Des journalistes français se mobilisent pour Ahmed Abba

Les sociétés de journalistes français ont lancé une pétition jeudi, pour demander la libération du journaliste camerounais détenu, depuis plus d’un an, pour non-dénonciation d’actes terroristes

En France, la mobilisation en faveur du correspondant en langue haussa au Cameroun de Radio France internationale (RFI) s’acccroit. Détenu depuis plus d’un an, Ahmed Abba est accusé de «complicité de terrorisme» et de «non-dénonciation d’actes terroristes». On lui reproche d’avoir été en contact avec des membres de Boko Haram dans le cadre de ses investigations. Après plus de dix audiences devant la justice militaire, entravée par des vices de fomres, le fond du dossier n’a jamais été abordé.

Cette semaine, le procès a été de nouveau reporté. Pour protester, des journalistes de plus de quinze grands médias français ont lancé une pétition jeudi, 05 janvier, 2017.

Les sociétés de journalistes (SDJ) constituée entre autres de l’Agence France-presse, du journal Le Monde, de Libération, d’Alternatives économiques, mais aussi de Radio France ou encore de France 2 et iTélé réclament la libération d’Ahmed Abba, comme l’explique François Pitrel de BFMTV : «Il est complètement anormal aujourd’hui d’être mis sous les verrous parce qu’on n’a pas divulgué quelque chose aux services de police de son pays. On n’est pas des auxiliaires de police, nous, les journalistes. On n’enferme pas un journaliste parce qu’il a pris contact avec des gens qui sont des terroristes ou qui sont suspectés de faire des choses contre la loi.»

Pour tous les journalistes français qui ont signé la pétition, les accusations contre Ahmed Abba ne tiennent pas. Marie-Bénédicte Allaire, de la radio RTL, dit qu’il «faut lutter contre le terrorisme bien évidemment. Nous en sommes bien conscients. Mais cette lutte contre le terrorisme ne peut pas passer par les tentatives de freiner le travail de vérité des journalistes. Et ce travail, il doit pouvoir se faire.»

La marge de manoeuvre des journalistes se réduit
La question est très délicate. Et Thierry Oberlé, reporter au journal Le Figaro, estime qu’il est de plus en plus difficile pour les journalistes d’entrer en contact avec des membres de groupes terroristes : «Ça peut nous être reproché par les autorités des pays dans lesquels on travaille. Donc, la marge de man uvre des journalistes malheureusement est en train de se réduire considérablement dans ce domaine.»

C’est pour cela que les médias français se mobilisent, pour qu’Ahmed Abba et tous les journalistes puissent faire leur travail sans être inquiétés. Cette initiative survient après une pétition lancée au Cameroun par des journalistes et des artistes locaux.

Ahmed Abba
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Cameroun: lancement d’une pétition pour la libération d’Ahmed Abba

A quelques jours d’une audience, prévue mercredi, une pétition a été lancée par des journalistes et par des artistes pour exiger la libération du correspondant en langue haussa de RFI

Au Cameroun, Cela fait plus de 16 mois que notre correspondant en langue haoussa, Ahmed Abba, est en prison. Il est suspecté de complicité de terrorisme, mais aucun élément matériel n’est venu étayer ces accusations, et la parodie de justice qui tient lieu de procès n’en finit pas. A quelques jours d’une énième audience, prévue mercredi, 04 janvier 2017, une pétition a été lancée par des confrères journalistes et par des artistes pour exiger la libération d’Ahmed Abba. Parmi eux, Souley Onohiolo, grand reporter au quotidien camerounais Le Messager. Invité d’Afrique Matin, il répond aux questions de David Baché.

RFI: Souley Onohiolo, vous lancez une pétition pour exiger la libération d’Ahmed Abba. Qui a pris cette initiative ? Qui sont les premiers signataires ?
Souley Onohiolo : Les premiers signataires sont les professionnels de la communication, l’ensemble des journalistes soucieux de la liberté d’expression, la liberté d’informer, le droit d’être informé.

Au commencement, la décision d’une pétition est prise par les journalistes. Et naturellement, nous avons pensé que les journalistes seuls ne suffisent pas. Elle est ouverte aux artistes, aux hommes qui sont soucieux des droits de l’homme…

Il y a même des producteurs de cinéma. Il y a des réalisateurs, il y a des hommes politiques qui sont accessibles. En fait, c’est une pétition qui est ouverte à tout le monde, à tous ceux qui sont soucieux des droits de l’homme.

Ahmed Abba a été arrêté le 30 juillet 2015. Depuis, son procès va de renvoi en renvoi. Est-ce que l’accusation a produit des preuves, des éléments matériels contre Ahmed Abba?
Le 4 janvier 2017, on en sera à dix audiences et dix-sept mois de détention pour Ahmed Abba. Ce temps permet de dire qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour affirmer la culpabilité de notre confrère.
Parce que s’il y avait assez de charges, nous ne pensons pas qu’on en serait là, à ne même pas ouvrir le jugement ! Parce que de renvoi en renvoi, ça permet de penser qu’il y a au départ un déni de droit. Le tribunal militaire veut se donner du temps.

Pensez-vous que la justice camerounaise traite ce dossier normalement, correctement ?
Vous savez, je ne voudrais pas être poursuivi d’erreurs pour des déclarations «anti», ou alors pour immiscions pendant les procédures, mais nous disons, répétons et affirmons simplement que dix-sept mois de prison sans jugement dans un pays de droit ce n’est pas évident, ce n’est pas normal.

Alors, si Ahmed Abba est coupable de ce pourquoi il est poursuivi, il faut qu’il soit jugé ! Le Cameroun est un pays de droit et s’il n’est pas jugé, ça veut dire qu’il y a quelque part quelque chose qui ne tourne pas rond.

