La France très critiquée pour son « intervention » dans les élections gabonaises

On ignore encore les résultats officiels des élections au Gabon et le Parti socialiste proclame déjà la victoire de son poulain. La FranceAfrique a encore de beaux jours devant elle

Alors que les résultats des élections présidentielles gabonaises devaient être proclamés mardi soir, suite aux décomptes finaux de la CENAP, une polémique prend de l’ampleur en France et en Afrique.

Alors que la loi interdit toute proclamation anticipée des résultats et que les institutions internationales appellent à la réserve et à la patience, dès dimanche, un communiqué du Parti socialiste français a pris fait et cause pour le candidat Jean Ping et pour le départ du président sortant.

De nombreux médias français ont également relayé les proclamations illégales de victoire de l’opposition et même ses menaces en cas d’annonce de résultats contraires à ses v ux, rappelant ainsi le fameux « On gagne ou on gagne ! » des militants du Front patriotique ivoirien.

Ces interventions, qui réveillent de vieilles douleurs, suscitent une vive polémique, tant au Gabon qu’en France ou en Afrique : Une « intervention scandaleuse et délirante dans les affaires intérieures du Gabon » pour le journal L’Union (Libreville), « La France se comporte toujours comme une puissance coloniale en Afrique » pour Slate, « La presse d’opposition exulte ! » Pour Ouest-France, « Une polémique dont se seraient bien passés les Gabonais, à quelques heures de l’annonce fatidique du nom du vainqueur », pour Maliweb, etc.

« Les résultats de l’élection présidentielle seront proclamés par le Ministre de l’Intérieur, après la réunion de la CENAP qui débutera ce jour à 19:00. Tout autre prétendu résultat diffusé avant, pendant ou après la proclamation officielle n’est que mensonge et violation de la loi. » Rappelle le Ministère gabonais de l’Intérieur.


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France-Afrique: protestation ouverte contre le renforcement du néocolonialisme

Par Shanda Tomne, Médiateur universel

Les bouleversements politiques en cours au Burkina Faso depuis le 29 octobre 2014, éclairent d’une lumière vive et même éblouissante, le traitement de républiques bananières que les dirigeants français réservent aux Etats Africains sous sa botte, et la considération d’esclaves qu’ils accordent à leurs citoyens et citoyennes.

En déclarant avec fierté, désinvolture, condescendance teintée d’arrogance qu’il a diligenté toutes les étapes de l’évincement et de la fuite de l’ancien président Blaise Compaoré, monsieur François Hollande n’a pas craint de faire injure aux Africains, et ne s’est nullement embarrassé d’éventuelles accusations de protection d’un criminel patenté et client certain de la cour pénale internationale.

La Commission constate que des siècles après la fin de l’esclavage, des décennies après les indépendances formelles des anciennes colonies concoctées sous la pression des pays socialistes au sein de l’ONU, la France garde toujours pour l’Afrique, une idée de terre de sauvages et de singes éternellement soumise à sa botte. Monsieur François Hollande a offert la preuve d’une politique étrangère et de coopération biaisée ou l’ignominie et l’hypocrisie discutent la prééminence au racisme, l’injure et le mensonge.

Blaise Compaoré est un criminel auteur de nombreux meurtres qui a ainsi été soustrait de la justice du peuple du Burkina, comme si quelqu’un avait empêché la France de juger le maréchal Pétain.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination proteste avec la plus grande véhémence, contre cette mentalité coloniale digne des pires méthodes du proxénétisme. On comprends dorénavant à travers cette conduite odieuse sans aucune pudeur diplomatique, que les traîtres à la patrie, les sanguinaires, les tueurs et les pilleurs des caisses publiques en Afrique, sont des alliés objectifs des Etats unis et de la France comme se plait à le marteler, une presse occidentale revenue aux discours, aux méthodes et aux calculs sordides de la guerre froide./.

Shanda Tomne
Journalducameroun.com)/n

Sommet Afrique-France: A quoi joue Nicolas Sarkozy ?

Ouvrant les travaux du sommet à Nice, le président français a mis en avant sa nouvelle vision des rapports avec l’Afrique

Changement de discours du président français
Alors qu’il offrait un diner de gala aux chefs d’Etats africains présents à Nice pour le sommet Afrique-France, le président français Nicolas Sarkozy a défini les nouveaux rapports qui le lieront avec ses « amis africains ». Permettez-moi de vous dire à tous que la France vous considère tous comme des amis, comme des partenaires, comme des hommes et des femmes d’expérience, a-t-il déclaré. Jusqu’au dernier sommet Afrique-France de Cannes (celui en 2007), la tradition était un dîner qui réunissait les seuls chefs d’Etat et gouvernement francophones, a-t-il rappelé précisant qu’à ses yeux cela n’avait pas de sens. Des propos qui ne peuvent cependant occulter le fait que tous ces chefs d’Etat francophones, sont invités du président Nicolas Sarkozy, à l’occasion de la fête nationale française, le 14 juillet prochain. Une fête qui exclura de fait les autres Etats. L’Afrique francophone sera réunie pour célébrer ses cinquante ans d’indépendance. A l’analyse on peut imaginer que le président français serait l’otage des réseaux d’affaires français en Afrique, dont les intérêts n’ont pas changé à la même vitesse que la volonté du président Sarkozy dans son projet africain initial. La France et l’Europe ont autant besoin de l’Afrique que l’Afrique a besoin de l’Europe et de la Francea déclaré Sarkozy dans son discours d’ouverture ce lundi 31 mai à Nice.

