Procès de Laurent Gbagbo: vendredi noir à la Haye

Par Patrice Ngassam

Le procès Laurent Gbagbo à la cour pénale Internationale située à la Haye s’est ouvert le 28 Janvier 2016. Ceci étant l’épilogue de la longue et grave crise qu’a connu la Côte d’Ivoire depuis le 19 Septembre 2002 et qui s’est achevée le 11 avril 2011 avec l’arrestation de Laurent Gbagbo puis son transfèrement 7 mois plus tard à la prison de Scheveningen à la Haye pour jugement par la CPI.

Depuis le décès du président Felix Houphouët Boigny en décembre 1993, la Côte d’Ivoire a connu plusieurs crises: la bataille de succession, la conception et mise en pratique de l’Ivoirité, le père noël, la refondation, la rébellion, la crise post-électorale et le procès Laurent Gbagbo. Le 9 septembre 2016, j’ai décidé de prendre date avec l’histoire en allant à la Haye assister au procès de cet illustre Africain dont la fortune actuelle me rend peu fier pour dire le moins. Avant de relater comment j’ai vécu cette journée, je partagerai ma vision de la rébellion armée qu’a connue la Côte d’Ivoire, dans un deuxième temps le sentiment que m’inspire le procès actuel de Laurent Gbagbo et Blé Goudé à la CPI. Ces deux évènements ont l’hypocrisie pour dénominateur commun, rôle bien assumé par tous les acteurs internes et externes des différentes crises qu’a connues ce pays.

Au début de la décennie 90, le grabataire président Boigny fait face à une double crise politico-économique. Il est contraint, comme tous ses semblables Africains, par l’éternel maitre Français d’ouvrir le jeu politique dans son pays. L’élection présidentielle de 1990 face au fougueux et opposant historique Laurent Gbagbo lui porte un sérieux coup malgré le score officiel de près de 80% qui est le sien.

Davantage fragilisé par la crise économique qui secoue son pays, c’est une fois de plus la mort dans l’âme qu’il fait appel à l’économiste Alassane Ouattara comme premier ministre pour l’aider à implémenter les impopulaires et draconiennes mesures économiques dictées par le FMI. Vu l’âge très avancé du président, les pleins pouvoirs (nominations aux emplois civils et militaires par exemple) octroyés au premier ministre passent très mal dans le camp du successeur constitutionnel. Très rapidement, il est rappelé au tout puissant premier ministre ses origines étrangères ! Houphouët Boigny meurt dans un climat délétère en décembre 1993, Ouattara perd sa bataille de succession face à Bédié. S’en suivra une « justice » de vainqueurs qui aboutira au développement et la mise en pratique de la théorie de l’Ivoirité (ou Ivoiritude) : « Les Chemins de ma vie » est à Bédié ce que « Mein Kampf » était à Hitler.

Avec les mauvaises définitions et identification de l’Ivoirien ainsi théorisées, les acteurs politiques Ivoiriens l’utiliseront soit comme moyen de conservation du pouvoir (Bédié, Guéi, Gbagbo) soit comme moyen d’accession au pouvoir (Ouattara). Pour les tenants de l’Ivoirité, auquel j’associe Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara est l’infamant étranger qu’il faudrait absolument et définitivement éloigner du jeu politique interne sous prétexte de nationalité douteuse même si on lui concède le fait d’avoir une mère Ivoirienne et d’être Mossi !

L’interminable et absurde débat constitutionnel en 2000 sur le «et » ou le « ou », auquel a pris part une fois de plus Laurent Gbagbo est l’ultime victoire du camp « Ivoirien ». C’est donc logiquement que la candidature de Ouattara a la présidentielle organisée sous Guéi la même année sera rejetée. Sans que l’article 35 de la constitution ne soit applicable aux candidats à la députation, la candidature d’Ouattara aux élections législatives organisées sous Gbagbo sera également rejetée en Décembre 2000. Il n’en fallait pas plus a Ouattara pour jouer la carte de l’Ivoirité à son tour en témoin tous les ressortissants du Nord de la Côte d’Ivoire sous le thème : « on ne veut pas de moi comme président parce que je suis Mossi et musulman ! ». Cette polarisation croissante du débat politique Ivoirien atteint son apogée avec les évènements du 19 septembre 2002 avec toutes les conséquences que nous connaissons.

J’ai trahi plus haut le fond de ma pensée sur le rôle joué par le l’historien-président qu’a été Laurent Gbagbo dans la crise la plus grave de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Konan Bédié dans son ouvrage, parlant de l’Ivoirité identifie l’Ivoirien de la manière suivante : « lorsque nous avons voulu trouver une formule qui évoque la synthèse culturelle entre les ethnies habitant la Côte d’Ivoire, nous nous sommes référés à la géographie et nous avons forgé l’« ivoirité» qui souligne la qualité de ce qui est ivoirien, au sens culturel et identitaire. »

Mon principal reproche à Gbagbo durant la crise Ivoirienne est d’avoir accepté cette définition de l’Ivoirien en la détachant du contexte historique ayant abouti à la création de la Côte d’Ivoire. Accepter cette définition c’est donner raison à quelqu’un de méprisable qui avait proclamé haut et fort que « l’homme Africain n’est suffisamment pas entré dans l’histoire » si on entend par homme Africain ceux de l’Afrique se réclamant Ivoiriens, Sénégalais, Camerounais, Tchadiens, Gabonais. bref tous ceux d’Afrique qui n’ont pour identité que celle qui leur a été attribuée par la colonisation et non celle de leurs lointains et pharaoniques aïeux. La colonisation est un fait à intégrer dans notre identité et non pas l’intégralité de notre identité. Le camarade historien Gbagbo le sait très bien, mais par hypocrisie purement politique s’est laissé emporter par le concept asservissant de l’Ivoirite. Sanctifier la Côte d’Ivoire revient à sanctifier la colonisation.

Je trouve antinomique de rejeter la France tout en proclamant son amour pour la Côte d’Ivoire qui est un héritage historique dont la création échappe à tous les peuples la constituant. Sans renier ce passé, il est bon et utile pour l’Afrique que les peuples la constituant en fasse quelque chose qui échappe à ceux qui l’ont initialement crée. Il est urgent de rejeter l’immobilisme destructeur en adoptant des comportements et idées nouveaux pour « entrer dans l’histoire ». Ceci passe par la redéfinition de l’Ivoirité qui nous aurait évité toutes les crises que ce pays a connues. Cette redéfinition est ma vision du panafricanisme : « Est Ivoirien, tout Africain dont l’ethnie existe en Côte d’Ivoire ».

Concrètement, cela revient à dire que tout Mossi est Ivoirien, tout Akan est Ivoirien, tout Krou est Ivoirien. Pour l’illustrer dans le contexte Camerounais, tout Fang-Béti est Camerounais, tout Peuhl est Camerounais par exemple.

Cette définition simple et réaliste de la notion de nationalité a plusieurs mérites :
1. La Côte d’Ivoire n’est plus ce bout de territoire de 322 465Km2 d’Afrique de l’Ouest tel que conçu par le colon, mais potentiellement 1 500 000 km2 en fonction de l’étendue territoriale des différentes ethnies existant en Côte d’Ivoire.

2. Si le caractère expansif des états actuels est admis, l’article 4-b des statuts de l’Union Africaine devient donc caduc, d’une Afrique de 54étatséconomiquement, politiquement et culturellement inexistants nous nous retrouverons avec une dizaine d’états stables avec de réels éléments de puissance.

3. La nouvelle Côte d’Ivoire se serait appuyé sur la France pour se créer un pays totalement nouveau, elle cessera de lui être « redevable » et ce sera in-fine l’arrêt de mort de la Françafrique.

4. La fraternité au sens étymologique du terme retrouvera toute ses lettres de noblesse en Afrique. Lorsque Simone Tchinah, Baoulé de Toumodi appellera Ouattara Bakary de Kaouara (Côte d’Ivoire) son frère, elle fera de même pour Ouattara Bakary de Niangoloko (Burkina Faso) sans hypocrisie. Ainsi tous peuvent prétendre être président en Côte d’Ivoire sans que ça ne passe par une guerre civile.

Pour avoir utilisé le concept d’Ivoirité dans sa connotation politique pour écarter un homme du jeu politique, Laurent Gbagbo a tendu une perche à la future rébellion Ivoirienne, c’est la raison principale pour laquelle j’ai milité pour son départ du pouvoir. Un autre élément qui a joué contre lui à mes yeux en Décembre 2010 est le doute qui a été introduit dans les résultats de la présidentielle de la même année. Ceci tient davantage d’une position de principe que de l’analyse des faits. En Afrique où les présidents sortants gagnent toujours les élections, s’il y a doute dans une élection, je prends parti pour le candidat de l’opposition.

Pour coller à l’actualité il est de bon ton pour moi que Jean Ping soit vainqueur de la présidentielle Gabonaise. Le rejet de la politique Française en Afrique par les couches populaires font que le label « Panafricain » soit facilement décerné au premier venu à qui la France dit non. La France joue bien de cette obsession vaseuse pour continuer à faire avancer ses intérêts et sa domination sur le continent. Si les candidats X et Y s’affrontent avec Y comme candidat préféré de la France, il suffit à cette dernière de dire publiquement qu’elle est pour X pour que Y soit le nouveau héro panafricain.

Le panafricanisme est devenu un concept galvaudé, un fourre-tout ou se trouve pêle-mêle les Bongo, Obiang, Deby, Gbagbo, Kadhafi et même . Compaoré (réincarné par Roch Kabore) pour ne citer que les plus illustres d’entre-deux. Dans les périodes pré-indépendance, tous ceux qui se battaient pour l’indépendance de leur pays et donc contre la France n’étaient pas tous des panafricanistes, ce sont les cas par exemple de Sékou Touré en Guinée-Conakry et Um Nyobe au Cameroun, où l’indépendance de leur pays était le but ultime de leur combat et non une étape transitoire vers la construction d’entités étatiques plus grandes que celles héritées de la colonisation.

Ce n’est pas la France qui confère le statut de panafricain comme on veut nous croire aujourd’hui mais plutôt l’ensemble de l’ uvre et idées développés par le postulant surtout avant son accession à la magistrature suprême de son pays. On a beau visité les discours de l’opposant puis du président Gbagbo, rien dans son projet politique ne le prédisposait à un destin de panafricaniste, même pas la symbolique levée de la carte de séjour imposée aux étrangers sous Alassane Ouattara. Il a usé de la ruse pour arriver et se maintenir au pouvoir, c’était sans compter sur le cynisme et machiavélisme d’Ouattara qui a finalement eu raison de lui.

L’arrestation de Gbagbo le 11 Avril 2011 sous les bombes et supervision de l’armée Française n’a pas été seulement humiliante pour Gbagbo et son entourage, elle fut méprisante, choquante et outrageante pour tous les peuples Africains aspirant à leur affranchissement de l’encombrante tutelle de la puissance colonisatrice. Ce ressentiment contre la France est allé grandissante avec l’assassinat du Guide Libyen le 20 octobre 2011 puis le transfèrement de Laurent Gbagbo a la CPI le 30 novembre 2011. A la lecture de la fiche d’information sur l’affaire « Le procureur c. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé », produite par le greffe de la CPI et mise à jour le 21 Janvier 2016, outre le rappel de chefs d’inculpation de meurtre, tentative de meurtre, viol, persécution et autres actes inhumains, de troublantes révélations y sont faites sur la condamnation certaine des accusés.

En effet, la Côte d’Ivoire n’ayant pas ratifié le traité de Rome, le bureau du procureur de la CPI a de sa propre initiative décidé d’ouvrir une enquête sur la Côte d’Ivoire selon la procédure proprio motu portant sur les crimes relevant de la compétence de la CPI qui aurait commis en Côte d’Ivoire à partir du 28 novembre 2010. Le procureur, pour s’autosaisir de la situation en Côte d’Ivoire, s’appuie, tenez-vous bien sur la déclaration d’acceptation de la compétence de la CPI faite par la présidence Ivoirienne les 14 décembre 2010 et 3 mai 2011 ! La déclaration faite le 14 décembre 2010 est signée par . Alassane Ouattara.

La cour en acceptant cette déclaration engageant la Côte d’Ivoire reconnait donc à Ouattara la qualité de président de Côte d’Ivoire à compter du 02 décembre 2010. Quand on sait que la désignation du vainqueur des élections présidentielles du 28 novembre 2010 est un enjeu stratégique pour la défense de Gbagbo, il y a de quoi être inquiet. Autre sujet d’inquiétude, c’est le caractère politiquement sélectif du bureau du procureur, ce n’est pas pour moi le lieu de revenir sur le reproche de a lui fait d’avoir l’Afrique pour raison d’être. La CPI est une juridiction permanente habilitée à juger les auteurs des crimes internationaux les plus graves selon la mission à elle confiée.

En parcourant le document rédigé par Benshea et disponible sur un lien référencé par le site internet de la CPI, http://iccforum.com/forum/africa, on y découvre qu’entre le 28 novembre 2010 et 23 Juin 2011 (moment où le procureur se saisi de la situation en Côte d’Ivoire) la Côte d’Ivoire se classe au 21e rang des pays prenant des civils pour cibles dans les conflits, sur ces 21 pays, seuls 4 sous investigation de la cour y compris la Côte d’Ivoire avec 378 cas de victimes civils. Qu’en est-il des 17 autres cas beaucoup plus graves ? Quand on accède au hall de la cour, toutes les photos illustratives des activités et missions de la cour sont Africaines, ceci n’est qu’un détail. Pour en finir avec ce chapitre sur la CPI, la Côte d’Ivoire est signataire du Statut de Rome depuis le 15 février 2013.

Le Cameroun est toujours en attente de ratification de ce traité (la CPI a besoin d’un mandat du Conseil de Sécurité pour investiguer une quelconque affaire ayant eu lieu au Cameroun, à moins que les auteurs de crimes allégués ne soient originaires d’un pays signataire du Statut de Rome. Dans un cas extrême le procureur peut, sur autorisation de la chambre, invoquer la procédure proprio motu pour ouvrir une enquête.)

Le vendredi 9 septembre 2016, mon périple commence dans la pénombre dans un hôtel Bruxellois. Au réveil à 5h30, je constate qu’il y a une panne électrique causant une absence d’éclairage dans toutes les chambres. Les réflexes développés dans mon enfance au Cameroun ont été d’une infinie utilité pour me préparer et prendre, tout de noir vêtu, dès 6h30 la direction de Scheveningen aux Pays-Bas, siège de la CPI. Aux environs de 9h00 j’accède au parking de la cour où je gare sans frais à l’espace réservé au personnel. C’est avec l’aide d’un employé rencontré au parking que j’arrive à retrouver l’entrée principale de la cour où après vérification de mon identité je franchis le premier poste de contrôle (similaire aux contrôles effectués dans les aéroports). Après 20 mètres de marche, je me retrouve au hall de la cour, je vais tout excité à la réception pour décliner l’objet de ma présence. La dame qui me reçoit me remet un document résumant de la conduite à suivre dans la salle de procès, m’indique où ranger tous les effets que j’ai amenés avec moi car dit-elle je ne peux garder sur moi que de quoi prendre les notes écrites.

