La Diaspora camerounaise du Kenya invite les anglophones à l’apaisement

Par Cédrick Moukoko Penda, président de la Cameroon diaspora Kenya

Chers compatriotes,
Nous, Camerounais regroupés au sein de la Cameroon Diaspora Kenya, sommes informés de la série d’événements malheureux qui ont secoué notre pays le Cameroun depuis novembre dernier, et nous venons ainsi vous exprimer toute notre consternation.

En effet, dans le but de réclamer vos droits, vous avez organisé trois grèves. Le ton a été donné par les Avocats d’expression anglaise réclamant entre autres la traduction des textes juridiques en anglais afin de mieux asseoir le bilinguisme auquel s’identifie notre Cher et Très Beau Pays, le Cameroun.

Le 10 novembre à Buea, des avocats grévistes ont été victimes de quelques dérapages mal accueillis des forces de maintien de l’ordre. Dans la même mouvance, les enseignants ont exprimé leurs récriminations en grevant les journées du 21 et 22 Novembre à Bamenda. Ladite manifestation s’est aussitôt embrasée dans une violence sans précédent avec à la clé des conséquences plurielles que nous connaissons tous. Le climat ambiant verra une ultime grève pacifique ; celle de nos frères et s urs des étudiants de l’Université de Buea le 28 Novembre. Ces derniers réclamaient leur prime d’excellence et dénonçaient d’autres abus auxquels ils sont soumis. Dans le but de servir leur Nation, les forces de maintien de l’ordre ont à nouveau réprimé les manifestants.

Chers compatriotes, vous vous sentez lésés, marginalisés et différents de vos autres frères Camerounais d’expression française voire ceux qui sont parfaitement bilingues. Il serait insensé de considérer que vos revendications sont sans fondement et stériles. Nous reconnaissons que c’est humain de se sentir de la sorte dans une telle situation. Le choc des événements sus-évoqués pourrissant ainsi l’atmosphère de l’Unité et le bilinguisme, gages de l’identité nationale de tout Camerounais. Des idées plus ambitieuses prônant la division de notre Nation habitent plus que jamais certains esprits comme le retour au fédéralisme et la défrancophonisation de nos systèmes juridique, éducatif et administratif.

Chers compatriotes, nous avons décidé ensemble, tenant l’histoire pour témoin, de briser les clivages ethniques, culturels, religieux et linguistiques pour une cause commune ; celle d’une Nation et de Vivre Ensemble depuis la Réunification du 1er Octobre 1961 à l’Unité Nationale, le 20 Mai 1972.

Chers frères et s urs,
Nous ne sommes pas différents mais plutôt un et indivisible. L’acte unitaire de 1972 n’est qu’une reprise historique légitime au Cameroun car, avant l’arrivée des Occidentaux le Cameroun fut une entité homogène. Le protectorat allemand s’inscrivant dans cette perspective de territoire uni. Malgré les péripéties dues à la première Guerre Mondiale qui vendait à vil prix notre Unité au nom du système international de mandat confiant ainsi l’administration de notre territoire à la France et à la Grande Bretagne, nous avons décidé de Reformer et d’Unir les deux Cameroun d’antan en 1972.

Chers compatriotes,
Nous avons su former une Nation et un Peuple malgré nos différences. Notre unité s’est faite dans la diversité en tenant compte des spécificités de chacun. Aujourd’hui, les variables culturelles exogènes ne doivent pas fonder notre Unité. Car elles ont sagement été associées par nos ancêtres d’où l’adoption du bilinguisme avec le Français et l’Anglais comme les langues officielles du Cameroun.

Au Cameroun, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, nous sommes égaux car il n’y a ni francophone, ni anglophone mais Camerounais. Nous sommes tous Camerounais quelles que soient nos origines Peul, Haoussa, Bantou, Semi-bantou ; peu importe mon appartenance linguistique. Notre Unité est d’abord linguistique car nombreux sont des Camerounais maitrisant les deux langues. Au lieu qu’elle soit une faiblesse, cette riche culture linguistique constitue une force, un atout qui devrait favoriser notre éclosion sur la scène internationale.