Est-ce que vous pensez que les droits d’Ahmed Abba jusqu’ici ont été respectés ?
Non. Nous ne le pensons pas. Nous ne le pensons pas, simplement parce que vous savez comment ça a commencé. Pendant très longtemps, on a cherché à savoir où il se trouvait. C’est plus tard qu’on l’a retrouvé très amoché. Ça veut dire que jusqu’à aujourd’hui, on ne peut pas affirmer que ses droits sont protégés. Et c’est en cela que nous pensons que même les structures qui sont chargés de la protection des droits de l’homme doivent mettre la pression sur la justice militaire pour savoir ce qu’il en est.

Demain, le 31 décembre, le président de la République va s’adresser à la Nation. Il va continuer à revendiquer que le Cameroun est un pays de droit, est un pays où les droits de l’homme sont protégés. Le ministre de la Communication ne cesse de dire qu’il n’y a pas de prisonniers politiques, il n’y a pas de gens qui sont détenus sans que les droits de l’homme ne soient respectés. Pourtant, le cas Ahmed Abba est en tout cas flagrant !

Mercredi, une nouvelle audience est prévue pour le procès d’Ahmed Abba. Qu’est-ce que vous en attendez ? Que peut-il se passer ?
Très franchement, si le Cameroun doit rester un pays de liberté d’expression, si le Cameroun doit rester un pays où la liberté d’informer est affichée, nous pensons qu’il faut libérer Ahmed Abba. Et c’est en cela que la pétition est intitulée «Libérez Ahmed Abba».

Nous espérons, nous attendons pour le Cameroun lui-même un sursaut d’orgueil pour montrer, après le discours du président de la République, que le Cameroun a fait une grande avancée.

Tant qu’il n’est pas démontré qu’Ahmed Abba représente un danger pour le Cameroun, il faut le libérer, quitte à ce qu’on continue ce procès mais qu’il soit libre. Nous osons croire que la justice militaire du Cameroun va prononcer la libération d’Ahmed Abba.

Dans la pétition que vous venez de lancer, vous demandez la libération d’Ahmed Abba. Vous demandez aussi la fin des poursuites contre trois de ses confrères camerounais.
Oui. Ahmed Abba risque la peine de mort ! Quant aux trois confrères, ce sont Rodrigue Tongué, Félix Cyriaque Ebolé Bola et Baba Wamé. Ils sont inculpés depuis le 28 octobre 2014. Ils sont accusés aussi de non dénonciation et naturellement à leur niveau aussi, ils comparaissent libres. Mais le procès piétine.

C’est comme une épée de Damoclès qui est suspendue sur leur tête, parce que là aussi il n’y a pas les éléments probants. Donc nous demandons aussi la fin des poursuites pour ces trois confrères-là, qui pourraient risquer cinq ans d’emprisonnement.

Cette pétition que vous venez de lancer, où peut-on la trouver ? Comment peut-on la signer ?
Cette pétition se trouve déjà sur Internet. Nous avons ouvert au niveau de Facebook toute une page. Si vous cliquez sur Ahmed Abba, vous allez trouver la pétition. Et là, il y a tous les journalistes. Il y a les plus grands qui ont déjà signé.

Polycarpe Essomba et bien d’autres ont déjà signé. Ils ont la pétition sur leur page. Donc, il suffit de cliquer et le moment venu, on saura que ceux qui sont là sont d’accord avec cela.


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Affaire Ahmed Abba: le juge rejette l’expert requis par le ministère public

Par cette décision, le Tribunal militaire a accédé à la demande faite le 05 octobre par le conseil de la défense. Le juge a désigné deux experts pour examiner les scellés

Le conseil de la défense d’Ahmed Abba se dit «satisfait» de la tournure qu’a pris mercredi, 19 octobre 2016, le procès du correspondant RFI en langue haoussa. Et pour cause le tribunal a accédé à trois des quatre demandes qu’ils ont formulées le 05 octobre au sujet d’un expert qu’avait requis le commissaire du gouvernement le 24 février 2016.

La défense constituée de Me Charles Tchoungang et Me Clément Joel Nakong demandait à la Cour : de frapper de nullité l’acte de réquisition portant désignation d’un expert commis le 24 février 2016 par le commissaire du gouvernement, à l’insu de la défense ; d’interdire la comparution dudit expert, Bell Bitjoka spécialisé en cybercriminalité, en qualité de témoin unique de l’accusation ; d’interdire le recours au rapport d’expertise produit par ce dernier. Et par conséquent d’acquitter Ahmed Abba et d’ordonner sa libération.

Sur ces points, le tribunal s’est prononcé en faveur de la défense pour ce qui concerne les trois premières requêtes énoncées. Il rejette cependant la libération du journaliste, pour motif «d’insuffisance de preuves».

«Pour l’avocat que nous sommes, nous sommes satisfaits prace que le droit a été dit et bien dit. La décision qui a été rendue ce matin sonne comme un rappel à l’ordre. Mon confrère et moi nous sommes satisfaits de cette décision qui le (Ahmed Abba) rétablit dans sa dignité en tant que citoyen. Ce qui fait que désormais il est à armes égales avec la poursuite pour la suite du procès. Nous nous sentons extrêmement à l’aise dans le fait qu’il faille affronter l’expert car le dossier est vide. Nous sommes sortis de quinze mois d’obscurantisme pour voir le reflet de la lumière vers le respect du Code pénal et du Code de procédures pénales», a déclaré Me Tchoungang.

Le conseil de la défense considère cette décision comme une victoire obtenue sur des vices de formes. Il se dit « satisfait » de l’ouverture des débats de fonds.

