levée de boucliers dans les rangs du RDPC pour le défendre, j’ajouterai ceci : la mère poule reconnaît toujours la voix de son poussin égaré en brousse. Encore plus quand au loin gronde la Panthère.

Patrice Nganang
Wikipedia)/n

Patrice Nganang, un triste personnage qui veut me donner des leçons de morale

Par Mathias-Eric Owona Nguini

«Monsieur Nganang toujours aussi prétentieux se fait fort de me donner des conseils. S’il croit qu’il a la lucidité pour cela, tant mieux. Cet imposteur don quichottesque veut m’enfermer dans une polémique sortie de son imagination fertile mais malade. Habitué de la fiction, il croit peut-être écrire un roman. Il m’accuse injustement d’avoir passé sous silence la mort de Lapiro parce que je me contentais d’honorer Charles Ateba sur des bases ethniques selon lui !!! Il est libre de ne pas considérer Ateba comme un héros. Toujours est-il qu’il procède avec la même posture de sophiste ethnocentriste maniant la haine épistolaire non seulement contre l’individu ou la personne que je suis mais contre la communauté des « mêmes gens » aux « mêmes méthodes », ces « Fang-Beti » qui constituent le « pays organisateur » et qu’il faut massacrer pour apporter le changement que cette triste ethnie et tous ses ressortissants empêcheraient par définition. Voilà comment un prétendu progressiste de gauche prétend démasquer le « populiste de droite « -que ses fantasmes d’écrivaillon narcissique croient voir en moi- et entretient la haine ethnocidaire avec sa littérature qui pue la fiente et déverse le fiel par ses propos ethno-fascistes. Selon ce brave monsieur. Tous les Beti se vaudraient. Eno Meyomesse et Biya Paul, même combat!!! Semengue Pierre et Eyinga Abel, même sauce!!! Amougou Thierry et Belinga Eboutou, les mêmes gens!!! Owona Joseph et Owona Nguini Mathias Eric, même sang donc mêmes idées!!! C’est ce triste personnage qui veut me donner des leçons de morale et même d’épistémologie!!! Quelle prétention!!! Quelle prétention!!!

1- Le premier argument de Nganang ne tient pas. Il n’y pas d’accusations mimétiques. C’est de manière manifeste qu’il a utilisé des insinuations ethniques pour non seulement me dénigrer et calomnier les « mêmes gens aux mêmes méthodes », entendez les Fang -Beti, pour qui il a manifestement de l’aversion. Sa rhétorique sur le retour à l’envoyeur, le « bordelle (sic) , bordelle toi-même n’a aucun sens car je n’ai jamais attaqué la communauté dont il est issu. Son héroisme autoproclamé dans la défense de Teyou ou d’Eno n’est pour l’essentiel que du nombrilisme. En gauchiste inconséquent et infantile mêlant anarcho-libertarisme,anarcho-libéralisme et anarcho-libidinalisme, Nganang croit en petite « starlette new-yorkaise » qu’il est le seul à incarner l’intelligence critique au Cameroun. Avant lui, rien. Après lui rien. Seuls ses postures, ses intérêts et ses actions sont dignes d’être salués. C’est le complexe absolutiste de l’homme-orchestre!!!

2-Nganang ne sait pas, lui qui n’a aucune culture politique réelle ni de culture humaniste sérieuse, que catégoriser, c’est mettre en accusation, c’est « kategoresthai » selon l’étymologie grecque du mot. C’est lui-même dans son deuxième texte qui manie l’injure. Par ailleurs qui a lancé cette controverse en la construisant sur-essentiellement sur le mode du dénigrement ? Ma riposte est à la mesure d’une attaque non conventionnelle !!!En me qualifiant frauduleusement et faussement de poujadiste de droite, il m’insulte littéralement, car mon positionnement idéologique est à gauche. Si je devais même être populiste,je serais,un populiste de gauche. Je suis selon les termes de Mongo Beti ,un Kodogassi » (partisan du mouvement) plutôt qu’un « Tobogassi » (adepte du statu quo). Comme notre prétentieux donneur de leçons n’a pas de culture sérieuse d’histoire des idées et d’analyse sociale des idéologies, il ne doit pas certainement connaître Ernest Laclau qui parle de « populisme rationnel ». Je ne prétends pas être un activiste de rue. Si c’est cela mon péché, je veux bien l’admettre. A 4000 km, on a toute la sécurité pour aller demander aux autres ce qu’on ne peut pas faire. C’est si facile de faire le héros au loin à travers le net. Si Monsieur est si courageux, qu’il vienne donc vivre au Cameroun avec nous, enseigner à Ngoa-Ekelle et défendre tous les étudiants qu’il souhaite. On pourra mesurer concrètement sa puissance d’activiste. Par ailleurs, ce mythomane impénitent me fait passer pour un rdpéciste. C’est peut-être « sanguinaire »!!! Si je voulais même entrer au RDPC, je ne suis pas sûr qu’on y voudrait de moi, au moins si je devais conserver ma posture idéologico-intellectuelle et idéologico-politique actuelle!!! Nganang va faire s’esclaffer tout le Cameroun avec ce genre de considérations. N’importe quoi!!!