Nous le savons, la présence étrangère marquée par la colonisation allemande (protectorat) puis française et anglaise par le biais des systèmes de mandat et de tutelle n’a été qu’un pan intermédiaire changeant le cours de notre identité culturelle, linguistique, sociale et sentimentale.

Chers compatriotes, nous devons concrétiser notre intégrité et notre identité, gages d’un développement endogène et promoteur. Les dérapages observés au cours de ces événements sont une menace pour la paix de notre entité mais aussi une compromission à notre paix intérieure. Alors, il est temps pour nous d’effectuer ensemble un dépassement des particularités, de la conscience tribale pour la conscience nationale, patriotique, creuset d’une communauté politique et sociale prospère. Nous devons être fiers de notre diversité plurisectorielle et en faire une arme consolidatrice contre toute attaque extérieure et n’oublions pas les nouveaux défis que nous pose notre émergence.

Chers compatriotes,
Nous vous invitons à accepter le dialogue. Nous sommes convaincus que les pouvoirs publics prendront des mesures à la hauteur de la nature des réclamations.

Nous appelons à la fin des violences multiformes ayant alimenté les manifestations. Et nous appelons le gouvernement à la promotion d’un dialogue inclusif ; solution par excellence pour la consolidation de l’unité nationale.

Merci de votre attention et surtout de votre bonne compréhension.

Fait à Nairobi le 20 décembre 2016
(e ) Cédrick Moukoko Penda
Président de la Cameroon Diaspora Kenya

Cédrick Moukoko Penda, photo d’illustration
Droits réservés)/n

Violences à Bamenda: «les auteurs seront confrontés aux rigueurs de la loi»

Le ministre camerounais de la Communication s’est exprimé ainsi à la suite des heurts entre les forces de l’Ordre et des manifestants venus empêcher, jeudi, un meeting du RDPC dans la ville

Le porte-parole du gouvernement a passé en revue, les tristes événements qui ont eu lieu dans cette région du Nord-Ouest du Cameroun ces derniers jours. Voici l’intégralité du propos liminaire du ministre de la Communication lors de son point de presse le samedi 10 décembre 2016 à Yaoundé:

Mesdames, Messieurs les journalistes,
Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à l’occasion de cet échange auquel je vous ai conviés, afin que nous nous entretenions sur une actualité majeure de la vie de notre nation.

Mesdames, Messieurs les journalistes,
Au moment où le monde entier témoigne au Cameroun sa totale admiration et son émerveillement pour la paix, l’unité et la concorde qui caractérisent notre peuple et règnent dans notre pays, fruits d’un consensus et d’un plébiscite accordés au chef de l’État, Son Excellence Paul Biya ;

Au moment où la communauté internationale reconnaît le sérieux et salue le professionnalisme, la bravoure, le sens de l’honneur et du devoir de nos Forces de défense et de sécurité actuellement déployées dans la région de l’Extrême-nord pour combattre et éradiquer définitivement les adeptes de l’obscurantisme que sont les membres de Boko Haram, mais aussi pour ramener le calme et la sérénité au sein de nos populations qui y vivent, défendre et préserver l’intégrité de notre territoire national ;

Alors même que depuis l’offensive contre cette bande criminelle, plus de 1 500 civils et militaires ont perdu la vie, tués par balles, égorgés, décapités ou mutilés ;

Alors que nos populations dans les zones touchées par cette guerre sans merci, sont complètement démunies et dépourvues de tout en matière de services les plus élémentaires auxquels ils ont pourtant droit en tant que citoyens à part entière de notre pays, privées qu’elles sont des dividendes qu’elles sont en droit de tirer d’une économie et d’un tourisme particulièrement florissants, mais qui depuis ces dernières années, sont au ralenti, si elles ne sont pas carrément inexistantes ;

Alors que notre pays, malgré ces temps difficiles qu’il traverse heureusement avec dignité et courage, vient d’administrer au monde entier, la preuve de sa capacité à relever des défis organisationnels et infrastructurels, comme cela a été le cas avec la récente CAN Féminine 2016 qu’a organisée le Cameroun avec maestria et brio ;

Les villes de Bamenda et de Buea, en proie depuis quelques semaines à des revendications et à des tensions, projettent contre toute attente et à la surprise générale, de tristes images de notre très cher et beau pays.