Mardi, le juge Edou a désigné Bell Bitjoka et un autre spécialiste de la cybercriminalité pour examiner les scellés en possession desquels Ahmed Abba avait été trouvé au moment de son interpellation. Il s’agit de d’une unité centrale, d’une clé USB, d’un téléphone portable, d’un GPS, de certains documents.

Les concernés disposent d’un mois pour présenter leur rapport d’expertise. A partir du 07 décembre 2016, date de la prochaine audience, ils vont devoir défendre leurs conclusions au cours des interrogatoires et contre-interrogatoires menées par les deux parties.

Ahmed Abba est en prison depuis un an. Il est accusé de «complicité d’actes de terrorisme» et de «non-dénonciation d’actes de terrorisme», dans le cadre de sa couverture des attaques de Boko Haram.

Ahmed Abba, corrspondant de RFI en langue haoussa
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Appel pour la libération d’Ahmed Abba et des autres victimes de la répression

Par le CL2P

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) renouvelle son appel pour la libération immédiate d’Ahmed Abba et de tous les autres.

Nous n’avons en effet pas cessé d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le détournement par le régime de Yaoundé de la légitime et nécessaire lutte contre le terrorisme en purges systématiques infligées à des activistes, journalistes, et leaders d’opinion «dérangeant», majoritairement originaires du Grand-Nord du Cameroun.

Monsieur le président Paul Biya, l’instrumentalisation politique de la Justice au Cameroun est devenue consternante et pathétique. De grâce ayez le courage d’y mettre urgemment un terme, en libérant purement et simplement le journaliste Ahmed Abba et tous ceux qui comme lui – notamment Me Abdoulaye Harissou, M. Aboubakar Sidiki, puis les journalistes Baba Wame, Rodrigue Ndeutchoua Tongue et Félix Cyriaque Ebolé Bola – sont des victimes de choix de la vaste cabale judiciaire orchestrée par les sécurocrates de votre régime au nom de la lutte légitime contre le terrorisme au Cameroun.

Nous renouvelons notre appel à leur libération immédiate et n’accordons le moindre crédit aux parodies de procès qui se tiennent par intermittence devant le tribunal militaire de Yaoundé.Il s’agit d’une cabale liberticide orchestrée par les sécurocrates de la dictature de Paul Biya,sous couvert de la légitime lutte contre le terrorisme.Elle déshonore la République du Cameroun et ses institutions.

Ahmed Abba, corrspondant de RFI en langue haoussa
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Affaire Ahmed Abba: polémique sur un rapport d’expertise requis par le ministère public

Le commissaire du gouvernement avait sollicité les services d’un expert en cybercriminalité sans l’autorisation du tribunal pour le dossier du correspondant de RFI au Cameroun

Les débats liés au procès du correspondant en langue haoussa de Radio France internationale (RFI) se sont poursuivis mercredi, 05 octobre 2016, sous fond de polémique. Au Tribunal militaire de Yaoundé ce jour, le conseil de la défense et le commissaire du gouvernement, M. Tang, ont été opposés à propos d’un expert en cybercriminalité qu’avait requis le commissaire du gouvernement sans autorisation préalable du juge.

Le président du tribunal, M. Edou, a été appelé à autoriser ou non le recours au rapport d’expertise produit par Ben Bidjocka et à faire intervenir ce dernier à la barre en qualité de témoin. Pour cette raison, il a écouté les différents arguments présentés par les deux parties ce mercredi.

L’audience s’est tenue en présence de la directrice de RFI, Cécile Mégie, de son adjoint chargé de l’information, Yves Rock, des représentants de l’ambassade de France au Cameroun et de l’Union européenne.

Le conseil de la défense, constitué de Me Charles Tchoungang et Me Clément Joel Nakong, demande au juge de frapper l’acte de réquisition portant désignation d’un expert commis le 24 février 2016 par le commissaire du gouvernement, à l’insu de la défense, de nullité.

Selon eux, l’initiative du procureur n’est pas conforme au principe de contradiction évoqué dans l’article 3 du Code de procédure pénale camerounais. Il stipule que chacune des parties doit être mis en mesure de discuter l’énoncé des faits et les moyens juridiques que ses adversaires lui ont opposés.

Dans le cas d’Ahmed Abba, toujours selon ses avocats, les scellés ne lui ont jamais été présentés. De même que ledit expert n’a jamais rencontré le détenu. Ils soutiennent aussi que le rapport d’expertise susmentionné ne respecte pas les canaux prévus par le Code de procédure pénal. D’après eux, il n’est pas signé, ni daté et ne présente pas de conclusions. Un point que le ministère public a défendu en faisant prévaloir l’article 128 du même document qui indique que dans le cadre d’une affaire de cybercriminalité, la signature de l’expert peut être annulée.

M. Tang fait également prévaloir le fait qu’au moment de son interpellation, Ahmed Abba était en possession d’une unité centrale, d’une clé USB, d’un téléphone portable, d’un GPS, de certains documents qui ont tous été saisis comme pièces à conviction ; et qu’ainsi donc le principe de l’immédiateté des preuves – c’est l’obligation pour le juge de se limiter aux preuves qui ont été produites devant lui pour fonder sa conviction – ait été appliqué.

Ahmed Abba est en prison depuis un an. Il a été arrêté dans une ville de l’extrême nord du pays le 30 juillet 2015. Il est accusé de «complicité d’actes de terrorisme» et de «non-dénonciation», dans le cadre de sa couverture des attaques de Boko Haram. Il attend depuis lors son jugement.

A ce jour, son procès est encore à la phase de l’examen des preuves présentées par la défense.

Le juge a reporté les délibérations au 19 octobre 2016.