3-Encore une preuve de la mauvaise foi de Nganang. Il reconnaît maintenant que Um Nyobè est grand, lui qu’il a aussi copieusement dénigré. Mon ami et frère en Kamitologie Bonaventure Tchucham en est témoin. Par ailleurs, cher Ami, la manipulation ne passe pas. On n’a pas discuté des mérites des personnages historiques. Les noms des » mauvais « sont toujours choisis avec un dessein ethnocentré comme si ses ennemis politiques du RDPC ou de l UNC-RDPC étaient tous des Fang-Beti et rien que des Ekang!!! C’est Semengue et Ateba, pas Kame et Ngoufack!!! Malgré ma sympathie pour l’Upc, je sais aussi ce que Nganang ne veut pas dire. Les seigneurs de guerre de l’Armée de libération nationale du Kamerun ou du Sinistre national kamerunais ont aussi commis de abus. Qui a tué Mpouma et Delangué? C’est Nganang qui a l’esprit confus aveuglé par un mélange explosif de haine politique et de rancoeur tribale…

4- Il n y a qu’un déjanté et un désaxé comme Nganang pour nous faire croire que l’arbitraire homocratique n’existe pas matériellement au Cameroun. Ceux qui subissent ce harcèlement moral et physique au quotidien et qui s’en plaignent sont certainement tous des mythomanes et des paranoiaques. Même dans l’Occident américain qui lui tient lieu d’asile économique, on n’accepterait pas cela en dépit du fait qu’on ait versé là-bas dans le libidinalisme sans frontières qui y fait admettre comme légitime les « sexualités dites alternatives ». Si c’est cela qu’il appelle le succès ,tant mieux pour lui!!!!C’est un succès cher payé!!!Nier l’existence des pratiques de harcèlement homocratique au Cameroun qui ont bien cours dans des cercles précis du pouvoir et dans des milieux sociaux bien ciblés d’influence, c’est corroborer l’arbitraire cynique qui y est lié et qu’Ateba dénonçait. C’est bien cela qui lui vaut la haine féroce de Nganang. On voit que c’est lui Nganang qui a des sympathies avec certaines baronnies du régime rdpéciste qui sont versées dans de telles pratiques!!!

5- Si Monsieur ne comprend pas , c ‘est son droit. Souvent on appelle jargon, la pensée et le langage auxquels on ne peut accéder parce qu’on y a pas été initié!!! C’est comme si un Fang-Beti comme moi ne comprenant pas la langue medumba que parlent les parents de Patrice Nganang, décrétait que cette belle langue n’a pas de sens parce qu’il ne la comprend pas!!!Soyons humbles et au lieu de dénigrer les autres sur le jargon, essayons d’apprendre pour comprendre avant de juger. Par ailleurs, il est trop facile de disqualifier comme jargonnant le langage que l’on ne comprend pas parce qu’on n’a pas les références mentales et intellectuelles pour y accéder. Comme Nganang n’a pas beaucoup de sens philosophique et pas de culture sociologique et aucune vista politologique, il n ‘y comprend rien!!!

6-Nganang qui ne connaît rien aux sciences sociales et ne semble pas plus avancé en sciences humaines, déforme malhonnêtement ma pensée. Je suis bien loin du « Cameroun c’est le Cameroun ». C’est encore une pure fraude intellectuelle que de me me présenter comme un défenseur intellectuelle du « biyaisme ». Cher Monsieur, le poujadisme a un sens précis dans l’histoire politique de la France. Qu’est-ce que Charles Ateba Eyene a à voir avec Pierre Poujade au niveau des trajectoires sociales et des itinéraires historiques ou même des chemins biographiques? SVP, ne faites pas de la comparaison à deux sous!!! Je vois que Nganang n’était pas 0 « sciences Po »… Il ne peut pas comprendre ce genre de choses.

7- Monsieur Nganang, vous vous trompez. Je ne puis en aucune manière vous jalouser. Ce n’est pas mon style!!!Pour moi ce serait manquer à la bienséance bourgeoise, ce serait manquer de classe et même manquer à ma classe. Par ailleurs, ce n’est pas vous qui pouvez me prendre au jeu idéologique sur l’homophobie. Je le maîtrise mieux que vous et je pourrais vous entretenir longuement dessus. Cette catégorie de combat a été fabriquée par les activistes gays , c’est à dire ce groupe particulier qu’il faut bien distinguer des « homosexuels ordinaires » -comme le fait d’ailleurs le théoricien homosexuel Jean Pier Delaume Myard-qui ont transformé leur passion débridée pour l’homosexualité en idéologie intégriste qui finit par être aussi inquisitoriale que celle qu’il reproche aux « homophobes ». Je n’ai jamais dit que vous étiez « pédé ».Si vous voulez faire votre coming-out ,faites-le et assumez-le vous-même !!!Au moins là ,vous feriez preuve de courage de revendiquer clairement et pleinement cette identité. Je vois déjà notre Superman de l’activisme venir nous organiser une gigantesque « Gay Pride » sur le boulevard du 20 Mai dépassant le triomphe rendu à Ateba à cet endroit!!!Nganang, on attend hein, pas le « bep-bep-bep »!!!