L’audience du jour est prévue dans moins de 20 minutes dans la salle numéro 2 au cinquième étage. Avant de me séparer d’elle, je lui demande si j’ai tout au moins le droit de prendre des photos dans ce hall, elle répond oui mais à condition que seuls les drapeaux disposés au hall apparaissent en arrière-plan. Je m’exécute avec un selfie. Apres avoir rangé mes effets dans un des casiers du sous-sol de la cour, je me présente devant le deuxième et dernier poste de contrôle donnant accès aux ascenseurs. Le tenant du poste est un colosse noir comme en voit très souvent dans les séries Américaines, avec un regard ni accueillant ni hostile. Il fait son boulot. Je franchis sans difficulté ce contrôle de sécurité et tout d’un coup un sentiment de vide m’envahis, le corps en transe, je commence à voir floue. Je prends appui contre mur jouxtant l’entrée d’un ascenseur, je fais pendant une bonne minute de grandes inspirations/expirations, ma situation s’améliore, je fais appel à l’ascenseur et sélectionne 5 comme point de chute.

Quelques 30 secondes plus tard, me voilà en face de la fameuse galerie du public de la salle où aura lieu l’audition du témoin à charge Barthélémy Obiénéré Ouattara, cet officier de la gendarmerie nationale Ivoirienne, ancien commandant du camp de gendarmerie d’Abobo jusqu’au 7 Mars 2011, jour où il rejoint le camp Ouattara. Pour se rendre à l’hôtel du Golf, l’armée Française lui fera vêtir leur uniforme pour échapper à la vigilance des forces de sécurité tout au long du trajet séparant leur base du 43e BIMA à l’hôtel du Golf. Pour la petite histoire, Gbagbo et sa famille seront conduits dans la chambre que ce témoin occupait à l’hôtel du Golf le jour de leur arrestation le 11 Avril 2011. Il a dit dans ses auditions précédentes, n’avoir joué aucun rôle dans l’arrestation du président Gbagbo, n’avoir jamais été en contact ni connu des membres de la rébellion malgré le fait qu’un cousin a son épouse était membre très actif de la rébellion. Jusqu’à date, il attend toujours la promesse à lui faite après son ralliement à la rébellion : prendre la tête de la gendarmerie du port autonome d’Abidjan dès qu’ils seront venus à bout de Gbagbo.

Ainsi 5 minutes avant le début de l’audience du jour, je suis devant les portes d’accès à la galerie du public, seul devant l’agent de sécurité qui s’y trouve. Je me dis, comme d’habitude, mes frères Africains arriveront 30 minutes après le début des activités. Je m’avance tout sourire vers l’agent de sécurité et lui dis combien je suis heureux de pouvoir être si proche de Laurent Gbagbo mais triste pour le spectacle auquel j’assisterai. Douche froide, il m’annonce que l’audience prévue ce jour a été remis au 19 septembre ! En lieu et place, c’est plutôt au général déchu Rwandais Bosco Ntaganda que j’aurais comme alternative. Je n’arrive pas à dissimuler ma déception, j’entame un dialogue avec l’agent de sécurité de la cour avec qui j’arrive à faire quelques blagues. Je lui exprime ma peine de savoir Laurent Gbagbo en jugement dans ces lieux, après une envolée quasi-militante de ma part, il me reprend tout en sourire en faisant une similitude avec les Balkans où tous les prévenus Serbes bénéficiaient d’énormes soutiens convaincus de leur innocence malgré leur condamnation future par la cour. Ne m’attendant pas à une telle réplique, je reviens à la charge avec une question plus provocatrice : « Est-ce que les prévenus arrivent ici menottés ? » « Je ne peux répondre à cette question » répondît-il. J’ai bien apprécié le professionnalisme et la bienveillance de cet agent.

A 9h30 précise, les rideaux s’ouvrent, j’aperçois la salle d’audience qui m’est rendue familière grâce aux vidéos mis en ligne par la cour. Le décor sans les acteurs est exactement le même. Dans la salle d’une capacité d’accueil de 128 places, je prends place à la 1ere ligne, sur le même plan horizontal que le procureur, le plus près possible de la baie vitrée. Cette position me permet d’avoir vu sur le prévenu. Aux environs de 9h40, le greffier d’audience demande à tout le monde de se lever, annonce l’arrivée des juges qui font aussitôt leur entrée. 2e coup de théâtre, le prévenu du jour, Bosco Ntaganda est en grève.

Il refuse de participer aux audiences. Les juges ont décidé de procéder sans lui mais en exigeant la présence de son avocat. J’apprendrai plus tard qu’il est en grève de la faim pour protester des nouvelles mesures restrictives de communication prises contre lui par la cour. De sa position il essaierait apparemment d’influencer le témoignage de certains témoins appelés contre lui. Le témoin du jour est un pathologiste Norvégien ayant travaillé à l’Est de la république démocratique du Congo. Sa soporifique déposition est pratiquement sans intérêt pour moi, j’ai passé 2 heures dans la salle pour vivre l’ambiance qui règne lors des audiences de la cour, regarder longuement l’avocat de la défense (le prenant pour Me Altit pour qui j’ai beaucoup d’admiration) et découvrir les faits que les plans fixes des vidéos mis en ligne ne permettent pas de voir. De ma position, j’ai noté les faits suivants :
* Une Paolina Massidda (représentante légale des victimes au procès Gbagbo), très décontractée auprès du procureur menant l’interrogatoire du témoin du jour, faisant des clins d’ il à certaines personnes dans la salle.

* J’avais une belle vue sur tous les documents que le procureur utilisait, y compris ceux qui étaient annoncés comme confidentiels. Si je pouvais clairement voir les images et croquis, je ne pouvais néanmoins pas lire les annotations qui allaient avec.

* Impossible de voir celui qui témoigne si ce n’est sur un les écrans télé se trouvant dans la galerie. Le public est au 5eétage, la salle d’audience est en fait au 4eétage. Le témoin est en face des juges directement sous la verticale de l’espace réservé au public.

* Les traducteurs sont dans les baies vitrées, sur les côtés gauches et droites de la galerie du public mais complètement inaccessible.

* Dans un jour plus heureux, j’aurais eu vue sur Gbagbo mais impossible de voir Blé Goudé. De par son agencement, seules les parties occupées par les juges, l’équipe du procureur et l’équipe de défense de Gbagbo sont visibles. Blé Goudé et toute son équipe ainsi que l’équipe de la représentante légale des victimes sont complétement hors de vue.

* Il est interdit de dormir ou adoptée une position de sommeil dans la cour. Mon voisin de type Indien, la soixantaine entamée, s’est vu rappeler à l’ordre par l’agent de sécurité présent dans la salle. Il y veille particulièrement.

* Très large domination féminine parmi les différentes parties prenantes à l’audience du jour : l’équipe du procureur a 100%, l’équipe du greffe à 80%, les juges à 33%, l’équipe de la défense a 75%, dans le public a 60%(sur la vingtaine que nous étions à un moment).

* Je n’ai pas pu suivre l’audience en une autre langue que l’anglais, peut-être est-ce possible en français, le casque d’écoute que j’avais ne semblait en tout cas pas avoir cette option.

A 11h30, heure de la pause, je quitte la salle direction la prison où sont internes Gbagbo et Blé Goudé. Elle se trouve à moins de 2 minutes en voiture de la cour. Petit lot de consolation pour moi, devant le bâtiment de la cour, je fais la rencontre d’un diplomate Européen, c’est lui qui me prend en photo à l’entrée du bâtiment. Les 5 minutes de notre échange seront suffisantes pour convenir de nous revoir. Ce sera chose faite quelques jours plus tard dans un café Bruxellois où j’ai eu une belle leçon de géopolitique.

Rendu à la prison, je ne pouvais pas aller plus loin que le hall de la réception. J’ai eu un échange bref avec le garde pénitencier tenant de la guérite, cherchant la petite ouverture pouvant me permettre d’avoir un aperçu du quotidien des personnes qui y sont détenues. Rien ! J’ai été frappé par l’atmosphère très détendue qui règne a l’entrée, impossible de croire que derrière se trouvent les personnes les « plus dangereuses » de la terre. En cette période quasi-estivale, beaucoup d’hommes et femmes accèdent à la prison soit en culotte, soit mini-jupe, ils discutent et rient aux éclats. Des familles semblent y vivre. Je profite de cette ambiance pour approcher un homme s’apprêtant à entrer dans la prison, il cherche a savoir ce qui m’amène en ces lieux, je dis Gbagbo. Il rit, me dit avoir beaucoup entendu parler de lui. Sans pour autant rien me dire sur sa présence ou non dans la prison, encore moins ses conditions de détention.

J’ai passé 2 heures devant la prison, enviant ceux qui avaient le privilège d’y accéder, espérant rencontre un visiteur du président Gbagbo auprès de qui je pourrais avoir les nouvelles de ce dernier. Le constat fut le même qu’a la cour, c’est avec amertume que j’ai noté l’absence de mobilisation sur le terrain des Africains autour de Laurent Gbagbo. Si la flamme reste vive sur les réseaux sociaux, il serait intéressant de rendre visible cette mobilisation virtuelle sur le terrain.

En guise de conclusion, Laurent Gbagbo, étant arrivé au pouvoir en Côte d’Ivoire dans des conditions calamiteuses comme il le qualifie lui-même, a hérité d’une situation politique confligène qu’il a entretenue d’une certaine manière dans le but ultime de se maintenir au pouvoir. La France n’ayant jamais digéré son accession au pouvoir, a contribué à la formation de la rébellion qu’a connue le pays sous le fallacieux prétexte de l’Ivoirité. L’acharnement dont il est victime aujourd’hui à travers ce procès inique nous montre que ce n’était pas lui l’initiateur du plan commun dont a fait allusion à son procès, mais plutôt les tenants actuels du pouvoir en Côte d’Ivoire avec leurs complices de la « communauté internationale ». La Côte d’Ivoire est le seul pays au monde où l’ONU a fait partir le « perdant » sous les bombes, vu que la CPI est un démembrement de l’ONU, la CPI continue l’ uvre initiée par la France a savoir éliminer Gbagbo de la scène politique Ivoirienne.

Les 138 témoins de l’accusation ne visent qu’allonger le temps du procès (Au rythme de 20 témoins par an, le procès prendra fin en 2023) pour que si par miracle ce procès aboutit a un non-lieu, l’âge avance du prévenu le rend inoffensif. L’intérêt de ce procès réside dans les révélations qui nous sont faites, soit par l’équipe de défense de Gbagbo, soit par les différents témoins qui s’y sont passés à date. La main, trop visible de la France ne peut être dissimulée, l’absence de preuves à charge est criarde. Tout ce que le procureur et ses 17 témoins se contentent de nous dire c’est qu’ils ont entendu des coups de feu, ils ont vu des immondices, ils ont vu des personnes qui disent avoir perdu des proches. Personne n’a encore vu de morts, personne n’a encore vu les forces de Gbagbo tirer sur la foule. Je n’irai pas jusqu’à dire que Gbagbo, de par ses actes n’a pas causé la perte d’une seule vie en Côte d’Ivoire, mais je proclame haut et fort qu’il serait le dernier des dirigeants de ce monde à comparaitre à la CPI.


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Cameroun: le SDF lance une pétition pour la libération de Laurent Gbagbo

Ce parti d’opposition camerounais soutient qu’après un conflit entre deux personnes, où il y a eu des morts, on ne doit pas envoyer les gens d’un camp en prison et laisser les autres libres

Le « Social Democratic Front » (SDF), le principal parti de l’opposition camerounaise, a lancé ce week-end une pétition pour la libération de l’ex-président Laurent Gbagbo jugé à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité.

La pétition a été lancée lors d’une réunion de la direction nationale de ce parti, à Bamenda, dans le nord-est du Cameroun, en présence de son leader, John Fru Ndi.

Le SDF veut rassembler des signatures de soutien à Laurent Gbagbo.

Les signataires de la pétition exigent la libération de l’ex-président ivoirien emprisonné depuis 2011 à La Haye, aux Pays-Bas.

« Le SDF lance cet appel pour la libération d’un vrai fils d’Afrique. En l’absence de tous les acteurs responsables de la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire, toutes les décisions prises à La Haye n’auront aucune légitimité », a déclaré un porte-parole du parti de John Fru Ndi.

« Après un conflit entre deux personnes, où il y a eu des morts, on ne doit pas envoyer les gens d’un camp en prison et laisser libres ceux de l’autre camp », a-t-il ajouté.

Près de mille personnes ont signé la pétition une heure après son lancement, selon l’un des correspondants de BBC Afrique au Cameroun.

L’un des signataires affirme que la réconciliation en Côte d’Ivoire ne peut avoir lieu sans Laurent Gbagbo.

Emprisonné depuis 2011 à La Haye, M. Gbabgo est jugé par la CPI pour crimes contre l’humanité, des crimes qu’il est accusé d’avoir commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011 dans son pays.

C’est la deuxième pétition du genre après une vaste campagne lancée à Abidjan en juin par un groupe d’intellectuels et l’ancien Premier ministre togolais Koffi Goh.

L’ex président ivoirien, Laurent Gbagbo
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Calixte Beyala invite à signer une pétition pour libérer Gbagbo

Dans un message bref publié sur sa page Facebook, la romancière franco-camerounaise a lancé une pétition mercredi visant la libération de l’ancien président ivoirien

C’est en ces termes que la romancière française d’origine camerounaise, Calixte Beyala, a invité à signer une pétition pour la libération de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo incarcéré à la CPI : « Dix-huit ans. C’est le temps d’emprisonnement que la cour pénale a décidé d’infliger à Bemba. J’ignore ce qu’il a fait, mais je sais que cette cour injuste est une farce. Qu’elle n’existe que pour les Africains. Aussi, une grande vigilance s’impose pour la suite du procès du président Laurent Gbagbo. Wait an see. EN ATTENDANT, MERCI DE SIGNER LA PÉTITION POUR LA LIBÉRATION DE LAURENT GBAGBO ! »

Mercredi 22 juin 2016 a effectivement eu lieu le lancement de la pétition visant la libération du Président Gbagbo et du Ministre Charles Blé Goudé de la CPI. C’était à l’Hôtel Belle Côte de la Riviera Palmeraie. Les trois salles louées à cet effet ont refusé du monde tant elles étaient pleines à craquer. L’appel du patriarche de la littérature ivoirienne Bernard Dadié a été bien entendu car les Aboudramane Sangaré du Front Populaire Ivoirien (FPI), Mamadou Koulibaly (LIDER), Youan-Bi Angénor et Nogbou Hyacinthe du COJEP, et des citoyens anonymes se sont rués sur les documents pour apposer leurs signatures. Les bousculades et petits cafouillages observés pendant une vingtaine de minutes doivent être mis au compte du désir très prononcé des signataires de voir leur mentor Koudou Laurent Gbagbo rentrer en Côte d’Ivoire, sa terre natale.

Le journaliste et politologue Michel Galy, le canadien Bernard de Gagner, le Premier ministre Kofigoh du Togo, ont transmis des messages de soutien qui ont été lus au pupitre. Selon le décompte qui a été fait par Me Tra Zié, huissier de justice, deux heures après le démarrage de la cérémonie, 29 654 signatures ont été enregistrées. La signature de la pétition va durer trois mois, selon les organisateurs.

Un site internet a été conçu à cet effet et les internautes peuvent s’y rendre pour donner leur signature. www.pourgbagbo.com est la seule plateforme dédiée. Les partis politiques et la société civile ont reçu mandat de faire signer les documents donnés par leurs partisans.

Calixte Beyala.
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Procès de Laurent Gbagbo: la chronique d’un meurtre annoncé

Par Calixthe Beyala

Près de dix ans pour juger un homme. C’est beaucoup trop si nous tenons compte de l’espérance de vie d’un être humain.

En effet, après 5 ans d’emprisonnement, la CPI prétend qu’il lui faudrait un peu plus de quatre ans encore pour juger Laurent Gbagbo.

Il s’avère que cinq ans c’est déjà beaucoup. En cinq ans, cette cour a eu largement le temps d’instruire cette affaire. Elle ne l’a pas fait, manque de preuve sur la culpabilité de l’ancien chef d’État ivoirien.

