Le cubisme ou l’art bantou: rétablir la vérité

Par Michel Lobé Etamé, journaliste

Le monde des arts organise une exposition somptueuse au Grand Palais à Paris du 7 octobre 2015 au 28 février 2016. C’est une occasion de fêter l’art contemporain et de rendre un vibrant hommage à Pablo Picasso, chantre du cubisme.

Cette exposition met aussi en valeur d’autres peintres contemporains tels que Hockney, Johns, Lichtenstein, Kippenberger, Basquiat ou Jeff Koons. Les amateurs du pinceau pourront y admirer des uvres qui vont passer à la postérité, telles que Les Demoiselles d’Avignon et Guernica de Pablo Picasso.

Le XXème siècle met en lumière l’ uvre prolifique de Picasso et le cubisme, cet art nouveau qui a très vite obtenu ses lettres de noblesse. Mais, que savons-nous de l’origine du cubisme? Sa paternité a été octroyée à Pablo Picasso. Il serait pourtant juste de rétablir la vérité.

« L’art nègre » qu’on exposait alors pour la première fois au grand public en 1907 au Musée d’ethnologie du Trocadéro à Paris a vu défiler de nombreux personnages parmi lesquels Pablo Picasso, sur les conseils d’André Derain, peintre français et un des fondateurs du fauvisme. André Derain a été fasciné au cours d’un voyage à Londres, au British Museum, où il a découvert les « masques nègres ». Il en a parlé à Picasso et ce dernier n’y a pas accordé tout de suite un intérêt particulier. Il faut dire qu’à l’époque, seuls les récits des colons et des explorateurs évoquaient les uvres africaines considérées comme des objets de curiosité pour amuser la foule.

Mais plus tard, Picasso avouera avoir compris le sens de la peinture face à « l’art nègre », terme que les linguistes ont donné à cette uvre prolifique, riche et variée. Il était ébloui par les formes cubiques jusqu’ici ignorées des statuettes. Au cours d’un voyage à Marseille en 1912 avec le sculpteur Georges Braque, il achète plusieurs objets « nègres », dont un masque Wobé provenant de Côte d’Ivoire qui avait la particularité de jouer sur l’inversion des volumes. Picasso s’en servira pour plusieurs uvres cubistes. C’est à partir de là que Picasso ne cessera de puiser à la source africaine pour développer ses créations, selon son ami Pierre Daix, un écrivain engagé.

Naissance du cubisme
Inspiré par les masques bantous, Picasso va très vite reproduire ces derniers sur la toile. Un acte qui peut être considéré aujourd’hui devant la loi de supercherie et d’atteinte au droit à la propriété. Le résultat est très encourageant et la critique va trouver dans ce nouveau mouvement artistique un nom adapté. La critique, très friande de nouveauté et d’exotisme s’empressa de baptiser cet art le cubisme. Ce mouvement draina des peintres tels que Georges Braque, Fernand Léger, Henri Le Fauconnier ou Robert Delaunay.

Pablo Picasso, malgré son uvre prolifique et reconnue à l’époque devra beaucoup au cubisme où les intellectuels de l’époque tels que Jean-Paul Sartre y verront une révolution artistique majeure.
Le cubisme n’a pas révélé Picasso, mais il en a fait un des plus grands peintres contemporains. Il n’est que l’expression des masques bantous reproduits au pinceau sur des toiles.

La presse de l’époque s’est empressée d’étouffer ces origines, évoquant à demi-mots des expérimentations ponctuelles à partir de l’observation de quelques pièces africaines qui n’ont pas modifié profondément la manière de peindre de Pablo Picasso. Dans les cercles de réflexion occidentale, une question revenait de manière récurrente : La sculpture nègre est-elle un art?

Cette sémantique n’était basée ni sur une théorie déductive, ni sur une vérité. Elle reposait sur une logique de l’époque dont le but recherché était de déconstruire tout ce dont le monde noir pouvait réclamer la paternité. L’art africain ou l’art nègre était tout simplement l’art.

Le cubisme n’a pas été inventé par Picasso dont nous reconnaissons le génie. Il a existé avant lui. Il est une vieille tradition artistique bantoue qui a été popularisée dans toute l’Afrique noire. Cette reconnaissance a le mérite de rétablir la vérité et de donner enfin sa vraie place à l’art africain très souvent sous-estimée et méprisée.

Michel Lobé Etamé.
Journalducameroun.com)/n

Association: «Eding Esswo’o» appelle au rassemblement des leurs en Europe

A travers cette action, le peuple «Essawo’o», grande famille Bantou, entend contribuer au développement culturel, éducatif, sanitaire et social des leurs au Cameroun

Le Peuple Essawo’o est une grande famille Bantou que l’on retrouve au Cameroun au Gabon et en Guinée équatoriale, dans les groupes Boulou et Fang.

La grandeur et l’importance de leur chefferie a été manifestée il n’y a pas si longtemps au comice agropastoral d’Ebolowa, quand leur roi Sa Majesté René Désiré Effa a été choisi et délégué par les chefs traditionnels du sud du pays afin de remettre au chef d’Etat Paul Biya, les attributs et les pouvoirs traditionnel du «Nnome Ngui».

Selon la présidente du groupement, Jacqueline Bonnet, cette association a été officialisée à Orange le 24 mai 2014, après plusieurs rencontres informelles. «Un adage de chez nous dit que ce sont les femmes qui élèvent la famille, le village et la nation. C’est pourquoi, pour le moment, l’écrasante majorité est féminine. Nous nous sommes dit qu’ayant le privilège d’être et de vivre en Europe, il était normal que les nôtres au pays, puissent jouir de notre contribution pour des choses pratiques que nous pouvons faire ensemble, argumente-elle.

Les objectifs de «Eding Esswo’o» sont clairs. Pour Jacqueline Bonnet, il est question de «réunir tous les ressortissants de la grande famille Essawo’o d’Europe, de développer l’entraide et la solidarité entre ses membres et d’autres associations et contribuer au développement culturel, éducatif, sanitaire et social des nôtres au Cameroun».

L’association fonctionne sous la responsabilité d’un bureau exécutif. Pour devenir membre, il faut être «membre actif en étant enfant petit enfant, parenté conjoint d’essawo’o. Les membres d’honneurs et les sympathisants sont les bienvenus», précise Jacqueline Bonnet, qui, à l’occasion, lance un appel: «à toutes les personnes qui veulent se joindre à nous, nous avons besoin de leur présence, leurs idées leurs soutiens pour les réalisations que nous commençons à mettre en marche.

Les femmes de l’association «Eding Esswo’o» en Europe.
Esswo’o)/n