8- On voit bien que Nganang ne vit pas au Cameroun. Il a vraiment la tête à Gotham City. Je suis désolé. S’il croit que le seul progressisme, c’est celui de l’apologie souverainiste, extrémiste et libidinale du suprématisme homophile, c’est son droit. Les tenants du système eux ne s’y trompaient pas qui redoutaient plus Ateba que Nganang. Ici au Cameroun, Nganang ne fait peur à personne!!! Peut-être ont-ils peur de lui à New York. Cela voudrait dire qu’à la « Big Apple », on est devenus bien couards!!!

8-Encore une fois, Monsieur Nganang dans son obsession tribaliste veut m’entraîner sur un terrain frauduleux. D’abord ,il ne sait pas grand chose de ce que je pense de Lapiro. Ai -je dit aussi que Moukoko Priso était un héros à Bonaventure Tchucham parce qu’il était de l’Océan comme moi? Pense-t-il vraiment que j’ai les mêmes vues politiques que bien de mes parents qui sont pourtant de l’Océan? Ne délirons pas et ne faisons pas passer nos fantasmes pour la vérité. Surtout cher Ami, cessez de croire que vos imprécations ethnicistes ont une valeur politique et morale sérieuse. Le pire , c’est que vous ne vous rendez même pas compte de cet ethnocentrisme maladif, véritablement compulsif!!!

Vous remarquerez cher Monsieur Nganang que contrairement à vous, je n’ai pas pris le risque que vous avez assumé à l’encontre de ma communauté, de stigmatiser la vôtre. Qui est tribaliste, n’est -ce pas celui qui parle dédaigneusement des « mêmes gens » aux « mêmes méthodes »? Je prends ceux qui suivent cette controverse à témoin en dénonçant la véritable chasse aux sorcières menée par Patrice Nganang contre moi. C’est vous Patrice Nganang et vous seul qui avez clairement, répétitivement et compulsivement stigmatisé une communauté ethnique dans sa totalité .Dans cette controverse, jusqu’ici je n’ai pas adopté une telle posture nauséabonde et nauséeuse qui n’est pas dans mon style. Ne faites donc pas de fausse symétrie et assumez votre tribalisme grossier et publiquement exposé qui me répugne.

9- Non, cher Nganang, mon esprit est trop sophistiqué pour qu’il puisse se permettre une telle confusion. Ce n’est pas pour rien que le régime a militarisé les obsèques d’Ateba. C’est bien parce qu’il le redoutait. Il faut être humble et reconnaître la valeur de quelqu’un même quand on n’a pas les mêmes idées que lui. Nul d’entre nous deux n’est sûr de bénéficier lorsqu’il viendra à mourir du puissant hommage populaire rendu à Ateba qui irrite de petits intellectuels nombrilistes et égotistes comme vous. Comme disait l’ancien footballeur ivoirien devenu musicien Gadji Cely, les jaloux vont maigrir avant de périr !!! Nous on est devant, on va à Devant dougou!!!

10-Cessez Cher Monsieur de vous prendre pour le centre du monde. Vous n’êtes pas la « diaspora ». Encore une fois, c’est de manière impropre que vous utilisez ce concept historique et sociologique .On peut même toujours vous le concéder. Vous devez savoir que je ne me serais pas intéressé à votre personne, si au prétexte de conduire une critique intellectuelle de ma démarche vous ne passiez le temps à vouloir injustement me couvrir d’opprobre. Cher Ami, le fait que vous soyez un exilé économique à New York ne m’impressionne pas. Ce n’est pas vous qui pouvez m’apprendre des choses sérieuses sur la civilité et la citoyenneté cosmopolites ou sur les « hyphenated identities » ou « identités trait d’union ».

11- Quoi que vous puissiez dire cher Nganang, c’est ici encore que se manifeste votre complexe de classe. Vous parlez de mon père, ai-je parlé du vôtre ? Si vous voulez m’invectiver ou m’insulter ,faites-le sans avoir à passer par mon père. Par ailleurs, à qui allez-vous faire croire au Cameroun éclairé, éveillé, informé et conscient qu’Owona Joseph et Owona Nguini Mathias Eric au plan idéologico-politique et idéologico-intellectuel, c’est la même chose ? Vous faites exactement comme ces barons du régime sans véritable « confort intellectuel » qui pour intriguer contre Owona Joseph auprès de leur Maître Central Biya Paul, vont lui dire que c’est lui qui envoie son fils Owona Nguini critiquer le régime !!! C’est vrai que vous avez un rapport fort distendu avec l’autonomie bourgeoise de pensée, noyé que vous êtes dans la fange et la vase ethnofascistes où votre propos s’est enlisé de manière récurrente. Pour vous, la politique est dans le sang, les gènes et le sperme. Si ça n’était pas le cas pourquoi pouvez-vous penser que parce qu’Owona Joseph est dans le RDPC ,Owona Nguini Mathias son fils devrait y être aussi ? Le populiste ethnofasciste qui apparaît derrière votre masque de gauchiste libertaire est tellement obsédé par mon sang familial, qu’il croit que c’est cette ascendance génétique qui commande mes pensées et mes actes. C’est l’odeur de mon père qui vous obsède comme si je n’avais pas la mienne senteur. En cela, vous êtes bien un crypto-fasciste obnubilé par la biologie familiale qui est la mienne. Comme si je m’intéressais à la vôtre. Non content de vous attaquer aux Owona, il vous faut encore stigmatiser à répétition tout un groupe ethnique que vous dénigrez à travers le terme de « pays organisateur » en laissant croire de manière mensongère que le régime du Renouveau n’aurait pas à tous les niveaux des sociétaires provenant d’autres nationalités communautaires du Cameroun. Quelle hypocrisie ethno-fasciste !!! Par ailleurs ,libre à vous d’être un nostalgique du « Parlement estudiantin» qui ne se remet pas de la cuisante défaite historico-politique à lui infligée par les phalangistes d’autodéfense, précisément parce que certains des acteurs de ce mouvement contestataire engagé dans les luttes socio-politiques des « années de braise » n’avaient pas su éviter la tentation de l’ethnocentrisme , se laissant prendre aux pièges de l’ethnicisme politique que le régime macoute sut exploiter pour casser la formation d’un front révolutionnaire véritablement républicain. Enfermé dans un drame picaresque, vous restez plongé dans la nostalgie passéiste de ces luttes du « Parlement »,c’est votre affaire, une affaire don quichottesque. Je n’y étais pas.