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Cameroun: le procès du journaliste Ahmed Abba reporté au 5 octobre

Les avocats du correspondant de RFI ont dénoncé, mercredi, l’introduction dans le dossier, par le parquet, d’un rapport d’expertise, provoquant le renvoi du procès au 5 octobre

Au cours d’une nouvelle audience du procès du journaliste Ahmed Abba, détenu depuis plus d’un an à Yaoundé, le parquet du tribunal militaire de la capitale camerounaise a présenté mercredi, 07 septembre 2016, deux documents de 500 pages chacun, indiquant qu’il s’agissait d’un rapport à charge rédigé par un expert en cybercriminalité, a rapporté Me Charles Tchoungang, l’un des avocats de l’accusé.

«Nous avons été surpris parce que ce rapport ne figure pas dans le dossier de procédure», a ajouté M. Tchoungang, précisant que lui et un autre avocat de l’accusé ont dû insister pour que ce document leur soit présenté durant l’audience.

Pourtant, «la loi exige que le rapport soit fait en autant d’exemplaires qu’il y a de parties», la partie adverse ayant «la possibilité de demander une contre-expertise», a expliqué M. Tchoungang.

Présent à l’audience de mercredi, l’auteur de ce rapport devait être entendu comme unique témoin de l’accusation, mais son audition n’a finalement pas eu lieu, les avocats de M. Abba ayant contesté la régularité de son acte de désignation, selon Me Tchoungang.

[b «L’acte de commission est un faux»)
«Nous avons insisté pour voir cet acte. Le commissaire du gouvernement est (alors) sorti de la salle d’audience et est revenu (peu après) avec une lettre», a rapporté l’avocat. «En la consultant, nous nous sommes rendu compte que l’acte de commission est un faux qui date du 24 février alors que l’audience a commencé le 04 janvier», a-t-il poursuivi, fustigeant «un scandale judiciaire».

«Dès lors que le tribunal est saisi, personne ne peut plus prendre un acte d’instruction. C’est le tribunal qui peut ordonner des enquêtes», a ajouté l’avocat.

Les juges ont décidé de renvoyer l’affaire au 05 octobre, date à laquelle ils devront se prononcer sur la régularité de la désignation de l’expert, comme l’ont demandé les avocats du journaliste.

Ahmed Abba a été arrêté le 30 juillet 2015 à Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-nord, où il exerçait comme correspondant en langue haoussa de RFI.

Il est accusé de «complicité d’actes de terrorisme» et de «non-dénonciation» d’actes terroristes. La justice lui reproche de ne pas avoir partagé avec les autorités des informations qu’il a collectées sur certains membres du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, qui mène notamment des attaques dans le nord du Cameroun. Le parquet fonde ses accusations sur des écoutes téléphoniques.

Le journaliste, qui encourt la peine de mort, a toujours clamé son innocence. RFI et l’organisation Reporters sans frontières (RSF) ont exigé à maintes reprises sa libération, mais Yaoundé est jusqu’ici resté insensible à ces appels.


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Lettre ouverte à François Hollande sur la coopération militaire entre la France et le Cameroun

Par l’association Survie

Lettre ouverte à M. le président de la République française, François Hollande, M. le Premier ministre, Manuel Valls, M. le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc-Ayrault

Survie dénonçait déjà en octobre 2015 (1) le silence diplomatique français au sujet des arrestations politiques au Cameroun. Mais la perpétuation de la coopération militaire et sécuritaire ainsi que le silence complice de la France au sujet des abus liés à la lutte contre le terrorisme au Cameroun alourdissent le poids du soutien français à un régime répressif et liberticide.

Sur le site de la diplomatie française (2), on peut lire que le Cameroun tient, en tant que premier partenaire de la France en matière de coopération de sécurité et de défense, une place particulière au sein du dispositif d’architecture de paix et de sécurité en Afrique centrale et dans le golfe de Guinée. «C’est notamment via l’École d’état-major de Libreville [dans laquelle officient cinq coopérants militaires techniques] que les FFG, Forces Françaises du Gabon, forment de nombreux officiers» camerounais. En 2011, le député Michel Terrot (Les Républicains) écrivait dans un rapport (3) fait au nom de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi autorisant l’approbation du partenariat de défense avec le Cameroun que la France «entretient avec le Cameroun une coopération de défense importante, d’un montant de 3,95 millions d’euros en 2011 [.]. L’aide se traduit notamment par la mise à disposition de 17 coopérants permanents, pour l’essentiel basés à Yaoundé et par l’attribution d’une aide logistique directe de près de 300 000 euros. [.] Le budget total des actions de formation de défense menées au Cameroun est de 754 000 euros. [Sans compter] la présence d’un conseiller auprès du ministre de la défense et des hautes autorités militaires».

Cette «aide» n’empêche pas les multiples détentions abusives dans la cadre de la lutte contre Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord. Selon Amnesty International, «les forces de sécurité camerounaises ont arrêté au moins 1 000 personnes qui étaient accusées de soutenir Boko Haram» (Amnesty International, septembre 2015, p. 6), «plus de 160 personnes ont été arrêtées [.] principalement des jeunes hommes âgés de 20 à 40 ans, qui s’expriment généralement en kanuri, en mandara, en hausa, en glavda ou en arabe» (Amnesty International, juillet 2016, pp. 6 et 24 (4)).

Le 31 juillet 2015, soit quelques semaines après l’escale de François Hollande au Cameroun, Ahmed Abba, correspondant-pigiste en langue hausa au nord du Cameroun pour Radio France International (RFI), est arrêté pendant un contrôle de routine à Maroua. Il est depuis abusivement emprisonné, aux côtés de trois journalistes et de deux opposants politiques originaires du Nord, le notaire Abdoulaye Harissou et le chef d’entreprise Aboubakar Sidiki.