Ceux qui tentent ainsi d’imposer leur option pour la violence et le non-respect du droit, voudraient faire croire que certains de nos compatriotes seraient donc, du simple fait de notre héritage politico-culturel, frustrés, marginalisés, ostracisés.

Emportés par une surenchère démagogique et populiste, ces adeptes du désordre et de l’intolérance, poussent aujourd’hui le bouchon jusqu’à la remise en cause des acquis fondamentaux de notre République, tels que la paix, l’unité nationale et notre désir de vivre ensemble, coûte que coûte, vaille que vaille.

Les tenants de ces théories et les auteurs de tels actes, ainsi que leurs commanditaires, manifestement en total déphasage avec le principe fondateur de notre République qu’est notre Unité nationale, n’exigent rien moins que le retour au fédéralisme, qui, selon toutes indications, ne serait alors qu’un prétexte commode pour organiser le délitement de la nation, sorte d’anti-chambre de cette sécession qu’ils appellent en fait de tous leurs v ux.

Je voudrais, au nom du gouvernement, rappeler ici que le président de la République, Son Excellence Paul Biya, chef de l’État et chef des Armées, est le dépositaire de la Constitution – Loi fondamentale de notre pays – et de toutes les autres lois qui en découlent.

Dans la conduite du destin de la Nation que le peuple camerounais lui a souverainement confiée, le président de la République a fait du dialogue et de la tolérance son crédo et son leitmotiv.

C’est en cela qu’il est reconnu par tous comme l’architecte d’une politique inclusive et d’ouverture, véritable marque de fabrique de notre peuple et de notre nation.

Le chef de l’État n’a donc jamais et ne saurait jamais rester sourd et encore moins indifférent à la moindre des revendications exprimée par ses concitoyens, dès lors que celle-ci tire sa légitimité ou trouve son fondement dans les lois et les valeurs de la République.

C’est donc tout naturellement qu’en réponse aux revendications jugées légitimes et fondées, formulées tout d’abord par les Avocats exerçant dans les régions d’expression anglaise de notre pays, puis par les syndicats d’enseignants dans ces mêmes régions, le Gouvernement, sur les Très Hautes Instructions du chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, a ouvert un dialogue avec les représentants de ces différents corps professionnels ; dialogue qui s’est avéré à la fois opportun et fructueux, au regard de la batterie de mesures structurelles et financières qui ont été prises en urgence au terme des concertations avec les différents acteurs.

Ce faisant, il est inconcevable, voire impensable de croire un seul instant que du fait d’un héritage politico-culturel qui a formaté notre modèle sociétal, que du fait de cet héritage politico-culturel dont nous sommes tous au demeurant fiers, le président de la République en vienne à s’exonérer d’une mission régalienne que lui a confié le peuple souverain, à savoir, assurer la protection des biens et des personnes établis sur le territoire national, garantir l’ordre public et préserver les libertés fondamentales reconnues aux citoyens par la Constitution et les lois de la République.

On est donc en droit de se poser la question de savoir quelles sont les causes profondes de cette situation quasi- insurrectionnelle que la ville de Bamenda a connue dans la journée du 8 décembre dernier.
Mais avant cela, sans doute faudrait-il dire ici ce qui s’est réellement passé ce jour-là dans le chef-lieu de la Région du Nord-ouest.

