Agriculture de seconde génération au Cameroun: l’Epab sur les rails

Créé en 1962 par le gouvernement sous financement du Fonds européen pour le développement, l’Ecole pratique d’agriculture de Binguela entend accompagner les jeunes dans leurs projets

Axe Yaoundé-Ngoumou. Sur la route qui mène à l’Ecole pratique d’agriculture de Binguela (Epad), On l’aperçoit au loin. Un domaine de 124 hectares extensible. Une « mine d’or » dans un environnement ouvert à l’agriculture et meublé par la nature. Tout peut y être cultivé. Des fruits aux légumes. Des plantes aux tubercules. Depuis le haut, il faut descendre jusqu’à 200 mètres pour accéder au parc à bois.

Créé en 1962 par le gouvernement camerounais sous financement du Fonds européen pour le développement (FED), l’Epab renaît de ses cendres. Après une période d’inaction, qui a duré quelques années, l’Etat a entrepris en 2006 la relance des activités de l’institution, « à travers une réhabilitation progressive et une allocation annuelle des ressources de fonctionnement », lit-on sur la fiche de présentation de l’Epab.

En raison de l’apport de la structure dans le processus d’appui à la mise en uvre d’une agriculture de seconde génération au Cameroun, le cadre de travail y a été amélioré et le matériel rendu disponible.

Pour assurer la formation des acteurs du domaine agrosylvopastoral, veiller à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes qu’elle forme, accompagner la création et la gestion des entreprises agrosylvopastorales et assurer le transfert des technologies dans ce domaine, l’Epad est structuré. Deux dortoirs d’une capacité totale de 112 places, quatre cases d’astreinte pour le personnel, 70 bâtiments de production d’une capacité de 300m2 chacune, une porcherie de 45 loges, deux unités de fabrication d’aliments pour bétail disposant de quatre tonnes par heure, une adduction d’eau de service et deux générateurs électriques de relais, sont construits à l’intérieur de l’Ecole. Sans le bloc administratif, l’infirmerie et le restaurant.

Répartis dans trois salles de classes (une quinzaine par salle), les apprenants (ouvriers ou exploitants) bénéficient généralement d’une formation en théorie (30%) et en pratique (70%). Plusieurs offres à leur portée, notamment : la formation en productions animales (élevage conventionnel de poulets, poisson, porcs, ruminants ; ou non conventionnel d’aulacodes, cochons, dindes, lapins, .) ; en productions végétales (cultures maraîchères, vivrières et de rente) ; en conservation et transformation (fabrication des aliments pour bétail, conservation et transformation des produits végétaux, production de compost, de biogaz et de bio fertilisants) ; en machinisme agricole (mécanisme agricole, conduite des engins et utilisation des attelages, maintenance des engins agricoles et leurs installations) ; en entreprenariat agricole ou agro-business. Le secteur le plus prisé étant l’élevage du poulet de chair, nous révèle Flore Edith Mgba, employé au centre d’incubation de l’Epab.

A travers ce programme, l’Ecole affiche quatre objectifs principaux : booster la production et la productivité des activités agrosylvopastorales ; contribuer à la création d’emplois dans le secteur ; favoriser le transfert d’innovations et de technologies nécessaires à l’émergence de l’agriculture camerounaise ; et faciliter le rajeunissement de la main d’ uvre agricole. D’où la mise en place d’un Centre des métiers du bois (CMB), d’une ferme d’application et de production agrosylvopastorale (Fapa), d’un centre de formation professionnelle agrosylvopastorale (CFPA) et d’un Centre d’incubation et d’assistance aux entreprises agrosylvopastorales. Selon Flore Edith Mgba, ce dernier centre a pour mission « d’accompagner les jeunes à la maturation de leurs projets ». Ce qui passe par « la vérification des informations contenues dans le dossier des candidats à la formation, le renforcement des capacités, la recherche de financement et le suivi des apprenants ». Une tâche à laquelle s’attèlent 13 formateurs parfois assistés d’accompagnateurs.


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L’expertise israélienne à l’Ecole pratique d’agriculture de Binguela

En grande quantité, deux variétés de greffons destinées à la culture des mangues ont été apportées à l’Epab jeudi, 29 septembre 2016, pour être expérimentées en terre camerounaise

Le Kent et le Kit. Deux variétés de greffons venues d’Israël, spécifiquement adaptées aux manguiers. Pour la première fois, elles vont être expérimentées au Cameroun, à travers l’Ecole pratique d’agriculture de Binguela (Epab). Binguela. à 32 kilomètres de Yaoundé, la cité capitale. Une équipe d’experts israéliens s’y est rendue dans la matinée du jeudi 29 septembre 2016. Dans leurs bagages, plus de 600 greffons destinés à l’amélioration de la production des mangues. Pour un premier test en terre camerounaise, l’Epab a été choisi comme site en raison de sa contribution dans le processus d’appui à la mise en place d’une agriculture de seconde génération dans le pays.

Bon poids, bon goût, rendement élevé. Ce sont là les caractéristiques du Kent, première variété présentée ce jeudi par l’Israélienne Timna Shoer, formatrice en greffage, par ailleurs ingénieur agronome dans son Etat. La deuxième, le Kit, est également réputée pour sa capacité à produire de gros fruits d’un meilleur goût en quantité considérable. Les mangues formées à partir de cette variété murissent avec beaucoup de chair autour d’un petit noyau, sans fibre. Ces données ont été communiquées par Timna Shoer au cours d’un atelier technique organisé au germoir de l’Epab à l’intention d’une dizaine de formateurs et d’apprenants inscrits à l’Ecole.