Comment expliquer au monde qu’on puisse garder un homme en prison dix ans sans le juger ? Dans quel état mental et physique cette personne s’en sortira-t-elle ? Admettons qu’elle soit innocente comment faire pour lui rendre ces années perdues ?

C’est proprement scandaleux. C’est un meurtre social, physique et psychologique qui ne dit pas son nom. C’est une mise à mort à la manière de leurs frappes chirurgicales dont eux seuls ont le secret…

Non, il ne faut pas dix ans pour décider de la culpabilité ou de l’innocence d’un homme. C’est une farce… Un assassinat qui se refuse de porter son étiquette. C’est la chronique d’un meurtre annoncé.

Calixthe Beyala.
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Goodluck Jonathan n’est pas Paul Biya, n’est pas Laurent Gbagbo.

Par Itonde Diboua

« J’ai promis des élections libres et justes. J’ai tenu parole ». Le président Jonathan a également appelé ses partisans au calme. Il avait auparavant passé un coup de fil à son rival pour lui concéder, avec fair-play, sa défaite et le féliciter. Ce grand africain qui a par ailleurs émis le v u de la consolidation de l’héritage démocratique, vient ainsi de faire son entrée dans les annales glorieuses de la démocratie en Afrique. Son beau geste honore l’Afrique entière et constitue un bel exemple à imiter. N’en déplaise à un certain Jean Paul Pougala et à d’autres « panafricanistes » pour qui l’Afrique n’a pas besoin de démocratie.

Ce ne sont pourtant pas de beaux prétextes ni des moyens qui manquaient au président Jonathan pour tenter de conserver le pouvoir, causer le chaos et la mort de ses compatriotes. Le « panafricanisme » l’a tantôt présenté comme l’homme des USA, tantôt comme leur adversaire. Enfin, selon la dernière version « panafricaine » en date, il était le bras de la France et des occidentaux pour déstabiliser l’Afrique et sa première puissance économique.

Jonathan a coupé court aux faux bruits les plus fous du « panafricanisme ». S’il avait décidé de s’accrocher au pouvoir, n’aurions-nous pas entendu que « les ennemis de l’Afrique ont apporté la crise postélectorale dans le but de voler des ressources »? Comment ne pas célébrer ce geste républicain dans une Afrique où on rêve généralement de mourir au pouvoir? Quand on sait qu’au Cameroun, monsieur Biya refuse de lâcher un pouvoir perdu dans les urnes en 1992? Qui ne se souvient de ses ministres Joseph Owona, Kontchou et Moutomè brandissant la souveraineté du Cameroun à une certaine Francès Cook (ambassadeur des USA à Yaoundé)? Et dénonçant l’ingérence dans les affaires intérieures du Cameroun, avec à la clé un enseignement en règle de la « démocratie avancée » aux USA?

Il faut en Afrique condamner tous les mauvais exemples. Comment oublier l’emblématique coup de force électoral d’un certain Laurent Gbagbo qui aura réussi à piéger l’opinion africaine, en faisant monter en puissance, mieux que les autorités camerounaises, et en surjouant de la rhétorique anti-néocolonialiste: un discours de souveraineté digne de fanatiser des foules, voire de provoquer des entrées en transe.

«Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection. La date du nouveau scrutin est fixée par décret..». Telles étaient les dispositions de l’article 64 du code électoral ivoirien, accessibles même à un illettré. Pour discréditer un vote massif pro-Ouattara dans son fief (Nord), le Conseil constitutionnel partisan, invoqua des irrégularités (imaginaires) pour invalider ce vote dans 7 départements (soit quelques 600 mille voix). J’attends toujours de voir ce fameux jour où un candidat au pouvoir prendra le soin de faire écarter entièrement des régions qui lui sont favorables.

En décidant d’appliquer un droit « panafricain » et briquetérisé, le CC partisan est entré dans les annales sombres de la « Jurisprudence » administrative africaine. Pour lui, la reprise (partielle ou totale du scrutin référencée par la loi électorale) signifiait la proclamation directe du vainqueur (Gbagbo)… A moins que le CC n’ait choisi d’annuler, pour son simple plaisir, des votes sans aucune chance d’influencer le résultat d’ensemble qui, par la voix de la Commission électorale indépendante, donnait déjà Ouattara vainqueur (54,1% contre 45,9%). Si l’on estime que les irrégularités sont suffisamment graves au point de décider d’annuler le vote, on reprend le scrutin. Ne pas le faire implique que les irrégularités sont négligeables (comme il y en a dans presque toute élection) et donc dans ce cas, on n’invalide pas les résultats de la CEI…

En réalité, ayant compris que les véritables résultats confirmaient la solidité de l’alliance Bédié-Ouattara, et face à l’impossibilité du miracle de battre cette alliance, Gbagbo ne pouvait donc plus reprendre d’élection qui même reprise cent fois, serait de toute façon perdue. C’est ici que le « génie » du putschiste intervint pour lancer en l’air cette véritable entourloupette du recomptage des voix. Comme si son rival (qui dénonçait plutôt son hold-up: non reprise du scrutin, « victoire » et investiture précipitée) s’était plaint d’un mauvais comptage. Proposer un nouveau décompte implique que l’on pense avoir mal compté et surtout que le vote est serré et se joue à peu de voix… Gbagbo a agi tel un braqueur, qui après avoir mis les électeurs de son rival hors du champ de la citoyenneté et banni son fief électoral, veut se comporter en gentil garçon qui lui propose de recompter.

Pouvait-il en être autrement pour celui qui n’avait fait qu’exclure pendant sa campagne l’éventualité de quitter le pouvoir, avec son fameux slogan « On gagne ou on gagne »? C’est donc sans réelle surprise que les juristes ensorcelés du CC le créditeront de 51,45% des suffrages contre 48,55% à Ouattara. Je mets ici au défi le moindre « panafricain », leader camerounais ou africain d’aller dans tout pays africain où il serait « étranger » ou considéré comme « burkinabé » et d’y recueillir 48,55% de suffrages, et ceci à l’exclusion de son fief électoral.Sans parler d’une campagne essentiellement haineuse. Pas de place en Afrique pour des concepts nazis (Ivoirité). Pas de place pour un « panafricanisme » de la haine (contre des africains, burkinabé, maliens, etc). A moins de vouloir importer des asiatiques ou d’autres peuples pour bâtir son « panafricanisme »?

«Nous sommes allés trop loin. Satan nous a tous possédés». Voilà la confession en mai 2011 de Yao Dré, le fameux président du CC. Ils avaient tous perdu la tête.Voilà comment la sorcellerie s’est invitée dans une élection africaine pour s’emparer de juristes. Voilà sur quoi reposait l’état d’urgence. Voilà comment en Afrique on joue avec des massacres, des vies, le sang des innocents; et à quel prix (3000 morts!!!) on veut se maintenir au pouvoir. Voilà comment on devient aussi « héros ».Voilà sur quoi se fondent les mensonges « panafricains » d’Afrique Média et tous ces livres (des Charles Onana, Enoh Meyomesse, et consorts) qui garniront nos bibliothèques « panafricaines ».Voilà sur quoi s’appuient les campagnes d’une victoire imaginaire sur laquelle Gbagbo, Blé Goudé et Simone, etc. tentent de sauver leur peau devant la justice.Pauvre Afrique!!!

Plus jamais cela en Afrique! Il faut valoriser les bons exemples et rejeter tous les mauvais, à moins d’être allergique, immunisé contre la vérité ou pire, un peu déséquilibré.
On ne peut à la fois combattre Biya et soutenir Gbagbo. Il faut dissocier le combat pour l’alternance démocratique au Cameroun du combat pour un monde plus juste. Aucun prétexte n’est acceptable pour la confiscation du pouvoir. Car si ce n’est pas le peuple souverain qui décide, c’est la course au pouvoir (par la force armée ou autre etc.), qui décidera, et ceci pour le plus grand bien des marchands d’armes.On peut ignorer son camp réel. Il n’y a dans une dictature de jouissance que deux camps: celui du pouvoir qui exerce un droit de vie ou de mort, au nom de la « souveraineté » et celui des victimes de la « souveraineté ». Un insensé est toujours victime de ses propres croyances. Et ne tarde pas à le découvrir. La croyance aux « institutions souveraines » (par pur dogmatisme idiotique) ne protège pas contre ses foudres.

Aux camerounais de s’organiser pour donner une espérance, une alternative à leur pays. Car si les slogans avaient un impact sur les conditions des populations, on le saurait et notre jeunesse ne serait pas tournée vers l’étranger.pour tenter de fuir la mauvaise gouvernance. Ouattara n’a pas eu besoin de 5 ans pour instaurer la couverture maladie universelle. Au Cameroun, il faudra peut-être 50 ans au pouvoir. Arrêtons de nous distraire, de nous retarder avec nos seules préoccupations sur la France, l’Occident (c’est une autre affaire) pendant que d’autres peuples font avancer leur Histoire, honorent l’Afrique, et même donnent des leçons au monde.

Goodluck Jonathan, ancien président du Nigéria.
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Côte d’Ivoire: Le procès de Simone Gbgabo s’ouvre en sa présence

L’ex-Première dame a fait son entrée dans la salle d’audience vendredi à Abidjan, sous les applaudissements et les vivats du public

Le procès de l’ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo, accusée d’« atteinte à la sûreté de l’Etat » après les violences meurtrière post-électorales de 2010-2011, s’est ouvert de façon formelle vendredi à Abidjan en sa présence, a constaté l’AFP.

Mme Gbagbo, cheveux tressés, vêtue d’une robe en soie de couleur jaune, a fait son entrée dans la salle sous les applaudissements et les vivats du public. Elle est installée au premier rang dans le box des accusés aux côtés d’Affi N’Guessan, président du parti de Laurent Gbagbo et son dernier Premier ministre.

Surnommée la « Dame de fer », Mme Gbagbo, 65 ans, est inculpée, à l’instar de 82 dignitaires de l’ancien régime, par la justice ivoirienne pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », une accusation liée à la crise post-électorale meurtrière de 2010-2011, qui avait fait fait plus de 3.000 morts.

Initialement prévu en octobre, le procès de Simone Gbagbo avait été reporté sine die pour une recomposition nécessaire du jury, l’origine ethnique et régionale de certains de ses membres, proche de celle du président Alassane Ouattara, actuellement au pouvoir, pouvant causer des suspicions à l’heure du verdict.

L’absence de trois jurés a retardé la présentation de l’ordre du jour. Il a fallu séance tenante procéder à un tirage au sort pour les remplacer.

Simone Gbagbo était un pilier inébranlable du régime de son mari Laurent. Tout comme lui, elle est accusée par la CPI de « crimes contre l’humanité ». Mais Abidjan refuse son transfèrement.

En résidence surveillée depuis fin avril 2011 dans le nord de la Côte d’Ivoire, Mme Gbagbo a été ramenée le 1er décembre à Abidjan, où elle est désormais détenue dans une école militaire.

Son mari, l’ex-président Laurent Gbagbo est emprisonné depuis plus de trois ans à La Haye en attente de son procès pour « crimes contre l’humanité », qui doit s’ouvrir en juillet 2015. Le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite au scrutin présidentiel de décembre 2010 face à Alassane Ouattara, ou l’inverse, avait embrasé le pays.

Ce procès est le premier grand défi judiciaire de la Côte d’Ivoire post-crise.

Mais il suscite des critIques. La tenue de « ce procès est précipitée pour obtenir un premier décaissement de cinq millions d’euros promis par l’UE (Union européenne) dans un programme de réhabilitation de la justice ivoirienne », dénonce ainsi un avocat de la défense.

Simone Gbagbo
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Côte d’Ivoire: le gouvernement refuse de « politiser » le décès de la mère de Laurent Gbagbo

Marguerite Gado est décédée mercredi, trois jours après son retour du Ghana où elle s’était réfugiée au lendemain de la crise post-électorale

Le gouvernement ivoirien ne veut pas « politiser » le décès mercredi de la mère de l’ex-président Laurent Gbagbo trois jours après son retour du Ghana où elle s’était réfugiée au lendemain de la crise post-électorale de 2010-2011.

« Nous estimons que ce n’est pas tout qu’il faut politiser, nous n’entrerons pas dans le débat qui a lieu actuellement », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné. « Une mère, quelle qu’elle soit, est respectable », a-t-il poursuivi avant de présenter « les sincères condoléances » du gouvernement à la famille de la défunte, Marguerite Gado.

Mme Gado est décédée alors qu’elle était conduite à Gagnoa ( centre-ouest, 270 km d’Abidjan) son village natal.Son corps a été transféré à l’hôpital de Yamoussoukro (centre, 230 km d’Abidjan). Le décès de la mère de Laurent Gbagbo a fait les choux gras de la presse nationale laissant éclater une polémique.

« Ils l’ont tuée », titrait à sa une jeudi le quotidien La Matinale (proche du pouvoir) dénonçant « le prix de l’intolérance et de la méchanceté » des partisans de Laurent Gbagbo. « Les refondateurs (parti sans de Gbagbo) ont tué la mère de Gbagbo: l’assistance de l’Etat refusé », renchérissait Le Jour (proche du pouvoir).

Par contre, du côté des partisans de l’ancien régime, l’on estimait, comme le journal Le Nouveau Courrier, titrait que « la dépouille de Maman Gbagbo est prise en otage par le régime », « Le corps de la mère de Gbagbo bloquée par le régime à Yamoussoukro », selon le quotidien Aujourd’hui. La mère de Laurent Gbagbo est rentrée dimanche du Ghana dans un état de santé critique.

Selon Bruno Koné, le gouvernement a proposé ses services à la famille pour que Marguerite Gado, âgée de 94 ans, soit prise en charge et transportée jusqu’au lieu choisi par la famille. « Mais la famille est libre dans ses choix et nous n’allons pas nous mettre à la critiquer », a-t-il commenté.

« L’intolérance ou l’extrémisme malheureusement conduisent à ces types de résultats, il faut être raisonnable, entendre raison, faire preuve de bon sens et arrêter d’agir uniquement par rapport à des préoccupations qui sont peut-être trop sentimentales et trop politique », a-t-il ajouté, précisant donner son sentiment  » personnel ».

Feu Marguerite Gado, mère de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo
lepointsur.com)/n

Lettre ouverte à Ban Ki-Moon sur la situation de la Côte d’Ivoire

Par Maurice Lohourignon, président du Comité exécutif du Mouvement Solidarité pour Laurent Gbabgo

Monsieur le Secrétaire Général,
Au moment où s’ouvrent les travaux de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le peuple ivoirien tout entier est tourné vers New York aux Etats-Unis où séjourne actuellement Alassane Dramane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, soi-disant, présenter la situation officielle de son pays. A cette occasion, le Mouvement Solidarité pour Laurent Gbagbo voudrait confronter son discours que vous entendrez à la situation réelle sur le terrain.

Monsieur le Secrétaire Général,
L’homme fort de la Côte d’Ivoire exécutera probablement son même couplet habituel sur l’importation de la démocratie en Côte d’Ivoire au bout du canon et au prix du sang. Il vous dira que depuis le bombardement de la résidence du Président Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire va très bien. Comme à son habitude, il dira que le taux de croissance est très élevé et que les investisseurs se bousculent à la porte de la Côte d’Ivoire ; il dira que la BAD et les autres institutions internationales sont de retour et que le pays sera émergent en 2020.

Ce mensonge d’Etat fait très mal aux Ivoiriens dans leur chair et dans leurs assiettes. La situation des droits de l’homme n’a jamais été pire en Côte d’Ivoire comme aujourd’hui. Le social n’a jamais été absent des politiques publiques comme de nos jours. L’homme fort s’en fout. Il musèle tout le monde par les armes à feu, le gel des avoirs et des comptes bancaires, l’attribution des libertés provisoires et les nominations par intérim.