Selon son avocat, Maître Charles Tchoungang, c’est suite à la découverte de son profil professionnel qu’il est «accusé de donner des informations aux ennemis du pays» (Reporters sans frontières, 28 juillet 2016). Il est alors transféré dans les locaux de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), à savoir les services de renseignements à Yaoundé, où il est interrogé sans avocat et torturé. Les autorités refusent pendant trois mois de dire où il se trouve avant de finir par avouer le détenir secrètement. C’est seulement le 13 novembre 2015 que sa garde à vue entre dans un cadre légal. Transféré à la prison de Yaoundé, il est enchaîné pendant un mois et, sans qu’une instruction ait été menée, le parquet le renvoie devant un tribunal militaire (RFI, 30 juillet 2016) (5).

Ahmed Abba est accusé par l’État camerounais de «complicité de terrorisme et non dénonciation des actes de terrorisme». C’est également le cas de trois journalistes camerounais inculpés en octobre 2014, soit deux mois avant la promulgation de la loi antiterroriste le 23 décembre 2014, et qui comparaissent libres devant le tribunal militaire. Baba Wamé, Rodrigue Ndeutchoua Tongue et Félix Cyriaque Ebolé Bola, qui travaillent pour des médias camerounais, risquent un à cinq ans d’emprisonnement et une amende comprise entre 50 000 et 5 millions de Francs CFA (entre 76 et 7620 euros) s’ils sont déclarés coupables. Ahmed Abba, tombé sous le coup de la loi antiterroriste, encourt lui la peine de mort (RSF, 23 janvier 2016 (6) et Amnesty International, 8 mars 2016 (7)). Tous les quatre plaident non-coupables.

Aucun élément de fond allant dans le sens des accusations contre Ahmed Abba n’a été apporté par le rapport d’enquête préliminaire de la gendarmerie ou par l’accusation malgré la tenue de six audiences depuis l’ouverture du procès le 29 février 2016. En outre, les avocats d’Ahmed Abba ont souligné plusieurs entorses à la loi rendant l’accusation caduque : tortures physiques, détention au secret, non-respect de la présomption d’innocence et non production par le commissaire du gouvernement d’une liste de témoins à charge. Mais le président du tribunal militaire a rejeté ces exceptions de nullité, rejetant par là même les demandes de libération sous surveillance et d’abandon des charges présentées par Me Tchoungang. Ahmed Abba est convoqué à une nouvelle audience ce 7 septembre.

Pour démontrer votre «attachement aux principes démocratiques, aux libertés publiques et au respect des droits de l’Homme» dont vous vous targuez à l’envi et pour cesser d’être complices de violations de droits élémentaires, nous vous demandons de prendre position publiquement au sujet de la libération d’Ahmed Abba, en particulier, et de tous les détenus abusivement emprisonnés au Cameroun, en général. La Direction de la coopération de sécurité et de défense étant rattachée au Ministère des Affaires étrangères, nous vous demandons, tout comme pour le Gabon (8), de suspendre immédiatement toute coopération militaire et sécuritaire et de rendre publics les postes et fonctions des différents coopérants français au Cameroun.

Le chef d’Etat camerounais Paul Biya (g) avec le général d’armée Pierre de Villiers (d), chef d’état-major des armées françaises. Le 06 janvier 2016 au Palais de l’Unité de Yaoundé. Photo pour illustration
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Procès d’Ahmed Abba: le tribunal rejette une preuve de l’accusation

Il s’agit de transcriptions d’échanges téléphoniques entre Ahmed Abba et des personnes présentées comme appartenant à Boko Haram. Le document, rejeté, ne fera plus l’objet d’exploitation à charge

Le procès du correspondant en langue haoussa de RFI Ahmed Abba contre l’Etat du Cameroun a repris mercredi, 3 août 2016, à Yaoundé. Cinq témoins de l’accusation étaient attendus ce jour au tribunal. L’accusation va finalement devoir faire sans.

Le commissaire du gouvernement a admis en ouverture de l’audience de ce mercredi l’impossibilité de présenter au tribunal la liste des cinq témoins annoncés depuis l’entame du procès en février dernier. En lieu et place, l’accusation a cité un seul nom, un certain Ben Bidjocka, présenté comme expert en cybercriminalité. Ce dernier était absent à l’audience.

Les avocats de la défense n’ont pas manqué de faire observer que ce désistement traduisait la nullité des charges contre Ahmed Abba. «Nous annoncer la venue d’un expert ne changeait rien au fait que les preuves annoncées précédemment par le parquet ne seront jamais présentes. Donc pour moi, le dossier est encore plus vide qu’avant», affirme ainsi à RFI Me Charles Tchoungoug.

Le tribunal rejette un document de l’accusation
L’accusation, qui avait le souci de démontrer qu’il existait une certaine intelligence entre le correspondant de RFI et la secte islamiste Boko Haram, s’est par la suite longuement appesantie sur les dépositions de l’enquête préliminaire.

Des extraits de ces dépositions, attribuées à Ahmed Abba, ont été lus à l’audience et présentés au tribunal comme des preuves de sa culpabilité. Il en a été ainsi de transcriptions de données d’échanges téléphoniques entre Ahmed Abba et des personnes présentées comme appartenant à Boko Haram. Les avocats de la défense ont contesté l’authenticité de ce document en s’appuyant sur le fait qu’il s’agissait d’une photocopie. L’argument a été retenu par le tribunal qui a rejeté le document. Il ne pourra dès lors plus faire l’objet d’exploitation à charge.