Alors que dans la journée du 08 décembre 2016, des militants du Rdpc s’apprêtaient à prendre part à un meeting organisé par la section de la Mezam 1, sous la présidence de M. le secrétaire général du Comité central dudit parti, et en présence de Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement, la place des fêtes de la ville de Bamenda, au lieu-dit « Commercial Avenue » qui devait abriter ce meeting, a littéralement été prise d’assaut par une meute de contestataires armés de projectiles, de catapultes et de cocktails Molotov.

Ce meeting, faut-il le préciser, s’inscrivait dans une démarche de concertation pour laquelle les responsables de ce parti politique ont optée, afin d’inviter les uns et les autres à l’apaisement et de ramener le calme dans les villes de Buea et de Bamenda. Il intervenait donc après donc un autre du genre qui s’était tenu à Buea le 06 décembre 2016, cette fois-ci sans incident.

Tout avait pourtant été mis en place pour un déroulement harmonieux de la réunion publique de Bamenda, faut-il le préciser, était dûment autorisée par les autorités compétentes. Mais voilà que des individus surgis de nulle part, surexcités et agissant par groupes visiblement préparés et parfaitement organisés, ont commencé à perpétrer des actes de vandalisme et de guérilla urbaine sur la place de la cérémonie, avec pour objectif clair de perturber, voire d’empêcher le déroulement de cette réunion publique.

Dans leur folie destructrice, ces contestataires, devenus de véritables insurgés, ont alors entrepris d’ériger des barricades sur la voie publique afin d’entraver la circulation, d’incendier de nombreux véhicules, de brûler des pneus sur les chaussées, d’assiéger, puis de mettre à feu des bâtiments publics, y compris des établissements scolaires et des hôpitaux, prenant en otages élèves, patients et personnel médical, et d’agresser des personnes physiques.
Le bilan humain fait état de deux morts dans des circonstances qui restent encore à élucider ; quatre gendarmes et quatre policiers blessés, une jeune femme également blessée et partiellement brûlée, un cadre du Rdpc lui aussi grièvement blessé à la tête.

Quant au bilan matériel, il fait état de neuf véhicules détruits comprenant ceux du Commandant de Légion de Gendarmerie, du Commandant en second du B.R.I.M. ( Bataillon Rapide d’Infanterie Motorisée), du Sous-préfet de Bamenda 3ème, de la Camerounaise des Eaux, de la CAMPOST, des équipes spéciales d’intervention rapide de la police, ESIR, de la Gendarmerie nationale, ainsi que de deux véhicules personnels. Ont été pillés et incendiés, outre de nombreux commerces et autres kiosques urbains, deux édifices publics : le Commissariat de Police du 3ème Arrondissement et plusieurs pavillons de l’Hôpital Régional de Bamenda.

J’ajoute également que les contestataires ont hissé dans certains carrefours et sur les édifices publics vandalisés, des drapeaux de la Southern Cameroon National Council (SCNC). Face à cette situation, les Forces de maintien de l’ordre se sont déployées pour la sécurisation complète de la ville et de ses environs, procédant à l’interpellation de 58 personnes, dont 34 sont entre les mains de la Gendarmerie nationale, et 24 retenues par les Forces de police.
Dans le but d’éviter une confrontation entre les militants du Rdpc et les contestataires, la réunion publique initialement prévue au lieu-dit «Commercial Avenue», s’est finalement tenue dans un hôtel de la place.

Sur place, et afin de rétablir l’ordre public de manière durable, des mesures d’urgence ont été prises par les autorités administratives pour appréhender les casseurs, identifier et débusquer leurs commanditaires et leurs complices.

Il convient de relever que dans la gestion de cette situation, les Forces de sécurité se sont efficacement déployées, avec le souci constant de ramener la paix et l’ordre dans la ville de Bamenda et ses environs, en préservant les vies humaines – y compris celles des fauteurs de trouble – et en assurant la sécurité et la tranquillité des populations. À ces Forces de maintien de l’ordre qui se déploient avec courage, abnégation, patriotisme et sens du sacrifice, le chef de l’État adresse ses encouragements pour leur action en faveur du rétablissement de l’ordre public et de la sécurité.