12- Cher Ami, comme ça vous énerve de m’écouter sur les microphones des radios camerounaises, venez alors m’empêcher d’y parler quand on m’y invite. Si des membres de ma génération sont morts pour la liberté d’expression, je ne peux que m’incliner et leur rendre hommage. Je crois que ma posture habituelle dans ces médias, ne trouble pas l’esprit de vos camarades qui sont morts dans ces luttes politiques. Maintenant, si vous croyez avoir le monopole de l’intelligence – si vous la détenez d’ailleurs, ce qui serait à vérifier-, je serai bien aise de débattre avec vous dans ces médias à la loyale non par des man uvres traîtresses. Pas le « Bep-Bep-Bep » , Nganang, on peut le faire même en camfranglais ou en pidgin !!! A propos du fait que « nous » du « pays organisateur », mon aîné Jacques Fame Ndongo et moi nous parlions ou nous parlerions le latin, c’est encore une démonstration de votre esprit d’amalgame tribaliste. Avec tout le respect que j’ai pour cette éminente personnalité, il ne me semble pas que du fait d’être tous des Fang-Beti ou des Ekang, il en résulte que nous ayons les mêmes vues politiques ou intellectuelles.Beaucoup au Cameroun, même mon « Tonton» Fame Ndongo, s’esclafferaient de vous écouter sur ce point. On voit qu’au-delà des vos éructations malveillantes et des exhalaisons malodorantes qu’elles véhiculent, vous ne connaissez rien à la politique camerounaise !!!Vous ne savez rien du débat organisé par le Caped ,le centre d’étude de mon collègue Alain Fogué sur l’opportunité ou la non-opportunité des motions de soutien des universitaires issus des institutions universitaires d’Etat appelant Monsieur Paul Biya à se présenter à nouveau à l’élection présidentielle de 2011 ; débat au cours duquel j’étais avec Claude Abe et Xavier Messe À Tiati parmi les contradicteurs de Jacques Fame Ndongo, Joseph-Vincent Ntuda Ebode qui est pourtant mon ami et mon frère ,Mabou Mabou ou Rachelle Bidja !!! Quand je défendais la thèse de l’inéligibilité de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2011 relayant et complétant les vues éclairées de mon ami et frère Alain Didier Olinga et coalisant avec maître Fidèle Djoumbissié, sur une base à la fois éthique, juridique ,politique et philosophique contre Narcisse Mouellé Kombi ou James Mouanguè Kobila, le puissant activiste que vous êtes conscient de mes « faiblesses dans l’action » aurait dû prendre le relais. On ne vous a pas vu à l’époque .Où étiez-vous ? Qui manque de courage alors ? Vraiment, cher Nganang, soyez modeste. Si vous vous prenez pour une référence en matière d’intelligence critique, c’est le lupanar qui se prend pour un couvent !!!

13-Encore une fois, cher Ami, vous voulez peut-être avec votre narcissisme habituel, vous faire un peu de publicité. Contrairement à ce que vous dites, je suis loin mais alors très loin des terres de l’inculture où vous tentez de me déporter, même si je ne saurais tout savoir. Si vous en doutez,il faudra venir tester, pour bien y voir. Peut-être est-il souhaitable que vous vous frottiez à moi pour voir. J’ai bien lu certains de vos écrits qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable. Je les ai trouvés plutôt moyens, peut-être parce que je ne suis pas un critique littéraire !!!C’est donc mon modeste avis ;Ce que je comprends c’est que ce manque de génie littéraire est à la source de la jalousie que vous éprouvez pour la vraie brillance épistolaire .C’est pour cela que vous jalousez la puissance philosophique de l’Eboussi que vous ne serez jamais, que vous enragez devant le génie romanesque de Mongo Beti que vous n’atteindrez jamais ou que vous mourrez de jalousie devant la finesse théorico-sociale et théorico-intellectuelle d’Achille Mbembe que vous n’égalerez jamais. Cher Nganang, méditez cet adage douala-kingala-sawa que le grand Lapiro de Mbanga dont les origines mêlaient le Bamiléké et le Douala aimait à reprendre : « Muna Nyongo Buki tè wa bambèlé mo konda » (Quand ton frère te dépasse, porte son sac).