Un exercice qui, selon le directeur de l’établissement, Roland Amougou Etogo, vise un objectif économique. « C’est par rapport à l’exigence de notre environnement et la qualité du marché qu’on introduit certaines espèces de plantes pour avoir des fruits sucrés ou salés, gros, moyens ou petits, de belle couleur ou avec un meilleur rendement », a-t-il expliqué. « Si vous voulez vendre, il faut produire des fruits de bonne qualité », a renchéri l’ingénieur israélienne. D’où l’utilité des greffons Kent et Kit pour le cas des manguiers.

Les plants pour l’adaptation, le greffon pour la qualité
Avant de pratiquer un greffage, il faut examiner l’environnement, les conditions du sol, la capacité en eau pour produire des fruits de bonne qualité. Etudes dont les résultats ont rendu l’Ecole de Binguela éligible pour cette autre expérience. Une démonstration pratique du chercheur israélien Ramromishe, également formateur en greffage, a permis aux locataires de l’Etablissement agricole de s’imprégner de la technique d’utilisation du Kent et du Kit. Pour l’un ou l’autre greffon, la méthode est la même.

Embobiner le greffon avec un emballage biodégradable pour éviter que l’air ou tout autre chose ne pénètre, racler une extrémité à l’aide d’un couteau adapté, fendre le bout du plant en deux, insérer le greffon au beau milieu et les relier par un turban enroulé tout autour pour ne faire qu’un : c’est par ces étapes qu’il faut passer pour réussir son greffage.

Tous les formateurs de l’Epab sont passés à la pratique jeudi, avec plus de 600 greffons à implanter. Transportés depuis Israël et « mis dans un endroit frais entre 4 et 6°, ils ont au préalable subi les contrôles nécessaires pour éviter toute transportation de maladie ou infection au Cameroun », a assuré Timna Shoer. Après le greffage, s’en suivra l’implantation. Mais avant, observation !

Les experts israéliens Timna Shoer et Ramromishe expliquent la technique de greffage à Binguela, jeudi 29 septembre 2016.
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Des greffons pour une commercialisation optimale
Pour le directeur de l’Ecole pratique d’agriculture de Binguela, la venue de ce matériel végétal soulève deux attentes principales. Notamment, la finalisation d’un parc à bois et un transfert de compétence. « Le plus important c’est qu’on sache greffer au Cameroun et qu’il y ait un parc à bois pour conserver les plants (la semence)… Binguela sera un point de diffusion du matériel végétal. Donc tout le monde pourra prélever chez nous pour aller répliquer ailleurs, y compris l’Etat qui est propriétaire de cette école », a argumenté le directeur de l’Epab, Roland Amougou Etogo.

Autre élément essentiel qui fait la particularité du Kent et du Kit, c’est que les manguiers sur lesquels les greffages réussiront pourront produire des fruits à tout moment. Une pratique qui vient résoudre le problème de contre-saison pour ce fruit, « très prisé » au Cameroun. Et générer d’avantage de bénéfices pour les agriculteurs et commerçants sur le marché.

Des formateurs et apprenants attentifs au cours de l’atelier sur le greffage.
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Une unité de transformation du bois bientôt à Binguela

Elle sera construite dès l’année prochaine par une entreprise Belge qui a signé mardi dernier la convention de partenariat y afférente avec la Chambre d’agriculture du Cameroun

L’entreprise Tropical wood trade (Twt) compte mettre sur pied trois projets à Binguela située à une trentaine de kilomètres de Yaoundé. Il s’agit d’un centre technique des métiers du bois, une unité de transformation de bois et une menuiserie de production industrielle, pour un montant de six milliards de F. A cet effet, une convention a été signée, mardi 14 avril 2015 à Yaoundé, entre la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Elevage et des forêts (Capef) et l’entreprise belge Twt.

Les travaux seront réalisés en trois phases, indique les deux associés de Twt, Michel Bouchet et Freddy Smets.

La première étape va consister en l’aménagement du site de Binguela pour la construction de l’unité de transformation du bois. La seconde partie du projet portera sur l’ouverture du Centre technique des métiers du bois à l’Ecole pratique d’agriculture de Binguela (Epab). Et, la troisième et dernière étape sera la réalisation d’une usine de menuiserie industrielle. «Cette usine va aider à la construction des maisons modulaires et modulables en bois massif», souligne Michel Bouchet, cité dans le quotidien national. Il ajoute, par ailleurs, que ces maisons dont tous les compartiments seront réalisés à 95% à partir du bois, seront ensuite destinées aux privés ou à des instances de développement d’habitation sociale.

Le délai de réalisation de ces trois projets va s’étendre sur trois ans. «les premiers hangars de l’unité de transformation seront construits vers le milieu de l’année prochaine», précisent les partenaires. Mais pour ce qui est des équipements, ils seront là dès décembre 2015.

Pour Dupont Thomas Obiegni, maire de la commune de Ndikinimeki et président des Associations des communes forestières du Cameroun, ce projet permettra non seulement la transformation locale du bois, mais aussi l’équipement sur le plan technique. Sur le plan local, il favorisera la création de richesses et d’emplois pour les jeunes.


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