Monsieur le Secrétaire Général,
Le Président ivoirien ne vous dira pas que les seuls investisseurs qui arrivent en Côte d’Ivoire depuis son coup de force sont uniquement ceux qui trouvent une place dans les avions présidentiels et dans les valises diplomatiques sous l’appellation honteuse d’accords de coopération. Il ne vous dira pas que la Côte d’Ivoire est parmi les champions du monde en matière de surfacturation du commerce extérieur, ce qui est contraire à la libre compétition. Il ne parlera pas de la fracture sociale qui est catastrophique et qui expose le citoyen moyen à la précarité. Il ne parlera pas certainement de l’insécurité qui se prolonge jusqu’à l’intérieur de nos maisons à travers ses milices de dozos, ses groupes de « microbes » et autres groupes armés parallèles que ses proches collaborateurs entretiennent pour semer la terreur au quotidien. Il ne vous parlera pas de la Commission électorale qui est impartiale et indigne d’un pays comme la Côte d’Ivoire.

Monsieur le Secrétaire Général,
Le Mouvement Solidarité pour Laurent Gbagbo vous interpelle sur :
La maltraitance et le traitement inhumain et indigne réservé aux détenus arbitraires accusés d’être proche de Laurent Gbagbo. Depuis le 1er septembre 2014, ils sont en grève de la faim pour demander leur jugement ou leur libération. La presse ivoirienne parle déjà de « suicide collectif » à la Maison d’Arrêt d’Abidjan ainsi que dans d’autres mouroirs qui tiennent lieu de prison. Il est de votre devoir de suivre ce dossier de très près après votre intervention discutable dans la crise ivoirienne.
La volonté macabre de Monsieur Ouattara de détenir arbitrairement en détention et sous votre bénédiction les principaux opposants ivoiriens jusqu’à la fin des élections présidentielles de 2015. Il s’agit là d’une autre forme d’ivoirité judiciaire qu’il introduit et qui risque d’avoir les mêmes méfaits que l’ivoirité politique introduite et entretenue par son actuel complice, Henri Konan Bédié. Pour rappel, l’éligibilité des deux complices a été assurée par Laurent Gbagbo qui les a rappelés avec leur rébellion au sein de la République en leur garantissant le financement public de leurs activités politiques. Il est de notre devoir de vous demander quelle leçon de démocratie vous voulez transmettre à la jeunesse africaine lorsque vous accueillez le nouveau dictateur ivoirien les bras ouverts.
L’occupation arbitraire des maisons et des villages des citoyens accusés d’être pro-Gbagbo par des milices qui défient l’armée régulière et qui contraignent les adversaires politiques à vivre dans l’indigence et sans domicile fixe en vue de les exposer au clientélisme politique. Il est de notre devoir de vous demander si tel était l’objectif poursuivi par votre intervention hautement discutable en Côte d’Ivoire. Votre idéal était-il de soumettre aux pieds des impérialistes les défenseurs de la souveraineté ivoirienne ?
Le rattrapage ethnique qui attribue la légitimité sociopolitique aux seuls proches de la rébellion du nord. Il est de notre devoir d’attirer votre attention sur l’exacerbation de la tension sociale et le risque d’explosion sociale si vous continuez d’être une caution pour toutes les formes de ségrégation en Côte d’Ivoire.

Monsieur le Secrétaire Général,
Nous voulons croire que les Nations Unies restent une tribune juste et équitable. Nous vous interpellons donc sur la justice des vainqueurs qui a conduit Laurent Gbagbo à La Haye loin des exigences de réconciliation nationale et qui laisse le pays entre les mains des plus violents qui n’ont aucune formation au maintien de l’ordre et au maintien de la paix. L’actualité au Front Populaire Ivoirien (FPI) a montré trois ans après que le seul vrai chemin pour reconstruire la Côte d’Ivoire est la réconciliation avec
Laurent Gbagbo au tour de la table. Nous vous décourageons d’être l’incarnation de ces institutions internationales qui proposent pour des raisons impériales de mauvaises solutions à l’Afrique.

Maurice Lohourignon
ladepechedabidjan.info)/n

François Mattei: «En 1960, la France a organisé la dépendance des pays africains»

Co-auteur avec l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo du livre, «Pour la vérité et la justice», il parle du contexte de rédaction de cet ouvrage

Comment avez-vous rencontré Laurent Gbagbo?
Je suis allé le voir en prison à titre d’ami, puisque je le connais depuis une dizaine d’années. Professionnellement en tant que journaliste à l’époque au journal France Soir et d’autres supports d’ailleurs. J’ai suivi les affaires ivoiriennes, en particulier les différends qui opposaient les gouvernements successifs de Paris à Abidjan et en particulier Laurent Gbagbo quand il a été arrêté et emmené à La Haye. J’ai demandé un droit de visite et on a commencé à parler, 13 ou 14 fois en prison. Nous avons continué une discussion qui ne s’est jamais interrompue depuis 10 ans.

Comment avez-vous vu cet homme que vous avez connu avant et qui s’est retrouvé derrière les barreaux. Quel est son état d’esprit ?
Il est très serein. Même si je l’ai trouvé au début très fatigué. Puisqu’il avait été d’abord, après son arrestation, sous les bombardements de l’armée française qui ont été très violents sur sa résidence. Il a été arrêté au milieu des morts, des blessés, ça a été d’une extrême violence. Ensuite, il a été détenu à Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire dans des conditions abominables et donc, quand il est arrivé à La Haye, il était en mauvais état physique. Petit à petit il a retrouvé un peu plus d’haleine, intellectuellement disons qu’il est un peu plus combattif.

Dans cet ouvrage, il considère que c’est la France qui a créé la rébellion des forces nouvelles et qui l’a ensuite poussé à gouverner avec cette même rébellion. Comment est-ce qu’il explique tout cela ?
Il faut qu’on considère la vérité des faits. Quand M. Gbagbo a été élu en 2000, il était comme on dit en anglais un outsider. Les favoris étaient M. Bedié qui était directement soutenu par Jacques Chirac à travers le parti du président français (le RPR), Ensuite M. Ouattara en face de lui qui, en 2000, était quelqu’un qui avait fait ses études aux Etats-Unis. Ce dernier avait commencé à tisser un réseau de relations très important à l’étranger. Gbgabo ne devait rien à personne, pas de personne à l’étranger. Son parti, le FPI, est un parti qui a été créé en Côte d’Ivoire sans être rattaché à une entité extérieure. Il est donc apparu comme un gêneur, comme une mauvaise surprise.

Dans cet ouvrage également, il a évoqué la fameuse table ronde de Marcoussis, en 2003 que beaucoup considéraient à l’époque comme une rencontre importante dans le processus de normalisation. Et Gbagbo voit cette rencontre comme un coup d’Etat, pourquoi ?
La façon dont les choses ont été organisées, c’était encore une fois une façon de l’écarter du jeu politique, c’est-à-dire de contrôler la Constitution ivoirienne. Il était président de la République élue et il n’a pas été partie prenante des travaux de Marcoussis. Il n’a pas été invité. Il a été convié simplement pour signer à la fin. Autour de la table-ronde, on a invité en revanche les chefs rebelles qui ont, pour ce faire, créé des partis politiques artificiels pour la cause. Ces oppositions se sont immédiatement trouvées majoritaires par rapport au parti au pouvoir et au parti élu à l’époque effectivement en Côte d’Ivoire. Donc, c’est une forme de coup d’Etat.

Ce ne serait pas exagéré de dire que Laurent Gbagbo en veut à la France aujourd’hui ?
Non ! Ce n’est pas du tout son état d’esprit. Laurent Gbagbo connaît très bien cela. Je vous ai dit qu’il est historien, il connait très bien la situation de la Côte d’Ivoire par rapport à la France, la situation des ex-colonies francophones par rapport à la France. Il n’en veut pas à la France. Il veut juste changer les rapports entre ces pays-là et la France. La France n’a pas organisé l’indépendance en 1960. Elle a organisé la dépendance de ces pays-là pour les garder dans une organisation qui s’appelait la Françafrique et qui est une organisation totalement illégitime, illégale. 50 ans après les indépendances, ces pays-là n’ont pas leur monnaie.

Et comment voit-il son successeur, Alassane Ouattara ?
(Rires) Comment le voit-il ? Il le voit comme quelqu’un qui a usurpé le pouvoir.

François Mattei
Politico Mag)/n

Laurent Gbagbo assure avoir financé la campagne de Chirac

L’ancien président ivoirien sort le livre « Pour la vérité et la justice » le 26 juin prochain, où il parle de sa relation avec les hommes politiques français

Dans son livre « Pour la vérité et la justice », qui sort le 26 juin, l’ancien président ivoirien se lâche sur les hommes politiques français. L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale, le 19 février 2013 à La Haye (Pays-Bas).

Sarkozy : « Chez lui, à la place des idées, il y a l’arrogance. » Hollande : « Je n’en ai jamais rien attendu, et je n’en attends rien. » Depuis sa prison de La Haye (Pays-Bas), où il attend son procès pour crimes contre l’humanité, Laurent Gbagbo n’est pas tendre avec les politiques français. Dans son livre Pour la vérité et la justice (éditions du Moment), à paraître le 26 juin, l’ancien président ivoirien livre une part de sa stratégie de défense à venir, ne serait-ce que dans le sous-titre de son livre, « Côte d’Ivoire : révélations sur un scandale français ».

Le Point a publié des extraits du livre, le lundi 23 juin. Laurent Gbagbo assure notamment avoir financé la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 2002 : « C’était en 2001, je pense. Villepin et Robert Bourgi m’ont demandé de cracher au bassinet pour l’élection en 2002 en France. (…) C’était le prix pour avoir la paix, en Françafrique. J’ai eu une entrevue avec Chirac, tout s’est très bien passé, il m’a raccompagné, il était très amical, et il m’a dit en me tapant sur l’épaule, sur le perron : ‘Je ne suis pas un ingrat.' »

Les socialistes « ont un complexe »
L’ancien président ivoirien s’attaque ensuite aux dirigeants français actuels : « François Hollande, il venait me voir à mon hôtel chaque fois que j’étais à Paris. Je n’en ai jamais rien attendu, et je n’en attends rien. (…) Les socialistes français ont un complexe. Ils veulent faire croire qu’ils gouvernent comme la droite. »

Sur Nicolas Sarkozy, Laurent Gbagbo raconte : « Je n’avais donc aucun a priori négatif. Il a quitté l’aire réservée aux cinq membres du Conseil de sécurité dès qu’il m’a vu, et il est venu me serrer la main. ‘Président, ces élections, vous les faites quand ?’ (.) La discussion s’est arrêtée là. Chez lui, à la place des idées, il y a l’arrogance. »

Le livre de Laurent Gbagbo qui peint les hommes politiques français
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Shanda Tonme: «Même Mongo Béti a changé d’opinion sur Gbagbo»

Dans une interview accordée à un journal régional, l’internationaliste camerounais présente sa «vérité» sur la crise électorale en Côte d’Ivoire

Sur la Côte d’Ivoire, il y a un plein feu de l’actualité depuis quelques jours, mais on ne vous a pas beaucoup entendu. Il nous souvient pourtant que vous avez abondamment écrit sur les problèmes de ce pays et particulièrement depuis la prise de pouvoir par Laurent Gbagbo, si je ne me trompe pas?
D’abord, c’est juste de dire que j’ai consacré un nombre important de thèmes, d’analyses et de critiques sur ce pays, et certains de mes livres parus entre 2000 et 2011 en témoignent par des chapitres entiers. Cependant, je crois qu’il faut savoir se tenir à l’écart de certains bruits faits par des gens sans aucune retenue qui cherchent surtout à travers un copinage maladroit, à travestir l’histoire, à créer des occasions d’intoxication de l’opinion. Ensuite, je crois qu’il faut savoir et pouvoir prendre du recul lorsque l’on a de la consistance, pour parler utilement, pour rétablir la vérité et le sens réel des choses après le désordre des loups, des simples d’esprit et des délinquants de toute nature.

Que voulez-vous insinuer par intoxiquer l’opinion?
Ecoutez, j’ai suivi avec étonnement et amusement, la guéguerre de quelques agitateurs de la presse camerounaise, de même que des appels surprenants venant de certaines personnes évoluant à des milliers de kilomètres de la scène africaine. J’avoue que je n’en reviens pas face à tant de myopie volontaire ou involontaire.

Vous parlez là des appels contre Guillaume Soro, le président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire lors de sa visite au Cameroun?
Bien évidemment.

Qu’est-ce qui vous a choqué particulièrement?
Ecoutez, quand je vois ce que le Social Democratic Front a fait, quand j’entends des individus à la mémoire égarée traiter Soro de sanguinaire, je me demande s’il reste encore de la dignité et un sens de l’honneur chez nous. Selon ces gens, monsieur Gbagbo serait un nationaliste, un panafricaniste victime des Français, des Blancs, des Colonialistes. On ne peut pas aller aussi loin et aussi profondément dans le mensonge et la falsification de l’histoire.

Où est la vérité selon vous?
On peut estimer que Gbagbo représente la plus dangereuse aventure et la plus nuisible résultant du destin récent de l’Afrique. Si vous entendez seulement parler de génocide ou de situation pré-génocidaire, je peux vous apprendre que tout était réuni en Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo.

1) – Gbagbo est d’abord un président par défaut, c’est à dire qui a été proclamé élu à l’issue d’une élection où il avait tout monté selon un deal imposé à feu général Guei pour écarter Ouattara.
2) – Le Nord n’a pas pris les armes en premier et n’a pas été le déclencheur des hostilités.
3) – Dès la mort de Houphouët, Ouattara est la bête à abattre, et parce que son charisme, son expérience et son auréole internationale joints à ses origines du nord, en font un vainqueur incontournable de toute compétition au sommet. Il faut savoir que le nord représente la majorité de la population, qu’elle est la plus entreprenante dans le commerce et fait front aux Libanais, Chinois et autres. Le mot d’ordre est dès lors, de barrer la route au Nord par tous les moyens.
4) – C’est d’abord Bédié qui s’y emploie durant toute sa présidence. Des journaux sont créés avec pour seule mission de théoriser sur l’ivoirité et de secréter la haine contre les populations du nord, et les Musulmans en général, tous assimilés à des envahisseurs étrangers à la nationalité douteuse. Une cellule spéciale est même installée à la présidence de façon officielle et animée par des grands intellectuels et des professeurs d’université connus de tout le monde. Je vous signale qu’à l’époque, j’effectue une mission de consultation à Abidjan pour une organisation internationale et j’y reste un mois. Ce que je vois est très grave, car j’ai la chance d’habiter dans un meublé appartenant à un architecte originaire du nord. Les bourses sont refusées aux étudiants du Nord qui veulent sortir, et la discrimination gagne l’armée où les officiers supérieurs de cette région sont maltraités, surveillés, mis à l’étroit puis déchargés des hautes fonctions. Le général Palenfo par exemple, sera arrêté à plusieurs reprises, et c’est son titre de président du Comité olympique national qui sauvera ce judoka. D’ailleurs lorsque je reviens de ce voyage, je passe d’abord par Paris où je donne une conférence mémorable sur les perspectives sombres de la Côte d’Ivoire. Arrivé au Cameroun même, je signe une chronique dans le Messager sous le titre « La deuxième mort de Houphouët Boigny ». Nous sommes en Août 1999 et déjà, je conclus mon analyse en annonçant que la Côte d’Ivoire va exploser d’un moment à l’autre. C’est ce qui se fait le 19 décembre 1999 avec le coup d’Etat.