13 bis- Cher Ami, encore une fois, vous n’y êtes pas. Je n’ai jamais dit que vous défendiez le « lumpen-prolétariat » !!! J’ai dit plutôt que vos mauvaises manières étaient typiques de l’oblat social venu du lumpen-prolétariat dont la réussite n’est pas parvenue à lui faire oublier le ressentiment venant de la souffrance sociale endurée du fait de ses origines sociales plus que modestes .Je vous comprends que vous n’avez aucune culture des sciences sociales et que vous ne sachiez rien de la socio-analyse ni de la psychanalyse. Ce n’est pas vos positions d’activiste que je visais, c’est votre complexe névrotique toujours présent malgré votre ascension par l’éducation vis-à-vis de vos origines sociales. Je vois que vous n’avez pas appris les bonnes manières au point de snober même aujourd’hui les « sous-quartiers » d’ou vous venez en tenant des propos indignes pour un vrai fils du bon peuple sur « l’écume populiste ».Il vous reste beaucoup de ressentiment et bien des stigmates de cette époque, surtout la passion pour le hooliganisme mental et comportemental. En cela, vous êtes comme ces barons du Renouveau, véritables « miraculés historiques » et « parvenus sociaux » comme vous, qui au lieu de se réjouir de leur« réussite petite-matérialiste », ont la rage contre ceux qui n’ont pas connu leurs galères .Comme eux, vous êtes honteux de votre passé social, parce que vous êtes devenu un petit notable de l’écriture. Voilà pourquoi en complexé que vous êtes toujours ,je vous énerve par le seul fait que je sois le fils d’un Baron du Renouveau, un « fils de ministre » qui doit payer pour les fautes imputées à tort ou à raison à son père !!!Monsieur l’inquisiteur, mon dossier serait encore plus lourd à vos yeux si vous saviez que ma défunte mère a fini sa carrière Secrétaire générale de ministère. Je suis sûr que votre rage ressentimentale s’en trouverait accrue. Vous devez savoir que je suis fier surtout d’être fils de Professeur et content d’avoir eu une mère qui fut l’une des deux premières femmes du Cameroun à entrer dans le corps des Administrateurs civils. Maintenant, cela ne m’oblige pas à avoir les mêmes idées politiques que mes parents !!!Comme je suis élégant, je ne vous demanderai pas ce que sont ou ce qu’étaient votre père et votre mère !!! Ne faisons pas comme si j’avais passé un concours pour être le fils de mes parents !!!Il y a dans votre inconscient même à New-York, la honte de vos origines modestes et la peur d’y revenir !!!

14- Dans votre manque habituel de sérieux, vous pouvez toujours ironiser sur mon doctorat. Ma thèse, surtout ses chapitres 7 et 8, vous apprendrait bien de choses sur l’expérience de 1991 qui semble vous avoir traumatisé. Vous êtes effectivement resté bloqué dans l’expérience traumatique que fut pour vous et pour bien d’autres jeunes contestataires attachés au « Parlement estudiantin », l’échec politique et stratégique de ce mouvement confronté aux contraintes produites par la brutalité sécuritaire de la répression conduite par le régime macoute. Cher Ami,la révolution ne s’improvise pas et la politique de combat n’est pas une soirée de gala !!!Pubertaire de l’intelligence que vous étiez et que vous restez, vous ne le comprenez toujours pas. Vous êtes toujours affecté par les maladies infantiles du gauchisme narcissique qui vire rapidement à l’esthétisme réactionnaire d’où votre haine romantique du « Pays organisateur » et la pathologie tribaliste qu’elle induit qui vient corrompre votre engagement progressiste.

15- Cher Ami, je vous donnerai deux petits conseils : 1° Soyez humble 2° Soignez- vous de ce tribalisme maladif. Il faut effectivement que vous puissiez vous guérir de cette haine ethnocidaire. Je croyais que cette haine était le monopole des (anciens) Auto-défenseurs. Il est par ailleurs profondément malhonnête de faire croire que les vrais libres penseurs-et il n’y en a pas un seulement un ou deux qui vivent physiquement au Cameroun et prennent quotidiennement position sur différentes questions d’intérêt national, public ou général, parlent parce qu’ils auraient des parapluies ou des parrains. On voit bien que vous êtes très versé dans l’art des parrainages et des réseaux. C’est bien pour cela que vous ne pouvez pas imaginer que de libres penseurs puissent s’exprimer sans parrainage !!! On peut percevoir à quel bord vous appartenez ! Je comprends encore ici pourquoi vous détestiez Ateba. Il faut aussi rappeler que Joseph Owona est mon père, pas mon parrain. Qui est le parrain du vénérable Sindjoun Pokam ? Qui est celui des époustouflants Cabral Libiih et Richard Makon ? Qui protège même le chatoyant et prometteur Boris Bertolt ? Ne crevez pas de jalousie quand l’éclat doit revenir à d’autres que vous au Cameroun. Il y a assez d’espace pour ceux qui se veulent, à un titre ou à un autre, être des acteurs du « changement ». Il devrait même, si le Cameroun est une société civilisée, y avoir de la place pour les partisans de l’ordre établi lorsque le changement se sera concrétisé et que l’orthodoxie aujoulatiste sera devenue un « ancien régime » .Cher Nganang débarrassez-vous de votre tribalisme compulsif et maladif et votre narcissisme puéril et infantile. Ce sera une saine toilette. A bientôt. »

