L’icône de la mode sera conduit à sa dernière demeure le 04 décembre prochain
De nombreuses réunions se sont succédées entre ses collègues et sa famille pour parvenir à établir ce programme. Décédé le 11 Novembre dernier à l’hôpital Général de Douala, après de longs mois de lutte contre la maladie. Le programme des obsèques du styliste émérite a donc été rendu public lundi 15 novembre. C’était à l’issue de la deuxième réunion de l’Association des Mannequins Professionnels du Cameroun (AMPC).
Il prévoit:
Du mardi 30 novembre au jeudi 02 décembre
Veillées sans corps au domicile du défunt à Bonamoussadi, face gendarmerie.
Vendredi 03 décembre
Levée de corps à l’Hôpital Général de Douala
Messe de requiem à la Cathédrale Saint Pierre et Paul de Bonabibong
Transfert de la dépouille à son domicile au quartier Bonamoussadi
Samedi 04 décembre :
03h : Départ pour le village Banwa par Bafang
11h : Inhumation
Les accessoires vestimentaires sont d’ores et déjà disponibles à la boutique de son collègue John, sis à la rue Laborex, Akwa
« J’ai rencontré Jemann à la fin des années 80 au Cameroun, alors que je faisais mes premiers pas comme mannequin »
Le couturier Jemann, dont le décès laisse le monde de la mode camerounaise en deuil, faisait partie de cette première génération, une génération pionnière, de la mode africaine. Avec Madé Jong, Madame Gann, Patou Ayinaga, Blaz design, Chris Seydou, Loulou Gautry, Alphadi, Fatim Djim, Bamoundi, Pathé’O . Jemann s’était lancé dans la couture de manière audacieuse et courageuse à une époque où ces métiers n’étaient pas encore bien considérés, voire même situés aux bas de l’échelle par des mentalités conservatrices. Les stylistes africains d’aujourd’hui doivent remercier ces aînés qui ont permis que les professions de la mode soient de nos jours un peu mieux appréciées.
J’ai rencontré Jemann à la fin des années 80 au Cameroun, alors que je faisais mes premiers pas comme mannequin. Au cours de divers événements j’ai eu l’occasion de porter et de faire défiler ses créations masculines. Ensuite nous nous sommes plusieurs fois croisés à l’occasion de festivals de mode dans différents pays africains, cette fois en tant que « collègues » couturiers. Chaque fois j’appréciais sa simplicité, son élégance naturelle et sa personnalité calme et chaleureuse. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, c’était il y a environ un an et demi, à Paris, au fameux marché Saint Pierre. Au milieu des rouleaux de tissus, tout simplement, nous avions discuté de l’évolution de la mode, de la façon dont nos métiers se modifiaient, mais aussi de la politique de notre pays natal.
André Jemann connaissait très bien Paris puisqu’il y avait étudié la mode, à l’école des arts appliqués, avant de travailler pour des marques de prêt-à-porter françaises comme Rodier ou Ventilo. Il décidait en 1980 de mettre en pratique le savoir-faire qu’il avait acquis dans ces maisons au profit de son propre style en créant à Douala sa marque, Jemann. Cette marque deviendra ensuite très connue en Afrique, au delà du Cameroun, et sera couronnée de plusieurs prix et distinctions.
Au delà de son travail de couturier Jemann était passionné par l’idée de transmission : Il a ainsi lancé le concept « Afric Azimut », qui se voulait une vitrine pour promouvoir les jeunes créateurs africains, mais aussi les différents métiers et acteurs de la mode. Il a surtout fondé en 1994 le Jemann Institute of Fashion, école et organisme de formation qui permet encore aujourd’hui aux jeunes camerounais d’acquérir les techniques nécessaires aux diverses professions de la mode.
Il est triste de perdre un couturier comme Jemann ou d’autres, il est encore plus triste de perdre la mémoire de ces pionniers : il existe très peu de livres, et pas du tout de musées consacrés au travail de ces créateurs. Espérons que l’école de Jemann reste ouverte encore de nombreuses années pour perpétuer le souvenir de l’artiste qu’il était.
Il a finalement succombé à un cancer jeudi à Douala. Ses confrères sont ébranlés par cette disparition
Le milieu de la haute couture camerounaise voire africaine, est en deuil. André Jemann, créateur de mode est décédé jeudi, 11 novembre 2010 des suites de maladie à l’hôpital général de Douala. Dans les locaux de sa boutique au carrefour Paris Dancing à Akwa, l’atmosphère était lourde, même si les employés vaquaient normalement à leurs occupations. J’ai appris la nouvelle ce matin (jeudi), par un sms envoyé par son frère qui est mon ami. Je suis très attristé, mais il a fallu se reprendre rapidement pour continuer à servir la clientèle, affirme le gérant de la boutique. A cet instant là, difficile de connaître exactement la cause du décès du créateur de mode. Il a fallu que nous nous rendions au siège de son école de formation, le Jemann Institute of Fashion créé en 1994, pour être fixé. Alors que nous venions à peine d’arriver au sein de l’institut, le manager du styliste, Bertrand Feumetio, expert comptable arrivé quelques minutes seulement à Douala en provenance de Belgique, fait son entrée et son air indique clairement son incompréhension face à cette disparition de celui qu’il appelle son ami. Je viens à peine de débarquer, et c’est ce matin que j’appris le décès de mon ami Jemann, vraiment !!!. A la question de savoir de quoi souffrait exactement le styliste, tout le monde savait que Jemann souffrait d’un cancer depuis 2002. Il était sous chimiothérapie, ce que l’amenait très souvent à Paris en France, confie son manager. Du côté des élèves, ceux-ci sont également abattus par la disparition de leur directeur, mais continuent tout de même de s’activer derrière les tables et les machines.
Les stylistes ébranlés par la disparition de Jemann
Au sein du milieu de la mode, les confrères et amis de Jemann sont choqués. La nouvelle m’a franchement bouleversé, indique le créateur de mode John, qui a bien connu Jemann. Esterella quant à elle, est pratiquement au bord des larmes. C’est un très grand coup que l’Afrique a aujourd’hui, nous venons de perdre un monument de la haute couture africaine. Quand je parle de Jemann, je ne parle pas de la couture camerounaise, par ce qu’il est celui qui a vulgarisé la mode africaine et surtout camerounaise, dit-elle. Le temps d’étouffer un sanglot, elle continue, la mode était dans l’ombre quand Jemann a pris les rênes après Mme Ngann. J’ai pour souvenir un grand homme, parce que, quand il a lancé le concept Afric Azimut, je faisais mes premiers pas dans la mode, il m’a dit : petite s ur vient, allons faire ça. Il faut qu’on montre au monde, comment les choses se passent ailleurs. Je suis très émue parce que sur le premier plateau de cet évènement, il y’avait Alphadi, Olga O, Jemann et il y’avait Esterella, évoque-t-elle avec émotion. La disparition de Jemann survient au moment où son école de formation s’apprêtait à fêter la sortie de sa 15ème promotion le 26 novembre prochain à Douala. De même, le styliste était annoncé pour la prochaine édition du festival de mode « Afric Collection » en février 2011. Jemann laisse un grand vide qui sera difficile de combler, déclare son manager Bertrand Feumetio.