Mais ce que vous dites est assez grave non? Est-ce que les gens connaissent tout ça?
C’est pour cela que je vous ai dis en commençant que je suis très étonné par ces balivernes que racontent des individus sans mémoire, ni compétence, ni honnêteté. Il est des moments où l’ignorance dépasse la mort.

Alors qu’est ce qui se passe ensuite?
Franchement, c’est toute l’histoire de la Côte d’Ivoire qui va se nouer par cascades avec des acteurs de mauvaise foi et des criminels en col blancs sans scrupules sous le couvert de nationalisme. Les jeunes officiers du nord délaissés et marginalisés, vont se révolter et ce sont eux et personne d’autre ni aucune force extérieure qui font le coup d’Etat. Je vous signale qu’ils auraient pu chercher un haut gradé du nord pour le placer au pouvoir, mais au contraire, ils vont demander à Guei, Général retraité et charismatique, de prendre la tête du pays avec pour mission de faire le ménage en mettant fin aux bêtises de l’Ivoirité qui divise les Ivoiriens.

Que fait Robert Guei et pourquoi meurt-il assassiné?
Justement, et c’est ici qu’il faut commencer à comprendre et à décrypter la capacité maléfique et manipulatoire de Gbagbo. Le pauvre sera tout simplement emballé par le président du FPI qui parvient à le convaincre de ne pas enlever la disposition sur l’ivoirité, le fameux article 35. Cette disposition est donc maintenue au grand dam de la majorité des Ivoiriens uniquement pour empêcher Alassane Ouattara d’être candidat, malgré les appels de la plupart des chefs d’Etat africains, de l’OUA, de l’ONU. C’est à ce moment que les forces nouvelles sont constituées, de façon on ne peut plus légitimes et justifiées, pour se défendre contre la discrimination dont le Nord est victime. C’est ici que la division du pays prend corps. Le deal travaillé entre Guei et Gbagbo tombera à l’eau, parce que Guei crée son propre parti contre toute attente et se porte lui-même candidat, encouragé par la cupidité de Gbagbo. Son raisonnement est simple: « je croyais qu’il était sincère, que son intention était de construire le pays véritablement et de mettre fin aux querelles et à la division, or il a ses ambitions personnelles ». A la suite de l’élection, Guei a certes perdu, mais il refuse de quitter, se disant que Gbagbo lui aussi est un tricheur qui ne mérite pas d’être élu, étant donné qu’il a arrangé tout pour écarter Ouattara le vrai candidat qui pouvait les battre tous les deux. Le général est contraint de lâcher le pouvoir sous la pression de la rue.

Que se passe-t-il après?
Quand vous avez pris la chose de quelqu’un et que vous le craignez, que faites-vous? Et bien vous le détestez à mort et vous cherchez à le faire disparaître tout court. Le nord va donc se radicaliser et s’organiser, avec c’est vrai le soutien presque obligé des pays de la sous région à majorité musulmane. Parce que les forces du nord entreprennent avec leurs jeunes officiers, d’aller à la conquête d’Abidjan à partir de Bouaké. Ils progressent très vite et mettent l’armée de Gbagbo en déroute. En quelques jours, ils sont à moins de cent kilomètres d’Abidjan. C’est la France qui vient sauver le régime de Gbagbo en envoyant des troupes et du matériel sous le nom de forces Licorne. Je vous signale qu’à Abidjan, des membres de l’équipe de Gbagbo étaient déjà prêts à fuir avec valises et enfants. Quand j’entends Gbagbo et ses amis insulter la France aujourd’hui, je me demande s’ils sont cinglés ou étourdis.

Comment et pourquoi meurt Robert Guei?
parce que la situation devient intenable et le pays ingouvernable sous deux administrations de fait, nord et sud, l’ONU, l’OUA, la CEDEAO entrent en jeu pour obliger les parties à mettre en route un processus de vérités-réconciliation. Une grande conférence se tient donc à Abidjan sous les yeux des observateurs internationaux. Au cours de cette conférence, on apprendra des choses très graves. En effet le général Guei prends la parole et s’adresse à Gbagbo en ces termes: « Laurent, je suis un militaire et j’ai le sens de l’honneur et de la parole. C’est toi qui est venu me voir à deux reprises pour insister que je ne change pas l’article 35 qui institue cette connerie d’Ivoirité. Je t’ai dis que cela allait nous conduire à la guerre et à plus de problèmes, mais tu ne m’as pas compris, et voici où nous en sommes aujourd’hui. Nous avons maintenu cet article alors que notre peuple attendait une vraie réforme constitutionnelle. Laissons tout tomber maintenant et allons de l’avant. Nous sommes tous ivoiriens et toi et moi comme les autres ivoiriens savons sans aucun doute que Alassane Ouattara est ivoirien. IL a les mêmes droits que nous tous ». Ces paroles sonneront son arrêt de mort, car dès cet instant, Gbagbo décide de l’éliminer en même temps que Ouattara. Le président du FPI entretien déjà des escadrons de tueurs professionnels avérés. Il va en une matinée, créer une occasion spéciale pour lancer ces tueurs qui vont d’abord entre 10 heures e midi, assassiner Robert Guei à son domicile avec femmes et enfants. Le seul fils rescapé est celui qui se trouvait et travaillait à Total au Cameroun. Le commando se lancera immédiatement aux trousses de Ouattara, mais celui-ci a la chance d’être informé à temps par une source proche de Gbagbo. Il saute par sa clôture et se réfugie chez l’ambassadeur des Etats unis. Il quittera ensuite le pays quelques temps plus tard pour un exil forcé qu’il partage entre Londres et Washington. Son bienfaiteur et sauveur, un ministre, sera assassiné lâchement. Voilà le vrai visage de monsieur Gbagbo que des imbéciles et simples d’esprit complices des criminels défendent au Cameroun et sur internet. Je vous signale que le Cameroun est le seul pays où ce phénomène pro Gbagbo a existé et existe. Partout ailleurs en Afrique, il est voué aux gémonies et à la poubelle.

Comment expliquez-vous cela?
Attendez, vous n’avez qu’à voir que les défenseurs explicites ou implicites de la constitution camerounaise de 1996 qui institue l’apartheid dans notre pays, sont les mêmes qui défendent Gbagbo avec acharnement, et ce sont les mêmes qui ont été invités, reçus gracieusement et dépannés par Gbagbo. Le jour viendra ici où les masques vont tomber publiquement avec fracas. Nous nous connaissons tous et nous savons exactement ce que pensent certaines personnes en coulisse. Pour ceux qui peuvent rencontrer à l’étranger des diplomates ayant séjourné dans notre pays, il faut prendre la peine de les sonder et ils vous révèlent les discours et les plans terrifiants de certains Camerounais contre d’autres Camerounais, toujours pétris de haine et de projet de génocide, et toujours pensés et articulés en termes ethniques. J’ai eu un ami ivoirien à Yaoundé qui jurait tous les matins que si Ouattara parvenait au pouvoir en Cote d’Ivoire, non seulement il quitterait le pays mais en plus il changerait de nationalité. Aujourd’hui il est un grand cadre florissant à Abidjan et se porte plutôt très bien. Nous devons savoir relativiser ces fantasmes ethno-centrés, sans toutefois négliger les dangers qu’ils recèlent bien sûr.

Mais ce que vous dites est très séreux. Vous faîtes des révélations plutôt renversantes non?
Pas du tout, je vous dis simplement les faits sans maquillage ni excès. J’ai été sur place en Côte d’Ivoire sous le régime Bédié et Gbagbo. On raflait les gens la nuit, et si vous aviez un nom Dioula ou qui sonnait musulman, on retirait vos pièces d’identité et on les déchirait, pour vous déclarer ensuite étranger, apatride, Guinéen, Malien, Sénégalais etc… Voilà comment on met le génocide en place. Et le plus grave c’est de fonder et de peaufiner des théories tout autour, alimentant et répandant un esprit criminel implicitement. Ceux qui faisaient tout cela ne sont pas différents des racistes du temps du régime d’apartheid en Afrique du sud. Et vous me dites que ce Gbagbo serait panafricaniste. C’est le comble de la bêtise et de l’ignominie.

Comment expliquez-vous la position du Social Democratic Front au Cameroun?
Ah ah, ah, mais le SDF, au nom de ce qu’ils appellent l’internationale socialiste, un autre cercle encore plus dangereux que le néocolonialisme où ils se sont trouvés avec Gbagbo, est aveuglé par les prébendes de copains. Et puis, n’oubliez jamais ce qu’est le SDF réellement, c’est à dire un parti sans idéologie ni cohérence, ni perspectives politiques cohérentes. Au fait il y a quel idéologue sérieux et quel politicien averti dans ce parti, si nous parlons franchement? Le SDF a aussi lutté contre le phénomène majoritaire à la fin des années 1990 après la mort de Siga Assanga, son premier secrétaire général. N’oubliez jamais que Fru Ndi en personne avait dit à propos de la candidature de Basile Kamdoum, alors provincial du centre et candidat au poste de secrétaire général, qu’un Bamiléké était inconcevable à ce poste. Voilà l’histoire. Ce n’est donc que normal que ce parti soutienne les concepteurs de la théorie d’exclusion de l’Ivoirité. Ses dirigeants savent ce qu’ils font, même si on peut plaindre leur niveau de conscience des jeux et des enjeux internationaux, des thèses et des hypothèses de la construction des fractures sociales et politiques.

Quel jugement portez-vous sur SORO?
Dites-donc, il s’agit d’un garçon brillant, pétillant d’intelligence et d’éloquence. Je l’ai rencontré par un heureux hasard à Malabo en début d’année et nous nous sommes entretenus longuement. Je peux vous dire qu’il représente le véritable leader compétent au parcours politique et militant complet: leader estudiantin; agitateur d’idées; conducteur de conscience; chef politique; haut commis de l’Etat; chef militaire; chef parlementaire; grand négociateur; patriote; ami et partenaire loyal; frère. Vous pouvez comprendre la jalousie de quelques cancres sans carrure ni charisme ni perspectives perdus dans les dédales des lâchetés camerounaises ou la fournaise des souffrances de l’exil.

Vous êtes donc dur à l’endroit du SDF, pourtant le principal parti d’opposition?
C’est vous qui le dites. Le SDF n’est rien d’autre qu’une force de circonstance en décomposition avancée, et un paramètre sans bases solides dans l’histoire politique du Cameroun. Comme je l’ai dit pour Gbagbo d’avoir été un président par défaut, le SDF est une opposition et une force politique par défaut. Quand le moment des vrais choses avec les vrais gens et les vraies forces politiques arrivera, le SDF sera balayé comme du vent. Attention, nous ne dormons pas et nous travaillons d’arrache pied pour l’avènement de ce moment. Tous ceux qui soutiennent les politiques de discrimination et de marginalisation ou qui comptent sur ces phénomènes pour vivre et prévaloir seront évincés, balayés et renvoyés dans les poubelles infâmes de l’histoire. Retenez que c’est moi Shanda Tonme qui vous le dis, avec assurance, force et tranquillité. Je sais exactement ce que je représente, où je me trouve, où je m’en vais, ce que je fais, et ce qui nous attends, chacun avec ses forces et atouts.

Quand on dit que Gbagbo avait gagné les élections, qu’en dites-vous?
C’est très dommage d’entendre ce genre de sornettes de la bouche de ces aveuglés et soutiens du génocide. Ils ont le courage de traiter Soro et Ouattara de criminels, alors que ces derniers ont été obligés de prendre les armes pour se défendre. Est-ce qu’ils se souviennent de ces femmes aux mains nues assassinées en pleine rue à Abidjan par l’armée de Gbagbo, les charniers de Youpougon, d’Abobo, de Markory? Pensent-ils un seul instant à la famille de Robert Guei, à son fils devenu orphelin et seul sur la terre qui travaille au Cameroun. Ayons encore une pensée pour le directeur de l’hôtel Mercure enlevé et assassiné, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Soyons d’ailleurs plus pratiques. Gbagbo a violé tous les accords signés pour ramener la paix. A chaque fois il signe, et une fois rentré à Abidjan, il dénonce et excite les populations à la violence. Il a usé et abusé de quatre premiers ministres, dont trois spécialement nommés pour la transition par les médiateurs internationaux avec son accord. Il a trompé et roulé dans la farine tous ses partenaires nationaux et internationaux. Pendant ce temps, il détournait l’argent du cacao pour acheter les armes et préparer la guerre. J’ai séjourné à l’hôtel Ivoire d’Abidjan à plusieurs reprises et il y avait des mercenaires partout, des pilotes bulgares et ukrainiens. Un jour les chefs d’Etat major, Mathias Doué (tombé en disgrâce) et Philipe Mangou le dernier fidèle, écriront leurs mémoires et on se rendra compte de l’ampleur des crimes. Beaucoup de hauts gradés mécontents des tueries perpétrées par les escadrons de la mort dont quelques conducteurs étaient prélevés dans les rangs, ont démissionné en douceur sans faire du bruit. Ceux qui avaient des liens au Ghana voisin ont franchi la frontière longtemps avant que le régime ne s’effondre à la suite de la défaite électorale.

Shanda Tonme
Journalducameroun.com)/n

A propos des élections donc?
En dehors du Timor oriental d’ailleurs plus petit, les Nations Unies ont fait en Côte d’Ivoire ce qu’ils n’avaient jamais fait ailleurs dans le monde en termes de processus électoral. C’est Gbagbo qui a appelé l’ONU au secours et l’organisation a tout financé à hauteur de 500 milliards de Francs CFA. L’ONU a pris le processus en charge du début à la fin, de l’identification à l’enregistrement sur les listes électorales et aux élections proprement dites. Il n’y a pas un seul Ivoirien qui a été oublié ou qui n’a pas eu sa carte d’électeur et sa carte d’identité nationale. Pour se faire établir la carte d’identité, c’était encore un parcours du combattant, et on pouvait la retirer aussi le même jour lors d’un contrôle nocturne si vous étiez Dioula, Musulman ou Chrétien du nord. L’inscription sur les listes électorales était une autre étape non moins dangereuse. A la fin d’ailleurs, Gbagbo a fait une autre colère, exigeant que plus de quatre cent mille noms soient enlevés des listes. L’ONU et l’équipe de supervision internationale se sont pliées. Il a fait changer à deux reprises la composition de la commission électorale, et on lui a encore concédé cette man uvre. Un vrai casse-pied Gbagbo a tout essayé pour casser le processus électoral. Il a commencé par bloquer l’établissement des certificats de nationalité indispensables pour l’obtention. J’espère que vous avez comme moi, vu avec toute la honte, ce commissaire de police qui est venu dans un bureau de la commission électorale saisir les listes des résultats et les froisser devant les caméras du monde entier? Gbagbo a été proclamé vainqueur au premier tour, mais il était clair qu’avec le jeu des alliances, Ouattara totalisait plus de 65% des voix pour le deuxième tour. Il n’y avait aucune possibilité que Gbagbo gagne les élections. Il le savait et tout le monde le savait, mais le mot d’ordre du FPI, son parti était clair: « on gagne on gagne, on perd on gagne toujours ». Voilà qui voulait tout dire. Le report des voix fut parfait et la discipline des électeurs du front Houphouétiste presque sans faute. En fait Gbagbo avait préparé la guerre depuis longtemps, puisqu’on continue à trouver des caisses d’armes enfouies sous les écoles, sous les résidences, dans la brousse, même dans les décharges publiques. Et puis je dois vous rappeler que déjà lors des élections municipales qui avaient eu lieu avant la présidentielle, le RDR, parti de Ouattara, était arrivé nettement en tête. Il n’y avait donc pas match pour la suite.