Pr. Mathias Eric Owona Nguini
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Owona-Nguini a toujours manqué le courage d’un jugement

Par Patrice Nganang

Serais-je a l’étranger que je n’aurai pas cru que l’infamie qui a eu lieu au Cameroun aie vraiment eu lieu – la néantisation de Lapiro de Mbanga, et l’héroisation de Charles Ateba Eyene. Le silence sur le héros national le plus célébré de ces derniers vingt ans, et l’invention d’un héros national a partir de l’écume de la droite. Et que celle-ci fut orchestrée par une décision extraordinaire – celle d’un qu’on me dit spécialiste de sciences politiques – Matthias Owona Nguini. Avec l’arrestation de Bapes Bapes, nous passons à autre chose. Le Cameroun aura donc passé sous silence le décès de Lapiro de Mbanga, ses funérailles, et tout ce qu’il aura été – Lapiro! Lapiro! Lapiro! Trente ans de musique auront ainsi été mis dans le silence d’une indignation, quand la meute astroturfée prenait la rue, avec devant elle Matthias Owona Nguini. Je dois dire que je n’ai jamais cru qu’il soit une force de changement. Son péché originel, m’a toujours mis sur les gardes. Mais ce qui m’a toujours fait douter est qu’il ait toujours manque le courage d’un jugement. Je précise ma pense: un intellectuel, c’est une analyse, basée elle sur un jugement, qui se fonde dans un paradigme précis. Trois piliers dont le premier forme des universitaires. Bref, il m’est toujours apparu comme un universitaire, jetant le jargon de sa discipline a la télévision pour éblouir, ce qui a lieu évidemment. La lignée de Mbembe, quoi.

Le jugement se situe, lui dans le feu de l’action, car alors il faut choisir. Et là l’analyste chez l’homme a toujours servi de poche d’esquive – ce qu’au pays on appelle ‘l’objectivité’. Ainsi jamais ne s’est-il soucié de ses étudiants incarcérés, même quand c’était tout a fait évident que ceux-ci étaient innocents, et à contrepartie étaient jetés dans des prisons aussi infâmes que Mfou – Herve Nzoubeth, Denis Emillien Atangana, Demanga sont des exemples les plus infâmes de sa fuite quand l’histoire de son propre amphi appelait le jugement. Ce qui cependant s’est joué a Yaoundé ces derniers jours révèle le jugement autant que le paradigme duquel il part – car l’héroisation de Charles Ateba Eyene demeure pour moi extraordinaire, et encore plus indigestible, parce qu’elle est assise sur le silence de la République sur la mort et l’enterrement d’un homme, Lapiro de Mbanga, qui aura passé 55 de ses 56 ans au Cameroun, et qui sera mort en exil, oui, mort en exil, après avoir passé 4 de ces 56 ans-là en prison pour rien! Voilà bien cet homme que durant sa vie la rue aura porté, aura questionné, aura suivi, aura défendu au final, et qui sera mort loin d’elle – comme tant de héros de ce pays!

Mais ce qui est le plus troublant pour moi, plus troublant même que le silence sur l’héroïsme de Lapiro de Mbanga, c’est le choix de Charles Ateba Eyene, l’apôtre du ressentiment comme ‘héros national’. Quoi? Quel choix écervelé! Lever les foules en jetant en pâture ‘les éperviables’ fait déjà le ‘héros national’ au Cameroun? Comment célébrer telle écume, quand je viens de passer un après-midi avec un de ces hommes qui a passé cinq ans en prison a Kondengui, et a été innocenté totalement dans ce Cameroun par le tribunal spécial devant lequel il a démontré son innocence justement, comme Lapiro avait démontré devant la Cour suprême la sienne et fut innocente? Comment célébrer ceux qui voient ‘les pédés’ partout dans leur misère, qui criminalisent le succès, qui se retournent contre l’excellence au nom des ‘sectes’? C’est ça l’héroïsme au Cameroun? Vraiment? Ca fait pitié! Le ressentiment, oui, c’est cela, et ce n’a jamais rien produit de bon, rien, rien, et rien. Voyez donc, chez nous ce sont ‘les éperviables’, ‘les pedes’, et ailleurs ce sont ‘les juifs’, ‘les noirs’ qui sont la cause des malheurs de la race. Élever le pire des poujadismes au rang d’héroisme dans ce pays, quand celui-ci est au creux de la tyrannie, ah quelle déroute intellectuelle! Il a parle de ‘vérité’. La vérité dans ce Cameroun de la tyrannie c’est ça vraiment, le ressentiment? Ah, me dit-on, que Charles Ateba Eyene c’était son ami, sinon venait de l’océan comme lui – c’est a se demander si c’est ainsi que notre professeur corrige ses copies. Donne les meilleures notes a ses copains, ou alors aux gens de sa tribu. Juste parce qu’il le peut. Ah, le pays organisateur! Ah, le pays organisateur! Les mêmes gens, les mêmes méthodes!