Les manifestations violentes de ce 8 décembre à Bamenda interviennent alors que le Gouvernement, sur les Très Hautes Instructions du chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, poursuit ses efforts pour trouver les solutions appropriées aux problèmes soulevés, dès lors que ceux-ci ont été jugés légitimes et non contraires aux lois et valeurs de la République.

La persistance de ces actes de violence devient dès lors incompréhensible et cache mal les man uvres de quelques pêcheurs en eaux troubles, réfractaires au dialogue et à la concertation, tapis dans l’ombre, qui manipulent allègrement les populations et notamment les jeunes, pour des desseins inavoués.

Le Cameroun étant un État de droit, les auteurs des destructions des biens publics et privés, ainsi que leurs complices, doivent savoir que, tout en restant disposé au dialogue et à la concertation, le Gouvernement de la République entend remplir pleinement ses missions de protection des populations et de leurs biens, de leur liberté d’aller et de venir, mais aussi de celle de travailler, sans oublier la préservation du droit à l’éducation et à l’instruction de nos enfants.
Aussi, les auteurs des actes de vandalisme de ce 8 décembre à Bamenda doivent savoir qu’ils se seront confrontés aux rigueurs de la loi et recevront le cas échéant le juste châtiment mérité pour les forfaitures pour lesquelles leur culpabilité aura été établie.

Je voudrais aussi, au nom du Gouvernement, appeler nos jeunes compatriotes, en proie aux illusions que leur vendent les commanditaires de ces violences, à plus de vigilance et de lucidité, pour qu’ils ne se laissent jamais entraîner dans ces voies qui sont celles de la perdition et de la destruction d’eux-mêmes.

À ceux-là qui entreprennent d’utiliser les avantages de communication qu’offrent les médias sociaux pour désinformer les opinions publiques, dénaturer les faits et inciter à la haine, au désordre et à la violence, le gouvernement adresse une mise en garde ferme, à savoir que l’État mettra tout en uvre par ses propres moyens et grâce à l’assistance de ses pays amis, pour les traquer, les débusquer, les arrêter et les renvoyer devant nos tribunaux.

À la suite du chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, j’invite donc nos jeunes compatriotes à cultiver, à l’instar de notre équipe nationale féminine de football, Vice-championne d’Afrique, les valeurs d’ardeur au travail, de solidarité, de patriotisme, qui sont les seuls gages de résultats positifs, et de solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés et dont la résolution est au centre des préoccupations du gouvernement.

Au nom du gouvernement, j’invite les laborieuses populations de la ville de Bamenda et des autres villes de la région du Nord-ouest à l’apaisement, et les encourage à vaquer à leurs occupations en évitant de succomber aux discours de la division.

Pour sa part, le gouvernement continuera de tout mettre en uvre, dans le strict respect des lois de la République, pour préserver l’ordre public et assurer à tous les citoyens la protection qu’ils sont en droit d’attendre des pouvoirs publics pour l’exercice de leurs activités.

Aux familles de ceux de nos compatriotes qui ont trouvé la mort au cours de ces tristes événements, le président de la République, Son Excellence Paul Biya, adresse ses condoléances les plus attristées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Issa Tchiroma Bakary, photo d’illustration
Droits réservés)/n

Burkina: le RSP et les loyalistes signent un accord d’apaisement

L’accord a été signé dans la nuit de mardi à mercredi au palais du Mogho Naba. Le RSP accepte d’être cantonné dans sa caserne et les loyalistes de reculer de 50 km autour de la capitale

Au palais du Mogho Naba, roi des Mossis, les loyalistes et un officier du RSP ont signé un accord d’apaisement dans la nuit de mardi à mercredi. Le RSP accepte d’être cantonné dans sa caserne et les loyalistes de reculer de 50 km autour de la capitale. Les loyalistes n’ont néanmoins pas obtenu le désarmement du RSP comme ils le souhaitaient. Un peu plus tôt dans la soirée, le général Diendéré assurait que Michel Kafando serait «remis en selle» dès mercredi.