Quand commence effectivement la crise électorale et les violences?
Je vous ai dit que Gbagbo avait préparé la guerre depuis longtemps. Les nations unies avaient bien fait les choses. Les résultats devaient être proclamés par chaque bureau le dimanche soir avant d’être acheminés par des avions spécialement affrétés par l’ONU à la commission centrale à Abidjan. La veille du deuxième tour, Gbagbo a décrété le couvre feu sur toute l’étendue du territoire alors qu’il n’y avait aucun danger, juste pour intimider les populations et les empêcher de se rendre aux urnes. Le matin de ce dimanche, Gbagbo a sorti une directive pour interdire tout mouvement de matériel roulant et pour bloquer la publication des résultats par les bureaux de vote. Puis il est allé très vite, en donnant des ordres pour rechercher et prendre en otage tous les principaux leaders politiques. Voilà comment les autres ont été obligés de fuir pour aller se réfugier à l’hôtel du Golfe sous la protection internationale. Le crime était prémédité et soigneusement préparé. Sachez que Gbagbo a fonctionné avec des milices partout, les siennes, celles de son épouse Simone, celles propres au parti et celles du sémillant et bavard Blé Goudé. On enlevait et tuait les gens en plein jour. Je peux vous citer le cas du dentiste Tabley, jeune frère de l’opposant Dacoulé Tabley. Il a été enlevé en plein soir sur un patient à l’hôpital et on a retrouvé son corps plus tard criblé de balles. Parlons encore du journaliste franco-canadien Guy André Kiefer. Ils sont nombreux.

Donc pour vous, Gbagbo est à sa place à la prison de La Haye?
Ah oui, bien que je ne sois pas si excité par une juridiction internationale qui ne cible que les Africains. Il a commis trop de crimes, et ses partisans semblent ne pas comprendre tout cela, préférant agir comme des drogués dépourvus de mémoire. Voilà un panafricaniste et anti colonialiste dit-on, qui avait son siège de campagne sur les champs Elysées et qui à quelques semaines avant le début de la campagne, fait venir Jack Lang à l’époque le plus populaire des socialistes français, pour faire le tour du pays et montrer combien il est soutenu par la France. Il a aussi reconstruit à neuf le lycée français qu’il avait fait saccager par sa milice durant la crise, et fait venir le Premier ministre français pour l’inaugurer en grande pompe. Je peux citer tant de travers de ce monsieur qui se permet aujourd’hui de tromper des simples d’esprit. Dommage que ce soit au Cameroun qu’on en trouve le plus. Dommage vraiment.

En somme son bilan pour l’Afrique est nul?
Mais oui, et même déplorable. Souvenez-vous que c’est en prenant prétexte sur la crise d’après élection en Côte d’Ivoire, que l’apprenti dictateur Kabila du Congo démocratique a changé le système électoral qui était à deux tours pour instaurer celui à un tour, au motif que le système à deux tours créait trop de problèmes. Un vrai raisonnement de truands. Et puis, Gbagbo nous a causé vraiment des torts, car nous étions à un tournant du renouveau idéologique et diplomatique continental. Or lui en tant qu’intellectuel formé idéologiquement croyait-on, pouvait porter la flamme en s’alliant à Alpha Condé en Guinée. Vous voyez que quand Condé, bien que préparé idéologiquement, (je le connais bien car il a été mon chargé de TD à la Sorbonne), s’est retrouvé esseulé au milieu des conservateurs croulants et ne pouvait rien faire. Gbagbo a fait régresser l’Afrique, durement. Je vous révèle enfin que Gbagbo est responsable de l’absence actuelle de l’Afrique sur la scène mondiale de façon forte et remarquée. Toutes les grandes chancelleries diplomatiques sont unanimes et tous les analystes avertis partagent l’avis selon lequel, c’est lui qui avait la meilleure carrure et les meilleures chances pour remplacer Jean Ping. La Sud-africaine n’aurait pas fait le poids et en plus, son retour au pouvoir aurait été assuré. On le voyait dans la trajectoire d’Alpha Oumar Konaré, le premier président de l’UA et ancien président du Mali. Vous voyez ce que cette incompétente et dormeuse de Zuma nous sert à la place. Elle est totalement perdue, loin du métier et du poste, sans aucun charisme ni présence quelconque. Disons-nous les choses clairement, c’est à dire de reconnaître que le Gabonais Jean Ping a été un brillant diplomate et un excellent représentant du continent. Mongo Béti m’a présenté Laurent Gbagbo pour la première fois à Paris, dans son petit bureau de la revue Peuples Noirs et peuples Africains dans le onzième arrondissement. Il m’a dit exactement ceci: « voici un jeune professeur ivoirien courageux qui essaye de tenir tête au régime néocolonial de Houphouët Boigny ». Mais après la tricherie de la réforme constitutionnelle avec le maintien de l’article 35 institutionnalisant et renforçant l’Ivoirité, voici comment a réagit le grand frère quand je suis allé lui rendre visite un matin à sa librairie des peuples Noirs à Yaoundé: « Gbagbo est ma plus grande déception de l’intelligentsia africaine ». A chacun de tirer ses conclusions.

Comment voyez-vous la Côte d’Ivoire maintenant?
C’est un pays merveilleux et je suis très content que Paul Biya en fasse un point focal et un partenaire stratégique. Le pays a connu un taux de croissance proche de celui de la Chine l’année dernière et va dépasser la Chine cette année, entre 10 et 11%, quand nous en sommes à moins de 5%. La Côte d’Ivoire est en mouvement et rien ne les arrêtera plus. Les grands travaux là-bas ne sont pas du bavardage, c’est du sérieux.

Et la réconciliation?
Elle avance à petits pas, malgré les assauts des revanchards qui tentent de détruire ou de freiner le processus. Franchement, il ne faut pas soutenir quelqu’un qui a théorisé et engager l’exclusion ethnique, c’est très grave. Nous sommes un pays à risque et nous ne devons jamais nous amuser avec ce genre de mauvaise expérience. Lorsque j’ai appris que Soro arrivait à Yaoundé, je me suis dis que nous allons à la bonne école, au bon exemple de gens qui savent ce que c’est que l’unité nationale, qui ont payé le prix des folies d’exclusion ethnique. J’ai cru lire récemment dans un journal, une thèse proche de l’ivoirité qui indexait les Bamilékés comme cherchant à prendre le pouvoir. Disons-le nous encore, c’est une folie de penser à ces choses. Nous ne pouvons pas et ne saurions cultiver ce genre de théorie qui freine notre pays. Nous avons tous un égal droit républicain et citoyen et nous sommes tous aptes civilement à représenter notre pays, que l’on soit pygmée, Massa ou Mbamois et autres. Et puis, qui a intérêt à jouir d’un pouvoir qui se réclamerait d’un village ou d’une région? Il ne faut pas confondre les élucubrations de quelques élites avides de lucres et d’ostentations, avec les ambitions et le bonheur des peuples, des ethnies. Ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire est à proscrire et c’est une indication supplémentaire que nous faisons fausse route avec cette constitution de 1996 qu’il faut bannir. L’avertissement tient tout autant pour ceux qui croient que l’après-Biya sera une sorte de chasse aux Bétis. Qu’ils ne se trompent point, car nous ne permettrons pas ce genre d’hérésie qui confond les peuples et les tenants d’un système. Nous sommes tous, individuellement et collectivement, que nous nous revendiquions l’appartenance à une région, à une ethnie ou pas, responsables de ce que le Cameroun était hier, de ce qu’il est aujourd’hui, et de ce qu’il sera demain.

Et le rôle de la France?
Nous devons franchement cesser de voir la France partout, dans les échecs scolaires de nos enfants, dans les toilettes qui puent, dans les routes sans feux de signalisation, dans les bévues de nos dirigeants. C’est une honte d’en être encore à ce niveau. Ce n’est pas la France qui empêche que les budgets de la santé, de l’éducation et des infrastructures soient prioritaires en Afrique. Avez-vous un dirigeant du SDF s’immoler par le feu parce qu’il conteste la politique de la France, de Paul Biya ou la venue de Soro à l’assemblée nationale? Ils sont trop bien dans ce système qu’ils disent installé et géré par la France, et croyez-moi, ils sont une excellente part du gâteau. Ils sont devenus très riches. Soro est justement leur antithèse, leur mauvaise conscience et c’est cela qui les blesse encore plus. Quand on manque de courage, d’idéologie et de sens politique pour faire changer le cours des événements et façonner un destin politique conséquent, on doit au moins avoir l’honnêteté de savoir fermer sa gueule.

Que dites-vous quand on dit que ce sont les troupes françaises qui ont arrêté Gbagbo?
Attendez un peu, il faut savoir que la situation était devenue invivable et il y avait urgence. Le pays était pratiquement bloqué. Il y avait sur place, pas seulement des soldats français, mais des soldats de plusieurs pays sous la bannière de l’ONU. Certes les troupes françaises étaient prépondérantes, parce qu’elles ont une base permanente sur place, mais pas déterminantes. Les premiers tirs de semonce sur la résidence de Gbagbo venaient des hélicoptères de l’ONU qui avaient essuyé des attaques à l’arme lourde. Gbagbo était retranché dans sa résidence avec le dernier carré de fidèles et ses gourous des églises réveillées, avec des armes lourdes en quantité. Il fallait le déloger à tout prix, y compris avec le secours de n’importe quel diable. Il avait refusé toutes les offres, d’Obama qui lui avait téléphoné plusieurs fois pour lui offrir un asile doré à Atlanta où se trouvent ses enfants, de Thabo Mbéki son soutien sud africain, de Dos Santos d’Angola, de Bongo du Gabon. Plusieurs médiations de haut niveau de l’Union africaine étaient venues et étaient repartis sans le faire bouger d’un pouce. Jean Ping, l’ex-président de la commission de l’UA avait passé plus de deux semaines à Abidjan en quatre voyages, sans rien obtenir non plus. Gbagbo ne voulait pas le bien de la Côte d’Ivoire et le bonheur des Ivoiriens. C’est évident.

A propos de l’opinion dissidente de la juge Belge de la CPI, qu’en dites-vous?
Dommage que tout le monde ne soit pas spécialiste de droit international, mais on peut au moins se renseigner. C’est une pratique établie et consacrée dans le prononcé des décisions de la Justice internationale. Il suffit de prendre le statut de la Cour internationale de la justice de La Haye pour y lire écrit en noir et blanc que pour chaque affaire traitée, un juge est libre de faire connaître son opinion dissidente et personnelle même si celle-ci est minoritaire. Cette opinion doit ensuite et obligatoirement être consignée au bas de la décision de la Cour. C’est ainsi que l’on fait progresser la doctrine du droit et encourager l’émergence de différentes écoles de pensée. Il n’y a donc rien d’étonnant ni d’original, contrairement aux commentaires que j’ai lu de la part de quelques cancres granitiques.

Shanda Tonme, merci pour cet éclairage.
C’est plutôt moi qui vous remercie.

Pour Shanda Tonme, Gbagbo est responsable de l’absence actuelle de l’Afrique sur la scène mondiale de façon forte et remarquée
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Le SDF juge « inacceptable » l’arrestation de Ahoua Don Mello au Cameroun

John Fru Ndi, a qualifié d’abus, l’arrestation, dans la nuit de mercredi à jeudi, de l’ancien porte-parole du gouvernement ivoirien sous Laurent Gbagbo

Le président du Front social démocratique (SDF), le premier parti de l’opposition parlementaire au Cameroun, John Fru Ndi, a qualifié de «totalement inadmissible», «illégale» et d’«atteinte au droit international» et d’«abus flagrant», l’arrestation, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans un aéroport du pays, de l’ancien porte-parole du gouvernement ivoirien sous Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello.

Joint au téléphone par APA depuis la ville de Bamenda (Nord-Ouest), il s’est dit indigné que les autorités camerounaises aient décidé d’interpeller un individu jouissant d’un statut international de réfugié. John Fru Ndi s’étonne d’autant plus de cette arrestation qu’elle intervient, alors que l’intéressé avait déjà séjourné au Cameroun, sans être inquiété, en mars dernier, au moment où le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, effectue une visite de travail au Cameroun.

«Les autorités camerounaises savaient que M. Don Mello se trouvait dans leur pays depuis des jours, elles savaient également qu’il a assisté à une réunion au cours de laquelle notre parti a décidé du boycott de la visite de M. Soro au Cameroun», explique-t-il, s’étonnant de la coïncidence de ces deux séjours avec l’interpellation du proche de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, aujourd’hui en délicatesse avec la Cour pénale internationale (CPI) qui vient de décider de le juger pour crimes contre l’humanité.

Sur la situation de l’ex-porte-parole du gouvernement ivoirien, John Fru Ndi martèle que le Cameroun «n’a jamais signé de convention d’extradition avec la Côte d’Ivoire», et estime que cette arrestation «est bien la preuve que le Cameroun se laisse instrumentaliser par le discours enjoliveur et démagogique de Guillaume Soro, qui n’apporte rien au Cameroun». Le pays devra donc assumer les conséquences catastrophiques de l’arrestation d’Ahoua Don Mello sur son image et son rayonnement à l’international, ajoute le leader du SDF.

Aux dernières nouvelles, l’ex-dignitaire du régime Gbagbo, jusque-là réfugié au Ghana et arrêté dans la métropole économique, Douala, alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol de Royal Air Maroc à destination de Casablanca, était, vendredi en milieu d’après-midi, détenu dans un lieu secret de la ville.

Pour le ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, cette interpellation est la conséquence de la réactivation d’un mandat d’arrêt international qui pèse sur M. Don Mello.

John Fru Ndi, le Chairman du SDF
slateafrique.com)/n

Malgré le boycott du SDF, Guillaume Soro a tenu son discours à l’Assemblée nationale

Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a remis en question les discours panafricanistes et le soutien à Laurent Gbagbo.

Certains médias et hommes politiques camerounais lui avaient promis une douche froide à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’assemblée nationale du Cameroun ce 11 juin. Guillaume Kigbafori Soro aura plutôt égayé l’hémicycle et reçu de chaudes ovations ce mercredi en matinée lors de la prononciation de son discours. Même si les députés du Social Democratic Front (SDF) – Premier parti politique d’opposition avec 18 parlementaires sur les 180 de la Chambre – sont sortis de l’hémicycle, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a pris la chose positivement indiquant que cela reflétait le dynamisme de la démocratie camerounaise.

Pendant près d’une demi-heure au Palais de verre de Ngoa-Ekelle, Guillaume Soro a évoqué de nombreux points y compris les questions polémiques. D’emblée, le PAN ivoirien a tenu à remercier Cavaye Yeguie Djibril, le président de la chambre basse du parlement camerounais, pour l’invitation accordée afin d’effectuer quatre jours de visite au Cameroun (du 10 au 14 juin 2014) et son rôle de doyen des présidents. « Je me suis laissé dire, au lendemain de mon élection à la tête du Parlement ivoirien, que j’intégrais le club très ouvert des présidents d’Assemblées nationales d’Afrique conduit par le doyen des doyens, le Très honorable Cavaye, qui aujourd’hui totalise plus de 44 ans de présence à l’Hémicycle de la République du Cameroun. Dès lors, vous pouvez donc comprendre mon bonheur d’être venu m’abreuver à la source de cette Sommité, moi le benjamin qui ne revendique pas encore 44 ans d’âge », a déclaré Guillaume Soro.

Panafricanisme
Dans la foulée, il a présenté un beau tableau du Cameroun, de son président et de ses lions indomptables du football à « l’épopée glorieuse ». Pour Guillaume Soro, le désir de paix et d’unité que manifeste les Camerounais est semblable à celui qu’il a connu quand il était encore jeune, le même qui pensait-il alors, habitait les Ivoiriens. « Imaginez donc ma stupéfaction, quand je m’aperçus peu à peu qu’il y avait désormais en Côte d’Ivoire, des Ivoiriens à part entière et des Ivoiriens entièrement à part. Je me suis rebellé contre l’Ivoirité qui caractérisait les Ivoiriens », a-t-il indiqué pour justifier son engagement à un moment donné de sa vie dans la rébellion.