La prochaine audience a été fixée au 7 septembre 2016. Elle sera consacrée aux réquisitions et plaidoiries de l’accusation et de la défense. Ahmed Abba est accusé de ne pas avoir partagé des informations collectées à propos du groupe islamiste Boko Haram.
Article lié : Cameroun: le correspondant de RFI Ahmed Abba devant la barre

Ahmed Abba, photo d’illustration
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Cameroun: RSF exige, à nouveau, la libération du journaliste Ahmed Abba

Dans un communiqué, Reporters sans frontières dénonce une incarcération arbitraire et abusive, et demande la libération immédiate du journaliste et l’abandon des poursuites à son encontre

Reporters Sans Frontières (RSF) a une nouvelle fois réclamé le 29 juillet « la libération immédiate » du correspondant camerounais de Radio France Internationale (RFI), Ahmed Abba, arrêté dans son pays il y a un an jour pour jour.

Dans un communiqué, RSF « dénonce cette incarcération arbitraire et abusive, et demande la libération immédiate du journaliste et l’abandon des poursuites à son encontre ».

Ahmed Abba, correspondant de RFI en langue haoussa à Maroua, chef-lieu de l’extrême-nord du Cameroun, avait été interpellé le 30 juillet et transféré 15 jours plus tard à Yaoundé.

Il est aujourd’hui poursuivi pour des faits de « complicité d’actes de terrorisme » et « non-dénonciation d’actes de terrorisme » devant le tribunal militaire de Yaoundé. Il lui est reproché d’être le complice de certains membres du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui mène des attaques dans le nord du Cameroun.

Selon ses avocats, ces chefs d’inculpation s’appuient sur des entretiens qu’Ahmed Abba a menés dans le cadre d’un reportage. Il lui est notamment reproché de ne pas avoir partagé avec les autorités les informations qu’il a collectées sur l’organisation jihadiste.
Le journaliste, qui risque la peine capitale, a plaidé « non coupable ».

Selon RSF, une nouvelle audience doit se tenir mercredi, « la sixième depuis l’ouverture de la procédure en novembre 2015 ».

« Depuis huit mois, le dossier n’a toujours pas été examiné sur le fond » suite à des « reports répétés dus à des changements de juges, des hasards du calendrier et surtout l’incapacité apparente de l’accusation à produire des témoins à charge », accuse RSF.

L’un des avocats du journaliste, Me Charles Tchougang, affirme à RSF que « le dossier est absolument vide ».

« Il était au mauvais endroit au mauvais moment. Il a d’abord été arrêté dans un contrôle de routine, mais lorsque les forces de l’ordre ont appris qu’il était correspondant de RFI, alors il a été transféré à la police politique à Yaoundé », assure l’avocat cité dans le communiqué.

Le Cameroun a adopté en décembre 2014 une loi antiterroriste très controversée, prévoyant la peine capitale pour les auteurs ou complice d’actes de terrorisme.

Trois autres journalistes sont jugés devant le tribunal militaire de Yaoundé dans le cadre légal prévu par ce texte.


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Cameroun: le correspondant de RFI, Ahmed Abba, déjà un an de détention

Arrêté à l’Extrême-Nord du pays le 30 juillet 2015, il est accusé de «complicité d’actes de terrorisme» et de «non-dénonciation», dans le cadre de sa couverture des attaques de Boko Haram

Au Cameroun, Ahmed Abba est en prison depuis un an. Correspondant de RFI en haoussa à Maroua, il a été arrêté dans cette ville de l’extrême nord du pays le 30 juillet 2015. Il est accusé de « complicité d’actes de terrorisme » et de « non-dénonciation », dans le cadre de sa couverture des attaques de Boko Haram. Il attend toujours son jugement. Retour sur le calvaire de notre confrère.

Le 30 juillet, aux alentours de 14h, un véhicule de police se gare devant le cercle municipal de Maroua. Comme d’autres journalistes, Ahmed Abba, 38 ans, vient d’assister à une réunion sur la sécurité organisée par le gouverneur de la région, 8 jours après un double-attentat qui a endeuillé la ville.

Les policiers demandent au correspondant de RFI en langue haoussa à Maroua de les suivre. Son arrestation se déroule « sans brutalité », précise un témoin de la scène. Ahmed Abba est gardé à vue pendant 15 jours, puis transféré dans les locaux des services de renseignements de Yaoundé où il est détenu au secret. Personne ne peut le voir, ni sa famille, ni son avocat, ni même un médecin, alors même qu’au cours de sa détention, il est passé à tabac. Il faut attendre 3 mois pour avoir de ses nouvelles. « Ahmed Abba est en bonne santé », assure le ministre de la Communication, Issa Bakary Tchiroma, sur RFI, le 30 octobre.

Graves entraves
Le 13 novembre 2015, il est interrogé par les enquêteurs de la gendarmerie nationale. Il apprend qu’il est poursuivi pour «complicité d’acte de terrorisme» et «non-dénonciation». Il se voit reprocher d’avoir été en contact avec des membres du groupe islamiste Boko Haram et de ne pas avoir partagé avec les autorités des informations qu’il aurait pu recueillir. Il est transféré à la prison de Yaoundé où il est enchaîné pendant un mois. Sans qu’aucune instruction ne soit menée, le parquet le renvoie devant un tribunal militaire.

Son procès commence le 29 février 2016. À la barre, son avocat, Me Charles Tchoungang, met en avant les graves entraves à la procédure constatée pendant les sept premiers mois d’emprisonnement (tortures physiques, détention au secret, non-respect de la présomption d’innocence, etc.). Des considérations « impertinentes » pour le président du tribunal. Les demandes de libération sous surveillance et d’abandon des charges présentées par son avocat sont rejetées.