Un sommet qui pourrait à nouveau diviser l’Afrique
L’autre point de discussion critiqué est celui sur « la place de la gouvernance mondiale ». Au-delà du discours de Sarkozy qui justifie l’enjeu par le besoin de légitimité internationale, la France a à nouveau jeté en Afrique un nouvel objet de division. « Il est absolument anormal, a expliqué Sarkozy, que l’Afrique ne compte aucun membre permanent » au sein d’un Conseil de sécurité des Nations unies qui doit, à ses yeux, être réformé sans tarder. Au nom du consensus continental ébauché en 2005, les éminences africaines exigent deux sièges de membre permanent (MP) au sein dudit Conseil. De même, elles réclament au moins deux places supplémentaires parmi les membres non permanents (MNP), ce qui porterait le total à cinq. La France soutenue par l’Angleterre, défendent au contraire, une formule intermédiaire « d’élargissement progressif » c’est à dire allonger dans un premier temps significativement la durée du mandat des membres non permanents, sans pour autant leur accorder le droit de veto réservé pour l’heure au Cinq majeurs (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni). Puis d’octroyer au « berceau de l’humanité », un des deux fauteuils réclamés au conseil de sécurité. Une proposition qui a divisé les ministres des affaires étrangères lors des débats dimanche, la veille du sommet. D’un autre coté il se pose le problème de la personne qui représentera l’Afrique. L’Afrique du sud en tant que puissance économique revendique la légitimité de cette place. Mais il faudra compter avec l’Egypte, le Nigéria et même le Sénégal dont le président Wade nourrit de grandes ambitions.

Les chefs d’Etats et de gouvernements africains réunis autour de N. Sarkozy
L. Blevennec/Elysee.fr)/n

Aucun engagement fixe ne devrait sortir du sommet
Entre amis, dans une relation de confiance, on doit pouvoir parler de tout, sans fâcherie et sans gêne. Une relation partenariale. Il n’y a pas d’un côté des grands pays, de l’autre des petits, mais des partenaires qui ont des intérêts à défendre, des points de vue à faire valoir, sur la base d’une relation d’égalité et tournée vers le futur a déclaré le président français. Une des manifestations de cette innovation concerne l’ouverture de la rencontre à des acteurs non politiques. La présidence française a choisi cette année des opérateurs économiques. Quelque 230 dirigeants d’entreprises, 80 venus de France et 150 d’Afrique, ainsi que des syndicalistes, débattront de développement et de sujets comme la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, leur financement ou la formation professionnelle. Les conclusions de leurs travaux et leurs recommandations seront présentées aux chefs d’Etat et de gouvernement lors de la séance de clôture du sommet. Pour les experts, cela représente ni plus ni moins une forme de néocolonialisme. Il est difficile de parler de rapport économique décomplexés et partenariat solide tant que les réserves de change sont gardées au trésor de France, et la monnaie de la zone franc garantie par le même trésor. D’un autre coté il apparait clairement dans les statistiques des échanges, que la France est le premier fournisseur du Cameroun par exemple, mais n’en est que le quatrième acheteur. Un bilan très spécial pour un partenaire historique et privilégié. Les conclusions du sommet sont attendues ce mardi 1er juin 2010, mais de nombreux experts affirment déjà qu’il n’en sortira rien de concret.

Moment de gaieté à Nice
L. Blevennec/Elysee.fr)/n

Nice: Début ce 31 mai du sommet Afrique-France

Pour la France c’est le sommet de la rupture, de nombreux expert en doutent

Victoire des intérêts de la France sur la volonté de rupture de Nicolas Sarkozy
Aujourd’hui et demain se tient à Nice le 25e sommet France-Afrique. A l’exception de Madagascar, en pleine crise politique, et du Zimbabwe, dont le président Robert Mugabe est interdit de séjour dans l’Union européenne, tous les pays du continent y sont représentés, soit par leur chef d’Etat ou de gouvernement, soit par un ministre, voire un envoyé spécial. Le sommet devait se tenir en janvier à Charm el-Cheikh, en Egypte, mais l’insistance du Caire à inviter le président soudanais Omar El-Béchir, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l’humanité, a entraîné son report en France – où Béchir ne peut venir sans être arrêté – contrairement à l’usage qui veut une alternance entre la France et le continent. Dans ses nombreux discours, le président français Nicolas Sarkozy indiquaient clairement qu’il n’en voulait plus

D’abord, cette relation doit être plus transparente. Il nous faut la débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés.
Nicolas Sarkozy, président Français