Patrice Nganang
Wikipedia)/n

C’est à genoux que je vous le demande, cessez-le-feu

Par le père Ludovic Lado

Ils sont nombreux aujourd’hui les Camerounais qui déplorent l’emprise des vieux, voire des vieillards, sur la vie sociopolitique du Cameroun. Mais au moment où on rêve de la relève, des leaders d’opinion qui semblent, chacun à sa manière et à son niveau, incarner la subversion du statu quo se livrent à des joutes épistolaires fratricides qui pour le moins inquiètent quant à la qualité de ladite relève. Hier c’était Franklin Nyamsi et Calixte Beyala. Aujourd’hui, c’est Patrice Nganang et Mathias Owona Nguini. Au-delà de ces cas saillants la réalité est que les médias sociaux à dominance camerounaise, où l’éthique de la discussion est piétinée à volonté, nous livrent ce spectacle désolant au quotidien. Que viennent faire l’insulte et le dénigrement dans un débat entre intellectuels ? Comment passe-t-on si facilement d’une divergence de lectures des événements du quotidien camerounais (et quoi de plus normal pour des intellectuels !) à un dérapage épistolaire aussi violent ? Quels sont les enjeux d’une telle tendance à ce moment bien précis de l’histoire de notre pays. Je m’en mêle, en effet, parce que ces compatriotes sont de ma génération, celle qui doit assumer ses responsabilités pour la reconstruction du Cameroun.

Même si dans une certaine mesure on admire les intellectuels camerounais pour leurs capacités à s’approprier et à débattre de l’actualité politique à l’échelle continentale, -les ivoiriens s’en souviennent encore-, les dérapages comme celles qui opposent certains nos meilleurs leaders d’opinion de l’heure ne sont pas de nature à nous rassurer, non pas parce qu’ils n’ont pas droit à la divergence d’opinions, mais bien parce que le ton et le contenu font frémir. D’abord ils ne doivent pas oublier qu’il y a beaucoup de jeunes qui les prennent pour modèles et c’est une responsabilité qu’ils se doivent d’assumer avec crainte et tremblement. Dans un pays en perte de repères et en mal de modèles, c’est une grosse responsabilité. Ensuite, à l’allure où vont les choses, notre génération risque d’hériter des querelles et des démons des générations précédentes dont nous décrions la qualité de la gouvernance. Mais au fond, quelle est la véritable pomme de discorde ? Serait-ce la ligne de démarcation entre le bon grain et l’ivraie ? Le Cameroun aurait-il besoin d’une démarche de vérité et réconciliation sur des périodes violentes de son histoire récente, spécialement les années de braise marquées par les douleurs d’enfantement de notre démocratie avortée ? Le moins qu’on puisse dire est que ces querelles sont le symptôme d’un malaise qui n’augure pas d’une transition générationnelle apaisée.

Quant à l’hydre du tribalisme qui déchaine tant de passions et innerve les accusations et contre-accusations, quelle violence ? En définitive qui de nous est tribaliste et qui ne l’est pas ? Ce procès d’intentions qui ne saurait se substituer au tribunal de la conscience est une voie sans issue. Un intellectuel tribaliste n’a pas de sens, le tribalisme étant une maladie de l’esprit potentiellement homicide. Et quand on est universitaire en plus, on est d’office un artisan de l’universalité comme horizon de réconciliation de l’humanité en quête de vérité. Décidément, nous n’arrivons pas à nous défaire de cette grille de lecture ethnique qui empoisonne et menace toute tentative de synergie au Cameroun. Mais ne nous y trompons pas, si notre génération emprunte cette voie, elle n’aura rien à apporter au Cameroun. Elle risque même d’être pire que celle que la vieillesse et la mort contraignent aujourd’hui à lâcher progressivement la gestion de la cité au Cameroun.

Pire encore, cette polarisation sur fond de clivages ethnico-idéologiques fragilise les forces du changement que nous semblons incarner. L’opposition camerounaise en est morte. Finalement en nous dénigrant mutuellement nous jouons pour les forces de l’inertie que nous semblons combattre. Le Cameroun a besoin de tous ses enfants et c’est en nous donnant la main que nous arriverons à construire un autre Cameroun. Espérons que ces divergences n’incarnent que des tendances idéologico-politiques qui pourront meubler le débat politique dans un Cameroun démocratique que nous appelons de tous nos v ux, mais la forme et le fond ne sont pas citoyens. Alors chers compatriotes, c’est à genoux que je vous le demande, cessez-le-feu ! Que chacun à la mesure de ses talents apporte sa modeste pierre à l’édifice. La tâche est immense et il n’y a pas d’énergies à gaspiller dans les divisions. Le tribunal de l’histoire finit toujours par faire la part des choses entre le bon grain et l’ivraie, entre les héros et les imposteurs. En général, il ne se trompe pas.

Père Ludovic Lado
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La terre s’est refermée sur Charles Ateba Eyene

Le populaire personnage et militant de parti politique a été inhumée dans son village natal, Bikoka dans le Sud Cameroun, le 29 mars dernier

La terre s’est définitivement refermée sur Charles Sylvestre Ateba Eyene, samedi dernier, à Bikoka, village natal du défunt, situé dans l’arrondissement de Lolodorf, département de l’Océan, région du Sud Cameroun. De nombreuses personnalités ont pris part à ces obsèques : amis, connaissances, admirateurs, délégations officielles du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), du ministère des Arts et de la Culture et autres.