Pas de preuves, pas de témoins
Jusqu’à présent, Ahmed Abba a comparu à 4 reprises. Aucune audience n’a abordé le fond du dossier. Le tribunal n’a pas exposé d’éléments de preuves ni fourni la liste des témoins qu’il souhaite entendre. Le rapport d’enquête préliminaire de la gendarmerie ne contient aucun élément indiquant une quelconque sympathie et encore moins une quelconque collusion d’Ahmed Abba avec Boko Haram. RFI a réécouté les interventions à l’antenne d’Ahmed Abba: nous pouvons attester de la totale impartialité de son travail journaliste. «Le dossier est vide», abonde Me Charles Tchoungang. La prochaine audience est fixée au mercredi 3 août 2016.

Reporter Sans Frontières (RSF) dénonce une «incarcération arbitraire et abusive» basée sur des «accusations fallacieuses». Poursuivre notre correspondant pour «non-dénonciation» est, pour RSF, une «atteinte au principe du respect de la protection des sources». «C’est un principe inaliénable du journalisme, renchérit Denis Nkwebo, le président du syndicat national des journalistes du Cameroun. Nous avons l’impression que les autorités confondent le rôle du journaliste avec celui d’agent du renseignement».

Demande de libération
France Médias Monde, qui regroupe RFI, France 24 et MCD, demande aux autorités camerounaises de libérer Ahmed Abba. «Pour être implacable dans la lutte contre le terrorisme, il faut être juste, déclare Marie-Christine Saragosse, présidente directrice générale de FMM, invitée Afrique de RFI ce samedi 30 juillet. Commettre une erreur judiciaire, c’est s’affaiblir face aux terroristes. Il faut mettre un terme au calvaire de notre correspondant».

Le cas d’Ahmed Abba n’est pas isolé. Trois autres journalistes camerounais sont poursuivis devant le tribunal militaire pour «non-dénonciation». Baba Wamé, Rodrigue Tongué et Félix Ebolé Bola ont été inculpés en octobre 2014, mais comparaissent libres. Eux aussi sont accusés de ne pas avoir «partagé» des informations sensibles.


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Cameroun: Ahmed Abba sera jugé le 06 juillet devant des magistrats civils

Mercredi, le procès du correspondant en langue haussa de RFI a été reporté au 06 juillet. Il comparaitra désormais devant un président de tribunal et un commissaire du gouvernement civils

Le correspondant en langue haoussa de Radio France internationale (RFI), Ahmed Abba, a comparu une nouvelle fois le mercredi, 8 juin 2016, devant la justice camerounaise à Yaoundé. La direction de RFI prend acte du changement dans la composition du tribunal, dont le président et le commissaire du gouvernement sont désormais des magistrats civils et non plus des militaires.

Elle note également la prise en compte de la demande des avocats d’Ahmed Abba concernant la tenue d’une session spéciale pour mettre fin à la succession de renvois qui laissent son correspondant en prison, sans jamais étudier les faits.

Depuis 10 mois, aucun élément n’est venu étayer les accusations de complicité et de non-dénonciation d’actes terroristes. Le rapport d’enquête préliminaire, qui sert de base à l’accusation, ne contient aucun élément de preuve. En outre, la production d’Ahmed Abba diffusée sur RFI Hausa atteste de l’impartialité de son travail de journaliste.

Plus de dix mois après son arrestation, il est devenu évident qu’Ahmed Abba est innocent. Il avait déjà comparu devant le tribunal militaire de Yaoundé le lundi, 29 février puis le 25 avril 2016 ; après plusieurs mois de détention au secret.

La direction de RFI déplore donc, ce jour, le nouveau report d’audience fixé au 6 juillet, qui laisse encore son correspondant derrière les barreaux.

Ce n’est qu’après plus de trois mois de détention au secret, dans des conditions très dures dans les locaux de la DGRE (Direction générale de la recherche extérieure), qu’Ahmed Abba avait pu réintégrer un cadre légal et avoir accès à son avocat début décembre, comme RFI le réclamait depuis son arrestation.

Dans ces conditions, la direction de RFI demande aux autorités camerounaises qu’Ahmed Abba soit libéré. Il est temps que son calvaire prenne fin.


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Affaire Ahmed Abba: « les autorités camerounaises ne semblent pas saisir l’importance du principe de protection des sources »

Par Reporters sans frontières (RSF)

Cameroun: Ahmed Abba en détention depuis plus de 10 mois

A la veille d’une nouvelle audience (déroulée le 08 juin 2016, ndlr) dans le procès d’Ahmed Abba, Reporters sans frontières (RSF) condamne vigoureusement l’acharnement judiciaire dont fait l’objet le journaliste camerounais. L’organisation demande l’abandon des procédures et la libération immédiate du correspondant en langue Haoussa de RFI, détenu depuis plus de 10 mois dans l’attente de son jugement.

Ahmed Abba comparaît aujourd’hui (mercredi 08 juin 2016, ndlr) pour une nouvelle audience au tribunal militaire de Yaoundé. Son incarcération remonte au 30 juillet 2015, après son arrestation lors d’un contrôle de routine mené par les forces de l’ordre à Maroua. Le journaliste a d’abord passé 15 jours en garde à vue avant d’être transféré dans les locaux des services de renseignements à Yaoundé où il est resté détenu au secret pendant 3 mois, sans accès à un avocat ou un médecin malgré les violences dont il se plaignait. Présenté pour la première fois devant les enquêteurs de la gendarmerie nationale le 13 novembre, il est accusé de « complicité d’actes de terrorisme » et « non-dénonciation d’acte de terrorisme ».