Guillaume Soro s’en est alors pris à certains discours panafricanistes et aux partisans de Laurent Gbagbo, l’ancien président de Côte d’Ivoire enfermé à la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye aux Pays-Bas. «Si le Président Gbagbo avait cédé le pouvoir pacifiquement comme cela a été le cas du Président Wade au Sénégal ou du Président Rupiah Banda en Zambie, il n’y aurait pas eu toute cette tragédie postélectorale. Et Laurent Gbagbo ne serait pas aujourd’hui devant cette Cour Pénale Internationale à laquelle il n’a jamais été opposé quand il était encore au pouvoir », a expliqué le PAN ivoirien.

Revenant au Cameroun, Guillaume Soro a proposé à Cavaye Yeguie Djibril d’initier un débat sur la lutte contre le terrorisme dans un cadre interparlementaire, ainsi que d’autres initiatives qui seront soutenues par la Côte d’Ivoire. « Nous qui avons connu les affres de l’insécurité ne pouvons que comprendre l’intensité de la situation géopolitique du Cameroun aujourd’hui », a-t-il confié.

Lire l’intégralité du discours prononcé par Guillaume Soro

Guillaume Soro le 11 juin 2014 au siège de l’Assemblée nationale du Cameroun
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Le FPI demande la libération, sans condition, de Laurent Gbagbo

Le Front populaire ivoirien, parti de l’ex-chef d’Etat enfermé aux Pays-Bas, réagit avant l’audience de la CPI de ce 13 juin qui doit confirmer ou infirmer les charges

Le Front populaire ivoirien (FPI), de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, exige sa « libération immédiate et sans condition » par la Cour pénale internationale (CPI) qui s’apprête à confirmer ou infirmer les charges contre M. Gbagbo pour son rôle supposé dans la crise post-électorale, qui a fait en Côte d’Ivoire au moins 3 000 morts en 2010-2011.

Dans un communiqué rendu public mardi, le FPI « exige la libération immédiate et sans condition » de Laurent Gbagbo et « son retour en Côte d’Ivoire », arguant d’un « manque évident de preuves » contre son leader. Pour le FPI, la détention à La Haye de M. Gbagbo depuis novembre 2011 est un « acte arbitraire » et « sa libération s’impose parce qu’elle conciliera le droit et la justice sans aucune interférence politique ni géostratégique ».

La CPI tiendra le 13 juin une audience de confirmation ou d’infirmation des charges contre Laurent Gbagbo. Le 3 juin 2013, la CPI avait ajourné une première audience devant décider d’un éventuel procès contre l’ex-président ivoirien, estimant les preuves insuffisantes, non sans demander des preuves supplémentaires à la procureure Fatou Bensouda.

Laurent Gbagbo est poursuivi par la CPI pour « crimes contre l’humanité » commis lors de la crise née de son refus de reconnaître la victoire, elle aussi polémique, de son rival Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de 2010.

Laurent Gbagbo
panafricain.com)/n

Laurent Gbagbo n’a jamais été un anti-néocolonialiste ni un panafricaniste

Par Saïd Mbombo Penda

Gbagbo et les crises
Le documentaire que j’ai commis, est une uvre où est mentionné le parcours de Laurent Gbagbo, en tant que président de la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010. J’ai été un très grand admirateur, je le considérais comme un partisan de l’opposition mais autant, j’ai été très déçu de ses dix années de règne. On ne peut juger les gens que quand ils sont mis face à des situations. On ne peut juger un homme politique qu’à la pratique du pouvoir. Vous avez vu que sur mon documentaire, basé exclusivement sur des faits, que Laurent Gbagbo instrumentalise des thèmes délicats tels que l’ethnie, la religion et même les problèmes fonciers. Dans ce documentaire, nous tenons compte du contexte politique et nous rappelons d’entrée dans ce documentaire que la crise ivoirienne en réalité et les problèmes identitaires en Côte d’Ivoire, sont antérieurs à Laurent Gbagbo. Mais tout ce que le documentaire démontre avec des preuves, c’est que Laurent Gbagbo a plutôt exacerbé les crises qui existaient avec son arrivée au pouvoir Certains commentaires faits par monsieur Owona Nguini sur mon documentaire sont assez surprenants. J’ai tendance à remarquer que monsieur Owona Nguini ne l’a pas regardé. Il est resté dans l’incantation. Je pense que ce débat serait plus important que si nous nous appuyons uniquement sur des faits. Je suis journaliste et je parle des faits, je parle en tant que journaliste ayant travaillé en Côte d’Ivoire pendant plusieurs années et pratiquement pendant toutes les étapes de la crise ivoirienne. Pendant que moi je donne des faits, monsieur Owona Nguini, qui a des connaissances limitées sur la Côte d’Ivoire, reste dans l’incantation et dans une analyse simple et gratuite.

Gbagbo et le néocolonialisme
Les faits présentés dans mon documentaire, contredisent Laurent Gbagbo comme étant un anti-néocolonialiste. Les faits sont que, Laurent Gbagbo, qui se positionne comme anti-français, sous ses dix années de règne, accorde 90% des marchés, des constructions et des travaux publics à gré à l’entreprise française Bolloré. En occurrence, le port d’Abidjan, instrument fondamental, capital de l’économie ivoirienne. Est-ce que ceci est un acte, un fait anti-néocolonialiste? J’en doute fort. Surtout que, au même moment, d’après des investigations, il y avait des offres comme Dubaï et la Chine qui sont plus avantageuses que celles de Bolloré. Je suis très heureux que monsieur Owona Nguini qui est un analyste, ait une analyse très pointue. Mais seulement, c’est une simple analyse. Car l’analyse est un fait subjectif. Et ce n’est que de l’interprétation. Les faits, eux, ils sont têtus et sacrés. Aux dires de monsieur Owona Nguini, je n’invente pas le portrait de Laurent Gbagbo. Quand on fait le portrait en documentaire, on fait le portrait de l’individu.

Pendant que Laurent Gbagbo clame son anti-néocolonialisme, connaissez-vous une lettre que Laurent Gbagbo a adressée à la France pour la fermeture de la base militaire française dans son pays? La réponse est non. Pensez-vous que Thomas Sankara, qui était le vrai anticolonialiste et le vrai anti-néocolonialiste, aurait laissé une base militaire française dans son pays? Monsieur Owona Nguini, vous pouvez avoir des opinions très fortes sur Laurent Gbagbo qui sont certainement fondées sur votre anti-néocolonialisme que je considérerais peut être dogmatique. Mais de grâce, évitons de mentir l’opinion camerounaise. Toujours pour prouver que Laurent Gbagbo n’est pas un anti-néocolonialiste, l’autre fait c’est que, Laurent Gbagbo n’a jamais demandé à sortir de la zone franc. Un anti-néocolonialiste serait-il resté dans la zone franc? C’est juste que ce monsieur est un illusionniste. Il a menti et trompé les ivoiriens et le peuple africain tout entier. Il n’a pas eu en aucun cas, le courage de ses propos. Monsieur Owona Nguini, veuillez analyser les faits froidement et il faut avouer aux camerounais que de part les faits, Laurent Gbagbo est loin d’être un anti-néocolonialiste. Il a plutôt adopté une position populiste et rentable politiquement pour la survie de son régime. Donnez-moi un seul fait, pas de discours où Laurent Gbagbo s’est opposé une seule fois à la France durant son règne.

Dans mon documentaire, on voit Laurent Gbagbo en personne (et ce n’est pas de l’analyse), énumérer un certain nombre de faits posés par la France au profit de son régime. Quand je parle de la Côte d’Ivoire, je parle en tant que quelqu’un qui y a vécu et travaillé pendant des années. Donc, mon documentaire ne serait être une trame biaisée. «Trame biaisée», c’est supposer que mon documentaire a été commandité. Dans ce documentaire, je présente les massacres de Dueké où des membres d’une ethnie supportant Laurent Gbagbo ont été massacrés par des membres d’une ethnie qui supportaient Alassane Ouattara. Pensez-vous que Alassane Ouattara aurait financé un documentaire qui pose une telle critique forte sur ses partisans? Ce serait de l’auto flagellation. Acceptez, monsieur Owona Nguini, que vous n’avez pas de preuves suffisantes sur ce que vous dites.

Gbagbo et le panafricanisme
Pour vous, Laurent Gbagbo est bel et bien un panafricaniste. Qu’entendez-vous par panafricaniste? Êtes-vous au courant qu’il y a eu plusieurs milliers d’Africains tués, assassinés par des forces sous le contrôle de Laurent Gbagbo durant ses dix années de règne? Et vous appelez cela panafricanisme? Vous appelez panafricaniste quelqu’un qui massacre des Africains? On a vu des discours anti-Africains dans les principaux organes de presse de Laurent Gbagbo. Et il y a des choses que j’ai omises dans mon documentaire pour éviter d’enflammer la Côte d’Ivoire. Donc, Laurent Gbagbo n’est pas un panafricaniste. Savez-vous ce que font les panafricanistes? Ils posent des actes forts. La première chose que font les panafricanistes c’est de se débarrasser de tous les artifices qui rappellent le colonisateur. Prenons le cas de Kwame Nkrumah qui a changé le nom Gold Coast de son pays pour le nom Ghana. Laurent Gbagbo avait 85% des députés du FPI à l’Assemblée nationale. Mais, sans faire allusion à ses discours, avez-vous un acte législatif posé par Laurent Gbagbo dans la constitution de son pays sur des dispositions refoulant la souveraineté de leurs micros Etats imposés par la puissance coloniale au profit de l’unité africaine, l’Etat africain concret tentant à prouver qu’il est panafricaniste?

Gbagbo et la concentration du pouvoir
Laurent Gbagbo était le seul maître à bord dans le gouvernement ivoirien. La preuve, il y a eu en Côte d’Ivoire ce qu’on a appelé les déchets de Trafigura, ce bateau qui déverse des déchets toxiques à Abidjan, le Probo Koala. Quand il y a eu ce scandale, le Premier ministre du gouvernement de l’Union nationale qui n’était pas du parti de Laurent Gbagbo, Charles Konan Banny, dignitaire parmi les dignitaires du régime de Laurent Gbagbo, demeure le directeur du port d’Abidjan, réinstallé par Laurent Gbagbo. Le directeur de la télévision publique ivoirienne qui refuse de diffuser le deuxième communiqué de Laurent Gbagbo, est viré de la télévision ivoirienne. A la question de savoir, est-ce que dans la constitution du pouvoir, le président de la République est-il le responsable des actes posés par le gouvernement? Je réponds en disant d’abord que je suis vraiment déçu que monsieur Owona Nguini ait une connaissance aussi limitée sur la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est un régime présidentiel. Donc, le président de la République est responsable de tous les actes posés lors de son régime. Il y a encore des faits que je peux encore citer pour démontrer que Laurent Gbagbo n’a jamais été un anti-néocolonialiste, ni même un panafricaniste mais un illusionniste.

Saïd Mbombo Penda
connectionivoirienne.net)/n

Ce documentaire est une démarche propagandiste contre Gbagbo

Par Mathias Eric Owona Nguini

Gbagbo, le marxiste
Laurent Gbagbo est un homme politique, un homme d’Etat, un universitaire ivoirien et un militant qui est né en 1945. Il a fait ses études primaires et secondaires en Côte d’Ivoire. Il a fait ses études supérieures au moins en partie en France et s’est spécialisé en Histoire. Et par orientation morale et politique, il a beaucoup travaillé sur des questions de décolonisation et sur les mouvements de libérations nationales. Il a donc été effectivement un syndicaliste, un militant et homme politique dans les années 1970 en Côte d’Ivoire dans le contexte extrêmement répressif du régime Houphouët-Boigny. Ce régime qui, sous le couvercle du dialogue et de la palabre, était à l’image des autres régimes africains autoritaires. Et Laurent Gbagbo, est en quelque sorte un récalcitrant parmi les militants. Il n’a cédé à aucune tentative de séduction de Félix Houphouët- Boigny dans son gouvernement pour le copter. Il a dû s’exiler en France où il a épousé une Française avec qui il a eu son fils Michel. La première orientation politique de Laurent Gbagbo est une orientation marxiste même à certaines étapes, marxiste-léniniste.

Gbagbo, le patriote
Il revient en Côte d’Ivoire à la fin des années 1980. Certains estiment que les Français ont fait un certain jeu pour qu’il revienne et gêner Houphouët- Boigny. Dans ce que monsieur Saïd Mbombo dit, il peut toujours se trouver des éléments vrais. Mais c’est dans une trame biaisée. Ceci parce qu’on voit que c’est un documentaire porté à la charge qui a été construit comme tel. On peut effectivement faire des reproches à Laurent Gbagbo en tant que homme d’Etat et homme politique. Mais, pour bien comprendre la trajectoire politique de Laurent Gbagbo en tant que dirigeant d’Etat, il faut la replacer dans un contexte. Et c’est ce contexte qui nous permettra de comprendre que Laurent Gbagbo, quoiqu’on dise, est un patriote, un panafricaniste et comprendre aussi les contradictions auxquelles il a été confrontées dans l’action concrète en tant que homme d’Etat. Parce qu’évidemment, les tâches d’un homme politique d’opposition ne sont pas les mêmes que celui d’un homme d’Etat. Surtout dans les structures politiques d’Etats d’Afrique qui sont pour la plupart des Etats autoritaires.

Gbagbo et l’houphouëtisme
En fait, s’il y a une seule chose qui me semble vrai dans ce que Saïd Mbombo Penda dit, c’est que Laurent Gbagbo a conservé une bonne partie de la gouvernance houphouëtiste. Et c’est ça sa limite. C’est-à-dire qu’en réalité, vous ne pouvez pas critiquer la gouvernance de Laurent Gbagbo en tant que président sans impliquer tous les autres hommes politiques et partisans de la Côte d’Ivoire. Parce que Laurent Gbagbo n’a jamais gouverné seul. Parce qu’en réalité, les éléments avec lesquels Laurent Gbagbo gouverne sont issus du parti PDCI. Ce parti qui est d’ailleurs resté le socle du système politique et institutionnel ivoirien. Laurent Gbagbo a hérité des contraintes de la Côte d’Ivoire qui est un Etat phare dans le dispositif de tutelle internationale de la France. Et ceci a été tout le problème de Laurent Gbagbo parce que les Occidentaux ne l’ont jamais considéré comme un homme du sérail françafricain. Ils estiment qu’il est arrivé au pouvoir par hasard alors qu’il n’en avait pas voulu. Le problème qu’il a eu, c’est qu’il a voulu créer des possibilités de dialogue avec les français. Donc, il ne faut pas avoir une lecture biaisée des événements pour en faire un quelconque documentaire sur Laurent Gbagbo. Des événements qu’il faut lire dans un contexte sans exclure les actes de ses alliés et de ses opposants. Vous ne pouvez pas extraire Laurent Gbagbo de l’ensemble du système ivoirien pour en faire une espèce de portait. Un portrait qui serait isolé sur une logique de diabolisation construite pour la légitimité et de blanchir l’actuel régime ivoirien en place. La plus grande faute de Gbagbo de mon point de vue, c’est qu’il a conservé les structures de la gouvernance houphouëtiste. C’est cette gouvernance qui est à l’origine de tous les problèmes de la Côte d’Ivoire.

