Au Cameroun, l’absence de salles nuit à la promotion des films locaux

Le marché de la diffusion des films camerounais est sans distributeur camerounais. La dernière salle de cinéma a fermé en 2009 au Cameroun. Seule la ville de Yaoundé est dotée d’une salle de cinéma, située en plein campus universitaire, les films n’y sont pas projetés.

Il n’y a aucune salle de cinéma ouverte au public au Cameroun. Celles qui existaient ont fermé. Et depuis lors, les films camerounais font du porte à porte.

Ils sont soutenus par une structure locale, « Cinéma numérique ambulant « , qui a primé quatre œuvres cinématographiques camerounaises, plébiscitées lors des projections publiques.

C’est sous les ovations d’un maigre public, invité à assister au lancement de la Semaine du film européen, que le directeur artistique de la fiction camerounaise « Etat civil » a reçu son prix du jour, des mains du chef de la mission de l’Union européenne au Cameroun, dans la petite salle de projection de l’Institut français de Yaoundé.

Le prix du jour est un appareil photo numérique. Une récompense de l’association « Cinéma numérique ambulant » créée en 2012 au Cameroun. Elle projette dans les villages et quartiers du Cameroun des films et documentaires camerounais, récoltant au passage l’avis du public. Entre 2015 et 2016, le public camerounais a plébiscité un documentaire et trois fictions.

Parmi elles, « Etat civil « , de Cyril Masso. Il s’agit d’un véritable plaidoyer pour l’enregistrement, dès la naissance, des enfants dans les registres d’état civil au Cameroun.

« Cinéma numérique ambulant  » a fait connaître cette fiction au grand public. Tout comme les trois autres productions camerounaises récompensées au cours de la même cérémonie.

Pas de salle de cinéma et censure au Cameroun

«Il y a de très bons films camerounais que le public local n’a jamais regardé, parce qu’ils ne sont pas accessibles. Avec la création de Cinéma numérique ambulant, nous apportons ces films vers les Camerounais ordinaires», explique Stéphanie Dongmo, présidente de l’association au Cameroun.

Elle présente avec fierté le bilan de l’initiative qui a vu le jour au lendemain de la fermeture des salles de cinéma par leurs propriétaires qui tournaient à perte, tant à Yaoundé qu’à Douala.

«Depuis 2012, nous avons diffusés jusqu’ici presque 300 films, nous avons fait près de 700 projections cinématographiques devant plus de 250.000 personnes sur l’ensemble du territoire camerounais.»

Mais au fond, le problème de diffusion des films camerounais au Cameroun dépasse largement le cadre de l’inexistence des salles de cinéma.

«Il y a trop de restrictions administratives dans la diffusion des films camerounais sur le territoire national. Il faut avoir un visa d’exploitation. Le gouvernement camerounais est aussi regardant sur les thèmes abordés par les films. Ceux contre le régime en place ne peuvent pas être diffusés. Ce qui altère, la liberté de création des cinéastes», déplore Olivier Frank Ndemba, directeur du festival des courts-métrages dénommé « Yaoundé tout court « , qui en sera à sa troisième édition en novembre prochain.

Manque de formation et mauvaise qualité des productions.

À cela s’ajoutent les pesanteurs techniques et financières qui plombent la diffusion des films camerounais.

«Nous avons un réel problème de formation des techniciens du cinéma au Cameroun. Nous n’en avons presque pas. Ce qui rend nos productions de faible qualité sur le marché concurrentiel. En plus, les pouvoirs publics ne financent pas le cinéma comme il convient», note Blaise Pascal Tanguy, un jeune réalisateur camerounais qui réside en France.

Son documentaire sur les médias de la rue au Cameroun a été projeté dans 53 localités du pays grâce à « Cinéma numérique ambulant« .

Le marché de la diffusion des films camerounais est sans distributeur camerounais. La dernière salle de cinéma a fermé en 2009 au Cameroun.

Désormais, pour faire connaître leurs oeuvres au grand public, les réalisateurs camerounais se tournent par exemple vers l’Institut français de Yaoundé.

«Évidemment, nous sommes disposés à projeter les films camerounais. Certains réalisateurs viennent me soumettre leurs films. Si le thème est pertinent, si la qualité de la production l’est aussi, le film est accepté, Comme c’est le cas avec les autres films africains», explique Laure Dominguel, animatrice culturelle à l’Institut français du Cameroun.

L’horizon s’annonce encore plus obscur dans la diffusion des films camerounais au Cameroun, le gouvernement n’ayant pas en vue de construire de sitôt des salles de cinéma. Celles qui existent appartiennent à un grand groupe français, propriétaire d’une chaîne de télévision satellitaire. La salle de cinéma inaugurée en grande pompe n’est toujours pas opérationnelle.

Cameroun: ouverture du concours de film «Binga Talent» 2016

Pour participer, les projets de films devront être déposés au Goethe-Institut de Yaoundé avant le 20 juin, dans une enveloppe scellée portant la mention

En marge de la 7e édition du festival de films «Mis me binga», l’association Mis me binga en partenariat avec le Goethe Institut et l’association des dames de l’image au Cameroun (ADAMIC) organise un concours de projets de documentaire en direction des femmes Camerounaises sur le thème de « Femme et Autonomisation ».

L’appel à candidature pour participer au «Binga talent 2016» est ouvert. Les candidates sont invitées à déposer leurs projets de films au Goethe Institut avant le 20 juin. Les scénarios doivent être rédigés en cinq pages maximum avec la police de caractère Times new roman 12 et être accompagnés du résumé du film et d’une fiche de participation dûment remplie.

Ledit concours qui se tiendra du 20 au 25 juin 2016, a pour objectif d’encourager les femmes à s’impliquer davantage au développement de la société et à une plus grande autonomie. Trois prix sont proposés aux participantes, notamment le meilleur film de fiction, le meilleur film documentaire et le prix du jury.

Le «Binga talent» se déroule en deux phases, d’abord le jury sélectionne les deux meilleurs scénarios, qui auront, pour cette année, bien développer les sujets liés à la stabilité familiale, la cohésion sociale et la gestion des ménages. Vient ensuite la phase finale.

[i «La phase finale consistera quant à elle en la réalisation desdits projets. Chacun des deux projets retenus est développé sous la supervision d’un professionnel. Un kit complet de tournage et une équipe sont mis à la disposition de l’équipe de chaque projet. Les films produits sont la propriété de Mis me binga, indique le communiqué parvenu à notre rédaction.

«Le 1er prix du concours consiste en un stage professionnel en Allemagne offert par le Goethe-Institut. Le deuxième en une somme symbolique de 100 000 F CFA», indique le même communiqué.


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