Selon son avocat, ces chefs d’inculpation s’appuient sur des entretiens qu’Ahmed Abba a eu dans le cadre d’un reportage sur le groupe terroriste Boko Haram. Il est en fait reproché au journaliste de ne pas avoir partagé avec les autorités les informations qu’il a collectées sur l’organisation djihadiste.

« Les autorités camerounaises ne semblent pas saisir l’importance capitale du principe de protection des sources qui permet aux journalistes d’obtenir plus aisément des informations sensibles, déclare Reporters sans frontières. Il est inadmissible qu’un journaliste qui a simplement fait son travail soit retenu depuis si longtemps en détention, qui plus est dans des conditions déplorables. Nous demandons aux autorités de libérer Ahmed Abba sans plus de délais et d’abandonner toute poursuite judiciaire à son encontre. »

Depuis l’ouverture du procès le 29 février dernier, les audiences sans cesse renvoyées prolongent le séjour du journaliste en prison. Le 25 avril, le tribunal a rejeté les exceptions en nullité plaidées par son avocat, Me Charles Tchoungang, qui demandait l’abandon des poursuites en raison de violations graves des droits de l’accusé depuis le début de son incarcération.

Ahmed Abba n’est pas le seul journaliste poursuivi de la sorte devant la justice camerounaise. RSF avait déjà dénoncé en janvier 2016 les charges de « non-dénonciation » retenues contre les journalistes Baba Wame, Rodrigue Ndeutchoua Tongue et Félix Cyriaque Ebolé Bola, qui doivent à nouveau comparaître le 17 juin prochain. Les professionnels des médias camerounais font régulièrement l’objet d’abus de la part des forces de l’ordre et des autorités. Le Conseil national de la communication, proche du pouvoir, n’a pas hésité à suspendre cinq médias et onze journalistes depuis le début de l’année.

Le Cameroun est classé 126ème sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse établi par RSF en 2016.

Ahmed Abba
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Cameroun: le procès d’Ahmed Abba de nouveau renvoyé au 08 juin

Lors de l’audience du lundi 25 avril, le tribunal a rejeté les exceptions en nullité plaidées par les avocats du correspondant de RFI en langue hausa

Ahmed Abba, le correspondant de RFI en langue hausa qui est détenu depuis près de 10 mois à la prison principale de Yaoundé, sera à nouveau à la barre le 08 juin 2016.

Lors de l’audience du lundi 25 avril, le tribunal a rejeté les exceptions en nullité plaidées par ses avocats. Ces derniers avaient porté à l’attention du tribunal une série d’entorses graves aux droits de la défense et à la conduite de la procédure qui justifiaient l’abandon des poursuites contre Ahmed Abba.

Exceptions non fondées, a jugé le tribunal. Les avocats d’Ahmed Abba ont indiqué ne pas vouloir faire appel de cette décision et se préparent à plaider l’affaire sur le fond, dès le 08 juin prochain, date de reprise du procès.

« Cette affaire a été inhabituellement renvoyée au 8 juin, condamne Me Charles Tchoungang, avocat d’Ahmed Abba. Cela veut dire deux mois supplémentaires pour mon client en prison. (…) Nous nous préparons aujourd’hui pour que le 8 juin, le commissaire du gouvernement nous dise ce qu’il y a dans son dossier. Nous avons toujours dit que le dossier était vide. »

Au cours de ce jugement à venir, « nous comptons démontrer non seulement que Monsieur Abba est innocent, mais qu’il a exercé ses fonctions de journaliste, dans le strict respect de la déontologie. »

Interpellé fin juillet 2015, Ahmed Abba est poursuivi pour « complicité d’acte de terrorisme et non-dénonciation d’acte de terrorisme ». Son procès s’est ouvert le 29 février au tribunal militaire de Yaoundé.


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Cameroun: deuxième audience au tribunal pour le correspondant de RFI

Ahmed Abba était pour la deuxième fois au tribunal lundi. Il est détenu depuis juin 2015, soupçonné de complicité d’acte de terrorisme et de non dénonciation d’acte de terrorisme

Ahmed Abba, l’un des correspondants en langue haoussa de RFI, était pour la deuxième fois en un peu plus d’un mois, devant le tribunal lundi 28 mars. Il est détenu depuis juin 2015, soupçonné de complicité d’acte de terrorisme et de non dénonciation d’acte de terrorisme. RFI a assisté à l’audience.

Le tribunal devait se prononcer sur les exceptions soulevées lors de la précédente audience par les avocats d’Ahmed Abba. Ces derniers avaient notamment égrené un chapelet d’entorses à la procédure, contraires à la loi, qui justifiaient, selon eux, l’annulation pure et simple du procès. Il en était ainsi de la détention au secret, de la torture ou du non-respect de la présomption d’innocence.

Le Commissaire du gouvernement avait quant à lui sollicité du tribunal la possibilité de produire une liste des témoins à charge avant l’audience de ce lundi matin.

Finalement, l’audience a duré à peine dix minutes. La présidente du tribunal a à nouveau renvoyé le délibéré au 25 avril prochain. A la surprise générale, le Commissaire du gouvernement avait auparavant contesté auprès du tribunal la requête qu’il avait formulée un mois plus tôt, à savoir la production d’une liste des témoins.

Ce qui a finalement retenu l’attention au cours de cette audience, c’est la sortie de Maître Charles Tchoungang, l’avocat d’Ahmed Abba, qui a rapporté des faits de séquestration et même, a-t-il ajouté, [i «des tentatives d’assassinat sur sa personne, hier [dimanche, ndlr], dans son hôtel»], dans l’intention, a-t-il souligné, soit de l’intimider, soit de lui soutirer des documents en rapport avec le dossier Ahmed Abba.


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