Avant son décès le 21 février 2014 à l’âge de 42 ans, Charles Ateba Eyene avait déjà perdu sept de ses frères et s urs ainsi que son épouse. L’universitaire Mathias Eric Owona Nguini, aussi populaire et médiatique comme Charles Ateba Eyene le fût, a dit de « ce baron de la plume, chevalier du micro » qu’il est «désormais un personnage de l’histoire du Cameroun ». Pascal Messanga Nyamding, universitaire, ami et camarade de parti avec Charles Ateba Eyene, les deux se considéraient de la frange progressiste du Rdpc, a déclaré, dans son oraison funèbre, que : « Charles Ateba Eyene était pour moi ce que Goebbels était pour Hitler ». Goebbels fut ministre de la propagande sous le régime Nazi.

Charles Ateba Eyene
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Décès de Charles Ateba Eyene: « Pourquoi rester à regarder le Ciel? »

Par Vincent-Sosthène Fouda

« Yaoundéens, pourquoi restez-vous là à regarder le Ciel ? »
Cette question s’est posée à nous Vendredi dans la nuit, la vingtaine que nous étions au CHU de Yaoundé. Claude Abé, Joseph Marie Eloundou, Boris Bertholt, Rodrigue Tongué, Serge Aimé Bikoï, Eric Boniface Tchouakeu, Abel Olinga mais aussi des centaines de jeunes accourus des quartiers les plus proches. Charles Ateba Eyene, notre Tara, la petite appellation dont il nous gratifiait tous a rendu son dernier souffle. Hier dans la nuit réunis, non pas pour une dernière émission, pour un dernier regard peut-être? Nous regardions tous vers le ciel pour ne pas nous regarder, pour ne pas réaliser que Charles est mort, qu’il nous a tous plantés là, amis de longue date comme ceux de la vieille.

C’est Claude Abé qui a brisé le silence en nous disant « mais que faisons-nous ici ? Charles est parti et il est en paix, il est mieux que nous ici. » Abel Olinga voulait bien passer la nuit à la belle étoile, Rodrigue Ntongué ne savait pas trop bien quoi dire, nous voulions nous donner de l’assurance les uns aux autres, nous consoler peut-être aussi. Cette question visait à nous faire réaliser une fois pour toute que nous ne verrons plus jamais Charles debout du haut de ses 1, 65 m. Je l’ai pourtant vu tout au long de la semaine et rien ne m’orientait vers une disparition aussi brutale. Charles est parti après avoir trompé la vigilance de tous, seul dans sa chambre, il n’a pas permis que nous pleurions sur son corps chaud avant qu’il ne devienne froid. Roger Kiyeck de Kiki qui nous a tous réunis, Pascal Charlemagne Messanga Nyamding l’ami de toujours, Martinez Zogo le confident, Owona-Nguini pour lequel je l’avais vu dans la semaine afin de préparer les obsèques de la maman (la maman de Mathias Eric Owona Nguini).

Et tous ces jeunes qui à 23h bloquent mon véhicule et m’obligent à échanger avec eux – ils pleurent toutes les larmes de leur corps. Ils me semblent vraiment sonnés par cette soudaine disparition. Je crois que si nous restons devant cet hôpital c’est parce que nous sommes tous tétanisés devant ce qui arrive. Charles ne sera plus jamais physiquement avec nous. Mais comment cela est-il possible ? La mort chacun de nous peut intellectuellement la concevoir et l’appréhender. Oui quelque chose est bien fini, quelque chose de ce que nous avons aimé. Mais c’est quoi cette chose à laquelle nous n’arrivons pas à donner un nom ?

Intellectuellement nous comprenons que ce corps inerte est l’absence de la vie donc présence de la mort, Charles est tout froid mais nous aimerions qu’il soit avec nous à la radio samedi et dimanche et qu’à la fin on achète des soya, qu’il prenne son coca-cola et qu’il mange son pain en distribuant des « tara » à tout le monde. Charles à quelle heure es-tu parti exactement ? As-tu pensé un seul instant à tes enfants ? Ils n’avaient plus qu’un seul parent en vie depuis le décès accidentel de leur maman…

Charles comment veux-tu que l’on tourne ta page alors que tu n’as préparé personne à ce départ ? Ceux et celles qui pleurent aujourd’hui sont faits de chair, ceux qui pleurent le font parce qu’ils t’aiment et quand on aime on a du mal à laisser partir voilà pourquoi nous oublions de partir de l’hôpital. « Yaoundéens, pourquoi restez-vous là à regarder le Ciel » ? Les Yaoundéens ce sont tous ceux qui te pleurent aujourd’hui et nous découvrons que tout cela (ta présence, ta parole) était tellement beau pour que tu passes aussi vite qu’une étoile. Charles tu es parti fier voilà pourquoi occasion ne nous a pas été donnée de t’assister sur ton lit de malade, il ne nous a même pas été permis de te fermer les yeux sur notre monde et de t’aider à traverser de l’autre côté ! Puisse ton départ nous servir de leçon aujourd’hui et demain.

Vincent-Sosthène Fouda
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