Cameroun/Décapage de la peau: le gouvernement donne 48h à Carine Mongoue pour retirer l’affiche « mettez-les à vos pieds »

Le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi a décidé, le 22 octobre, de la suspension de l’affiche de la marque Carimo sujette à polémique depuis plusieurs jours dans les chaumières et réseaux sociaux

Une affiche scandaleuse (photo). Présentant une dame à la peau décapée majestueusement installée sur un fauteuil se faisant désirer par des hommes et femmes à la mélanine intacte (peau noire). L’affiche nourrit les débats depuis plusieurs jours au Cameroun .

Par un communiqué publié ce 22 octobre 2020, le ministre de la Communication suspend ladite publicité. Se référant à la loi du 29 décembre 2006, dont l’un des articles interdit toute propagande à caractère  discriminatoire, portant atteinte à la race.

« A l’observation, l’affiche publicitaire au centre de cette campagne comporte des jugements de valeur sur les personnes, fondées sur la couleur de leur peau et susceptibles par conséquent de porter atteinte à leur dignité. Par ailleurs, les messages référentiels qui s’en dégagent suggèrent des atteintes à l’éthique et à la morale publique », justifie René Emmanuel Sadi.

La promotrice de la marque des produits de beauté Carimo – Carine Mongoue – a « un délai de 48 heures » pour retirer toutes les affiches de cette campagne publicitaire « illicite et outrageante », selon le communiqué du gouvernement.

La décision de René Emmanuel Sadi remet sur la table la problématique du respect de loi sur la publicité. Dans un contexte d’anarchie, marqué par le phénomène des publicités mensongères et de promotion des produits nocifs, notamment pour la santé.

Cameroun : la ville de Douala, « capitale » de la dépigmentation de la peau

Selon la Société camerounaise de dermatologie (Socaderm),  27,8% de la population du chef-lieu de la région du Littoral fait recours à des produits décapants.

Une étude de la Société camerounaise de dermatologie (Socaderm), dont le quotidien le Messager a obtenu copie, rend compte de l’ampleur du phénomène de la dépigmentation de la peau au Cameroun.

L’étude faite sur un échantillon de 10 000 hommes et femmes âgés entre 15 à 50 ans établi que Douala dans la région du Littoral, est la ville du Cameroun où beaucoup de personnes n’assument par leur mélanine.

L’étude revèle à ce propos que 27,8% des habitants de la capitale économique sont adeptes de la dépigmentation, vulgairement appelé « Njansan ». Le chef-lieu de la région du Littoral est suivi par les villes de Kumba dans le sud-Ouest (24,1%), Yaoundé-région du Centre (19,6%), Kribi dans le Sud (11,1%) et Bangangté à l’Ouest (10,3%).

L’édition de ce jour du quotidien Le Messager donne la parole au sociologue Joseph Biolo qui explique que les adeptes de la dépigmentation sont mus par une volonté de suivisme. «L’imitation consiste à recourir à cette pratique pour s’apparenter à leurs roches ou autres personnes de leur entourage possédant une peau claire en ce sens que, après avoir vu la couleur claire de certaines, elles  veulent leur ressembler».

Les dermatologues pour leur part condamnent cette pratique, déplorant que les praticiens  fragilisent  leur peau, favorisent l’apparition des vergetures, le développement du cancer de la peau etc.