Gbagbo et l’ethnicité
J’ai entendu monsieur Saïd Mbombo dire que Laurent Gbagbo a manipulé l’ethnicité et la religion. Je veux bien. Mais quand vous connaissez le parcours de Laurent Gbagbo, s’il y a un homme politique en Côte d’Ivoire qui est le moins porteur du discours de l’ethnicité, c’est Laurent Gbagbo. Si cela a pu arriver, c’est dans le contexte créé par ses adversaires de l’opposition. Laurent Gbagbo ne pouvait pas utiliser l’ethnicité au départ. Si vous prenez son groupe ethnique, les Bétés, au sens strict démographique, vous ne pouvez pas vous appuyer sur les Bétés pour prendre le pouvoir parce qu’ils ne sont pas suffisamment nombreux. Une fois que Laurent Gbagbo était au pouvoir, dans un contexte où les autres forces ont régionalisé la lutte, il est un être humain comme un autre et a pu également s’appuyer sur ce type de mode opératoire. En réalité, ceux qui sont responsables de l’ethnicisation et l’instrumentalisation religieuse de la politique en Côte d’Ivoire sont: (1) Félix Houphouët-Boigny, (2) Henri Konan Bédié, (3) Alassane Ouattara, (4) Laurent Gbagbo et (5) le général Robert Gueï. Monsieur Saïd Mbombo, j’ai une affirmation que ce documentaire sur Laurent Gbagbo est une commande. Car la manière dont vous argumentez montre que vous avez des informations toutes cousues. Il n’y a pas de faits dans tout ce que vous racontez. Est-ce que vous pouvez dire, à partir de Marcoussis, que Laurent Gbagbo a gouverné seul. Tous les gouvernements ont toujours été composés de plusieurs partis. Après Affi N’guessan, il n’y a plus eu de premier ministre du FPI. Il y a eu Seydou Diara, Charles Konan Banny, Guillaume
Soro. Nombre de ces ministres étaient issus du RDR, du PDCI. Donc, vous ne pouvez pas démentir que tous ces gouvernements ne sont pas des gouvernements de coalition. Alors, pourquoi stigmatiser seulement l’anti-néocolonialisme de Laurent Gbagbo et laisser celui des autres? On est donc unanime que c’est de la manipulation idéologique.

Gbagbo face aux coups d’Etat
Laurent Gbagbo arrive au pouvoir en octobre 2000. Il ne se passe pas 3 mois, il y a une tentative de coup d’Etat. Il ne se passe pas si 6 mois, il y en a une deuxième. Il ne se passe pas 1 an et demi, il y en une troisième. Pensez-vous que tout cela ne peut-il pas influencer le positionnement d’un leader politique? Laurent Gbagbo a donc agit sous contraintes. Il se retrouve prisonnier d’un système. Vous parlez des bases militaires que Laurent Gbagbo aurait pu demander le départ de la Côte d’Ivoire. Il faut noter qu’il y a eu des accords. Quand en septembre 2002, la crise qui a donné lieu au coup d’Etat arrive, Laurent Gbagbo demande l’application des accords que la France refuse. Ceci n’est-il pas un fait? Quand il y a les affrontements de 2005 qui font monter la pression, les bases françaises étaient déjà là. Si Laurent Gbagbo, même par instrumentalisation, n’avait pas eu une culture de résistance, il n’aurait pas procédé comme il l’avait fait. Parce qu’il a fait un bras de fer avec la France. Vous parlez du gré à gré. Mais c’est un système mis en place par Félix Houphouët-Boigny. Alors, le documentaire de monsieur Saïd Mbombo Penda est une pièce ultra partisante. Quelque chose qui n’a pas de sens parce qu’on ne peut pas analyser un personnage historique s’il n’est pas dans un contexte. Votre documentaire est une démarche idéologique propagandiste commanditée contre Laurent Gbagbo. Nous sommes ici dans une entreprise où il s’agit de détruire l’image de Laurent Gbagbo. Ceci est un élément de lutte politique.

Mathias Eric Owona Nguini
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Le documentaire « Laurent Gbagbo, despote » diffusé à Yaoundé ce mardi

Le journaliste d’origine camerounaise Saïd Mbombo Penda qui a réalisé le documentaire a reçu l’autorisation des autorités camerounaises

Les autorités camerounaises ont autorisé la projection du documentaire « Laurent Gbagbo: despote ou anti-néocolonialiste.Le verbe et le sang », après avoir interdit le même film en janvier dernier, a appris la PANA auprès de l’auteur et réalisateur du film, le journaliste d’origine camerounaise Saïd Mbombo Penda.

Le film, qui sera projeté pour la première fois en Afrique centrale devant la presse, est un documentaire qui questionne le panafricanisme de Laurent Bagbo et revisite les dix années de règne de l’ancien président ivoirien. Il interroge l’anti-néocolonialisme de Laurent Gbagbo et tente de démontrer que sur ce terrain, l’ex-président ivoirien est sans doute resté dans les discours, selon le réalisateur.

Sur le plan technique, ce documentaire a été monté après plusieurs heures d’entretiens dans nombre de pays, le visionnage de plus 300 heures d’archives vidéos et conduit plus de 250 heures d’interviews avec des victimes, des parents de victimes, des chefs de milice et de groupes d’autodéfense en Côte d’Ivoire, mais aussi avec plusieurs personnalités.

Financé sur fonds propres par Sentinelles Productions, une société basée à Abidjan et propriété du réalisateur, le film 2X52mn est le fruit de 12 mois d’investigations, de tournage et d’interviews en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Sénégal et en France, entre 2012 et 2013.

L’affiche du documentaire
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Côte d’Ivoire: La main tendue du pouvoir à l’opposition

Le gouvernement a annoncé jeudi, après deux mois de silence, la libération de 150 prisonniers de la crise postélectorale de 2010-2011

Le président du Front populaire ivoirien (FPI, le parti de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo) Pascal Affi N’Guessan et une délégation de cadres de son parti ont rencontré jeudi plusieurs ministres ivoiriens emmenés par Jeannot Kouadio Ahoussou, ministre auprès du président de la République chargé du dialogue politique. « Le gouvernement a marqué sa volonté d’aller de l’avant, de travailler ensemble avec le FPI et les partis d’opposition », afin de trouver des « solutions définitives » au problèmes entravant la réconciliation, a observé M. N’Guessan.

« Des engagements forts ont été délivrés ce jour », comme la libération « dans les heures qui vont suivre » de « 150 prisonniers politiques », s’est-il réjoui. « 150 personnes vont être mises en liberté provisoire », a confirmé M. Ahoussou, qui a demandé en échange au FPI de « poser des actes forts pour consolider la paix » en « acceptant de lever solennellement » son « mot d’ordre du boycott des opérations du recensement » de la population. « C’est un mot d’ordre pris par le comité central (du FPI). Nous allons lui en rendre compte. Il décidera », a répondu le président de la principale formation d’opposition, dont l’appel au « boycott massif » de l’enquête nationale est très suivi par ses militants.

La Côte d’Ivoire se remet progressivement d’une décennie de crise politico-militaire, dont les violences postélectorales de 2010-2011 constituèrent l’épilogue sanglant, lors duquel plus de 3.000 personnes ont péri. Si le pays repart économiquement, avec une croissance de 9% ces trois dernières années, la réconciliation politique, fondamentale car la crise fut avant tout politique, peine à se concrétiser.

Aïchatou Mindaoudou, représentante de l’ONU en Côte d’Ivoire, s’est ainsi félicitée jeudi de la reprise du dialogue politique entre les deux parties, qu’elle a qualifié de « preuve de responsabilité ». La réussite de la prochaine élection présidentielle en octobre 2015 est ainsi impérative pour tous les acteurs impliqués en Côte d’Ivoire, afin d’apaiser définitivement le pays.

Mais si le chef de l’Etat Alassane Ouattara s’est déjà déclaré candidat à sa propre succession, le FPI, dont la présence au scrutin est nécessaire pour que celui-ci soit exemplaire, laisse planer le mystère quant à sa participation. Laurent Gbagbo est emprisonné depuis plus de deux ans à La Haye, en attente d’être jugé par la Cour pénale internationale.

Alassane Ouattara, le chef de l’Etat ivoirien
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Les avocats de Laurent Gbagbo, Jacques Vergès et Roland Dumas congédiés

Une liste de 11 avocats a déjà été rendue publique en attendant la confirmation de 4 autres

La famille de Laurent Gbagbo a modifié le collectif d’avocats de l’ancien président de la Côte d’Ivoire qui ne comprend plus Jacques Vergès et l’ex-ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, tous deux français. Dans un communiqué, la fille de Laurent Gbagbo a publié une nouvelle liste de onze défenseurs, dont le Français Gilbert Collard et des avocats du Cameroun, du Ghana, du Congo et du Sénégal. Des membres du nouveau collectif doivent se rendre en Côte d’Ivoire «dans les prochains jours» dans l’espoir de pouvoir communiquer avec l’ex-président, en résidence surveillée à Korhogo, au nord du pays, a dit un conseiller de ce dernier. À ce jour, la défense n’a toujours pas reçu de permis de communiquer avec le couple présidentiel et leurs collaborateurs, et cela, malgré leurs nombreuses demandes adressées aux autorités ivoiriennes, dit le communiqué de la famille.

Le remaniement de la défense fait suite à des divergences entre avocats et au refoulement d’Abidjan, le 6 mai dernier, de Jacques Vergès et d’un autre défenseur venus pour assister au premier interrogatoire de Laurent Gbagbo. Selon ces derniers, les nouvelles autorités ivoiriennes ont estimé que leurs visas n’étaient pas en règle. Laurent Gbagbo a été finalement interrogé le 7 mai par le procureur de la République d’Abidjan dans le cadre d’une enquête préliminaire portant sur la crise qui a suivi la contestation du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010. Selon le nouveau président ivoirien Alassane Ouattara, les combats ont fait 3000 morts. Je donne l’assurance à tous qu’aucun crime ne restera impuni. Une commission nationale d’enquête a déjà été constituée pour poursuivre et juger les auteurs des exactions et des tueries, a-t-il déclaré.

Jacques Vergès et Roland Dumas congédiés par la famille de Laurent Gbagbo
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Je n’ai pas de commentaires à faire. C’est la famille Gbagbo qui a décidé et c’est elle qui nous a communiqué cette liste. Faut-il en déduire qu’ils (Vergès et Dumas) ont été mis à l’écart? je n’en sais rien. Je n’ai vraiment aucun commentaires à faire a ainsi réagi Alain Toussaint, conseiller de Laurent Gbagbo. Des observateurs lient leur «débarquement» à leur absence aux côtés de Simone et Laurent Gbagbo lors de leur première audition à Odiénné et Korhogo. Ces avocats, selon eux, ont fait preuve de «légèreté». La famille Gbagbo n’aurait pas apprécié que l’ancien chef de l’Etat et son épouse n’aient pas été assistés au cours de cette audition. Le conseiller de Laurent Gbagbo, a aussi fait savoir que des membres du barreau ivoirien figurent sur la liste de défenseurs du couple. Il y a des avocats ivoiriens qui assureront la défense de Simone et Laurent Gbagbo. Mais pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons pas révéler leurs noms. Quand Ouattara (le président de la République, Ndlr) pourra assurer la sécurité de ces concitoyens alors, nous dévoilerons leur identité, a-t-il ajouté. Le Burkina Faso a souhaité que Laurent Gbagbo puisse avoir accès à ses avocats français. Le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, a insisté sur le fait que l’ancien président avait droit à un procès équitable et donc au droit d’être défendu par ses avocats.

Ces avocats aurait fait preuve de trop de «légèreté»
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Côte d’ivoire: l’Etat soutient les médias

Le président Laurent Gbagbo a manifesté sa volonté d’aider les médias sous forme des facilitations fiscales

Les médias ivoiriens ont accueilli la nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme et de soulagement. Pour Denis Kah Zion, Président du Groupement des Editeurs de Presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), ce geste que vient de faire l’Etat aux entreprises de presse écrite et audiovisuelle ivoiriennes est une véritable bouffée d’oxygène. Il s’agit d’une sorte de trêve fiscale de trois (3) ans. L’adoption de cette période décomptée à partir de l’exercice clos le 31 décembre 2008 de cette année a été justifiée par les autorités du fait de l’incapacité des organes de presse à faire face à leurs obligations sociales et fiscales. Elle est aussi motivée par un souci de mettre plus d’impulsion dans la modernisation, encore trop timide, d’un secteur ivoirien de la presse, qui a du mal à accéder à la légitimité.

Dans l’immédiat et pour la survie des organes de presse, le Gouvernement a décidé de quelques mesures . fiscales pour les soutenir. L’annexe fiscale au budget de l’Etat pour l’exercice 2009, entrée en vigueur le 4 mai seulement, accorde ainsi aux entreprises de presse, jusqu’au 31 décembre 2011 :  » l’exonération d’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux ou d’impôt minimum forfaitaire, d’impôt sur le patrimoine foncier (à l’exception des immeubles donnés en location) et de contribution nationale pour le développement économique, culturel et social de la nation au titre du personnel local « . En plus, Les arriérés d’impôts et taxes de toute nature dus (par les entreprises de presse) au 31 décembre 2008 sont annulées. Cependant pour bénéficier de cette mesure d’allègement fiscal,  » les entreprises de presse devront préalablement déclarer auprès de l’administration fiscale, leur stock d’arriérés « . Et elles ont jusqu’au 2 juin 2009, soit 30 jours après l’entrée en vigueur de l’annexe fiscale à cette conditionnalité.

La presse ivoirienne a salué unanimement cette initiative. Pour la plupart des médias qui l’ont commenté, [Ces mesures fiscales vont permettre à nombre de nos structures d’assainir leur comptabilité, asseoir des bases financières plus saines et opérer sereinement la mutation en entreprise véritable que prescrit la nouvelle Loi sur la presse en Côte d’Ivoire]. Mais on este néanmoins prudent. En gros les acteurs des médias ivoiriens disent espérer, que cette autre mansuétude, après la dépénalisation du délit de presse et la mise en place d’un Fonds de soutien et de développement de la presse dont la dotation financière est attendue, s’inscrit dans une démarche globale visant à permettre d’asseoir les bases d’un développement durable du secteur ivoirien de la presse. Car le malaise du secteur est profond. En effet, alors qu’avant 1990, le seul quotidien Fraternité Matin tirait à plus de 100 000 exemplaires par jour, le tirage de l’ensemble de la presse ivoirienne (plus de 16 quotidiens) avoisine difficilement aujourd’hui cette moyenne avec pour corollaire une précarisation continue des nombreux emplois créés par le secteur au cours de 20 dernières années. Tout ceci pour dire, qu’il y a besoin réel d’une restructuration profonde du secteur.

Le gouvernement a dors et déjà fait savoir que pour sa part son apport pour ce vaste chantier se ferra de plus en plus mais il prévient que son action respectera un rythme dicté par l’état de la trésorerie publique qui par les mesures de soutien accordées aux entreprises de presse sera privée d’une manne estimée aux alentours des 30 milliards de F CFA pour l’ensemble de la période. Un sacrifice, dont l’Etat attend, bien que pas dit à haute voix, qu’il permette aux bénéficiaires de définitivement inscrire le management des entreprises dans la modernité et à l’ensemble du secteur de la presse de réduire, selon le constat du ministre ivoirien de la Communication, Ibrahim Sy Savané, la part d’informel qui domine encore. En attendant de pouvoir faire plus, par la trêve fiscale de trois ans et l’effacement des arriérés d’impôts et taxes qu’il a décrétés, l’Etat a mis la balle dans le camp des entreprises ivoiriennes, à qui il appartient désormais de se prendre en main pour déterminer la situation future qui sera la leur.


Laurent Gbagbo, président Côte d’ivoire
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