Des experts affirment que les réseaux auraient eu le dessus sur la volonté de rupture du président français. De nombreux Présidents présents à ce sommet font l’objet de nombreux reproches. Longévité au pouvoir, démocratie relative, appauvrissement constant de la population. Pourtant il y a quelques évolutions. Le sommet au niveau de sa structuration a connu une évolution. Du temps de François Mitterrand ou Jacques Chirac, la veille du sommet, il y avait la tradition du dîner. Aujourd’hui, c’est terminé parce que le président français donne aujourd’hui la priorité aux pays africains qui pèsent sur la scène internationale et qui sont solvables. Deux rencontres ont été calées en priorité, un déjeuner avec le Sud-Africain Jacob Zuma aujourd’hui, et un tête-à-tête avec le Nigérian Goodluck Jonathan demain. Soit les deux géants économiques du continent. Le Président de la République française tiendra trois autres réunions à huis clos avec l’ensemble des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur les enjeux politiques majeurs du 21ème siècle : la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale (lundi 31 mai après-midi) ; renforcer ensemble la paix et la sécurité (lundi 31 mai après-midi) ; le climat et le développement (mardi 1er juin matin).

25 ans d’évolution
Le premier sommet entre la France et le continent est créé par la volonté de Georges Pompidou. L’enjeu principal, à cette date, est géopolitique : après la guerre israélo-arabe, il s’agit de participer, et de faire participer l’Afrique, à la construction de la paix autour du bassin méditerranéen. Parmi les plus importants il y a celui de 1990 à La Baule. Un sommet qui aura marqué un tournant dans la politique africaine de la France. Le lien entre démocratie et développement y est souligné. Le président François Mitterrand déclare que l’aide française sera plus «tiède» pour les régimes autoritaires, «enthousiaste» envers ceux qui s’ouvriront à la démocratie. 1994 à Biarritz, François Mitterrand critique les contraintes imposées par la Banque mondiale aux pays africains. Le sommet adopte le principe de la création d’une force interafricaine d’intervention. Tenue en novembre, cette rencontre intervient après deux événements majeurs en Afrique, la dévaluation du franc CFA et le génocide au Rwanda, donnant lieu à de violentes critiques quant au rôle de la France dans ces pays. Le 25e sommet Afrique-France se tient aujourd’hui et demain à Nice et s’ouvre pour la première fois aux chefs d’entreprises français et africains. Au menu, la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, mais aussi la négociation d’accords attendus en matière sociale, énergétique et environnementale. 80 entrepreneurs français et 150 entrepreneurs africains, venant de toutes les régions du continent, sont conviés à participer aux travaux, de même que des organisations syndicales.

Nicolas Sarkozy et quelques présidents africains
A. Arraou/Elysee.fr)/n

Des sans-papiers adressent un message aux chefs d’Etats africains

Ils demandent de ne pas signer les laissez-passer de leurs expulsions de France

L’appel prend la forme d’une marche Paris – Nice. En effet, l’on peut lire dans le journal l’Express que des sans-papiers vont participer du 1er au 31 mai à une marche Paris-Nice. A l’effet de demander aux chefs d’Etat africains de ne plus signer les laissez-passer permettant au gouvernement français d’expulser les immigrés en situation irrégulière. La marche, qui coïncide avec un sommet France-Afrique aura pour principaux slogans: hier colonisés, aujourd’hui exploités, demain régularisés ou encore gouvernements africains arrêtez de collaborer, gouvernement français, régularisez les sans-papiers, ont précisé les organisateurs réunis au sein du collectif ministère de la régularisation de tous les sans-papiers. L’appel vise aussi à dénoncer la conclusion avec Paris des accords sur la gestion des flux migratoires.

Conformément au «Pacte européen sur l’immigration et l’asile» adopté en 2008, la France a signé des accords sur l’immigration avec plusieurs pays: Bénin, Cameroun, Cap-Vert, Congo-Brazzaville, Gabon, Ile Maurice, Sénégal, Tunisie. Ces chefs d’Etats sont la cause de nos malheurs. Ils savent ce que nous subissons au pays et pourquoi nous sommes là, a dénoncé un intervenant lors d’une conférence de presse.

Un autre a souligné que le durcissement des lois françaises depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence ne nous a pas empêchés d’arriver en France. Maintenant, battons-nous pour être régularisés, a-t-il exhorté. Si nous avons choisi de venir ici c’est parce que la France a d’abord fait l’émigration vers nos pays, a plaidé un troisième dans une allusion à la colonisation.

La manifestation «Paris-Nice à pied pour les sans-papiers» traversera dix villes: Melun, Auxerre, Dijon, Châlon-sur-Saône, Mâcon, Lyon, Valence, Avignon, Marseille, Cannes et Nice. Cette dernière ville accueillera le sommet Afrique-France (31 mai-1er juin), qui se tient l’année du 50e anniversaire de l’indépendance pour 14 anciennes colonies françaises (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo). Le président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a décliné l’invitation en invoquant une situation intérieure difficile.

Rassemblement à l’Hôtel de Ville à Paris, le 1 mars 2010, lors de la « Journée sans immigrés »
AFP)/n