L’ensemble des acteurs, le gouvernement en premier devront rester attentifs à la conjoncture tant nationale qu’internationale
Les indicateurs sont au vert
Selon un rapport indépendant sur l’agrobusiness au Cameroun, l’activité agricole devrait connaître une croissance pour les cinq prochaines années, principalement dans les secteurs du cacao, du café et du sucre. Concrètement, il est prévu pour le cacao à moyen terme, une amélioration de 3,6% de la production, pour la campagne 2010/2011, portant ainsi les attentes de récoltes autour des 222 000 tonnes à obtenir. A plus long terme, la maîtrise des techniques des productions et une plus grande implication des acteurs tant du secteur public que privé, pourraient permettre d’établir des projections de production en augmentation de près de 36%, pour atteindre les 267 400 tonnes de cacao récoltées d’ici à 2015. Le café lui aussi devrait connaître au cours de l’année 2010 une hausse dans la production. La production de sucre devrait elle aussi connaître une augmentation substantielle pour l’année 2010/2011. Les récentes pénuries répétitives devraient avoir fait prendre conscience à l’Etat et ses partenaires dans le secteur, de la nécessité d’investir. En facilitant les importations de sucre, l’Etat a impulsé la volonté de nombreux investisseurs locaux à s’impliquer dans la production de cette denrée. Les analystes estiment que si les initiatives sont menées jusqu’à leurs termes, le Cameroun pourrait connaître une augmentation de près de 85% de sa production d’ici à 2015. Mais l’Etat devra en plus de ces perspectives, prendre des mesures de contrôle des prix, en raison des prévisions de hausse de la demande mondiale et donc des prix du sucre, mais aussi en raison de la spéculation très active sur le produit devenu aujourd’hui stratégique. Le rapport fait aussi état de bonnes prévisions pour des produits comme le Sorgho et le maïs, qui pourraient respectivement connaître des augmentations de 18% et de 17% d’ici à 2015, et combler largement la demande interne du Cameroun. Pour y parvenir cependant, l’ensemble des acteurs devra encore fournir des efforts d’une part pour maintenir le niveau des investissements, d’autre part pour en apporter de nouveaux. D’un autre côté, des experts craignent que les paysans se trouvent confrontés à la résurgence de certaines attaques sur les plants, concernant notamment le cacao.
Rester attentifs néanmoins
Le gouvernement a récemment (en 2010) procédé à la distribution de pesticides pour les planteurs de cacao et de café. Mais en l’absence d’un encadrement adéquat et parfois en raison des difficultés financières, les planteurs ont du mal à faire face à la persistance des attaques bactériennes, sur les plantes. Les analystes pensent donc que le gouvernement devra repenser sa politique de soutien aux cultivateurs des secteurs du cacao et du café, pour améliorer en même temps que l’accompagnement financier, l’assistance à la commercialisation. S’il est vrai que les prix connaissent aujourd’hui une certaine embellie du fait de la crise de production chez les principaux producteurs que sont le Ghana et la Côte d’ivoire, un retour à la stabilisé dans la production de ces pays pourrait rabaisser les cours sur le marché international et décourager les producteurs camerounais de cacao. Une alternative serait de renforcer la demande intérieure, en facilitant la mise en place d’unité moderne de transformation de ces produits.
Après plusieurs années de morosité, le café devrait connaître cette année une embellie des prix. La conjoncture internationale le permet. Mais le gouvernement devra encore faire face à la corruption qui gangrène le secteur, privant ainsi les producteurs d’importantes parts de recettes sur leur travail. Le président Biya dans son discours a annoncé l’année 2011 comme celle de la reprise de l’agriculture. Mais des observateurs font remarquer que la mise en place des politiques reste très inadéquate et désorganisée. Elle est différemment placée entre les mains du ministère du plan et de l’économie, de l’agriculture, ou du commerce. Cette incohésion gouvernementale empêche, disent les observateurs, d’avoir une politique agricole homogène et plus efficace. En outre lorsque ce n’est pas le manque de dialogue qui est constaté sur les projets et opportunités offerts par l’Etat (MINEPAT), ce sont des scandales de corruption qui apparaissent au grand jour (MINADER). Pendant ce temps, le cameroun importe encore pour plus de 500 milliards de FCFA de ce qu’il consomme en produits de base.