Un accord a été signé vers 22 h à Ouagadougou entre les forces loyalistes et les putschistes du Régiment de sécurité présidentielle. C’est un accord d’apaisement qui prévoit que le RSP du général Diendéré restera cantonné dans sa caserne tandis que les forces loyalistes reculeront d’une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Les hommes du RSP abandonneront tous les postes de contrôle qu’ils détiennent en ville. Le document ne fait pas cas du désarmement, mais il précise que le point sur le matériel sera fait au moins 72 heures après le cantonnement. Les forces loyalistes souhaitaient désarmer le RSP, mais devront se contenter de cela. Un autre point de l’accord s’engage à veiller à la sécurité des hommes du général Gilbert Diendéré et leurs familles.

Cet accord permet d’éviter l’affrontement, alors que les chefs d’Etat de la Cédéao sont attendus ce mercredi matin dans la capitale burkinabè pour une deuxième mission de médiation. Le texte a été paraphé solennellement devant le Mogho Naba, roi des Mossis et autorité morale au Burkina Faso. Il a été signé par le commandant Abdoulaziz Korogho, chef de corps par intérim du RSP, et quatre officiers envoyés par l’état-major. Les négociations avaient tout pour réussir en théorie, car les deux parties se connaissent bien. Certains des chefs de corps loyalistes qui avaient pris l’initiative de cette marche sur Ouagadougou sont de la même promotion que ceux du RSP.

Faire la paix devant la plus haute autorité morale
Un peu plus tôt dans la soirée de mardi, le général putschiste Gilbert Diendéré avait affirmé que le président de la transition Michel Kafando serait «remis en selle» dès mercredi. [i «Kafando, c’est déjà acté, avait-il déclaré. Les chefs d’Etat [de la Cédéao] arrivent demain pour le remettre en selle. Théoriquement, c’est moi qui vais les accueillir demain, et Kafando les raccompagnera après.»] C’est après cela, vers 21 h, que le Mogho Naba a reçu en son palais désert et sombre une petite délégation de militaires. Les cinq hommes en kaki écouteront religieusement le roi des Mossis prôner la paix et la réconciliation. Faire la paix devant lui permet ainsi de donner davantage de poids à ce geste.

Cet accord marque un pas important vers l’apaisement. Mais on est loin des revendications formulées il y a 48 heures par les loyalistes. Le texte succède à une guerre de déclarations musclées qui avait fait monter la tension mardi à Ouagadougou. Dans la nuit de lundi à mardi ainsi que mardi matin, les colonnes militaires en provenance de garnisons de provinces s’étaient positionnées dans Ouagadougou et notamment dans des casernes du centre-ville. Des positionnements qui n’ont donné lieu à aucun affrontement direct, mais selon le général Diendéré lui-même, des tirs d’assaillants non identifiés ont tout de même fait un mort et un blessé dans ses rangs.

Dans la matinée de mardi, le général Diendéré recevait la presse au palais présidentiel de Kosyam pour expliquer qu’il ne souhaitait pas que le sang burkinabè coule, qu’il ne comptait pas attaquer mais qu’il se défendrait en cas d’attaque. Gilbert Diendéré avait également indiqué que le dialogue se poursuivait avec ses adversaires militaires sur certains points litigieux comme le désarmement du RSP ou bien l’impunité. Dans l’après-midi, des mouvements de troupes ont eu lieu à Ouagadougou, notamment du RSP qui a conforté ses positions, notamment dans la zone Ouaga 2000, c’est-à-dire près du palais de Kosyam et de l’hôtel Laico où doit se réunir mercredi la délégation de la Cédéao

Au palais du Mogho Naba (au centre en tenue civile), les loyalistes et un officier du RSP signent un accord d’apaisement dans mardi 22 septembre 2015.
Droits réservés)/n